Les jeunes dirigeants du vieux Racing Club de Roubaix ont invité en ce début d’année 1960 une vedette de l’athlétisme français à s’aligner dans l’épreuve qu’ils organisent chaque année, à savoir le Cross du Racing Club de Roubaix patronné par Nord éclair. Leur objectif était clair : redonner à Roubaix l’essor athlétique digne d’une grande ville. Un petit millier de curieux étaient venus dans le Parc des Sports de la rue de Lannoy pour assister à l’épreuve dans le cadre d’une enceinte idéalement conçue pour accueillir des organisations officielles et des championnats régionaux.
Michel Bernard au parc des sports doc NE
On assista à une exhibition du champion de France qui rendit la course spectaculaire à souhait. Michel Bernard régla son allure afin de permettre au liévinois Caillerets et au tourquennois Wagnon de rester dans son sillage. Il en fut ainsi pendant 1 km 500. Puis l’Anzinois accéléra progressivement, Wagnon tenta de profiter de ce changement de rythme pour décrocher Caillerets mais c’est l’inverse qui se produisit. Le liévinois vint se replacer dans la fouée de Michel Bernard et le tourquennois lâcha prise. C’est dans cet ordre que la course se termina.
après l’arrivée doc NE
À son arrivée le champion fut assailli par une troupe d’admirateurs juvéniles et au cours de la réception qui suivit l’épreuve, Michel Bernard reçut la médaille d’honneur de la ville des mains de M. Poulain, et André Stevens président de la section du RCR lui remit un électrophone offert par Nord éclair.
La remise de l’électrophone doc NE
Michel Bernard est né le 31 décembre 1931 à Sepmeries, village agricole du Valenciennois et il décède le 14 février 2019 à Anzin. Son père, Pierre Bernard, était maréchal-ferrant et sa mère tenait une quincaillerie. À seize ans, il commence à travailler comme manœuvre à l’usine Escaut-et-Meuse d’Anzin. Il entre l’année suivante au centre d’apprentissage de l’usine, pour préparer un CAP d’ajusteur. C’est là qu’il découvre la pratique du sport. Il dispute ses premières courses de cross-country dans des épreuves inter-usines. Il remporte ses premières victoires importantes en 1949 et 1950, où il devient champion de France junior. En 1954, d’abord champion du Nord du 1 500 mètres, il gagne le titre de champion des Flandres. En 1955, il devient champion de France du 1 500 mètres et intègre l’équipe de France. Il n’est pas sélectionné pour les Jeux olympiques de Melbourne, ce qu’il vit très mal à l’époque. Michel Bernard, travaillant toujours en 2 × 8, s’entraîne après sa journée de travail et prend 3 mois de congés sans solde pour préparer les Jeux olympiques de Rome. Athlète français spécialiste de courses de demi-fond et de fond, il est finaliste olympique à trois reprises en 1960 et 1964. En 1959, il a fondé l’Association Sportive Anzin Athlétisme. En 1975, il publie La rage de courir aux éditions Calmann-Lévy et il sera président de la Fédération française d’athlétisme de 1985 à 1987.
En 1973, Raymond trouve un accord avec Jean-Claude Suppa, propriétaire du Drug Pub au 14 avenue Jean Lebas et cousin de Philippe Suppa, un de ses coiffeurs salariés. Ils communiquent alors, ensemble par une publicité commune dans la presse locale. Il en est de même avec Betty, la fille de M et Mme Suppa, coiffeuse qui tient le salon de coiffure intégré au Drug Pub, à la même adresse : 14 avenue Jean Lebas. Ils créent ensemble « La Boite aux Tifs ».
Salon Betty 14 avenue Jean Lebas ( publicité Nord Eclair )
Désormais les deux salons communiquent entre eux, par une petite porte intérieure dans le drugstore et comportent deux entrées: l’une au 25 rue du Vieil Abreuvoir à l’enseigne Raymond pour la coiffure Hommes et l’autre au 14 avenue Jean Lebas à l’enseigne Betty pour la coiffure Dames.
Publicité commune ( publicité Nord Eclair )Publicité commune « La boîte aux tifs » ( publicité Nord Eclair )
Le 29 Février 1980, Raymond fête le 20° anniversaire de son salon. C’est l’occasion de faire paraître dans la presse locale, une rétrospective des différentes personnalités du show-business qui sont passées au salon pour se faire coiffer : Dalida, Sylvie Vartan, les Charlots, Julien Clerc et bien d’autres . . .
Publicité Nord Eclair 1980
Raymond Spriet prend une retraite bien méritée en 1985. Philippe Suppa lui succède à la tête de la petite entreprise et garde bien sûr l’enseigne bien connue des roubaisiens. C’est l’occasion de fêter les 25 ans d’expérience du salon masculin-féminin : « Raymond Coiffures » au service de la clientèle.
Philippe Suppa ( publicité Nord Eclair 1985 )
Philippe Suppa décide de rénover le salon dames en 1988. Le salon est clair, agréable et spacieux. Quatre postes de travail sont à disposition des clientes. Deux jeunes et talentueuses coiffeuses sont recrutées.
Il peut ainsi proposer à sa clientèle, de nouveaux services tels qu’une esthéticienne diplômée et une cabine UVA avec douche. De nombreuses promotions sont proposées à la clientèle pour cet événement, tels que la coupe-brushing cheveux courts à 100 Frs.
