Le jardinier, l’horticulteur et le fleuriste

Voici l’histoire professionnelle d’une famille du quartier Raverdi Potennerie. M. et Mme Hector Hoste étaient au service du château du Raverdi, propriété occupée par l’industriel Georges Heyndrickx et sa famille jusqu’à la première guerre. M. Hector Hoste était le jardinier et Mme Hoste la cuisinière. Après la guerre de 14-18, ils se sont installés avec leurs enfants boulevard de Reims. A cette époque, la rue Montgolfier vient d’être prolongée de la rue de la Potennerie jusqu’à la rue Jean Baptiste Notte, coupant ainsi le grand parc de la Potennerie formé par les propriétés Heyndrickx et Motte.

Dans les années 1920, Hector avec ses deux fils, André et René s’installent jardiniers sur un grand terrain de la rue Philippe Auguste loué à la famille du “château”. Ils y cultivent surtout des fleurs, font l’entretien de jardins à l’extérieur, et un peu à la fois, ils construisent des serres. . A l’époque, on faisait des chrysanthèmes qui ne venaient pas de Hollande. Les deux fils font construire leur maison et s’installent l’un au 198 rue Dupuy de Lôme et l’autre au 42 rue Philippe Auguste. Le terrain exploité donne sur les deux rues, et il y avait là les couches qu’on allait ouvrir ou fermer. Il y avait une petite cheminée avec une chaudière, car en hiver, ou au moment de la Toussaint, quand il faisait très froid, on chauffait les serres au charbon.

L’exploitation de la rue Philippe Auguste en 1935 Collection particulière

Après la guerre, Hector Hoste est décédé, la famille augmente et les deux frères se séparent. René Hoste part s’installer, toujours pour les fleurs, près du cimetière de Roubaix, Place Chaptal. André Hoste et son épouse continuent l’exploitation et rachètent la moitié du terrain de la rue Philippe Auguste. Pendant la guerre, ils ont surtout cultivé les légumes, qui étaient vendus sur place au voisinage. Puis la vie a repris, les occasions d’offrir des fleurs sont devenues plus fréquentes, et Mme Hoste a décidé qu’ils allaient construire un magasin de fleurs, au 198 rue Dupuy de Lôme.

Madame Hoste et le magasin de fleurs de la rue Du Puy de Lôme Collection Particulière

C’est leur fils, également prénommé André, qui après avoir fait un stage chez un grand fleuriste parisien, donnera  à ce magasin une renommée que beaucoup lui envieront. Doué et courageux, il a fait des choses magnifiques, comme par exemple  l’inauguration  d’IBM rue Verte, la décoration de la Préfecture au moment des vœux, la Lainière. C’étaient des occasions exceptionnelles, et de la véritable décoration florale. La belle histoire de la famille et du magasin de fleurs s’est arrêtée à la fin des années 1990 quand André fils a pris sa retraite.

Le jardinier, l’horticulteur, le fleuriste Collection particulière

De l’usine au super marché

Aux numéros 43 et suivants de la rue Jules Guesde, entre l’impasse Saint Louis et la rue de Denain, s’installe à partir de 1893 la teinturerie Derreumaux. Elle disparaît à la deuxième guerre, après cinquante ans d’activité. Après la guerre, et jusqu’à la fin des années 60, c’est la teinturerie R. Lenfant et Cie qui s’installe sur les lieux. Au début des années 70 la teinturerie, désaffectée et en mauvais état, est reprise par une société de distribution alimentaire de haute Somme, « la ruche Picarde » dont le siège social est à Amiens.

Les emprises de la teinturerie en 1953

A sa demande, et au vu de l’état des bâtiments, une autorisation de démolir est donnée à la société, qui désire implanter un super marché. Dans un premier temps, elle envisage de conserver et de réaménager certains des anciens locaux situés au fond de la propriété, et de démolir ceux situés dans la partie avant, face à la rue Jules Guesde, pour laisser place à un parking. Elle dépose donc une demande de permis de construire en ce sens.

