L’abattoir vient de fêter le centenaire de sa construction quand le constat est fait de sa vétusté et de l’impossibilité d’une réfection totale de ses locaux car il est à présent situé quasiment en centre ville. Un projet de nouvel abattoir coûtant trois millions de francs est à l’étude. On pense à l’implanter en lieu et place de l’ancien dépôt de tramways rue de Mascara au Laboureur devenu propriété communale. La voie de chemin de fer toute proche est un argument pour cette implantation. Finalement en 1974, par arrêté du préfet, les abattoirs de Roubaix et Tourcoing sont condamnés, ils ne feront pas partie de la liste des neuf abattoirs du nord qui subsisteront à savoir Dunkerque, Hazebrouck, Valenciennes, Saint Amand, Douai, Avesnes, Maubeuge, Caudry et Lille.
Dernières images de l’abattoir Photo NE
Tous les abattoirs non autorisés doivent cesser de fonctionner au plus tard dans les quatre ans (1978 pour Roubaix et Tourcoing) avec une prime incitative pour fermeture de 334.160 francs. Il est vrai que les tonnages abattus étaient en baisse. Le reclassement du personnel est prévu : 22 personnes à Roubaix iront dans d’autres services, d’autres sont proches de la retraite, d’autres iront à Lille, ce sont principalement des chevillards.
Le lycée professionnel rue Lavoisier Photo VDN
L’abattoir fut démoli en 1978 et on établit sur son emplacement un lycée d’enseignement professionnel, dont la construction démarra en décembre 1978 pour s’achever en novembre 1980. Cet établissement propose aujourd’hui des filières vers un CAP ou un Bac pro dans les domaines de la restauration ou des services à la personne. La fonction de l’établissement jouxtant la Place ayant changé, le nom de la Place en fit autant : elle fut rebaptisée Place Jean Baptiste Clément, du nom de l’auteur du « Temps des cerises » le 28 février 1979.
Le lycée a remplacé l’abattoir plein centre de la photo Vue IGN 1982
Le 9 de la rue Pierre Motte a été, pendant très longtemps, occupé par un débit de boissons : l’estaminet de L. Rousseaux dans les années 1900, puis celui de M. Deffrenne ( chez Marius ) dans les années 1920 et 1930.
( document collection privée )
Après la libération, le café est tenu par Stanislas Ryba Coppens. L’enseigne est le « LA MI DO » Trois notes de musique ! car Stanislas, musicien passionné, profite de cette période d’après guerre, pour transformer son établissement en café-concert. L’activité musicale roubaisienne se concentre au cœur de la ville, autour des halles, et la rue Pierre Motte se transforme en « rue du jazz ». Les principaux commerces créent leur formation de jazz et de swing. Dans cette rue, nous trouvons le Celtic au 11, le Bazar des Halles au 35, l’orchestre de Jean Poulin au 55, la Rotonde à l’angle du Boulevard Gambetta, et un peu plus loin, le café du Broutteux.
( document Nord Eclair )
Au début des années 1950, Claude Ryba, le jeune fils de Stanislas, est accordéoniste. Il anime les après-midi dansants pour divertir la clientèle. Le « LA MI DO » devient un lieu renommé et apprécié.
( documents Nord Éclair )
En 1962, l’opticien André Her, installé au 94 96 rue de l’Epeule, reprend le café et demande à l’architecte Henry Hache, situé place de la Fraternité, des travaux de transformation de la vitrine pour la création d’un magasin de prêt-à-porter et plus précisément d’imperméables et de manteaux à l’enseigne : Toutemps. M et Mme Lagast sont responsables du commerce jusqu’en 1966.
