La belle maison du coin

Au coin nord-est du carrefour formé par la rue de l’Hommelet et la Grand rue on retrouve tout au long du 19ème siècle un bâtiment qui subit un certain nombre de modifications au gré de ses propriétaires successifs. On retrouve ces modifications sur les plans cadastraux de l’époque :

Documents archives municipales
Documents archives municipales

Le Ravet-Anceau de 1886 fait état, au 159 de l’estaminet B. Luyx, au 159bis du carrossier Deblauwe, et au 161 d’un charron, C. Legrand. Mais ce sont les dernières années d’une construction, qui, rachetée par Jules Flipo, époux de Jeanne Cousin, va bientôt être démolie.

Jules Flipo est le fils de Carlos Flipo et de Sophie Delcroix, qui, veuve, habite en 1886 au 125, un peu plus haut dans la grand rue. On trouve également, en 1866, un Louis Flipo propriétaire de la maison frappée d’alignement située au 1, de l’autre côté de la rue de l’Hommelet, sur le coin nord ouest.

Une visite aux archives municipales nous apprend qu’en 1893 M. Flipo-Cousin demande l’autorisation de construire au 161, à côté de sa propriété, une maison qui existe encore aujourd’hui.

Documents archives municipales et google
Documents archives municipales et google

Cette maison fait maintenant le coin de l’avenue des Nations Unies, mais elle a été accolée à une autre maison grande et de belle apparence, que Jules Flipo fait construire à cette époque au coin de la rue et qui prend le numéro 159. Il y habite d’ailleurs en 1903, alors que le 161 abrite la famille Courouble-Meillasoux et que le 163 devient une pharmacie. On retrouve encore cette officine de nos jours sous le nom de pharmacie du Progrès, qu’elle a pris après la deuxième guerre.

Photo IGN 1965
Photo IGN 1965

La belle maison s’étire après le coin le long de la rue de l’Hommelet. Elle s’y prolonge par un bâtiment annexe situé après la grand porte donnant accès au parc. La propriété représente plus de 2600 mètres carrés.

La famille Flipo-Cousin habite la maison jusqu’avant la deuxième guerre, et on retrouve au 161 en 1939, à côté de chez ses parents leur fils Léon marié avec Elisabeth Guerre-Tissot. Ceux-ci habiteront à leur tour en 1953 le 159, où ils resteront jusqu’en 1970 avant de choisir un domicile à Tourcoing.

Document archives municipales
Document archives municipales

A cette époque, la municipalité se préoccupe d’abriter les activités culturelles de la ville et cherche, en attendant la réalisation d’un ensemble permettant d’accueillir la bibliothèque, le musée, des salles d’expositions et de conférences, un endroit où installer de manière provisoire les collections pour le futur musée. La propriété fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique et est rachetée en décembre 1971 par la ville. Mais, en 1974, on pense que la création du nouvel hôtel des postes pourra libérer un espace suffisant dans l’ancienne poste pour le musée. Les frais nécessaires à l’installation d’un service public dans notre belle maison font que l’on renonce à son utilisation, et qu’on accepte de la mettre à la disposition de la société Scrépel-Pollet, dont le magasin se situe en face, moyennant une redevance d’occupation. Deux ans plus tard, Scrépel Pollet, qui l’utilise comme lieu de stockage, offre à la ville de racheter la propriété, et le conseil municipal accepte la transaction.

Document archives municipales
Document archives municipales

Malheureusement, cette société ne profitera pas longtemps de son acquisition : le percement de l’Avenue des Nations Unies va la frapper d’alignement, ainsi d’ailleurs que le magasin Scrépel-Pollet lui-même, qui sera contraint d’aller s’installer un peu plus loin. On commence à démolir la belle maison :

Document archives municipales
Document archives municipales

Elle disparaît durant l’hiver 1984-85, à l’issue d’une longue période de travaux qui ont avancé progressivement depuis le pont St Vincent et finissent par toucher la rue de l’Hommelet et le boulevard Gambetta.

Photo aérienne IGN 1988
Photo aérienne IGN 1988

Le coin nord est est désormais représenté par le 161, repris par la pharmacie qui en profite pour ouvrir une nouvelle vitrine sur le pignon du côté de la nouvelle avenue.

Photo Google
Photo Google

Le pont de Wattrelos

Lors du tracé du nouveau canal contournant Roubaix par le nord, on prévoit des ponts sur les principaux axes de circulation, et, en particulier, pour le chemin de grande communication numéro 9, ou chemin de Wattrelos. La municipalité, anticipant l’arrivée du canal, décide de redresser ce chemin en réunissant par une ligne droite les actuelles places Nadaud et Chaptal, pour que cette nouvelle voie bénéficie du pont.

