Emile Meeschaert est né en 1910 à Roubaix. En 1935, il crée un établissement financier et s’installe au 10 rue du Curé à Roubaix. C’était autrefois le siège de l’entreprise d’ameublements L. Pollet.
La banque Messchaert est une banque privée qui propose à sa clientèle de nombreux services : valeurs en bourse, agent de change de monnaies étrangères, conseiller financier etc. Les affaires fonctionnent très correctement grâce à la grosse clientèle d’industriels textiles de Roubaix et Tourcoing.
document Ravet Anceau 1937
A la fin des années 1940, Emile ouvre une deuxième agence à Tourcoing, au 15 rue de Lille. En 1949, il entreprend la réfection de la façade de son immeuble de Roubaix, au 10 rue du Curé. Son architecte DPLG, sis au 31 rue du Grand Chemin, lui propose la pose de briquettes et simili pierre en recouvrement des murs existants. Les travaux sont confiés à l’entreprise Desbouvrie.
document archives municipales 1949
Au début des années 1950, Emile, qui habite 74 rue du Grand Chemin, reprend l’immeuble voisin de son premier établissement au 12 rue du Curé, et, en 1956, demande un permis de démolir pour les dépendances situées au bout de son nouveau terrain ( écurie et remise ). Le dossier est confié au cabinet de l’architecte Constant Verdonck situé au 17 avenue Jean Lebas.
document archives municipales 1956
Les années 1960 sont particulièrement florissantes. Il se spécialise encore davantage en : analyste financier, conseiller en placements, gestion de portefeuilles, etc. Il diversifie ses activités et propose également le vente de billets de la Loterie Nationale !
documents collection privée
Son service d’agent de change et de monnaies étrangères se développe fortement dans les années 1960, car c’est vraiment le début des vacances des français. Les affaires sont donc propices au développement du tourisme. En 1966, Emile crée alors, au N° 12 de la rue du Curé une agence de voyages : « Roubaix Voyages ».
La façade du 12 rue du curé ( document archives municipales )Publicité années 1970 ( document collection privée )
L’inauguration de « Roubaix Voyages » se déroule en Décembre 1966, en présence de Victor Provo et de très nombreuses personnalités ainsi que des représentants de la SNCF, des compagnies aériennes et maritimes.
Inauguration ( document Nord Eclair )Publicité années 1970 ( document collection privée )La façade du 10 rue du Curé ( document archives municipales )
Plus de 100 personnes travaillent désormais dans l’entreprise Meeschaert. Le fils d’Emile Meeschaert, Luc, né en 1941, aide son père, à la fin des années 60 à la gestion de l’entreprise. Il crée en 1974, la Société d’Etudes et de Gestion Financière Meeschaert à Paris.
La façade du 10 et 12 rue du Curé ( document archives municipales )Publicité ( document collection privée )
Cédric Meeschaert, le fils de Luc, naît en 1974. Devenu adulte, Il vient compléter l’équipe dirigeante. Emile Meeschaert décède en 1992, à l’âge de 82 ans. Il avait de nombreuses activités extra professionnelles et notamment dans les domaines, social, culturel et religieux.
Décès d’Emile Meeschaert ( document Nord Eclair 1992 )
A la fin des années 1990, les architectes du futur « Espace Grand Rue » viennent présenter à la direction de la banque Meeschaert, les plans de l’implantation du Géant Casino, et annoncent qu’il va falloir rogner sur l’arrière des locaux, sans gêner outre mesure l’activité de l’entreprise. Par la suite, les architectes revoient leur copie et pour le coup, ce sont les deux immeubles qui sont concernés. L’entreprise est expropriée.
Jean-Luc Saint Maxent, directeur adjoint de la financière Meeschaert se met à la recherche d’un local dans la ville, mais rien ne lui convient, et de plus, coupé de ses racines historiques, il n’a plus vraiment de raisons objectives de rester à Roubaix. La banque déménage alors à Lille au printemps 1999, rue du Molinel, avec ses 42 employés.
document Nord Eclair 1999
Aujourd’hui, Cédric Meeschaert le petit fils d’Emile, est président du Directoire et président du Comité Exécutif du groupe Meeschaert. Entreprise indépendante, Meeschaert est un acteur de référence de la gestion privée et du « family office » en France, depuis près d’un siècle. L’agence de Lille se trouve aujourd’hui au 18 avenue de Flandre à Marcq en Baroeul.
L’avenue Foch dans les années 1930 (Document Hem Images d’hier)Vue aérienne de l’avenue Foch dans les années 1950 (Document IGN)
Cette rue, longue de 391 mètres, joint la rue des Ecoles à la rue Louis Loucheur, dans le quartier des 3 Baudets. Elle est entièrement bordée de champs côté pair et de maisons CIL côté impair. Au début des années 1950, elle accueille l’école La Fontaine et ses 3 classes de maternelle. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site consacré à l’école Jules Ferry).
L’école La Fontaine (Document Historihem)
La rue est alors déjà essentiellement résidentielle, même si quelques commerces la parsèment durant cette décennie et les trois qui la suivent. Ainsi l’alimentation générale tenue par Maurice Monier au n°15 y restera jusqu’au début des années 1980. Ce marchand, très connu du quartier, possède une camionnette qui lui permet de sillonner les quartiers pour y proposer sa marchandise. Il gère son commerce avec son épouse Jeanne et bénéficie plus tard de l’aide de sa fille Joëlle et de son gendre André. Après la fin d’activité de ce commerce emblématique de la ville, la maison retrouve un usage d’habitation comme c’est encore le cas de nos jours.
L’alimentation M.Monier et sa camionnette Citroën type H (Documents Facebook, Tu sais que tu es un vrai hémois si tu connais…)Publicité de 1972, Maurice et Jeanne dans les années 1970-80 et le n’° 15 en 2023 (Document Nord-Eclair, Facebook, Tu sais que tu es un vrai hémois si tu connais…, et Google Maps)
Au début des années 1960, 3 artisans et une autre commerçante rejoignent l’avenue. Il s’agit de L. Blin, spécialisé en radio et télévision au n°17 voisin, lequel deviendra par la suite Blin-Delestrée TSF en 1965, mais dont on ne trouve plus trace dans les années 1970. Au n°41 on trouve un temps J. Cloart : plâtrerie, décoration, transformation.
