Pompiers de Roubaix (Suite 3)

En 1978, les pompiers doivent intervenir à 4 reprises pour des incendies dans l’ancienne usine désaffectée qui se dresse encore sur le futur emplacement de leur nouveau centre secours. Le bâtiment étant ouvert à tous vents, chaque nouveau foyer d’incendie, volontaire ou non, trouve un aliment de choix dans les décombres ou les vieilles boiseries. A chaque fois les flammes gagnent la toiture rapidement mais le feu se laisse éteindre sans résistance.

Dès 1981, le terrain de 12.000 mètres carrés situé boulevard de Mulhouse est prêt à accueillir le nouveau centre de secours. Les bâtiments de l’ancienne teinturerie SATTI (Société Anonyme Textile Teinture et Impression) Guaydet devenue ensuite Jean-Lagrange sont détruits depuis plusieurs mois mais rien ne bouge.

Papier à en-tête et plan de situation de la SATI en 1964 (Documents archives municipales)
L’intervention sur l’usine désaffectée en 1978 et le terrain dégagé du futur centre de secours bd de Mulhouse en 1981 puis le gros-oeuvre terminé en septembre 1983 (Documents Nord-Eclair)

Le projet, très onéreux, doit être réparti sur 3 exercices financiers. Les travaux de terrassement et les fondations devraient donc bientôt commencer mais la construction ne devrait pas être terminée avant 1984. Finalement en 1983, le gros œuvre de la nouvelle caserne est pratiquement terminé et la presse locale titre : A la nouvelle caserne des pompiers, l’ordinateur aux côtés des lances en 1984.

Le corps de bâtiment en arc de cercle, percé d’un autre immeuble, a pris sa forme définitive et on attaque désormais la phase d’aménagement intérieur. Le bâtiment cubique renferme, au rez-de-chaussée le poste de commandement puis le garage avec les portes de travée et les chambres des sapeurs-pompiers. Trois capteurs solaires sur le toit et trois pompes à chaleur contribuent au chauffage de l’immeuble.

Plan de masse et plan du rez-de-chaussée du nouveau Centre de Secours (Documents archives municipales)

Le bataillon Nord y sera hébergé aux côtés du centre de secours de Roubaix et les fichiers répartis entre les différents centres de secours y seront centralisés en un seul programme informatique. De même le standard va absorber toutes les lignes 18 qui jusqu’alors aboutissent dans les différents centres détachés du bataillon Nord. 26 communes rattachées à divers centres passeront ainsi sous son contrôle informatique.

Façade de la nouvelle caserne, poste de commandement en cours d’installation, informaticiens occupés à réaliser les programmes en juillet 1984 (Documents Nord-Eclair)

L’ordinateur à Roubaix ne sera pas utilisé en priorité à des fins administratives mais dans une perspective opérationnelle. Au poste de contrôle de la zone, au rez-de-chaussée du bâtiment cubique par laquelle on accède à la nouvelle caserne, huit terminaux : 3 d’entre eux traitent les appels téléphoniques reçus grâce à un standard relié à un autocommutateur électronique, un autre détermine les moyens à mettre en œuvre, les 4 derniers étant affectés à la gestion des matériels.

Photos de la nouvelle caserne en 1984 (Documents archives municipales)

Le tout nouveau centre de secours est inauguré le 1er octobre 1984 en présence de Mrs Notebart et Diligent, du Colonel Gilardo, directeur départemental de la sécurité civile, du colonel Bronchart, chef de corps, des lieutenants colonels Forzano et Delemme, du capitaine Deloof commandant du centre de secours de Roubaix, de Mr Prouvost, député du Nord, Mrs Delefosse et Doscot, vice-présidents de la Communauté Urbaine, du médecin colonel Poulain et de Mr Perrin, secrétaire général de la Communauté Urbaine.

Les personnalités autour des véhicules, Mr Notebart passant les sapeurs-pompiers en revue, le poste de commandement informatisé (Documents Nord-Eclair)

L’inauguration s’accompagne d’une journée portes ouvertes à l’attention de la population de l’agglomération roubaisienne. La visite des locaux se termine par une exposition composée de 14 stands : comité pharmaceutique régional d’éducation sanitaire et sociale, Haas Elite (extincteurs, etc…), l’amicale des donneurs de sang bénévoles de Roubaix, la société de mycologie du Nord, l’amicale des sapeurs-pompiers de Roubaix, le syndicat des pharmaciens, EDF, la CRAM, la prévention routière, le SMUR de Roubaix, l’association départementale de la protection civile, la Croix-Rouge française et les 5 gestes qui sauvent. Est également annoncée la venue d’un hélicoptère de la protection civile.