( document collection privée )
Daniel Jacquart reprend le commerce du 9 rue Pierre Motte, en 1966. Daniel est déjà commerçant ; il possède un commerce de bonneterie, à l’enseigne « La Bicoque », au 53 bis rue de Lannoy, en 1962. Trois années plus tard, une grande partie de la rue de Lannoy est rasée pour faire place au futur centre commercial Roubaix 2000. Daniel Jacquart comme beaucoup de commerçants, s’installe au Lido à l’emplacement N° 15, toujours avec son enseigne « La Bicoque ». Le Lido étant un centre de transit provisoire, Daniel pense déménager pour trouver un commerce digne de ce nom, et choisit donc, le 9 rue Pierre Motte. En Septembre 1966, il demande à l’entreprise Trousson une modification de la vitrine.
( document Archives Municipales )
Il abandonne l’enseigne La Bicoque pour afficher son nom : Jacquart, et, en 1968, il fait transformer complètement le magasin par l’entreprise Delcour de Wasquehal. Son enseigne est désormais ; Jacq’bis.
La façade en 1986 ( document Archives Municipales )
Daniel continue son commerce de bonneterie, mais va surtout développer la vente de prêt-à-porter féminin, avec des grandes marques, connues du grand public. Sa devise est : Jacq’bis, la plus parisienne des boutiques roubaisiennes
publicités ( documents collection privée )La façade en 1999 ( document F. Hamès )
En 1999, Daniel Jacquart cède son commerce à Fabien Hamès et son épouse Nathalie. Fabien est opticien adhérent Krys depuis 1989, au N° 13 de la rue Pierre Motte ( 2 commerces plus loin ! ). Les affaires fonctionnent très correctement, mais dix ans après, le développement se fait de plus en plus difficile, par un manque cruel de place. Ne pouvant agrandir son petit magasin de 70m2, Fabien souhaite déménager son commerce. Il entretient de bonnes relations avec les commerçants voisins, et l’occasion se présente quand Daniel Jacquart lui annonce vouloir céder son affaire.
La façade Krys en 2000 ( document F. Hamès )
Fabien réalise les travaux nécessaires, pour transformer le magasin de prêt-à-porter en commerce d’opticien. Il ouvre son nouveau magasin au 9 rue Pierre Motte, en Février 2000. La surface de vente est désormais de 120 m2, ce qui lui permet de développer le choix des montures de lunettes et de devenir spécialiste en lentilles de contact et en basse vision pour les mal-voyants.
La façade du magasin Krys ( document F. Hamès )L’Intérieur du magasin ( document F. Hamès )
En Janvier 2009, Fabien Hamès et son épouse Nathalie, reprennent le magasin de la bijouterie Soyez de Philippe Heim, au N° 7 de la rue Pierre Motte. (voir sur notre site, l’article intitulé : La bijouterie Soyez)
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Remerciements aux archives municipales, ainsi qu’à Fabien et Nathalie Hamès.
Au début des années 1900, le 7 de la rue Pierre Motte est composé de deux magasins jumeaux : le 7 et le 7 bis.
Les magasins jumeaux 7 et 7 bis ( document collection privée )
Sur cette photo, à gauche le N° 7 est une bijouterie tenue par M et Mme Desagre-Verfaillie. A droite, au N° 7 bis, se trouve l’imprimerie Castelain.
( document collection privée )
Au N° 7, la bijouterie du couple Desagre-Verfaillie est un commerce de bijoux, certes, mais également d’articles religieux, cadres photos, articles fumeurs, meubles. On peut se demander comment gérer autant d’articles dans une si petite échoppe, car le magasin est peu profond, et très étroit. La maison Verfaillie a été crée en 1880.
Au N° 7 bis, F. Castelain a créé son commerce en 1895. Il imprime des journaux, des brochures, des catalogues, des registres. Il vend également des articles de papeterie et des cartes postales. Curieusement, sur leurs publicités de l’époque, les deux commerçants préfèrent indiquer leur adresse : Place des Halles, plutôt que le 7 rue Pierre Motte, probablement car leurs points de vente se trouvent juste en face des célèbres Halles de la ville, que tous les roubaisiens connaissent. Pendant de très nombreuses années, les deux magasins vont rester jumeaux : Au N° 7 bis – Le commerce est repris par un ébéniste : J. Herbeau dans les années 1910, puis deviendra un magasin de chaussures tenu par Mlle Chavet dans les années 1920 et par G. Rouzé dans les années 1930-1940.
