Un grand musicien roubaisien

( Photo BT )

Georges Delerue est né à Roubaix le 25 Mars 1925. Ses parents habitent au 27 rue de Valmy. Sa mère Marie Lhoest est femme au foyer, son père est chef d’atelier de l’entreprise JB Lhoest qui appartient au père de Marie. Il fabrique des limes au 152 rue Decrême

( Document coll. priv. )

La mère de Georges a un joli filet de voix ; elle connaît la musique, sait lire les notes et joue au piano du Bizet et du Gounod. Quand elle arrive à faire des économies c’est pour emmener toute la famille à l’Hippodrome-Théâtre, sur le boulevard Gambetta, assister à des représentations d’opéra comique.

Georges Delerue et sa mère Marie ( Doc V Perrot )

En 1928, les parents déménagent au 23 rue Louis Dupire, près de la place Faidherbe. Marie s’aperçoit un jour, par hasard, que Georges arrive à chanter avec elle, avec une aisance déconcertante, un air qu’elle fredonne. Il a 5 ans. C’est une première révélation !

Georges commence alors à se familiariser avec la musique, les notes et le piano. Il est plutôt bon élève à l’école, de tempérament solitaire et mélancolique. Il passe son certificat d’études en 1938, et ses parents, très fiers, le récompensent en l’inscrivant au conservatoire de la rue de Soubise. Georges est fou de joie mais il continue ses études de métallurgie à l’institut Turgot, rue du Collège.

Georges Delerue à 15 ans ( Document V. Perrot )

C’est à cette époque-là que les parents emménagent au 152 rue Decrême, dans l’usine familiale de fabrication de limes ; Georges y travaille en tant qu’ouvrier pour aider financièrement la famille.

Le poste de travail de Georges ( Document V. Perrot )

En 1941, Georges souffre énormément du dos et doit subir une opération délicate, à Lille, qui l’immobilise plusieurs mois. C’est à cette époque, que Georges se rend compte qu’il est habité par la musique, et devient obsédé par l’idée de composer. Ses professeurs, dont Albert Desenclos, au conservatoire, sont conscients du formidable potentiel d’oreille et d’intelligence musicale de Georges et, en conséquence, le font travailler sur des œuvres de Debussy, Fauré, Schumann, Brahms. . .

Georges travaille jour et nuit et les récompenses arrivent en Juillet 1945 puisqu’il obtient au conservatoire :

Le 1° prix de piano

Le 1° prix d’harmonie

Le 1° prix de musique de chambre

Le 2° prix de clarinette

Encouragé par ses professeurs, Georges tente sa chance en montant à la capitale et s’inscrit au Conservatoire National de Musique de Paris. Il quitte Roubaix en Septembre 1945. Des années 1945 à 1950 il termine ses études musicales à Paris, il compose ses premières œuvres et s’initie à la fonction de chef d’orchestre.

( Document V. Perrot )

Dans les années 1960, il rencontre les réalisateurs de cinéma de la nouvelle vague, et écrit pour les plus grands d’entre eux : Truffaut, Godard, de Broca, Verneuil, Oury…Coppola et d’autres grands réalisateurs américains commencent à s’intéresser à son travail. Il va désormais composer à la fois pour Paris et Los Angeles. Georges connaît alors une ascension fulgurante.

( Document INA )

Georges Delerue n’oublie pas Roubaix. De passage dans les années 1980, il s’arrête quelques instants devant la maison de la rue Louis Dupire, où il a passé une partie de son enfance, et bien sûr, au conservatoire municipal, rue de Soubise.

Georges est récompensé par trois Césars de la meilleure musique de film à Paris : en 1979 pour « Préparez vos mouchoirs », en 1980 pour « l’Amour en fuite », en 1981 pour « Le dernier métro » et 1 Oscar à Hollywood en 1980 pour « I love you, je t’aime ».

( Document coll. priv. )

Georges décède en 1992 à Los Angeles. Il laisse une œuvre considérable, gigantesque, monumentale. Il a composé 348 musiques de film, des musiques pour la télévision, quelques opéras, des musiques pour des documentaires, des concertos, des musiques de chambre. Il faudrait 80 jours d’écoute, pour apprécier toutes les œuvres mises bout à bout.

( Document NE et photo

La ville de Roubaix n’oublie pas Georges Delerue. Le 21 Juin 1994, le jour de la fête de la musique, M le Maire, René Vandierendonck dévoile une plaque gravée en hommage à Georges Delerue, dans la cour du conservatoire, en présence de son épouse Colette et de ses deux filles.

( Photo BT )

En 2018, une fresque est réalisée sur le pignon d’une maison voisine de la nouvelle entrée de l’école de musique, rue de Lille. Georges Delerue : un des plus grands compositeurs du 20° siècle. Un des plus prestigieux enfants de notre ville, issu d’un milieu modeste, et qui termine sa carrière à Hollywood.

Remerciements à Vincent Perrot pour son livre « Georges Delerue, de Roubaix à Hollywood », ainsi qu’à Isabelle Leupe et Laurence Thiery du Conservatoire de Roubaix.

.

Boléro et Tropic

André Silvain naît à Toul, en Lorraine, en 1906. Il vient à Roubaix pour faire ses études à l’ITR : Institut Technique Roubaisien, au 37 rue du collège. Il passe avec succès son diplôme d’ingénieur.

( Document coll. priv. )

André représente l’entreprise de son père, B.H.S : Benoit Henri Silvain à Toul. Il crée à Roubaix la MRC Manufacture Roubaisienne de Corsets et, ensuite, la société des supports médicaux esthétiques. Il fabrique des corsets et des gaines; le corset est composé de tissu et de baleines; il est plutôt inconfortable si bien qu’il laisse la place rapidement à la gaine fabriquée à partir de tricot élastique et de fil élastique. Les corsets et gaines, conçus de façon artisanale par des couturières, sont désormais fabriqués industriellement avec la même qualité.

( Document IGN )
( Document JdeR )

L’entreprise est implantée au 3 rue Nadaud, dans ce qui reste des usines Allart Rousseau. C’est un bâtiment, construit sur 3 niveaux, qui réunit les 3 Sociétés d’André Silvain : au rez de chaussée FEN : Fils Élastiques du Nord, au 1° étage Serolatex : machines à tricoter et au 2° étage la fabrication des gaines et les bureaux.

La MRC, Manufacture Roubaisienne de Corsets, se trouve au 43 rue de Saint Amand, l’entreprise possède également une petite unité de production à Leforest près de Douai.

( Document ANMT )

En 1946, André Silvain créé les marques « Boléro » pour la lingerie et, un peu plus tard, « Tropic » pour les maillots de bain.

( Document coll. priv. )

André Silvain ouvre des magasins à enseigne SILVA à Roubaix, au 27 Grande-Rue, mais également à Lille et Tourcoing. Il profite de ses magasins de proximité pour tester de nouveaux produits et connaître les réactions des clientes.

( Document ANMT )

Le succès de l’entreprise est immédiat; les femmes apprécient le confort exceptionnel et la qualité irréprochable de cette nouvelle lingerie Boléro. Tropic connaît aussi une forte expansion grâce aux maillots de bain en tissu élastique, (fabriqués par Serolatex ) comme le Lycra, qui remplace le tricot jersey prenant l’eau.

( Document ANMT et NE )

En 1955, André Silvain recrute deux personnes à la Direction Commerciale : Patrick Roussel pour la marque Boléro et Albert Lepers pour Tropic.

  • Ils développent fortement l’entreprise grâce à un énorme budget publicitaire.

  • Ils font paraître des encarts dans la presse : Jours de France, L’Express, les magazines de mode : Marie-Claire, Elle, Marie-France ainsi que des hebdos pour les jeunes adolescentes tels que Melle Age Tendre.

  • Ils font de la publicité d’affichage sur les bus et les abribus.

  • Ils créent des campagnes de publicité à la radio pour les lancements de nouveaux produits.

  • Ils sont présents sur de nombreux salons de lingerie en France et en Allemagne : Francfort et Dusseldorf.

  • Ils diffusent un catalogue édité à 150.000 exemplaires, envoyé à la demande des clientes.

  • Ils proposent à leur clientèle du matériel de présentation spécifique, comme le cintre spécial maillot, qui est adopté très rapidement par les grands magasins.

  • Ils font installer des stands de vente dans les grands magasins : Nouvelles Galeries, Printemps, Galeries Lafayette.

  • Ils ont une équipe de vente importante, sur le réseau national, mais également à l’étranger : Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Canada . . .

  • Ils organisent des concours dans les points de vente, où un client peut gagner, au cours d’une tombola annuelle, une superbe Ondine (Dauphine Renault).

( Document A. Lepers )

A la fin des années 1960, la progression de l’entreprise est extraordinaire et l’usine de la rue Nadaud devient trop petite. André déménage et part dans des locaux plus vastes au 20 rue Claude Lorrain, qui devient le nouveau siège de « l’Entreprise André Silvain ». La société Serolatex est implantée au 18 rue Molière.

André et Marcelle Silvain et toute l’équipe d’encadrement, rue Claude Lorrain ( Document A. Lepers )

Plus de 600 personnes travaillent désormais dans l’entreprise qui produit, chaque année, plus d’un million de pièces de lingerie Boléro et 250.000 maillots de bain. La marque Tropic devient la 3° marque nationale derrière Rasurel et Triumph.

( Document ANMT )

La marque Tropic a une activité de production saisonnière et, pour essayer de mieux planifier les ateliers de l’usine, André Silvain décide de créer une ligne de vêtements de sports d’hiver en 1967-68. L’expérience n’est pas renouvelée l’année suivante car l’entreprise souhaite développer d’autres familles de produits.

( Document ANMT )

En 1972, André Silvain crée deux nouvelles gammes de vêtements de sports et loisirs : Sportswear et Homewear. En 1980, c’est la marque Ta-Hit qui est lancée ; il s’agit de tenues de gymnastique, de danse et de maillots de bain de compétition. La progression trop rapide de la société d’André Silvain, des années 1950 à 1980, engendre des problèmes d’organisation interne qui freinent le développement. Une réorganisation s’impose en 1981. En 1985, Marcel Juan devient le nouveau directeur général et André Silvain reste le président. L’année suivante, André Silvain, qui n’a pas d’enfant, cède son affaire et prend une retraite bien méritée. Les deux marques Boléro et Tropic vont suivre alors deux chemins bien distincts.

Boléro est racheté par Valéro, puis par Damart, puis par Vanity Fair qui ferme l’usine. La production est délocalisée à l’étranger; c’est le déclin de la marque Boléro. Tropic est repris par Valero, puis par Damart qui cède la marque à des groupes internationaux. Après 40 années d’existence et de succès, et après avoir employé plus de 600 personnes, l’Entreprise André Silvain disparaît.

Photo d’André Silvain ( Document A. Lepers )

Le bâtiment de la rue Nadaud est rasé dans les années 1970. Un supermarché à enseigne « Frais Marché Gro » s’installe ; il prend ensuite l’enseigne « Match » puis ferme ses portes. Après quelques années de friche industrielle, on y trouve aujourd’hui des logements sociaux.

3 rue Nadaud ( Photo BT )

Le 18 rue Molière existe toujours ; il est transformé en lofts.

18 rue Molière ( Photo BT )

Le 20 rue Claude Lorrain est transformé et divisé en plusieurs petites entreprises.

20 rue Claude Lorrain ( Photo BT )

.

Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail (ANMT), et à Albert Lepers pour sa documentation et son précieux témoignage.

.

.

Des cuisinières à la salle de sports

Une entreprise de chauffage, tôlerie et fumisterie est créée en 1865 par les frères Liagre au 14 Boulevard de Paris. Les ateliers se situent dans la rue parallèle juste derrière, la rue des Loups.

L’entreprise de Georges Liagre fonctionne de façon très satisfaisante et, pour faire face à son développement, elle déménage dans de nouveaux locaux plus grands, au 8 rue Neuve , en 1908.

Georges Liagre est présent à l’Exposition Internationale de Roubaix en 1911. Il présente sur son stand ses fourneaux de cuisine au charbon et au gaz. Il obtient la médaille d’argent du concours de l’exposition. Cela va encore lui amener davantage de clients, si bien qu’il doit penser à nouveau à trouver des locaux plus vastes.

Au début des années 1920 Paul Liagre reprend l’affaire ; il s’installe au 211 rue de Lannoy dans l’ancienne brasserie Delcourt Herbeau. Il créé un magasin de vente au 211 bis.

Il dépose la marque « Enfin » pour ses cuisinières.

La production de fourneaux de cuisine, en tôle émaillée et à revêtements de faïence, continue. Après quelques années d’expansion, l’entreprise est reprise par 3 associés et amis : J. Portié, J. Courouble et M. Fleurbaix en 1950.

Les affaires se développent. En 1957, au vu des problèmes de circulation de la rue de Lannoy et de l’importance du tonnage des camions de livraison, le gérant de la société des cuisinières Enfin, J Portié, décide d’agrandir la porte d’entrée. Les travaux sont confiés aux Ets Buirette, rue Thecles.

Document Archives Municpales

En 1962, la société Deville, de Charleville Méziéres, reprend l’entreprise. Elle est spécialisée dans les appareils de chauffage au mazout ; la « flamme bleue Deville » est une enseigne familière aux yeux des Français. Deville reprend la fabrication des cuisiniéres Enfin au charbon et au gaz, qui viennent donc en complément de leur système de chauffage au fuel.

Deux ans plus tard, en 1964, Deville décide d’investir dans d’importants travaux : la construction d’un atelier, d’un grand hall à charpente métallique qui permet l’évolution à couvert du personnel, des marchandises et des véhicules. Un parking de 20 places et une cour de 68 m2 sont également créés. Ce bâtiment n’est pas visible de la rue ; les voisins de la rue Nabuchodonosor donnent leur accord pour la construction. Les Ets Browaeys, 14 rue Boucicaut sont chargés des travaux.

Document Archives Municipales

Les photos suivantes nous présentent le site avant et après les travaux.

Documents IGN 1953 et Google Maps

En 1982, des travaux d’embellissement sont réalisés : ravalement de façade avec peinture extérieure et pose d’une enseigne Deville.

Document Archives Municpales

A la fin des années 1980, la production des cuisinières est stoppée. Il ne reste plus à Roubaix qu’un dépôt, et en 1990 Deville ferme ses portes.

En 1996, la ville rachète le bâtiment. Les locaux en façade, rue de Lannoy, deviennent des bureaux.

Photo BT

L’immense hall de 1200 m2 devient une salle de sports avec entrée rue Nabuchodonosor. Cette salle de sports s’appelle « Salle Deville ». Plusieurs disciplines y sont pratiquées : sports de combat et sports collectifs dont basket, futsal et badminton.

Photo BT

Dix ans plus tard, en 2016, la salle de sports Deville, dont le revêtement est très dégradé, dit adieu aux sports collectifs ( murs trop proches du terrain de jeu, revêtement très dégradé, hauteur de toit non conforme aux normes, etc . . . ).

Aux yeux de la municipalité roubaisienne, la pratique des sports collectifs et du badminton n’est plus du tout adaptée à ce qu’est devenue au fil du temps la salle Deville ; elle va être transformée pour accueillir uniquement des sports de combat.

Le terrain qui était réservé aux sports collectifs est recouvert de tatamis, pour accueillir les clubs de boxe thaï, de kick-boxing, de self défense, de lutte, de judo, et de musculation. La salle reçoit également les écoliers pour les activités péri scolaires.

Photo BT

La salle Deville est dirigée par Jacques Aspeel qui est aussi responsable des activités de boxe.

Ces disciplines ont un franc succès dans le quartier, comme de manière générale à Roubaix. Tous les soirs, la salle est bondée et les sports de combat servent d’exutoire à la jeunesse.

Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation, à Jean François Portié et à Jacques Aspeel pour leur témoignage.

Les documents non légendés proviennent de collections privées.

Les galeries Maman Louise

En 1922 est installé au 179 rue de Lannoy Hector Delescluse et son épouse Adrienne Vancoppenolle. Il y exerce la profession de fripier.

Le précédent occupant de la maison était C. Fievet qui a été successivement en 1913 fripier, puis débitant de boisson. Avant cela, c’était une épicerie, tenue depuis 1886 par les familles Platel-Dekeyser, puis par Alfred Bonte, époux de Désirée Platel. Après la mort d’Alfred, Désirée cède le commerce vers 1900, et s’installe au 45 de la rue Ste Thérèse. Leur fils Henri, représentant de commerce, s’installe au 288, après avoir épousé Louise Papillon, la sœur d’Eugène Papillon-Bonte, le chausseur installé un peu plus bas dans la rue de Lannoy.

D’après un membre de la famille, Louise était très bonne et c’est à cause de cette qualité que le magasin de meubles qui nous occupe aujourd’hui aurait pris son prénom comme enseigne. Le couple quittera pourtant très vite le quartier pour ouvrir une maison de bonneterie d’abord rue du chemin de fer en 1903, puis boulevard de Reims après la deuxième guerre. Le couple conservera néanmoins une courée au 284 rue de Lannoy qu’on retrouve dans le Ravet-Anceau sous le nom de cour Papillon.

Le 179 à la fin des années 20
Le 179 à la fin des années 20

C’est à partir de 1924 que le commerce devient un magasin de meuble sous la raison sociale « meubles Hector Delescluse ». Deux ans plus tard, un agrandissement : on construit une extension au magasin sur trois étages dans la cour de la propriété, sur l’emplacement d’une ancienne bourloire qui s’étendait perpendiculairement à la rue. L’enseigne du magasin devient « à Maman Louise ». Une carte publicitaire montre le magasin avec sa nouvelle enseigne et une camionnette Renault datant du tout début des années 20, utilisée pour les livraisons. Un personnel nombreux pose autour de M. et Mme Delescluse pour la photo. La maison, tout en fabriquant du mobilier, rachète aussi des meubles qu’elle revend d’occasion.

gml2-96dpi

Les travaux continuent. En 1932, on installe une porte cochère dans la partie gauche de la façade. Cinq ans plus tard, la porte de droite est supprimée pour élargir la vitrine, l’accès se fait désormais par la double porte. En 1944, on fait surélever le mur de façade d’un mètre environ et poser un revêtement de grès flammé. L’architecte responsable de la transformation est C. Verdonck. La nouvelle façade figure en bonne place dans les publicités de la maison.

gml3-96dpi

Désormais les galeries Maman Louise vont diversifier leur activité. Si, en 1938, les naïves publicités se bornent à déclarer que Maman Louise « vend du bon, pas cher », elles nous indiquent ensuite que, à côté du mobilier, on peut s’y procurer des glacières « sans glace ni électricité » et des cuisinières au mazout. Elle vend après guerre des peintures et tableaux, ainsi que des poubelles d’appartement, et bientôt des « cocottes inexplosives », des sièges chromés et des meubles en métal, des chauffages au mazout, des « appareils au gaz « Demeyer », des réfrigérateurs « Givrogel ». Les journaux sont pleins de ces réclames, de même que le trottoir de la rue de Lannoy !

gml4-96dpi

Les galeries contribuent à animer la rue de Lannoy au long des années ; le commerce figure encore dans le Ravet-Anceau de 1988. Mais l’âge des propriétaires et la concurrence des grandes surfaces ont finalement raison de l’enseigne, et le magasin finit par disparaître du quotidien des roubaisiens, sinon de leur souvenir…

Photo Jpm – 07/2015
Photo Jpm – 07/2015

Les autres documents proviennent des archives municipales, de la médiathèque de Roubaix, et de collections particulières.

La Tonne d’Or

En 1899 s’installe au 2 de la rue de Lannoy, au coin du boulevard Gambetta, la famille Herchuez-Thesse pour reprendre un estaminet tenu jusque là par M. Coucke et, avant lui, par M. Hamelin, puis par sa veuve. Emile Gustave Herchuez, né à roubaix en 1870, a épousé le 31 Aout 1895 Marie Florentine Thesse. Il est, au moment de son mariage, employé de mairie.

Deux ans plus tard, en 1901, Emile Joseph Delespierre épouse à 34 ans Sophie Clara Thesse, sœur aînée de Marie Florentine. Le couple reprend à partir de 1903 et jusqu’en 1935 ce café qui arbore fièrement l’enseigne de la Tonne d’Or. Emile Joseph Delespierre était veuf de Marie Angèle Dancoisne qu’il avait épousée en 1891, dont il a eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.

La Tonne d'or dans les années 20.
La Tonne d’or dans les années 20.

Suzanne Delespierre, fille d’ Edouard Joseph Delespierre, le frère d’Émile, reprendra ensuite le café avant la guerre avec son mari, Robert Teintenier. Celui-ci, devenu président de la GBM et investi dans le groupement corporatif des brasseurs du Nord, laisse à son tour le café à sa sœur Émilienne qui va l’exploiter avec son mari Émile Henri Vandestocke. Mais Monsieur et Mme Vandestocke-Teintenier sont touchés par l’expropriation des riverains de la rue de Lannoy au moment de l’opération Edouard Anseele, et le café est démoli en 1965, bientôt suivi par les immeubles environnants.

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

Il faut transférer l’établissement à une autre adresse. Selon Nord Matin, le couple choisit de rester dans cette rue qu’ils aiment pour conserver leur clientèle et vont s’installer au 119, à l’angle de la place Ste Elisabeth. Ils y reprennent un autre débit de boissons aussi ancien que celui qu’ils quittent, puisqu’il figure à cette adresse depuis les années 1880. Son tenancier est alors Robert Dubolpaire. On réaménage le café, et on inaugure les nouveaux locaux au mois de juin 1965 sous la présidence de Victor Provo et en présence de nombreuses personnalités. Nord Matin, relatant cette inauguration, décrit la nouvelle Tonne d’Or comme un « véritable chef-d’oeuvre de bon goût et de lumière », et détaille son cadre agréable, son ambiance de gaieté, et son mobilier fonctionnel et sobre.

Photos Nord Matin
Photos Nord Matin

Le café continue donc sa carrière à cette nouvelle adresse. En 1973 il accueille le Pari Mutuel Urbain et les propriétaires se lancent dans la restauration à partir de 1984. Emile Henri Vandestocke décède en avril 1987, Emilienne l’année suivante. Le Ravet Anceau de 1988 fait état d’un café-Brasserie.

Aujourd’hui, le 119 rue de Lannoy n’abrite plus de commerce et semble un peu abandonné …

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

Instantané 1973 bis

Nous avons traité la rue Jules Guesde, axe commercial important du quartier de la Potennerie. Voyons à présent au-delà du carrefour avec la rue du Coq Français, sa configuration commerciale jusqu’à la rue Pierre de Roubaix, ce qui pourrait correspondre à l’ancien quartier du Tilleul.

Carrefour du coq français Vue Google

Si nous suivons les numéros impairs, une maison à étage avec un petit campanile semble enchâssée dans une rangée de basses masures. C’est là, au n°131, qu’officiait l’oiseleur Blondel, dont la façade a conservé la double vitrine désormais fermée par des stores en bois. Un peu plus loin se trouvait l’épicerie de Melle Molders, au n°147, à l’angle de la rue Neuve Racine. La boucherie Vanthournout lui faisait face de l’autre côté de la dite rue, au n°149, avant d’aller s’installer à l’angle de la rue Jouffroy. Venait ensuite un tailleur, M. Derasse au n°151, et la crémerie Snoeck au n°155, immédiatement suivie par la poissonnerie de Melle Leuridan. La cour Saint Joseph se trouvait au n°159. Jusqu’à la rue de Bavai, ce sont des maisons d’habitation.

Boucherie Vanthournout Pub NE
Boucherie Vanthournout Pub NE

La société nouvelle des Ets Degraeve et Prouvost est au n°173. Nous la connaissons aujourd’hui sous la marque Hutchinson, le joint français, et elle occupe une grande surface donnant sur la rue de Bavai et longeant la rue jules Guesde, dont elle épouse la légère bifurcation. Une série de courées venait ensuite, la Cité Tonneau-Vroone, la Cour Bonte Platel, et la Cour Montaigne, qui ont disparu aujourd’hui.

En tête usine De Graeve Coll Méde
En tête usine De Graeve Coll Méd

Au delà de la rue de Lannoy, il y avait au n°209 le lavorama, lavoir automatique, le salon Arlette, coiffure pour dames. Au n°213, le garage de carrosserie automobile Votano, suivi au n°215 du marchand de chaussures Geny. Au n°223, une marchande de parapluies, Madame Van Reust, et au n°225-227, le dépôt de la teinturerie Duhamel. Après la rue Beaurewaert, la boucherie Turpyn-Van Renterghem précède au n°229 le garage auto méridional. La disparition de l’impasse Ingouville a entraîné la démolition de cette partie du carrefour avec la rue Beaurewaert. A l’angle de rue Saint Amand, le café Boghari occupe les n°247-249. Après la cour Penet Labis au n°261, un marchand de jouets, M. Willem et la société de bonneterie Fleurquin se trouvaient aux n°265 et 265bis.

Magasin Geny Photo Google
Magasin Geny Photo Google

Prenons à présent les pairs. A l’angle de la rue Jouffroy se trouve encore le café du Tilleul. Au n°80, le salon de coiffure pour dames de Mme Perrin, un peu plus loin, au n°86, la crémerie de Mme Lesaffre, et aux n°88-90, la bijouterie fantaisie de Mme Leman. Au delà de la rue Duguesclin, le magasin de Pompes Funèbres Van Den Berghe, dont on peut encore apercevoir la double vitrine aux n°102-104, côtoyait le marchand de cycles Dehaut au n°106, et au n°108, le charcutier Bouquillon, juste avant la cité Veuve Pierre Jacob. La droguerie Gallen se trouvait au n°114, et juste après la cour Honoré Castelain au n°118, l’épicerie Haddadi précédait le salon de coiffure pour dames de Mme Van Moerbèke, n°120 et 122. Le café Slosse venait ensuite, pour faire l’angle avec la rue de Bavai.