Photo de la maquette du nouveau centre de secours et de l’inauguration ainsi que des pompiers posant dans la cour autour d’un véhicule (Documents archives municipales)
Les pompiers en 1985 dans leurs nouveaux locaux (Documents Nord-Eclair)

En 1985, les roubaisiens assistent à la démolition de l’ancienne caserne, côté Gambetta, à l’explosif, d’abord, avec 1,8 kg de dynamite soit une centaine de charges explosives placées au pied des piliers, et la moitié de la caserne est à terre, déblayée de suite par les pelleteuses. Puis c’est le côté Pierre de Roubaix qui est attaqué au « Punching-Ball », balancé sans ménagement dans les murs depuis un câble attaché à une grue, et le clocheton rend l’âme à son tour. La pierre signant la construction sur laquelle est lisible l’inscription : L.Barbotin, architecte, 1912, est récupérée par les sapeurs-pompiers roubaisiens pour être transportée à la nouvelle caserne du bd de Mulhouse afin d’enrichir le musée des sapeurs-pompiers de Roubaix.

La fin de la légendaire caserne Gambetta a ainsi lieu quelques jours seulement avant la pose de la première pierre de la future Caisse d’Allocations Familiales, qui va disposer de magnifiques bureaux pour remplacer ceux qu’elle occupe actuellement Grande Rue. Un trimestre plus tard la filature Motte-Porisse de la rue Jean Moulin prend feu (sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé Motte-Porisse en feu).

La démolition de la caserne en 1985, côté Gambetta (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord))
La démolition de la caserne en 1985 (Documents Patrick Vanhove)
La démolition côté Pierre de Roubaix et la récupération de la pierre (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

Cinq ans plus tard les sapeurs-pompiers du nouveau centre de secours battent tous les records de la métropole avec 7760 interventions au cours de l’année, nombre impressionnant mais assez naturel puisque la population gérée se monte au total à 220.000 habitants.

La 8ème compagnie, la plus importante de la CUDL, y fait face avec un solide effectif de 108 hommes, sous les ordres du capitaine Barthod. Elle vient de se doter d’un nouveau fourgon-compresseur, unique dans toute la CUDL: camion permettant la recharge immédiate des bouteilles d’air pour appareils respiratoires, utilisés par les pompiers dans les locaux enfumés par exemple.

Le capitaine Barthod et le lieutenant Desormeaux devant le fourgon-compresseur flambant neuf en 1990 (Document Nord-Eclair)

En 1994, pour les 10 ans d’ouverture du nouveau centre de secours, une grande journée portes ouvertes est à nouveau organisée avec un festival de démonstrations plus impressionnantes les unes que les autres : voitures en feu, grande tour d’exercice, départs en hélicoptère, grande échelle hissée…

Un monde fou pour voir la grande échelle se déployer, exercice de descente en rappel vertigineuse, démonstration d’intervention en cas d’accident de voiture (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui le 34 bd de Mulhouse accueille toujours le centre de secours qui va fêter ses 40 ans d’existence l’an prochain. Il se nomme maintenant SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours. Si l’organisation, le lieu d’hébergement, le matériel et les hommes ont changé depuis la fondation du 1er corps de pompiers de Roubaix la devise des soldats du feu : « sauver ou périr » a traversé les siècles.

Véhicule actuel, le centre de secours vu du bd de Mulhouse et vu du ciel (Documents Facebook des pompiers de Roubaix et google Maps)

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Le RCR ferme trois jours

Au moment où le sport, et particulièrement le football, s’oriente vers le professionnalisme, c’est bien à cause d’un problème financier que le Racing Club de Roubaix réagit en janvier 1933.

Réuni en session extraordinaire le 6 janvier 1933, le comité du Racing-Club de Roubaix décide de suspendre ses activités entre le 8 janvier 1933 à minuit et le 11 janvier 1933 à minuit, soit pendant trois jours. Les portes du Parc Jean Dubrulle resteront donc fermées entre les dates fixées et les membres du club n’y auront pas accès. Les cours de préparation militaire, les cours d’éducation physique, les entraînements de football et de basket-ball seront suspendus pendant cette période. Et afin que nul n’en ignore, copie conforme de cette décision est adressée à MM. Les ministres de la Guerre et des finances, le Sous secrétaire d’état à l’Éducation Physique, diverses autorités militaires, les Présidents des fédérations sportives, le contrôleur des contributions à Roubaix, les Présidents des différentes sections sportives du RCR, MM les rédacteurs en chef des journaux régionaux. Et c’est signé par le Président Raphaël Porisse et le secrétaire G. Desremmieux.