Publicité Nord Eclair 1988
En 1990, cela fait trente ans déjà que le salon est ouvert ! En cette occasion, Philippe Suppa et toute son équipe invitent toute sa clientèle au cocktail organisé le lundi 11 Juin à 17h.
Le 30° anniversaire « Salon Raymond Coiffure Philippe Suppa » Publicité Nord Eclair 1990
Philippe prend sa retraite en 1993, mais il ne pourra guère en profiter car il décède en 1997. Son fils Christophe Suppa, entré dans l’entreprise en 1977 comme apprenti, lui succède.
En 1999, les affaires de Christophe deviennent difficiles. Le chiffre d’affaires ne cesse de baisser depuis une dizaine d’années et n’est en aucune façon imputable à un phénomène de mode ou à un problème de concurrence locale. La clientèle fidèle éprouve de plus en plus de réticence à se déplacer dans la rue du Vieil Abreuvoir, et ce, pour trois raisons : 1) le terminal des bus se déplace à Eurotéléport, 2 ) les travaux interminables dans le centre ville 3 ) la suppression du stationnement sur la Grand Place. No parking, no business ! Christophe est bien décidé à quitter Roubaix et s’installer ailleurs. Il ferme définitivement son salon de coiffure Raymond en fin d’année 1999, après 40 années de présence dans le centre ville roubaisien.
Inculpée de tentative de meurtre Adrienne Leplat est examinée par la suite par des médecins experts parisiens , lesquels concluent à sa folie et demandent son internement à vie qui a lieu à l’asile d’aliénés de Bailleul tandis que le magistrat instructeur signe donc une ordonnance de non-lieu. L’établissement psychiatrique s’étend sur plusieurs hectares, constitué de plusieurs pavillons noyés dans un parc et abrite plus de 900 femmes internées. Adrienne y reçoit les visites de son avocat, sa sœur et son fils Roger. Elle est très calme mais fait des projets d’évasion.
Portrait d’Adrienne et titres de journaux sur son état d’esprit et son évasion (Documents Le Matin et Bonsoir)
En janvier 1932, après avoir reçu une visite de son mari, puis d’une amie hémoise, elle s’évade de l’établissement par une fenêtre à l’aide de draps de lits noués entre eux et franchit le mur de clôture, mais elle se fait reprendre très vite, errante et blessée au pied. Rapidement, un groupement de défense se crée en sa faveur et une affiche signée « les amis réunis » invite la population hémoise à manifester pour sa mise en liberté.
Malgré une interdiction de la manifestation par la préfecture, des groupes munis de pancartes portant la mention : « Rendez une mère à ses enfants ; libérez Mme Leplat », constituent un cortège de près de 1.000 personnes qui voit bientôt les gendarmes intervenir pour les obliger à se disperser. La charge est rude et des manifestants sont blessés par les gendarmes ainsi que le maire de la ville Mr Delmet qui essayait de ramener au calme ses administrés.
Les manifestations en faveur d’Adrienne (Documents l’Humanité, la Dépêche et Paris Soir)La manifestation de Hem (Document Journal de Roubaix)
Peu après, pour l’anniversaire du décès de sa fille, Adrienne commande des fleurs, depuis l’asile de Bailleul, à remettre à une voisine chargée de les déposer au cimetière sur la tombe de Gisèle, ce qu’elle effectue comme convenu. Pourtant lorsque la voisine retourne au cimetière plus tard c’est pour y retrouver la plante ensevelie sous un tas d’immondices et la photographie de la défunte placée dans un bloc de marbre ainsi que l’inscription gravée « Sa maman qui n’oubliera pas sa petite Gisèle chérie », souillées d’excréments elles aussi.
Titres de journaux sur l’acte odieux commis au cimetière de Hem (Documents l’Oeuvre et le Progrès de la Somme)
Une autre manifestation a lieu à Roubaix, rassemblant plus de 1000 personnes sur la Grand Place avant de se rendre en cortège jusqu’à la Place du Travail. Une autre encore est organisée à Lys-lez-Lannoy et plusieurs autres sont programmées. Elles ont pour but d’obtenir la libération de Mme Leplat, la révision de la loi de 1838 sur les aliénés et l’ouverture d’une enquête ministérielle, le tout en accord avec la ligue des droits de l’homme ; une pétition est adressée aux pouvoirs publics.
Philippe Coudert quant à lui dépose plainte auprès du procureur de Lille contre les docteurs Parmentier et Leplat pour établissement de faux certificat et internement arbitraire de sa fille. Le directeur de l’asile de Bailleul quant à lui fait état du calme de sa patiente et déclare qu’il ne peut rien faire puisqu’elle a été placée d’office dans son établissement sur décision de justice.
Le plaidoyer d’Adrienne Leplat, son portrait et le titre témoignage du directeur de l’asile de Bailleul (Documents l’Oeuvre et l’Excelsior)
Début 1933, une représentante de la Ligue des droits de l’homme rend visite à Mme Leplat qui y est internée depuis 2 ans. Calme et occupée à écrire sur son lit, l’intéressée remercie sa visiteuse, touchée que la Ligue s’occupe d’elle. Elle parle de son aînée, âgée de 15 ans, qui vit dans sa famille dans la Creuse. L’avenir de son petit garçon, qu’elle n’a vu que 4 fois en 2 ans et demi, l’attire à Hem et elle évoque avec douleur sa petite fille décédée là-bas. Sa santé est bonne et elle montre une résistance impressionnante à la détérioration de sa santé mentale.
