Les baraquements anglais

Au début de la première guerre mondiale, l’armée anglaise stationnée à Roubaix éprouve le besoin de pourvoir au cantonnement de ses troupes. La périphérie sud de Roubaix est alors essentiellement constituée de champs. C’est ainsi qu’est prise la décision de construire des baraquements en bordure de l’avenue Motte, en face du boulevard de Fourmies, sur ce qui est aujourd’hui le quartier des petites haies.

Une vue de l’avenue Motte avant 1930 –Photo Bernard Thiebaut

Établis provisoirement par la préfecture du Nord sur demande de l’autorité militaire, ces baraquements sont bâtis rapidement en planches et ne présentent aucun confort : elles ne sont pas reliées au réseau électrique, et l’écoulement des eaux usées se fait dans des fossés. Ils ne sont pourtant pas démolis aussitôt après la guerre parce que la demande de logements est forte à ce moment. Elles sont alors habitées par une population de condition modeste, que ne rebute pas ce confort sommaire.

Photo Lucien Delvarre

Très tôt apparaissent des problèmes de salubrité liés à la précarité de ce type de construction. Dès 1925, le directeur du service de l’hygiène, M. Rivière signale des cas de fièvre typhoïde et préconise des travaux d’assainissement : les fossés d’évacuation étant complètement comblés par les détritus, toutes les eaux usées reviennent sur l’avenue Motte en contre-bas. Les services de l’hygiène estiment indispensable de creuser des égouts et des fosses

Photo Lucien Delvarre

septiques.

 

Un témoin nous précise que son beau-père, Edouard Behague, qui tenait une quincaillerie-épicerie-dépôt de pain au coin de l’avenue Rubens et de l’avenue Motte depuis 1930, vendait de grandes quantités de bidons de pétrole aux habitants des baraques. En effet, ceux-ci utilisaient ce pétrole pour se chauffer et s’éclairer.

Un des bidons survivants

Le journal de Roubaix, dans une édition de 1939, annonce la disparition imminente de ces constructions.

Document Journal de Roubaix – 1939

Ce même témoin ajoute qu’au début de la guerre, les allemands utilisent les baraquements comme cadre pour des prises de vues de propagande. Elles sont enfin démolies durant l’occupation. A leur place sont créés des jardins ouvriers.

En 1949, la ville prévoit de céder le terrain ainsi libéré, avec d’autres parcelles situées de l’autre côté de l’avenue Motte, à la société d’habitation populaire « Le toit familial » pour être loti. Les maisons actuelles sont construites en 1950.

Inaugurations

Alors qu’on annonce son inauguration officielle pour fin septembre, le centre commercial Roubaix 2000 s’agrandit encore avec l’installation progressive de nouveaux magasins. Cependant les commerçants installés, une quinzaine, ouverts depuis le printemps, se plaignent des cellules vides. Un centre commercial est un ensemble, il faut que le client y trouve tout ce dont il a besoin. Les promoteurs sont à Paris, ce qui retarde les opérations, mais également tout le monde n’a pas ouvert en même temps. Quoiqu’il en coûte, les cellules ne doivent pas rester vides ! Déjà la fermeture du centre du Lido est annoncée pour le 31 août !

Le GIE annonce l’arrivée d’un directeur chargé de coordonner les actions commerciales. Il s’agira de M. Blum, élève de la dernière promotion de l’école CEPRECO. Toutes les cellules commerciales ne seront pas occupées pour l’inauguration, mais la vingtaine de trous noirs restants sera masquée par des panneaux décoratifs. Des jardinets situés au milieu des allées viendront agrémenter le décor. Le GIE s’est également préoccupé des désirs de la clientèle par le moyen d’un sondage qui a recueilli une centaine de réponses, lesquelles expriment les souhaits suivants : trouver à Roubaix 2000 le plus grand nombre de magasins spécialisés, pouvoir faire ses achats entre midi et deux heures.

inaug2003totInauguration du magasin à l’enseigne 2003 Photos Nord Éclair

Le 16 septembre, c’est l’ouverture du magasin collectif 2003, à l’enseigne résolument optimiste, dans lequel il est possible de s’habiller de la tête aux pieds dans une agréable ambiance musicale et dans un décor qui allie modernisme et raffinement. Quatre grands magasins se sont associés pour ce projet : Jacqu’bis, vêtements pour dames et jeunes filles, Herbaut Denneulin la maison bien connue de vêtements de la rue de l’alouette, Papillon Bonte pour les chaussures ; l’animation musicale et la vente de disques et cassettes sont assurés par la maison Scrépel Pollet.