J Cloart publicité (Document Historihem)les n°17 et 41 de nos jours (Documents Google Maps)
Au n°63, s’installe Louis Van de Putte, artisan en couverture, plomberie et zinguerie, lequel reste en activité jusqu’à la toute fin des années 1970 à cette même adresse. Enfin une épicerie ouvre ses portes au n°101, au début des années 1960 et pour une décennie, tenue par Mme Leclercq.
Louis Van de Putte publicité (Document Historihem)Les n°63 et 101 de nos jours (Documents Google Maps)
La rue Foch est alors une belle artère qui porte le nom d’avenue et l’école maternelle est l’une des plus belles de la région d’après la presse locale. Pourtant à la fin des années 1960, force est de constater que de multiples dépôts d’ordures et immondices y sont entassés sur un terrain vague, tout contre l’école, ce que déplorent les riverains.
Trop d’ordures avenue Foch en 1969 (Document Nord-Eclair)
Dans les années 1970, c’est le stade Liétanie qui y est créé. Ce terrain de football, qui accueille les entraînements des enfants, porte le nom d’un dirigeant de club et footballeur hémois. Il reçoit également les enfants des centres aérés des quartiers de la Lionderie et des Trois-Baudets.
Un groupe d’enfants de centre aéré au stade (Document Nord-Eclair)
A la toute fin des années 1980, le square des Bleuets, d’une longueur de 137 mètres, apparaît aux côtés de l’école La Fontaine, à l’angle de l’avenue du Docteur Calmette, constitué de « dominos » destinés aux personnes âgées. Sur les plans et la photo aérienne des années 2000 on voit clairement le stade Liétanie suivi de l’école La Fontaine et du Square des Bleuets.
Le square des bleuets, extrait de plan de Hem et photo panoramique des années 2000-2005 (Documents Gralon et IGN)
Les arbres qui bordaient la rue Foch étant considérés comme trop envahissants sont remis en question en 1994 et suite à une réunion de Mr Decourcelle (adjoint à l’urbanisme) et des riverains, dans le restaurant scolaire de l’école La Fontaine, une décision est prise : la totalité des arbres situés côté impair sera abattue et côté pair entre les n°2 à 12 . Le reste des tilleuls subsistant côté pair seront élagués et taillés en espalier. Par ailleurs une bande cyclable est prévue.
Réunion scellant le sort des arbres de la rue en 1994 (Document Nord-Eclair)
Le vingt et unième siècle signe la fin d’une époque dans le quartier et un ambitieux projet qui va changer la physionomie de la vieille rue du Maréchal Foch. L’école Paul Bert-Jules Ferry, vieille de plus d’un siècle, située rue des Ecoles ne va plus accueillir d’élèves à la rentrée 2022. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site consacré à l’école Jules Ferry).
A partir de 2020 et courant 2021 des travaux impressionnants ont lieu dans la rue du Maréchal Foch, occasionnant de sérieux problèmes de circulation. 2 chantiers y sont en effet menés de concert : la rénovation de La Fontaine ( durant les week-end et vacances scolaires) et la construction de la nouvelle école Jules Ferry, en lieu et place de l’ancien stade Liétanie et de la maison qui le séparait de l’école maternelle. Le chantier de construction avance comme prévu en vue d’une ouverture à la rentrée 2022.
La rue Foch avec le stade Liétanie en 2008, le terrain vague en 2017 et 2020 puis avec l’école Jules Ferry flambant neuve en 2023 (Documents Google Maps)
A ce jour la rue Foch a retrouvé sa vocation exclusivement résidentielle, sans aucun commerce, mais aussi scolaire. Elle est toujours bordée des maisons des années 30 sur son côté impair et abrite sur son côté pair un groupe scolaire comprenant une école maternelle presque centenaire mais rénovée et une école élémentaire flambant neuve. Les travaux se poursuivent pour ouvrir une rue face à celle de l’abbé Lemire qui rejoindra la rue Blaise Pascal parallèle à la rue Foch.
Vue aérienne de la rue en 2023 (Document Google Maps)
La chapelle du Saint Liévin Collection particulière
La Chapelle s’élevait autrefois près du contour Saint Liévin, au débouché de la rue Vallon et de la rue Jean Lebas. Surnommée par la population Notre Dame des Fraudeurs car elle servait de cache au moment des visites douanières, elle était précédée d’un parterre de briques en forme de cœur qui représentait les armes de son fondateur, le seigneur du fief wattrelosien de la Bourde, Liévin de la Cappelle.
La Chapelle et son environnement CP Coll Particulière
La pioche des démolisseurs s’est attaquée à ses murs en mars 1943. Elle était bien vieille, car selon la date inscrite à son fronton, elle aurait été construite en l’an 1440, ce qui lui fait plus de cinq siècles d’existence. Pour les habitants du quartier, elle constituait une relique, et elle fut entretenue par des mains pieuses, sans lesquelles il est probable qu’un jour ou l’autre elle se serait effondrée.
Si elle disparaît en ce mois de mars 1943, c’est pour répondre à de modernes nécessités d’urbanisme. Il est question de rectifier le tracé de la rue Jules Guesde et de la rue Jean-Jaurès. On envisage également la démolition d’une partie des murs de la ferme de la mairie et une sérieuse rectification de la courbe du Saint Liévin. Ce ne sont là que des projets d’avenir. La statue du Saint est entre les mains de Melle Céline Delespaul demeurant rue Jean Jaurès qui consacra assidûment des soins dévoués à l’entretien de la chapelle.
Quelques années plus tard Coll Particulière
La réédification est souhaitable. Et souhaitée. Si l’autorité ecclésiastique pouvait disposer d’un emplacement et des concours nécessaires, elle accorderait son bienveillant appui à cette question. La chapelle n’était pas un lieu de pèlerinage très fréquenté. Elle attirait pourtant des fidèles de toute la région. Le Saint était invoqué pour la guérison ou l’atténuation des maux de gorge. La chapelle servait aussi de reposoir lors de la procession du Saint Sacrement. En 1930, un comité s’était formé dans le quartier en vue de célébrer le 500e anniversaire de sa fondation.
En avril 1943 on apprend qu’elle sera réédifiée. Le chanoine de Saint Maclou a obtenu de M. Henri Fauvarque cultivateur à Beaulieu, la libre disposition d’une partie d’un local situé avenue Jean-Jaurès, à proximité de l’ancien emplacement de la chapelle. C’est là que seront entrepris les travaux de construction de la nouvelle chapelle dont l’aspect sera approximativement celui de la chapelle Walter rue des Poilus. En avril 1944, la chapelle est terminée, elle s’adosse désormais au n°188 de la rue Jean Lebas.
La Chapelle actuelle doc Google maps
Le 13 septembre 1995 après certains actes de vandalisme, le crucifix et la statue de l’évêque martyr Saint-Liévin ont été déposés au Musée des Arts et Traditions Populaires.
La ligne 2, ou ligne B traverse donc le pont du nouveau canal en direction de Wattrelos et la frontière. Quelques dizaines de mètres plus loin, il traverse la place Chaptal où l’attend un kiosque-abri. Ce kiosque sera démoli à la fin des années 50, car prenant trop de place et gênant le stationnement. Il sera remplacé par un plus petit, construit en béton. La photo suivante nous montre les deux abris qui coexistent en 1957, juste avant la disparition du plus ancien.
Photo Nord Eclair
Nous sommes dans le quartier de l’Entrepont et la ligne continue à suivre la grand rue. Cent mètres plus loin, la voie est dédoublée à hauteur de la rue de la Conférence. Le tabac à droite, tenu en 1920 par Alphonse Frankart et en 1939 par L. Liegeois est devenu une maison particulière. A gauche l’estaminet est tenu par M. Vanmaercke en 1920. C’est aujourd’hui le café « l’Escale »
Encore cent cinquante mètres, et la ligne traverse la rue d’Alger. Au coin à gauche la maison de la famille Motte pris sur le terrain de la filature, aujourd’hui occupé par le lycée Jean Rostand. A droite, l’estaminet Dehaene en 1908 et sous la férule de Mademoiselle Duhamel en 1939 offre aujourd’hui des repas rapides à l’enseigne du « P’tit Creux ». L’alignement des maisons qu’on voit à droite n’a pas changé depuis.
La ligne passe enfin devant le dépôt du laboureur au 453, le premier de la compagnie, où les machines produisant l’électricité pour la traction ont remplacé les écuries construites à l’origine. Au fond le pont du chemin de fer du Nord-Est menant à Somain. Celui-ci, démoli en 1918 sera remplacé par un pont à Caisson qui, sur la fin de sa vie, revêtira des noms de champions cyclistes.
Pour arriver à Wattrelos, « il suffit de passer le pont » comme le dit la chanson. Nous voyons sur la photo suivante, à gauche l’atelier de cuirs Plançon-Cognez, situé immédiatement avant la ligne de chemin de fer. Ce bâtiment existe encore de nos jours. A droite le bureau de l’octroi est situé au 392, juste avant le carrefour avec la rue d’Avelghem.
Le pont une fois passé, la ligne emprunte la rue Carnot, dont il a fallu attendre la construction pour prolonger la ligne jusqu’à la place. Elle se limitait, en attendant, au Laboureur. Cette ligne ne tarde pas à rencontrer la rue Faidherbe. On voit sur les photos qu’au début la voie était simple, mais qu’ensuite on l’a dédoublée.
La ligne traverse ensuite la place de la République, puis, suivant la rue Carnot, traverse la ligne du chemin de fer par un passage à niveau placé latéralement. Sur la photo, la passage est encore protégé par une barrière roulante, qui sera ensuite remplacée par une barrière oscillante. Aujourd’hui, plus de rails, ni pour le chemin de fer, ni pour le tramway. Un supermarché s’est installé à droite. A gauche, la maison qui forme le coin n’a pas changé aujourd’hui.
Après quelques centaines de mètres, la ligne parvient ensuite au carrefour avec la rue du Docteur Victor Leplat. Les bâtiments à droite ont été démolis, et remplacés par un immeuble abritant un commerce de voitures. Si la maison formant le coin n’a pas changé, les pavés ont disparu de nos rues.
Peu après, la voie parvient à la grand place. Sur la photo, prise vers Roubaix, on reconnaît la maison du coin, qui est restée identique à elle même aujourd’hui.
C’est sur la place qu’a été installé le kiosque-abri initialement prévu pour la place de la Fosse aux Chênes, mais refusé par les habitants qui ont trouvé qu’il aurait pris trop de place sur le trottoir. A Wattrelos, il voisine avec le kiosque à musique et celui à journaux. La motrice arbore sa belle livrée rouge d’origine.
La voie passe ensuite devant la mairie, remplacée aujourd’hui par une autre plus moderne, et se dirige vers la frontière par les rues Jean Jaurès et Jules Guesde. La motrice que nous voyons est du type 600, décorée aux couleurs vert et crême que l’ELRT avait choisies entre les deux guerres. Au premier plan une bretelle permet aux rames avec remorque de se retourner si une autre rame stationne devant le kiosque.
Arrivée à la frontière, au lieu-dit La Houzarde la ligne a connu différents terminus selon l’époque. Sur la photo suivante, datant de 1953, l’arrêt était situé à gauche au niveau de l’actuel numéro 253. La motrice 616 et sa remorque est cette fois dans leur couleur définitive.
Photo « Au fil des trams »
Dans une situation plus ancienne, à partir de 1909, la ligne a été prolongée jusqu’à la frontière belge et le bureau des douanes françaises, situé près de 20 numéros plus loin. La voie prenait à droite pour gagner un bâtiment partagé avec le bureau de douanes, situé en épi à droite par rapport à la route.
Entre ces deux périodes, c’est à dire dans les années 30, la ligne est prolongée. En 1931, on effectue les travaux de terrassement en vue de cette prolongation à partir de la Houzarde vers Herseaux. La ligne, contournant le poste de douane belge, prend alors à droite puis à gauche par la rue de la Houzarde et se prolonge quasiment jusqu’à la gare d’Herseaux en suivant le côté droit de la rue du petit Audenarde situé en France (la frontière suit l’axe de la chaussée). Sur la photo la voie, passée l’église et toujours sur le territoire français, est toute proche du terminus.
En 1934 on crée une ligne B barré limitée à la place de Wattrelos ce qui explique la bretelle vue plus haut sur la place. Enfin, en 1939, la ligne est limitée au bureau des douanes françaises. Quelques années plus tard, en 1956, la ligne est supprimée et remplacée par des autobus.
Les documents proviennent des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix que nous remercions une fois encore.
Dès le début du vingtième siècle, l’étang des cygnes est conçu pour accueillir nombre de cygnes pour le plus grand plaisir des futurs promeneurs. Le plan d’eau situé à la limite des villes de Croix et Roubaix est pourvu notamment d’un îlot leur permettant de rester hors d’atteinte ainsi que d’un abri qui leur est tout spécialement destiné.
L’étang ou lac des cygnes, en carte postale ou photo, prévu dès la conception du parc (Documents collection privée)
Le Beau Jardin devient très vite un lieu de promenade fort apprécié des adultes mais c’est aussi l’endroit où parents et nourrices amènent les enfants, des nouveaux nés aux plus grands, à la rencontre des cygnes et des canards. Ces gracieux animaux s’approchent alors pour le plus grand bonheur des enfants afin de leur réclamer à manger, n’hésitant pas à se mêler aux pigeons et autres oiseaux sur les allées.
Cartes postales et photos du tout début du vingtième siècle (Documents collection privée)
Face à cet engouement une série de cartes postales est éditée qui met en scène la visite aux canards et le « déjeuner des canards », lequel se déroule soit au gré des allées du parc soit plus spécifiquement sur le pont qui permet aux promeneurs de traverser la « rivière » pour poursuivre la promenade de l’autre côté.
Cartes postales dédiées au rendez-vous avec les canards (Documents collection privée et Parc Barbieux blogspot)
Cette tradition perdure au fil des décennies et l’on retrouve plus tard dans les années 1950 à 1970 des cartes postales dédiées à ces animaux et aux enfants qui accourent au parc avec des restes de pain pour les distribuer à ces charmants volatiles, peu farouches et désireux de se mêler aux humains pour quémander quelque nourriture.
Cartes postales et photos dédiées aux cygnes et canards dans les années 1950 à 1970 (Documents BNR, collection privée et archives municipales)
Pendant que les décennies s’écoulent le Parc Barbieux devient le poumon vert d’une ville qui grandit de plus en plus. Les photos panoramiques parlent d’elles-mêmes entre 1932 et 1981. Les constructions se resserrent de plus en plus autour du jardin public au fil des 50 années qui s’écoulent.
Photos panoramiques de la partie du parc située entre le boulevard de Paris (actuel bd de Gaulle) et la rue qui le traverse et relie Roubaix à Croix (actuelle rue du Peuple Belge)
Au début des années 1990, Mr Delahotte, président du comité national pour la défense de la flore et de la faune et des Amis du Parc Barbieux décide une opération de « remplumage » du parc. Il y procéde, en 1994, à l’installation de 10 canards sur les plans d’eau avec l’espoir de les y voir vivre et prospérer durant de nombreuses années pour le plus grand plaisir des visiteurs.
On remplume le beau jardin (Document Nord-Eclair)
Instantané de mémoire « Dans les années1990, alors que nous habitions à Hem, la sortie dominicale consistait souvent à embarquer vélos et trottinettes, voire rollers, et à nous rendre en famille au Parc Barbieux. Les enfants pouvaient sans risque rouler dans les allées du parc, avec un arrêt à l’aire de jeux voire une séance de mini-golf et une promenade en petit train avant de terminer par un arrêt sur le petit pont pour y distribuer aux canards le pain gardé spécialement pour eux. »
Maman cygne et Maman canard et ses bébés dans les années 1990 (Documents archives municipales)
Mais, en août 1998, la presse locale fait ses gros titres sur l’hécatombe chez les canards et les cygnes. Après le Parc du Héron à Villeneuve d’Ascq c’est le parc Barbieux à Roubaix qui est touché par le botulisme. La chaleur alternant avec les orages, le manque d’oxygénation et la stagnation des eaux ont créé un milieu aquatique glauque, propice à la prolifération des algues.
Une bactérie s’est alors développée dans l’étang asphyxié, y générant une toxine mortelle, laquelle affecte le système nerveux des animaux qui barbotent dans l’étang et s’y nourrissent. Survient alors une apathie, suivie d’une paralysie des pattes puis des poumons des canards. 35 cadavres de canards sont ainsi ramassés en 2 jours.
Hécatombe chez les canards et les cygnes (Document Nord-Eclair)
Les promeneurs se lamentent ainsi que les jardiniers auxquels incombe la tâche fastidieuse de récupérer les petits cadavres. La polémique enfle car seul le plan d’eau côté Bol d’air est recouvert d’un magma vert pomme épais et visqueux. Est mise en cause la pompe côté cascade, hors service depuis plus de 15 ans et jamais réparée en raison du coût de l’intervention.
Il est donc préconisé de réparer la pompe, voire d’installer un jet d’eau au milieu de l’étang. En attendant, une vanne d’eau de ville est ouverte au niveau de la grotte pour tenter de renouveler un minimum les eaux hyper saturées ce qui devrait prendre au moins une semaine…
Même si les 150 à 200 canards et cygnes qui peuplent le parc n’appartiennent à personne, ils ont été adoptés par les nombreux visiteurs qui s’émeuvent grandement de la situation. L’association « les amis du parc Barbieux » tient alors une réunion de crise sur place pour enjoindre à la ville de mettre tout en œuvre pour faire cesser au plus vite la pollution biologique de l’étang.
Le directeur des espaces verts de la municipalité, Mr Pigache, donne l’information selon laquelle des prélèvements ont été effectués et envoyés à l’Institut Pasteur à Lille. Il indique avoir pris des mesures d’urgence en ouvrant en grand les vannes d’alimentation pour régénérer l’eau des étangs. Il précise également avoir demandé une étude à une société spécialisée dans le traitement des eaux pour établir un diagnostic et éventuellement proposer un remède biologique.
Réunion de crise de l’association les amis du parc Barbieux (Document Nord-Eclair)
Lorsque l’abbé Callens fête ses 25 ans de prêtrise un an plus tard, en 1955, les paroissiens rendent hommage à celui qui est à l’origine de l’érection de l’église et de la création de leur nouvelle paroisse. A l’issue de la cérémonie, la foule se répand dans les stands aménagés autour de l’église à l’occasion de la fête champêtre organisée au profit des œuvres paroissiales.
Les 25 ans de prêtrise de l’abbé Callens en1955 (Documents Nord-Eclair)
C’est aussi dans la nouvelle paroisse que l’abbé Michel Couthiez, prêtre de la Mission de France, célèbre sa messe de prémices en 1957. Drapeaux et guirlandes décorent les environs de l’église, tandis que le cortège part de la rue Edouard Vaillant où réside la famille du nouveau prêtre. L’abbé Callens souligne avec fierté le fait que c’est déjà le 2ème enfant de la nouvelle paroisse qui devient prêtre.
L’abbé Couthiez célèbre sa messe de prémices en 1957 (Document Nord-Eclair)
Un généreux donateur, la famille Segard, propose de financer la décoration du choeur , vierge de toute décoration depuis son inauguration. Mme Marie-Anne Poniatowska est contactée. Elle propose un premier projet en couleur qui est refusé par la Commission Diocésaine d’Art Sacré. Un deuxième projet est accepté en différents tons de gris, susceptibles de mieux se conserver dans le temps.L’abbé Callens, peu attiré par cette peinture moderne y fait ajouter des extraits de textes sacrés.
Maquette de la future fresque murale réalisée en 1957 et l’artiste en 1960 devant l’un de ses oeuvres (Documents Historihem)
Les peintures murales sont dessinées en atelier sur des calques. Puis, ils sont appliqués sur le revêtement mural qui n’est pas de bonne qualité. Le chantier est long et difficile (1958-1959). Il faut dire que l’oeuvre est gigantesque car les peintures s’étalent sur les 150 m2 des murs du choeur de l’église.
L’abbé Callens tempête sur les échafaudages et les échelles qui encombrent son église. En outre, une fois le chantier terminé, l’artiste apprend que l’abbé Callens a fait « nettoyer les tâches » grâce à un détergent, don d’un droguiste qui venait de marier sa fille en l’église Saint Paul ! C’est la catastrophe, et elle doit recommencer ses peintures sur toute la longueur et une hauteur de 1 mètre 50 !
Les peintures murales en cours de réalisation (Documents Historihem)
C’est en janvier 1960 que son éminence le cardinal Liénart vient inaugurer cette œuvre. L’abbé Callens est forcé de constater que « tout le monde aime l’oeuvre réalisée malgré la rigueur du camaïeu gris et l’austérité de la conception ». Le cardinal remercie l’artiste d’avoir, par son talent, doté une modeste église d’une décoration qui achève de lui donner son caractère religieux.
La bénédiction des fresques par le cardinal Liénart (Documents Nord-Eclair)
En 1962, les dix ans de l’église sont célébrés en présence de Mgr Chavanat et en 1964, c’est Mgr Thoyer, évêque missionnaire, qui vient procéder à la confirmation de 120 enfants dans la paroisse hémoise. Enfin en 1970, ce sont les quarante ans de sacerdoce de l’abbé Callens que fête la paroisse en présence de Mgr Chavanat.
Les dix ans de l’église en 1962, les confirmations en 1964 et les 40 ans de sacerdoce de l’abbé Callens en 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)Photo aérienne en 1962 (Document IGN)
De l’abbé Callens on disait que « c’était un homme de caractère que l’on surnommait le « chef du village ». Malheur à qui touchait aux fleurs de l’église, il allait sonner à la porte du coupable ! Il avait 3 ou 4 moutons dans le jardin de son presbytère : il échangeait les dragées des baptêmes contre du pain sec pour les nourrir. Mais, c’est aussi dans son presbytère que l’association « les Amis de Beaumont » pouvait stocker le charbon qui servait au chauffage du chalet de Beaumont, local de l’association. »
Photo de l’abbé Callens (Document Historihem)
Les 25 ans de la paroisse sont une grande fête de famille dans ce quartier qui abrite à présent 5000 habitants. L’abbé Callens, décédé en 1976, manque à l’appel mais les paroissiens ont accueilli avec joie son successeur, l’abbé Gérard Bogaert, doyen de Roubaix Centre et son jeune assistant, l’abbé Hugues Derville. Ils célèbrent la messe avec Mgr Gand, évêque de Lille avant une réception dans la salle paroissiale.
Une grande fête de famille en 1977 (Document Nord-Eclair)
Les fresques peintes par Marie-Anne Poniatowska se dégradent avec le temps. Les couleurs se ternissent et se fondent progressivement dans une sorte de grisaille uniforme et monotone. Au début des années 1980,une restauration du choeur apparaît indispensable. Un nouveau tabernacle ainsi qu’un nouvel autel sont installés et Joël Belly, jeune céramiste de talent, se met au travail pour les habiller. Enfin une moquette verte est posée pour garnir le sol.
