Avant la bibliothèque du centre

En 1974, la bibliothèque de Wattrelos fit l’objet d’un projet non réalisé. Puis on appropria un bâtiment existant qui datait des années trente et qui avait une double fonction : c’était un bureau de postes et un établissement de bains douches.

Le projet de 1974 doc NE

C’est dans la même séance du conseil municipal du 24 avril 1932 que la question de la construction d’un nouvel hôtel des postes et celle d’un établissement de bains douches sont abordées. Pour les bains douches, on va traiter avec le Crédit foncier de France pour la réalisation de l’emprunt de 584.000 francs pour la construction et l’acquisition de terrain.

Pour l’hôtel des postes, les discussions sont engagées depuis décembre 1926 avec l’administration des Postes. Le Conseil Municipal a demandé l’édification par la Ville et la location à l’État d’un nouvel hôtel des postes. Cet édifice sera implanté sur une partie de terrain située face au jardin public et acquis aux Hospices de Wattrelos. M. Poubel architecte DPLG a dressé le projet conformément aux indications du service interessé. Le devis a été revu à la baisse et le montant du projet sera de 840.000 francs. L’emprunt est voté au taux de 5,05 % remboursable en trente années à partir de 1932 au moyen de 10 centimes additionnels.

Il se trouve que les deux établissements seront adossés et feront ainsi une façade commune au jardin public. C’était bien avant que l’on construise sur le sol du même jardin le CSE et la salle Salengro.

La poste en travaux en 1932 JdeRx

En mars 1932, les travaux de construction du nouvel Hôtel des Postes sont très avancés. Le gros œuvre est en effet terminé. Le bâtiment a été recouvert et l’on peut déjà juger de son aspect. L’on est occupé actuellement aux travaux d’intérieur et l’on croit que d’ici quatre ou cinq mois l’édifice sera terminé. Le nouvel et élégant hôtel des postes va ouvrir ses portes à partir du dimanche 16 octobre. Les Wattrelosiens sont informés que désormais à partir de ce jour ils ne devront plus mettre leurs lettres dans la boite de l’ancien immeuble rue de la Poste, mais bien dans celle du nouvel établissement.

La translation des services de Postes dans leur nouvel hôtel entraîne un nouvel usage pour l’ancien bâtiment. Des nouvelles fenêtres sont installées et l’intérieur des pièces approprié et transformé. L’école des filles regorgeant d’élèves, l’ancien bureau de postes sera transformé en une sixième classe. Une partie du bâtiment sera occupée par les appartements de la directrice. Une salle de réunion sera installée au premier étage. La fin des travaux est prévue pour février mars 1933.

Les bains douches en 1932 JdeRx

Concernant l’établissement des bains douches, on apprend en septembre 1932 que les travaux sont sur le point d’être terminés. Des essais préliminaires seront effectués afin de se rendre compte de la bonne marche de l’installation. On annonce l’ouverture au public pour le 26 novembre. Avant cela, la municipalité a décidé d’ouvrir les portes au public le dimanche 20 novembre de 9 heures à midi et de 14 heures à 17 heures. Les wattrelosiens pourront ainsi visiter ce superbe local conçu selon les règles les plus modernes du confort et de l’hygiène, et qui ne comprend pas moins de 32 cabines de douches et 20 cabines avec baignoire, sans compter le vaste sous sol et sa chaufferie. Le journal de Janvier rappelle au public les heures d’ouverture : le jeudi de 14 h à 19 h, le vendredi de 8 h à 12 h et de 14 h à 19 h, le samedi 8 h à 12 h et de 14 h à 20 h et le dimanche de 7 h à 12 h. Il n’est plus délivré de tickets une demi-heure avant la fermeture.

Le bureau de postes et les bains douches doc Coll Particulière

Aujourd’hui, plus de courrier ni d’ablutions dans ces locaux, c’est dans la culture que se baignent les wattrelosiens à cet endroit, dans une magnifique bibliothèque.

La bibliothèque aujourd’hui doc Google Maps

Les Amis de Leers

Il s’agit d’un syndicat d’initiative. Oui vous avez bien lu, Les Amis de Leers sont un syndicat d’initiative, créé en 1929, qui fête sa première année d’existence avec une réunion intime dans la salle Fiévet-Dumortier. Pour citer le journaliste, débuts actifs qui font prévoir un avenir plein de promesses. En quelques mots très aimables, le Président remercie ses collaborateurs de leur dévouement qui a permis de faire aboutir les premiers points d’un programme qui apportera à la commune de Leers les plus grands bienfaits. Après le trésorier qui présente le compte rendu financier, le secrétaire général prend la parole pour un rapport documenté, rappelant les diverses démarches effectuées et les résultats obtenus, puis il aborde les points du programme qui reste à accomplir.