Mais des difficultés apparaissent : une enquête des services de sécurité menée en 1974 insiste sur le mauvais état de l’ensemble et conclut que les charpentes des bâtiments à conserver sont vétustes et dangereuses. L’inspecteur constate qu’ils « menacent ruine ». Il faut refaire à neuf toutes les structures si l’on veut y recevoir du public. A la suite de quoi, la société « la ruche Picarde » requiert maître Verkindere de constater l’état des lieux. Celui-ci ne peut que constater le l’état inquiétant des locaux et le danger qu’ils représentent pour le public.

Photos prises sur les lieux par Maître Verkindere

Par ailleurs, le préfet du Nord rejette la demande de permis de construire pour non conformité aux règlements concernant la hauteur des constructions. Enfin, le bâtiment donnant sur la rue de Denain est frappé d’alignement. Tout est donc à revoir ! Finalement, les travaux de reconstruction sont tout de même menés à bien dans le respect des règles d’implantation et de sécurité.

Le magasin porte l’enseigne « Nova » et la conserve jusqu’en 1980. Ensuite le super marché devient un « Miniper »., puis devient « Unico » en 1987. Il est finalement repris par l’enseigne Lidl, qui a entrepris récemment une reconstruction des bâtiments en suivant les normes environnementales actuelles.

 Les documents utilisés proviennent des archives municipales.

 

Les 90 logements du Boulevard de Reims

Le parc de la Potennerie est racheté avant la dernière guerre par la caisse d’assurances sociales « la Famille », et revient lors de la création de la sécurité sociale à la caisse primaire de Roubaix. En 1950, la ville s’en porte acquéreur pour y construire un centre médico-social, projet finalement abandonné. C’est alors l’office départemental des HLM qui le reprend. On y construira les immeubles constituant les groupes de la Potennerie rouge et de la Potennerie blanche. Après ces travaux, il demeure une bande de terrain libre, située derrière l’ancien mur du parc, en bordure du boulevard de Reims. Elle est rétrocédée à l’office public d’ HLM de Roubaix qui va y construire 90 logements de tailles diverses pour y reloger les derniers habitants du secteur Edouard Anseele.

Le terrain qui servira à la construction – photo Nord Matin

Les travaux démarrent en octobre 1960. Les appartements disposeront du chauffage central individuel ; ils seront peints et tapissés avant d’être livrés. Les techniques de construction sont nouvelles : certains éléments (murs intérieurs, plafonds et escaliers) sont coulés au pied des immeubles, puis on les installe ensuite en place. Cette technique permet d’accélérer la construction : par exemple, les évidement pour le passage des canalisations sont prévus lors de la coulée.

La construction – photos Nord Eclair et la Voix du Nord

On remarque que l’ancien mur du parc et sa porte monumentale ne sont abattus qu’à la fin des travaux .

Contrairement aux autres immeubles du quartier, l’architecte a prévu quatre magasins au rez-de chaussée de l’immeuble situé le long du boulevard de Reims. Ces magasins sont occupés dès livraison : En 1968, on trouve un poissonnier, M. Pauwels au 272, un « Bazar de la Potennerie » au 280, qui deviendra en 1973 une agence immobilière. Au 288 une épicerie (magasin EGE), au nom de M. Decaestecker, qui tient également une autre épicerie « Aux fruits de Provence » au 296. En 1978, un pédicure s’installe au 272, tandis que le 280 devient un salon de coiffure.

Photos Nord Eclair et Jp Maerten

On constate que l’immeuble a peu changé depuis sa construction, et qu’il est resté en bon état. On pourrait faire cette remarque pour la plupart des immeubles de brique rouge construits à Roubaix vers cette époque.

Appartement de la Potennerie Rouge

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Pour avoir un de ces appartements, il fallait être marié depuis au moins un an, habiter la ville de Roubaix. La mairie de Roubaix avait un quota d’appartements dans ce nouveau lotissement pour les enseignants qui travaillaient sur Roubaix. Donc on a habité cet appartement, au numéro 2.

