Un appartement HLM

46ruefragonard copieLe n°46 rue Fragonard Photo PhW

On est rue Fragonard, au troisième étage, sans ascenseur.  C’est là que j’ai vécu de 1956 à 1978, de 0 à 22 ans. On entre par le vestibule, qui fait une distribution sur les WC, sur la cuisine, sur le séjour et sur une chambre.Le WC par lui-même, n’est pas très intéressant. Par contre, dans les WC, il y avait le « vide-ordures ».  On déposait les ordures dedans, on refermait. Ça tombait dans une colonne jusqu’en bas, où il y avait une poubelle sous la colonne. Etant donné que cette ouverture et que le tube était relativement étroit, ça arrivait assez souvent que des objets se coincent dans la colonne, et, généralement, plutôt le samedi ou le dimanche. Alors, il fallait faire appel au gardien des HLM. Dans le grenier, il y avait une manivelle, un poids, et donc, le monsieur venait, descendait le poids dans la colonne, et ça poussait les ordures au fond. Il ne fallait pas jeter des bouteilles pendant la nuit, parce que ça réveillait tout le monde, ça faisait un beau bruit ! Les vide-ordures ont été supprimés pour des raisons d’hygiène évidentes. Il y avait des odeurs qui remontaient…

appartfragonard
Plan de l’appartement par Gérard

Juste en face, il y a la première chambre, avec du parquet au sol. C’était celle de mes parents. Il y a un conduit de cheminée avec une trappe. On peut y mettre un poêle. Chaque année à Noël, mon père enlevait la plaque, mettait un petit banc avec une carotte pour l’âne du père Noël, un verre de vin rouge pour le père Noël.

Ensuite, on entre dans la cuisine. C’est l’endroit où on cuisinait, et il y avait une espèce de hotte en verre. Il y avait un petit aérateur sur la fenêtre. Presque tout le temps, on mangeait dans la cuisine. Tout le long du mur, c’étaient des placards, avec un dessus carrelé, et l’évier était intégré. Un genre de cuisine équipée. C’était d’origine, c’était livré comme ça.

Ensuite, dans le séjour, pas grand-chose à dire. Là aussi le conduit de cheminée, mais pour le coup, il y avait un feu au charbon. Je disais tout à l’heure que c’était le troisième étage sans ascenseur, et le charbon était, bien sûr, stocké à la cave, et donc, il fallait monter les charbonnières… C’était un peu pénible quand-même. Un petit balcon, où on ne pouvait se tenir, qui permettait d’avoir une porte-fenêtre et d’aérer convenablement la pièce.

J’ai toujours eu la télé, dans le séjour côté balcon. D’ailleurs, tous les voisins venaient regarder la télévision chez nous. C’était une Ducretet-Thomson

Ensuite, il y avait un deuxième poêle au charbon dans la salle de bains. Baignoire et lavabo, quelque chose de très moderne mes parents, antérieurement, ont habité dans des maisons où on se lavait dans une bassine, alors, pour ma mère, c’était vraiment le modernisme…

Et ensuite, la deuxième chambre, en parquet aussi, où il y avait aussi un conduit, mais pas de poêle. Donc l’appartement était chauffé par le séjour et par la salle de bains…

Il y avait aussi un grenier,  toutes les surfaces du plateau avaient été réparties. C’est là que les femmes faisaient sécher leur linge, notamment celles qui habitaient en haut : Celles du bas, elles ne montaient pas jusqu’au grenier.

Quand les immeubles ont été réhabilités, on a changé tout ce qui était portes, fenêtres, pour avoir quelque chose de plus hermétique. Les revêtements de sol ont été changés, et on a installé le chauffage central au gaz.

Témoignage et plan de Gérard

Ouverture et inauguration

ouverturePosteL’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix en septembre 1960 Photo Nord Éclair

Le bureau de poste du Nouveau Roubaix ouvre ses portes en septembre. C’est un jeudi matin à 8 heures, et les premiers clients ne se sont pas fait attendre. Ils découvrent un intérieur où dominent le bleu et le jaune pâle, bien éclairé par de grandes fenêtres. L’ensemble est fonctionnel, mais très agréable. Ce bureau est une recette succursale dépendante du bureau central, et il assure toutes les opérations postales, sauf la distribution. Ses horaires d’ouverture sont pour les jours ouvrables 8 à 19 heures, sauf le samedi de 8 à 16 heures. Le bureau est fermé le dimanches et pendant les fêtes. Les heures des levées sont 8 h 30, 13 h 15, 18 h, 19h et 19 h 15.

