L’aumônerie des Trois Ponts

La question de l’implantation d’une église dans le quartier des Trois Ponts est posée dès la réalisation des logements situés autour de la rue de Maufait, avant la construction de la cité des Trois Ponts, au début des années soixante. On pense édifier un tel édifice, et l’emplacement est d’ailleurs prévu sur un plan de la future cité daté de 1963. Elle se trouve alors à l’angle de la future avenue de Verdun et de la future rue Léo Lagrange, ce qui sera l’emplacement actuel de l’aumônerie…

Le projet de la cité des Trois Ponts en 1963

Une aumônerie n’est ni une église, ni une chapelle. L’abbé Jacques Delfosse en donne la définition suivante : l’aumônerie reçoit tous les élèves qui souhaitent une réflexion sur la foi, sur l’évangile, sur la vie d’un chrétien à l’heure actuelle[1]. Les établissements scolaires voisins concernés sont le lycée Van Der Meersch, le collège Jean Jacques Rousseau et le collège Gambetta de Lys Lez Lannoy. Cette aumônerie est composée d’une grande salle où sont célébrées des messes et où se tiennent les grandes réunions, de quatre petites salles de réunion, d’un oratoire, et de l’appartement de l’aumônier.

 

Mais avant de parler de l’aumônerie des Trois Ponts, il faut évoquer celle qui fut inaugurée en avril 1957 par son Eminence le cardinal Liénart, évêque de Lille, qui se trouvait 380 rue de Lannoy. Ce « foyer catho » selon l’expression de la presse[2], a été réalisé avec le concours de générosités roubaisiennes. Une messe est célébrée par l’abbé Delva, aumônier des Turgotins[3], en présence de l’évêque de Lille, de l’abbé Carlier, curé de la paroisse Notre Dame de Lourdes. L’abbé Antoine-Marie Leclercq, futur aumônier des lycéens, dirige les chants de la cérémonie.

Monseigneur Gand inaugurant l’aumônerie des Trois Ponts

Vingt ans plus tard, le dimanche 20 novembre, c’est Monseigneur Adrien Gand vient à son tour inaugurer la nouvelle aumônerie des Trois Ponts, sise aux n°201 203 de l’avenue de Verdun. L’abbé Jacques Delfosse présente son aumônerie comme un lieu de libération par rapport à soi, par rapport aux idéologies qui nous agressent, par rapport au monde qui nous entoure. Qu’y fait-on ? La catéchèse, les retraites, des messes le mercredi et le samedi en fin d’après midi, un journal, des permanences, la préparation des camps de vacances…


[1] Nord Eclair 17 novembre 1977
[2] Voix du Nord avril 1957
[3] Elèves de l’Institut Turgot

 


 

Ste Bernadette, projet et réalité

En mai 1935, le cabinet d’architectes Dupire envoie à la mairie une demande de permis de construire une église avenue Motte, pour le compte de l’association diocésaine de Lille . Cette demande est accompagnée des plans du futur édifice. Les travaux de construction sont réalisés durant l’année 1937. Pourtant, l’église terminée ne ressemble pas du tout à celle qui était prévue. Le projet initial semble plus ambitieux et utilise tout le terrain disponible : il prévoit un presbytère et un dispensaire reliés à l’église par des galeries couvertes. Autour, des espaces verts, appelés jardins des mères et jardins des enfants.

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Mais c’est surtout la façade qui affiche le plus de différences avec le projet initial. Deux clochetons bas à la place d’un clocher unique, des décrochements de niveau entre les bas-côtés et le vaisseau centra, qui accentuent la largeur et l’aspect massif de l’édifice, alors que les plans montraient une silhouette plus traditionnelle, formant un triangle surmonté d’un clocher élancé, et quatre clochetons donnant une impression d‘élévation à l’ensemble. Le portail est plus large avec trois vantaux au lieu de deux, l’ornementation est moins importante. Le rapport différent entre hauteur et largeur produit un aspect plus ramassé. Les ornements évoquant un château fort (créneaux et mâchicoulis) ajoutent encore à cet effet de masse.

Par contre, on retrouve les marches du parvis ornées de deux bacs recevant des végétaux :

La vue latérale montre bien la différence d’aspect entre le plan d’origine et la construction réelle. Le toit du transept prévu est beaucoup plus bas que celui de la nef, la pente de ces toits donne une impression de hauteur qui n’existe plus dans l’édifice final. Par ailleurs, les chapelles latérales prévues à l’entrée de l’église donnaient un relief qui a disparu dans la réalisation effective qui apparaît comme un bloc massif.