pompiers2000Les pompiers de Roubaix 2000 Photo Nord Éclair

Le 28 septembre sont inaugurés le parking souterrain et les deux niveaux du centre commercial. On fait le point : sur 70 surfaces commerciales, 33 sont occupées et 28 en activité. L’animation est lancée : une voiture de pompiers d’un modèle ancien sillonne les rues du centre de Roubaix, avec à son bord une dizaine de jeunes filles souriantes, de rouge et de blanc vêtues, chargées d’annoncer l’événement.

inaugRx2000totLes officiels et le centre commercial Roubaix 2000 Photos Nord Éclair

Les officiels procèdent à la visite du parking souterrain, et M. Maeght, directeur de la voirie à la communauté urbaine, leur donne quelques indications : le parking peut accueillir 1246 voitures, on parle abonnements et fréquentation, sans oublier la sécurité.

Puis on fait le tour des magasins du centre, pour finir à la gourmeteria pour la réception au champagne. Lors de cette réception, il y aura six allocutions : Pierre Maisonneuve, PDG de la SEGECE, Jean Papillon président du GIE, Charles Verspieren pour la chambre de commerce et d’industrie de Lille Roubaix Tourcoing, Arthur Notebart président de la communauté urbaine, Victor Provo président du conseil général et maire de Roubaix, et Pierre Rouaze secrétaire général de la préfecture représentant le Préfet. M. Maisonneuve retrace l’historique de Roubaix 2000, rend hommage à la municipalité, fait l’état des lieux et met en valeur ce bel exemple de restructuration urbaine et commerciale.Jean Papillon énumère les atouts de Roubaix 2000, le parking, les allées marchandes couvertes, la solidarité des commerçants groupés en un Groupement d’Intérêt Economique. Il souhaite la prospérité pour Roubaix 2000 et pour Roubaix dans son ensemble. Charles Verspieren déclare que Roubaix 2000 est un point positif dans l’évolution de la vie commerciale roubaisienne, autrefois morcelée, aujourd’hui rassemblée. Il souhaite également qu’une solution soit trouvée pour le cheminement piétonnier entre la place de la liberté et le centre commercial.

Arthur Notebart rend hommage à l’acte de courage de la municipalité roubaisienne, et insiste sur la volonté de la communauté urbaine de poursuivre de tels efforts. Puis il mentionne le projet de rénovation de l’Alma Gare en évoquant l’effort à réaliser sur les liaisons nécessaires, routières et autres, afin que Roubaix soit partie intégrante dans la vie de la métropole, car cette ville mérite beaucoup. Victor Provo parle du souci de son administration de donner à Roubaix une image de marque convenable, rend hommage à ses interlocuteurs, et souhaite que toutes les cellules du centre soient occupées pour le milieu de l’année prochaine.

Le secrétaire général de la préfecture souligne l’importance de l’événement pour Roubaix et qualifie le centre commercial de Roubaix 2000 d’exemple qui doit faire école.

à suivre

Commerces de la rue Jean Goujon

ruejeangoujonLa rue Jean Goujon en 1956 Photo Nord Éclair

La rue Jean Goujon fut établie dans le prolongement de la rue du Tilleul, future rue Jules Guesde, afin de permettre l’accès au parvis de l’église Saint Jean Baptiste terminée en 1890. Ses premières maisons et commerces apparaissent du côté pair, elle est viabilisée en 1904, ce qui la transforme en une rue très passante et commerçante.

Commençons la visite par le n°2. L’estaminet de 1900 voisinait déjà avec un boucher au n°2 bis avant de devenir la boucherie charcuterie Derruder dans les années vingt. C’est un marchand de volailles qui lui a succédé au milieu des années soixante. Le n°4 fut d’abord une épicerie, avant de connaître divers occupants : un cordonnier, un marchand de meubles, un marchand de chaussures. Le n°6 est occupé dès les années vingt par un marchand de chaussures, il l’était encore dans les années soixante dix avec la maison Dubois.