La société fait appel aux personnes qui ont pu apprécier l’œuvre déjà accomplie et elle leur demande de s’intéresser à son action et à défaut d’bun appoint financier, de lui prêter au moins leur appui moral. Les Amis de Leers ne marchanderont jamais leur dévouement. Chaque fois qu’un renseignement ou un service leur sera demandé, sans distinction de personnes, d’opinions ou d’idées, ils feront l’impossible pour donner satisfaction aux intéressés.

Voici quelques extraits de leurs statuts. Notre principal but est de servir les intérêts de la population dans les éléments d’hygiène, de sécurité, de confort. De s’occuper de toutes questions ayant trait à l’embellissement de la commune ou au développement de son commerce. De coordonner les efforts des sociétés diverses et de soutenir leur activité tout en leur laissant leur autonomie. D’organiser éventuellement des expositions et concours, d’encourager la célébration des fêtes nationales et locales. Cette énumération n’est pas limitative et l’action de la société peut s’étendre à toutes les questions d’intérêt général qu’elle juge utile de traiter.

Le siège de la société est fixé en la salle Fiévet-Dumortier, place de Leers. La société se compose d’une commission administrative, de membres actifs ayant droit de vote aux assemblées générales, de membres adhérents et honoraires ne prenant pas part aux délibérations de la société. La commission administrative comprend un Président, M. André Fauchard, deux vice-présidents MM. Émile Desplanques et Gilbert Mullier, un secrétaire général M. Maurice Delavallée, un secrétaire adjoint M. Émile Delebecque, un trésorier général M. Louis Salembier, un trésorier adjoint M. Charles Desplanques et huit commissaires au maximum.

Pour devenir membre actif, il faut être Français, jouir de ses droits civils et politiques et se faire présenter par deux membres actifs à la commission qui accepte ou refuse. La caisse de la société est alimentée par les dons et legs de toute nature, les subventions éventuelles des communes ou du département, et les cotisations des membres qui sont fixées comme suit : membres actifs 10 frs par an, membres adhérents 5 frs par an, ou honoraires 25 frs par an, membres bienfaiteurs 50 frs par an, membres du Comité d’Honneur 100 frs par an et plus. Les diverses ressources serviront à couvrir les frais généraux de la société. Dans la limite des disponibilités de la caisse, la commission peut allouer des secours ou subventions aux œuvres de bienfaisance, aux personnes nécessiteuses et aux sociétés diverses. En cas de dissolution de la société, le reliquat de la caisse sera versé au bureau de bienfaisance.

La poste de Leers en 1933 doc jderx

Sur quelles questions les Amis de Leers sont-ils intervenus ? À propos de la création du bureau de facteur receveur, les Amis de Leers ont exprimé la crainte que le choix du terrain ne froisse les sentiments religieux de nombreux habitants (juste en face de l’église) et retarde encore pendant de longs mois la mise en service du bureau et l’obtention d’une recette de plein exercice. Au cours de l’année, des requêtes ont été adressées à la Compagnie des tramways en vue d’obtenir sur les lignes Lille Leers et Leers Roubaix des plates formes munies de portières. Satisfaction leur sera donnée au cours de l’hiver prochain. Les Amis de Leers se sont fait également les interprètes des habitants des quartiers éloignés en réclamant pour eux l’éclairage électrique aux mêmes conditions que les populations du centre. La question est en voie de réalisation.

Qui sont donc les membres du comité ? Nous avons retrouvé Maurice Delavallée qui était agent en douanes au Grimonpont et Louis Salembier qui était négociant en charbons. Qui saura nous renseigner sur les autres noms ? (André Fauchard, Émile Desplanques, Gilbert Mullier, Émile Delebecque, Charles Desplanques)

Cimetière de Hem (suite)

En 1955, éclate à Hem ce qu’on appellera l’Affaire de Beaumont : alors que la construction du groupe scolaire de Beaumont est en projet depuis un an, il est reporté par un arrêté préfectoral qui déclare d’intérêt public l’acquisition d’un terrain de 60 hectares et, dans la foulée, le député maire de Roubaix, Victor Provo, saisit la ville de Hem du projet de création d’un cimetière dans le style de « Los Angeles » dans la plaine de Beaumont.

Le plan qui accompagne ce projet ne tient compte, ni des quelques 1000 logements ni de l’église Saint Paul, ouverte au culte en juin 1954, ni du château et de la cense de Beaumont qui y sont déjà construits, ni des projets d’accession à la propriété déjà planifiés.