inaugurationPosteL’inauguration Photo Nord Éclair

L’inauguration intervient le samedi 24 septembre 1960, en même temps que la série des centres sanitaires et sociaux de la ville construits ou réaménagés : rue de cassel, boulevard de Metz, rue Franklin, rue Decrême. La première pierre du centre médico social du boulevard de Fourmies sera posée dans l’après midi. On inaugurera aussi le poste de désinfection du quai de Gand.

Sont présents le maire de Roubaix Victor Provo et un grand nombre de personnalités. Côté P et T, l’architecte M. Lys est présent, ainsi que le directeur départemental des P et T, le directeur régional des télécommunications. Des discours sont prononcés avant un vin d’honneur pris sous une tente dressée boulevard de Fourmies, face au bureau de poste. Victor Provo annonce la construction du centre médico social, revient sur le bureau de poste enfin terminé, félicite l’architecte, et dit sa satisfaction de remettre une telle réalisation aux P et T, à leurs employés et leurs usagers.

Le directeur départemental des P et T met en valeur le développement constant du trafic postal à Roubaix et évoque le premier projet d’un bureau de 5e classe, qui s’est transformé  grâce à la décision municipale en un bureau de 3e classe. Le directeur des télécommunications rend hommage au maire qui conduit depuis si longtemps une courageuse politique de logement et de création de services publics. Le bureau de poste inaugure ainsi un certain nombre de constructions devant abriter différents services publics.

Une si longue attente…

postejuillet1960Le bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Construit entre les deux guerres, le quartier du Nouveau Roubaix ne possédait pas de bureau de poste. Il fallait donc se rendre à la poste centrale de Roubaix, ou rejoindre le bureau du Pile, tout aussi éloigné. Entre-temps, le quartier est devenu une véritable ville de 11.000 personnes, sans compter les quartiers alentour les Trois Baudets, Beaumont, la Lionderie, et le début de la construction des Hauts Champs. La création d’un bureau de poste fait alors l’objet d’une interpellation d’Alphonse Delbecque, conseiller municipal. C’était en 1956, les PTT donnent leur accord pour un chantier d’une somme de près de 18.000.000 francs, étant entendu que cette dépense serait couverte par un emprunt, mais la situation de restriction des crédits bancaires entraîne le report du projet. Devant les difficultés rencontrées pour obtenir un bureau de poste, le conseil municipal prend alors une délibération, et décide de la construction de l’immeuble qui sera remis à la disposition des P et T, qui obtiennent des conditions raisonnables pour s’acquitter de leur dette. Roubaix à la rescousse des services de l’Etat !

postejuillet1960bLe bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Fin 1958, date à laquelle le crédit foncier débloque une première tranche de 8 millions, les longues démarches de la ville auprès des PTT ont enfin abouti. Le terrain a déjà été acheté depuis longtemps, à l’angle du boulevard de Fourmies et de l’avenue Linné, place Charles Spriet. M. André Lys architecte des PTT est chargé de l’exécution des travaux. Le bureau de poste comprendra une salle pour le public, des guichets, une salle de tri et à l’étage, un appartement pour le receveur. Le chantier démarre en avril 1959, on creuse les fondations, il est probable que pour le début de l’hiver, les habitants auront leur bureau de poste.  En août les murs s’élèvent déjà. On espère l’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix pour le printemps 1960. Mais en avril 1960, le bureau n’est toujours pas ouvert, quoiqu’on en sache plus sur ses équipements : une recette de plein exercice, dotée de deux cabines téléphoniques et de trois guichets. Le public sera reçu par quatre employées placées sous la direction d’une brigadière intérimaire. En juillet, la construction est terminée. Le bureau de poste, qui n’est toujours pas ouvert est considéré comme le plus bel ornement de la place Spriet : il est coquet, agréable, clair et spacieux. Il fonctionnera dès le début de septembre. L’inauguration officielle retardée en raison des congés payés, est également prévue début septembre.

cabinestelVue des cabines téléphoniques du bureau de poste août 1960 Photo Nord Éclair

à suivre

La naissance de l’ADEP

Dans le cadre de la promotion sociale municipale, l’A.F.P.S, l’Association pour la Formation et la Promotion Sociale, dispensait des cours du soir, notamment en Français et en Mathématiques. Il existait également un atelier libre-service informatique. C’était la ville qui gérait le fonctionnement de ces formations et payait directement les formateurs. Ses activités étaient hébergées dans l’ancienne école des garçons au 94 avenue Léon Marlot, l’école des filles étant devenue une école mixte.