Quelques mois plus tard, la même personne retourne voir Adrienne et constate que celle-ci n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’a plus d’appétit et a toujours froid. Elle est couchée car ses forces s’épuisent, au point qu’elle n’a plus le courage de s’occuper comme elle le faisait auparavant, et se révèle totalement découragée. Seuls ses enfants continuent à la préoccuper. La Ligue saisit le ministère de la Justice afin qu’une enquête soit ouverte concernant son cas depuis 1929.
Ensuite la situation n’évolue plus au niveau judiciaire et, à la fin de l’année 1933, il semble que la malheureuse Adrienne en raison de son isolement soit en voie de perdre la raison. Refusant de quitter sa chambre, elle refuse également de revêtir l’uniforme des aliénées. Elle a un sommeil hanté par les cauchemars et se trouve victime d’hallucinations. Son regard est devenu vide, son langage incohérent et ses propos inintelligents et elle n’exprime que dégoût pour sa personne d’après son avocat qui est désormais le seul à lui rendre visite.
Titres de journaux sur l’évolution de l’état d’Adrienne en 1933 (Documents l’Oeuvre)
Adrienne Leplat est morte en 1941 à Bailleul. Son cas a passionné non seulement la ville de Hem et le Nord de la France mais aussi l’ensemble du territoire national comme en témoignent les différents journaux dont les titres ont été repris en illustration. Il a même traversé les mers pour faire les gros titres de la presse américaine. Son cas reste emblématique de la question des internements arbitraires et de leurs dramatiques conséquences.
Article d’un journal américain (Document Chicago Tribune)
C’est au mois de mars 1963 qu’Edgar Deffrenne, président de l’amicale laïque mixte de Leers, reçoit les insignes de chevalier des Palmes académiques des mains de M. Gaston Devriendt, sous directeur du lycée technique Turgot à Roubaix, son parrain dans l’ordre.
Étaient présents dans la salle du cinéma Réal rue Joseph Leroy, MM. Duchatelet représentant le bureau de l’Union des amicales laïques du Nord, Pottier, Président de la Fédération des amicales laïques du canton de Lannoy, Decoster, secrétaire et les membres du bureau de l’amicale de Leers, ainsi que Melle Leroy déléguée cantonale.
M. Henri Heye le premier remercie les personnalités et exprime sa sympathie pour le récipiendaire. Quelques personnalités sont excusées, M. Kints inspecteur primaire et Kerkhove maire de Leers. M. Decoster secrétaire de l’amicale et directeur de l’école de Leers, trace un portrait fidèle de son président honoré ce jour, bien connu de tous ses concitoyens. Il rappelle que M. Deffrenne est le petit-fils de M. Joseph Leroy qui fut maire de Leers pendant un certain nombre d’années. Il évoque l’attitude courageuse de M. Deffrenne durant la dernière guerre et sa volonté sitôt la Libération d’assurer un plus grand rayonnement de l’école publique.
Au nom de la Fédération des combattants républicains, M. Gaston Fiévet apporte le salut de cette organisation et rappelle l’action héroïque de M. Deffrenne pendant les durs combats de mai et juin 1940. Mais c’est surtout sur le rôle joué par lui comme président de la section locale des combattants républicains qu’il met l’accent en associant dans son hommage Mme Deffrenne.
Après la remise des insignes de son nouveau grade, Edgar Deffrenne remercie tous les amis venus lui apporter les marques de leur estime. On remarque la présence de MM Jean Delvainquière maire de Wattrelos, Kléber Sory et Georges Pluquet adjoints au maire de Roubaix, André Desmulliez maire de Lys, Roger Six président de la FAL de Roubaix, Dequesnes secrétaire cantonal du Parti Socialiste…
L’emploi du personnel a toujours été limité dans les mines : la loi leur interdit le travail « au fond » depuis la fin du 19ème siècle. On les limite au triage de charbon, ou à la lampisterie pour distribuer les lampes aux mineurs avant leur descente, mais les progrès technologiques et les réglementations plus soucieuses du bien-être vont progressivement leur fermer ces deux tâches. Elles se retrouvent petit à petit sans emploi dans le Pas de Calais qui n’offre pas, à l’époque, de solutions de remplacement.
Par ailleurs, dans le Nord, l’industrie textile manque de bras. Après guerre, on se tourne donc naturellement vers la main-d’œuvre féminine issue du Pas de Calais où les jeunes filles se sentent attirées vers les emplois stables qu’offre le textile dans la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing pour un personnel non qualifié.
Mais il est impensable de transporter cette population et on imagine d’organiser chaque matin un ramassage et un retour après chaque journée de travail, c’est à dire après-midi, pour l’équipe du matin,et le soir pour celle de la mi-journée. On emploiera pour ça dans des essaims d’autocars qu’on appelle les « bus des mines » . Nord Eclair en 1964 estime leur nombre à près de 400.