A l’intérieur, l’impression est la même : l’architecte semble finalement avoir renforcé l’impression de masse et de sobriété par rapport au projet d’origine. Les piliers définitifs sont plus larges et plus espacés, les ouvertures plus simples :

Par ailleurs, en 1937, les mêmes architectes envoient les plans d’une clôture qui doit longer la rue Marlot prolongée, mais qui n’a jamais été réalisée telle quelle.

Que penser de ces changements de dernière minute ? Sur les plans, l’église semblait prévue en pierres ; elle a finalement été construite en béton recouvert de briques. Les bâtiments annexes n’ont pas été réalisés, ni la clôture. Les différents jardins et espaces plantés non plus. Ceci est peut-être dû au manque de moyens financiers : on trouve de nombreux appels de l’abbé Carissimo au donateurs pour financer l’église. Le journal de Roubaix du 18 février 1935, par exemple, cite l’abbé : je ne puis m’empêcher de penser qu’il suffirait de trouver trois cent personnes donnant un billet de mille francs pour me permettre de commencer tout de suite la nouvelle et belle église dont les plans sont prêts… Peut-être quelqu’un a-t-il des informations à ce sujet, et pourra-t-il répondre à nos interrogations. A vos commentaires !

Le chantier de l’église en construction. On remarque au premier plan la voie de desserte sur le terre-plein de l’avenue Motte, et l’aiguillage d’accès à la gare de débord. On voit aussi sur la droite de la photo que le carrefour avec la rue Jean Macé est pavé, mais que le reste de l’avenue est encore simplement empierré.

Photos Collection particulière. Documents archives municipales

1975, année de transition ?

En Janvier 1975, Victor Provo dit que Roubaix  a besoin d’un traitement spécial… Il semble que cette remarque soit valable pour le centre commercial Roubaix 2000 que le maire évoque également dans l’interview : nous sommes toujours prêts à aider Roubaix 2000, mais n’oublions pas que ce centre commercial continue de dépendre de la SEGECE et du groupement de commerçants. Nous ne sommes même pas actionnaires. Il arrivera un moment où nous prendrons à notre charge les cellules qui restent libres. La ville sera alors partie prenante de Roubaix 2000. Elle pourra avoir des initiatives. En bref, la situation n’est pas encore normalisée, le centre n’est pas plein, il y a encore du travail. Roger Fruit, Président des commerçants de Roubaix 2000 présente le programme des prochaines manifestations prévues pour le printemps : le samedi 15 mars, défilé du groupe de musiciens réputé die Alte Bayerische Popol, revêtu du costume traditionnel bavarois, à travers le centre commercial de 16 h 30 à 18 h 30. Puis ce sera l’inauguration officielle du grill La Fourchette dirigé par M. Bernard Sorge, suivie d’une visite du centre.

bavarois

Pour les fêtes de Pâques, Roubaix 2000 se transforme en une vaste bonbonnière, et son entrée est ornée de deux œufs géants réalisés par les élèves de la Chambre de Commerce, et il est procédé à la distribution de 1800 carillons en chocolat. En avril, une exposition sur le thème des chars à voile (d’Hardelot et de Bray Dunes) comporte des stands avec spécialistes, et un film réalisé par la station de la télévision de Lille est présenté à cette occasion…L’inauguration du grill se fait en présence de Victor Provo et de son adjoint Pierre Prouvost. Le maire prend la défense de Roubaix 2000 : l’ironie avec laquelle on évoque parfois le centre commercial n’est pas justifiée. Le centre commercial prend peu à peu corps et s’installe dans la ville.

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Le Dimanche 27 avril, il y a un hold up à la cafétéria Le Viking. Trois malfaiteurs masqués et armés s’emparent du tiroir caisse et d’une partie de la recette. Deux employés sont menacés par des armes à feu, les clients sont obligés de se coucher au sol, on pense à une animation à l’américaine. Mais non, c’est bien la réalité. Les auteurs de ce hold up seront arrêtés en juillet, et on apprend à cette occasion qu’un jeune homme qui avait tenté de s’interposer, a été blessé d’un violent coup de crosse à la tête.

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Dès juillet, on prépare une nouvelle image de marque pour le centre commercial. Les cellules vides sont rachetées progressivement par la ville à la SEGECE. La société Lemaire a jeté l’éponge, et on parle de l’arrivée d’Auchan. Cela va-t-il amener d’autres commerçants ? Beaucoup de souhaits sont formulés : magasins de jouets, d’imperméables, photographie, optique, vaisselle, ameublement, mercerie bijouterie, fourrure, articles pour jeunes mamans, confection dames, instruments de musique, fleurs, graineterie, laines, électro ménager, bricolages, cycles. On attend des boutiques spécialisées dans la vente de denrées alimentaires : poissonnerie, fromages, œufs, produits frais, marché provençal, boucherie, plats préparés. Une pizzeria serait la bienvenue, de même qu’un cabinet médical avec des services médicaux et para médicaux (masseur, dentiste). Auchan va-t-il sauver Roubaix 2000 ?