Nous étions au troisième étage. C’était beau, ultramoderne, mais il n’y avait pas d’ascenseur. Il y avait une cave, où l’on pouvait mettre les boulets pour le chauffage au charbon, et les vélos… On n’a jamais eu de vol. On mettait les caisses de bière avec l’argent, pour les livraisons de la Grande Brasserie Moderne…J’ai un souvenir sur le chauffage. Comme il n’y avait pas de chauffage permanent, en hiver les tuyaux d’eau étaient gelés, on nous avait dit qu’il fallait mettre des journaux autour des tuyaux et chauffer pour dégeler. Donc j’ai fait ça, et ça a failli mettre le feu à l’appartement !

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Le plan de l’appartement

On entrait dans un petit hall où se trouvaient les toilettes, ensuite, il y avait une porte qui amenait à la cuisine. Il y avait des éléments dans la cuisine, et dans un coin, un endroit pour mettre une cuisinière mixte : à l’époque, j’avais une Coussement, le grand chic !  Les cuisinières Coussement mixtes à feu continu, c’était quelque chose ! On faisait des pommes de terre au four là dedans !… Elle était mixte, il y avait deux brûleurs à gaz…Je crois qu’il y avait ensuite l’entrée de la salle de bains, la chambre, et le grand balcon.

Ensuite, venait le séjour, et une seconde chambre avec une double porte. On l’a ouverte, donc ça faisait un grand séjour. Il y avait un feu continu dans le séjour sur le côté. Ça ne chauffait pas très fort, mais c’était un feu continu qui était loué en même temps que l’appartement. C’était le chauffage au charbon, il fallait monter les seaux à charbon. La cuisine était grande, la salle de bains aussi. Pour chauffer la salle de bains, on devait laisser la porte ouverte. On devait chauffer à mort… Le chauffe-eau était une ELM Leblanc. Le feu continu, c’était une espèce de feu gris-noir… C’était un truc allemand. C’était de la fonte, parce que c’était difficile à chauffer, mais, une fois que c’était chaud…

Les équipements de 1954 pubs journaux

Pour avoir cet appartement, j’ai fait la demande à la mairie de Roubaix. A l’époque, il n’y avait pas de surloyer, tout le monde payait le même loyer. Je ne crois pas que c’était cher, non, c’était très raisonnable, mais on était deux à travailler…

On a été les premiers à avoir une télévision, parce que le voisin, la porte à côté, était représentant en télévisions. Donc, on a été pratiquement les premiers sur Roubaix à avoir une télévision. Et il y avait une antenne, justement, qui avait été installée par le CIL. C’était une Philips, et elle a duré douze ans ! La télé était dans le séjour. Les gens passaient chez moi. On regardait l’émission de Jean Nohain, 36 chandelles, il y avait aussi Cinq colonnes à la une…

Le parc était magnifique, il n’y avait pas de barrières, c’était bien entretenu, bien fréquenté…

Merci à Camille Mullié pour ce témoignage, Photos PhW

Ces appartements ont été construits par le CIL en 1953 et 1954. Ils font partie de la série commencée au Galon d’Eau et poursuivie au square des Près. Nous parlons de Potennerie Rouge à cause de la couleur des briques employées, et pour distinguer ce lotissement de celui qui le jouxte, dit la Potennerie Blanche, qui a été construit après de 1958 à 1960.

Appartement rue Renan

potblancheaer copievue aérienne « Potennerie Blanche » Photo IGN Mappy

Les trois bâtiments plus petits ont été réhabilités il y a quelques années, et pour la grande barre, rue Ernest Renan, les travaux vont commencer sans doute en fin d’année, pour démolir les deux premières entrées côté Montgolfier, avec construction d’un nouveau bâtiment  attenant à l’existant. Il y a une entrée également qui va disparaître, l’avant-dernière sur la droite. L’accès Renan, qui est complètement sur la droite du bâtiment passera sur cette démolition, et il va y avoir des constructions de maisons individuelles sur ce secteur là. On va aussi complètement retraiter l’espace vert.