Document archives municipales
Document archives municipales

Un premier projet, approuvé par la ville, prévoit un pont fixe avec des rampes d’accès remblayées, juste en amont duquel on construirait une écluse à deux sas accolés, ce qui permettrait d’obtenir un tirant d’air suffisant pour les péniches sous le tablier.

Mais, sans doute pour des raisons techniques, le service des ponts et chaussées décide, sans en aviser les intéressés, modifier le projet et de le remplacer par deux écluses séparées, ce qui oblige à installer un pont levis sur la route de Wattrelos. Ce pont, qui coûte 36000 francs, est étroit (2m 50 de largeur) et ne permet le passage que d’un seul véhicule à la fois. On lui adjoint une passerelle pour que le piétons puissent traverser même pont levé.

Dès 1870 les habitants du Calvaire pétitionnent pour obtenir une autre passerelle sur l’ancien chemin à quarante mètres de la première. On proteste également contre l’établissement d’un pont levis. La municipalité propose de le doubler par un pont fixe établi à l’extrémité de l’écluse, Ces propositions restent sans suite. Le canal est alors encore en travaux, mais, dès son achèvement en 1877, regrettant encore d’avoir été mis devant le fait accompli, on souligne les inconvénients du pont levis. On insiste sur le fait que les convois funèbres s’y succèdent et que l’on met en service du tramway qui passera toutes les 5 minutes. On préconise donc la construction d’un second pont levis sur l’emplacement de l’ancien chemin (la distance étant supérieure à la longueur d’une péniche, les utilisateurs trouveraient toujours ainsi l’un des deux ponts libre). Ce nouveau projet ne voit, lui non plus, jamais le jour.

Plan cadastral 1884 – archives municipales
Plan cadastral 1884 – archives municipales

Les inconvénients de l’étroitesse de ce pont induisent des files d’attente importantes à chaque levée, et on se décide finalement à le remplacer par un autre plus large. Il restera mobile, mais il sera mû par la force hydraulique pour accélérer la manœuvre. Il repose sur quatre piliers, accolés à des contre-poids. Malheureusement, lors de son inauguration en 1903, il refuse de se lever, au grand dam des officiels réunis ce jour là. La cause de la panne est la rupture d’un tuyau d’arrivée d’eau alimentant la pompe hydraulique chargée de soulever le pont. Ce tuyau corrodé par la présence du courant de retour alimentant le tramway. Néanmoins, on finit par traiter le problème et le pont peut enfin remplir son office.

Collection médiathèque de Roubaix
Collection médiathèque de Roubaix

Malheureusement il est détruit en 1918 par les allemands en fuite, ainsi que la passerelle, partageant le sort de l’ensemble des ponts roubaisiens.

Le pont après déblaiement - Document médiathèque de Roubaix
Le pont après déblaiement – Document médiathèque de Roubaix

La paix revenue, il faut le reconstruire, mais les travaux n’avancent pas aussi vite que le voudraient les habitants. L’Égalité déplore en 1920 le fait que 6 ponts restent à reconstruire, dont celui de Wattrelos.

Le Journal de Roubaix - 1920
Le Journal de Roubaix – 1920

On érige un nouveau pont à l’emplacement de l’ancien. Les piliers que le soutiennent sont maintenant en profilés métalliques, reliés deux à deux par dessus la route, et son fonctionnement est amélioré. C’est celui qu’on connaît aujourd’hui après plusieurs réfections et remises en peinture. Il garde son intérêt, surtout pour la desserte du cimetière, malgré la construction du nouveau pont Nyckees, qui draine aujourd’hui l’essentiel du trafic vers Wattrelos.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Coop aux Trois Ponts

C’est en février 1972 que la SACOMUL (Société d’Aménagement de la Communauté Urbaine de Lille) met en vente les locaux du centre commercial qui va se trouver au cœur du nouveau quartier des Trois Ponts, encore en construction à l’époque. Le centre commercial lui-même est en cours de construction et on prévoit de le livrer en mai 1972. Il comprend une surface de supermarché de 712 m², une pharmacie de 140 m², un café de 70 m², une librairie-journaux de 70 m², une boulangerie de 140 m² et un local à affecter de 70 m². Les renseignements et le dépôt des candidatures se font à la SACOMUL, 326 rue du Général de Gaulle à Mons en Barœul.