Plan de la plaine de Beaumont avec ses constructions et plan du projet de cimetière (Documents Historihem)
L’affaire de Beaumont (dossier du syndicat d’initiative Les Amis de Hem créé en 1953) (Document Historihem)

En justification de ce projet, il est fait état de l’insuffisance du cimetière roubaisien actuel, et de l’impossibilité de trouver, dans les limites de la ville de Roubaix, un terrain assez vaste pour créer ledit cimetière. Le cimetière actuel roubaisien d’une superficie totale de 15 hectares, situé entre le canal et des bâtiments industriels, serait alors abandonné…

Il s’agirait donc de la création, sur le territoire de la ville de Hem, d’une vaste nécropole destinée à la ville de Roubaix, et donc d’une annexion pure et simple d’une partie de la ville de Hem, laquelle fait écho au projet d’annexion de 200 ha du territoire hémois, dont la plaine de Beaumont, déjà projetée en 1944 par l’administration municipale de Roubaix, pour y reloger des roubaisiens suite à la destruction programmée de 13.000 logements insalubres.

Titre du journal Nord-Eclair en mai 1955 (Document Nord-Eclair)

En mai 1955, en effet, le conseil municipal de Roubaix constate que de plus en plus les familles achètent des concessions et qu’à ce rythme, d’ici 3 ans, la réserve temporaire des terrains encore disponibles sera épuisé. Deux solutions sont donc envisagées : le maintien de l’ancien cimetière et la création d’une nouvelle nécropole ou la désaffectation du cimetière actuel et sa translation dans un endroit plus vaste.

C’est la 2ème solution qui est adoptée et le choix se porte sur la plaine de Beaumont située sur les territoires des communes de Hem et de Croix. Ce terrain d’une superficie de 60 hectares serait scindée en trois parties, ce qui permettrait d’en faire un cimetière intercommunal : 45 ha pour Roubaix, 10 ha pour Croix et 5ha pour Hem. La presse locale annonce le projet pour acquis.

Photo aérienne du cimetière de Lannoy dans les années 1950-1960 et plan IGN correspondant actuel (Documents IGN)

L’administration municipale de Hem, considérant la vocation résidentielle de la plaine de Beaumont, s’oppose fermement à ce projet et suggère qu’éventuellement, si un cimetière annexe s’avère réellement indispensable, elle pourrait en envisager l’implantation dans la zone rurale de son territoire, à côté du cimetière de Lannoy, situé lui aussi en territoire hémois. Cette suggestion est aussitôt rejetée par l’administration municipale roubaisienne.

Aucun accord n’étant trouvé, le projet est alors classé pendant trois ans et exhumé en 1958, quand le préfet du Nord prend un arrêté décidant la mise à l’enquête du dossier de la ville de Roubaix, concernant un cimetière intercommunal Roubaix-Hem-Croix. Entretemps le projet de lotissement du groupe de Beaumont II a été approuvé en 1956 et l’autorisation d’acquérir le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire a été accordée et celle-ci a été entreprise en fin d’année 1957.

A vous de juger (des amis de Hem) (document Historihem)

Le conseil municipal de Hem est donc plus que jamais opposé au projet de cimetière, pour des raisons évidentes de salubrité publique. La ville d’Hem, en la personne de Jean Leplat, son maire, rejette donc catégoriquement la conception d’un cimetière intercommunal Roubaix-Hem, car dans l’arrêté préfectoral de 1956 concernant le lotissement il est stipulé que le drainage dudit lotissement devra être exécuté de façon à faciliter l’évacuation des eaux du Cimetière intercommunal de Roubaix -Hem.

Or ces eaux seraient contaminées par des matières organiques en putréfaction et acheminées dans les réseaux d’égout des lotissements de Beaumont II, Beaumont I puis dans le collecteur de Carpeaux. Les Amis de Hem éditent quant à eux un tract destiné à aviser les habitants du quartier du danger qui les menace avec le nouveau projet de cimetière de 36 hectares comprenant ce qui reste de la plaine de Beaumont et une partie du plateau de la Tribonnerie.

Tract des Amis de Hem (Document Historihem)

Le préfet du Nord réagit à ce tract en précisant qu’il y a peu de chances que l’eau de la nappe soit en contact avec les corps mais qu’il est toujours possible de procéder à l’épuration des eaux de drainage du cimetière avant de les rejeter à l’égout. Il ajoute que par ailleurs la situation du cimetière projeté et des zones habitées n’est pas différente de celles de toutes les nécropoles de l’agglomération.

Le conseil municipal réaffirme son opposition au projet, considérant notamment que l’épuration des eaux de drainage du cimetière nécessiterait l’édification d’une usine d’épuration en pleine zone résidentielle et à proximité des lotissements de Beaumont et de la Citadelle. Le préfet confirme en réponse qu’une fois le projet au point, il le soumettra bien entendu au Conseil Départemental d’Hygiène.

