Total à Gambetta

En 1962 sont entrepris des travaux de construction sur un terrain libre entouré de murs du boulevard Gambetta, situé au coin de la rue Catrice, aux numéros105 à 113. A cet endroit, les roubaisiens n’avaient jamais connu que de la végétation. Le terrain de la future construction a visiblement été séparé de la partie grand rue par un mur.

Photos IGN

Ce parc dépendait d’une belle maison de maître sise au 102 de la grand rue, construite pour la famille du distillateur Charles Droulers-Prouvost, dont l’entreprise se trouvait située le long du Canal, au quai de Wattrelos.

La distillerie

Cet industriel demande en 1898 à la mairie l’autorisation de construire sur le coin de sa propriété boulevard Gambetta une maison de concierge, ainsi qu’une porte cochère ouvrant sur sa propriété. En 1922, le concierge sera H.Calonne. Cette maison sera respectée par les travaux de construction menés. Elle existe encore aujourd’hui.

La construction qu’on érige sur le terrain est, pour sacrifier à l’époque, une station-service. Elle défendra la marque Total sur le boulevard,jusque là apanage de la concurrence. Le bâtiment comporte un bureau au centre, encadré de deux aires consacrées aux interventions. Un abri en forme de trèfle abrite les pompes et, la place ne manquant pas sur le terrain, on a pu y aménager un parking confortable pour les véhicules en attente et une pelouse autour de l’ancienne maison du concierge.

Photo IGN 1969

En 1968, le gérant est G. Wambeke. L’année suivante, la société lance une campagne de promotion : la station, pavoisée, dont les gérants sont maintenant M. et Mme Augier, offre des cadeaux aux automobilistes clients ; ce sont sans doute les engins de plage qu’on voit disséminés sur la pelouse attenante, alors qu’une ami 6 Citroën est ravitaillée en essence.

Photo Nord Matin

En 1975, une photo nous montre que l’auvent en forme de trèfle a été démonté. Pour quelle raison ? Une autre de 1981 nous présente un autre abri,cette fois de forme rectangulaire.

Photos IGN

La station disparaît sans doute dans la première moitié des années 90, victime, comme beaucoup de la désaffection des automobilistes. La station est aujourd’hui remplacée par un commerce de restauration rapide et le bâtiment repeint. L’abri, lui, a disparu.

Photos Nord Eclair et Google

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales. Merci à eux

 

Constant Niedergang

 

Constant Niedergang doc Gallica.BNF

Constant Niedergang est né rue St Étienne à Roubaix le 15 septembre 1884, de parents d’origine alsacienne. Il s’essaie à la compétition cycliste en amateur dès 1902 alors qu’il exerce la profession de cocher, il l’est toujours lors de son mariage en 1907. Il effectue son service militaire en 1904.

Constant Niedergang est d’abord un pistard et il se fait remarquer sur les différents vélodromes de la région. Il passe professionnel en 1905 et court en individuel jusqu’en 1910 où il intègre le team Automoto jusqu’en 1914. Il côtoiera ainsi de grands champions comme Maurice Léturgie, François Faber, Georges Passerieu, Lucien Petit-Breton et Louis Trousselier. Il participe au Paris Roubaix de 1911 et se classe huitième, puis il fait deuxième au Bol d’Or, importante épreuve de course sur piste parisienne. Il participe également au Tour de France de 1911 à 1913 mais il abandonne à chaque fois. L’effort trop intense et les fréquentes chutes font qu’il se retire de la grande épreuve.

Sa carrière cycliste se termine avec la première guerre. Mobilisé, il termine le grand conflit au grade d’adjudant, avec la Croix de Guerre et trois citations. Il s’installera comme agent des cycles Marchand dans un magasin situé 69 rue de l’Alma. Il est décédé à Roubaix le 19 mars 1973.

 

L’homme d’un seul tour ?

Louis Pennequin

On ne sait pas grand-chose de Louis Pennequin, sinon qu’il est né à Roubaix en 1883 d’un père marchand de légumes rue de la Paix à Roubaix. Il s’engage dans l’armée en 1901 et la quitte en 1903, son père étant décédé. Il exerce la profession de sellier, puis il est marchand de charbons au moment de son mariage à Tourcoing en 1904.