Vue du quartier en 1972 Photo NE
Vue du quartier en 1972 Photo NE

Les trois-quarts de logements sont à présent occupés et il est temps qu’un centre commercial puisse approvisionner la population du quartier. D’autres équipements collectifs sont prévus : une crèche, un centre social, un centre de soins un foyer du vieillard, une maison de jeunes. Une école est en cours de construction. Très vite, on apprend qu’une supérette COOP occupera les 712 m² et que la pharmacie a trouvé son candidat. Les autres cellules attendent leurs acquéreurs. Le gros œuvre sera achevé en avril et le temps d’effectuer les aménagements intérieurs, l’ouverture des magasins se fera en septembre, selon le journal.

Le chantier en 1972 Photo NE
Le chantier en 1972 Photo NE

C’est à la fin du mois d’août que la supérette COOP est inaugurée rue Léonie Vanhoutte. Elle propose à sa clientèle tout ce qu’on peut trouver dans ce type de magasin, notamment un rayon boucherie. Ce point de vente bénéficie de la logistique des Coopérateurs de Flandres et d’Artois, association de coopérateurs qui gèrent et contrôlent eux-mêmes leur coopérative. Les COOP représentent plus de 600 points de vente dans le Nord de la France, dont 200 libres services et supermarchés, et nationalement, les magasins COOP sont au nombre de 10.000. Le PDG des Coopérateurs, Jean Delattre rappelle tout cela dans son allocation d’inauguration, ainsi que les divers services proposés par la société : assurance, documentation familiale gratuite, journal Le Coopérateur de France, œuvre de solidarité, crédit ménager le moins cher de France, vente par catalogue, service après-vente, laboratoire d’analyses…

L'inauguration en août 1972 Photo NE
L’inauguration en août 1972 Photo NE

M. Prouvost adjoint au maire, rappelle que Roubaix a été le berceau du mouvement coopératif et remercie les Coopérateurs de Flandres et Artois pour l’implantation de ce magnifique magasin. Un vin d’honneur est alors servi par M. et Mme Lefebvre, gérants du magasin et M. et Mme Lourme, gérants du rayon boucherie, et tous les présents boivent au succès du nouveau COOP.

La COOP des Trois Ponts Photo NE
La COOP des Trois Ponts Photo NE

Du fort au square

Le fort développement des industries textiles à Roubaix au dix-neuvième siècle a entraîné un important accroissement de la population roubaisienne. Pour loger tout ce monde, on a bâti très vite, en utilisant au mieux les terrains non accaparés par les usines. Pas de moyens de déplacement, il fallait donc loger l’ouvrier à proximité des usines. Ce furent les forts, les cours et les courées, qui offrent encore un siècle plus tard, en 1953, « le lamentable spectacle d’un anachronisme qui est tout à la fois un défi à l’hygiène et au progrès ».

Une vue du fort Mulliez photo NE

Le fort Mulliez était de ces ensembles d’habitations, qui ressemblent « plus à un ghetto qu’à une cité ». Un labyrinthe de cent vingt maisons ! Le CIL en a donc racheté un certain nombre dans le but de les démolir et de construire une cité moderne. Mais il faut gérer le relogement. Certains habitants partent s’installer ailleurs , mais d’autres ont un peu de mal à quitter leur quartier, qu’ils ont connu « quand les maisons étaient relativement neuves et que tout autour s’alignaient des jardins et des champs ». Ainsi M. Georges Monnet interviewé par le journaliste Marcel Leclercq, évoque une ferme qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle institution Notre Dame des Victoires toute proche, ce qui situe ses souvenirs avant 1900. Il exerçait la profession de rentreur au Peignage Amédée Prouvost rue de Cartigny. Il était né en 1873 dans la maison du fort Mulliez qu’il occupe encore.

Fort Mulliez en démolition Photo NE
Fort Mulliez en démolition Photo NE

Mais à présent, le fort Mulliez présente le triste spectacle de toitures basses, d’étroites lucarnes, de pièces exiguës sans soleil. Il devient urgent de s’occuper de ce vieil habitat qui se dégrade peu à peu. Ainsi en août 1953, la toiture d’une maison s’effondre en partie, les locataires ont des enfants, il faut les reloger. Le CIL a en projet une construction moderne à trois étages avec des appartements bien éclairés qui donneront sur un grand espace vert.

Maquette du projet square Photo NE
Maquette du projet square Photo NE

La première tranche de travaux est prévue pour le printemps 1954. Le CIL posera à cette occasion la première pierre de son 5000e logement sur l’emplacement du fort Mulliez. En février les travaux de démolition sont activement menés. En mars a lieu la cérémonie de la première pierre posée par le Président du Conseil Laignel. En mai le chantier avance bien.