Appartement rue Renan

potblancheaer copievue aérienne « Potennerie Blanche » Photo IGN Mappy

Les trois bâtiments plus petits ont été réhabilités il y a quelques années, et pour la grande barre, rue Ernest Renan, les travaux vont commencer sans doute en fin d’année, pour démolir les deux premières entrées côté Montgolfier, avec construction d’un nouveau bâtiment  attenant à l’existant. Il y a une entrée également qui va disparaître, l’avant-dernière sur la droite. L’accès Renan, qui est complètement sur la droite du bâtiment passera sur cette démolition, et il va y avoir des constructions de maisons individuelles sur ce secteur là. On va aussi complètement retraiter l’espace vert.

C’était en 1994. Je n’ai habité là que quinze mois ; en fait, pour moi, ce n’était qu’une étape. Je loue un appartement à l’entrée numéro 8, à peu près dans le milieu de la grande barre. C’est un appartement deux chambres au quatrième étage, sans ascenseur. Je loue à l’agence Partenord des Hauts Champs, rue Chardin.

Il faut savoir qu’il y a trois appartements par palier, cinq niveaux, donc ça fait quinze appartements par entrée. On entre par un couloir relativement long qui dessert à gauche une première chambre, qui donne directement sur la salle de bains. J’avais condamné la porte de communication entre cette chambre et la salle de bains. Ce qui est amusant dans cette configuration, c’est qu’on peut entrer dans la salle de bains par trois endroits différents. Moi, j’utilisais la chambre qui est tout au fond, qui donnait également sur la salle de bains et ça me faisait comme une « suite », comme dans les hôtels de luxe. C’était mon luxe à l’époque !

Le grand bâtiment vu de la rue Philippe Auguste Photo PhW

La particularité de cette face là, qui donne sur la rue Ernest Renan, c’est les grandes baies vitrées tout le long. Il y a un à peu près un mètre cinquante de mur, et au dessus, la baie vitrée tout le long. Ensuite un séjour relativement petit, qui donnait sur un grand balcon. On pouvait même manger sur le balcon. J’ai un doute : je ne me souviens pas si le balcon allait jusqu’à la cuisine ou pas… La cuisine, qui paraît grande sur le schéma, était minuscule : on ne pouvait pas s’y tenir, on ne pouvait pas y manger. C’était pratique pour faire la cuisine, puisqu’on avait forcément tout sous la main. C’était une kitchenette plutôt qu’autre chose… On entre dans la cuisine par le séjour.

Je disais tout à l’heure qu’il y avait trois appartements par palier. Là où j’ai mis des hachures, c’est l’appartement d’à côté qui vient s’imbriquer dedans, et c’est la raison pour laquelle, à mon avis, il y avait ce couloir. Je n’ai pas visité les autres appartements. A mon avis, les trois appartements sur le palier n’ont pas la même configuration du tout.

Du point de vue acoustique, c’était sympa, parce qu’on entendait tout ce qui se passait à côté, donc on était au courant de tout, pas besoin de rencontrer ses voisins pour savoir ce qui se passait… Chauffage par le sol, pas de grenier, par contre, une cave bien pratique, parce que quand tu habites au quatrième étage, et que tu reviens avec tes courses, tu es content de pouvoir en mettre un petit peu à la cave et de ne pas tout monter d’un seul coup. C’était sécurisé, fermé à clé, chacun avait son emplacement fermé, son box. Je n’ai jamais eu de problème avec la cave. Par contre, j’ai eu des problèmes, notamment avec des drogués dans les escaliers, j’ai retrouvé des seringues, des gens qui se piquaient, du sang sur les murs… Ils n’étaient pas agressifs, ils se droguaient simplement. Ça n’est pas très agréable, mais bon…

Le grand bâtiment côté rue Renan Photo PhW

J’avais un lave-linge. Ça me revient, parce que, quand j’ai déménagé, j’ai retiré la machine à laver ; je n’ai pas vu que le robinet fuyait, et, quand je suis retourné pour l’état des lieux, il y avait trois centimètres d’eau dans la salle de bains. Il a fallu éponger avant que l’agent de Partenord n’arrive : il y avait de l’eau jusque dans le séjour ! C’était de la moquette partout, sauf la salle de bains. En cuisine, c’était du carrelage et salle de bains aussi. Le reste était moquetté. Sur 15 mois, je n’ai pas changé de voisins…