Photos de Jean Leplat, maire de Hem, et Victor Provo, maire de Roubaix (Document Historihem et Wikipedia)

Jena Leplat, maire de Hem mais aussi médecin, s’étant battu contre le projet en tant que président d’honneur fondateur du syndicat d’initiative « les Amis d’Hem », cite en conclusion un extrait du rapport établi en 1945 par Guy Lapchin, alors urbaniste d’Hem et 10 ans plus tard architecte en chef du CIL de Roubaix-Tourcoing, comme argumentaire sur le plan humain.

Extrait du rapport de Guy Lapchin (Document Historihem)

Quelles qu’en soient les raisons le projet du cimetière de Beaumont est finalement abandonné et Jean Leplat, maire de Hem de 1947 à 1977, peut se targuer d’avoir su tenir tête à Victor Provo, maire de Roubaix de 1942 à 1977, ainsi que le montre avec humour la bande dessinée « Au temps d’Hem ».

J’ai fait peur à Victor (Document BD Au temps d’Hem)

Le seul cimetière de Hem reste donc celui qui se situe dans la rue du Cimetière, ancien chemin du même nom qui relie la rue du Docteur Coubronne à la rue de la Vallée. Ce cimetière connait alors un premier agrandissement, sur la droite par rapport à l’entrée qui se situait au centre, comme le démontre la photo aérienne de 1962 par rapport à celle de 1947. Le cimetière est alors pour vu d’une deuxième entrée sur la droite. Quant au cimetière de Lannoy, sur le territoire de Hem au bout de la rue des Trois Villes, il est ensuite intégré à la ville de Lys-lez-Lannoy dans la rue des Meuniers.

Photos aériennes du cimetière de Hem en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis en 1977, le cimetière s’agrandit à nouveau, cette fois sur la gauche, avec la construction d’une chambre funéraire et l’aménagement d’un parking avec une nouvelle entrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et en 1991, un colombarium, lieu fleuri et verdoyant disposant d’un jardin du souvenir, pour accueillir les cendres des défunts, est inauguré en même temps que le nouveau local technique destiné au personnel du cimetière.

Inauguration du colombarium en 1991 (Documents Nord-Eclair)
Photos aériennes de 1989 avec le bâtiment et le parking aménagé et de 2004 avec le colombarium (Documents IGN)

En 2004, à l’occasion de la commémoration du 06 juin 1944, la rue du Cimetière est transformée en rue du 06 juin 1944. Un cortège prend le départ de l’hôtel de ville jusqu’à l’ancienne rue du Cimetière et l’inauguration de la nouvelle rue a lieu, suivie du dévoilement des plaques par le député maire Francis Vercamer, en présence des élus, des représentants des associations patriotiques et de riverains.

Dans son discours le maire rappelle le sens de cette démarche et le choix de célébrer ce 60ème anniversaire en baptisant ainsi une rue historique dans laquelle se trouvent les marques du souvenir. Cette rue a en effet été marquée par les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale, des soldats anglais y ayant à l’époque trouvé refuge chez Anna Reversez, dont cet acte de résistance lui coûta la vie en déportation à Dachau et dont les descendants sont présents pour cette journée d’hommage.

Dévoilement de la plaque de la nouvelle rue sur l’ancien café de la Paix lieu de rendez-vous avec le fossoyeur à la fin du 19ème siècle (Documents Historihem Nord-Eclair)

Dans les années 2020, le cimetière s’est encore étendu sur la droite jusqu’à l’avenue d’Aljustrel. L’ancien cimetière entouré de champs fait maintenant face au Jardin des Perspectives et a donc conservé son cadre paisible, même si les arbres qui ont longtemps bordé la rue ont aujourd’hui disparu. Il dispose toujours de l’ancienne entrée principale, de l’entrée plus à droite et de la nouvelle entrée donnant sur le parking.

Photo aérienne de 2023 et les 3 entrées sur la rue du 06 Juin 1944 de gauche à droite (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Pompiers de Roubaix (Suite 3)

En 1978, les pompiers doivent intervenir à 4 reprises pour des incendies dans l’ancienne usine désaffectée qui se dresse encore sur le futur emplacement de leur nouveau centre secours. Le bâtiment étant ouvert à tous vents, chaque nouveau foyer d’incendie, volontaire ou non, trouve un aliment de choix dans les décombres ou les vieilles boiseries. A chaque fois les flammes gagnent la toiture rapidement mais le feu se laisse éteindre sans résistance.