 Il est mentionné au départ de la course des quatre heures du parc des sports des quatre villes en juin 1910, puis il est engagé dans le Tour de France avec le dossard 166. Alors que le Tour n’est pas encore terminé, une souscription populaire est lancée par le Nord Touriste afin de préparer un accueil aux deux « Tour de France » roubaisiens que sont Crupelandt et Pennequin. Les deux champions sont associés pour l’accueil qui leur est fait dès le mardi soir à la gare puis à la mairie. Une réception sera donnée au 8 rue du grand chemin, local du Vélo Club Lion de Roubaix Tourcoing et leurs cantons.

Crupelandt a brillé en remportant la première étape et s’est mis en évidence dans les étapes de montagne. Pennequin roule en tant qu’individuel, au sein de la catégorie « isolés ». Il est victime d’un accident de machine pendant l’étape Luchon Bayonne, ce qui fait qu’il ne pourra plus figurer dans le classement. Mais il n’aura pas passé la montagne en vain. Il a tenu à terminer le tour, en parcourant les cinq dernières étapes avec un courage qui mérite tous les éloges. Pour cet exploit, il sera associé à Charles Crupelandt dans l’hommage que rendirent les roubaisiens à leurs deux « Tour de France ».

Le Taureau du Nord

Lorsque Charles Crupelandt effectue son service militaire en 1907, sa fiche militaire indique déjà comme profession «vélocipédiste». Car ce jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux gris bleu a commencé une carrière de coureur cycliste depuis 1904. Il court tantôt avec des sponsors, tels la marque Radiator, ou les cycles La Française,ou en individuel, le reste du temps. Ses premiers résultats sont discrets, mais en progression constante : en 1904, il se classe 13ede Paris-Roubaix, en 1905 5e de Bruxelles-Roubaix, en 1906 6e de Paris-Tourcoing, et en 1907 1er des 24 heures d’Anvers, 1er des 8heures d’Andrimont, 2e de Paris-Bruxelles. Il court autant sur route que sur les pistes des vélodromes. En 1907, il effectue donc son service militaire pendant deux ans et revient à la vie civile en septembre 1909, soldat de 1ère classe, avec un certificat de bonne conduite, et un brevet de vélocipédiste dûment délivré par l’autorité militaire, suite à une épreuve effectuée le 23septembre 1909.

Charles Crupelandt photo JdeRx

Sa carrière reprend de plus belle. Chaque année, de 1910 à 1914, il est désormais sponsorisé : en 1910 la marque Le Globe Dunlop et les cycles Depas ; de 1911-1913, les cycles La Française Diamant et en 1914 La Française Hutchinson. En 1910, le jeune champion gagne une étape du Tour  de France qui se déroule entre Paris et Roubaix. Il gagnera deux étapes lors du Tour de France 1911, ce qui lui vaudra d’être accueilli à Roubaix par une foule dense et d’être reçu à l’Hôtel de ville de Roubaix. Son palmarès s’étoffe : en 1910, il se classe deuxième de Bruxelles-Roubaix, et cinquième de Paris-Roubaix, entre autres nombreuses places d’honneur. En 1911, il remporte la course Paris-Menin, fait troisième de Paris-Bruxelles, et quatrième des 24 Heures de Buffalo, le célèbre vélodrome parisien.

Vainqueur d’une étape du Tour 1910 à Roubaix Photo JdeRx

En 1912, consécration, il remporte son premier Paris-Roubaix en dominant au sprint Gustave Garrigou Il participe à des classiques italiennes, comme le tour de Lombardie ou Milan San Remo. En 1913, il gagne la classique Paris-Tours, fait troisième du Championnat de France, troisième de Paris-Roubaix, troisième de Paris-Bruxelles et s’illustre sur les pistes des vélodromes de Paris et de Roubaix. En 1914, il est au sommet de sa forme, c’est sa meilleure saison : il est sacré champion de France à Rambouillet, il gagne Paris-Roubaix pour la seconde fois, il est premier des 24 heures d’Anvers, troisième de Milan-San Remo. Pendant toutes ces années, le Tour de France, créé en 1903, ne lui aura pas vraiment souri. Il est forfait en 1904, il abandonne en 1906 et en 1907. Mais en 1910, il finit à la sixième place du classement, après s’être octroyé la première étape, Paris Roubaix ! En 1911, il prend la quatrième place au classement général, après avoir remporté la quatrième étape, Belfort-Chamonix, et la septième étape, Nice Marseille. Il abandonnera les trois années suivantes. À la fois pistard et routard, Charles Crupelandt se situait parmi les meilleurs coureurs cyclistes français de l’époque, tels Lapize et Fabert.

