C’est en 1983 que la décision est prise de créer des CAMT (Centre des Archives du Monde du Travail). Le premier site sera sur Roubaix, dans un bâtiment emblématique : l’usine Motte-Bossut, une des plus grandes usines textiles de Roubaix, aujourd’hui désaffectée, au cœur de la cité textile nordiste. L’État décide, dans le cadre de la décentralisation de ses services en région d’installer les Archives nationales du monde du travail dans la nef principale de l’usine. L’architecte Alain Sarfati, maître d’œuvre de l’ensemble de la transformation, choisit d’évider la partie centrale en maintenant les structures et en privilégiant l’apport de lumière naturelle. Avec ses 40 kilomètres linéaires d’archivage, ses salles d’exposition et de conférences, c’est un projet d’envergure nationale qui doit changer le visage de Roubaix.
La collecte est alors exclusivement ciblée vers les entreprises, syndicats, associations et même architectes de la grande région Nord. Après quatre années de travaux, le ministre de la Culture et de la Francophonie Jacques Toubon inaugure le 5 octobre 1993 le nouveau centre et la salle de lecture ouvre au public. Entre le début du projet et l’inauguration, le contexte politique a changé : il n’y aura pas d’autres centres interrégionaux en France. Aux côtés de Jacques Toubon et d’André Diligent, Mme Blandin, présidente du Conseil Régional qui a participé à hauteur de 25 % au financement de la réalisation et M. Favier directeur général des Archives de France et membre de l’Institut.
Roubaix, ville des empires industriels du textile et des mouvements sociaux était le berceau idéal sur cette « maison de retraite pour les vieux papiers », selon l’expression d’André Diligent, qui ajoute « qu’il est indispensable de comprendre le passé pour préparer l’avenir ». Il rend hommage à l’opiniâtreté de Mme Lebrigand conservateur des lieux et au travail de M. Favier directeur des Archives de France.
Parallèlement à cette inauguration se déroulait le colloque annuel des archivistes de France qui regroupait deux cents personnes. Le ministre Toubon ravi de cette inauguration n’est pas venu les mains vides : le budget 94 prévoit la création de neuf postes supplémentaires au CAMT de Roubaix pour accueillir au mieux les chercheurs et le public. Depuis, le CAMT est devenu le 1er janvier 2007 un « service à compétence nationale » rattaché au ministère de la Culture : il est rebaptisé à cette occasion « Archives nationales du monde du travail ».
Les premiers fonds d’archives d’entreprises entrent dans les dépôts publics à partir de 1926. En 1949 est créée une section des archives privées et économiques et du microfilm aux Archives Nationales qui doit recueillir les archives d’entreprises, les classer et les rendre accessibles aux chercheurs. L’arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République voit l’émergence d’un projet ambitieux : doter la France de cinq centres interrégionaux d’archives dédiés au monde du travail. Le Centre Roubaisien des archives du monde du travail commence à fonctionner dès 1986 sous la forme d’une cellule de préfiguration. La collecte est alors exclusivement ciblée vers les entreprises, syndicats, associations et même architectes de la grande région Nord.
Les ANMT ont pour mission de collecter, classer, conserver, communiquer et valoriser les archives d’acteurs de la vie économique et professionnelle : entreprises, syndicats, comités d’entreprises, organismes professionnels, associations œuvrant dans le monde du travail. Les kilomètres linéaires d’archives conservés par les ANMT se composent non seulement de documents écrits, manuscrits ou imprimés, mais aussi de photographies, d’affiches, de films, de plaques de verre et autres documents sonores et audiovisuels.
Le nouveau site des Archives Nationales du Monde du travail vient d’être ouvert : https://archives-nationales-travail.culture.gouv.fr/ à consulter !