Etat du chantier en 1954 Photo NE
Etat du chantier en 1954 Photo NE

En octobre 1955, le square des Mulliez devient une vitrine et un lieu de visite : sous la conduite d’Albert Prouvost, président du CIL, des personnalités soviétiques viennent admirer la nouvelle réalisation. Cette opération en préfigure d’autres, de tailles diverses : celle du fort Desprets, rue de Lannoy et celle du quartier Edouard Anseele d’une toute autre envergure.

Le square aujourd'hui Google maps
Le square des Mulliez aujourd’hui Google maps

 

Deux nouvelles COOP

Le jeudi 8 avril 1965, le quartier du Carihem est doté d’un magasin COOP dans son centre commercial. C’est un libre-service et un cadeau est offert jusqu’à fin avril aux futurs clients. C’est le onzième magasin COOP de Roubaix qui s’ouvre. La Coopérative est une association de consommateurs, chargée de la défense de leurs intérêts. rappelle M. Chaumorcel, attaché de direction, présent à l’inauguration. Il ajoute qu’au-delà du cadre des prix, son action touche désormais les terrains de l’information, de la défense de la santé, du crédit à taux exceptionnel. M. Broutin, conseiller municipal, félicite les COOP pour leur réalisation. Les gérants, M. et Mme Deramburg, servent un champagne d’honneur pour clôturer la manifestation.

L'intérieur du magasin COOP du Carihem Photo NE
L’intérieur du magasin COOP du Carihem Photo NE

Peu de temps après, c’est au tour du quartier des Hauts Champs. Le 12 avril 1965, les Coopérateurs de Flandre et d’Artois ouvrent leur douzième magasin à Roubaix : un super coop de 235 m² conçu selon les plans de l’architecte Houdret, situé rue Emile Zola dans le quartier des Hauts Champs. Ses rayons couvrent l’ensemble des besoins d’une famille : alimentation générale, vins et liqueurs, produits laitiers, fruits et légumes, pain, pâtisserie, boucherie charcuterie, droguerie, ménage, lingerie, appareils électroménagers, ameublement.

L'inauguration COOP des Hauts Champs Photo NE
L’inauguration COOP des Hauts Champs Photo NE

A cette époque, la rue Degas n’existe pas encore, car les sols de la rue n’ont pas été viabilisés. C’est pourquoi le super COOP est encore situé rue Emile Zola, dont on pense qu’elle sera prolongée. Parmi les invités, M. Broutin représentant la ville de Roubaix, et quelques directeurs de sociétés. Les premiers gérants sont les M et Mme Lefebvre, qui offriront un vin d’honneur aux sommités. Cette supérette se trouvait juste à côté du local de la chaufferie, de l’autre côté d’un sentier remontant vers la rue Joseph Dubar. Aujourd’hui tout a disparu, chaufferie et magasins, des témoins se souviennent qu’un marchand de fruits et légumes a succédé à la COOP, et il y aurait eu un salon de coiffure.

Publicité antérieure Pub NE
Publicité antérieure Pub NE

Les Coopérateurs de Flandre et d’Artois ont ainsi inauguré leur 687e point de vente COOP, dans le quartier des Hauts Champs, ce qui montre l’importance de cette société à l’époque.

Une casserole à un milliard

En 1984, c’est la pose de la première pierre de la salle des sports de la rue Delespaul, à l’angle de la rue de Philippeville. M. Gilles Neveux vainqueur du concours, sera son architecte, pour un coût global de 660 millions de francs. Un square est prévu à l’angle de la rue des pyramides et de la rue de Philippeville pour permettre une sortie en sécurité. L’installation comprend trois batteries de deux vestiaires, avec installations sanitaires, ce qui rend possible un roulement d’occupation. Le terrain présente une forte pente avec une déclivité de 1,80 m entre la rue Delespaul et la rue des pyramides, une partie de la salle sera donc enterrée du côté de la rue Delespaul. Le bâtiment est en briques, avec des parties en verre, une cafétéria, et un hall d’entrée donne sur le square. De grandes arches donnent sur la rue de Philippeville, et une terrasse doit être aménagée côté rue Delespaul.

Maquette de la salle des sports publiée par NE
Maquette de la salle des sports publiée par NE

Cette salle de sports n’est pas un équipement de compétition, mais plutôt d’appel. Il s’agit de donner envie de faire du sport, plutôt que d’attirer les gens à des rencontres de sport spectacle.
C’est la vocation initiale du lieu, car les travaux ont notamment entraîné la disparition des locaux du foyer Paul Bert.  Le stand de tir qui s’y trouvait fut condamné. Sur l’espace occupé par la salle, en 1926, il y avait le terrain de basket de l’amicale Paul Bert, à l’époque, l’un des premiers clubs de la Région. Des noms sont cités par un témoin. (Picavet, Tjoen, témoin M. Delnatte) Une histoire à retrouver…A quelques mètres de la salle des sports, une petite salle de réunion avec trois bureaux a été mise à disposition pour les associations locales, le comité de quartier et des permanences, il y a également un logement de fonction pour le gardien.