Au N° 7 – Albert Soyez et son épouse Jeanne, née Delerue, reprennent le commerce d’Hélène Verfaillie, vers 1910. Il était installé bijoutier, au 133 rue de Lannoy, et son souhait est de se rapprocher du centre ville. Il décide de se limiter uniquement au commerce de bijoux, en supprimant le reste des produits vendus jusqu’alors.
Albert Soyez et son épouse Jeanne ( documents P. Heim )( document collection privée )
Albert Soyez décède en 1914. Sa veuve, Jeanne, continue seule l’activité du commerce. Quelques années plus tard, elle rencontre Fernand Heim. Il reprend la bijouterie, au milieu des années 1920, et garde l’enseigne Soyez qui a une très bonne notoriété : une maison de confiance qui rassure la clientèle. Ils habitent sur place, à l’étage.
( document P. Heim )
Fernand est excellent commerçant et développe son commerce de façon très satisfaisante, toujours avec l’enseigne Soyez, et ce, pendant des années.
Publicités Soyez ( documents collection privée )
Jacques Heim ( le fils de Fernand ) aide son père, dès 1945, à la gestion du commerce. Dans les années 1950, il habite au 112 rue de Lannoy ; Fernand a toujours son domicile rue Pierre Motte.
De gauche à droite : Jacques Heim, Hermance la mère de Fernand, Fernand, et Jeanne devant le magasin en 1945 ( document P. Heim )
En 1963, la locataire du commerce de chaussures du 7 bis, Mlle C Rouzé, quitte les locaux et part s’installer au 14 de la rue du Maréchal Foch. Jacques Heim reprend le point de vente, fermé depuis peu. Il fait effectuer des travaux pour ne faire qu’un seul magasin : le 7 et 7 bis sont ainsi regroupés. Les travaux d’aménagement sont confiés à l’entreprise Romain d’Arras.
La façade avant travaux en 1962 ( document P. Heim )La façade après travaux en 1964 ( documents Nord Eclair )
La nouvelle Bijouterie-Horlogerie-Joaillerie Soyez ouvre en 1964. Le commerce est bien connu des roubaisiens depuis plusieurs générations et s’est constitué une clientèle désireuse d’acheter dans une maison de confiance.
Intérieur du magasin 1964 ( document P. Heim )
L’installation du nouveau magasin est moderne et de grand standing : vastes rayons, larges comptoirs vitrés ; c’est une véritable exposition permanente. Un personnel compétent conseille les acheteurs pour choisir les prestigieuses pièces de bijouterie joaillerie, ainsi que les montres des plus grandes marques, dont Lip, Universal. Après cette transformation, Jacques Heim continue de développer fortement le commerce dans les années 1970-1980, son fils Philippe vient l’aider en 1978 en tant qu’employé.
Publicités années 70 80 ( documents collection privée )
En 1975, intervient une nouvelle modification de façade et d’aménagement intérieur. Les travaux sont à nouveau confiés à l’installateur Romain à Arras. Il créé un concept moderne, avec hall d’entrée, porte automatique, et de magnifiques vitrines d’exposition.
Nouvelle façade 1975 ( document P. Heim )Intérieur du magasin en 1985 ( document P. Heim )
En 1985, Jacques Heim prend sa retraite après 40 ans d’activité. Il transmet le magasin à son fils, Philippe. Celui-ci et son épouse Joëlle vont désormais assurer la gestion complète du commerce.
Philippe Heim en 1996 ( document P. Heim )
Philippe Heim cesse son activité en 2008, après 30 années passées derrière le comptoir. La bijouterie Soyez fondée en 1889, ferme ses portes en 2008.