Dès 1981, le terrain de 12.000 mètres carrés situé boulevard de Mulhouse est prêt à accueillir le nouveau centre de secours. Les bâtiments de l’ancienne teinturerie SATTI (Société Anonyme Textile Teinture et Impression) Guaydet devenue ensuite Jean-Lagrange sont détruits depuis plusieurs mois mais rien ne bouge.

Papier à en-tête et plan de situation de la SATI en 1964 (Documents archives municipales)
L’intervention sur l’usine désaffectée en 1978 et le terrain dégagé du futur centre de secours bd de Mulhouse en 1981 puis le gros-oeuvre terminé en septembre 1983 (Documents Nord-Eclair)

Le projet, très onéreux, doit être réparti sur 3 exercices financiers. Les travaux de terrassement et les fondations devraient donc bientôt commencer mais la construction ne devrait pas être terminée avant 1984. Finalement en 1983, le gros œuvre de la nouvelle caserne est pratiquement terminé et la presse locale titre : A la nouvelle caserne des pompiers, l’ordinateur aux côtés des lances en 1984.

Le corps de bâtiment en arc de cercle, percé d’un autre immeuble, a pris sa forme définitive et on attaque désormais la phase d’aménagement intérieur. Le bâtiment cubique renferme, au rez-de-chaussée le poste de commandement puis le garage avec les portes de travée et les chambres des sapeurs-pompiers. Trois capteurs solaires sur le toit et trois pompes à chaleur contribuent au chauffage de l’immeuble.

Plan de masse et plan du rez-de-chaussée du nouveau Centre de Secours (Documents archives municipales)

Le bataillon Nord y sera hébergé aux côtés du centre de secours de Roubaix et les fichiers répartis entre les différents centres de secours y seront centralisés en un seul programme informatique. De même le standard va absorber toutes les lignes 18 qui jusqu’alors aboutissent dans les différents centres détachés du bataillon Nord. 26 communes rattachées à divers centres passeront ainsi sous son contrôle informatique.

Façade de la nouvelle caserne, poste de commandement en cours d’installation, informaticiens occupés à réaliser les programmes en juillet 1984 (Documents Nord-Eclair)

L’ordinateur à Roubaix ne sera pas utilisé en priorité à des fins administratives mais dans une perspective opérationnelle. Au poste de contrôle de la zone, au rez-de-chaussée du bâtiment cubique par laquelle on accède à la nouvelle caserne, huit terminaux : 3 d’entre eux traitent les appels téléphoniques reçus grâce à un standard relié à un autocommutateur électronique, un autre détermine les moyens à mettre en œuvre, les 4 derniers étant affectés à la gestion des matériels.

Photos de la nouvelle caserne en 1984 (Documents archives municipales)

Le tout nouveau centre de secours est inauguré le 1er octobre 1984 en présence de Mrs Notebart et Diligent, du Colonel Gilardo, directeur départemental de la sécurité civile, du colonel Bronchart, chef de corps, des lieutenants colonels Forzano et Delemme, du capitaine Deloof commandant du centre de secours de Roubaix, de Mr Prouvost, député du Nord, Mrs Delefosse et Doscot, vice-présidents de la Communauté Urbaine, du médecin colonel Poulain et de Mr Perrin, secrétaire général de la Communauté Urbaine.

Les personnalités autour des véhicules, Mr Notebart passant les sapeurs-pompiers en revue, le poste de commandement informatisé (Documents Nord-Eclair)

L’inauguration s’accompagne d’une journée portes ouvertes à l’attention de la population de l’agglomération roubaisienne. La visite des locaux se termine par une exposition composée de 14 stands : comité pharmaceutique régional d’éducation sanitaire et sociale, Haas Elite (extincteurs, etc…), l’amicale des donneurs de sang bénévoles de Roubaix, la société de mycologie du Nord, l’amicale des sapeurs-pompiers de Roubaix, le syndicat des pharmaciens, EDF, la CRAM, la prévention routière, le SMUR de Roubaix, l’association départementale de la protection civile, la Croix-Rouge française et les 5 gestes qui sauvent. Est également annoncée la venue d’un hélicoptère de la protection civile.

Photo de la maquette du nouveau centre de secours et de l’inauguration ainsi que des pompiers posant dans la cour autour d’un véhicule (Documents archives municipales)
Les pompiers en 1985 dans leurs nouveaux locaux (Documents Nord-Eclair)

En 1985, les roubaisiens assistent à la démolition de l’ancienne caserne, côté Gambetta, à l’explosif, d’abord, avec 1,8 kg de dynamite soit une centaine de charges explosives placées au pied des piliers, et la moitié de la caserne est à terre, déblayée de suite par les pelleteuses. Puis c’est le côté Pierre de Roubaix qui est attaqué au « Punching-Ball », balancé sans ménagement dans les murs depuis un câble attaché à une grue, et le clocheton rend l’âme à son tour. La pierre signant la construction sur laquelle est lisible l’inscription : L.Barbotin, architecte, 1912, est récupérée par les sapeurs-pompiers roubaisiens pour être transportée à la nouvelle caserne du bd de Mulhouse afin d’enrichir le musée des sapeurs-pompiers de Roubaix.