Merci à Gérard Vanspeybroeck, ex locataire de la Potennerie Blanche

Animations et courants d’air

Le 1er février 1973, le supermarché Lemaire fête son premier anniversaire : promotions, tombola, cadeaux, gadgets, dégustations gratuites, ouverture prolongée le vendredi. Une publicité du mois de mai nous apprend que Lemaire a eu des problèmes parce qu’il a grandi trop vite. Il se dit prêt (maintenant) et propose des baisses sur plus de 500 articles. Que faut-il comprendre ? Le supermarché aurait eu du mal à fournir la clientèle ? Ou à lui proposer des prix réduits ? Curieux sens de la communication commerciale.

En novembre, M. Clérambaux, député et premier adjoint à Roubaix, répond à des questions portant entre autres sur le centre commercial. On dit que Roubaix 2000 est un nid à courants d’air ! Il répond que le centre n’est pas couvert, ce qui correspond à la technique de construction d’une époque. On va donc prochainement fermer les jardins du rez-de-chaussée dans un premier temps, pour supprimer les appels d’air. Si cela n’est pas suffisant, on fermera aussi les entrées du centre. Les cellules commerciales vides ? C’est l’affaire de la SEGECE…La sécurité du parking ? En décembre une société spécialisée assurera la surveillance du parking souterrain. Puis c’est au tour de l’adjoint Pierre Catrice de répondre aux questions sur le stationnement et particulièrement sur le fait qu’il y ait eu des vols dans le parking. Il confirme l’arrivée d’une société de surveillance et il évoque la mise en place d’un système de télévision interne, comme il en existe déjà un dans le parking Carnot à Lille.

Mars 1974, sous l’impulsion de leur président Roger Fruit, les commerçants préparent le printemps de Roubaix 2000, ils revêtent leurs murs de couleurs vives et pimpantes, des panneaux publicitaires sont posés, avec la raison sociale de chaque maison. Le problème des courants d’air a trouvé sa solution, par le biais de glaces posées tout autour des jardins intérieurs, les portes latérales et coupe-vents sont également prévus et on envisage de couvrir entièrement le centre.

courantdair copieLes mesures anti courants d’air Photo Nord Éclair

La commercialisation a fait un grand pas : une maison de la presse s’est ouverte en novembre, ainsi qu’une maison de meubles. Les travaux de la grande brasserie vont commencer, du côté de la Place de la Liberté. Un mini cinéma, une crêperie et un magasin de décoration sont en cours d’installation. Au rez-de-chaussée, deux nouveaux magasins, dont l’enseigne Pronuptia. Le centre est illuminé jour et nuit, et des gardiens veillent 24 h sur 24.

Le programme pour le printemps comprend un défilé de mode dans le cadre de la gourmetéria le Viking, le 5 avril, et une exposition des derniers modèles automobiles du 6 au 8 avril, sur le parvis du centre.

En Mai, c’est l’ouverture du Colisée 3, mini cinéma de 100 places, salle d’art et essai. On y accède par la même porte que le Colisée 2. Pour l’ouverture, on projette la fête à Jules un film de Benoit Lamy, avec Claude Jade et Jacques Perrin. Le réalisateur belge est présent, et participe au débat. Le Colisée 3 ouvrira cinq séances par jour, soit une de plus que le Colisée 2.

maisonpresse copieLa maison de la Presse ouverte en novembre 1973 Photo Nord Éclair

En septembre 1974, il reste encore 23 cellules commerciales vides, dont beaucoup au rez-de-chaussée. On cherche des commerces alimentaires pour avoir une clientèle quotidienne. Pour franchir cette barrière infranchissable qu’est le boulevard Gambetta, on imagine un passage souterrain ou une passerelle. Le parking n’est pas vraiment utilisé, malgré la modicité annoncée du prix et le remboursement du ticket par les commerçants. Pour que Roubaix 2000 ne soit plus le centre des courants d’air, les patios de verdure sont désormais fermés, et on va équiper les entrées du rez-de-chaussée avec des portes. Mais pour l’étage ? On couvrira l’année prochaine, mais il faudra un effort d’investissement. On pense lutter contre l’effet blockhaus et la tristesse du béton, par la pose de caissons lumineux d’annonces, de céramiques…