La façade en 2008 ( document Google Maps )
Philippe Heim propose à son voisin Fabien Hamès, opticien adhérent Krys, installé au N° 9 de la rue Pierre Motte, de lui céder son commerce. Un accord est conclu en début d’année 2009 ( voir sur notre site, l’article intitulé : 9 rue Pierre Motte ). Fabien et son épouse Nathalie décident de regrouper les deux magasins en un seul point de vente. Ils confient le dossier à leur architecte d’intérieur Didier Leclercq ; les travaux sont réalisés par l’entreprise Gruson 177 rue de Maufait à Roubaix. Fabien et Nathalie décident de ne pas fermer leur point de vente pendant les 2 ou 3 mois de travaux nécessaires. Le 7 et le 9 de la rue Pierre Motte, sont ainsi regroupés et l’ouverture se fait dans le courant de l’année 2009. Le magasin est superbe.
( document Google maps )
La surface de vente de 240 m2 permet de proposer un choix plus large en montures, de développer les verres progressifs, la basse vision, et l’espace audition. Aujourd’hui, le magasin Krys de Roubaix, est l’un des plus grand point de vente de la marque Krys sur la région.
( documents F Hamès )
Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Philippe Heim, à Fabien et Nathalie Hamès
Quand on passe dans la rue Galvani, on constate que toutes les maisons se ressemblent. Ce sont des maisons de ville assez étroites et semblables, sauf une ! Au 19 de la rue, la façade de la maison est très large : une porte centrale et deux fenêtres latérales ; à gauche se trouve un garage. C’est un bâtiment très imposant, par rapport aux maisons voisines.
Photo BT
La maison a été construite en 1894-1895 par Alphonse Verfaillie. Au 17 de la rue, se trouve une courée qui porte son nom : la cour Verfaillie.
Photo BT
Alphonse Verfaillie est cordonnier. La concurrence est rude entre les artisans ( 225 cordonniers sont recensés, en 1913, dans notre ville ). Pour se démarquer de ses confrères, Alphonse Verfaillie se spécialise : il crée et fabrique des chaussures sur mesure. Sa clientèle est vaste : des particuliers bien sûr, mais aussi des entreprises et des collectivités, comme en atteste le document ci-dessous : facture de 26 Frs à la ville, pour livraison de deux paires de chaussures à l’institut Turgot, en 1902.
( Document collection privée )( Document BNR )
Au début des années 1920, Henri Verfaillie, apporte une aide précieuse à son père Alphonse. Il a 24 ans, est également chausseur-cordonnier et habite au N° 11 de la rue Galvani. Au début des années 1930, Henri gère seul la petite entreprise. Son épouse Marguerite est professeure de musique. Ils habitent désormais sur place au rez de chaussée du N° 19. Quant aux deux étages de la maison, ils sont occupés par des locataires.
( Documents collection privée )
Après guerre, le 19 rue Galvani est occupé par un imprimeur, Émile Meunier ; il fournit également des papiers en gros. La profondeur importante de la maison lui permet de stocker du matériel et des fournitures. Son activité est maintenue jusqu’au milieu des années 60. La maison est pendant quelques temps, inoccupée, puis louée à différents locataires particuliers dans les années 1970-1980. La façade est peinte en blanc. La cour Verfaillie existe encore.
( Documents Daniel Labbé et Archives Municipales )
En Août 2013, la municipalité accorde un permis de démolir les 5 habitations de la cour Verfaillie.
( Documents Archives Municipales )
De nos jours, la façade actuelle du N° 19 a été rénovée, grâce à un ravalement complet. Les briques d’origine sont de nouveau mises en valeur. Cette maison est désormais superbement bien entretenue.
L’une des plus anciennes rues de Roubaix est relativement étroite : elle atteint à peine sept mètres par endroits, et on y rencontre des difficultés de circulation. Les trottoirs manquent également de largeur, et n’incitent pas au « lèche vitrine ». Pourtant, les boutiques y ont toujours été nombreuses : dans la première partie, de la grand place à la rue Nain, elles ont de tout temps constitué le rez de chaussée de presque tous les immeubles, et couvrent, par leur variété, pratiquement tous les besoins.