La fin de la légendaire caserne Gambetta a ainsi lieu quelques jours seulement avant la pose de la première pierre de la future Caisse d’Allocations Familiales, qui va disposer de magnifiques bureaux pour remplacer ceux qu’elle occupe actuellement Grande Rue. Un trimestre plus tard la filature Motte-Porisse de la rue Jean Moulin prend feu (sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé Motte-Porisse en feu).

La démolition de la caserne en 1985, côté Gambetta (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord))
La démolition de la caserne en 1985 (Documents Patrick Vanhove)
La démolition côté Pierre de Roubaix et la récupération de la pierre (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

Cinq ans plus tard les sapeurs-pompiers du nouveau centre de secours battent tous les records de la métropole avec 7760 interventions au cours de l’année, nombre impressionnant mais assez naturel puisque la population gérée se monte au total à 220.000 habitants.

La 8ème compagnie, la plus importante de la CUDL, y fait face avec un solide effectif de 108 hommes, sous les ordres du capitaine Barthod. Elle vient de se doter d’un nouveau fourgon-compresseur, unique dans toute la CUDL: camion permettant la recharge immédiate des bouteilles d’air pour appareils respiratoires, utilisés par les pompiers dans les locaux enfumés par exemple.

Le capitaine Barthod et le lieutenant Desormeaux devant le fourgon-compresseur flambant neuf en 1990 (Document Nord-Eclair)

En 1994, pour les 10 ans d’ouverture du nouveau centre de secours, une grande journée portes ouvertes est à nouveau organisée avec un festival de démonstrations plus impressionnantes les unes que les autres : voitures en feu, grande tour d’exercice, départs en hélicoptère, grande échelle hissée…

Un monde fou pour voir la grande échelle se déployer, exercice de descente en rappel vertigineuse, démonstration d’intervention en cas d’accident de voiture (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui le 34 bd de Mulhouse accueille toujours le centre de secours qui va fêter ses 40 ans d’existence l’an prochain. Il se nomme maintenant SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours. Si l’organisation, le lieu d’hébergement, le matériel et les hommes ont changé depuis la fondation du 1er corps de pompiers de Roubaix la devise des soldats du feu : « sauver ou périr » a traversé les siècles.

Véhicule actuel, le centre de secours vu du bd de Mulhouse et vu du ciel (Documents Facebook des pompiers de Roubaix et google Maps)

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Le RCR ferme trois jours

Au moment où le sport, et particulièrement le football, s’oriente vers le professionnalisme, c’est bien à cause d’un problème financier que le Racing Club de Roubaix réagit en janvier 1933.

Réuni en session extraordinaire le 6 janvier 1933, le comité du Racing-Club de Roubaix décide de suspendre ses activités entre le 8 janvier 1933 à minuit et le 11 janvier 1933 à minuit, soit pendant trois jours. Les portes du Parc Jean Dubrulle resteront donc fermées entre les dates fixées et les membres du club n’y auront pas accès. Les cours de préparation militaire, les cours d’éducation physique, les entraînements de football et de basket-ball seront suspendus pendant cette période. Et afin que nul n’en ignore, copie conforme de cette décision est adressée à MM. Les ministres de la Guerre et des finances, le Sous secrétaire d’état à l’Éducation Physique, diverses autorités militaires, les Présidents des fédérations sportives, le contrôleur des contributions à Roubaix, les Présidents des différentes sections sportives du RCR, MM les rédacteurs en chef des journaux régionaux. Et c’est signé par le Président Raphaël Porisse et le secrétaire G. Desremmieux.

Les portes du stade fermées JdeRx

Qu’est ce qui motive une telle décision ? L’administration des contributions directes vient d’adresser au RCR un avertissement d’avoir à payer une somme de 22.320 francs pour taxe sur les cercles, sociétés et lieux de réunion pour l’année 1932. Le comité du RCR estime que l’administration des contributions directes semble avoir appliqué cette taxe en considérant à tort que le RCR tient des réunions quotidiennes. Le RCR fait donc constater par huissier que les portes sont bien fermées, ce qui valide le fait de ne pas payer de taxe pour 1933.

Agnès Joye ( suite )

A la fin des années 1960, l’entreprise devient importante, mais reste surtout une affaire familiale. Agnès, Jean, son fils, et Paul, son beau fils, arrivent à établir une très bonne ambiance de travail, dans un climat de respect du personnel. Tous les ans, à fin Juillet, c’est la fête des couturières à la Sainte Anne. Agnès invite l’ensemble du personnel à fêter cet événement dans sa grande maison de Cysoing pour un repas amical.