Les portes du stade fermées JdeRx

Qu’est ce qui motive une telle décision ? L’administration des contributions directes vient d’adresser au RCR un avertissement d’avoir à payer une somme de 22.320 francs pour taxe sur les cercles, sociétés et lieux de réunion pour l’année 1932. Le comité du RCR estime que l’administration des contributions directes semble avoir appliqué cette taxe en considérant à tort que le RCR tient des réunions quotidiennes. Le RCR fait donc constater par huissier que les portes sont bien fermées, ce qui valide le fait de ne pas payer de taxe pour 1933.

Agnès Joye ( suite )

A la fin des années 1960, l’entreprise devient importante, mais reste surtout une affaire familiale. Agnès, Jean, son fils, et Paul, son beau fils, arrivent à établir une très bonne ambiance de travail, dans un climat de respect du personnel. Tous les ans, à fin Juillet, c’est la fête des couturières à la Sainte Anne. Agnès invite l’ensemble du personnel à fêter cet événement dans sa grande maison de Cysoing pour un repas amical.

Photographies d’Agnès dans son magasin et son fils Jean ( documents J. Kahla )

Les moeurs évoluent en 1968, le M.L.F, Mouvement de Libération des Femmes, se crée. Ce groupement féministe autonome revendique la libre disposition du corps des femmes. Ce mouvement est en grande partie à l’origine de la chute vertigineuse des ventes de gaines chez tous les fabricants. Agnès Joye n’est pas épargnée mais, fort heureusement elle <dispose de sa gamme lingerie. Toujours prête à rebondir, elle développe sa gamme de produits « Jeune Fille ».

document publicité Nord Eclair

En 1967, Paul Kahla devient Président du groupement Elégance et Distinction. Elu par les membres, il remplace Jacques Bonnehon de la « Maison du Livre », qui devient vice-président. Paul est réélu président, l’année suivante en 1968

Paul Kahla à droite sur la photo et Jacques Bonnehon à gauche ( document publicité Nord Eclair )

Au début des années 1970, Agnès Joye commence à avoir quelques problèmes de santé, mais continue de gérer son commerce et ce, jusqu’en Juin 1975. Elle décède un mois plus tard, au mois de Juillet de cette même année dans sa maison de Cysoing, à l’âge de 74 ans, après plus de 40 années de commerce de lingerie. Les éloges sont nombreux sur sa compétence et sa ténacité qui lui ont valu l’estime et le respect de tous.

Décès d’Agnès ( document Nord Eclair )

Jean Joye et Paul Kahla continuent l’activité du commerce, toujours dans une ambiance familiale et gardent bien sûr l’enseigne  »Agnès Joye », bien connue des roubaisiens. Dans les années 1970, ils développent une nouvelle gamme de lingerie : les produits Warner fabriqués aux Etats Unis : un éventail de produits légers et de grand maintien, des produits d’excellente qualité à un prix raisonnable. La « Quinzaine Warner » est une période importante pour les affaires, car le magasin propose des promotions dynamiques pendant deux semaines.

Publicités Warner ( documents publicité Nord Eclair )

En 1971, le magasin remporte le premier prix du concours de la plus belle vitrine à l’occasion des fêtes de fin d’année.

La vitrine ( document Nord Eclair )

Jean et Paul souhaitent moderniser l’image de l’enseigne et n’hésitent pas à faire appel à des mannequins célèbres comme Laure Moutoussamy, en 1972, pour la quinzaine Warner ainsi que pour la quinzaine des maillots de bain. Ils organisent également des défilés de mode au Colisée de la rue de l’Epeule.

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A la fin des années 1970, la situation économique se dégrade, le niveau d’affaires baisse assez fortement, Paul Kahla décide donc de se retirer de l’entreprise en fin d’année 1974. Jean Joye continue seul l’activité avec l’aide de sa fidèle secrétaire Mme Crohin. Jean prend sa retraite au milieu des années 1980 et ferme définitivement le magasin.

En 1986, deux commerçants reprennent les deux parties du rez de chaussée : Francine Caron propose des chaussures avec son enseigne « Asphalte » et Josy Cau des tissus et de la mercerie sous l’enseigne « Marion ».

document collection privée

Dans les années 1990, 2000 et 2010 de nombreuses enseignes se succèdent dans ces 2 boutiques ; aujourd’hui, Fanny L. institut Bio et MS créations, vêtements de cérémonies

La façade en 2017 et en 2022 ( photos BT )

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

Ecole Pasteur

Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.

Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.

Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.

La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)

Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.

Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.

Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.

L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)

Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.

Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.

Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).

L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)

Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.

Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.

A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.

En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.

Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.

Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.

Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

Le recouvrement de l’Espierre au Laboureur

On peut distinguer sur le cadastre de brumaire an II le grand chemin de Roubaix qui tourne à angle droit et traverse l’Espierre. Il s’agit là de la future rue des trois bouteilles, qui rejoint le chemin du Sartel et la voie principale du moment vers le centre de Wattrelos (future rue de l’industrie, puis Stalingrad). Pas de rue Carnot, ni de rue Faidherbe à cette époque, mais déjà un pont qui permettait d’accéder à la ferme de Beaumetz.