C’était en 1994. Je n’ai habité là que quinze mois ; en fait, pour moi, ce n’était qu’une étape. Je loue un appartement à l’entrée numéro 8, à peu près dans le milieu de la grande barre. C’est un appartement deux chambres au quatrième étage, sans ascenseur. Je loue à l’agence Partenord des Hauts Champs, rue Chardin.

Il faut savoir qu’il y a trois appartements par palier, cinq niveaux, donc ça fait quinze appartements par entrée. On entre par un couloir relativement long qui dessert à gauche une première chambre, qui donne directement sur la salle de bains. J’avais condamné la porte de communication entre cette chambre et la salle de bains. Ce qui est amusant dans cette configuration, c’est qu’on peut entrer dans la salle de bains par trois endroits différents. Moi, j’utilisais la chambre qui est tout au fond, qui donnait également sur la salle de bains et ça me faisait comme une « suite », comme dans les hôtels de luxe. C’était mon luxe à l’époque !

Le grand bâtiment vu de la rue Philippe Auguste Photo PhW

La particularité de cette face là, qui donne sur la rue Ernest Renan, c’est les grandes baies vitrées tout le long. Il y a un à peu près un mètre cinquante de mur, et au dessus, la baie vitrée tout le long. Ensuite un séjour relativement petit, qui donnait sur un grand balcon. On pouvait même manger sur le balcon. J’ai un doute : je ne me souviens pas si le balcon allait jusqu’à la cuisine ou pas… La cuisine, qui paraît grande sur le schéma, était minuscule : on ne pouvait pas s’y tenir, on ne pouvait pas y manger. C’était pratique pour faire la cuisine, puisqu’on avait forcément tout sous la main. C’était une kitchenette plutôt qu’autre chose… On entre dans la cuisine par le séjour.

Je disais tout à l’heure qu’il y avait trois appartements par palier. Là où j’ai mis des hachures, c’est l’appartement d’à côté qui vient s’imbriquer dedans, et c’est la raison pour laquelle, à mon avis, il y avait ce couloir. Je n’ai pas visité les autres appartements. A mon avis, les trois appartements sur le palier n’ont pas la même configuration du tout.

Du point de vue acoustique, c’était sympa, parce qu’on entendait tout ce qui se passait à côté, donc on était au courant de tout, pas besoin de rencontrer ses voisins pour savoir ce qui se passait… Chauffage par le sol, pas de grenier, par contre, une cave bien pratique, parce que quand tu habites au quatrième étage, et que tu reviens avec tes courses, tu es content de pouvoir en mettre un petit peu à la cave et de ne pas tout monter d’un seul coup. C’était sécurisé, fermé à clé, chacun avait son emplacement fermé, son box. Je n’ai jamais eu de problème avec la cave. Par contre, j’ai eu des problèmes, notamment avec des drogués dans les escaliers, j’ai retrouvé des seringues, des gens qui se piquaient, du sang sur les murs… Ils n’étaient pas agressifs, ils se droguaient simplement. Ça n’est pas très agréable, mais bon…

Le grand bâtiment côté rue Renan Photo PhW

J’avais un lave-linge. Ça me revient, parce que, quand j’ai déménagé, j’ai retiré la machine à laver ; je n’ai pas vu que le robinet fuyait, et, quand je suis retourné pour l’état des lieux, il y avait trois centimètres d’eau dans la salle de bains. Il a fallu éponger avant que l’agent de Partenord n’arrive : il y avait de l’eau jusque dans le séjour ! C’était de la moquette partout, sauf la salle de bains. En cuisine, c’était du carrelage et salle de bains aussi. Le reste était moquetté. Sur 15 mois, je n’ai pas changé de voisins…

Merci à Gérard Vanspeybroeck, ex locataire de la Potennerie Blanche

Rue Jules Guesde, commerces

La rue Jules Guesde était à l’origine un chemin très ancien reliant le hameau du Pile à celui du Raverdi. Il traversait au niveau de la rue de Lannoy le hameau du Tilleul, où se trouvait un très vieux tilleul. L’arbre disparaît et le chemin devient la rue du Tilleul. Puis en 1922, ce sera la rue Jules Guesde, en hommage au député de Roubaix récemment décédé.