Inauguration en juin 1986 Photo NE
Inauguration en juin 1986 Photo NE

Juin 1986, c’est l’inauguration après deux ans et demi de travaux. Le sénateur maire Diligent a cette pique en direction de son prédécesseur, présent à la cérémonie : c’est une casserole à un milliard que vous nous laissez là ! Pour l’occasion, une démonstration de volley ball et de basket est effectuée par les membres de Bulgomme sports et de l’EPI (Education Physique Interentreprises). On y présente aussi la gymnastique d’entretien pour les anciens du foyer Paul Bert, et une activité de danse par Manou pour les adolescentes du Gai Hutin.

Le hall d'entrée Photo NE
Le hall d’entrée Photo NE

L’équipement est placé sous la responsabilité de M. et Mme Vincke. La presse signale qu’il a déjà été trois fois vandalisé depuis son ouverture en mars 1986. Il est néanmoins utilisé en permanence à raison de 51 heures 30 d’occupation par semaine. On y trouve les enfants de l’enseignement primaire à 50% du temps, puis ceux de l’enseignement secondaire à raison de 5 heures, les écoles municipales de sport pour 3 heures, le Foyer Paul Bert pour 4 heures, Bulgomme sports à raison de 6 heures et l’EPI pour 3 heures.

Aujourd'hui Vue Google
Aujourd’hui Vue Google

La salle de sports Delespaul revient dans l’actualité en avril 2013 : elle a été entièrement détruite par un incendie criminel, qui s’est déclaré pendant la nuit. A l’arrivée des pompiers, la salle de sports était entièrement embrasée. La toiture de l’édifice a été en partie détruite tout comme les équipements se trouvant à l’intérieur. Que va-t-on faire de cette ruine ?
En août 2015, toujours inutilisée depuis le violent incendie d’avril 2013, la salle de sports Delespaul du quartier Oran-Cartigny est une nouvelle fois incendiée. Les sapeurs-pompiers de Roubaix ont rapidement stoppé le feu de détritus visiblement allumé dans l’entrée de la salle inoccupée. Une lueur d’espoir pour terminer : d’après les témoins, habitants du quartier, les travaux de réaménagement devraient commencer en 2016. Affaire à suivre !

Un collège innovant

En 1980, le CES Pellart, devenu entre-temps le collège Anne Franck, change de principal. Mme Perron est remplacée par Serge Psaume, qui, s’appuyant sur une équipe d’enseignants jeunes et dynamiques va impulser un certain nombre d’innovations.

Le collège au début des années 80 – document archives municipales
Le collège au début des années 80 – document archives municipales

L’établissement est classé en Zone d’Education Prioritaire. Son projet, élaboré au cours de nombreuses concertations, prévoit d’abord la mise en place de groupes de niveau dans les matières d’enseignement général (en particulier, Anglais, Français et Maths). Les élèves sont évalués régulièrement et passent périodiquement d’un groupe de niveau à l’autre selon le résultat des évaluations.

On met également en place l’aide au travail pour les élèves. Deux salles sont ouvertes chaque jour après la fin des cours au collège, mais aussi dans les quartiers. Les enseignants concernés apprennent aux élèves à s’organiser dans leur travail, leurs apportent un soutien en reprenant ce qu’ils n’ont pas compris, et les aident à faire leurs devoirs. Ce soutien individuel a très vite un grand succès et les jeunes prennent l’habitude de ce dispositif.

Tout ceci fonctionne grâce à l’esprit de coopération qui s’installe entre les enseignants qui prennent l’habitude de se « serrer les coudes » face aux difficultés, et de travailler ensemble, pour unifier le contenu de leur enseignement à l’intérieur les différents groupes de même niveau, certains faisant même leurs préparations de cours en commun.

A droite le réfectoire, suivi de la salle de dessin et de celle de musique – Cliché Jpm
A droite le réfectoire, suivi de la salle de dessin et de celle de musique – Cliché Jpm

Dans le même temps, le collège développe, sous l’impulsion de deux enseignants, un projet informatique ambitieux. Il réussit à faire partie des 83 collèges expérimentaux choisis au niveau national, et reçoit à ce titre une dotation de 10 ordinateurs de type Micral 8022, magnifiques machines graphiques.