Crupelandt champion de France Coll Particulière

Le 2août 1914, c’est la mobilisation générale, et Charles Crupelandt rejoint dès le lendemain le 13e régiment d’artillerie. En 1915,on lui décerne la Croix de guerre pour faits de bravoure. Mais il a été gravement blessé par deux fois : fracture ouverte de la clavicule et perte des deux premières phalanges à l’index et au médius de la main droite. La guerre a-t-elle détruit l’homme ? Il est condamné par le conseil de guerre en 1916 pour vol, est gracié en 1917. Il travaille alors au dépôt des métallurgistes à Paris, puis à Courbevoie où il apprendra le métier d’ajusteur. Le 15 avril 1918, il est intégré au 1er régiment de zouaves. A nouveau condamné pour vol en février 1919, il écope de deux ans de prison. En 1921, il est de retour à Roubaix, et veut reprendre la compétition cycliste. Mais à la différence de l’armée en 1916, l’Union vélocipédique de France ne lui trouvera pas de circonstances atténuantes, et refusera de lui délivrer une licence. Suspendu à vie, Charles Crupelandt ne disputera plus que des courses de seconde zone au sein d’une fédération dissidente, la Société des courses. Crupelandt se reconvertit à Roubaix dans la vente de vélos puis y tient un bistrot. Il meurt à Roubaix, amputé des deux jambes et quasiment aveugle, le 18 février 1955.

Jean Marcelli

D’origine courtraisienne et arrivée à Roubaix au milieu du XIXe siècle, la famille Marcelli est d’abord une famille de bouchers. Comme son oncle et son père, Jean Marcelli, né en 1881, est destiné à reprendre le flambeau. Sa fiche militaire le présente comme tel en 1901. Il semble avoir suivi une formation à Bruxelles où il habite quelque temps. Mais il est aussi décrit comme mécanicien en cycles et il a déjà à son actif le titre de champion du nord.

Jean Marcelli pistard roubaisien

Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher, rue du Pile, quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois. Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher,rue du Pile quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois.

Jean Marcelli en 1911

Jean Marcelli est plutôt un pistard, plus à l’aise sur les vélodromes que sur les routes.  Sa carrière professionnelle se déroule de 1905 à 1913. Parmi ses nombreuses victoires dont l’inventaire reste à faire, il remporte une régionale professionnelle en 1907, à nouveau le championnat du nord sur la piste du vélodrome de Barbieux en octobre 1908. Il va régulièrement s’illustrer dans les courses de vitesse sur piste au vélodrome de Roubaix ou au vélodrome des quatre villes à Wattrelos. Comme beaucoup de marchand de cycles, il deviendra négociant en cycles et automobiles, toujours au 107 rue de la Gare.

Concessionnaire automobile en 1914

Les illustrations sont extraites des pages du Journal de Roubaix

Le Petit Bonheur

Le quartier de l’épeule avec ses modestes ouvriers et leur petit salaire avait une bonne ambiance chaleureuse avec beaucoup d’humanité, on se rendait service, il y avait de l’entraide.Bien sûr de temps en temps des coups de gueule, mais tout cela passait vite. Jeannine se souvient avoir appris à danser avec ses voisines dans une courée au son de l’accordéon.

Publicité Collection Particulière

À l’image de ce quartier, un magasin à l’enseigne du Petit bonheur. C’était une épicerie tenue par la veuve Lequenne avant que Jean Declercq ne la rachète en 1934. C’était une alimentation générale. On faisait épicerie, vins, conserves, fromage, beurre, café, tout au détail. Du vin en fûts, de la bière en cageots.

Le petit bonheur avant la seconde guerre Collection Particulière

On se levait très tôt, car tous les jours on nettoyait le magasin. Après il fallait sortir les cageots, la bière, le vin, l’eau, le lait. Ce n’était pas facile quand il gelait, il n’y avait pas de chauffage. On vendait de la cassonade, du sucre fin, cristallisé, tout était au détail. Et pour le café en grains, nous étions connus, on venait de loin pour nous l’acheter. Les horaires d’ouverture du magasin étaient les suivants : ouverture à 7heures 30 et fermeture à 20 heures le soir, non stop ! Sauf le dimanche après-midi, mais si on sonnait, on servait !