Photo L’Usine
Il faut se lever à 2h du matin pour prendre son poste à 5. Pour l’équipe du soir, le retour se fait à 22 heures 30. On se rend souvent à vélo sur le lieu de ramassage. Le temps de trajet est accru par le nombre d’arrêts pour ramasser ou déposer d’autres ouvrières. L’hiver, il faut braver brouillard et verglas pour faire les 60 à 80 kilomètres du trajet qu’elles parcourent, ensommeillées, chaque jour matin et chaque soir. Entre les trajets d’arrivée et de retour, une dure et longue journée de travail.
Photo Archives municipales
Les passagères doivent souvent participer aux frais de transport, le restant étant à la charge de l’entreprise. Elles sont jeunes, parfois très jeunes, tout juste titulaires du certificat d’études, et prêtes à prendre n’importe quel poste pour faire « bouillir la marmite ». Souvent, elles arrêtent le travail lorsqu’elles se marient pour se consacrer aux enfants. Parfois, elle reprennent le métier quelques années plus tard.
Un article de Nord Matin fait état en 1961 de 1000 ouvrières et ouvriers venus du Pas de Calais et précise que le pourcentage du personnel féminin est en décroissance, passant de 50 % en 1954 à 46 % en 1960. A partir de ce moment, la crise du secteur textile des années soixante-dix va entraîner progressivement des licenciements et finalement la fermeture des usines et la disparition des bus de ramassage.
Nord Matin 1961
Nord Matin 1961
Avec le plan de formation mis en place dans le cadre de la reconversion du Bassin minier, on tentera de leur trouver d’autres débouchés dans de nouveaux secteurs pour des emplois qui seront assurément situés plus près de chez elles.
Photo Médiathèque de la Source – Harnes – Pas de Calais
Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.
En 1933, le vingt cinquième anniversaire de l’église Saint Joseph se fête dans le quartier des Trois Baudets. Les paroissiens pavoisent et, pour la circonstance, Mlle Pennel offre à la paroisse un terrain situé rue Jean Jaurès pour y construire une école privée: l’école maternelle et primaire Sainte Thérése qui reçoit la bénédiction le 1er Octobre.
Photo panoramique de la rue Jean Jaurès en 1933 (Document IGN)
Dix ans plus tard, alors qu’une Caisse des Ecoles Libres se crée dans la municipalité hémoise, on note que les quatre écoles privées de la ville (deux de garçons et deux de filles) regroupent 470 élèves contre 435 pour les écoles publiques. La cantine scolaire du quartier se trouve à l’école Paul Bert dans la rue des Ecoles voisine. En cette période d’après-guerre, c’est Mlle Lepers qui dirige l’école.
Photos de classe de l’école Sainte Thérése avant et après guerre et photo aérienne de 1947 avec la petite école sous forme d’un bâtiment allongé (Documents Historihem et IGN)
Dans les années 1950, chaque année, les anciennes élèves organisent, au profit de leur école, des séances cinématographiques tous publics à la salle des fêtes paroissiales. Ces comédies ravissent la population et assurent une rentrée d’argent pour l’école grâce au prix des places à réserver. Ainsi, en 1955, on note deux représentations du Manoir aux Oiseaux, alors que l’école est dirigée par Mlle Morel.
Publicité dans la presse locale en 1955 (Document Nord-Eclair)
Par ailleurs, en 1959, les parents d’élèves de l’association « Ecole et famille » de l’école Sainte Thérése assistent à une conférence donnée par Mr Henri Dubled, secrétaire général de la fédération des associations familiales d’éducation populaire de Lille et des Flandres, sur le thème de la situation de l’enseignement libre en France.
La situation de l’enseignement libre en France en 1959 (Document Nord-Eclair)
En 1964, l’école qui accueille 78 élèves dans une classe enfantine, un cours préparatoire et des cours élémentaires a besoin d’une rénovation. La restauration des classes est faite dans les meilleures conditions et aux moindres frais par une équipe dévouée de papas qui, durant les congés, apportent bénévolement la main d’oeuvre et les fournitures pour que leurs enfants bénéficient d’un cadre confortable et accueillant.
Restauration des classes en 1964 et photo de classe en 1965 (Documents Nord-Eclair et Copains d’avant)
Mlle Nelly Meunier, directrice de l’école, reçoit, en 1969, la croix de l’enseignement chrétien des mains de Mgr Gand, dans la salle des fêtes de l’évêché. C’est une récompense bien méritée pour ses 25 ans de dévouement dans les écoles du diocèse dont 12 ans dans la petite école hémoise.
La directrice décorée de la croix de l’enseignement chrétien en 1969 (Document Nord-Eclair)
Au début des années 1970, l’école a considérablement augmenté ses effectifs et compte 154 élèves. C’est la raison pour laquelle, en 1971, deux nouvelles classes sont construites, destinées aux élèves du cours moyen et du cours élémentaire 2. Une opération portes ouvertes a lieu à la rentrée de 1971, pour permettre aux enfants et à leurs parents de découvrir les nouveaux locaux et les enseignants.
