Garage Duquesne

Au début du siècle, l’actuelle rue du Général Leclerc à Hem comporte essentiellement , côté pair, des maisons jusqu’au numéro 28 . Plus loin, en partant du centre ville, il n’y a encore que des champs, comme le montre une carte postale des années 1900 de la rue Poivrée (ou rue de Lille), prise en regardant vers le centre.

L’atelier Nord-Vélo au premier plan à gauche et la même maison à la limite des champs au début du siècle avec une enseigne Cycles sur le pignon (Document Hem Images d’hier)

Le bâtiment sis au n° 28 abrite alors un atelier de construction mécanique, Nord-Vélo, qui fabrique des bicyclettes. Puis dans les années 1930, apparaît au n° 30 un garage à l’enseigne « Bifur-Garage » comme en témoigne une photo de 1936. Son nom commercial est dû à la proximité du carrefour d’ Hem Bifur reliant la rue de Lille et la rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde). Il fait également station service Antar pour les motocyclettes.

Le Bifur-Garage en 1936 (Document Historihem) et le garage Duquesne de nos jours (Document Google Maps)
La plaque rivetée du garage à l’époque (Document Duquesne)

C’est dans le Ravet-Anceau d’après guerre, en 1947-49, que l’on voit apparaître pour la première fois le nom d’ Emile Duquesne au 30 de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) à Hem. L’ancienne enseigne Bifur-Garage n’est plus mise en valeur bien qu’elle apparaisse encore sur les factures et l’on parle dès lors plus sobrement du garage Duquesne.

Ancienne publicité (Document Historihem) et en-tête d’une ancienne facture (Document Duquesne)

Une ancienne publicité permet de constater que, s’il représente les marques automobiles Chenard et Walker, il assure les révisions et réparations de voitures toutes marques, la mécanique auto et le graissage par pression.

Voitures Chenard et Walcker années 1920 (Documents Hprint et Wikipedia)

Après guerre, comme en témoigne un vieux registre de copies de lettres, le garage entretient les véhicules de l’entreprise Meillassoux et Mulaton, sise un peu plus loin dans la rue de Lille, de l’entreprise Declercq Frères, autre Teinturerie de la rue mais située à l’extrêmité de celle-ci à Hempempont, ainsi que ceux d’ Emile Delmet, ancien maire de Hem de 1929 à 1935.

Vieux registre de l’établissement (Documents Duquesne)

Ce n’est que dans les années 1950 que le garage d’ Emile Duquesne est également répertorié dans les Ravet-Anceau, à la rubrique Station-Service Antar. Le garage fait station service jusque dans les années 1980, à une époque, pas si lointaine, où de nombreuses stations d’essence sont encore installées en centre ville.

Publicité de 1966 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, le garage Duquesne est devenu une agence Peugeot et emploie les 2 fils d’Emile : Gérard et Jean-Claude, comme mécaniciens. Il vend des véhicules neufs et achète et revend des voitures d’occasion au besoin en montant un dossier de crédit. En 1966, sa publicité propose à l’essai les 204, 403 et 404.

Extrait du Registre d’Entrées et Sorties du Personnel de l’époque (Document Duquesne)
Modèles 204, 403 et 404 (Document petites observations automobiles, caradisiac et news d’anciennes)

Au départ à la retraite d’Emile, Gérard et Jean-Claude lui succèdent naturellement à la tête du garage. Tout comme Emile et son épouse Agnès au début, leur fils aîné Gérard et son épouse Nadine habitent au n°30 qui est alors toujours une maison d’habitation pourvu d’un petit hall d’exposition à gauche de l’entrée du garage, pendant que Jean-Claude est logé avec sa famille au n°28, le 26 abritant alors Emile et son épouse.

Dans les années 1970 et 1980, les publicités dans le journal sont fort nombreuses et vantent chaque nouveau modèle de la marque Peugeot. Au fils des années chaque gamme fait ainsi l’objet d’une présentation à la clientèle sur une journée spécifique avec essais des nouveaux véhicules.

Publicités des années 1970 (Documents Nord-Eclair)
Publicité de 1970 (Document mémento public CIT de la ville de Hem) et de 1982 Peugeot-Talbot en commun avec le garage Lescouffe (Document Office d’Information Municipal de Hem)

En juillet 1994, au décès de Gérard suivi de la retraite de Jean-Claude, c’est Stéphane qui reprend l’affaire avec son épouse Valérie. Tous deux habitent d’abord sur place puis dans les années 2000, il refont un superbe hall d’exposition avec un bureau en enfilade là où se situait le rez-de-chaussée de l’habitation, tandis qu’à l’étage ils installent 2 appartements à louer.

Dans les années 2000, les publicités continuent à se succéder dans la presse locale mais une opération commerciale particulière a également lieu en 2003, avec l’association des « commerçants d’Hem j’aime », dans le cadre des 10 jours du commerce, au cours de laquelle le bulletin du couple Lecollier, tiré au sort, leur permet de gagner une journée en 206 neuve ainsi que bien d’autres cadeaux toute la journée chez une quinzaine de commerçants de la ville.

Publicités de 2000 et photo de la remise des clefs de la 206 par Stéphane Duquesne en 2003 (Documents Nord-Eclair et Guide Pratique Tout en Un de la municipalité de Hem en 2000)

A l’heure actuelle le garage est toujours un agent Peugeot et vend toujours des voitures neuves et d’occasion tout en assurant la maintenance et l’entretien des véhicules. Il réalise tous travaux de mécanique et d’électricité sur toute automobile et occupe une surface totale de 1351 mètres carrés.

Logos du garage Peugeot (Document logos internet)
Photos de façade du garage en 2008 et 2020 (Documents Google Maps)

Le garage d’origine est toujours en fonction au niveau de l’atelier, avec son sol de pierre bleue. A droite on voit encore l’emplacement de l’ancienne fabrique de vélos qui allait jusqu’au fond, dans lequel est installée la nouvelle cabine de peinture. A droite à l’entrée se trouve l’emplacement de l’ancienne cabine de peinture et au fond à gauche, après les ponts élévateurs, l’ancien bureau.