La restauration du choeur en 1981 et photo du choeur (Document Nord-Eclair et site internet)
Malheureusement, en août 1992 dans la soirée, le clocher de l’église est en feu et même si, fort heureusement, l’épais panache de fumée alerte les voisins rendant l’intervention des pompiers très rapide, les dégâts matériels sont importants. Le clocher n’a fait office que de cheminée et nécessite seulement le remplacement de quelques tuiles.
Le clocher en feu dans la soirée (Document Nord-Eclair)
En revanche, le court-circuit électrique, qui semble être à l’origine du sinistre, a occasionné des ravages dans la nef. Deux colonnes à la base du choeur doivent être remplacées, les plâtres refaits et la moquette changée. Plus grave, une partie de la fresque est touchée laquelle sera entièrement refaite avec l’autorisation de l’artiste, à présent installée en Californie.
Les dégâts dans la nef (Document Nord-Eclair)
En 2000, la paroisse nouvelle de la Trinité voit le jour, issue du rapprochement des trois paroisses : Saint Jean Baptiste et Saint Michel à Roubaix et Saint-Paul à Hem. De fait ces 3 paroisses ont déjà plusieurs années de vie commune derrière elles puisque l’abbé Pierre Baert, curé des deux premières depuis 4 ans, s’occupe déjà de la troisième depuis 2 ans et demi, avec l’aide de l’abbé François Jeunet, attaché à Saint Michel.
Trois clochers pour la nouvelle paroisse de la Trinité (Document Nord-Eclair)
Quand l’église est touchée par le mérule en 2007 d’importantes réparations permettent de la sauver et l’artiste, venue constater la rénovation de l’église s’engage à revenir. Deux ans plus tard l’événement consiste en la venue à Hem de Marie-Anne Poniatowska, cinquante ans après la création de sa fresque murale, pour fêter ce jubilé.
Le retour à Hem de Marie-Anne Poniatowska pour les 50 ans de son œuvre (Document Nord-Eclair)
A cette occasion elle confie que cette œuvre d’une vie est le fruit d’un travail fastidieux. Elle insiste tant sur le travail préparatoire nécessaire pour connaître la vie et l’oeuvre de Saint-Paul que sur les défis techniques rencontrés à l’époque tels que les murs « mal fichus » du choeur. Au final, cinquante ans plus tard, celle qui s’est ensuite consacrée au dessin, y voit plutôt la vie de Saint-Paul en bande dessinée.
La princesse couronne son œuvre (Document Nord-Eclair)
Depuis la création de la paroisse de la Trinité, le béguinage, qui abritait le presbytère, s’est retrouvé inoccupé pendant quelques années avant d’être mis à la disposition de l’association A.G.I.R en 2015. Initiée par la Paroisse de la Trinité à Roubaix/Hem, l’Association, d’inspiration chrétienne, se donne pour objet la lutte contre les discriminations et l’accompagnement vers l’insertion de familles en situation de très grande précarité principalement roms.
Le Béguinage et les chrétiens et les Roms (Documents site internet et Lille Actu 2014)
Née dans les années 1950, la première église « en pièces détachées », qui avait laissé sceptiques les observateurs de l’époque quant à sa pérennité a finalement bien traversé le temps et les épreuves. Ce lieu de culte demeure vivant contrairement à l’église Saint-André, bâtie à l’ancienne, mais désacralisée. Restent quelques décennies à patienter pour savoir si elle atteindra son centenaire.
L’église Saint-Paul extérieur et intérieur (Documents photos BT et K Neels)
Au 115 rue du Grand chemin à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, occupée dans les années 1920 par le service exportation de l’entreprise G. Masurel Leclercq et fils. Dans les années 1930, Emile Lecomte Lenard reprend l’immeuble et le transforme en pension de famille pendant de nombreuses années.
Plan cadastralFaçade ( document archives municipales )
Dans les années 1940, Mireille Poiret est sage femme, elle travaille à la maternité Boucicaut, boulevard de Cambrai. Elle est ambitieuse et songe à créer sa propre maternité privée. L’occasion se présente, au début des années 1960, lorsque l’immeuble du 115 rue du Grand Chemin se libère. Elle reprend le bâtiment, y fait faire quelques travaux afin de le transformer en maternité.
document archives municipales
En 1964, elle prévoit d’augmenter le nombre de lits de sa maternité en passant de 12 à 20 lits, par transfert de 8 lits de la maternité de Mme Albert Carrouée, sise au 548 rue de Lannoy à Roubaix.
document collection privée
Dans les années 1970, Mireille Poiret décide d’agrandir sa maternité en aménageant 6 chambres supplémentaires au dernier étage et en créant un bloc opératoire. Les travaux sont réalisés par l’entreprise Delfosse-Guiot rue de Crouy à Roubaix.
documents archives municipales
Malheureusement, la maternité de Mireille Poiret ferme au début des années 1980. Le Ravet Anceau de 1982 annonce que l’ancienne maternité est occupée par le « Club Redoute 3° âge ». Puis plus rien ! L’immeuble du 115 rue du Grand Chemin reste inoccupé, sans aucun travaux d’entretien, et ce, pendant plusieurs années. L’immeuble se dégrade fortement : fuites des toitures, humidité, effondrement des plafonds, etc.
document archives municipales
En 1995, le propriétaire des lieux, la SRIEM, demande un permis de construire pour la création de 16 logements sur l’immeuble en question, à savoir la maternité en front à rue, en gardant surtout la façade extérieure, ainsi que la construction de 2 logements neufs à la place du second bâtiment donnant sur la rue du lieutenant Castelain.
document archives municipales
Mais, toujours pas de travaux à l’horizon, en fin d’année 1998, le bâtiment se dégrade de plus en plus, la porte cochère est délabrée, barrée par des planches, aux étages les vitres sont brisées, des morceaux de la façade tombent sur le trottoir etc
La Mairie prend alors un arrêt de péril, alors que l’OPAC (Office Puplic d’Aménagement et de Construction) nouveau propriétaire de l’immeuble demande l’installation de grilles devant l’immeuble pour la sécurité des passants.