Les travaux de recouvrement en 1947 Photo NE

La rue Carnot passera à cet endroit au dessus de l’Espierre et subira les variations du cours d’eau lors des fortes pluies orageuses qui provoquaient des inondations. Cet endroit était dangereux et on a pu dénombrer beaucoup d’accidents souvent dus à l’imprudence d’enfants qui tombant dans l’Espierre étaient emportés par le courant et se noyaient. Une association des victimes wattrelosiennes de l’Espierre et de ses affluents fut même créée en février 1930 qui portait les réclamations légitimes des habitants de Wattrelos, dont le siège se trouvait au n°256 rue des Ballons.

Vue aérienne des travaux IGN 1947

On peut distinguer sur la vue aérienne ci-dessus le parcours de l’Espierre qui va être recouvert. On conçoit que cet endroit ait pu être dangereux car il n’était pas suffisamment protégé. C’est au milieu de l’année 1947 que commencent les travaux de recouvrement de l’Espierre à hauteur du pont du quartier du Laboureur, situé à l’angle de la rue des 3 Bouteilles et de la rue Carnot. Un an plus tard, en août 1948, le chantier se termine. Ces travaux vont contribuer à établir l’heureuse perspective de la Place de la République, laquelle a été dénommée en 1937.

La place de la République doc Coll Part

Mais les wattrelosiens n’en ont pas fini pour autant avec l’Espierre qui continue à faire des siennes, en amont de la place, et en aval. En 1953, le conseil municipal vote le principe de l’établissement de pont sur la rue de l’Espierre et la rue de Beaurepaire. Puis démarreront les travaux pour la Mousserie que nous avons déjà évoqué. (voir l’article Espierre et Mousserie).

Le Racing-Club de Leers

Au début des années trente, le football devient le sport-roi, selon les termes du chroniqueur sportif du journal de Roubaix. Et il argumente : chaque ville, chaque village, chaque hameau même possède son équipe de football. Leers est alors une commune de 4677 habitants qui songe à la formation d’un club. On en parle ici et là, à droite et à gauche, mais jusqu’ici rien n’a abouti.

Le 3 décembre 1931, on annonce cependant qu’il y aura à Leers un club de football qui aura pour nom « Le Racing Club de Leers » et pour siège, le Café Delgranges 2 rue de Néchin. Une première réunion a eu lieu le 30 novembre et une quinzaine de jeunes gens ont donné leur adhésion, parmi lesquels dit le journaliste, quelques éléments assez connus et pratiquant déjà le football.

Une autre réunion générale aura lieu le samedi 12 décembre à 19 heures 30 au café Delgranges. Y sont invités les membres déjà inscrits et tous ceux que le sport intéresse, et ils sont nombreux à Leers. On formera la commission et les équipes, on en prévoit plusieurs. On évoquera les couleurs du club, son drapeau, et les premiers matchs à conclure. Quelques personnalités et commerçants de la commune ont promis leur appui financier, mais il en faut encore quelques uns. M. Mondet très connu dans le monde sportif de la région est à l’origine de cette création et il espère trouver encore de quoi constituer l’indispensable fonds de caisse. La cotisation des membres actifs est fixée à 20 francs par an, celle des membres sympathisants à 25 francs et celle des membres honoraires à 50 francs.

En mars 1932, les choses sont bien avancées. Le Racing-club de Leers a l’intention de disputer le championnat de football et pour cela, il doit s’affilier à la Ligue du Nord et avoir un terrain réglementaire et clôturé. Le terrain existe, c’est celui de la Briqueterie, rue de Roubaix, et les dirigeants du club ont commencé de le clôturer. Un côté est bientôt terminé au moyen de piquets et de fils de fer. Mais un amateur est passé par là et a enlevé après les avoir cisaillé tous les fils de fer posés. Cet acte stupide fait grand tort à la société naissante. En juin 1932, le Racing Club de Leers va dès la saison prochaine disputer les championnats de la ligue du Nord. Dans le but de se procurer quelques ressources, cette société sportive lance une souscription donnant doit au tirage d’une tombola. Le prix du billet est de un franc. Le premier prix est une bonne bicyclette exposée chez M. Delobelle place de l’église, comme plusieurs autres lots. Le tirage aura lieu le dimanche 31 juillet au café Delgranges rue de Néchin. Les billets de souscription donneront droit d’entrée au terrain de la briqueterie pour le match du prochain dimanche.

Le 23 juillet, le Racing-Club de Leers invite ses adhérents à venir signer les licences. On rappelle aux souscripteurs que la tombola aura lieu à l’issue de ce qui est probablement le premier match du Racing-Club de Leers. Un match d’entraînement a en effet été conclu entre l’équipe première du RC Leers et celle de l’équipe de l’Union Sportive Leersoise (Belgique).