Photos de l’intérieur du garage (Document photo IT)

Dans la salle de droite qui correspondait donc initialement au n °28, se trouve une issue de secours qui donne sur des garages à louer dont l’entrée se situe dans la rue Victor Hugo. Il s’agissait auparavant sur cet emplacement de jardins ouvriers.

Plan cadastral parcelles 184 n°28 et 185 n°30 (Document cadastre)
Les garages donnant sur la rue Victor Hugo (Document photo IT)
Photo aérienne de 1962 (Document IGN)

Pendant près d’un siècle trois générations de Duquesne se sont donc succédées à la tête de cette entreprise emblématique du Centre Ville de Hem.

Témoignage : « En tant que cliente du garage Duquesne depuis une quarantaine d’années, j’ai toujours apprécié le contact avec Stéphane et Valérie, au service de leur clientèle. La compétence et le sérieux de Stéphane dans son travail permettent une entière confiance pour les travaux à réaliser sur les véhicules qui lui sont confiés. »

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem, Valérie et Stéphane Duquesne ainsi qu’à Joelle Lepers.

 

Éducation permanente et tradition

Le 28 février 1983, on procède à la pose de la première pierre du centre d’éducation permanente wattrelosien et on inaugure la salle de jeux traditionnels. C’est Noël Josephe Président du Conseil Régional qui vient pour l’occasion. Alain Faugaret Maire de Wattrelos, marque le coup : Wattrelos s’engage dans le modernisme mais reste fidèle à ses traditions.

La pose de la première pierre Doc NE

L’office municipal d’éducation permanente a été créé en 1981, avec comme but d’améliorer les connaissances et la qualification de la population. De septembre à décembre 82, vingt deux stages de formation ont été effectués dans les domaines les plus divers, concernant plus de cinq cents personnes. De nouveaux locaux plus importants sont jugés nécessaires, d’où la décision de construire. Cout de l’opération, deux milliards de francs, 540 millions de francs au Conseil Régional, le reste financé par la Caisse d’épargne sous forme de prêt.

Les pistes de bourles doc VDN

La salle des jeux traditionnels, inaugurée le même jour, est un équipement à deux étages, très clair, très chaud. C’est une bien jolie réalisation avec ses poutres de bois. Pour Marcel Buyck, président de la Fédération wattrelosienne de bourle, ce jour est historique. Cette bourloire permettra de maintenir le jeu de bourle pour un demi siècle et au-delà. Il rend hommage à l’action de M. Rucquoy adjoint aux sports.

Noël Josephe reçoit la grande plaquette d’honneur de la ville et rend hommage au dynamisme de Wattrelos, ville phare dans sa recherche en matière d’éducation et de formation permanente.

Vue de la bourloire doc Office du Tourisme

L’engouement pour le jeu de bourles ne s’est pas démenti. Une fois par mois, l’Office de tourisme de Wattrelos donne rendez-vous à la Maison des jeux de tradition, en plein parc du Lion, juste en face de la ferme. L’objectif : initier à un jeu typique de la métropole très connu aux XIXe et XXe siècles, la bourle. Tous les vendredis, samedis, dimanches (sauf en mars et avril) et lundis à partir de 15 h 30, on peut avoir accès aux pistes de la bourloire du parc du Lion (gratuit, une consommation au bar) sur réservation. Contact : Maison des jeux de tradition au 03 20 83 72 76.

Remerciements à Christian Ladoe pour les archives

ANTVERPIA

Emile Rosez naît à Langemarck en Belgique Flamande le 18 février 1862. Après de brillantes études, il devient d’abord courtier en assurances à Gand puis ses bons résultats l’amènent rapidement à devenir agent général pour les Assurances Vie & Incendie ANTVERPIA, grande compagnie d’assurance en Belgique fondée vers la fin du XVIII siècle à Anvers par Charles Jean Michel de Wolf (1747-1806), et longtemps dirigée au XIX siècle par le Baron Pierre Joseph de Caters (1769-1861) à Anvers.

Parfaitement bilingue, ambitieux et visionnaire, Emile Rosez désire soumettre en 1890 à la Direction de ANTVERPIA basée à Sint Mariaburg en banlieue d’Anvers, son projet de conquérir une ville francophone prospère et en pleine expansion économique grâce au textile, celle qui fût en 1900 la ville la plus riche de France, Roubaix !

Le projet accepté, validé et financé par la Direction Flamande de ANTVERPIA, il se mit en quête d’une jolie petite demeure Roubaisienne, proche du Centre-Ville et de la Mairie, en plein coeur du quartier abritant les plus grandes et illustres familles roubaisiennes afin de signer les plus beaux contrats d’assurances.
Ce sera le Trichon, avec ses fameuses rue et place du même nom, abritant les halles et son Marché aux poissons aujourd’hui disparu.

Publicité 1901 ( document Gallica )

C’est en fin d’année 1893 qu’il emménage à Roubaix, avec sa femme Julie née Cardoen, et leur petite fille Martha âgée d’à peine 6 mois, au 18 rue des Fleurs, aujourd’hui rebaptisée rue Rémy Cogghe.

Le 18 rue des fleurs en 1904 ( document collection privée )

Emile Rosez commence à prospecter les entreprises textiles de la région de Roubaix et Tourcoing, et signe rapidement de nombreux contrats pour la Compagnie d’Assurances ANTVERPIA.

Emile Rosez ( document T. Rosez )

Sa famille s’agrandit d’un premier fils Octave en 1895 et huit autres naissances suivront jusqu’en 1906 : sa famille devient nombreuse. Les affaires sont florissantes et il faut absolument embaucher du personnel supplémentaire. La Direction d’ ANTVERPIA Belgique lui donne carte blanche et il investit alors dans une vaste demeure pour y déménager sa famille et ses bureaux en 1907, au 31 rue du Trichon. Il est alors nommé Directeur Général pour la France.

Antverpia au 31 rue du Trichon en 1914 ( document collection privée )

Fort de sa notoriété, récompensé de ses efforts, et alors que ses agents et inspecteurs travaillent sur la région, il décide de s’attaquer à un autre marché : l’Algérie ! Etat sous gérance française, ce pays est alors investi par les entrepreneurs et industries de la France, pour y bâtir toutes les infrastructures modernes du XX siècle ! Réseaux routiers, gaz électricité, usines et bâtiments, il faut absolument que nos compatriotes, travailleurs et investisseurs français expatriés puissent y trouver des assurances !