Photographies d’Agnès dans son magasin et son fils Jean ( documents J. Kahla )

Les moeurs évoluent en 1968, le M.L.F, Mouvement de Libération des Femmes, se crée. Ce groupement féministe autonome revendique la libre disposition du corps des femmes. Ce mouvement est en grande partie à l’origine de la chute vertigineuse des ventes de gaines chez tous les fabricants. Agnès Joye n’est pas épargnée mais, fort heureusement elle <dispose de sa gamme lingerie. Toujours prête à rebondir, elle développe sa gamme de produits « Jeune Fille ».

document publicité Nord Eclair

En 1967, Paul Kahla devient Président du groupement Elégance et Distinction. Elu par les membres, il remplace Jacques Bonnehon de la « Maison du Livre », qui devient vice-président. Paul est réélu président, l’année suivante en 1968

Paul Kahla à droite sur la photo et Jacques Bonnehon à gauche ( document publicité Nord Eclair )

Au début des années 1970, Agnès Joye commence à avoir quelques problèmes de santé, mais continue de gérer son commerce et ce, jusqu’en Juin 1975. Elle décède un mois plus tard, au mois de Juillet de cette même année dans sa maison de Cysoing, à l’âge de 74 ans, après plus de 40 années de commerce de lingerie. Les éloges sont nombreux sur sa compétence et sa ténacité qui lui ont valu l’estime et le respect de tous.

Décès d’Agnès ( document Nord Eclair )

Jean Joye et Paul Kahla continuent l’activité du commerce, toujours dans une ambiance familiale et gardent bien sûr l’enseigne  »Agnès Joye », bien connue des roubaisiens. Dans les années 1970, ils développent une nouvelle gamme de lingerie : les produits Warner fabriqués aux Etats Unis : un éventail de produits légers et de grand maintien, des produits d’excellente qualité à un prix raisonnable. La « Quinzaine Warner » est une période importante pour les affaires, car le magasin propose des promotions dynamiques pendant deux semaines.

Publicités Warner ( documents publicité Nord Eclair )

En 1971, le magasin remporte le premier prix du concours de la plus belle vitrine à l’occasion des fêtes de fin d’année.

La vitrine ( document Nord Eclair )

Jean et Paul souhaitent moderniser l’image de l’enseigne et n’hésitent pas à faire appel à des mannequins célèbres comme Laure Moutoussamy, en 1972, pour la quinzaine Warner ainsi que pour la quinzaine des maillots de bain. Ils organisent également des défilés de mode au Colisée de la rue de l’Epeule.

document publicité Nord Eclair

A la fin des années 1970, la situation économique se dégrade, le niveau d’affaires baisse assez fortement, Paul Kahla décide donc de se retirer de l’entreprise en fin d’année 1974. Jean Joye continue seul l’activité avec l’aide de sa fidèle secrétaire Mme Crohin. Jean prend sa retraite au milieu des années 1980 et ferme définitivement le magasin.

En 1986, deux commerçants reprennent les deux parties du rez de chaussée : Francine Caron propose des chaussures avec son enseigne « Asphalte » et Josy Cau des tissus et de la mercerie sous l’enseigne « Marion ».

document collection privée

Dans les années 1990, 2000 et 2010 de nombreuses enseignes se succèdent dans ces 2 boutiques ; aujourd’hui, Fanny L. institut Bio et MS créations, vêtements de cérémonies

La façade en 2017 et en 2022 ( photos BT )

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

Ecole Pasteur

Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.

Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.

Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.

La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)

Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.

Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.

Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.

L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)

Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.

Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.

Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).

L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)

Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.

Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.

A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.

En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.

Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.

Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.

Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

Le recouvrement de l’Espierre au Laboureur

On peut distinguer sur le cadastre de brumaire an II le grand chemin de Roubaix qui tourne à angle droit et traverse l’Espierre. Il s’agit là de la future rue des trois bouteilles, qui rejoint le chemin du Sartel et la voie principale du moment vers le centre de Wattrelos (future rue de l’industrie, puis Stalingrad). Pas de rue Carnot, ni de rue Faidherbe à cette époque, mais déjà un pont qui permettait d’accéder à la ferme de Beaumetz.

Les travaux de recouvrement en 1947 Photo NE

La rue Carnot passera à cet endroit au dessus de l’Espierre et subira les variations du cours d’eau lors des fortes pluies orageuses qui provoquaient des inondations. Cet endroit était dangereux et on a pu dénombrer beaucoup d’accidents souvent dus à l’imprudence d’enfants qui tombant dans l’Espierre étaient emportés par le courant et se noyaient. Une association des victimes wattrelosiennes de l’Espierre et de ses affluents fut même créée en février 1930 qui portait les réclamations légitimes des habitants de Wattrelos, dont le siège se trouvait au n°256 rue des Ballons.