Puis, suite à la demande d’instances extérieures, il devient nécessaire de confier l’organisation de ces cours à un organisme indépendant et non plus municipal. L’A.D.E.P, Association pour le Développement de l’Éducation Permanente, est donc créée. Sa déclaration figure au Journal Officiel de Juin 1998, mais son démarrage réel ne se fait qu’à la rentrée 98-99.

Le logo de l’association, réalisé par Sabine Despas

Le but de l’association est de gérer les actions de formation financées par la ville. Ces actions, à destination des adultes visent « à transmettre les savoirs de base fondamentaux nécessaires à une vie sociale professionnelle épanouie : savoir lire, écrire, compter, mais aussi utiliser un ordinateur et de nouveaux outils de communication... » (Roubaix Info, Juin 2000)

Stagiaires96dpi

Document Roubaix Info

L’A.D.E.P reprend les locaux de l’A.F.P.S, qu’elle loue à la ville. Celle-ci lui octroie une subvention mais la Région finance également les cours. L’association a la charge de recruter et de payer les formateurs, le plus souvent choisis parmi les enseignants de l’Éducation Nationale. Au départ,  elle n’a qu’un seul salarié.

LVDN-17-01-99-96dpi

Document La Voix du Nord – Janvier 1999

La première année sont assurés des cours en anglais et néerlandais, des modules d’alphabétisation et de remise à niveau en Français et Mathématiques, des cours de bureautique (Word et Excel) et une formation en communication et relations humaines. L’A.D.E.P propose également un libre service informatique, qui permet au public d’utiliser des ordinateurs, avec l’aide d’un animateur. Par ailleurs, sont organisés à l’E.S.A.A.T des cours d’arts plastiques : dessin, sculpture, modèle vivant, peinture et infographie. La Voix du Nord nous précise que 2000 stagiaires ont été accueillis en 1999.

N°3 boulevard de Fourmies

le Boulevard de Fourmies reste peu construit dans la première partie de son existence et, en particulier, dans la partie proche de la place du travail. La première numérotation en 1903 place les numéros 1 et 3 après la rue Messonnier, la première construction étant ensuite le numéro 23. A la suite de plusieurs renumérotations, ce numéro 23 semble avoir été érigé là où se trouve aujourd’hui une banque au numéro 63.

Aucune construction donc dans le haut du boulevard en 1922, alors que Fernand Devaleriola, habitant 29, rue des Fleurs, dépose une demande de permis de construire pour une maison, dont il joint le plan. La maison n’est apparemment pas bâtie immédiatement ; elle n’apparaît dans le Ravet-Anceau au numéro 3 qu’en 1929. Y habite alors un monsieur A Joëts.

3bdFourmiesLe plan de 1922, le plan du magasin (Archives Municipales Roubaix) la vue 2011 (photo JPM)

Le rez-de chaussée de cette maison d’habitation est ensuite convertie en magasin : Fernand Devaleriola demande en 1931 l’autorisation de cimenter la façade et d’y placer une vitrine. Il joint un plan de la future façade.

En 1932 et 1933, le Ravet-Anceau indique G.Depaepe au 3 bis, et A. Joëts, lingerie au 3 ter. En 1939, on trouve J.Claeys, et le magasin est maintenant une chemiserie. De1955 à 1961, on retrouve F. de Valeriola, et, cette fois, un magasin d’électricité. De 1965 à 1978 Mme Brame Jacqueline y tient un salon de coiffure pour dames. Le commerce disparaît peu après, puisqu’on n’en trouve plus trace à partir de 1983.

La photo actuelle montre bien le peu de modifications apportées à l’immeuble depuis 1931 : la vitrine est semblable, et la façade a peu évolué : les fenêtres ont été changées, et celle du second semble avoir été légèrement déplacée vers la droite.