Il s’y engage de toute sa volonté, crée un réseau au-delà de la Méditerranée, puis est nommé Directeur Général pour la France et l’Algérie.

Antverpia au 31 et 33 rue du Trichon ( document collection privée )

Les affaires et le nombres d’employés grandissant, le manque de place se faisant déjà cruellement sentir, il investit la maison voisine au 33 rue du Trichon peu de temps plus tard.

L’immeuble de la rue du Trichon de nos jours ( Photo BT )

Le développement s’accentue chaque année. Sa grande famille est forte de 9 enfants dont 5 garçons ( Martha, Octave, Nestor, Blanche, Abel, Elie, André, Agnès, Jenny ) nés entre 1895 et 1906, qui deviennent adolescents autour de l’année 1915. Les employés sont également de plus en plus nombreux, il est absolument nécessaire de trouver d’autres locaux beaucoup plus vastes et prestigieux, d’autant que l’image de ANTVERPIA, grâce à Emile Rosez, entretient une réputation internationale.

La façade du 4 rue du Maréchal Foch ( document collection privée )

L’occasion se présente en 1928, lorsque l’Hôtel Particulier du 4 rue Neuve (aujourd’hui rue du Maréchal Foch) qui abritait la Banque du Rhin se libère. Cette immense bâtisse de 290 M2 au sol et sur 4 étages, était autrefois la propriété de Mme Vve Masure-Wattine.

Une partie de la famille avec les enfants les plus jeunes, ainsi que les bureaux y déménagent définitivement après quelques travaux d’aménagement en 1931 : logement de la Direction aux étages, construction d’une salle d’archives, d’un garage automobile, d’une buanderie et transformation de la loge du concierge avec création d’un étage.

Emile Rosez dans son bureau et photo de la cheminée qui existe encore de nos jours ( document et photo T. Rosez )

Déjà majeurs ou en couple, d’autres enfants restent au 31 rue du Trichon, devenu 31 et 31 bis séparant l’habitation d’un bureau-domicile loué à Mr Robyn, pour quelques années, lequel est assureur indépendant pour le compte de la compagnie d’assurances ANTVERPIA France.

Les cinq garçons du couple fondateur : Octave, Nestor, André, Elie et Abel travaillent avec leur père Emile Rosez.

Octave, André, Elie et Abel travaillent au siège de la rue du Maréchal Foch. Nestor reste assureur au 33 rue du Trichon.

À suivre . . .

Remerciement à Tanguy Rosez, et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

La boucherie Dekimpe ( suite )

La boucherie Dekimpe produit une charcuterie d’excellente qualité, les jambons bien sûr, mais surtout le saucisson fumé à l’ail, haché finement, qui devient leur produit phare. De nombreux clients viennent de très loin ( et même de Belgique ) pour leur en acheter. Ils arrivent à exporter leurs spécialités sous vide, à l’étranger.

Alain et Jean-Pierre installent le nouveau laboratoire ( document famille Dekimpe )

Au milieu des années 1970, la famille Dekimpe investit à nouveau en remettant aux nouvelles normes le laboratoire et en installant un nouveau comptoir réfrigéré près de la chambre froide, ainsi que des meubles à surgelés Findus et un présentoir pour les conserves HAK.

Le nouveau comptoir réfrigéré ( document famille Dekimpe )

Tous les membres de la famille ne comptent pas leurs heures. Le commerce demande beaucoup de travail, pour découper les morceaux de viande, fabriquer les saucissons, les jambons etc. Ils se lèvent très tôt, car le magasin ouvre à 8 h et ferme bien souvent après 20 h. Le commerce est ouvert 6,5 jours par semaine.

Ainsi, différentes étapes sont nécessaires pour savourer un délicieux jambon Dekimpe : saler, fumer, désosser, ficeler, mettre en moule et cuire.

Le jambon ( document famille Dekimpe )

Toujours à l’affût d’idées publicitaires inédites, ils proposent des opérations originales, au fil des années. Dans les années 1970 à Pâques, ils offrent un poussin pour tout achat d’un gigot d’agneau, ce qui fait le bonheur des enfants.

Dans les années 1980, c’est l’époque des pin’s et des magnets. Dans les années 1990, avec les commerçants Leersois, ils proposent à leurs clients de tester leur chance avec le robot Télélot. Puis c’est une carte de fidélité qui est créée dans les années 2000, pour faire bénéficier les clients d’une remise de 5 € par tranche d’achat.

Objets publicitaires ( document famille Dekimpe )

En 1986, les Télécom proposent aux commerçants de remplacer leur numéro de téléphone par un numéro que les clients retiennent facilement. Ils proposent à Jean-Pierre Dekimpe le numéro 75.50.50 facile à retenir ! Et les ennuis commencent, car le 74.50.50 c’est le poste des renseignements SNCF ! Et chacun peut faire une erreur en tapant sur un clavier, si bien que notre ami Jean-Pierre sature rapidement. Enfin tout rentre dans l’ordre, il retrouve son ancien numéro, et cela lui permet de faire un peu de publicité en communiquant l’anecdote dans la presse locale.

La vendeuse Martine, Andrée et Jean-Pierre ( document Nord Eclair )

En 1992 la famille Dekimpe crée le friand en forme de moulin, afin de célébrer la restauration complète du Moulin de Leers.

le friand ( document famille Dekimpe )
la façade dans les années 1990
Publicité 1994 ( document Nord Eclair )

Les fabrications de fin d’année telles que la galantine, le cochon de lait, le boudin blanc deviennent également des incontournables de la maison Dekimpe.

Une préparation minutieuse est nécessaire pour produire un cochon de lait : désosser délicatement le cochon pour ne pas percer la peau, laisser la tête et les pattes, farcir et refermer, emmailloter dans un linge avec bandelettes, cuire toute une nuit et enfin glacer le cochon pour lui donner un aspect appétissant.