Et il faut animer Roubaix 2000 ! Le parvis désert doit devenir un forum : on propose tout et n’importe quoi, marché aux fleurs, marché aux bêtes, foires aux antiquaires, expositions de produits artisanaux étrangers, animations folkloriques et culturelles. Pour le second anniversaire, Saint Nicolas viendra en hélicoptère, et proposera des baptêmes de l’air. Il y aura une exposition de planeurs de compétition par l’aéro-club de Bondues, avec montage devant le public, un concours de mangeurs de spaghettis à la gourmetéria patronné par une marque connue de pâtes alimentaires, des voitures de marchands de quatre saisons, proposant  fleurs et fruits de décoration. Pour la fête de Noël, une crèche grandeur nature, un sapin sur le parvis, des bottes aux cadeaux dans tout le centre…

Roubaix 2000 en décembre Photo Nord Éclair

Roubaix 2000 a pourtant une bonne réputation à l’extérieur, on vient de Villeneuve d’Ascq, de Marcq-en-Barœul, de Wattrelos ! Un effort est réclamé au promoteur qui ne vend pas que du béton, il vend aussi la promesse d’un bon chiffre d’affaires ! Les élus sont également comptables de la réussite. Le 30 novembre s’achève le contrat avec la SEGECE, la ville avait engagé une garantie financière, il reste 5000m² disponibles soit un tiers de la surface du centre ! Le coût de Roubaix 2000 pour la ville sera de 650 millions d’AF ! Pour compliquer un peu, Villeneuve d’Ascq va lancer son projet commercial du type Parly 2 ! Il est clair que si avant trois ans Roubaix 2000 n’est pas devenu un grand centre commercial, tout le monde ira à Villeneuve d’Ascq, grâce à la voie rapide !

à suivre

Avant l’avenue des Villas

En 1884, la partie sud de Roubaix, que l’on appelait « Roubaix Campagne », n’était constituée que de terres agricoles et de quelques hameaux. Ces terres dépendaient de quelques grosses fermes : Gourgemez, la Haye, la Petite Vigne, Maufait, l’Espierre, le Petit Beaumont… La population de la ville s’est considérablement développée et la partie sud va s’urbaniser progressivement : les usines et les habitations vont gagner ces zones potentiellement libres.

Pl1884-96dpiPlan cadastral de Roubaix Sud en 1884 – Document archives municipales

On veut donc structurer cette zone en traçant des voies le long desquelles s’implanteront les nouvelles constructions. Un projet de boulevard de ceinture se décide dès 1866. Il sera constitué des boulevards Lacordaire, de Reims, de Lyon et de Mulhouse pour relier le quartier de Barbieux à la gare de Roubaix-Wattrelos. Le projet se réalise vers 1888.

Entre temps les terres agricoles ont été, pour une bonne part, reprises par diverses sociétés,  et en particulier par la société Lemaire frères et Lefebvre, qui possède alors la majeure partie de ce qui constitue aujourd’hui le Nouveau Roubaix.

On retrouve souvent le nom de cette société lorsqu’il est question de tracer des voies nouvelles, dans les années 1890 . Certains terrains sont rachetés pour implanter la place du Travail en 1891, le boulevard de Fourmies, jusqu’à la place de l’Avenir, en 1892 et la rue Carpeaux en 1896. D’autres terrains sont cédés gratuitement, par exemple, ceux qui sont nécessaires à la prolongation du boulevard de Fourmies. Enfin, cette même société propose aussi de céder à la Ville des rues qu’elle a construites sur ses propriétés : c’est le cas de la rue Henri Regnault en 1891, la rue Meissonnier en 1895, la rue David D’angers, la rue Rubens et la rue Philibert Delorme en 1896. La société Lemaire frères et Lefebvre construit également des maisons dans le nouveau quartier.

Les ouvertures de rues et les constructions se multipliant, la municipalité veut voir plus grand, et construire une ceinture plus large, qui englobera toute cette zone et reliera la rue de Lannoy et Barbieux, en restant proche des limites de la commune.

QuartiersSud-1896--96dpiPlan des quartiers sud en 1896,  en noir les rues existantes, en rouge les voies projetées Document archives municipales

Dans un rapport au conseil municipal en 1896, le directeur de la voirie propose l’ouverture, entre le chemin de Barbieux et la rue de Lannoy, d’une avenue dite « des villas ». Il souligne l’engagement des propriétaires de céder les terrains concernés à titre gratuit pour que cette ouverture se réalise. Le projet va donc pouvoir prendre corps.

Le Garage des sports

 

 

Photo Delbecq – Archives municipales

La multiplication des automobiles a eu très tôt pour corollaire celle des garages et stations services. C’est ainsi que le carrefour de l’avenue Motte et de la rue de Lannoy, deux voies de communication importantes, voit rapidement apparaître un garage automobile.

Dès 1934, Julien Lejeune, habitant 103 rue Ma Campagne, informe les services municipaux de son intention de faire construire Avenue Alfred Motte à Roubaix un immeuble à usage de garage d’Automobiles. Le bâtiment prévu se développe sur 25 mètres le long de l’avenue.

Document Archives municipales

Julien Lejeune diffère sans doute son projet, puisque qu’on ne trouve aucune mention de ce garage automobile, dans le Ravet-Anceau de 1938. Celui-ci voit finalement le jour, car on le distingue sur une photo aérienne prise par l’Institut Géographique national en 1950. Le Ravet-Anceau fait par ailleurs mention en 1953 d’un Garage des sports, au nom de J. Lejeune, situé au 326. Le bâtiment du garage est rectangulaire, le faîte du toit est parallèle à l’avenue Motte. Il est prolongé jusqu’au coin de la rue de Lannoy par un bâtiment coiffé d’une toiture perpendiculaire à la précédente. Ce bâtiment présente un pan coupé dégageant l’angle des deux rues.

Le garage avant 1962 – Photo l’usine

En 1962 des travaux modifient l’aspect du garage : Une extension de près de 10 mètres est ajoutée, qui forme un angle droit au bout du bâtiment initial. Elle est construite sur un terrain libre, à côté de la propriété. D’autre part, le bâtiment faisant l’angle des deux rues est remodelé : il possède désormais un toit constitué de deux parties en angle droit laissant la place à une terrasse.

Entre 1965 et 1968, ce garage devient une station-service Antar et prend le nom de Relais des sports. Le gérant est alors R. Delporte. Un plan daté de 1966 nous en montre la disposition : la terrasse surplombe le bureau de la station et les pompes de distribution de carburant. Devant ces pompes, une piste permet aux voitures de venir se ravitailler. Les cuves contenant le carburant sont enterrées sous l’ancien garage, et la nouvelle extension abrite le pont élévateur et l’équipement de graissage.

Document archives municipales

Ce relais des sports perdure jusqu’après 1983, alors qu’en 1987 il est remplacé par l’entreprise Roubelec, protection contre le vol. A ce moment, un étage coiffé d’un toit à quatre pans vient s’ajouter au dessus d’une partie du garage initial.

Enfin s’installent dans le bâtiment les pompes funèbres Douillez, sans modifier son architecture extérieure.

Un été 67

Enfants au centre aéré du Pont Rouge photo Nord Matin

Il y a quatre mille enfants au centre aéré du Pont Rouge en ce début du mois de juillet 1967 ! Vieille initiative socialiste, le centre aéré du Pont Rouge protège nos enfants des périls de la rue, titre Nord Matin. Les garçons et filles y reçoivent avec les distractions, une nourriture saine et ils peuvent s’ébattre sur les pelouses sous la surveillance de nombreux moniteurs et monitrices. Vers la fin juillet, les animations s’étoffent, car de grandes marques nationales et le journal Nord Matin offrent aux enfants un vrai spectacle de cirque, dans le cadre d’une tournée des camps de vacances. Quatre grands jeux, le tir à l’œuf, le football à l’aveuglette, les gonflements de ballons et la course de chaises à porteur. Puis une exhibition équestre des cinq cavaliers du club de Beuvry les Orchies, une grande tombola avec des lots et cadeaux, tels que les petites voitures Shell Berre et Renault, les choco bn de la biscuiterie nantaise, les caram’choc de la société Delespaul Havez, la dégustation gratuite de Coca Cola, les porte clé du café Grand-mère, des ballons, des gadgets…La tournée se poursuit à Douai et Anzin.

Les moineaux du Pont Rouge photo Nord Matin

En Août, c’est le grand tournoi de football inter-centres aérés, avec l’équipe des moineaux du Pont Rouge, qui ont remporté la première édition l’année précédente. L’équipe de cette année est bien préparée, ce ne sont pas des débutants : cinq sont du Racing stade, trois pratiquent dans les amicales, deux au Cort, un à l’union sportive de Wattrelos et un à l’Iris club de Croix.

Les autres équipes sont celles de Croix avec des gamins entre 12 et 14 ans, dont certains viennent de l’Iris club, leur mascotte est un petit poucet, et de Wasquehal avec un géant de 13 ans qui mesure 1,74 m, et quatre éléments qui évoluent à l’Entente Sportive et deux à l’Iris club. La compétition se déroule en matches aller et retour. Les moineaux du Pont Rouge conservent leur trophée qui leur sera solennellement remis par le maire Victor Provo, à l’issue du dernier match qu’ils remportent 5 à 1 devant Croix.