Photo Nord Eclair 1965
C’est ainsi que dans les années 60, on rencontre, avant la rue Nain, du côté impair successivement une maroquinerie, une chemiserie, un café, une confiserie, un autre chemisier, une boutique vendant des accessoires pour le dessin industriel, une parfumerie, un magasin d’alimentation, une librairie, une coutellerie, et un coiffeur. Côté pair, à droite, après deux cafés,deux boutiques de confection, un magasin de décoration, un marchand de radio-télé, une charcuterie, un coiffeur, un commerce de linge de maison, une teinturerie, une banque, une épicerie et un café.
La partie située entre la rue Nain et la rue du Curé, quoique plus longue que l’autre, a toujours abrité moins de commerces, mais on y voit quand même dans les années 60 quatre cafés, la pharmacie Willot, un antiquaire, un institut de beauté, un commerce radio-télévision, et un cordonnier côté impair, un magasin de cadeaux, un sellier, une agence immobilière, un commerce de fruits, une teinturerie, un opticien, un horloger, un magasin d’imperméables, et un restaurant côté pair.
Pourtant à cette époque, l’abondance de l’offre n’attire qu’une clientèle un peu trop rare au yeux des commerçants de la rue. Prenant exemple sur d’autres villes telles Courtrai et Cologne, l’UCC, l’Union des Commerçants du Centre, sous la houlette de M. Harmand, son président, audacieusement d’interdire la rue aux voitures, pour la réserver aux piétons. Cette proposition qui va de l’avant vise à promouvoir le commerce dans la rue. Les clients de la première partie de la rue (avant la rue Nain) pourront effectuer leurs achats en toute quiétude, sans se préoccuper de la circulation. Répondant à cette demande, la municipalité organise en 1965 une expérience qui va s’étendre sur trois mois dénommée « rue-piétons ». A l’issue de l’expérience, si elle s’avère concluante, elle pourra devenir définitive. L’idée est neuve à cet époque où on privilégie le développement de l’automobile !
On inaugure la rue-piétons, comme la surnomme la presse, avec force personnalités.
Photo Nord Éclair 1965
A l’heure du bilan, les commerçants de la seconde partie partie, celle située entre la rue Nain et la rue du Curé se montrent critiques. Ils n’ont pas fait partie de l’expérience et n’ont pas été consultés. Ils insistent sur l’hiatus important entre les deux parties de la rue : Leurs clients venaient en voiture de la grand place en passant par la partie de la rue désormais interdite aux autos, et ajoutent qu’ils ne profitent pas non plus du passage des piétons qui ne viennent pas jusque là. En bref, ils s’opposent à la confirmation du secteur piétonnier. Nord Matin titre « la rue à piétons piétine ».
En 1979 on reparle de la piétonisation de la première partie. Le projet qui se fait jour complète celui visant la place de la Liberté pour faire un ensemble englobant la grand rue et plusieurs autres, à terme. Le maire, Pierre Prouvost, y voyant un élément de renaissance du centre ville, tend une oreille favorable à la demande et la presse une réalisation toute proche.
Document La Voix du Nord 1979
Cette « piétonisation » doit se faire en relation avec la percée de l’avenue des Nations Unies et la construction du nouveau quartier d’habitations dit « Alma-centre » dont le chantier va de toute manière interrompre la circulation dans la rue du Vieil Abreuvoir. En effet, dans le cadre de ces travaux, une partie des bâtiments côté impair de la seconde partie de la rue vont disparaître. On y voit l’occasion, en prévoyant des magasins au rez de chaussée des nouvelles constructions de renforcer le caractère commercial de la rue. C’est chose faite à la fin de l’année et, dans la foulée, fin novembre 1980, on assiste à l’inauguration de la deuxième partie de la rue.
Photo Nord Éclair
L’inauguration de la seconde partie préfigure la mise en piétonnier de la grand rue entre la place de la Liberté et la grand place, qui doit avoir lieu en 1982. La rue a changé d’aspect : trottoirs supprimés, fil d’eau au centre de la chaussée, installation de luminaires de style ancien au tiers de la largeur de la chaussée et de vasques de verdure. On assiste alors à quelques changements : Nord Éclair s’installe au coin de l’avenue Jean Lebas et la Maison du livre quitte le 21 pour investir l’immeuble de l’ancienne poste au 27, et une pharmacie remplace le crédit agricole, côté pair à la hauteur de la rue Nain. La rue est investie dans toute sa longueur par les piétons.