Carte de rationnement Collection Particulière

Nous avions une clientèle ouvrière, du textile et de la métallurgie. Pendant la guerre, il y avait les cartes et les tickets de rationnement, il fallait faire la queue. Et chacun racontait sa vie ! Quant à nous, le soir, on collait les tickets on allait les porter à la salle Watremez. C’était un travail de tous les jours avec peu de loisirs. Heureusement en règle générale tous les commerçants s’entendaient bien.

Le magasin provisoire au 171 rue de l’épeule Collection Particulière

Le magasin s’est transformé par obligation. Juste après la guerre, le plafond du 201 s’est effondré et nous avons été obligés de louer le 171 de la rue de l’épeule un petit commerce de boucherie qui venait de fermer, le temps que les travaux soient terminés au 201. La demande de reconstruction date de 1949 et le nouveau magasin se présentera avec une double vitrine encadrant l’entrée.

Le nouveau magasin en pleine braderie Collection Particulière

Dans le quartier de l’épeule, la braderie était l’animation principale, elle avait lieu le 1er lundi du mois de septembre et tous les commerçants se retrouvaient devant leur façade. C’était un jour férié dans toute la métropole, à Lille c’était la braderie, à Tourcoing les fêtes de Saint Louis. Il y avait également les allumoirs organisés par le comité de quartier avec des distributions de bonbons et la finale à l’école de la rue de l’Industrie. Après nous avons eu les 28 heures de Roubaix à la marche. On organisait aussi des concours d’étalages,et il y avait aussi le bal des commerçants au Colisée, très apprécié.

En 1972, c’est Bernard Leclercq, le fils, qui a repris le Petit Bonheur. Puis le magasin a été définitivement fermé. Il a été démoli et à la place, on a construit la salle Gernigon.

Remerciements à Jeannine pour son témoignage et ses documents

Le Lloyd Continental

Alfred Verspieren est le premier courtier indépendant français. En 1880, il crée à Roubaix une société de courtage à son nom. Il s’installe 8 rue Dammartin. Son cabinet d’assurances se développe rapidement, grâce à son image de sérieux et de compétence auprès des industriels de la métropole.

A. Verspieren 1901 ( Document coll. priv. )

Alfred Verspieren est également Directeur Général de la M.C.I : Mutuelle du Commerce et de l’Industrie qu’il a créée en 1904. C’est un consortium d’industriels désireux de se protéger contre des risques tels que grèves, émeutes, troubles qui ne sont pas couverts habituellement par les compagnies d’assurance

(Document coll. priv. )

En 1920, suite à des sinistres désastreux qui frappent les industriels de la laine et du coton, les compagnies deviennent méfiantes. Le fils d’Alfred, Pierre Verspieren-Dewavrin, crée la compagnie Lloyd Continental Français, spécialisée dans l’assurance des risques d’incendie de l’industrie textile.

(Document coll. priv. )

La tâche n’est pas aisée, surtout dans une région dévastée, ruinée, après la guerre de 1914-1918, mais Pierre est optimiste ; il a de l’audace, du courage et de la volonté. Peu à peu, l’activité se développe. En plus des contrats d’assurance incendie, le cabinet propose désormais des produits d’assurance auto, habitation, vol, maladie, dégât des eaux . . .

En 1929, la famille Verspieren crée la Société Auxiliaire de Crédit, qui a pour objet de financer les ventes à crédit de voitures, de matériel…

Les deux sociétés ( Verspieren et Lloyd ), étroitement unies poursuivent un développement rapide et parallèle.

(Document ANMT )

La famille Verspieren dirige l’entreprise depuis plusieurs générations. Dans les années 1960, on trouve à la tête de l’entreprise : Charles Verspieren-Dufour, Michel Verspieren-Coisne, Pierre Verspieren-Caulliez.

(Document coll. priv. )

Le cabinet, très fortement implanté dans la région Nord, atteint désormais une dimension nationale. Dans les années 1970, on compte 15 Directions régionales, 23 inspections, 750 agents et courtiers. Le personnel administratif est composé de 1200 personnes dont 700 collaborateurs motivés à Roubaix.

De nombreuses demandes de permis d’agrandissement des locaux de la rue Dammartin sont déposées en Mairie, par l’architecte L. Maillard à Tourcoing, pour faire face au cruel manque de place. Or ce sont, à chaque fois, des demandes de construction de locaux provisoires et démontables, en matériaux légers, car la Direction a un projet bien précis : construire un nouvel immeuble. . .

(Document Archives Municipales )

En 1971, la décision de construire un nouvel immeuble est récente, mais le projet ambitieux existe depuis bien longtemps, et fait suite à une longue période de préparation. Il faut d’abord acquérir et libérer une quinzaine de propriétés voisines, nécessaires à la construction du bâtiment, à la création des parkings et des espaces verts soit 23.000 m2 au total. Les travaux sont confiés au cabinet d’architectes E. Maes et L. Maillard à Lille qui programme la construction en 3 tranches de travaux.

(Document Archives Municipales )


Le projet est bien défini : construire un nouveau siège administratif agréable, fonctionnel et moderne. Ce sont des bureaux paysagés, sur des plateaux de 1700 m2 ; cela permet de prévoir d’éventuels changements d’implantation à l’avenir. Les conditions de travail sont très agréables, que ce soit pour l’éclairage, la climatisation, ou l’insonorisation. Les couleurs des bureaux sont chaudes et chatoyantes. La Direction met en place des horaires mobiles pour le personnel. Une cafétéria, pouvant servir 650 repas quotidiennement, est construite. C’est une nouvelle conception d’environnement, de mode de vie, et de communication.

 Pose de la 1° pierre ( Document Nord Éclair )

Jeudi 15 Novembre 1973, M le Maire Victor Provo pose la première pierre du futur bâtiment, entouré de ses adjoints : Mrs Léonce Clerambeaux, Pierre Prouvost et André Thiebaut. Ils sont accueillis par Pierre Verspieren PDG et Charles Verspieren vice PDG, qui est également président de la chambre de commerce de Lille-Roubaix-Tourcoing.

(Document ANMT )

En juin 1975, c’est l’inauguration du bâtiment, sous la présidence de Norbert Segard, ministre du commerce. Les deux frères, Charles et Pierre Verspieren, accueillent : MM. Provo, sénateur maire de Roubaix, Chadeau, préfet, Camata, préfet de police, Delesalle, président de la chambre de commerce, ainsi que des personnalités importantes de la région, des chefs d’entreprise, et des professionnels de l’assurance.

De gauche à droite : Charles Verspieren, Norbert Segard, Victor Provo, Pierre Verspieren
( Document ANMT )

Après une visite rapide des locaux, tous les invités se retrouvent au restaurant du 4° étage pour les discours d’usage : éloges et félicitations sur cette magnifique construction.

En 1978, l’entreprise Lloyd Continental, qui a désormais son adresse au 1 ter rue du maréchal De Lattre de Tassigny, décide de repeindre les boiseries du vieux bâtiment de la rue Dammartin, avec la même couleur verte, d’origine.

(Document ANMT )

Dans les années 80, l’entreprise se développe encore de façon importante. En 1995, pour ses 75 ans d’existence, le Lloyd Continental organise dans le hall de l’immeuble, une exposition de 400 objets sur l’histoire de l’entreprise.

(Document ANMT )

La compagnie d’assurance Swiss Life qui souhaite renforcer sa présence sur le marché français, rachète le Lloyd Continental en 1999, et devient le 3° assureur de France avec plus de 2 millions de clients en portefeuille.

Swiss Life (Document Google Maps )

Quelques années plus tard, en 2005, la famille Verspieren, avec 138 ans d’expérience, reprend ses activités de courtage en assurances. Pierre-Anthony Verspieren ( 5ème génération ) dirige désormais l’entreprise basée à Wasquehal. Les affaires sont florissantes et le groupe Verspieren est le troisième courtier français. La devise reste : Indépendance, Engagement, Passion et Créativité.

Remerciements aux Archives Municipales, et aux Archives Départementales du Monde du Travail ( ANMT )



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Les derniers rails sur la grand place


La compagnie lilloise, qui vient de prendre le nom de TELB (compagnie des tramways électriques de Lille et de sa banlieue), demande depuis 1903 de substituer à son terminus peu pratique placé devant la mairie un « terminus circulaire » constitué de deux voies et formant une raquette. En effet, les rames n’étant pas réversibles, parce que constituées d’une motrice et d’une remorque simple, il faut procéder à des manœuvres longues et gênantes pour la circulation au terminus de la grand place lors de la remise en tête de la motrice avant de repartir vers de Lille.