Épreuves du Junicode photo Nord Matin

Pendant ce temps, voici les épreuves du junicode : du 1er au 19 août, 1400 enfants passent les épreuves sur le code de la route : deux orales, une pratique. Une première série de questions sur le code de la route, et cinq questions  tirées au sort sur 51 possibles. Puis c’est le parcours à voiturettes et bicyclettes. Un certificat de capacité et des prix sont remis à l’issue des épreuves, en présence des personnalités de l’Automobile Club du Nord de la France, de la municipalité et du brigadier Avez, chef de piste, du speaker Petitbon et des moniteurs Tissiné et Verhoye, tous trois appartenant à la Compagnie Républicaine de Sécurité.

Les Rossignols du Pont Rouge photo Nord Matin

On prépare la fête de clôture. Une trentaine d’enfants, encadrés par Serge Renar, vont réciter Rimbaud, Aragon, Verlaine et Jean de la Fontaine, et vont chanter  Sheila, Pétula Clark et des chansons italiennes. La section théâtrale présente des extraits de pièces de Molière, de l’Avare, et du Malade Imaginaire. Les Rossignols du Pont Rouge, une chorale de soixante enfants vont chanter devant Monsieur le Maire, ils se produisent pour la première fois.

En prélude à la grande fête de clôture, Victor Provo et le conseil municipal visitent les installations du centre aéré du pont rouge. C’est une coutume, la visite se termine dans la classe de chant et diction au moment de la finale d’un concours présidé par le docteur Savinel, adjoint aux arts. On va ensuite prendre un repas à la cantine du centre aéré.

Remise de la coupe  Photo Nord Matin

La grande fête de clôture se déroule le 26 août, de 14 h30 à 18 h 30 : divertissements, stands, loteries, rencontres sportives, cinéma, le programme est conséquent. Cette année, un invité d’honneur, André Delelis, député maire de Lens. Les enfants profitent des stands de jeux, et de la séance cinématographique, dont le programme comporte un film d’aventures et un reportage sur le camp de vacances intitulé « reflets du pont rouge ». Il y a aussi la fête dans le réfectoire où les enfants se produisent à la grande joie des parents, avant un spectacle de music hall présenté par « Art et Jeunesse ». Le sport est de la fête : en lever de rideau finale du tournoi des écoles entre l’école Jean Macé et l’école Delespaul, la première gagne par  4 à 2. Puis les deux équipes du CORT et du Racing Club de Lens s’affrontent, Roubaix bat Lens 1 à 0.

Voilà le programme de l’été 67 à Roubaix, pour des enfants qui n’avaient pas l’opportunité de partir en vacances sous d’autres cieux, n’étaient-ce pas des journées de loisirs, de détente et de fêtes bien remplies ?

D’après les articles de Nord Matin

Rue Jules Guesde, commerces

La rue Jules Guesde était à l’origine un chemin très ancien reliant le hameau du Pile à celui du Raverdi. Il traversait au niveau de la rue de Lannoy le hameau du Tilleul, où se trouvait un très vieux tilleul. L’arbre disparaît et le chemin devient la rue du Tilleul. Puis en 1922, ce sera la rue Jules Guesde, en hommage au député de Roubaix récemment décédé.

L’atelier mémoire, lors d’une de ses réunions mensuelles, a évoqué les commerces présents dans cette rue, et a croisé les souvenirs de ses membres avec des renseignements puisés aux archives municipales.

charrier1964 copiele n°1 rue Jules Guesde en 1964 Photo Nord Éclair

Intéressons nous d’abord au côté impair, en partant de la rue d’Hem, jusqu’à la rue de Denain. Le n°1 a peu évolué : après avoir été un estaminet entre 1906 et 1939, il devient après la guerre une boutique de photographe, d’abord avec Emile Charier, puis avec monsieur Leroy, avant que l’immeuble ne soit récemment racheté par la mairie. Un membre témoigne : « Quand monsieur Leroy a cessé son activité, le bâtiment est resté vide un moment, et la ville a préempté cet immeuble, en pensant y reloger peut-être le comité de quartier Moulin-Potennerie… »

Le n°3 est d’abord une épicerie, et devient en 1923 la mercerie Knoff pendant plus de 60 ans et sur trois générations ! Le n°5 a été avant guerre successivement un magasin de confection, puis une poissonnerie. Le n°7 était avant guerre une épicerie, puis une crèmerie jusque dans les années soixante dix. Le n° 9 a été une boucherie à partir de 1900 jusqu’aux années quatre-vingts. Le marchand de cycles installé après la guerre au n°11 a rapidement laissé place à une crèmerie. Après le carrefour de la rue de Bouvines, le n° 13, estaminet du début du siècle jusqu’à la guerre, est devenu un marchand de cycles, et enfin une crèmerie. Le n°15 a longtemps été l’épicerie, puis est devenu l’estaminet Vandemeulebrouck avant la deuxième guerre, il redevient ensuite une épicerie jusqu’à la fin des années soixante.