Deux nouvelles classes pour l’école en 1971 et photo aérienne de 1976 où l’on constate l’allongement du bâtiment tout au fond (Documents Nord-Eclair et IGN)
Durant la décennie 70, les fêtes d’écoles se succèdent, dans les écoles libres comme dans les écoles publiques, et l’école Sainte Thérése n’échappe pas à la règle. La fête peut se dérouler dans la cour d’école comme dans la salle des fêtes de la rue Leclerc, voire même dans le cadre des installations sportives municipales de Beaumont afin d’accueillir le maximum de monde dans des conditions optimales.
Les fêtes d’école de la décennie en 1975 et 1978 (Documents Nord-Eclair)
Le directeur de l’école, dans les années 1980, Mr Gamelin, n’hésite pas à exporter la fête notamment, en 1982, à la salle Hieronsens, rue de Beaumont, les gains de la journée étant destinés à financer des classes vertes. Il est aussi de la partie quand ce sont les parents d’élèves qui font appel à un magicien lors de l’organisation d’un goûter de Saint Nicolas à la salle des fêtes.
La fête d’école de 1982 et le goûter de Saint Nicolas de 1984 (Documents Nord-Eclair)
1984 est aussi l’année de la première classe blanche ou classe de neige pour une cinquantaine d’élèves de l’école. Ceux-ci se livrent donc à une activité de lavage de voitures durant tout un week-end pour réunir des fonds supplémentaires, tandis que, dans la grande salle de l’école, les mamans procèdent à une vente de gâteaux et de billets de loterie.
Première classe blanche en 1984 et lavage de voitures pour les élèves (Documents Nord-Eclair)
Un an plus tard, la petite école, qui compte à présent 9 classes, fête avec quelques temps de retard ses cinquante bougies, son ouverture remontant à septembre 1933. La fête a lieu dans les locaux de l’école Notre Dame de Lourdes, plus apte à accueillir le public attendu. Les anciennes directrices de l’école ont également été conviées pour l’occasion.
Le cinquantenaire de l’école fêté en 1985 (Document Nord-Eclair)
C’est en 1988 que 225 enfants de l’école, âgés de 2 à 12 ans, jouent en public leur comédie musicale « SOS Loisirs » à la salle des fêtes et se mettent sous la baguette magique du « passeur d’ennui ». Ils emmènent les spectateurs en voyage à travers le monde en une succession de costumes superbes et de maquillages scintillants dans des décors féériques.
La comédie musicale SOS Loisirs en 1988 (Document Nord-Eclair)
Durant la même année, l’école Sainte Thérése est considérablement agrandie avec trois nouvelles classes de maternelle, flambant neuves, des nouveaux sanitaires, et fait sa rentrée avec un tout nouveau macadam pour sa cour de récréation. Mme Smeets et son équipe de 9 enseignants peuvent accueillir sereinement les 230 élèves.
Cet agrandissement permet le rapatriement et l’installation définitive dans les locaux de la rue Jaurès des trois classes de primaire jusqu’ici situées derrière l’église Saint Joseph. Après l’achat, l’année précédente, de la maison voisine pour y installer la cantine scolaire, l’acquisition d’un nouveau terrain a donc permis la construction de trois classes de maternelle et de sanitaires.
Une fois les anciens locaux repeints à neuf, l’agrandissement permettra l’ouverture d’une salle d’évolution ainsi qu’une autre salle réservée pour la sieste des petits. Les ouvriers ayant fait le maximum pour terminer à temps ce sont les enseignants qui ont mis la dernière main aux travaux en lavant, dépoussiérant et rangeant les différentes classes pour cette rentrée.
Agrandissement de l’école pour la rentrée 1988-89 et vue aérienne de 1989 (Documents Nord-Eclair et IGN)
Au début des années 1950, Raymond Spriet est artisan coiffeur pour hommes. Il est installé au 35 rue de l’Alouette.
Publicité 1955 ( document collection privée )
Raymond se spécialise dans la coupe de cheveux à la Française, c’est à dire la « coupe sculptée au rasoir » qui est vraiment une révolution de la coiffure masculine. Raymond sait parfaitement communiquer, il fait venir la presse en 1955 dans son salon pour faire découvrir cette coupe au rasoir, grâce à laquelle les cheveux bien que coupés très courts paraissent longs, et qui peut être personnalisée pour chaque client.
Document Nord Eclair 1955
En 1957, Raymond Spriet et ses amis coiffeurs roubaisiens : Daniel Haunart et Jean Terryn obtiennent des places prestigieuses au championnat du Nord organisé par le « Cercle des Arts et des Techniques de la coiffure Française à Lille ».
Document Nord Eclair 1957
Roger Pierre et Jean-Marc Thibault sont de passage au Colisée en 1958, pour présenter un de leur film. Ils ne se présentent jamais au public sans soigner leur look, car le moindre détail a son importance. Ils ne peuvent alors faire mieux que confier ce soin à deux coiffeurs prestigieux Raymond Spriet et son collègue Jacques Callewaert.
Document Nord Eclair 1958
Les affaires fonctionnent très correctement, mais Raymond est ambitieux. Il est persuadé qu’avoir choisi de se spécialiser dans la coupe au rasoir est la meilleure chose pour faire fructifier son commerce, mais il souhaite également se rapprocher du centre ville pour développer son activité. Il cède son commerce de la rue de l’Alouette en 1959, à Josiane Gutewiez qui le transforme en salon de coiffures dames : « le salon Josiane ». Il trouve un local au 25 rue du Vieil Abreuvoir pour s’y installer. C’est un local de taille modeste mais idéalement bien placé, dans une rue étroite mais très commerçante, à deux pas de la Grand Place. C’était auparavant un commerce de fournitures pour modes : les Ets Durot-Crepelle.