Le Racing-Club de Leers en 1950 Photo NE

à suivre

à suivre

Sources : Journal de Roubaix

7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

document collection privée

Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

document collection privée

Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

documents collection privée

Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

document collection privée

Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

document collection privée

Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

document collection privée

Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales

Cimetière de Hem

Au XVIII ème siècle, le cimetière de Hem, comme la plupart des autres cimetières de l’époque, se trouve autour de l’église du village. C’est un lieu de passage et il n’est alors pas clôturé. Ce n’est qu’en 1821 qu’on l’entoure d’un mur. A la moitié du XIX ème siècle les morts sont toujours enterrés dans ce cimetière bordé de peupliers qui ne sont abattus que parce qu’ils empêchent le jour de pénétrer dans l’église.

Extrait du cadastre de 1824 (Document Historihem)
Tentative de reconstitution de la place d’Hem sur croquis (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Pierre tombale de Jean-Baptiste Bernard datant de 1864, sur le mur de l’église Saint Corneille (Document Historihem)

Pourtant en 1875, la Préfecture intervient pour faire respecter la législation et le cimetière doit être déplacé. Le conseil trouve alors un terrain d’1,59 hectares appartenant au bureau de bienfaisance et loué au sieur Dufermont, situé à proximité de la place et donc de l’église. Le transfert des tombes est réalisé par le sieur Leonard et le carré réservé aux protestants et aux suicidés est annexé au cimetière commun dans un chemin bordé de champs. Il s’agit d’un chemin rural, partant de l’estaminet du Tilleul, qui portera dès lors le nom de Chemin du Cimetière.

CPA du chemin du cimetière au début du 20ème siècle et de l’intérieur du cimetière (Document collection privée)
Vue aérienne du cimetière en 1933 (Document IGN)

Dès lors, à la fin du XIX ème siècle, le mur de l’ancien cimetière est abattu, afin d’agrandir la place et dégager l’église. Les travaux sont réalisés sous la direction de Ferdinand Deregnaucourt, architecte roubaisien. Est ensuite édifié sur la place le monument, dédié aux soldats morts pour la patrie depuis 1851, face au portail principal de l’église, sous la responsabilité de celui-ci. Quant au marbrier il s’agit d’Henri Wille, roubaisien lui aussi, installé 37 rue de l’Alma à Roubaix. En 1905, le monument est à son tour déplacé vers le nouveau cimetière.

Travaux réalisés pour agrandir la place d’Hem en 1892 (Document Historihem)
Maquette du monument (Document Archives Départementales du Nord)
Le monument aux morts installé sur la place en 1894 puis au cimetière en 1905 (Documents Historihem)
Souvenir de la bénédiction du monument (Document Hem mémoire en images)

Ce monument à l’origine est constitué d’un pilier commémoratif en forme d’obélisque sur lequel figure la liste des soldats morts pour la patrie. Après les deux guerres mondiales, le monument est agrandi et l’obélisque est surmonté d’une croix avec deux épées entrecroisées tandis que les piliers, sis des deux côtés des quatre marches y menant, sont décorés de casques militaires taillés dans la pierre. Le monument comporte dès lors sur différentes plaques les noms des soldats et victimes civiles morts durant les guerres de 1870-71, 1914-18 et 1939-45. De nombreuses tombes militaires dont celles de soldats britanniques sont rassemblées autour du nouveau monument aux morts.

Le monuments aux morts agrandi après les deux guerres mondiales (Document collection privée)
Une vue du cimetière avec le monument entouré de tombes militaires (Documents université de Lille)

En avril 1950, la municipalité de Hem décide de faire ériger un monument à la mémoire des morts déportés et internés de la Résistance de la commune à l’entrée du square de la mairie. La journée d’inauguration commence par une messe du souvenir célébrée par l’abbé Delecroix, à l’église Saint Corneille, avec allocution de l’abbé Deconinck ex déporté de Dachau. La fanfare Saint Corneille prête son concours à la cérémonie religieuse.

Puis un cortège part de la Place de la République par les rues du Docteur Coubronne puis du Général Leclerc pour gagner la mairie. Les habitants sont invités à assister en grand nombre à la cérémonie afin de témoigner leur sympathie et leur reconnaissance aux familles des dix hémois dont les noms sont gravés sur le monument.