Comme prévu, des immeubles neufs viennent boucher les « dents creuses » laissées par les démolitions consécutives à la construction de l’avenue des Nations Unies. Leur rez-de-chaussée doit abriter des commerces nouveaux, au nombre de neuf, qui renforceront l’attractivité de la deuxième partie de la rue.
Photo La Voix du Nord 1982
Néanmoins, après le premier engouement, la fréquentation de la zone piétonnière se montre inférieure aux espérances ; les passants se font trop rares : peut-être que l’habitude est prise, et qu’ils préfèrent prendre leur voiture pour se rendre à la périphérie et fréquenter les centres commerciaux des environs.
Photo Lucien Delvarre
La piétonisation ne semble plus suffisante pour attirer la clientèle dans la rue ; on envisage peut-être même comme un inconvénient le fait de d’obliger les chalands à se priver de voiture pour faire les courses. En dernière analyse, on choisit à la fin des années 90 un moyen terme et on décide de laisser à nouveau pénétrer l’automobile dans le secteur piétonnier. Les zones réservées aux piétons sont délimitées par des poteaux métalliques, et on réintroduit le stationnement à certains endroits.
Photo la Voix du Nord 2018
Mais, avec le recul, cette réintroduction ne semble pas avoir eu une action très efficace sur la fréquentation du public, et le promeneur s’y sent toujours esseulé. Décidément cette rue a bien du mal retrouver son animation d’antan !
Les illustrations proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.
Enseigne du 227 rue Carnot extrait festival-traitdunion.com
Ce n’est pas une histoire triste, juste un reflet de notre époque. Dans la rue principale de ma ville, une cité réputée festive, se trouve un magasin original dont le nom «Au bal masqué» est déjà une invitation à la fête. On y trouve, en effet, nombreux costumes, déguisements et accessoires pour passer de bons moments en famille ou entre amis. La propriétaire du magasin, toujours souriante et disponible, nous conseille, nous met à l’aise, ce qui est indispensable lorsque l’on doit sortir de sa cabine d’essayage revêtu d’un costume de Robin des bois plutôt moulant ou d’une tunique de Tarzanne un peu courte pour se poser devant son grand miroir, à la vue souvent d’autres clients riant sous cape (de Zorro).
Vitrine du Bal Masqué extrait cow.badminton.fr
Au gré des saisons et des fêtes, la porte s’ouvre à qui veut vivre des moments de bonheur et toujours sous le regard bienveillant de cette vendeuse pas ordinaire qui, il y a encore quelques mois, se réjouissait de rénover la devanture du magasin pour marquer le coup de ses 25 ans d’existence. Malheureusement, au fil des années, le chiffre d’affaire diminuait mais elle tenait à son affaire qui lui permettait de nombreux contacts et d’être au cœur des animations de cette ville au «cœur qui bat». Il faut dire que depuis quelques temps un nouveau et grand centre commercial s’était installé dans une ville voisine avec un magasin flambant neuf proposant aussi des déguisements, d’une qualité moindre mais d’un prix plus bas et comme les gens adorent se promener en famille dans les centres commerciaux le samedi plutôt que de se promener là où l’air est plus frais, petit à petit la sonnette de la porte du magasin s’est mis à moins retentir.