Document Excelvision
Document Excelvision

L’équipe s’étoffe et s’étend à plusieurs matières, les professeurs développant des exercices complémentaires utilisés soit en cours, soit lors de séances de soutien placées le soir. On s’aperçoit en effet que les élèves, n’éprouvent pas de blocage vis-à-vis de l’ordinateur n’hésitent pas à effectuer les exercices, heureux quand ils les réussissent, et sans éprouver de culpabilité en cas d’échec. On réussit à leur faire intégrer des notions qu’on arrive pas à faire passer en cours traditionnel.

La Voix du Nord de Janvier 1984
La Voix du Nord de Janvier 1984

Dans un deuxième temps, et dans le cadre des plans Fabius « Informatique pour Tous » et « Télématique pour tous », l’équipe reçoit une deuxième dotation composée de TO7 de chez Thomson, bientôt remplacés par un nano-réseau de MO5 du même constructeur. Le nombre d’enseignants concernés continue à croître. 30% des enseignants suivent des formations spécialisées en informatique. Avec le concours du Cueep, on développe au collège des programmes en Basic et en Logo et de nombreux exercices d’ Enseignement Assisté par Ordinateur. Une bonne partie des élèves « passent sur ordinateur » à un moment ou à un autre et profitent des bienfaits de cette technologie.

Photo La Voix du Nord 1984
Photo La Voix du Nord 1984

Le collège est également doté d’un serveur télématique Leanord, et des exercices sur minitel sont également développés. Par ailleurs, il reçoit un équipement vidéo sous forme d’une régie noir et blanc qui sera utilisée avec les élèves. Cet équipement est bientôt remplacé par des équipements VHS.

Toutes ces actions débouchent sur des résultats, et le pourcentage des non-lecteurs qui était précédemment au collège de 10 % à l’entrée en sixième, diminuent considérablement : au bout de deux ans d’expérimentation, on ne compte plus que 6 non-lecteurs sur l’ensemble des élèves qui l’ont suivie.

Par ailleurs, on organise pendant les vacances des ateliers informatiques les initiant à la programmation. Ceux-ci sont suivis avec enthousiasme par les jeunes.

Photo La Voix du Nord Ete 1984
Photo La Voix du Nord Ete 1984
La Voix du Nord 1984 – A droite M. Psaume
La Voix du Nord 1984 – A droite M. Psaume

Les documents joints proviennent des archives municipales.

Les lotissements de 1950

La CIL se lance, à la fin des années 40, dans un programme de lotissement, qui va se développer sur plusieurs communes. Après le programme 1947-48 comprenant le Galon d’eau et 150 logements aux trois Baudets, préfiguration des autres constructions qui vont suivre, le programme 48-49 prévoit des logements notamment à Tourcoing et à la Lionderie à Hem. Mais on prépare déjà la suite : en effet, au Nouveau Roubaix, de vastes terrains sont alors occupés par des jardins ouvriers. Ces terrains, achetés pour la plupart par la ville à la Société Lemaire et Lefebvre dans la première partie du siècle, sont disponibles pour un vaste plan de lotissement en maisons individuelles mis en œuvre par le CIL.

Photo IGN 1947
Photo IGN 1947

En 1948, alors que les premiers habitants emménagent aux trois Baudets en bordure de l’avenue Motte, la ville demande à la SNCF de désaffecter la plate-forme de la gare de débord détruite pendant la guerre pour pouvoir y construire des logements. La voie-mère qui empruntait le terre-plein central de l’avenue Motte serait réaménagée en piste cyclable.

Le projet prend corps fin 1949 avec la cession de terrains appartenant à la ville à la société d’habitation populaire Le Toit Familial. La première zone concernée est limitée par les rues Mignard, Motte, Delory et Horace Vernet (à part un rectangle situé sur la ferme de la Haye où s’installera l’école Ste Bernadette. Elle représente 32500 m2) pour 227 maisons. On prolonge à cet effet la rue Horace Vernet jusqu’à l’avenue Delory.

Une deuxième zone située à l’extrémité du boulevard de Fourmies et limitée par l’avenue Motte et la rue Mignard. (8500 m2) sera lotie également, ainsi qu’une troisième située en bordure de l’avenue Motte à l’emplacement des anciens baraquements démolis pendant la guerre et l’emplacement de la gare de débord. Ceci représente 11 000 m2 de terrains pour 143 maisons

Document Nord Matin 1948
Document Nord Matin 1948

Les photos nous montrent la construction de la cité des 3 Baudets, dont le modèle sera repris pour le projet actuel. Les travaux démarrent et les premières maisons s’élèvent dès 1950. La photo aérienne montre les maisons implantée au milieu de jardins, comme le préconise le CIL.

Photo Archives municipales
Photo Archives municipales

Mais le CIL va entreprendre une autre tranche de travaux. Il envisage de bâtir de l’autre côté de l’avenue Delory, sur l’emplacement de la ferme de Gourguemez ce qui deviendra la cité du Maroc.

En attendant, 1951 voit le démarrage des travaux du groupe Carpeaux-Pigouche, entre les rues Regnault, Edouard Vaillant et l’avenue Delory. Le groupe Pigouche représente 45 logements, le groupe Carpeaux 54. Ces constructions sont réservées à l’accession à la propriété. Elles possèdent le Chauffage central. Certaines doivent être en briques rouges, les autres en briques blanches.

Document Nord Matin 1951
Document Nord Matin 1951

En parallèle à ces travaux, on aménage l’avenue Motte et son terre-plein central pour y créer une promenade bordée d’arbres le long de laquelle on installe des bancs publics.

Documents Nord Eclair 1955
Documents Nord Eclair 1955

Le quartier prend petit à petit l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.

Document Collection particulière
Document Collection particulière

 

Le troisième pont

Le remplacement du pont Nickees devient urgent : celui-ci est incapable de faire face à l’accroissement du trafic des années 60, et l’idée des élus est d’ajouter une communication directe entre le boulevard Gambetta et Wattrelos pour désengorger la grand-rue et son pont, trop souvent levé au goût des automobilistes. La reconstruction des ponts de la Vigne et des Couteaux ayant eu la priorité, il est temps de d’envisager une construction nouvelle. Le dernier projet de 1959 porte donc sur un tablier de 30 mètres de large (autant que l’avenue Motte) situé relativement haut, qui se trouvera prolongé à chaque extrémité par des rampes d’accès. La rampe côté boulevard Gambetta sonnera le glas du jardin public installé lors du comblement de l’ancien canal, et déjà très amputé dans les années 50.

L'ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière
L’ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière

La rampe formant une courbe prononcée vers la gauche, va obliger à la démolition d’un groupe de maisons situées à l’angle du boulevard et du quai de Lorient.

Les maisons à démolir - Photo archives municipales - 1953
Les maisons à démolir – Photo archives municipales – 1953

De même, les travaux vont amener à la rectification du tracé de la rive droite du canal, qui présentait au débouché du boulevard un creux permettant aux péniches de faire demi-tour. Ce creux, perdant son utilité, va être comblé et servira d’appui aux piles du futur pont. Le pont doit comporter deux chaussées de 10m50 et un terre-plein central de 3 mètres. On prévoit deux ans de travaux qui incluront la création d’espaces verts. 1962 voit le début des travaux, qui doivent coûter, d’après Nord Matin, près d’un milliard d’anciens francs, financés en grande partie par le fonds d’investissement routier. On commence par démolir les anciennes maisons car, ne l’oublions pas, l’opération doit aussi permettre de résorber l’habitat insalubre.

Les travaux quai de Cherbourg et rue d'Avelghem – Photos La voix du Nord
Les travaux quai de Cherbourg et rue d’Avelghem – Photos La voix du Nord

En janvier 1963, les travaux sont stoppés par le froid, mais ils reprennent dès la fin des gelées à un rythme accéléré. On amorce les rampes d’accès, et on construit les culées et les piliers qui supporteront le tablier.

Photo la Voix du Nord
Photo la Voix du Nord

Puis on coule le tablier dans lequel sont tendus, dans des gaînes, des fils de renforcement. On prévoit quai du Sartel des déversoirs d’orage pour remplacer ceux qui amenaient le trop-plein des eaux de pluie dans l’ancien bassin de retournement des péniches. En 1964 les travaux sont en bonne voie ; le pont et les rampes d’accès prennent forme.

Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965
Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965

Enfin, le pont est inauguré en 1966. La musique de 43ème RI est de la fête, ainsi que le Préfet. Les personnalités parcourent le pont à pied, avant d’être reçues officiellement à la mairie.

Le cortège officiel – photo La Voix du Nord
Le cortège officiel – photo La Voix du Nord

Le terre-plein central reçoit de la végétation, des vasques fleuries y sont implantées. De petits squares avec de la végétation seront ensuite aménagés près des culées du pont. On a prévu des routes passant sur chaque rive pour relier les différents quais en passant par dessous le pont.