L’atelier mémoire, lors d’une de ses réunions mensuelles, a évoqué les commerces présents dans cette rue, et a croisé les souvenirs de ses membres avec des renseignements puisés aux archives municipales.

charrier1964 copiele n°1 rue Jules Guesde en 1964 Photo Nord Éclair

Intéressons nous d’abord au côté impair, en partant de la rue d’Hem, jusqu’à la rue de Denain. Le n°1 a peu évolué : après avoir été un estaminet entre 1906 et 1939, il devient après la guerre une boutique de photographe, d’abord avec Emile Charier, puis avec monsieur Leroy, avant que l’immeuble ne soit récemment racheté par la mairie. Un membre témoigne : « Quand monsieur Leroy a cessé son activité, le bâtiment est resté vide un moment, et la ville a préempté cet immeuble, en pensant y reloger peut-être le comité de quartier Moulin-Potennerie… »

Le n°3 est d’abord une épicerie, et devient en 1923 la mercerie Knoff pendant plus de 60 ans et sur trois générations ! Le n°5 a été avant guerre successivement un magasin de confection, puis une poissonnerie. Le n°7 était avant guerre une épicerie, puis une crèmerie jusque dans les années soixante dix. Le n° 9 a été une boucherie à partir de 1900 jusqu’aux années quatre-vingts. Le marchand de cycles installé après la guerre au n°11 a rapidement laissé place à une crèmerie. Après le carrefour de la rue de Bouvines, le n° 13, estaminet du début du siècle jusqu’à la guerre, est devenu un marchand de cycles, et enfin une crèmerie. Le n°15 a longtemps été l’épicerie, puis est devenu l’estaminet Vandemeulebrouck avant la deuxième guerre, il redevient ensuite une épicerie jusqu’à la fin des années soixante.

Magasin de tissus et de confections en 1906, le n° 17, se reconvertit en magasin de fleurs artificielles juste avant la deuxième guerre. Le n° 19 est un commerce d’alimentation depuis le début du vingtième siècle. On trouve avant la première guerre au n° 23 une épicerie, puis entre les deux guerres un coiffeur, un magasin d’électricité, et après la seconde guerre, une bonneterie.

Pas d’autre commerce avant le carrefour de l’impasse St Louis. Au n° 31, on trouve avant guerre une épicerie, puis l’horlogerie Goossens, devenue aujourd’hui une viennoiserie. Après l’impasse, le n° 33 a abrité durant la première moitié du siècle un estaminet, puis une droguerie jusque dans les années soixante dix.

Archives municipales de Roubaix

Au n°43 et suivants, l’usine de teintures et d’apprêts Derreumaux est démolie dans les années soixante dix, pour laisser place à un supermarché Miniper. Aujourd’hui c’est l’enseigne Lidl, qui a entrepris une reconstruction. Un membre de l’atelier précise : Lidl a tout un programme de reconstruction de ses magasins sous forme HQE, (haute qualité environnement) une structure en bois, de larges baies vitrées pour la lumière, et une très grosse réserve d’eau de pluie, en cas d’incendie…

Le n°61, après avoir été brièvement une crèmerie, une confiserie et une horlogerie, devient le magasin de camping et de jouets Deltête. Ce magasin avait également une vitrine sur la rue de Denain.