La quincaillerie Teffri Photo Lucien Delvarre

La quincaillerie Teffri a laissé un souvenir durable dans la mémoire des gens du quartier, elle a démarré au début du vingtième siècle, et elle se trouvait au n°16 jusque dans les années quatre-vingts. Un teinturier occupe le n°18, dès les années vingt, et ce jusqu’au dépôt Duhamel des années soixante. En 1984, il y aura là une épicerie. Le n°20 abrite un ébéniste en 1922, puis ce sera la société de chauffage central Clairbois et Boiveau, les équipements ménagers Clairbois. Un cabinet immobilier puis un cabinet d’assurances ont pris la suite dans les années soixante dix.

La rue Jean Goujon, les commerces côté pair Coll Thiébaut

Le café au n°22 est un des plus anciens commerces de la rue. D’abord cité comme tabac en 1900, il est indiqué café en 1922 et le restera jusqu’à nos jours avec des tenanciers différents. Le n°24 était entre les deux guerres, la librairie Hertogh Vanheule. Après guerre, un électricien, puis un fleuriste lui succéderont. La coopérative roubaisienne de consommation se trouvait au n°26 en 1931. Après guerre, une poissonnerie y restera une vingtaine d’années, et c’est aujourd’hui un Lavomatic. Le n°28 a toujours été un commerce de fruits, légumes et primeurs, tenu après la seconde guerre par M. Debersée. Les n°30-32 sont le domaine de la boulangerie pâtisserie. Dans les années trente, s’y trouvait la biscuiterie roubaisienne. Enfin le 32bis était un estaminet salon de coiffure, avant de devenir un café à part entière, qui a aujourd’hui laissé la place à une agence immobilière.

Au n°1, les Coopérateurs de Flandre et d’Artois Coll Thiébaut

Le côté impair comporte moins de commerces, du fait de la présence du square Corot, qui coupe sa perspective au milieu de la rue. Autrefois, le n°1 fut un estaminet, avant de devenir une maison de mercerie, puis de bonneterie et de lingerie jusque dans les années cinquante. Les Coopérateurs de Flandre et d’Artois y sont installés en 1955 pour une vingtaine d’années.

Au n°3 se trouvait une boucherie, jusque dans les années quatre-vingts. Le n°3 bis a longtemps été occupé par le commerce d’un grainetier, Modart en 1953, et Deborgher par la suite. Le photographe Deladerière se trouvait au n°5 en 1900, il y restera une vingtaine d’années avant d’être remplacé par un comptable. Un teinturier est au n°7 pendant les années trente, la boucherie hippophagique Nys au n°9 dans les années cinquante, et plus récemment au n°11 une pharmacie dans les années soixante dix. Tous ces commerces sont aujourd’hui disparus. La boucherie chevaline qui fait l’angle de la rue d’Hem a sans doute pris la suite du n°9.

La rue Jean Goujon a donc été le digne prolongement commercial de la rue Jules Guesde pendant tout le vingtième siècle.

Démolition de Ste Bernadette 

Le 29 Juin 1990, le conseil municipal prend acte du fait que l’église et l’annexe du collège située derrière elle vont être démolis pour faire la place à l’entreprise Camaïeu qui désire construire des locaux neufs pour assurer son développement. Les paroissiens sont consultés dès la mise en place du projet.

Le terrain est acheté par l’entreprise, installée 162 bd de Fourmies depuis juin 89. Celle-ci, comprenant par ailleurs le désarroi que peuvent éprouver les paroissiens, insiste par la voix de son Président Directeur Général, Jean-Pierre Torck, sur le fait que l’opération est conduite dans un esprit positif de reconstruction : une nouvelle église sera construite en face, de l’autre côté de l’avenue Motte, et le nouveau site va permettre la création de 300 emplois réservés de préférence à des roubaisiens, que Monsieur Torck qualifie de « bosseurs et courageux ».

Les travaux de démolition commencent par l’annexe du lycée St Martin : Les cours ont eu lieu jusqu’en Juin ; ils sont désormais provisoirement assurés dans l’ancien commissariat avenue des Nations Unies, et doivent dès que possible se dérouler dans des nouveaux bâtiments à construire derrière le lycée rue de Lille.

 

Les fondations du futur entrepôt sont déjà entamées avant que ne commence la démolition de l’église. Un panneau indique et rappelle qu’une nouvelle église va être construite de l’autre côté de l’avenue. Sa taille sera plus adaptée au nombre de fidèles que l’ancienne église, devenue trop grande.