Vue aérienne des travaux IGN 1947

On peut distinguer sur la vue aérienne ci-dessus le parcours de l’Espierre qui va être recouvert. On conçoit que cet endroit ait pu être dangereux car il n’était pas suffisamment protégé. C’est au milieu de l’année 1947 que commencent les travaux de recouvrement de l’Espierre à hauteur du pont du quartier du Laboureur, situé à l’angle de la rue des 3 Bouteilles et de la rue Carnot. Un an plus tard, en août 1948, le chantier se termine. Ces travaux vont contribuer à établir l’heureuse perspective de la Place de la République, laquelle a été dénommée en 1937.

La place de la République doc Coll Part

Mais les wattrelosiens n’en ont pas fini pour autant avec l’Espierre qui continue à faire des siennes, en amont de la place, et en aval. En 1953, le conseil municipal vote le principe de l’établissement de pont sur la rue de l’Espierre et la rue de Beaurepaire. Puis démarreront les travaux pour la Mousserie que nous avons déjà évoqué. (voir l’article Espierre et Mousserie).

Le Racing-Club de Leers

Au début des années trente, le football devient le sport-roi, selon les termes du chroniqueur sportif du journal de Roubaix. Et il argumente : chaque ville, chaque village, chaque hameau même possède son équipe de football. Leers est alors une commune de 4677 habitants qui songe à la formation d’un club. On en parle ici et là, à droite et à gauche, mais jusqu’ici rien n’a abouti.

Le 3 décembre 1931, on annonce cependant qu’il y aura à Leers un club de football qui aura pour nom « Le Racing Club de Leers » et pour siège, le Café Delgranges 2 rue de Néchin. Une première réunion a eu lieu le 30 novembre et une quinzaine de jeunes gens ont donné leur adhésion, parmi lesquels dit le journaliste, quelques éléments assez connus et pratiquant déjà le football.

Une autre réunion générale aura lieu le samedi 12 décembre à 19 heures 30 au café Delgranges. Y sont invités les membres déjà inscrits et tous ceux que le sport intéresse, et ils sont nombreux à Leers. On formera la commission et les équipes, on en prévoit plusieurs. On évoquera les couleurs du club, son drapeau, et les premiers matchs à conclure. Quelques personnalités et commerçants de la commune ont promis leur appui financier, mais il en faut encore quelques uns. M. Mondet très connu dans le monde sportif de la région est à l’origine de cette création et il espère trouver encore de quoi constituer l’indispensable fonds de caisse. La cotisation des membres actifs est fixée à 20 francs par an, celle des membres sympathisants à 25 francs et celle des membres honoraires à 50 francs.

En mars 1932, les choses sont bien avancées. Le Racing-club de Leers a l’intention de disputer le championnat de football et pour cela, il doit s’affilier à la Ligue du Nord et avoir un terrain réglementaire et clôturé. Le terrain existe, c’est celui de la Briqueterie, rue de Roubaix, et les dirigeants du club ont commencé de le clôturer. Un côté est bientôt terminé au moyen de piquets et de fils de fer. Mais un amateur est passé par là et a enlevé après les avoir cisaillé tous les fils de fer posés. Cet acte stupide fait grand tort à la société naissante. En juin 1932, le Racing Club de Leers va dès la saison prochaine disputer les championnats de la ligue du Nord. Dans le but de se procurer quelques ressources, cette société sportive lance une souscription donnant doit au tirage d’une tombola. Le prix du billet est de un franc. Le premier prix est une bonne bicyclette exposée chez M. Delobelle place de l’église, comme plusieurs autres lots. Le tirage aura lieu le dimanche 31 juillet au café Delgranges rue de Néchin. Les billets de souscription donneront droit d’entrée au terrain de la briqueterie pour le match du prochain dimanche.

Le 23 juillet, le Racing-Club de Leers invite ses adhérents à venir signer les licences. On rappelle aux souscripteurs que la tombola aura lieu à l’issue de ce qui est probablement le premier match du Racing-Club de Leers. Un match d’entraînement a en effet été conclu entre l’équipe première du RC Leers et celle de l’équipe de l’Union Sportive Leersoise (Belgique).

Le Racing-Club de Leers en 1950 Photo NE

à suivre

à suivre

Sources : Journal de Roubaix

7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

document collection privée

Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

document collection privée

Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

documents collection privée

Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

document collection privée

Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

document collection privée

Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

document collection privée

Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales