Fort Sioen et fort Briet

Le fort Sioen et le fort Briet font partie des constructions d’habitat collectif les plus anciennes. La plupart ont été réalisées dans la première partie du XIXe siècle et étaient destinées à loger des ouvriers journaliers. On différencie généralement les forts des courées en signalant que les premiers ont été formaient « des carrés en pleine campagne ». On trouve ainsi dès 1826 selon le plan du cadastre, les forts Wacrenier et Saint Joseph situés assez loin du centre et en pleine campagne. Suivront le fort Wattel en 1833 au Fontenoy Frasez-Bayart à l’Alma en 1838.

Extrait du cadastre 1845 doc AmRx

Le fort Sioen daterait de cette époque, on le voit figurer sur un plan de 1845, en pleine campagne. On y accéde alors par le vieux chemin vert, future rue de la perche, qui recoupe la nouvelle rue de l’embranchement ouverte après 1838 (rue de Lille aujourd’hui). Il se distingue toutefois des autres forts par sa conception quadrangulaire en forme de trapèze, les autres forts étant plutôt construits en alignements, dont certains donneront des rues. Cette forme spécifique favorise sans aucun doute la lumière et l’aération de ce type de construction. Le fort Briet qui viendra s’ajouter plus tard, reprend la tradition des forts alignés.

Extrait du cadastre 1884 doc AmRx

Qui a donc construit ces ensembles de maisons ? Les forts portent les noms de leurs propriétaires, ou de ceux qui les ont construits. La famille Sioen a donné d’importants fabricants du textile. Parmi eux, Achille Sioen Pin qui fut conseiller municipal roubaisien avant 1870. Mais le fort existait déjà alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Par contre son père et son oncle, Médard et Louis Sioen ont très bien pu le faire construire. Le premier était officier de santé et le second docteur et consul de Belgique à Tourcoing.

La famille Briet se répartit de part et d’autre de Roubaix : à Wattrelos, ce sont des fermiers et propriétaires. De cette branche est issu Adolphe Briet le directeur de la GBM. À Croix ce sont également des propriétaires terriens qui se trouvent à deux pas de l’épeule. La famille a donc fait construire à la fois pour un bon rapport de rente mais aussi pour loger des ouvriers journaliers. Henri Briet-Frémaux est le plus connu à Roubaix où il sera conseiller municipal et membre de la commission des logements insalubres dans les années 1880.

Derrière l’église Saint Sépulcre, les deux forts CP Coll Particulière

Un rapport de cette commission nous permet d’avoir une description des deux ensembles : concernant le fort Briet situé rue de la Perche, il s’y trouve une bande de pavage et un fil d’eau longeant les maisons. Le sol est irrégulier, largeur de la cour 11 mètres, les eaux ménagères s’écoulent difficilement, les cabinets d’aisance quoique bien situés (entendre à l’extérieur) sont mal tenus, il y a un puits, l’eau est potable et abondante, les maisons sont à étage, la plupart sont sales, mal tenues. Pour les maisons Sioen du fort Sioen de la rue de la Perche, des bandes de pavage avec des fils d’eau longent les différentes rangées de maisons, cour large et aérée, les eaux ménagères s’écoulent bien, le sol est propre, il y a un puits, l’eau est bonne et abondante, plusieurs cabinets d’aisance sont sales, maisons en mansardes, la plupart sont propres.

L’urbanisation va rattraper le quartier champêtre de l’épeule et on constate que les rues vont venir encadrer les forts. Ainsi la rue Descartes est viabilisée en 1872, la rue de l’industrie en 1880, la rue d’Isly est réalisée de 1880 à 1894. Le très ancien chemin vert est devenu la rue de la Perche en 1867. Les nouvelles rues entourent les forts, ce qui détermine les accès aux dits forts : on accède au Fort Briet par le n°115 de la rue de l’industrie et par la rue de la Perche 66 ou 76. Il y a un accès au fort Sioen au milieu de la rue Descartes. L’église Saint Sépulcre toute proche date de 1873.

De 1929 à 1931, un certain nombre d’habitants locataires du fort Sioen ont racheté leur maison, et ils y réalisent des travaux, principalement la pose de sanitaires, et l’agencement d’un jardinet. Les premières injonctions à démolir de 1969 concernent le fort Briet, dont certaines maisons représentent un danger pour la sécurité publique.

à suivre

 

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