Qui pourra donner quelques précisions sur cette maison et sur les commerces qu’elle a abrités ? A vos commentaires…

De Ternynck à Damart

353_001

Photo Collection particulière

La société Damart s’installe sur le site de l’usine Ternynck à la fin des années 50, et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Le site abrite les services des expéditions, (la majorité des ventes se faisant par correspondance), qui emploient à cette époque 200 personnes. Le nom de Damart vient du fait que les Etablissements Despature étaient installés à l’angle de la rue Dammartin et du boulevard de Paris. Damart est, à l’époque, renommé pour ses sous-vêtements dont le succès est dû à la fibre « thermolactyl » utilisée.

En 1960, Nord Matin et La Voix du Nord relatent la remise du diplôme « Prestige de la France » à Damart-Thermolactyl, rue David Dangers. A ce moment, le directeur général de l’entreprise est Jules Despatures. Joseph et Paul Despatures dirigent également. Lors de la cérémonie, des médailles du travail sont remises à 22 employés, dont le plus ancien avait 51 ans de présence dans l’entreprise.

Une grande partie des personnalités qui participaient à cette cérémonie ont fait le trajet Orly-Lesquin dans une Caravelle spécialement affrétée par Damart. Des motards ouvraient la route aux voitures officielles entre Lesquin et Roubaix. Après le cocktail servi dans l’entreprise, les personnalités se rendirent au Grand Hôtel, où un déjeuner leur fut servi, avant de reprendre leur vol jusqu’à Paris.

Un appel à vos souvenirs : Damart commercialisait dans les années 60 sous le nom de « Buimassor », un appareil destiné au massage et garni de boules en buis :

Le Buimassor – Photo coll. Particulière

Quelqu’un a-t-il utilisé cet appareil ? Avez vous des souvenirs relatifs à ces évènements ou à cette entreprise ? À vos claviers !

L’usine Ternynck

Photo coll particulière
Photo coll particulière

Cette usine est aussi vieille que le quartier : elle est construite en même temps que le Boulevard de Fourmies qui, partant de la place du travail, s’arrête d’abord à la place de l’Avenir, aujourd’hui place Spriet. On n’y trouve dans le Ravet-Anceau de 1898 que la filature Carlos Masurel, l’estaminet Dubron, et l’usine Ternynck.

Son propriétaire est Henry Ternynck, domicilié 50, rue de la Gare. Il dépose en 1896 une demande de permis de construire. Son Architecte est d’abord M. Lietard, puis Marcel Forest à partir de 1912.Les plans déposés montrent que les bâtiments comprennent, une partie tissage (à gauche lorsqu’on regarde l’usine depuis le boulevard), et une partie filature sur quatre niveaux à droite. L’entrée du Tissage se fait depuis le boulevard, par une grand porte flanquée par la maison du concierge. Elle ouvre sur une cour centrale où se trouve un bâtiment plus petit qui abrite les bureaux.

L’entrée Bd de Fourmies. Doc. archives départementales

On entre dans la filature par la rue David Dangers ; là se trouve aussi une maison de concierge. Par derrière, le bâtiment de la chaudière. Celle-ci fournit l’énergie nécessaire à une machine à vapeur actionnant les métiers par l’intermédiaire d’arbres et de courroies de transmission. La chaudière est alimentée en eau par un réservoir qui se trouve dans la cour près du mur de la rue David Dangers.

Doc. archives départementales
Doc. archives départementales

En 1929 on ajoute d’un étage au bâtiment des bureaux (bâtiment central). Mais une demande d’extension jusqu’en bordure de la rue Linné est refusé pour cause de l’élargissement et du déplacement prévu du chemin qui deviendra ensuite la rue Charles Fourrier. Dans les années 1942-1943 on assiste à des travaux d’aménagements internes. Les compte-rendus des délibérations municipales de 1951 nous apprennent que la ville, pour aménager le carrefour formé par les rues Charles Fourrier, Horace Vernet, Henri Regnault, et avenue Gustave Delory, demandent à la société Ternynck la cession de 271 m2 de terrains lui appartenant. Sur ce terrain se trouvaient des jardins ouvriers.

Photo IGN 1950
Photo IGN 1950

La société Damart remplace peu après l’ancienne entreprise dans ses locaux. Comment ce transfert s’est-il déroulé ? Quelqu’un sait-il ce que sont devenus les employés de la filature et du tissage : ont-ils été embauchés par Damart ? A vos commentaires !

Visite d’un appartement

J’habitais le bâtiment trois à l’angle de l’avenue Motte et de la rue Rubens, l’entrée était tout au bord de la rue Rubens, on y accédait par un escalier qui tournait, mais on aurait pu y mettre un ascenseur, c’était très grand au milieu et tout ouvragé avec des rampes en fer forgé…

On entrait dans l’appartement par un couloir, et il y avait trois chambres qui faisaient au moins 10 m² chacune. On entrait et il y avait immédiatement l’accès à deux chambres dans l’entrée, et la troisième porte donnait dans le séjour. Il n’y avait pas de salle de bains, on l’a faite après, il y avait une petite cuisine, avec un évier, le gaz qui était sur le côté. Dans le séjour, il y avait une cheminée avec un feu à charbon, car il n’y avait pas de chauffage central. Par la cuisine on accédait à un balcon suspendu qui était très grand et où il y avait les toilettes, et le vide-ordures qui était là au bord du balcon. J’ai connu ça jusqu’en 1965, on était cinq à vivre là, mais les chambres étaient suffisamment grandes, je dormais dans la même chambre que ma sœur.

hbm
Cour et balcons d’un immeuble HBM Photo Nord Eclair

Pas de travaux, jusqu’à ce que ma mère quitte l’appartement, on a juste changé le carrelage, c’étaient des dalles noires et blanches, qu’ils ont changé dans les années soixante dix. Par contre dans les appartements qui ont été démolis, les carrelages étaient rouges et blancs. Ça m’impressionnait quand j’y allais, j’avais une amie là, je trouvais que c’était beau, et dans les entrées aussi, les montées d’escalier, c’était du carrelage avec des rampes en fer forgé.

Les chambres au sol, c’était du parquet, et les murs c’était en brique avec du plâtre, on pouvait mettre des tableaux, on mettait du papier peint dont on coupait la bordure de gauche, pour le chevauchement. On avait acheté le papier chez Hourez, rue de l’épeule, les plus grands fournisseurs de Roubaix.

L’appartement n’était pas bruyant, c’était bien isolé, bien qu’il n’y ait pas de double vitrage. Je me souviens, comme on n’avait pas de chauffage central, on tirait les rideaux qui collaient aux carreaux. On avait une cheminée avec un feu continu au charbon, et on en faisait provision pendant l’été, c’était moins cher. Après on a eu un poêle à mazout.

La chambre la plus éloignée du feu, donc la plus froide, c’était celle des parents…Dans le séjour, il y avait la cheminée, et on avait deux fauteuils de chaque côté, un bahut, une petite commode et puis la table et les chaises au milieu. Les meubles avaient été fabriqués par un ébéniste de la rue de Lannoy. Pour les chambres d’enfant, on était allés chez Cavalier, rue de Lannoy. La radio était sur la commode, on écoutait la famille Duraton.  En 1960, on a eu la télé, surtout pour avoir des nouvelles d’Algérie, où les jeunes étaient partis faire la guerre. Chaque appartement avait son antenne.

Chaque chambre avait un lit et une armoire, il n’y avait pas de placards. Dans la cuisine, il n’y avait pas de meubles, l’évier était presque contre le mur, car il y avait les descentes d’eau. On avait une belle fenêtre, et on mettait la table et les chaises pour déjeuner le matin. Il y avait la gazinière, une petite armoire et aussi une étagère sur le mur. On avait le garde manger sur le balcon, il n’y avait pas de frigo, les jours d’été, il y avait les marchands de glace, qui livraient des blocs. Les gamins allaient aussi chercher des glaces à Monsieur Léon et son triporteur, mais c’étaient des crèmes glacées. Quand les enfants étaient dans la cour intérieure du bâtiment, on pouvait les surveiller de la cuisine. Le sol du balcon, c’était comme du béton, et on pouvait faire couler l’eau, c’était un balcon fonctionnel. Pour l’époque c’était bien, avec le vide-ordures qui se trouvait là. Les gens faisaient attention à leur voisinage, on mettait les ordures dans les journaux, les éboueurs passaient une fois par semaine. C’était un service de la ville. Ils venaient avec un camion découvert, des pelles et des fourches pour ramasser les ordures.