Magasin de tissus et de confections en 1906, le n° 17, se reconvertit en magasin de fleurs artificielles juste avant la deuxième guerre. Le n° 19 est un commerce d’alimentation depuis le début du vingtième siècle. On trouve avant la première guerre au n° 23 une épicerie, puis entre les deux guerres un coiffeur, un magasin d’électricité, et après la seconde guerre, une bonneterie.

Pas d’autre commerce avant le carrefour de l’impasse St Louis. Au n° 31, on trouve avant guerre une épicerie, puis l’horlogerie Goossens, devenue aujourd’hui une viennoiserie. Après l’impasse, le n° 33 a abrité durant la première moitié du siècle un estaminet, puis une droguerie jusque dans les années soixante dix.

Archives municipales de Roubaix

Au n°43 et suivants, l’usine de teintures et d’apprêts Derreumaux est démolie dans les années soixante dix, pour laisser place à un supermarché Miniper. Aujourd’hui c’est l’enseigne Lidl, qui a entrepris une reconstruction. Un membre de l’atelier précise : Lidl a tout un programme de reconstruction de ses magasins sous forme HQE, (haute qualité environnement) une structure en bois, de larges baies vitrées pour la lumière, et une très grosse réserve d’eau de pluie, en cas d’incendie…

Le n°61, après avoir été brièvement une crèmerie, une confiserie et une horlogerie, devient le magasin de camping et de jouets Deltête. Ce magasin avait également une vitrine sur la rue de Denain.

à suivre

Une nouvelle église

Maquette Eglise Photo La Voix Du Nord Salle des fêtes Photo Lucien Delvarre

Dès la démolition de l’église, et en attendant la construction de sa remplaçante, les offices religieux se déroulent dans la salle des fêtes du groupe scolaire Jules Guesde.

A quelques dizaines de mètres de l’emplacement de l’église démolie, au coin de la rue Jean Macé et de l’avenue Motte, se trouve alors un terrain municipal libre. Il a servi un moment à la construction de deux classes provisoires pour l’école voisine, à un autre moment de terrain de basket. C’est sur ce terrain que l’on prévoit de construire la nouvelle église, à côté de la salle des fêtes, et juste en face d’où se dressait l’ancienne.

terrain96dpiPhoto Lucien Delvarre

Au fond, remarquons un clocher de l’ancienne église : la photo est prise à une époque où celle-ci n’est pas encore détruite. Selon la Voix du Nord, la nouvelle église, œuvre des architectes Escudié et Bonte sera « plus petite et plus conviviale » et s’articulera autour d’un « arbre de vie central ».

La pose de la première pierre a lieu en septembre 1991. Symbole de tradition, la première pierre qui doit être posée est celle, récupérée, de la première église. Au parchemin qu’elle contenait depuis 1935 est joint un nouveau parchemin. C’est Mgr Deledicque, évêque auxiliaire de Lille, qui pose cette première pierre un dimanche matin, après des allocutions officielles prononcées dans la salle des fêtes, en présence d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et de plusieurs élus.

pierre196dpiPhotos La Voix du Nord-Lucien Delvarre

La Voix du Nord cite Mgr Deledicque : « La nouvelle église Sainte Bernadette, plus petite, mais dont la maquette laisse présager que ce sera une belle réalisation de ce XXe siècle, correspondra mieux aux besoins actuels de la communauté paroissiale, qui, reconnaissons-le, est plus restreinte qu’autrefois. »

Les travaux commencent par l’érection du presbytère. Curieusement, la partie du mur qui formait le coin du terrain subsiste très tard et n’est démoli qu’à la fin. La construction se poursuit durant toute une année.

construction1Photos Lucien Delvarre

En décembre 92, deux ans après la démolition de l’ancien édifice, une journée portes ouvertes est organisée à la nouvelle église pratiquement terminée, « un édifice sobre et résolument moderne » pour la Voix du Nord. Il comprend également des salles de réunion, un bureau d’accueil paroissial et le presbytère. L’intérieur présente des briques apparentes. Son architecture est sobre et s’organise autour d’un pilier central symbolisant « l’arbre de vie ».

Photo Lucien Delvarre