On utilise un boulet de béton suspendu à une grue pour démolir l’église, en commençant par le chevet et le transept nord, pour avancer progressivement par la nef jusqu’au portail. A ce moment, une des chaussées de l’avenue Motte est barrée pour raison de sécurité, ce qui a dû handicaper la station Shell placée juste à côté et diminuer son chiffre d’affaires !

Photos Lucien Delvarre

 

Informations Nord Eclair et la Voix du Nord, octobre 1990. Photos Lucien Delvarre

Premiers magasins et GIE

Le 19 janvier 1972, les supermarchés Lemaire ouvrent un 30ème point de vente de 3000 m² de surface. Cette société dont le siège se trouve à Hazebrouck vient à Roubaix avec une offre commerciale attractive : la qualité et le service du spécialiste alliés à la commodité et aux prix des grandes surfaces. Les premiers jours commerciaux de Roubaix 2000 seront donc animés par les activités promotionnelles du supermarché Lemaire, qui connaît un départ en flèche.

 

A la fin du mois de janvier intervient la création d’un G.I.E (groupement d’intérêt économique), qui regroupe tous les commerçants du centre, et dont la compétence est l’animation commerciale de Roubaix 2000. Un directeur salarié sera embauché dont le rôle est de trouver des idées d’animation commerciale, d’organiser des manifestations de promotion, de favoriser des expositions,… Les questions de copropriété, la répartition des assurances des bâtiments, les charges communes (gardien, escalators) sont confiées à un syndic du centre commercial. Les commerçants du GIE de Roubaix 2000 se déclarent indépendants mais souhaitent avoir des rapports de bon voisinage avec leurs collègues du centre et de la rue de Lannoy. Ils actent le nom de Roubaix 2000. Les ouvertures de magasins commenceront dès Pâques 1972, mais l’inauguration aura lieu à la Pentecôte. Quelques problèmes subsistent, parmi lesquels l’accès des piétons au centre commercial, venant de la place de la liberté ou de la rue Pierre Motte, vu le passage continu entre les boulevards Leclerc et Gambetta. On parle d’aménager le terre plein, de démolir une maison qui fait l’angle de la rue de Lannoy…Une enseigne lumineuse Roubaix 2000 sera bientôt posée, et on rassure les commerçants, leur patentes ne seront pas plus élevées qu’au Lido.

Roubaix 2000 Segard et Criston pub NE

 

En mars, le chemisier habilleur Criston et les tissus Segard annoncent leur ouverture dans le centre commercial.  Les premières mesures du GIE : confier le nettoyage à la municipalité, installer une sonorisation permanente et mettre en place la surveillance générale du centre avec une équipe de gardiennage. En avril,  une cafétéria de 300 places, un magasin tout pour l’enfant, un magasin d’habillement masculin, un magasin d’habillement professionnel et de loisirs, une boutique de tissus et le chausseur Cendry vont ouvrir.

 

En avril également, quatre grands constructeurs automobiles viennent exposer leurs derniers modèles sur le parvis de Roubaix 2000, alors qu’on attend l’ouverture de deux magasins Blondeau « up » et « mini up ». Les majorettes de Lambersart viennent compléter le tableau.

 

En Mai c’est l’ouverture de la Gourmeteria au dessus du supermarché Lemaire.

 

Le comité du GIE est nommé, le président en est Jean Papillon, le secrétaire Christian Gourniaux et MM Lepez, Bocage, Desrousseaux et Basuyaux en sont membres, M. Jacquard étant le contrôleur de gestion. Le recrutement d’un directeur est à l’ordre du jour. Mais les installations prennent du retard, et l’inauguration de la Pentecôte est remise à plus tard. Ce sera pour septembre…

D’après Nord Éclair

Un appartement HLM

46ruefragonard copieLe n°46 rue Fragonard Photo PhW

On est rue Fragonard, au troisième étage, sans ascenseur.  C’est là que j’ai vécu de 1956 à 1978, de 0 à 22 ans. On entre par le vestibule, qui fait une distribution sur les WC, sur la cuisine, sur le séjour et sur une chambre.Le WC par lui-même, n’est pas très intéressant. Par contre, dans les WC, il y avait le « vide-ordures ».  On déposait les ordures dedans, on refermait. Ça tombait dans une colonne jusqu’en bas, où il y avait une poubelle sous la colonne. Etant donné que cette ouverture et que le tube était relativement étroit, ça arrivait assez souvent que des objets se coincent dans la colonne, et, généralement, plutôt le samedi ou le dimanche. Alors, il fallait faire appel au gardien des HLM. Dans le grenier, il y avait une manivelle, un poids, et donc, le monsieur venait, descendait le poids dans la colonne, et ça poussait les ordures au fond. Il ne fallait pas jeter des bouteilles pendant la nuit, parce que ça réveillait tout le monde, ça faisait un beau bruit ! Les vide-ordures ont été supprimés pour des raisons d’hygiène évidentes. Il y avait des odeurs qui remontaient…