Carrefour rue de Bavai Photo Google
Carrefour rue de Bavai Photo Google

Le magasin d’alimentation générale de Mme Carlier, l’auto école de M. Lacquement voisinaient aux n°128 et 128 bis, suivi par deux bistrots, de part et d’autre de la cour Saint Jules, le café Lafrad et celui de la Veuve Leclercq, aujourd’hui disparus, de même que la cour Bucson au n°136. Le bar de Mme Russo au n°142 et la société de taxis de Mme Marcelin au n°144 précédaient la cour Dhalluin. Viennent ensuite des petites maisons sans étage, au milieu desquelles se trouve la cité La Pérouse. La droguerie Dubrunfaut au n°158 et une nouvelle série de maisons basses nous amènent à la chapelle du Tilleul.

avant la rue de Lannoy Photo Google
avant la rue de Lannoy Photo Google

Au delà de la rue de Lannoy, le magasin d’alimentation générale de M. Matlinger au n°172 se situait avant la cour Lefebvre-Dhondt, et le salon de coiffure pour messieurs Michel au n°176bis. Le n°178 accueillait quelques sociétés parmi lesquelles, la section de Roubaix de la Fédération Nationale des Mutilés du Travail, le Foyer Municipal d’Éducation Ouvrière, la Coopérative des Aveugles travailleurs de Roubaix et du Nord. A cet endroit, jusqu’à la rue Nabuchodonosor, il n’y a plus désormais qu’un parking et l’accès au centre de petite enfance Louis Cassette. Au delà de la rue Nabuchodonosor, on retrouve une série de maisons d’habitations, avec des entrées de courées : la cour Calonne, la cour Petit, la cour Rousselle, et la cour Desmet, avant laquelle se plaçait la librairie de Melle Houtekier, au n°216. Un coiffeur pour dames, M. Richet au n°220, la société de vins et spiritueux l’Economie, et le magasin de cuirs et crépins de Mme Béranger terminaient notre cheminement jusqu’à la rue Pierre de Roubaix. Tout ceci a disparu pour laisser place à des constructions neuves.

Eglise Sainte Elisabeth

Dite église du Tilleul, l’église Sainte Elisabeth faillit s’appeler Saint Sépulcre, en commémoration de la Chapelle du même nom qui existait autrefois Place de la Liberté. Mais les édiles et les paroissiens préférèrent honorer Sainte Elisabeth en souvenir d’un autre lieu mémorable de Roubaix, l’hôpital Sainte Elisabeth, qui fut fondé par Isabeau de Roubaix. Cette église fut également dédiée à Sainte Elisabeth de Hongrie, canonisée en 1235.

L'église Sainte Élisabeth à la belle époque
L’église Sainte Élisabeth à la belle époque CP Méd Rx

C’est le 15 mars 1858 que Madame Veuve Delaoutre, née Decrême et ses enfants font la donation d’un terrain de 70 ares 93 centiares situé à l’angle du chemin vert reliant la rue du Moulin à la route de Lannoy et du récent Pavé de Lannoy. Le projet est d’y faire construire une église, un presbytère et des écoles. La construction de l’édifice religieux est décidée par délibération municipale du 16 mai et 28 septembre 1859, M. Tiers Bonte étant Maire. L’adjudication des travaux date du 19 mars 1860. Elle est l’œuvre de l’architecte de la ville Théodore Lepers qui la conçoit en style romano-byzantin. La pose de la première pierre eut lieu le 3 juin 1860 par une pluie battante. Les travaux vont durer trois ans. En 1863, elle est ouverte au culte, après avoir été érigée en paroisse pour desservir les quartiers du Pile, des Trois Ponts, du Tilleul et de la Potennerie. Son premier curé desservant sera l’abbé François Labaye qui obtiendra du Conseil Municipal les premiers crédits pour faire construire la chaire et les stalles. En 1867, après trois ans d’attente, une horloge est placée sur la tour de l’église qui a pour particularité d’avoir des cadrans lumineux. Mais la crainte de l’incendie de la flèche et le mauvais fonctionnement de l’appareil amèneront la suppression de l’éclairage.

Le tableau de Jean Joseph Weerts
Le tableau de Jean Joseph Weerts Photo PhW

L’église Sainte Élisabeth accueillera d’excellentes copies de tableaux de grands maîtres, à la demande du Comte Mimerel en 1867, et du Député Maire Constantin Descat en 1874. Mais on peut également y trouver les œuvres d’artistes roubaisiens, comme une des premières œuvres remarquées de JJ Weerts, Saint François d’Assise étant prêt de rendre l’esprit se fait transporter à Sainte Marguerite des Anges, ou encore le Concert des Anges sur la route d’Egypte d’Henri Meurisse, sans oublier le tableau représentant Jésus au milieu des Docteurs réalisé par Constantin Mils.

Les orgues de Ste Elisabeth
Les orgues de Sainte Élisabeth Photo PhW

L’abbé Tilmant installé curé le 6 juillet 1884 va se charger du grand orgue de Saint Élisabeth. Il lance un appel à ses paroissiens pour remplacer l’orgue initial insuffisant pour une si grande église et de plus en mauvais état. La commande est passée à la maison Schyven et Compagnie de Bruxelles. Le grand orgue sera construit et posé en 1885, il aura coûté plus de 30.000 francs de l’époque. Le jeudi 26 novembre 1885, la cérémonie d’inauguration sera conduite par le Chanoine Berteaux doyen de Saint Martin, avant la messe du Saint Sacrement. Le même jour, Alphonse Mailly, premier organiste de sa Majesté le Roi des Belges donnera la première audition de l’instrument. Quelques temps après, ce sera le tour de M. Koszul organiste de Notre Dame de Roubaix, et de M. Meyer organiste de Saint Martin. Le titulaire du grand orgue de Sainte Élisabeth pour 25 ans sera un bruxellois M. Seutin, auquel succédera M. Edouard Peers.