Vitrine récente du Bal Masqué Coll particulière
Tant et si bien que le magasin fermera bientôt définitivement sa porte… La crise du Covid-19 ayant été comme un dernier coup de grâce, même s’il n’y avait plus beaucoup d’illusions. Bien entendu tout le monde va déplorer cette fermeture, incriminant je ne sais quel responsable. Parce qu’il faut toujours un responsable. Mais que ce soit clair, le principal responsable c’est notre mode de vie, qui fait que l’on ignore souvent le petit commerce près de chez nous, pour aller vers la nouveauté, le clinquant. Souvenons-nous des petits magasins où nous allions avec nos parents ou grands-parents et cessons de nous plaindre constamment si une banque, une compagnie d’assurance ou un temple de la mal-bouffe viennent s’installer à leur place. A l’heure où nous sommes amenés à changer nos comportements de consommateurs sous peine de graves désillusions, aidons nos commerces de proximité et peut-être, je dis bien peut-être, d’ici quelques temps, on ouvrira à nouveau des magasins colorés et chaleureux dans nos rues. Et si vous vouliez avoir des nouvelles de la propriétaire du magasin, rassurez-vous… Elle va bien !
Au début des années 80, alors adolescent, j’habitais rue Gabriel Péri, à mi-chemin entre la place de Wattrelos et le Sartel. J’avais pour habitude, en rentrant du collège, de me rendre à la boulangerie Destriez pour y acheter les fameux puddings maison ou la délicieuse baguette aux raisins, enroulée dans son emballage bien identifiable.
Cette boulangerie, située à l’angle de la rue de France et de la rue Négrier, était l’un des derniers commerces qui subsistait alors dans cette rue qui compta près d’une vingtaine de boutiques en tout genre dans les années 70 ; librairie, boucherie, coiffeur, garagiste, imprimerie, épiceries, boulangeries…et même un vendeur de chapeaux.
A cette époque j’ignorais qu’Alain Destriez était le « représentant » de la quatrième génération de boulangers et que ce commerce avait plus de 75 ans.
C’est en effet au début du 20ème siècle que le couple (Alphonse) Pollet- (Madeleine) Briffaut (de la famille du Maire de l’époque, Henri) ouvre un commerce à l’angle de la rue de France et de la rue Négrier. Si on y trouvait bien évidemment du pain, le magasin faisait également office d’épicerie…et de coiffeur. Le concept de multi-services n’est donc pas récent !
Le premier commerce dans les années 1920
Dans les années 20, un des fils Pollet (également prénommé Alphonse) prend avec son épouse Madeleine Reuscart, la succession de ses parents et limite son activité à la boulangerie.
Mme Madeleine Reuscart épouse Pollet, derrière son comptoir
C’est en effet au début du 20ème siècle que le couple (Alphonse) Pollet- (Madeleine) Briffaut (de la famille du Maire de l’époque, Henri) ouvre un commerce à l’angle de la rue de France et de la rue Négrier. Si on y trouvait bien évidemment du pain, le magasin faisait également office d’épicerie…et de coiffeur. Le concept de multi-services n’est donc pas récent !
Paule, leur deuxième fille, épouse dans les années 40 un dénommé Jacques Destriez , alors apprenti dans la boulangerie. Salarié par ses beaux-parents, ce dernier reprend le commerce avec son épouse et élargit son activité en proposant des gâteaux et pâtisseries diverses en plus de la traditionnelle boulangerie.
Le couple Pollet-Destriez a une fille et deux garçons (Alain et Christian) et c’est « naturellement » que ces derniers suivent les pas de leur père en devenant à leur tour apprentis boulangers-pâtissiers.
En 1975, Alain et son épouse Evelyne, reprennent le commerce qu’ils gèrent jusqu’en 1994, date à laquelle Alain passe le flambeau à son frère cadet Christian…qui était auparavant salarié dans cette entreprise familiale.
Alain Destriez en compagnie de son épouse, ses parents Jacques et Paule et de ses enfants.
Christian dirigera la boulangerie jusqu’en 2013 et cédera son affaire à Isabelle et Marc, les actuels propriétaires, qui ont dignement repris le relais à la tête de ce commerce centenaire.
Quelques patrons roubaisiens du syndicat mixte de l’Industrie roubaisienne, soucieux d’améliorer le sort de la classe ouvrière, créent en 1892 une coopérative : « L’Union », afin de concurrencer l’autre coopérative socialiste « La Paix ».