appartfragonard
Plan de l’appartement par Gérard

Juste en face, il y a la première chambre, avec du parquet au sol. C’était celle de mes parents. Il y a un conduit de cheminée avec une trappe. On peut y mettre un poêle. Chaque année à Noël, mon père enlevait la plaque, mettait un petit banc avec une carotte pour l’âne du père Noël, un verre de vin rouge pour le père Noël.

Ensuite, on entre dans la cuisine. C’est l’endroit où on cuisinait, et il y avait une espèce de hotte en verre. Il y avait un petit aérateur sur la fenêtre. Presque tout le temps, on mangeait dans la cuisine. Tout le long du mur, c’étaient des placards, avec un dessus carrelé, et l’évier était intégré. Un genre de cuisine équipée. C’était d’origine, c’était livré comme ça.

Ensuite, dans le séjour, pas grand-chose à dire. Là aussi le conduit de cheminée, mais pour le coup, il y avait un feu au charbon. Je disais tout à l’heure que c’était le troisième étage sans ascenseur, et le charbon était, bien sûr, stocké à la cave, et donc, il fallait monter les charbonnières… C’était un peu pénible quand-même. Un petit balcon, où on ne pouvait se tenir, qui permettait d’avoir une porte-fenêtre et d’aérer convenablement la pièce.

J’ai toujours eu la télé, dans le séjour côté balcon. D’ailleurs, tous les voisins venaient regarder la télévision chez nous. C’était une Ducretet-Thomson

Ensuite, il y avait un deuxième poêle au charbon dans la salle de bains. Baignoire et lavabo, quelque chose de très moderne mes parents, antérieurement, ont habité dans des maisons où on se lavait dans une bassine, alors, pour ma mère, c’était vraiment le modernisme…

Et ensuite, la deuxième chambre, en parquet aussi, où il y avait aussi un conduit, mais pas de poêle. Donc l’appartement était chauffé par le séjour et par la salle de bains…

Il y avait aussi un grenier,  toutes les surfaces du plateau avaient été réparties. C’est là que les femmes faisaient sécher leur linge, notamment celles qui habitaient en haut : Celles du bas, elles ne montaient pas jusqu’au grenier.

Quand les immeubles ont été réhabilités, on a changé tout ce qui était portes, fenêtres, pour avoir quelque chose de plus hermétique. Les revêtements de sol ont été changés, et on a installé le chauffage central au gaz.

Témoignage et plan de Gérard

La dernière cense

La ferme et la rue de Charleroi – Photo Lucien Delvarre – 1965
Remarquez la mobylette orange, la 2cv camionette et les pavés

Située dans une courbe et reliée à la rue de Charleroi par un chemin empierré, la ferme Loridant est ancienne : elle figure sur le plan cadastral de 1884, alors que le quartier est à vocation essentiellement agricole et comprend plusieurs grosses fermes. Au début du 20ème siècle, elle reste isolée au milieu de ses terres, puis, entre les deux guerres, une rangée de maisons est construite devant elle, de l’autre côté de la rue, et une teinturerie s’implante juste derrière elle, au carrefour des rues Victor Hugo et de Charleroi. Remarquez sur la photo la mobylette orange, la 2cv camionnette et les pavés d’époque

 

Photo aérienne 1953 – Archives municipales
 

Dans les années 50, les fermes ne sont plus que deux dans le quartier et, en 1959, celle qui nous intéresse possède encore quelques hectares de terre et huit vaches, alors que sa voisine, la ferme des trois ponts ou ferme Lebrun commence à être démolie.