document Nord Eclair 1999
Le 5 Janvier 1999, M Bauduin directeur de l’Office, est appelé pour dresser un diagnostic complet. Il faut absolument reconstruire mais préserver la façade, qui doit être étayée dans les plus brefs délais.
document Nord Eclair 1999
Le mois suivant, en Février 1999, le quotidien Nord Eclair annonce qu’il ne restera bientôt plus rien de la maternité Poiret. En effet, les diagnostics de plusieurs experts, sont sans appel : l’immeuble est dangereux, les 13 mètres de façade peuvent s’écrouler à tout moment, le risque est trop important pour les immeubles voisins. Il faut se rendre à l’évidence :la démolition totale est inéluctable ! On peut alors déplorer que cette bâtisse ( magnifique à l’époque ) chargée de vie disparaisse, faute d’avoir été entretenue, voire seulement protégée des pillages qui l’ont fragilisée. En 2009, débute la construction d’un bâtiment neuf d’une dizaine de logements.
C’est au n°6 de la rue du Docteur Coubronne, qui mène à la Grand-Place, que Raymond Beghin-Droulez ouvre son petit magasin de droguerie, peinture, décors, vitrerie et décors funèbres, dans les années 1930. Il y commercialise également les papiers peints Leroy (récompensés aux expositions universelles de 1855 et 1867), des toiles cirées, des linoleums, des chaises, des fauteuils et des berceaux…Dans l’annuaire de 1945, il est répertorié à la rubrique peinture.
Carte postale reprenant les n°2 à 8 de la rue Coubronne, photographie d’Isidore Leroy et publicités de Raymond Beghin-Droulez (Documents collection privée, Historihem et papiers peints Isidore Leroy)
Son commerce est si proche de la Place que l’adresse figurant sur les publicités est double : à la fois 6 rue du Docteur Coubronne et Place d’Hem. Par ailleurs, on retrouve une publicité de Léon Beghin-Gauquié, lequel a pour adresse Grand-Place à Hem, et qui commercialise : papiers peints, toiles cirées, linoleums, mais aussi chaises, fauteuils, berceaux, décors funèbres, plaques en marbre, ripolins, émail et couleurs.
Publicité de Léon Beghin Gauquié (Document Historihem)
Ce n’est qu’au milieu des années 1950 que la droguerie devient également une entreprise de pompes funèbres et apparaît dans les 2 rubriques de l’annuaire Ravet Anceau. Dix ans plus tard R.Beghin est toujours répertorié comme peintre tandis que Mme JP Top Beghin tient la droguerie.
En février 1968, la droguerie Top-Beghin inaugure un magasin agrandi et rénové. Le commerce reprend en effet les n° 4 et 6 de la rue du Docteur Coubronne. Le couple Top y a convié de nombreuses personnalités de la municipalité et de la chambre de commerce. Du champagne est offert et Jean-Pierre Top propose à ses invités de circuler dans les rayons pour y admirer l’immense choix de peintures et papiers peints mais aussi la gamme d’outils et produits d’entretien.
Inauguration du nouveau magasin en février 1968 (Document Nord-Eclair)
Malheureusement, 3 ans plus tard, l’immeuble abritant le magasin refait à neuf est la proie d’un incendie qui démarre à l’étage dans la cuisine tandis que Mr et Mme Top terminent leur journée de travail au magasin. Les époux parviennent à grand peine à sortir leurs enfants qui dormaient au second étage du n°6, tout juste restauré, avant l’arrivée des pompiers. L’habitation est inhabitable mais le magasin ne subit que peu de dégâts dus essentiellement aux fumées et à l’eau déversée par les soldats du feu pour venir à bout du sinistre.
Une maison ravagée par le feu à Hem (Document Nord-Eclair)
Le commerce peut donc continuer son activité et proposer en 1971 ses rayons spécialisés : papiers peints, peintures, revêtements de sol, mais aussi ses services : décolleuses, tables à repasser et livraisons à domicile. Mieux, un an plus tard c’est Service Top, supérette d’alimentation, qui est proposée à la clientèle avec son alimentation générale mais aussi ses rayons spéciaux : frais, surgelés, et cave aux vins.
Publicités de 1971, 1975 et 1976 (Documents Nord-Eclair)
Service Top obtient en 1974, après l’achèvement d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation, un quart de page dans la presse locale pour vanter : « la solution idéale pour votre problème décoration ». 600 modèles de papiers peints se trouvent alors en exposition permanente dans le secteur du magasin qui leur est consacré, la partie réservée à la peinture et la droguerie fait également l’objet d’un soin extrême notamment pour la présentation de l’éventail des couleurs proposées, et les moquettes sont positionnées sur des présentoirs grande largeur…
Un quart de page pour Service Top en 1974 et publicité de 1975 (Documents Nord-Eclair)
C’est en 1978 que Top-Beghin met en service une chambre funéraire pourvue de salons et équipements annexes et conçue pour offrir aux familles des défunts un cadre propice au recueillement. C’est Jean-Claude Provo, maire de la ville, qui inaugure l’établissement en présence de nombreuses personnalités locales et des communes voisines. L’accès se fait par le n°6 rue du Docteur Coubronne mais l’établissement donne également sur la rue du Cimetière, juste après les salons de l’Auberge du Tilleul.
Ouverture de la chambre funéraire en 1978 et sa façade sur la rue du Cimetière en 2008 et rue du 06 juin 1944 en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)
L’année suivante une vente à prix cassés est organisée avant transformation et les années 1980 voient la disparition du rayon alimentation au seul profit de la droguerie ( la restauration de l’église Saint-Philippe à Lannoy est une des réalisations de l’entreprise) et des pompes funèbres avant l’apparition, au milieu de la décennie, d’un rayon cadeaux (lequel propose des listes de mariage).