à suivre

Notre Dame de Toute Bonté

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La statue de l’église St Jean Baptiste et celle de la place du Travail

Dans la nuit du 11 Juin 1940, un bombardement sur le quartier du Raverdi détruit 20 maisons rue Philibert-Delorme. Par bonheur, on n’a à déplorer aucune victime. La Voix du Nord ajoute « Quelques semaines plus tard, au cours du mois d’août, un incendie menaça d’anéantir un pâté de maisons. Devant ce danger, le curé du moment invoqua Notre-Dame de Toute-Bonté. On raconte que peu à peu le vent faiblit et tourna. Maisons et habitants furent épargnés. »

Les habitants, voyant là l’intervention divine de Notre-Dame de Toute-Bonté, décident, reconnaissants, de lui élever un monument. Après la guerre, le projet se réalise. M. Forest, architecte, est choisi. La statue est sculptée par Achille Vilquin sur le modèle de celle de l’église St Jean Baptiste, elle-même inspirée d’une Vierge à l’enfant en bois polychrome du 15ème siècle placée dans la chapelle Notre- Dame de Toute Bonté à Châteauponsac, en Haute Vienne.

La statue est placée sur une stèle dans un enclos situé à l’angle de la rue Henri Regnault et du boulevard de Fourmies. Une plaque au pied de la statue commémore l’événement.

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Un Pélerinage se déroule chaque année le jour du 15 Aout. Une Procession, partant de l’église St Jean Baptiste, se rend place du travail. Nord Matin précise en 1972 que c’est, à l’époque, « l’une des dernières processions de la région ».

Document Bernard Thiebaut

Commerces de la rue Jean Goujon

ruejeangoujonLa rue Jean Goujon en 1956 Photo Nord Éclair

La rue Jean Goujon fut établie dans le prolongement de la rue du Tilleul, future rue Jules Guesde, afin de permettre l’accès au parvis de l’église Saint Jean Baptiste terminée en 1890. Ses premières maisons et commerces apparaissent du côté pair, elle est viabilisée en 1904, ce qui la transforme en une rue très passante et commerçante.

Commençons la visite par le n°2. L’estaminet de 1900 voisinait déjà avec un boucher au n°2 bis avant de devenir la boucherie charcuterie Derruder dans les années vingt. C’est un marchand de volailles qui lui a succédé au milieu des années soixante. Le n°4 fut d’abord une épicerie, avant de connaître divers occupants : un cordonnier, un marchand de meubles, un marchand de chaussures. Le n°6 est occupé dès les années vingt par un marchand de chaussures, il l’était encore dans les années soixante dix avec la maison Dubois.

La quincaillerie Teffri Photo Lucien Delvarre

La quincaillerie Teffri a laissé un souvenir durable dans la mémoire des gens du quartier, elle a démarré au début du vingtième siècle, et elle se trouvait au n°16 jusque dans les années quatre-vingts. Un teinturier occupe le n°18, dès les années vingt, et ce jusqu’au dépôt Duhamel des années soixante. En 1984, il y aura là une épicerie. Le n°20 abrite un ébéniste en 1922, puis ce sera la société de chauffage central Clairbois et Boiveau, les équipements ménagers Clairbois. Un cabinet immobilier puis un cabinet d’assurances ont pris la suite dans les années soixante dix.

La rue Jean Goujon, les commerces côté pair Coll Thiébaut

Le café au n°22 est un des plus anciens commerces de la rue. D’abord cité comme tabac en 1900, il est indiqué café en 1922 et le restera jusqu’à nos jours avec des tenanciers différents. Le n°24 était entre les deux guerres, la librairie Hertogh Vanheule. Après guerre, un électricien, puis un fleuriste lui succéderont. La coopérative roubaisienne de consommation se trouvait au n°26 en 1931. Après guerre, une poissonnerie y restera une vingtaine d’années, et c’est aujourd’hui un Lavomatic. Le n°28 a toujours été un commerce de fruits, légumes et primeurs, tenu après la seconde guerre par M. Debersée. Les n°30-32 sont le domaine de la boulangerie pâtisserie. Dans les années trente, s’y trouvait la biscuiterie roubaisienne. Enfin le 32bis était un estaminet salon de coiffure, avant de devenir un café à part entière, qui a aujourd’hui laissé la place à une agence immobilière.