Le 25 rue du Vieil Abreuvoir ( document archives municipales )
Raymond Spriet fait appel à Daniel Vasseur, décorateur basé à Leers, pour entreprendre les travaux d’aménagement nécessaires pour son salon de coiffure : transformation de la façade à l’extérieur, et installation de six fauteuils et d’un bac à eau pour shampoings à l’intérieur.
Le projet de la façade ( document archives municipales )Le plan du salon avec les 6 fauteuils ( document archives municipales )
Raymond Spriet recrute immédiatement 6 coiffeurs salariés pour l’aider au démarrage de son activité. Le « Salon Raymond » est inauguré au début des années 1960. Le succès est immédiat, les six salariés travaillent à temps plein. A cette époque, les c jeunes hommes apprécient la coupe sculptée au rasoir, De plus, le salon est confortable et l’accueil est sympathique.
Intérieur du salon 1960 ( document Alain Confrere )Intérieur du salon 1961 ( document Alain Confrere )Raymond Spriet présente ses salariés à des personnalités de la ville ( document Nord Eclair )
En 1965, la rue du Vieil Abreuvoir devient piétonnier : les commerçants s’inquiètent. Raymond Spriet continue son développement et devient membre du groupement « Elégance et Distinction ». C’est un label que les roubaisiens connaissent bien désormais : des commerçants roubaisiens regroupés qui proposent à leur clientèle, des bons de réduction sur leurs achats.
Publicités ( collection privée )
Raymond s’associe avec d’autres commerces prestigieux de la rue du Vieil Abreuvoir, comme le salon de coiffures dames « Marcelle Duamelle » pour leur participation au concours du plus beau bébé en 1969.
document Nord Eclair 1969
Raymond fait partie de la »Haute Coiffure Masculine Création ». A la fin des années 1960, de nouveaux salariés talentueux arrivent au salon Raymond ; Jean Liviau et Daniel Hourez qui ont eu l’occasion de pouvoir coiffer les membres du groupe roubaisien, Les Sunlights, lors de la Nuit de la Coiffure, organisée par le salon S.T.A.R : Section Technique et Artistique Roubaisienne, en 1969.
Daniel Hourez au centre, Jean Liviau à droite, coiffent les chanteurs du groupe Les Sunlights ( document Nord Eclair 1969 )
Une grande soirée de solidarité est organisée au Grand Café au 4 de l’avenue Jean Lebas. Différents coiffeurs roubaisiens dont Raymond proposent à tous leurs clients de les coiffer, au tarif officiel, de 20h à 22h. La recette est ensuite versée intégralement à l’association « Message pour l’Espoir » qui lutte contre le cancer.
L’emplacement de la bibliothèque va changer au gré des décisions municipales. Ainsi le 24 février 1960, le conseil municipal adopte le programme de construction de deux importants édifices : un bâtiment administratif pour la mairie et un centre culturel.
Wattrelos connaît un développement important qui va se poursuivre dans les années qui viennent : l’accroissement de la population, la construction sur le territoire de grands ensembles immobiliers, comme la cité du Laboureur et la cité de la Mousserie, en attendant l’aménagement de la plaine de Beaulieu. Il faut donc adapter les équipements collectifs à l’échelle d’une grande ville.
Le bâtiment des vieux hommes doc NE
Les vieux bâtiments de l’annexe de la mairie, autrefois l’ancien hospice des vieux hommes, sont donc appelés à disparaître. Le centre administratif qui va le remplacer sera un bâtiment perpendiculaire à la mairie dans le prolongement alignement de l’hôtel des postes. Il sera relié à l’hôtel de ville par une rotonde donnant directement sur la Grand Place et permettant l’accès aux deux bâtiments (centre et mairie). Au sous sol, on trouvera le logement du concierge, la chaufferie, les dépendances et dépôts, un garage public de bicyclettes. Au rez-de-chaussée, tous les services en contact avec le public : secrétariat, état civil, assistance, centre social. Les services techniques seront situés au premier étage. Le service des écoles et de la comptabilité générale de même que provisoirement la bibliothèque municipale seraient au second étage. Au troisième étage, une grande salle constituera une réserve d’avenir pour les besoins éventuels administratifs et techniques.
Le centre administratif et sa rotonde CP Collection familiale
Cette description correspond au programme des constructions décidé en 1960. Le centre administratif a du évoluer, notamment avec l’ajout d’un quatrième étage quelques années plus tard.
Il semble également que la bibliothèque municipale soit passée selon certains témoins du deuxième au troisième étage, sans doute avec la progression du nombre de volumes et de visiteurs.
Vue de la bibliothèque à l’époque doc AmWos
À cette époque on entrait donc par la rotonde, on prenait l’ascenseur pour aller emprunter les livres à la bibliothèque. Les jeunes de l’époque se souviennent qu’après le passage à la bibliothèque, on se retrouvait au café des Amis situé à deux pas sur la Grand-Place. Ce qui validait manifestement le besoin d’un lieu pour accueillir la jeunesse, ce qui sera la vocation du futur Centre Socio- éducatif1.