Le Maître Autel en marbre blanc
Le Maître Autel en marbre blanc Photo PhW

L’abbé Tilmant s’occupera également de doter l’église d’un autel digne d’elle. Ce sera chose faite en 1897 : l’ancien autel en bois de chêne est remplacé par un Maître Autel monumental de style roman en marbre blanc, dont le dessin est l’œuvre de l’architecte Patteyn d’Hazebrouck. Le 21 novembre 1897, le Chanoine Berteaux procédera à la bénédiction et l’inauguration de cette œuvre incomparable. En 1892, Madame Alfred Motte offre un banc de communion en marbre blanc devant l’autel, suite à un incident lors des obsèques de son mari, quelques années plus tôt. Il y eut tant de monde à cette cérémonie que le banc de communion qui était en bois se brisa. Le banc actuel porte l’inscription en lettres d’or l’inscription suivante : à la mémoire de Monsieur Alfred Motte-Grimonprez. L’abbé Tilmant remédiera enfin au manque de lumière de cette église en faisant agrandir trois des neuf fenêtres du chœur, et par la pose de vitraux plus clairs que les initiaux de 1895 à 1901. Les péripéties entraînées par la loi de séparation des églises et de l’Etat et la première guerre mondiale retarderont la consécration solennelle de l’église, qui interviendra le 29 juin 1933 et dont la cérémonie sera conduite par Monseigneur Jansoone.

Vues contemporaines
Vues contemporaines Photos Méd Rx

L’église Sainte Élisabeth est née sans flèche à son clocher. Le conseil municipal votera un crédit en 1877 pour la pose de la croix du clocher et du coq, lequel fut remplacé en 1898 par un nouveau coq en cuivre faisant fonction de girouette. Il s’envolera au cours d’une tempête en 1929.  Plus récemment, en 1972, la démolition de la flèche de l’église sera décidée, en raison de l’envol régulier de ses ardoises, du danger que cela représentait pour les passants et des menaces de son effondrement par grand vent.

Sources :

Notice sur l’église Sainte Élisabeth in Bulletin SER n°40

Abbé Schapman, Vie abrégée de Sainte Élisabeth de Hongrie, suivie d’une notice sur l’église Sainte Élisabeth à Roubaix Editions SILIC 1934

Des sabots à la SARL

Photo La Voix du Nord - 1975
Photo La Voix du Nord – 1975

En 1869 a lieu le mariage d’Amédée Papillon, employé de commerce, et domicilié rue de la Gaîté, et de Lievène Thomas.Deux ans après le mariage leur naîtra un fils, Eugène. Le couple fonde alors un commerce de sabots au 146 de la rue de Lannoy, juste après la rue Decrême. Ils resteront à cette adresse jusqu’après 1891, puis déménagent avant 1894 pour installer leur négoce au 164 de la même rue, sur un terrain encore resté libre.

A cent mètres de là, Alfred Bonte tient en 1891, avec son épouse Désirée Platel, une épicerie située au 179, futur emplacement des galeries Maman Louise. Le couple, marié en 1870, donne naissance à une fille Marie. Après le décès du chef de famille en 1890, sa veuve reprend l’épicerie, qu’elle ne cède que vers 1900. Elle se retirera ensuite au 45 rue Ste Therese.

Ces deux familles se rapprochent en 1897, à l’occasion du mariage d’Eugène Papillon et de Marie Bonte, mariage qui fait l’objet d’un contrat, délivré par maître Vahé. Eugène est alors, comme son père, négociant en chaussures. Ils auront trois enfants, Suzanne, Lievin, et Louise, et prendront plus tard chez eux la mère de Marie, Désirée Platel, qui quitte la rue Ste Therese. Le couple reprend le commerce de chaussures des parents d’Eugène.

Sur ces entrefaites, en 1901, l’architecte Achille Dazin demande un permis de construire au nom de Eugène Papillon-Bonte au 167, sur l’autre trottoir. Le plan de ce bel immeuble très orné inclut à droite un magasin dont la vitrine comporte une double porte. La demande est renouvelée en 1910, la propriété s’étendant jusqu’à la rue Beaurewaert.

Document archives municipales - photo Jpm
Document archives municipales – photo Jpm

En 1913 le Ravet Anceau indique au 167 Papillon-Bonte, chaussures en gros. Le 164 est repris par une maison de vente à crédit.

Dans les années 30, Eugène Papillon fils, représente la deuxième génération pour l’entreprise. En 1933, il crée derrière le magasin la première usine de pantoufles à semelles vulcanisées de France, les « pantoufles du Docteur Bontemps ». En 1939, on trouve dans le Ravet-Anceau au 167 Papillon-Bonte, négociant, et au 167 bis anciens établissements Papillon-Bonte, E. et A. Papillon, fabricants de chaussures, l’adresse étant partagée avec un garage. La mairie reçoit une demande pour agrandir les ateliers. L’entreprise est également propriétaire des numéros 169 et 171. L’usine est de nouveau agrandie en 1947.

1947-96dpiDans les années 40, un second magasin ouvre ses portes, toujours rue de Lannoy par l’absorption des chaussures Dolly, magasin installé au 20, au coin de la rue de la Tuilerie, ainsi qu’un autre , au 6 et 8 avenue Jean Lebas à l’enseigne Deflou.