Au n°1, les Coopérateurs de Flandre et d’Artois Coll Thiébaut

Le côté impair comporte moins de commerces, du fait de la présence du square Corot, qui coupe sa perspective au milieu de la rue. Autrefois, le n°1 fut un estaminet, avant de devenir une maison de mercerie, puis de bonneterie et de lingerie jusque dans les années cinquante. Les Coopérateurs de Flandre et d’Artois y sont installés en 1955 pour une vingtaine d’années.

Au n°3 se trouvait une boucherie, jusque dans les années quatre-vingts. Le n°3 bis a longtemps été occupé par le commerce d’un grainetier, Modart en 1953, et Deborgher par la suite. Le photographe Deladerière se trouvait au n°5 en 1900, il y restera une vingtaine d’années avant d’être remplacé par un comptable. Un teinturier est au n°7 pendant les années trente, la boucherie hippophagique Nys au n°9 dans les années cinquante, et plus récemment au n°11 une pharmacie dans les années soixante dix. Tous ces commerces sont aujourd’hui disparus. La boucherie chevaline qui fait l’angle de la rue d’Hem a sans doute pris la suite du n°9.

La rue Jean Goujon a donc été le digne prolongement commercial de la rue Jules Guesde pendant tout le vingtième siècle.

La ferme du Petit Beaumont

La ferme, vue depuis la place du Travail – Photo Coll. B. Thiebaut

Le tramway G, venant du Boulevard du Cateau, contournait la place par la droite pour emprunter la rue Henri Regnault en direction d’Hem.

Placée depuis le 18e siècle au carrefour de deux chemins devenus la rue de Beaumont et le boulevard du Cateau, là où a été tracée la place du Travail, cette ferme, appelée également ferme du petit Beaumont, dépendait du fief du Raverdi. Enfermée autour de sa cour par des murs épais, elle témoigne d’une époque où il fallait se barricader pour se défendre des attaques des bandes pillards, les Catulas, qui battaient la campagne.

J.B. Destombes a été un des censiers de la ferme vers 1830. Il s’est opposé aux droits d’octroi taxant les produits des fermes des alentours à l’entrée de Roubaix bourg, au moment où la partie Sud de Roubaix, dénommée Roubaix Campagne demande son autonomie par rapport à la partie citadine et industrielle. Elle fait partie des 7 fermes encore vivantes après guerre, bien que la plupart de leurs terres aient été déjà livrées aux constructions. Pourtant, Nord Éclair nous assure en 1949 que ce sont encore « de véritables censes avec du fumier, des chevaux, une étable. Bref, de vraies fermes, avec des toits croulants, de vieux murs tapissés de lierre, des arbres vénérables, des haies vives et des fermières en sabots et tabliers bleus. »

Cruque1949-96dpi La ferme. Photo Nord-Éclair
Au fond à gauche, l’habitation. Au fond à droite la grange, devant étable, écurie, et laiterie

En 1885, la ferme appartient à la famille Loridant frères et sœurs. A partir de 1887, et jusqu’en 1922, le Ravet-Anceau nous indique JB Cruque. On y trouve en 1939 la veuve L.Cruque-Loridant. En1955 Jean Cruque l’habite encore, mais ne l’exploite plus.

Au début des années 50, on veut rectifier le tracé de la rue de Beaumont. La ferme est frappée d’alignement. Il faut démolir le bâtiment bas comprenant le porche d’entrée, ainsi que le pignon de la partie habitation. Cette partie disparaît fin 1952.

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Les parties frappées d’alignement. Photos Nord Matin
On remarque le coude que faisait la rue de Beaumont pour déboucher sur la place.

Mais les trois autres corps sont toujours là, l’habitation raccourcie d’une bonne part. Enfin, la municipalité décide de racheter l’ensemble des bâtiments restants pour y construire une école. C’est chose faite en 1957, et l’école s’élève sur la pâture qui se trouvait derrière la ferme, la dernière portion des terres qui constituaient la cense. Dans un deuxième temps, sur l’emplacement des bâtiments finalement démolis sera construite la cour de récréation.