Vente à prix cassés avant transformation en 1979 et recentrage sur la droguerie et les pompes funèbres dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et Ville de Hem)Ouverture en 1985 de Top Cadeaux et publicités diverses (Documents Nord-Eclair)
Durant les années 1990-2000, l’activité cadeaux continue à se développer et à faire l’objet de nombreuses publicités dans la presse locale notamment à chaque occasion festive : fêtes des pères et des mères, fêtes de Noël… Le slogan est vite trouvé : « le cadeau qui sera sûr de lui faire plaisir ». A noter que ces publicités font état de la Place d’Hem en tant qu’adresse bien que le commerce se situe rue du Docteur Coubronne. En revanche les publicités de la droguerie mentionnent bien l’adresse véritable.
L’activité cadeaux dans les années 1990 et les publicités pour la droguerie en l’an 2000 (Documents Nord-Eclair)
En ce début de vingt et unième siècle, la façade du magasin est à nouveau refaite et elle continue à évoluer au fil des décennies de même que l’activité. Si en 2008, l’enseigne fait encore état de Top-Beghin et les étalages présentent encore des produits de droguerie, il n’en est plus de même en 2012. L’enseigne fait alors état des pompes funèbres Top-Beghin et l’activité droguerie disparaît.
La façade du commerce en 2008 et 2012 (Documents google Maps)
Ces dernières années la façade a été à nouveau rénovée et fait état des pompes funèbres et de la marbrerie Funéraire Top. Les pompes funèbres Top ont actuellement 3 agences à Hem, Lannoy et Villeneuve d’Ascq. Entre 2004 et 2022, l’entreprise a été dirigée par Olivier puis Sylvie Top. Elle est actuellement dirigée par le groupe Segard Buisine et ce depuis 2022.
La façade actuelle du magasin hémois puis vue sur l’entrée de la chambre funéraire et une photo aérienne de l’entreprise avec sa chambre funéraire donnant sur la rue perpendiculaire (Documents Google Maps)
Les parents avaient tenu un commerce de fleurs artificielles, sa sœur les fabriquait à Roubaix, il n’était pas dit que Gisèle, la petite dernière, n’aurait pas son magasin de fleurs à elle. D’autant que son mari André était jardinier à la ville de Roubaix et contribuait à embellir le Beau jardin.
En octobre 1954, Gisèle reprend donc l’ancien café de Marie et Émile Pottier qu’elle connaissait bien, au n°7 de la rue Victor Hugo à Leers. C’est là que la famille Moreels s’approvisionnait en bière. Le magasin prit l’enseigne Aux Mimosas, que Georges Degouhy peintre vint écrire sur la vitrine.
Le magasin côté vitrine doc Collection familiale
Gisèle vendait des fleurs, des mimosas qu’elle allait acheter aux Halles de Roubaix, des fleurs naturelles du jardin des parents, notamment des roses l’été. Elle faisait également la Toussaint et les chrysanthèmes. Elle se souvient d’avoir commandé des chrysanthèmes à Toufflers, il n’y avait pas de grossiste plus près. Mais ils fanaient trop vite et dans le noir, ils pourrissaient.
Elle travaillait avec le fleuriste Delfosse du Sartel à Wattrelos où elle achetait des plantes. Il y avait aussi un autre fleuriste rue du Moulin à Wattrelos. Elle se déplaçait en bus ou en tramways et la charge était bien lourde. Ses sœurs lui fournissaient des choses à vendre, Marcelle des fleurs artificielles et Flore des services à verre.
L’intérieur des Mimosas doc Coll familiale
Des représentants passaient au magasin, qui proposaient toute sorte de choses : des tableaux, ds faïences, de la porcelaine. Mais c’était trop cher pour Gisèle. Elle portait les gerbes pour les enterrements. Une autre fois elle s’est débrouillée pour trouver un bouquet de renoncules pour un mariage et elle est allée jusqu’à chez Gadeyne rue de Lannoy à Roubaix !
Giséle a tenu ce magasin jusqu’en février 1959. L’histoire se poursuivit quelques temps avec la vente de fleurs naturelles.
Remerciement à Mme Gisèle Hubrecht Moreels pour ses souvenirs
Henri Leduc et son épouse Octavie née Durif, créent leur entreprise la société Leduc-Durif, négoce de mercerie et accessoires. Le siège de l’entreprise se situe au 73 rue Pellart à Roubaix. L’un de leurs fils, Octave Leduc naît à Tourcoing le 1 Janvier 1877. Il s’installe avec son épouse Marguerite née Vincent, au 51 bis rue du Collège et gère, avec ses frères, l’entreprise familiale.
Octave Leduc ( document collection privée )
Octave est passionné par la photographie, il possède un appareil de prises de vues stéréoscopiques, de marque Verascope Richard, entièrement métallique, qui permet de prendre plusieurs vues successives sans rechargement : l’idéal pour se consacrer à ses reportages photo sur plaques de verre, au début des années 1900.
Octave est l’un des premiers amoureux de la photographie. En 1910, il fait partie de la Société Photographique de Roubaix. Ses nombreuses photos sur Roubaix et les villes voisines, lui permettent de recevoir de nombreuses médailles dans des salons ou expositions locales.
Exposition horticole Grand Place – Défilé militaire à RoubaixFerme du Hutin – Labours à RoubaixFoire de Roubaix en 1908 – Partie de pêche sur le canal
Octave Leduc, décède en 1940. Il reste un témoin de son temps, à l’oeil généreux et partageur. En 1998, La ville de Roubaix décide de lui consacrer une exposition, pendant quatre semaines. La médiathèque, aidée par François Leduc, le fils d’Octave, propose ce rendez vous en forme d’hommage au pionnier de l’image mais également une invitation à un voyage dans le temps. Une quarantaine de photos de Roubaix et ses environs de 1908, présentées à cette exposition font revivre le temps passé et font prendre conscience des transformations, changements et bouleversements vécus depuis lors, par un siècle où tout s’est accéléré. Et si les roubaisiens n’ont pas connu cette époque que l’on dit « belle », fort heureusement, l’oeil d’Octave, lui, est éternel.
Remerciements à la bibliothèque numérique de Roubaix : bn-r.fr