Jean-Pierre, Alain et Francis préparent le cochon de lait ( document famille Dekimpe )
Le cochon de lait « Je suis délicieux de la tête à la queue » ( document famille Dekimpe )

A la fin des années 1990, la famille Dekimpe investit une nouvelle fois dans un nouveau comptoir réfrigéré.

document famille Dekimpe

En 2000, la modernisation du laboratoire devient à nouveau obligatoire, pour respecter les nouvelles normes sanitaires.

Façade décorée pour le passage à l’an 2000 ( document famille Dekimpe )

Jean Pierre prend sa retraite le premier en 2003 puis Andrée, Alain et Francis quelques temps après. Aucun de leurs enfants ne souhaite prendre la relève. Le magasin ferme donc le 30 Septembre 2008. Le plus jeune fils Francis reprend la boucherie chevaline 8 rue Gambetta à Leers en 2014 et prend sa retraite en 2021. Pendant 55 années, les deux générations de la famille Dekimpe ont marqué remarquablement le commerce Leersois.

Noël 2007 ( document famille Dekimpe )
Noël 2007 ( document famille Dekimpe )

Le N° 1 de la rue Jean Jaurès est reprise par la pharmacie Dolicque en 2010 et le N° 3 devient une friterie à l’enseigne « La Patatine ».

photo BT 2020

Remerciements à tous les membres de la famille Dekimpe

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Droguerie Bernard Joseph

Armand Joseph et son épouse Palmyre née Vandystadt ouvrent, au début des années 1900, une épicerie-droguerie au 47 rue d’Antoing dans le quartier du Pile à Roubaix.

Armand est mobilisé en 1914. Il part sur le front, et ne reviendra malheureusement pas. Palmyre, sa veuve continue alors seule, l’activité et se spécialise exclusivement dans le commerce de droguerie. Elle développe fortement l’activité de sa petite boutique, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

le 47 rue d’Antoing de nos jours ( document Google Maps )

Leur fils Victor Joseph, né en 1911, est artisan peintre. Il épouse Marie-Thérèse en 1946. Victor continue son activité d’artisan. Le couple habite sur place, rue d’Antoing.

Victor et Marie-Thérèse souhaitent ouvrir leur commerce. L’occasion se présente en 1956 : ils décident de reprendre le magasin de droguerie du 279 rue de Lannoy à l’angle du boulevard de Mulhouse. Ce commerce était autrefois une herboristerie créée par Louis Dours et transformée à son décès par son épouse en droguerie dans les années 1950.

plan cadastral
Palmyre et sa belle fille Marie-Thérèse dans le magasin de la rue de Lannoy ( document B. Joseph )
Marie-Thérèse Joseph ( document B. Joseph )

La surface importante de 102 m2 leur permet de développer leurs gammes de produits et en particulier de peintures. Victor et Marie-Thérèse deviennent les plus importants vendeurs de la ville grâce à leurs précieux conseils à la clientèle.

le magasin rue de Lannoy ( document archives municipales )
publicité Nord Eclair

Victor décède en 1961 à l’âge de 50 ans. Marie Thérèse continue seule l’activité.

Alain, le fils cadet, s’oriente plutôt vers la mécanique et reprend le garage de son ancien patron Mr Lemay, sur le boulevard Gambetta. Bernard, le fils aîné, né en 1947, après ses études de comptabilité et un premier emploi chez les assurances Verspieren, reprend la succession et continue de développer le commerce en 1972 avec son épouse Marie-Joële.

Bernard retape entièrement les deux étages supérieurs du bâtiment, pour pouvoir y loger avec son épouse et leurs deux enfants.

Il devient un des premiers dépositaire de la région, pour la fabrication de « peinture à la demande » avec l’installation de la machine à teinter, de la marque Valentine.

Bernard et Marie-Joële devant la machine à teinter ( document B. Joseph )

Bernard et Marie-Joële proposent à leur clientèle des marques réputées en peinture comme Avi, DeKeyn, Renaulac, Théodore Lefebvre, en droguerie comme la cire Starwax, en papier peints Décofrance, Vénilia, Leroy, et également en marques de revêtements de sol : Balatum, Gerflor

Intérieur du magasin ( document B. Joseph )

La concurrence est vive dans la ville, mais ils entretiennent d’excellentes relations cordiales avec leurs confrères roubaisiens : la droguerie Crombé et la droguerie Debril entre autres.

Dans les années 1980-1990 ils proposent différents services complémentaires : le service clé-minute avec un matériel professionnel de reproduction de clés, l’affûtage de couteaux et ciseaux, le dépannage en serrurerie, la vente de lampes berger etc

document collection privée

Bernard Joseph est commercialement très dynamique. Il communique énormément par de la publicité dans la presse locale, est régulièrement présent lors de salons des artisans commerçants, n’hésite pas à se transformer en père Noël pour offrir des bonbons aux enfants à l’entrée du magasin et organise des concours de dessin pour les enfants du quartier avec remises de cadeaux aux créateurs des plus belles œuvres.

Bernard Joseph au salon des commerçants ( document B. Joseph )
Le père Noël rue de Lannoy ( document B. Joseph )

Bernard continue sa formation professionnelle en assistant à de nombreux stages de perfectionnement organisés par leurs fournisseurs de droguerie. En 1989 Bernard est accepté à la confrérie Saint Luc de la droguerie, et en 1995, grâce à leur professionnalisme, les époux Joseph reçoivent un Mercure d’Or décerné par la chambre de commerce et l’union des commerçants de la rue de Lannoy.

document B. Joseph

Bernard prend sa retraite en 2009 à l’âge de 61 ans. Aucun des deux enfants ne souhaite reprendre le commerce. Le bâtiment est cédé à Eric Le Goff, infirmier libéral, qui le transforme, après quelques travaux de transformation en 2014, en cabinet paramédical composé de 4 infirmiers et de 2 orthophonistes.

Le magasin en 2008 ( document Google Maps )
Le magasin en 2023 ( photo BT )

Pendant près de 110 années, 3 générations Joseph se sont succédées dans le domaine de la droguerie roubaisienne.

Remerciements à Bernard Joseph ainsi qu’aux archives municipales.