Travaux préparatoires de terrassement (Document Nord-Eclair)

Le cortège qui défile comprend : les Cavaliers de la Marque, les Douaniers de la brigade de Hem, les gardiens de la paix, la Fanfare Saint-Corneille, les Drapeaux de toutes les sociétés de déportés et de résistants, l’association des déportés et résistants, l’Harmonie Municipale, le Conseil Municipal, les familles de déportés, les Anciens Combattants, la clique La Vaillante, les déportés du travail, réfractaires et maquisards, la clique La Gauloise ainsi que les amicales laïques et associations sportives…

A la mairie les participants se groupent autour du monument pavoisé aux couleurs françaises, belges, anglaises, américaines et russes. C’est le moment des discours, dont le premier prononcé par Jean Leplat, maire de la ville. Puis interviennent Jules Corman, pour la France Combattante, amicale des résistants de Hem, suivi de Louis Christiaens, député et ancien déporté de Buchenwald, et enfin le Docteur Guislain, conseiller municipal de Roubaix et fondateur du réseau de résistance Action 40 .

Le monument, le discours de Louis Christiaens et photo du Docteur Guislain dans les années 1950 (Documents Nord-Eclair)

C’est devant cette stèle que se déroulent par la suite les manifestations à la mémoire des hémois morts en déportation. Ainsi en 1967, en présence des anciens combattants, des membres de la résistance et des conseillers municipaux, le docteur Jean Leplat dépose une gerbe de fleurs devant le monument après un moment de recueillement.

Le dépôt de gerbe en 1967 (Document Nord-Eclair)

En 2016, le monument se situe encore dans le parking de l’Hôtel de Ville de Hem, surmonté d’un drapeau mais doit être déplacé au moment où commencent les travaux d’agrandissement et de modernisation de celui-ci. Il est alors déplacé au cimetière de Hem près du Jardin du Souvenir et du colombarium, où il se trouve encore aujourd’hui.

Le monument dans le parking de l’Hôtel de Ville en 2016 puis au cimetière en 2023 (Document Google Maps et photo IT))

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Janvier 1904

Journal des sports janvier 1904

Football. Le Racing Club Roubaisien a rencontré au stade Buffalo la formidable équipe anglaise Eastbourne Old Town Football Club. Les Anglais l’ont emporté par 4 buts à 2. La veille, les anglais avaient battu le Racing Club de France, champion de Paris par 5 buts à 0.

La fanfare cycliste du Nord Touriste doc BNRx

Cyclisme. La fanfare cycliste du Nord Touriste fera une répétition générale à son local, café Regnier Branquart, Grand Rue, mercredi soir.

Football. Le Stade Roubaisien tient sa réunion trimestrielle au Café Bellevue. Un match au Havre est programmé.

Course à pied. Une nouvelle société, l’étoile sportive de Roubaix-Wattrelos vient d’être créée dont le siège se trouve à l’estaminet du Pigeon Voyageur, rue du Petit Tournai à Wattrelos. But : pratiquer la course à pied et le football.

L’année sportive en 1903. Le Journal de Roubaix inaugure une nouvelle rubrique qui retrace l’année sportive écoulée. Le vélodrome roubaisien a bien tenu face à la concurrence des vélodromes parisiens. La liste des réunions est donnée ainsique celle des courses, entre autres Paris Roubaix, Roubaix Anvers. L’article signale l’existence presque chaque dimanche de courses organisées par des sociétés locales ou des cabaretiers avisés. Pour le football, les sociétés roubaisiennes citées sont le stade roubaisien et le racing club roubaisien qui dispute victorieusement le titre de champion de france à Paris contre le Racing Club de France. La course à pied est également citée : le brevet des 30 kms dont l’arrivée se juge au vélodrome roubaisien, les championnats du Nord à Tourcoing, les journées du Racing Club Roubaisien. Des records tombent : Scrépel du RCR record de France de lancement du poids. Le cross country voit la victoire d’Honorez du RCR pour le championnat du Nord, puis c’est le Challenge International du RCR remporté cette année par le parisien Ragueneau. Les marcheurs sont à l’honneur avec les championnats du Nord sur la piste du RCR et le tour de Roubaix pédestre. Le Tennis se pratique au tennis club de Roubaix, et le challenge des tennis club du Nord est remporté par les roubaisiens Dubar et Motte. L’article évoque encore l’aviron, la natation, le water polo, l’hippisme, la boxe, l’escrime, l’athlétisme, la lutte, les poids et haltères. Cette rapide revue, conclut le journaliste, nous montre une jeunesse bien portante qui, loin du cabaret enfumé, améliore ses facultés corporelles.

Classement football en janvier 1904 JdeRx

Football. Championnats du Nord, résultats du 19 janvier. En première série, RCR 1 bat OL 1 par 5 buts à 2, SCT bat IIN par 2 buts à 0.

Hockey. Le Racing Club de France recevait le Racing Club Roubaisien et l’a battu par 5 buts à 0. Le match retour est prévu à Roubaix le 31 janvier.