Son exploitation cesse en 1970, et, en 1972, la Voix du Nord, remarquant que « les particuliers n’ont en effet pas perdu l’habitude de considérer le moindre espace inoccupé comme une décharge publique en puissance », cite l’abbé Caulliez qui se se plaint de ce que  : « notre quartier est devenu la poubelle de Roubaix ! … Sur tout ce qui pouvait être, à peu de frais, transformé en espaces verts, on a déposé ce qui devrait être du matériel, mais qui en fait devient un tas de détritus ». Il est fait notamment allusion à d’anciennes pâtures du quartier.

Malgré les efforts de plusieurs personnes, défenseurs du patrimoine, la ferme est finalement démolie dans les années 90, alors qu’elle était encore en bon état et qu’elle aurait parfaitement pu être préservée pour témoigner du passé campagnard de Roubaix.

Photo Lucien Delvarre – 1965

La ferme du Petit Beaumont

La ferme, vue depuis la place du Travail – Photo Coll. B. Thiebaut

Le tramway G, venant du Boulevard du Cateau, contournait la place par la droite pour emprunter la rue Henri Regnault en direction d’Hem.

Placée depuis le 18e siècle au carrefour de deux chemins devenus la rue de Beaumont et le boulevard du Cateau, là où a été tracée la place du Travail, cette ferme, appelée également ferme du petit Beaumont, dépendait du fief du Raverdi. Enfermée autour de sa cour par des murs épais, elle témoigne d’une époque où il fallait se barricader pour se défendre des attaques des bandes pillards, les Catulas, qui battaient la campagne.

J.B. Destombes a été un des censiers de la ferme vers 1830. Il s’est opposé aux droits d’octroi taxant les produits des fermes des alentours à l’entrée de Roubaix bourg, au moment où la partie Sud de Roubaix, dénommée Roubaix Campagne demande son autonomie par rapport à la partie citadine et industrielle. Elle fait partie des 7 fermes encore vivantes après guerre, bien que la plupart de leurs terres aient été déjà livrées aux constructions. Pourtant, Nord Éclair nous assure en 1949 que ce sont encore « de véritables censes avec du fumier, des chevaux, une étable. Bref, de vraies fermes, avec des toits croulants, de vieux murs tapissés de lierre, des arbres vénérables, des haies vives et des fermières en sabots et tabliers bleus. »

Cruque1949-96dpi La ferme. Photo Nord-Éclair
Au fond à gauche, l’habitation. Au fond à droite la grange, devant étable, écurie, et laiterie

En 1885, la ferme appartient à la famille Loridant frères et sœurs. A partir de 1887, et jusqu’en 1922, le Ravet-Anceau nous indique JB Cruque. On y trouve en 1939 la veuve L.Cruque-Loridant. En1955 Jean Cruque l’habite encore, mais ne l’exploite plus.

Au début des années 50, on veut rectifier le tracé de la rue de Beaumont. La ferme est frappée d’alignement. Il faut démolir le bâtiment bas comprenant le porche d’entrée, ainsi que le pignon de la partie habitation. Cette partie disparaît fin 1952.

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Les parties frappées d’alignement. Photos Nord Matin
On remarque le coude que faisait la rue de Beaumont pour déboucher sur la place.

Mais les trois autres corps sont toujours là, l’habitation raccourcie d’une bonne part. Enfin, la municipalité décide de racheter l’ensemble des bâtiments restants pour y construire une école. C’est chose faite en 1957, et l’école s’élève sur la pâture qui se trouvait derrière la ferme, la dernière portion des terres qui constituaient la cense. Dans un deuxième temps, sur l’emplacement des bâtiments finalement démolis sera construite la cour de récréation.

Ouverture et inauguration

ouverturePosteL’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix en septembre 1960 Photo Nord Éclair

Le bureau de poste du Nouveau Roubaix ouvre ses portes en septembre. C’est un jeudi matin à 8 heures, et les premiers clients ne se sont pas fait attendre. Ils découvrent un intérieur où dominent le bleu et le jaune pâle, bien éclairé par de grandes fenêtres. L’ensemble est fonctionnel, mais très agréable. Ce bureau est une recette succursale dépendante du bureau central, et il assure toutes les opérations postales, sauf la distribution. Ses horaires d’ouverture sont pour les jours ouvrables 8 à 19 heures, sauf le samedi de 8 à 16 heures. Le bureau est fermé le dimanches et pendant les fêtes. Les heures des levées sont 8 h 30, 13 h 15, 18 h, 19h et 19 h 15.

inaugurationPosteL’inauguration Photo Nord Éclair

L’inauguration intervient le samedi 24 septembre 1960, en même temps que la série des centres sanitaires et sociaux de la ville construits ou réaménagés : rue de cassel, boulevard de Metz, rue Franklin, rue Decrême. La première pierre du centre médico social du boulevard de Fourmies sera posée dans l’après midi. On inaugurera aussi le poste de désinfection du quai de Gand.