La Potennerie blanche

En novembre 1958, l’office départemental des HLM démarre un grand chantier de construction de 1.200 logements. Neuf cents constitueront la cité des Hauts Champs, et trois cents inscrits dans le même programme de travaux, vont être construits rue Montgolfier sur le terrain Cavrois (entre les rues Du Puy de Lôme et Philippe Auguste). Par référence au type de fabrication, on procède par assemblage d’éléments fabriqués en grande série, parois, cloisons,  le chantier est appelé « secteur industrialisé ».  L’office départemental des HLM travaille en collaboration avec le CIL de Roubaix Tourcoing, et l’architecte de l’ensemble est M. Dubuisson.

Le chantier de la Potennerie Blanche en 1959 Photo Nord Éclair

Un an plus tard, le chantier a progressé : les blocs collectifs se dressent derrière le groupe CIL de la Potennerie Rouge, un grand immeuble le long de la rue Philippe Auguste, et trois petits immeubles situés perpendiculairement au premier. Il est prévu que les locataires commencent à s’installer au début de l’année 1960, pour répondre au problème plus qu’urgent du relogement des habitants du bloc Anseele, dont la démolition est bien avancée.

Le même chantier en 1960, du côté des loggias Photo Nord Éclair

En février 1960, le gros œuvre est achevé, les peintures intérieures sont terminées, et les accessoires, placards, meubles et tables de cuisine sont installés. On met en place les tuyauteries pour le chauffage, les appartements seront chauffés par le sol. Il y a des logements comprenant une salle de séjour, une cuisine, une salle d’eau et une, deux ou trois chambres selon le type. Les appartements de deux et trois pièces sont dotés sur la façade exposée au soleil d’une loggia avec porte-fenêtre donnant sur la salle de séjour. Les appartements seront terminés et proposés à la location à partir d’avril mai 1960.

La Potennerie blanche en décembre 1960 Photo Voix du Nord

Un article de la Voix du Nord daté de décembre 1960 relate l’installation d’un jeune couple dans un appartement de la Potennerie blanche. La cuisine équipée de rangements et les placards des chambres sont grandement appréciés. Par contre, l’absence de volets et la difficulté de poser des rideaux du fait de la disposition des fenêtres apparaissent comme des problèmes. Le bahut Louis XIV et le grand lustre ne correspondent pas aux dimensions de l’appartement. Malgré ces petits inconvénients, l’article se termine par la satisfaction des nouveaux locataires quant au chauffage. Plus de poêles, de radiateurs, on n’a jamais froid aux pieds, et pour le séchage des lainages, c’est épatant. En conclusion, les jeunes locataires n’ont pas l’impression de vivre dans une courée verticale, ils s’arrangent avec les voisins pour le nettoyage des escaliers et pour le bruit. Et puis, une fois fermée la porte d’entrée, on se sent parfaitement chez soi.

Vue aérienne de la Potennerie blanche en 1962 Photo IGN

A l’instar de la cité des Hauts Champs qui a déjà connu plusieurs opérations de rénovation et de réhabilitation, la Potennerie blanche est inscrite au Programme de Rénovation Urbaine. Le projet prévoit la démolition partielle  du  bâtiment  Renan  (3  entrées,  75  logements)  ainsi  qu’une réhabilitation et une résidentialisation du site. A l’angle de la Rue Montgolfier et de la Rue Renan, un nouveau collectif de 18 logements proposera des appartements de type 2, 3, 4 et 5. Huit  maisons,  en  accession à la propriété, seront également construites, après  déplacement  de  l’extrémité  de  la  Rue Renan vers la Rue Philippe Auguste. Les travaux devraient commencer à l’automne 2011.

D’après les informations recueillies dans Nord Éclair, Nord Matin, La Voix du Nord et auprès de la Mairie des Quartiers Sud