Tir. Le Tir National de Roubaix a organisé en 1903 deux épreuves : en avriol mai un grand concours national et international doté de 4000 francs de prix et en octobre un concours offert aux membres honoraires et actifs.

Escrime. Contre de sixte de Roubaix. Réunion chez M. Evens 109 rue d’Inkermann, préparation de l’inauguration du nouveau local. Académie d’armes de Roubaix est l’intitulé d’une nouvelle société d’escrime en formation au Café Bruno Dejonghe 1 rue du Grand Chemin à Roubaix, le directeur en sera l’excellent professeur Victor Fort qui enseignera l’épée de combat et le fleuret.

Cross Country. Le Stade Roubaisien, le Club des Sports, l’Iris Olympic Roubaisien et l’Union Sportive Tourquennoise appellent leurs adhérents à l’entraînement en vue des futures épreuves.

Hockey. En préparation du match retour contre le RCF, le RCR a matché l’Iris Stade Lillois et l’a battu par quatre buts à un après une rencontre aussi animée que courtoise.

Football. En déplacement au Havre, le RCR a battu l’équipe locale par cinq buts à trois. Cette victoire est de bon augure pour le titre de champion de France.

Maurice Léturgie doc le site du cyclisme

Cyclisme. Union vélocipédique Roubaisienne, tel est le nom d’une nouvelle société cycliste, dont la commission est composée entre autres par Constant Niedergang, Maurice Léturgie. Le local se situe au n°6 de la rue de l’alouette, au repos des cyclistes. On peut s’y inscrire.

Pompiers de Roubaix (Suite 2)

Entretemps, en 1907 et 1908, l’ancienne mairie, l’ancienne bourse et le premier hôtel des pompiers sont voués à la démolition, en vue de la future construction du nouvel Hôtel de Ville. En attendant leur installation dans la nouvelle caserne en construction sur le boulevard Gambetta (à l’emplacement actuel de la Caisse d’Allocations Familiales), le corps des sapeurs pompiers de Roubaix trouve un refuge provisoire au 99 du boulevard (qui se situe à l’époque entre la place de la Liberté et la rue du Bassin).

A cet effet, un bail de 4 ans est signé en 1906 entre la ville de Roubaix et Mme Lorthiois-Galpin, propriétaire de l’immeuble. L’état des lieux fait état d’un magasin, d’une écurie pour 6 chevaux, d’un séchoir pour tuyaux d’incendie, d’un poste de pompiers avec un tableau pour appareils téléphoniques et d’une porte cochère sur la façade donnant sur la rue. Au 1er étage trois chambres donnant sur la rue permettent de caserner quelques pompiers, les autres pompiers casernés recevant une indemnité pour se procurer un logement dans un rayon de 500 mètres de la caserne provisoire.

Les chevaux dans la caserne provisoire (Document collection privée)
La nouvelle caserne en construction et la première auto-pompe (Documents Journal de Roubaix et Nord-Eclair)
Le nord en avance sur l’Amérique ( Document Grand Hebdomadaire Illustré)

C’est en 1910 que la nouvelle caserne, construite au n° 128 du Boulevard Gambetta, à l’angle de la rue Pierre de Roubaix est inaugurée, le 26 novembre (Sur le sujet voir également un article précédemment paru sur notre site et intitulé l’Hôtel des Pompiers). Elle est dotée de sa première auto-pompe : une Delahaye-Farcot aux cuivres rutilants qui refoule 72.000 litres à l’heure et peut lancer de l’eau à 60 mètres de hauteur. Hormis ce véhicule à essence, la traction hippomobile reste le moyen de déplacement habituel des pompiers en cette 1ère moitié de vingtième siècle.

Nouvel Hôtel des Pompiers (Documents collection privée)
La grande échelle en traction hippomobile à la même époque (Documents Nord-Eclair)
Auto-pompe à essence et grande échelle pivotante (Documents collection privée)

Le rez-de-chaussée comprend une vaste salle avec les services de départ attelé où la pompe automobile a sa place, en communication directe avec la rue par 4 grandes portes cochères. Les box des chevaux se trouvent derrière. Le bureau des officiers, celui de l’adjudant et la salle du télégraphe et le corps de garde donnent sur la rue Pierre de Roubaix. Les premier et second étages servent de logements aux sapeurs casernés. Depuis les étages les hommes accèdent vivement à la salle du matériel en se laissant glisser le long des perches verticales installées à cet effet.

La salle du rez-de-chaussée où est remisé le matériel (Document Journal de Roubaix)

Les pompiers casernés passent alors de 6 à 14 : les 6, considérés comme exerçant une profession spéciale comme mécanicien, téléphoniste, conducteur… sont logés à la caserne avec leur famille ; les 8 autres sont casernés mais leur famille quant à elle n’habite pas la caserne. En plus des pompiers casernés, chaque nuit un cocher auxiliaire est de service et 2 départs sont constamment prêts à partir : 6 chevaux sont tout harnachés et la pompe automobile prend place dans le dépôt des pompes.