Sont présents le maire de Roubaix Victor Provo et un grand nombre de personnalités. Côté P et T, l’architecte M. Lys est présent, ainsi que le directeur départemental des P et T, le directeur régional des télécommunications. Des discours sont prononcés avant un vin d’honneur pris sous une tente dressée boulevard de Fourmies, face au bureau de poste. Victor Provo annonce la construction du centre médico social, revient sur le bureau de poste enfin terminé, félicite l’architecte, et dit sa satisfaction de remettre une telle réalisation aux P et T, à leurs employés et leurs usagers.

Le directeur départemental des P et T met en valeur le développement constant du trafic postal à Roubaix et évoque le premier projet d’un bureau de 5e classe, qui s’est transformé  grâce à la décision municipale en un bureau de 3e classe. Le directeur des télécommunications rend hommage au maire qui conduit depuis si longtemps une courageuse politique de logement et de création de services publics. Le bureau de poste inaugure ainsi un certain nombre de constructions devant abriter différents services publics.

Péripéties avant l’ouverture

maquetteLa maquette du centre commercial Photo Nord Éclair

On connaît la configuration du futur centre commercial au moins par l’exposition de sa maquette, en juin 1969 dans un magasin de l’allée centrale du Lido, le centre provisoire de transit entre les commerces de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. Elle provient des bureaux d’études de la S.E.G.E.C.E à Paris. En novembre 1969, le hall d’information ainsi équipé reçoit les candidatures et les demandes de renseignements, mais il est également possible de s’adresser aux bureaux parisiens de la S.E.G.E.C.E.

rx2000ducielLe centre commercial en chantier Photo Nord Éclair

Mars 1971, M. Maisonneuve, directeur de la S.E.G.E.C.E vient commenter devant la presse la maquette du centre commercial, et un de ses collègues annonce que des études sont en cours pour permettre aux commerçants indépendants d’avoir accès à une formule de prêt leasing sur 14 ou 16 ans. Quelques péripéties ont retardé son ouverture : le grand magasin qui devait jouer le rôle de locomotive s’est désengagé, un projet d’un collectif de commerçants indépendants aurait contribué à arrêter le chantier, et surtout on s’est aperçu que le terrain du centre commercial ne pouvait être vendu aux commerçants puisqu’il appartenait à l’Etat ! En effet, il est construit sur l’emplacement de la rue de Lannoy qui est une route nationale, et on a oublié de la déclasser, sept ans après sa fermeture à la circulation !

Le crédit lyonnais s’installe dès l’été 1971. Suivent l’ouverture du parking en septembre 1971 et du cinéma en octobre 1971. En décembre, la moitié des commerces sont vendus, la plupart roubaisiens, mais peu réintègrent la rue de Lannoy qu’ils ont quitté quelques années plus tôt, parmi lesquels les Ets Blondeau.

Trente cinq parcelles ont été attribuées : huit magasins de confection, quatre de chaussures, deux marchands de tissus, un pressing, une maroquinerie, une droguerie, une boutique loisirs hommes, un magasin d’électroménager, deux banques, un opticien, un assureur. Il faut y ajouter un drugstore, le cinéma, une crêperie restaurant, un café brasserie. Il reste une trentaine de cellules : une boulangerie, une charcuterie, un traiteur sont souhaités et on cherche un libraire…

demlondeauPublicité Blondeau dans Nord Éclair

Le magasin Blondeau annonce son transfert du Lido vers le nouveau centre encore nommé Lannoy 2000 en décembre 1971, et c’est l’occasion des ventes exceptionnelles. On discute encore du nom du centre commercial, et ça se joue entre centre commercial de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. La fédération des groupements commerciaux de M. Coquant opte pour la 1ere, qui lui semble sans doute moins agressive commercialement parlant. Alors que l’ouverture se profile pour le printemps 1972, on apprend qu’un supermarché Lemaire ouvrira ses portes le 12 janvier.