Photos La Voix du Nord et médiathèque de Roubaix – documents coll. particulière
Photos La Voix du Nord et médiathèque de Roubaix – documents coll. particulière

 Papillon-Bonte ouvre également un magasin Grand Place à Tourcoing. En 1956, l’usine de caoutchouc ferme, mais l’entreprise continue à grandir : en 1960, on ouvre Grand Place à Roubaix le premier magasin dédié aux enfants. Les magasins Chauss’Mômes se multiplient dans la région. Le nombre de magasins s’accroît dans différentes villes.

Mais le magasin du numéro 20 rue de Lannoy est exproprié lors de la démolition de l’îlot Anseele. Il est réinstallé ans un premier temps au Lido.

Photos la Voix du Nord et Nord Eclair
Photos la Voix du Nord et Nord Eclair

L’un après l’autre tous les magasins installés à Roubaix ferment pour des raisons diverses. Le siège social s’installe à Marcq. C’est maintenant la quatrième génération de Papillon qui est aux commandes de la société. Les magasins continuent à se multiplier, mais, peut-être pour l’instant, pas à Roubaix.

Le magasin grand rue – photo Delbecq archives municipales
Le magasin grand rue – photo Delbecq archives municipales

 

 

 

 

 

Un quartier, un comité

Le 15 mars 1858, Madame Veuve Delaoutre, née Decrême et ses enfants font la donation d’un terrain situé à l’angle du chemin reliant la rue du Moulin à la route de Lannoy. Le projet est d’y faire construire une église, un presbytère et des écoles. La construction de l’édifice religieux fait l’objet d’une délibération municipale du 28 septembre 1859, l’adjudication des travaux date du 19 mars 1860. Cette église est l’œuvre de l’architecte de la ville Théodore Lepers qui la conçoit en style romano-byzantin. Les travaux vont durer trois ans. En 1863, elle est ouverte au culte, après  avoir été érigée en paroisse pour desservir les quartiers du Pile, des Trois Ponts, du Tilleul et de la Potennerie.

Parvis de l'église Sainte Élisabeth CP Méd Rx
Parvis de l’église Sainte Élisabeth CP Méd Rx

Une rue Sainte Élisabeth est créée le 30 août 1865 et dénommée le 18 septembre 1867. Elle s’étend du chevet de l’église jusqu’à la rue des longues haies, et en 1899 un projet de jonction au boulevard Gambetta est envisagé qui ne sera jamais mené. C’est dans cette rue que se trouvait l’école des Sœurs de la Sagesse au n°57, avant que l’école ne soit laïcisée et devienne l’école Ernest Renan, ce qui n’empêchera pas le retour de l’école confessionnelle après la première guerre mondiale. En 1930, il y avait dans la rue deux écoles communales (filles et maternelle), et deux écoles confessionnelles (filles et maternelle) ainsi qu’un patronage de jeunes filles, les Ames Vaillantes. Cette rue porte aujourd’hui le nom d’Henri Lefebvre, militant socialiste décédé en 1937.

École rue Sainte Élisabeth CP Méd Rx
École rue Sainte Élisabeth CP Méd Rx

C’est donc bien un quartier qui se crée à partir de 1860, entre le chemin des longues haies (ex rue Edouard Anseele)  et le chemin du tilleul (actuelle rue Jules Guesde). Roubaix ville s’arrête encore au chemin du Pile à La Potennerie (future rue Jules Guesde). La création ultérieure d’ autres paroisses va contribuer à délimiter le territoire actuel du quartier : ainsi l’église Saint Rédempteur (1883), l’église Saint Jean Baptiste (1890), de même que l’importance grandissante des voies de communications comme la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix. La ville industrielle se développe également avec les implantations des usines du boulevard de Mulhouse (1883), de la rue Jouffroy (1887), et du boulevard de Reims(1895).

École Ernest Renan CP Coll Particulière
École Ernest Renan CP Coll Particulière

Après plusieurs réunions de travail, le comité de quartier Saint Élisabeth se crée en mars 1985. Le premier problème à résoudre est de savoir comment les moyens entre le comité de quartier du Pile (créé antérieurement) et le nouveau comité de quartier Saint Élisabeth seront répartis par la mairie. Au sein du premier bureau de l’association, le Président est Michel Parent, la secrétaire Marie-José Joly, et le trésorier Mohamed Guerra. Chaque association du secteur peut bénéficier d’un siège au conseil d’administration. Le comité de quartier a défini son territoire : c’est un quadrilatère formé par le boulevard de Belfort, la rue de Lannoy, le boulevard de Mulhouse et la rue Pierre de Roubaix.

Territoire Comité de Quartier Extrait Plan Méd Rx
Territoire Comité de Quartier Extrait Google Maps

Les objectifs du comité sont les suivants : obtenir un local pour les jeunes, maintes fois réclamé à la mairie. L’ancienne école Sainte Thérèse pourrait servir à ça, mais le comité souhaite récupérer une maison qui serait retapée par les ados. On souhaite également un point d’urgence et d’accueil pour les femmes battues, on revendique la création d’espaces verts dans le territoire. Puis plus largement des points d’informations sur droits et devoirs des propriétaires et locataires, pour les demandeurs d’emploi, pour la création d’entreprises intermédiaires, sans oublier l’organisation de fêtes de quartier. Ambitieux programme, à l’image de ceux des autres comités de quartier roubaisiens.

A suivre

Sources :

Bulletin de la SER n°40 Inventaire du Patrimoine religieux roubaisien,

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs Editions SER,

Presse locale, Internet