Cette demande fait durant plusieurs années l’objet de discussions et d’échanges de correspondances concernant l’itinéraire à emprunter entre la barque d’or et la grand place.


La municipalité accepte finalement cette demande en 1908 moyennant une augmentation de la redevance. La ligne F va donc changer d’itinéraire et, abandonnant la rue neuve qui sera réservée à la voie TRT vers la rue du Moulin, va emprunter le boulevard Gambetta à la barque d’Or. Elle prendra ensuite la rue de la Halle et la rue Pierre Motte où elle côtoiera la ligne de Lannoy pour parvenir à la grand place. Elle contournera alors la zone réservée au marché par une raquette qui la ramènera rue Pierre Motte. Il n’y aura ainsi plus aucune manœuvre à faire.

 La ligne de Lannoy, elle, rejoindra directement les voies TRT situées devant l’église, abandonnant son ancien tracé côté mairie, cette partie de la place sera alors débarrassée de toutes les voies de tramway.


La première photo ( collection particulière) nous montre, à gauche,une rame TRT à l’arrêt devant St Martin et, à droite, deux rames des TELB au terminus circulaire. La seconde permet de distinguer les voies empruntant la rue Pierre Motte. A gauche, la ligne TRT de Lannoy qui se dirige vers le boulevard Gambetta, et à droite les deux voies TELB formant la raquette sur la grand place et qui empruntent la rue de la Halle.

Dans les années 20 des changements interviennent. D’abord, les voies sont doublées le long de la façade située entre la grand rue et la rue Pierre Motte. On y reporte les arrêts des lignes A (ligne de Tourcoing) et B (ligne de Wattrelos). Également, on modifie la raquette formée par la ligne F de Lille. On diminue ses dimensions,elle perd une voie de garage, et les trams ne s’arrêtent plus maintenant au milieu de la place, mais le long du trottoir du début de la rue Pierre Motte, sur le côté de la mairie.

Document translille

On voit sur la photo à gauche une voiture de la ligne F des tramways de Lille en train d’accomplir son demi-tour avant de s’arrêter à son  terminus et une motrice de la ligne A de l’ELRT en stationnement devant le trottoir. Au fond plusieurs motrices 600 de l’ELRT devant l’église.

Les deux photos suivantes montrent une motrice 600 roubaisienne, crême et une 800 lilloise, verte et crème à leur arrêt respectifs dans les années 50.

L’acte suivant est la suppression des tramways qui a lieu en 1956. La ligne F disparaît avec l’ensemble des lignes de Roubaix-Tourcoing. On s’empresse alors de déposer les voies, dans une espèce de frénésie.

A la même époque, on décide de supprimer le terminus du Mongy place de la Liberté. On installe à la place une vaste raquette qui mène le tram par la place de la liberté, la grand rue, la grand place où l’on installe le terminus devant l’église St Martin, et la rue du Maréchal Foch pour le ramener enfin au boulevard de Paris. L’arrêt sera situé au même endroit que celui des anciens tramways. Les voies seront séparées de la circulation automobile par les quais d’arrêt des bus, qui stationneront en épis face à l’église. Les motrices 500, puis Duwag viendront y attendre et y déposer les voyageurs pendant quelques années.

Photos coll. particulière

Les rails ne disparaîtront définitivement de la grand-place que dans les années 90, lorsque le terminus des tramways sera reporté boulevard Gambetta. De nouveau on va déferrer, avant d’attaquer d’autres travaux, ceux de la construction de la station de métro.Les rails de la grand place seront désormais souterrains …

 

 

Gilbert Leman

Gilbert Leman est né à Mouscron le 24 Mai 1908. Dans les années 30, il habite rue du Collège, avec Angèle, son épouse. Dans les années 40, il est répartiteur de « produits de matière grasse », c’est à dire que c’est un grossiste, désigné par le Ravitaillement Général, pour fournir de la margarine et du saindoux à la population, contre des bons d’approvisionnement établis par le service compétent.