Après la première guerre mondiale, une deuxième auto-pompe est acquise ainsi qu’un camion automobile doté de deux grosses lances et de quatre petites. La grande échelle est désormais tractée par l’auto-pompe : l’ère du cheval est terminée. 15 ans plus tard le matériel ne change guère : 3 auto-pompes dont l’une porte la grande échelle, 2 moto-pompes et une camionnette. A noter, dans les années 1920, le dramatique incendie aux Ets Demarcq frères, Quai du Sartel, au cours duquel Marie Buisine trouve la mort (Sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé : une héroïque ouvrière).

Le centre de secours contre l’incendie à l’Exposition de 1939 à Roubaix (Document collection privée)

En 1939, durant l’exposition du Progrès Social, le matériel de secours contre l’incendie est exposé à Roubaix. Durant la seconde guerre les seuls nouveaux véhicules sont : un camion pour le matériel, une dépanneuse, une ambulance et une fourgonnette pour feu de cheminée. En 1950, la caserne est dotée d’un nouveau fourgon permettant un combat plus efficace contre les incendies.

Totalité du matériel rassemblé sur le terre-plein du boulevard Gambetta à la fin de la guerre et la grande échelle en 1946 (Documents Nord-Eclair, BNR et archives municipales)
La caserne du boulevard Gambetta et le nouveau fourgon acquis en 1950 (Documents collection privée et la Voix du Nord)

Dans les années 1960, le matériel est complétement renouvelé, la technique étant en pleine mutation, en vue de permettre une protection optimale contre les fléaux de l’an 2000 ! La moitié des pompiers connait alors à peine l’autre moitié car chaque homme travaille 24 heures sur 48. Une équipe de garde d’une quarantaine d’hommes entre en fonction à 8h du matin et se voit remplacer le lendemain à la même heure par l’autre équipe.

La prise de garde commence par la liste des « piquets » fournie par l’adjudant : chacun apprend alors la fonction qui lui est attribuée pour la journée : entretien du matériel, exercice physique (avec terrain de basket dans la cour), enseignement théorique, mémorisation des plans des communes entrant dans leur champ d’action et manœuvres diverses se succèdent entre les alertes. Deux ambulances comportant un système de réanimation respiratoire peuvent emmener un médecin pour pratiquer les soins d’urgence.

La cour de l’hôtel des pompiers vue du ciel en 1965 avec l’aménagement du terrain de basket (Document IGN)
Ensemble des véhicules dont dispose la caserne roubaisienne et une sortie de véhicules par les portes cochères (Documents Nord-Eclair et collection privée)
Entraînement des pompiers (Document Nord-Eclair)

Pour faire face aux feux d’usine les équipes reçoivent une formation adaptée : les nouvelles fibres manufacturées dans le textile produisent des gaz toxiques en brûlant ; d’autres établissements, dans la métallurgie, emploient dorénavant des matériaux radioactifs et les pompiers sont donc équipés de combinaisons étanches, de masques de protection et de capteurs Geiger. Enfin une douzaine d’hommes grenouilles sont formés à la recherche des noyés et au sauvetage des occupants des véhicules tombés à l’eau.

Ambulances équipées, équipement contre les vapeurs toxiques, équipement contre la radioactivité et lutte contre un incendie dans une usine de pneumatiques (Document Nord-Eclair)

Le corps de pompiers se monte à 96 professionnels en 1968, ce qui permet à quarante sapeurs-pompiers de veiller à la sécurité de la ville 24h/24. Mais les interventions de la compagnie s’effectuent aussi sur 15 autres communes du secteur. A compter de cette même année tous les corps de pompiers sont placés sous l’unique commandement du chef de corps de Lille.

Trois ans plus tard, les pompiers de Roubaix font grève et manifestent, sous le regard bienveillant des habitants, pour réclamer une augmentation de salaire conséquente, celui-ci ne s’ajustant pas à la multiplication du nombres de sorties annuelles effectuées pour tous types d’intervention : incendies mais aussi accidents de la circulation, transport des blessés et des malades, destruction de nids de guêpes mais aussi fausses alertes de plaisantins…

La réorganisation des services doit aboutir, à court terme, à la création de 16 ou 17 centres uniquement composés de pompiers professionnels et c’est à Roubaix que va être installé l’un des centres les plus importants de la métropole. La caserne installée boulevard Gambetta est donc condamnée.

Manifestation des pompiers de Roubaix en 1971 (Document Nord-Eclair)
La caserne en 1982 côté Pierre de Roubaix (Document archives municipales)
Les véhicules devant la caserne dans les années 1980 (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.