La Maison Jaune se trouve au 15 avenue Gustave Delory à Roubaix, à l’angle de la rue de Barbieux.
document collection privée
Au début des années 1920, la famille de l’industriel G. Browaeys-Picavet se fait construire à cette adresse, une maison de maître de 973 m2 répartis sur 3 étages sur le terrain de 2483 m2.
Photo aérienne 1953
L’immeuble est racheté en 1931 par René Lemaire-Motte, industriel, puis revendu à la fin des années 1960 à D. Debaille. Le terrain est ensuite divisé en deux. Une partie devient le 70 rue de Barbieux sur environ 1000 m2, et l’autre partie reste au 15 avenue Delory sur environ 1500 m2. L’immeuble est alors compartimenté en 19 studios et petits appartements.
Plan cadastral
Inoccupé depuis 1995, l’immeuble est racheté par la ville avec l’aide de la Communauté Urbaine, au départ pour une extension de l’école Jeanne d’Arc toute proche, mais le projet n’aboutit pas, et la ville recherche alors un acquéreur.
façade avenue Gustave Delory ( documents archives municipales )façade rue de Barbieux ( document archives municipales )
En 1998, Giovanni Lanza souhaite créer son cabinet dentaire dans le quartier Delory-Barbieux. Amoureux des belles choses, il a le coup de foudre pour ce bâtiment. Il se lance alors dans un projet beaucoup plus vaste que la simple construction d’un cabinet médical. Il fait appel au cabinet d’architecture Laurent Delplanque situé au 92 boulevard De Gaulle, pour l’aménagement de l’immeuble.
document Nord Eclair
Les travaux démarrent en 1998 avec la réfection du toit. Ensuite, les couleurs extérieures de la façade d’une couleur crème délavée sont repeintes en jaune éclatant. Il faut également décloisonner les nombreuses petites pièces. Les installations électriques sont remises aux normes et la plomberie est refaite.
Côté décoration, tous les éléments d’origine en bon état sont conservés : les vitraux sont nettoyés ainsi que la ferronnerie du hall d’entrée, les menuiseries lustrées et les parquets vitrifiés.
documents Nord Eclair
Le rez de chaussée est divisé en 4 lots destinés à des bureaux et à des professions médicales. L’entrée des 7 appartements de standing des 2° et 3° étages, se fait par une petite porte sur la droite de l’immeuble. Ils sont également restaurés autant que possible dans le style d’origine.
Plan du rez-de-chaussée ( document archives municipales )
Le jardin est divisé en deux : la partie située rue de Barbieux, est réservée pour la création de 15 places de parking pour les résidents. Giovanni Lanza fait appel à un paysagiste pour la création d’un jardin à la Française dans la deuxième partie.
Les travaux se terminent en septembre 1999, et les premiers occupants et professions libérales arrivent en 2000.
publicité document Nord Eclair 2000Photo BT 2025
Vingt ans plus tard, en 2019, le propriétaire des lieux, Giovanni Lanza dépose un projet un peu fou : la suppression du parking est en effet envisagée pour y construire à la place, sur cette parcelle de 898 m2, un immeuble de 15 mètres de haut, pour 14 logements. L’adresse serait alors : la Résidence du Barbieux, 15 bis avenue Gustave Delory.
Le projet du 15 bis ( documents archives municipales )Le projet du 15 bis ( documents archives municipales )Le projet du 15 bis ( documents archives municipales )Le projet du 15 bis ( documents archives municipales )
Les riverains voient d’un mauvais œil ce projet car ils déplorent l’abattage d’arbres dont un arbre centenaire, côté rue de Barbieux. Le cabinet d’architecture U2 à Villeneuve d’Ascq précise que l’arbre en question représente une menace car il risque de s’effondrer sur un mur de clôture. Les problèmes de stationnement sont également évoqués, puisque le parking privé de la résidence est supprimé. Pour de nombreuses raisons justifiées, le projet n’aboutit pas. Le propriétaire Giovanni Lanza retire son projet en 2022 et le permis de construire est annulé.
Lors de la première guerre mondiale Alice-Adrienne Coudert, née en 1897, fille de paysans, intelligente mais peu cultivée, est infirmière, travailleuse acharnée, et sa brillante conduite lui vaut une citation élogieuse et la croix de guerre. Elle met au monde un an plus tard, en 1918, une fille, Paulette, née de son aventure avec un major, le docteur Nicquet, rencontré à l’hôpital auxiliaire d’Amiens. Celui-ci reconnaît l’enfant mais, au lieu d’ épouser Adrienne, comme il l’avait promis, préfère se marier à une riche héritière.
Abandonnée par son amant elle l’assigne au tribunal devant lequel il prétend ne pas être certain que l’enfant soit le sien. Furieuse Adrienne se rend à son domicile où elle est reçue par sa rivale qu’elle blesse d’un coup de révolver. Laissée en liberté provisoire, elle se retrouve quelques semaines plus tard face à son ancien amant et c’est à son tour d’être grièvement blessée par balle par l’intéressé. Tous deux comparaissent donc en 1920 devant les assises de la Somme qui prononce leur acquittement en raison de leurs torts réciproques.