( Document coll. priv. )

Après guerre, il devient grossiste alimentaire ; il continue à vendre de la margarine et du saindoux et développe son activité en ajoutant des produits complémentaires : café, biscuits, chocolat, huile, vinaigre, boites de conserve…


( Document coll. priv. )

Il s’installe au 166 rue de l’Hommelet, et commence à vendre et à livrer ses produits aux épiciers de Roubaix, avec son camion. Malgré la situation économique difficile d’après guerre, les affaires de Gilbert se développent. Il embauche un représentant, un chauffeur et un magasinier. Angèle l’aide pour l’administration du bureau.

La façade actuelle ( Photo BT )

Au début des années 50, il demande aux Ets Kiebbe, rue de Rohan, un devis pour construire une charpente métallique dans la cour arrière, pour un montant de 350.000 Frs, afin que ce futur entrepôt puisse abriter le stockage de ses produits toujours plus nombreux.

L’année suivante, en 1951, il demande déjà, un permis de construire pour une extension de sa charpente métallique par la Sté Metallia, rue du Nouveau monde, pour un montant de 150.000 Frs.

Gilbert Leman ( Document A. Delporte )

En 1953, il fait percer le mur d’enceinte au fond de son terrain, ( donnant sur l’impasse Beaufort ), pour un meilleur accès des camions de livraison sur la rue Lacroix, afin d’atteindre plus facilement la place de la Nation.

Les affaires sont florissantes et les agrandissements successifs de l’entreprise de la rue de l’Ommelet ne sont pas suffisants. Le manque de place évident amène Gilbert à acheter, en 1955, un entrepôt, au 20 rue Richard Lenoir, local occupé autrefois par les Ets Leclercq, fabricant de caisses en bois.

Photos actuelles ( Document Google Maps et Photo BT )

Au centre de la façade, il y avait une porte cochère pour l’accès des camions ; à gauche il y avait l’habitation de Gilbert, Angèle et leur fille Annie, et à droite, se trouvaient les bureaux.

Ces locaux beaucoup plus spacieux, permettent à Gilbert Leman, dans les années 60, de développer sa gamme de produits en y ajoutant des produits d’entretien, des collants, des chemises, du couscous pour faire face à la nouvelle clientèle et, plus tard, des couches pour bébés.

Angèle et sa fille Annie dans l’entrepôt en 1957 ( Document A. Delporte )

Annie, la fille de Gilbert et Angèle, vient aider ses parents, à la fin les années 60, à la gestion du commerce, la facturation, la livraison des clients, les déplacements pour chercher les produits chez les fournisseurs très proches, comme les gaufres Rita rue Daubenton.

Pub 1968 (Document coll. Priv. )

Après le décès d’Angèle en 1969, Gilbert prend sa retraite en 1970. Leur fille Annie et son mari Jean-Bernard reprennent alors l’activité familiale. En 1975, 20 personnes travaillent désormais dans l’entreprise. Au début des années 80, les premières difficultés apparaissent. Le développement croissant des grandes surfaces alimentaires entraîne la disparition du petit commerce, et, par voie de conséquence, des grossistes alimentaires.

L’entreprise ferme ses portes en 1984. Le dynamisme d’ Annie et Jean-Bernard leur permet, fort heureusement, de trouver un emploi salarié très rapidement.

Le bâtiment de la rue de l’Hommelet est occupé, en 1968, par Guido Magris (monuments funéraires ) et aujourd’hui, par une entreprise de bâtiment. Celui de la rue Richard Lenoir est à ce jour transformé en salles de classe pour le Lycée professionnel St François d’Assise.


Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Annie et Jean Bernard Delporte-Leman pour la documentation et leur témoignage.


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Le berceau du rugby roubaisien

Le lycée Van Der Meersch réunissait toutes les conditions requises et nécessaires à la création d’un club de rugby à Roubaix, à savoir un terrain, de l’encadrement sportif et administratif, et surtout des joueurs !

La création du foyer socio-éducatif du lycée intervient fin 1968. A cette date, il y a une symbiose forte entre les parents d’élèves, l’équipe pédagogique et les élèves. De nombreuses sections sont créées parmi lesquelles des activités de chorale, de théâtre, un cercle historique animé par M. Wytteman, professeur d’histoire et géographie, et l’organisation de voyages (Autriche, Angleterre). Il y a aussi des activités sportives animées par les professeurs d’éducation physique du lycée, à l’occasion des après midi sportives (football, hand ball, natation, équitation, golf…et rugby).