Teinturerie Declercq

Les industriels s’installent plutôt dans la seconde moitié du 19éme siècle dans le village de Hem qui auparavant restait à vocation agricole. Deux brasseries et une distillerie sont les premières industries répertoriées sur Hem dont celle de Mr Louis Vandenbogaert, originaire de Tournai en Belgique, lequel est d’ailleurs maire du village durant quelques temps de 1812 à 1816.

Napoléon III, qui souhaite concurrencer l’Angleterre incite à l’implantation d’industries dans le Nord de la France et c’est dans ce cadre que Napoléon Paul, né en 1835, et Armand Alphonse Victor De Clercq, né en 1837, qui franciseront ensuite leur nom en Declercq, originaires de Renaix (Belgique) décident de monter une entreprise le long de la Marque à Hem.

A cet effet tous deux reprennent une brasserie qui faisait faillite au 185 rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) et y créent une usine textile de teinturerie et d’apprêts en 1857. Ils ont épousé 2 sœurs Céline et Flore Roussel dont le frère est un entrepreneur roubaisien du textile de la rue de l’Epeule : Emile Roussel. Puis Victor, qui ne s’épanouit pas dans cette activité laisse l’entreprise à son frère et se consacre à une activité de brasseur.

CPA de la rue de Lille à son extrémité avec l’usine, vue vers Hempempont et vue depuis Hempempont (Documents collection privée)
Photo de Napoléon Paul (Documents famille Declercq)

Malheureusement la teinturerie de Napoléon Paul périclite et il doit emprunter à son beau-frère Emile Roussel pour remonter l’entreprise. Ce sont ses fils, Paul Alexandre et Oswald Paul né en 1872 , repreneurs de la teinturerie qui, après la mort en 1898 de Napoléon Paul, remboursent son beau-frère, ayant travaillé avec acharnement pour redresser l’entreprise et gagner la somme nécessaire.

Quant à Victor qui a lui aussi emprunté à Emile de quoi monter sa brasserie en 1895 il en fait une affaire florissante qui lui permet de placer ses enfants. Pourtant par la suite, avec l’arrivée des coopératives, l’entreprise périclite à son tour et ce sont les fonds garantis par diverses propriétés sur Hem et les cabarets appartenant à la brasserie qui permettent le remboursement de l’emprunt.

Photo d’Oswald, fils de Napoléon Paul (Document famille Declercq)

En 1893, Paul Declercq fils est répertorié comme teinturier dans le Moniteur de la Bonneterie et du Tricot. Par la suite avec l’arrivée du charbon, l’usine se voit adjoindre une grande cheminée, comme en atteste encore la date figurant sur la cheminée en briques : 1899.

Afin d’en faire une affaire florissante les 2 frères décident alors de se concentrer sur l’apprêt soit le traitement de finition après le tissage, permettant de donner au produit son aspect final, qui consiste en la modification des fibres textiles par le biais d’une action chimique, telle qu’une teinture.

A cette époque les eaux de la teinturerie se déversent journellement dans la Marque « sans avoir été traitées au lait de chaux ni décantées » et les eaux restent noires et infectes. Elles stagnent et des détritus de toutes sortes y surnagent. Le voisinage se plaint d’autant qu’il émane de la rivière des odeurs nauséabondes, et le danger représenté pour la santé publique est pointé du doigt. Cette prise de conscience va entraîner l’installation de bassins de décantation.

CPA de l’usine située à l’Hempempont face au café de la Renaissance (Documents collection privée)
Enveloppe à en-tête de Declercq Frères (Document famille Declercq)

L’usine est constituée d’un atelier de fabrication en rez-de-chaussée aux murs de brique, couvert d’un toit à longs pans brisés recouvert de tuiles flamandes. Les bureaux fonctionnent sur 2 étages carrés, avec murs de brique, pierre et béton armé. Le bâtiment les abritant possède une terrasse et un toit en pavillon couvert en ardoises.

Les bureaux sont installés dans un bâtiment faisant le coin de la rue de Lille et de la rue de Croix, qui abritait auparavant le bureau de péage du pont de la marque. Ce pont en bois et très étroit à la fin du 19ème siècle, est d’une grande importance pour la liaison Lille-Lannoy, tant pour le commerce que pour l’armée. Il est alors surveillé par les policiers du commerce extérieur (douaniers).

Sans ces péages dédiés aux routes, la presque totalité des ponts et autres ouvrages destinés à franchir les passages difficiles, qui furent construits en France jusqu’au dix-septième n’auraient en effet pas existé et, après la construction, il fallait entretenir, réparer et surtout reconstruire.

Pont d’ Hempempont (Document BD Au Temps d’Hem)

En avril 1904, des grèves éclatent pour réclamer la journée de 10h. Le journal politique quotidien La Lanterne relate que le comité de grève roubaisien ne peut que constater l’insuccès de ses négociations avec le patronat et convie les ouvriers à nommer dans chaque usine des délégations appelées à négocier avec leur patron. Ce même journal déclare qu’à l’usine d’apprêt Declercq le personnel était au complet la veille alors même que 11 teintureries roubaisiennes sur les 43 sont en grève. En 1908, la teinturerie est récompensée d’un grand prix dans la catégorie fils et tissus laine à l’exposition franco-britannique de Londres, section française.

Jusqu’en 1910, d’autres teinturiers apprêteurs s’installent le long de la Marque, tant et si bien que l’eau de celle-ci ne va plus suffire et qu’il va falloir utiliser des forages atteignant une centaine de mètres de profondeur pour approvisionner les usines en eau.

Facture de 1911 (Document Historihem)

A la veille de la première guerre mondiale, les ouvriers des 3 teintureries et des 2 usines d’apprêt de la ville prennent le tram ou le vélo pour se rendre au travail. Les gens de la ville viennent le dimanche à Hempempont, par le tramway pour manger des anguilles à l’Auberge juste en face de la teinturerie Declercq.

Les tramways d’Hem ont même leur chanson :

« Vous voulez aller en ville

c’est l’heure d’aller travailler

il n’y a rien d’plus facile

vous allez chercher le tramway.

Faut jamais s’en faire pour l’heure,

on peut prendre tout son temps,

comme y en a tout’s les demi-heures,

quand on l’rate, on a l’suivant

Ah ! C’qu’on est bien

su l’fameux tramway d’Hem…e

La Compagnie nous protège

elle n’veut pas nous éreinter

elle nous donn’ quand il n’y a pas d’neige

deux et parfois un tramway.