Photos archives municipales et Lucien Delvarre
Photos archives municipales et Lucien Delvarre

La construction de ce pont reliant directement les deux villes, consacre l’importance de l’axe formé par le boulevard Gambetta qui, avec l’implantation de Roubaix 2000, a l’ambition de déplacer le centre de Roubaix en l’attirant vers lui.

On construit le collège

Après les démolitions, les travaux marquent le pas. Le terrain n’étant pas constructible, sa libération nécessite plus de temps que prévu, et les élèves sont toujours pour partie au petit Lycée, pour partie à Turgot, le reste étant hébergé rue Notre Dame dans les locaux de l’école publique.

Cependant, en Juillet 1974, les travaux du CES sont en cours. Ils sont réalisés par une entreprise de Gironde, avec la participation de l’entreprise Planquart. Une photo de la Voix du Nord, prise de la rue Pellart montre les bâtiments de la SES. A droite les ateliers, puis les salles de technologie et, sur deux étages les salles de cours. Au dessus de ce dernier bâtiment se profilent ceux encore en place avant la construction de la salle de sports.

Photo la Voix du Nord - 1974
Photo la Voix du Nord – 1974

On envisage une ouverture prévue à la rentrée de Toussaint pour les 900 élèves prévus auxquels va s’ajouter une section d’éducation spécialisée (SES). La construction est de type « industrialisé léger avec une ossature en béton ». Si l’ossature béton est solide, on ne peut pas en dire autant panneaux légers qu’elle structure, et les utilisateurs du collège ont le souvenir des nombreuses plantes poussant entre les cloisons extérieures et la dalle au rez de chaussée des bâtiments : la nature s’installait dans les classes !

Une photo aérienne de l’époque nous montre à droite le bâtiment de la SES avec sa partie centrale plus basse, au centre le bâtiment des cours du collège, et, en haut à gauche, l’amorce de la cour de récréation. Notons que le parking, situé en bas à droite le long de la rue Pellart, est très étendu. Il se situe là où passera l’avenue des Nations Unies et héberge les voitures des enseignants du collège, mais aussi celles des policiers travaillant au commissariat situé de l’autre côté de la rue Pellart. En bas à droite, l’ancien pâté de maisons qui ne tardera pas à disparaître pour faire place à la salle de sports.

Document IGN - 1975
Document IGN – 1975

L’équipe administrative est déjà en place, derrière la directrice Mme Perron. Son adjoint est M. Lapierre, et le directeur de la SES Jean Marie Caudron, le poste du Conseiller Principal d’Education étant tenu par M. Faille. L’intendant est M. Andès (qui a également en charge le Lycée Turgot et le CET du boulevard de Lyon, et qui prendra très vite en charge le lycée Jean Rostand à sa construction. Son adjointe au collège est Mme Bernard, qui chapeaute l’équipe des personnels de service, une demi-pension étant prévue pour nourrir l’importante population scolaire.

Le bâtiment de la SES – photo Delbecq
Le bâtiment de la SES – photo Delbecq

Le collège comporte, à côté des classes allant de la 6ème à la troisième, des sections CPPN (Classes Préprofessionnelles de Niveau) et CPA (classes de Préparation à l’Apprentissage) dont une part importante de l’horaire est consacré à la technologie et à l’enseignement professionnel, ainsi que la section d’enseignement spécialisée qui offre la particularité, à côté de l’enseignement technique, de confier l’enseignement général à des instituteurs spécialisés : les élèves n’ont donc affaire qu’à deux enseignants : un pour l’enseignement général, et un autre pour le technique. L’implantation des bâtiments reflète sa structure pédagogique avec un bâtiment consacré à l’enseignement général, un autre aux enseignements spécialisés, et un troisième à la SES.

Photo IGN
Photo IGN

Le bâtiment d’enseignement général comporte deux étages. A chaque niveau un hall central donne accès aux classes. Au rez de chaussée, le bureau du Conseiller Principal d’Éducation et le Centre de Documentation et d’Information.

Le bâtiment le plus vaste, sans étage, regroupe les enseignements spécialisés. Le programme prévoit, pour les filles, l’enseignement ménager et la couture, pour les garçons les travaux du bois et du métal. Il intègre également les bureaux de l’intendance et de l’administration, ainsi que la salle des professeurs. Deux patios éclairent le centre du bâtiment et un ensemble de couloirs desservant l’ensemble permettent un parcours circulaire, le jeu pour les élèves étant d’en faire le tour en courant durant les récréations, et, pour l’équipe des surveillants, de les en empêcher !

Document IGN
Document IGN

Le collège, dénommé à ses débuts « CES Pellart » va prendre rapidement son nom définitif de Collège Anne Franck et entamer le cours de son histoire, sur laquelle nous reviendrons.