Le lycée Van Der Meersch réunissait toutes les conditions requises et nécessaires à la création d’un club de rugby à Roubaix, à savoir un terrain, de l’encadrement sportif et administratif, et surtout des joueurs !

La création du foyer socio-éducatif du lycée intervient fin 1968. A cette date, il y a une symbiose forte entre les parents d’élèves, l’équipe pédagogique et les élèves. De nombreuses sections sont créées parmi lesquelles des activités de chorale, de théâtre, un cercle historique animé par M. Wytteman, professeur d’histoire et géographie, et l’organisation de voyages (Autriche, Angleterre). Il y a aussi des activités sportives animées par les professeurs d’éducation physique du lycée, à l’occasion des après midi sportives (football, hand ball, natation, équitation, golf…et rugby).

La naissance du rugby club Roubaix en 1975 Photo Nord Éclair

C’est André Burette, professeur d’éducation physique, natif du nord, passionné de rugby, qui lance la pratique de ce sport à partir de 1970. D’abord pendant les heures de cours, il est bientôt rejoint par son collègue Perez qui lui, est originaire du sud ouest. On se souvient encore des rencontres mémorables entre littéraires et scientifiques, notamment ce match où le hasard d’un drop littéraire anéantit la stratégie scientifique…Les deux professeurs lancent une équipe de rugby dans le championnat scolaire universitaire à partir de 1972.

Les élèves rugbymen brillent dans les premiers championnats d’académie. Arrive leur dernière année de terminale, ils décident de rester à Roubaix et de créer un club, pour conserver les liens de camaraderie. A l’époque, dans la région, il existe comme clubs de rugby, le Lille Université Club, le Rugby Olympique Club  Tourcoing, et l’Iris de Lambersart.

Le club roubaisien va se créer en 1975 à partir d’un noyau d’une bonne centaine de personnes, avec des équipes cadets, juniors et seniors. L’impulsion vient surtout des juniors, parmi lesquels on peut citer Dominique Vermeulen, futur président et Patrick Mullié.

Terrains sportifs, l’un est aux normes du rugby, l’autre non Cliché IGN 1964

Pour créer un club, il faut un terrain de rugby homologué, et celui du lycée Van Der Meersch est le seul qui le soit à Roubaix. Cela est du au fait que les installations sportives de l’établissement ont été utilisées très tôt pour le sport universitaire. Mais il faut également parler des classes de préparation au professorat d’éducation physique, où sont passés des sportifs comme Guy Drut, et Jacques Carrette. Le lycée dispose ainsi d’une piste d’athlétisme, de terrains de basket homologués. André Burette a pris contact avec la fédération, et le terrain a donc été homologué pour le rugby.

M. Vergin, proviseur du lycée devient ainsi le Président d’honneur du club. Mais il faut un Président actif, et ce sera une présidente, Mme Gillette Mullié. Elle a les compétences requises : professeur d’éducation physique, présidente des parents d’élèves (association Cornec), des fils rugbymen…et quelques relations, en ville comme dans le monde sportif.

Dans un premier temps, il faut s’adresser à la mairie, pour présenter le projet et porter le nom de Roubaix. Gillette rencontre le maire de l’époque, Victor Provo. Le premier magistrat de la ville est enthousiasmé, mais ayant eu quelques déboires avec un autre sport au passé glorieux, il pose une condition en ces termes :

Petit, un club de rugby, mais pas comme le football, il y en aura un, pas d’autre !

Ensuite, ce sont les démarches à la fédération, et la demande de création du club qui prend pour nom Rugby club Roubaix et pour siège le foyer socio-éducatif du lycée Van Der Meersch. Très vite, les joueurs se sont inscrits pour se former, car il faut fournir un arbitre par an, entre autres exigences sportives. A sa création, le Rugby Club de Roubaix joue en division d’honneur, ses couleurs sont celles du club de Narbonne qui va parrainer les rugbymen roubaisiens : maillot et chaussettes orange, short noir. C’est le début d’une grande aventure qui dure toujours, et dont nous espérons raconter l’histoire dans de prochains épisodes…

Merci à Gillette Mullié, première Présidente active d’un club de rugby masculin, de 1975 à 1981, pour ce magnifique témoignage. Précisons qu’elle est toujours Présidente d’Honneur du club auquel elle est restée très attachée !