Elle part en Lorraine et y rencontre, à l’hôpital de Metz où elle officie comme infirmière, un étudiant en médecine, Jean Leplat, auquel elle raconte ses mésaventures. Il l’épouse à Paris en 1925, alors qu’il est médecin major, détaché en Allemagne tandis que la petite Paulette est confiée à ses grands-parents installés en Corrèze.
Quand le docteur Leplat quitte l’armée, le jeune couple s’installe à Hem où Jean ouvre un cabinet médical, boulevard Delory (actuellement bd Clémenceau), avec l’argent de la dot de sa femme. L’année suivante les 2 époux, apparemment très unis, ont la joie d’avoir un petit garçon qu’ils prénomment Roger.
Le jeune couple accueille ensuite une petite fille Gisèle en 1927. Malheureusement celle-ci décède en 1929, à l’âge de 2 ans d’une bronco pneumonie. Dans l’attente d’une sépulture définitive, son cercueil reste durant un mois dans un abri provisoire au cimetière où sa mère lui rend visite tous les jours et, la veille de l’inhumation, Adrienne dévisse le couvercle du cercueil pour revoir sa fille une dernière fois et rentre raconter la scène, qui n’avait eu aucun témoin, à son mari, sans avoir trouvé la force de refermer la bière. Elle affirmera toujours qu’elle a alors agi sous l’emprise de la douleur et non sous le coup d’une crise de folie.
Titres de journaux sur l’internement d’Adrienne Leplat (Documents l’Oeuvre et Nord-Maritime 1929)
Les scènes de ménage, déjà fréquentes se multiplient et deviennent plus violentes au sein du couple et, à l’été 1929, son mari prend prétexte de ses « extravagances » pour la faire interner par surprise, à l’aide d’un certificat établi par son confrère de Lannoy, le docteur Parmentier, qui ne l’a pourtant pas examinée, dans une clinique de Lille, la clinique d’Esquermes, avant d’intenter une action en divorce contre elle, pour abandon du domicile conjugal. La clinique est un ancien couvent des Bernardines repeint à neuf dans le parc des la Châtaigneraie.
Au bout de 2 semaines, elle se sauve, après avoir crocheté des serrures à l’aide d’un tire-bouchon et avoir escaladé le mur d’enceinte. Elle se réfugie à Amiens chez sa sœur d’où son père, présent, prévient son mari. Elle réintègre alors le domicile conjugal mais décide de défendre ses droits. A cet effet elle porte plainte contre son mari pour coups et violence ainsi que pour internement arbitraire et obtient sa condamnation fin 1929 pour coups et blessures.
Portrait d’Adrienne et titre de journal sur la Clinique d’Esquermes (Document Le Journal)
La vie commune reprise par les époux après l’évasion se transforme en un combat réciproque judiciaire. Adrienne intente un nouveau procès contre son mari pour abandon de famille. Elle est en effet demeurée au domicile conjugal tandis que lui-même est parti vivre chez son père rue Jean Jaurés. Après une première comparution à Lille, une seconde a lieu à Douai et la pension alimentaire qui lui avait été initialement allouée est réduite de 2000 F à 1200 F.
En 1930, la situation s’envenime, cette fois entre Jean Leplat et son beau-père. Philippe Coudert réclame en effet la somme de 62.000 francs qu’il aurait prêté à son gendre, lequel refuse de lui payer quoique ce soit. Il admet ensuite une dette de 12.000 francs mais conteste celle de 50.000. Pourtant le Tribunal Civil le condamne au remboursement de l’intégralité de la somme réclamée par son beau-père.
Titres de journaux sur l’internement arbitraire et sa conséquence (Documents la Dépêche et l’Oeuvre)
En janvier 1931, à bout de ressources et en instance de divorce elle décide de faire un coup d’éclat pour tenter d’obtenir justice. En compagnie de son père, Adrienne se rend chez le procureur de la République pour lui demander audience mais il est absent. Elle se présente alors en consultation chez le Dr Raviart, directeur de la clinique d’aliénés d’Esquermes, contre lequel elle éprouve une vive antipathie en raison d’une part du poste qu’il occupe et d’autre part du conseil qu’il a prodigué au docteur Leplat en faveur d’un divorce. Elle fait feu sur lui à plusieurs reprises, le blessant grièvement, tandis que son père prend la fuite.
Photo du Dr Raviart et titres de journaux relatant le drame (Documents Le Journal, Ouest Eclair, le Petit Parisien et le Populaire)
Celui-ci, qui s’était réfugié chez sa deuxième fille après le drame, revient sur Lille et, après avoir rendu visite à son petit-fils Roger chez sa grand-mère paternelle, il est entendu par le juge d’instruction mais ne peut pas dire grand-chose, ayant accompagné sa fille Adrienne à sa demande chez le docteur, sans avoir la moindre idée de ses intentions, et ainsi dans l’affolement avoir pris la fuite sans réfléchir, tandis qu’Adrienne était arrêtée et menée à l’infirmerie de la prison pour soigner son bras luxé à la suite de la tentative du Dr Raviart de lui faire quitter de force son cabinet.
Titres de journaux suite au drame (Documents le Progrès de la Somme)