Ces généreux fondateurs désintéressés et dévoués à la classe ouvrière, ne cherchent que le »mieux vivre », en fournissant des produits de bonne qualité, à un prix le plus avantageux possible. Ils souhaitent même améliorer le sort matériel et moral de leurs membres.
La boulangerie économique L’Union est crée le 1er décembre 1892 et permet d’importantes économies pour les familles, sur le prix du pain.
Le premier siège social de l’Union se trouve au 90 rue des Longues Haies, à deux pas de l’estaminet de la Planche Trouée et de la rue de Lannoy.
La boulangerie économique de l’Union dispose d’un magasin de vente de pain, de charbon et d’une bibliothèque populaire.
Les débuts de la boulangerie sont certes difficiles, mais prometteurs. Quelques mois après, elle compte 1600 adhérents, et une vente de 2000 pains par jour. Pour intensifier le développement, l’Union décide d’ouvrir plusieurs points de vente dans différents quartiers de Roubaix : rues de Flandre, de Mouvaux, Jacquart, Brezin, de Lannoy et de l’Ermitage.
Points de vente quartiers ( documents collection particulière )
Le développement devient de plus en plus important. En 1893, la production est de 832 tonnes, et passe, en 1902, à 6104 tonnes. Le local principal de la rue des Longues Haies devient rapidement trop petit. L’Union déménage alors dans un vaste local inoccupé, au 59 Grande Rue. L’inauguration a lieu en 1904 ; 30.000 personnes se pressent pour visiter ces nouveaux locaux, très modernes.
Façade et atelier ( documents collection particulière )
La quantité de pain vendu atteint 22 tonnes par jour, dont 5 tonnes vendues par les magasins, et 17 tonnes vendues à domicile par les livreurs.
15 voitures à bras, et 13 voitures hippomobiles sillonnent les rues de la ville, pour la livraison du pain frais. Des sachets de 500 g de farine sont également proposés à la clientèle.
Voitures à bras, à cheval, sachets de farine ( documents collection particulière )
Le directeur Édouard Duquenne est à la tête d’une entreprise comptant une centaine de personnes ( production, livreurs et encadrement ). Des douches sont mises à disposition pour le personnel, car l’administration de l’Union est, bien sûr, préoccupée d’assurer les meilleures conditions d’hygiène pour les ouvriers.
( documents collection particulière )
L’Union se doit de participer à l’Exposition Universelle de Roubaix en 1911, vu son importance industrielle et sociale. Le Pavillon construit près du lac, est un remarquable moulin de style hollandais.
Le moulin à l’expo de 1911 ( documents collection particulière )
Au fil des années, la boulangerie l’Union adjoint à sa fabrication de pain, celle d’articles de biscuiterie ( secs et fourrés ) et de produits de suralimentation ( macarons, galettes flamandes, gaufres, biscotines ). Ces produits de suralimentation sont très riches en éléments nutritifs et digestifs. Ils constituent une nourriture réconfortante et substantielle pour toute la population.
Le charbon a également une place importante dans le budget des ménages roubaisiens. L’administration de l’Union décide donc de fournir ce combustible à des prix intéressants et avantageux. Elle passe des accords avec des sociétés minières, et peut désormais livrer le charbon à domicile, depuis l’entrepôt situé au 457 bis Grande rue, avec embranchement sur la ligne de chemin de fer du Nord
Dépôt de charbon ( document collection particulière )
L’Union fait bénéficier ses adhérents de nombreux autres avantages sociaux. Elle crée, pour le personnel, une »Société de Secours Mutuels ». C’est la Sécurité Sociale avant l’heure !
Elle met également en place une caisse de retraite : »Les Prévoyants de l’Industrie et du Commerce Roubaisiens ».
Elle propose aussi, aux familles, des logements sociaux à bon marché, des petites maisons confortables qui permettent de réunir toutes les conditions d’agrément, d’hygiène et de moralité. L’Union abrite également sous son toit, le journal »Nord Mutualiste » ainsi que le »Dispensaire Mutualiste » et une »Bibliothèque Populaire d’ Économie Sociale ».