Les deux sont toujours en route

à moins d’panne évidemment

pour l’abonné y a pas de doute

c’est un système épatant

Ah ! C’qu’on est bien

su l’tramway du pat’lin ! »

CPA arrêt du tramway à l’Hempempont (Documents collection privée)

Lorsque l’occupation commence en Octobre 1914, la commune, comme toutes les autres est soumise à des vexations journalières et un pillage méthodique qui fait le vide aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Des hommes sont arrêtés pour constituer des bataillons de travailleurs forcés, lesquels sont envoyés travailler en Allemagne.

La commune doit également subvenir au logement, au bien-être et à la nourriture de l’ennemi. Au début de 1915, la maladie s’installe dans quelques foyers telle le typhus et le maire doit faire procéder à la désinfection des maisons. A la teinturerie Declercq des bains douches sont installés pour soldats. En 1918, les Allemands se retirent non sans avoir tiré quelques obus sur le pont d’Hempempont et l’avoir détruit derrière eux, ce qui amènera sa reconstruction en béton après-guerre.

Destruction du pont en 1918 (Document BD au temps d’Hem)
CPA du pont dans les années 1920 (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à Alain et Laurent Declercq, à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, Paul Delsalle pour son ouvrage Histoire de la vallée de la Marque et Robert Hennart pour sa promenade en Pévèle Mélantois

Journal de Roubaix

Au début du dix-neuvième siècle, la ville de Roubaix compte 16.000 habitants. C’est un pharmacien, Hippolyte Beghin qui, ayant obtenu son brevet d’imprimeur en 1829, lance le premier périodique imprimé à Roubaix, un bi-hebdomadaire nommé « La feuille de Roubaix », qu’il imprime sur une presse à bras installée dans la librairie de sa femme.

Le feuille de Roubaix Août 1829 (Document la Presse du Nord et du Pas de Calais au temps de l’Echo du Nord)

Un an plus tard, la feuille de Roubaix devient le « Narrateur Roubaisien ». Au décès d’Hippolyte en 1851, sa veuve Hyacinthe Defrenne reçoit son brevet en succession et continue son activité d’imprimeur parallèlement à son activité initiale de libraire spécialisée en livres de piété. L’activité de l’entreprise cesse en 1875.

Carte publicitaire de la librairie Béghin au milieu du 19ème siècle (Document collection privée)

Pendant ce temps à Lille, Jean-Baptiste Reboux Leroy a lancé en 1824 le Journal du département du Nord, journal royaliste légitimiste, vite concurrencé, avec succès, par l’Echo du Nord. En 1831, il lance donc la Boussole, journal royaliste également mais ce journal subit une lourde condamnation dès l’année suivante, Jean-Baptiste et Charles, son fils journaliste, subissant une peine d’emprisonnement pour délit politique. Leur journal ne s’en relève pas et disparaît dès 1833.

Dès lors il renonce à la politique, ce qui lui permet de conserver deux presses. Ses deux autres fils, Jean-Baptiste et Edouard, lui succèdent à la tête de son journal à son décès en 1843. Ils fondent ensuite le journal la Liberté, journal catholique, jusqu’à ce que le premier laisse l’imprimerie paternelle au second. Ce journal, en opposition au pouvoir impérial, subit également des condamnations avant de disparaître au profit de la Vérité qui paraitra jusqu’en 1857.

Jean Reboux (Document Nord-Eclair)

Entretemps Jean-Baptiste fils (qui se fait appeler Jean pour éviter la confusion avec son père) s’est installé à Roubaix en tant que lithographe, rue Saint Georges au 16 bis avant de reprendre la librairie de Gaspard Burlinchon au 1 rue du Vieil Abreuvoir après avoir obtenu son brevet de libraire. Puis il prend en 1846 la succession de son beau-frère Charles Hennion, imprimeur lithographe à Roubaix, époux de sa sœur Mathilde, « par suite d’arrangements de famille », ayant obtenu son brevet d’imprimeur, avec plus de difficultés le préfet rechignant à le lui délivrer afin de ne pas précipiter la ruine de l’imprimerie Béghin.

Cartes publicitaires de J Reboux rue Saint-Georges, de la librairie Burlinchon et de Charles Hennion (Documents collection privée et dictionnaire des imprimeurs et lithographes du 19ème siècle)

Enfin en 1856, après plusieurs années de démarches, Jean-Baptiste Reboux, obtient l’autorisation de publier un journal non politique : le Journal de Roubaix, moniteur industriel et commercial du département du Nord. Il installe d’abord son journal au n° 20 rue Neuve. Comme les premiers journaux roubaisiens il s’agit plutôt d’une feuille d’annonces qui s’adresse à une clientèle particulière d’industriels, de négociants, de commerçants et d’agriculteurs.

En-tête du 1er numéro du journal de Roubaix en 1856 (Document BNR)

D’abord bi-hebdomadaire, ce journal ne devient quotidien qu’en 1865, et il se situe alors au 56 Grande- Rue. Organe conservateur et catholique, il est poursuivi à plusieurs reprises par l’administration impériale, notamment en 1867 pour avoir imprimé, sans déclaration préalable des dépêches télégraphiques, donnant des nouvelles politiques, qui ont été affichées dans la vitrine de son magasin mais aussi vendues par colportage par des enfants dans des cafés et estaminets de la ville.

En-tête du quotidien en 1865 (Document BNR)

Le journal de Roubaix ne va réellement connaître un développement important qu’à l’arrivée à l’âge de 18 ans du fils de son fondateur, Alfred Reboux, comme journaliste, lequel succède à son père en 1872, trois ans avant l’installation du journal au n°1 rue Nain. Ce n’est qu’à la fin du siècle, en 1898, qu’Alfred Reboux installe son quotidien dans les locaux qui seront les siens jusqu’à la fin, au 71 de la Grande Rue à Roubaix. Quant au 56 Grande Rue, l’immeuble est dès lors occupé par le journal catholique lillois La Croix du Nord.

La Croix du Nord 56 Grande Rue (Document collection privée)

Alfred Reboux a racheté la propriété appartenant à Jean Lefebvre-Soyer composée d’une grande demeure, d’une maison de concierge, d’une écurie, d’une remise, d’une buanderie, de serres et de bureaux. Sur le cadastre la propriété couvre les parcelles 613 à 615 en 1884. Jean Lefebvre, grand officier de la légion d’honneur, époux d’Hermance Soyer, était l’associé d’Amédée Prouvost. La surface et la splendeur des nouveaux locaux en disent long sur la stature acquise par le quotidien sous la direction d’Alfred, propriété de la Société des Journaux Réunis.

Cadastre de 1884 (Document archives municipales)

Photo de Jean Lefebvre-Soyer (Document Thierry Prouvost la lignée des Lefebvre)

Tout en gardant un fort contenu économique : cotations en bourse, tarifications de la laine et du coton, le journal acquiert également un contenu de politique générale et internationale. La chronique locale y prend aussi de l’importance en instituant des correspondants dans toutes les communes aux alentours de Roubaix et jusqu’en Belgique. Au début du vingtième siècle, tout comme l’Echo du Nord Lillois, le Journal de Roubaix publie une série de 10 cartes postales présentant ses locaux.

Photo d’Alfred Reboux ( Document un siècle de presse roubaisienne de la médiathèque de Roubaix)
Hôtel du Journal de Roubaix (Documents collection privée)

Les différentes étapes de l’édition d’un journal à l’époque y apparaissent : l’alimentation du journal en informations au moyen du téléphone et du télégramme, la rédaction des articles et leur passage à la composition où les linotypes composent les textes, leur assemblage au marbre pour les disposer dans une forme constituant une page de journal, le passage à la clicherie puis la dernière opération : l’impression par les rotatives et la découpe en feuilles et enfin le départ par la salle des expéditions où après avoir été mis en paquets ils sont livrés aux vendeurs ou déposés à la gare, à l’aide de camions floqués à son enseigne.

Différents ateliers et salle de rédaction (Documents collection privée)
Le camion du journal de Roubaix (Documents collection privée)

Le journal, comme son propriétaire est catholique et défend les intérêts de l’église. Il lutte contre la laïcité et proteste contre la laïcisation de l’enseignement, l’expulsion des congrégations religieuses et la loi de séparation de l’église et de l’Etat. C’est un grand quotidien de province et un groupe de presse inventif et tourné vers les techniques innovantes.

Très rapidement le Journal de Roubaix entre dans la vie des habitants de Roubaix et environs : les vendeurs les livrent à l’aide de « carettes à quiens » (charettes à chiens), les enfants en font des déguisements, les pères et mères de familles et les soldats le lisent.

Les lecteurs du Journal de Roubaix (Documents collection privée)

A suivre…

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Référendum pour le moulin

Leers a connu au moins trois moulins sur son territoire. Deux moulins se faisaient face rue de Wattrelos, à savoir le Moulin Druon, qui broyait des graines de lin et de colza pour faire de l’huile, et qui se trouvait du côté de l’emplacement de la cité Bauwens. L’autre se situait de l’autre côté de la rue. Ces deux moulins furent la propriété de la famille Lezaire, puis appartinrent aux Coucke et aux Salembier. Ils ont tous les deux disparu. Un troisième moulin se trouvait sur la colline de Quevaucamps et on y accédait par la carrière du Moulin, aujourd’hui rue Hoche. C’est celui qui nous intéresse.

Les trois moulins sur le cadastre 1825 doc ADN

Ce beau moulin en briques fut bâti en 1852 en remplacement d’un moulin sur pivot en bois datant de 1836 renversé par une tempête. C’est le 7 juillet 1851 que la veuve Simon Hubert Fourez obtint du préfet l’autorisation de le rétablir en briques.

Le moulin autrefois Coll particulière

Son fils Simon Hubert Fourez lui succéda jusqu’en 1893 et en 1895 vinrent trois frères, neveux du précédent : Arthur, Jules et Jean Derache. Ils utilisaient le moulin pour la mouture du blé et du seigle et produisaient une farine renommée. Mais le moulin cessa toute activité en octobre 1914, au moment de la première guerre. Arthur Derache fut soupçonné par les allemands de renseigner les français avec les mouvements d’aile de son moulin. Il risqua la mort mais fut épargné. Le moulin ne tourna plus jamais. Il tomba en ruines mais avait encore tout son matériel, lorsque la commune décida de l’acheter le 26 février 1971.

Le moulin en ruines Coll Particulière

En février 1973, M. Jean Bruggeman délégué régional de l’association française des amis des moulins lance un appel au nom de cette association à tous les leersois pour la sauvegarde du dernier moulin à vent de l’arrondissement, lui-même leersois. M. Brugeman fait appel à sauver un édifice vivant, mobile et humain. Une exposition a lieu en même temps à Wattrelos sur les moulins du Nord qui a reçu la visite de milliers de personnes et qui a rencontré un grand succès. Une exposition identique doit se tenir bientôt à Villeneuve d’Ascq. On s’organise, et on propose même de donner des galas dont les bénéfices iraient à la restauration du moulin de Leers. Le conseil municipal leersois a décidé d’assurer la sécurité aux abords du moulin. L’assemblée communale a fait étudier la possibilité de rendre à ce moulin son attrait d’antan et a fait procéder à une étude chiffrée de remise en état. Il en coûterait 250.000 francs, le montant serait couvert par voie d’emprunt et permettrait la réfection totale et la remise en service du moulin. La municipalité de Leers décide alors de laisser la parole aux habitants de la commune en vue de la sauvegarde (ou non) de ce moulin exceptionnel.

à suivre

Sources : archives départementales, Journal de Roubaix, Nord éclair

Gonzague Olivier

Gonzague Olivier doc 356 Porsche Club France

Né le 27 septembre 1921 à Roubaix, Gonzague Olivier est le fils du fondeur constructeur Maurice Olivier et de Léonie Dewavrin. C’est un pilote automobile français de rallyes et sur circuits. Gonzague Olivier, brillant sportif, est à son aise sur l’eau où il excelle en ski, comme à la barre d’un bateau à moteur. Il est tout aussi performant sur les routes ou les pistes au volant d’une voiture de course, lors de rallyes et d’épreuves d’endurance. Champion de ski nautique et vainqueur de grandes épreuves en rallyes et en endurance, Gonzague Olivier fait référence dans le monde de la compétition automobile d’après guerre.

La Simca 8 sport Site l’Automobile ancienne

Champion de France de hors bord 1950/1951, il travaille alors dans le milieu de l’automobile. En 1952, il participe en mai au Circuit International de vitesse de Bordeaux qu’il termine deuxième sur Simca 8 Sport, puis un mois plus tard aux 12 heures d’Hyères sur la même voiture avec Bernard Dubly, ils finissent premiers de leur catégorie.

Sur Porsche 356 1500 S aux 24 h du Mans 1954 Site les 24 h

Il remporte la Coupe du Printemps de Montlhéry en 1954, sur Porsche 356 (Linas-Montlhéry, Sport 2L.) Puis avec Mme Olivier, il est premier de sa catégorie au Rallye du Soleil Cannes. Il est 4e Rallye des Routes du Nord en 1954, avec Gilberte Thirion sur Porsche 356 1500 S. En 1954 encore, il est engagé au Mans sur une Porsche 550 numéro 47 et termine 1er de la catégorie 1100 cm³ avec Zora Arkus Duntov. Aux douze heures de Reims associé à Veuillet, il obtient la seconde place sur 1500 cm³. Il finit l’année champion du nord Automobile et obtient le record de France Angleterre de ski et de canot automobile.

Gonzague Olivier au Mans Photo Le Mans Eklablog

En 1955 il participe à toutes les grandes épreuves automobiles de la saison et bien qu’accidenté au Rallye du Nord, il obtient le meilleur temps toutes catégories à Escalles et à Roubaix. Il remporte les 24 Heures de Paris sur le Spyder 550 numéro 38, avec Auguste Veuillet, catégorie 1500 cm³. Puis il termine 2ème de sa catégorie aux 24H du Mans toujours sur 550 1100 derrière Auguste Veuillet, l’année du terrible accident.

Porsche spyder Site RacingSportsCars.com

En 1956 à la suite d’une fracture de la jambe et de la cheville, Gonzague Olivier ne participe qu’aux 1000 kilomètres de Paris sur Spyder Porsche avec Duthoit, mais abandonne par suite d’un dérapage. Il délaisse alors le sport automobile et se remet au hors bord avec succès, en remportant le Grand Prix de la ville de Cannes. En août il se classe premier de la Coupe de Paris sur Dinghy 583 cm³ .

En 1960, partant de Wissant, Gonzague Olivier traverse la Manche en ski nautique et son exploit est homologué à Douvres. Il déclarait : Tous les sports m’intéressent sans aucune distinction, et dans la mesure de mes possibilités de pratiquer au maximum les disciplines autres que celles qui m’ont apporté des titres nationaux ou régionaux.

La société G. Olivier doc cercle du motonautisme Classique

Il se consacre ensuite à la construction de dinghies à moteur destinés au ski nautique et deviendra une personnalité respectée dans le monde du nautisme. Ses bateaux sont aujourd’hui recherchés et appréciés par les amateurs de nautisme vintage. Il nous a quittés le 30 janvier 2013 à Annappes.

L’îlot de la Halle

Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. En 1968, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.

Citons entre autres, quelques entreprises de l’époque : Seynave, Mathis, Divol, Florin, VandenBroeke, Valcke, VanMoer, Prevost, Tack-Boutten-Kuhn, Ferreira.

la rue de la Halle ( documents archives municipales )

Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles pour cette activité de gros, en plein centre ville :

– La rue de la Halle est toujours très animée aux premières heures du jour et donc très bruyante

– Les problèmes de stationnement sont récurrents

– Le manque de place se fait cruellement sentir pour le stockage

– Les chariots élévateurs ont beaucoup de difficultés à manoeuvrer pour charger et décharger les camions

De ce fait, la concurrence du nouveau marché de gros de Lomme est d’autant plus vive, car certes, il est plus éloigné mais beaucoup plus facile d’accès et donc plus pratique pour les commerçants.

La ville souhaite effectuer une opération d’aménagement et de restructuration de cette partie du centre ville en Mars 1980 : rajeunir le triangle se trouvant en face de la Poste, et délimité par les rues de la Halle, Pierre Motte et par le boulevard Leclerc à savoir « l’Ilot de la Halle ».

le café de la Poste et la rue de la Halle ( document archives municipales )

Du côté du boulevard Leclerc, la Banque Populaire du Nord s’est déjà implantée à la place du café « La Rotonde ». Des bureaux sont programmés pour remplacer l’ancienne carrosserie « Van Den Hende ».

Pour la rue de la Halle, ce n’est pas une réhabilitation qui est envisagée mais un véritable curetage pour faire oublier les dents creuses correspondant aux anciens magasins de grossistes en fruits légumes, primeurs, beurre, œufs et fromages.

En 1982, les grossistes quittent la rue pour le Marché d’intérêt local du Pile rue de Valenciennes ( voir sur notre site un précédent article intitulé « Le Marché des Halles s’en va au Pile »)

document Nord Eclair 1982

Le projet initial prévoit la démolition de 22 immeubles sur les 3 rues, soit au total une superficie de 4983 m2. Sont concernés : les n° 5 au 29 rue de la Halle, les n° 10 et 12 rue Pierre Motte, et les n° 35 à 43 du boulevard Leclerc

document archives municipales

Finalement, la démolition ne concernera que la rue de la Halle et le n° 41 du boulevard Leclerc ainsi que le café de la Poste. Sur les plans ci-dessous on peut constater en effet que les 2 immeubles de gauche (grisés sur le 1er plan) ont été conservés.

document archives municipales

65 logements, bureaux et commerces sont construits par la Société d’HLM : « Le nouveau logis », pour un budget de 48 millions de francs. L’hôtel Ibis est construit à l’emplacement du café de la Poste. Les travaux s’étalent sur une durée de deux ans en 1987 et 1988.

Les travaux pendant la construction ( documents b.n.r Daniel Labbé )

 

Après l’achèvement des travaux en 1989 ( documents b.n.r Daniel Labbé )

Remerciements aux archives municipales.