Chaque appartement avait une grande cave et on y stockait le charbon de chez Sergeraert, le charbonnier du quartier, qui se trouvait là où il y a une pagode maintenant, rue Horace Vernet. Pour certains, c’était dur, quatre étages pour monter le charbon ! Après, dans les années quatre-vingt, il y a eu le chauffage individuel.

Après la guerre, les gens ont voulu du moderne. D’abord la salle de bains, puis le chauffage… Après ils ont remplacé le carrelage, en 1978, le parquet était usé aussi… Ces appartements n’étaient pas très pratiques, on devait traverser le séjour pour aller dans les chambres, on vivait beaucoup dans la cuisine. Dans les appartements qui faisaient l’angle, il n’y avait pas de pièce pour la cuisine, c’était la cuisine américaine, intégrée dans le séjour. On s’est fait un coin douche parfois…

Il y avait un toit terrasse. Pour y accéder, on ouvrait une trappe au dernier étage. Pour la course Paris Roubaix, les locataires montaient sur cette terrasse pour être aux premières loges, car l’avenue Motte regorgeait de monde. On était sur plusieurs rangs, on se pressait contre les barrières, ou on venait avec son escabeau.

Texte Christiane

Des usines et des jardins

La Fédération des jardins ouvriers municipaux n’était pas la seule à mettre des terrains cultivables à la disposition des habitants du Nouveau Roubaix. Il existait plusieurs œuvres, fédérations, associations ou entreprises qui auraient pu offrir ce service. Les cartes de l’époque montrent dans le quartier du Nouveau Roubaix une proportion très importante de jardins  qui, pour une bonne part, dépendaient d’autres organismes que la fédération municipale.

AutresJardins

Carte IGN 1939

On sait, par exemple, que les chefs d’entreprise étaient nombreux à confier les terrains inutilisés qu’ils possédaient autour des emprises de leurs usines à certains de leurs ouvriers pour qu’ils les cultivent. C’est assurément le cas pour l’usine Ternynck, devenue ensuite Damart. Ces jardins figurent sur les plans de masse de l’usine dans les années 20 ; ils allaient jusqu’au coin des rues Charles Fourrier, Henri Regnault et avenue Gustave Delory. Ils s’étendaient également devant l’usine, le long du boulevard de Fourmies, jusqu’à la rue Charles Fourrier, sur ce qui est aujourd’hui le parking de la société Okaïdi. On peut penser qu’ils ont été supprimés lors de la cession de l’usine à l’entreprise Damart. Sans doute certaines autres usines du quartier proposaient-elles des parcelles à cultiver. La teinturerie Burel, par exemple, possédait des terrains entre le boulevard de Fourmies et la rue Mignard. Peut-être ces terrains ont-ils été cultivés avant d’être vendus à la société Ferret Savinel ?

JardinsSpriet

Au premier plan à droite, les jardins de la place Spriet, Photo Coll. personnelle – années 50

Enfin, après démembrement de la ferme de la Haye, démolie dans les années 50,  les terrains qui dépendaient de cette ferme ont été transformés en jardins. En particulier, on en trouvait le long de la rue Charles Fourrier, à l’emplacement actuel de l’hôtel des impôts. Il y en avait aussi au bord du boulevard de Fourmies, à l’emplacement du centre sanitaire et social et de la mairie de quartier. Ces derniers jardins ont été supprimés à la fin des années 60 : une photo de la Voix du Nord de 1960 montre les terrains de la rue Charles Fourrier partiellement bâtis, et l’espace resté libre nivelé en prévision de l’installation du marché. Une autre photo de Nord Éclair de 1959 montre le terrain au bord de la place Spriet encore libre de construction, mais abandonné et livré à la végétation. Le centre médico-social sera bâti sur cette zone peu après.

Des témoins affirment qu’il en existait d’autres le long de la rue du chemin neuf. On pense les apercevoir en haut à gauche de la photo couleur entre le groupe scolaire Jules Guesde et le tissage Léon Frasez (aujourd’hui Intermarché).

Par ailleurs, les terrains situés de l’autre côté de l’avenue Motte (contour des petites haies) faisaient toujours partie des emprises SNCF après suppression des installations de la gare de débord. On sait que souvent les abords des voies étaient utilisés comme jardins pour les cheminots. Peut-être trouvait-on également des jardins sur ces terrains le long de l’avenue Motte ? La carte semble le montrer…

De nombreuses questions subsistent au sujet de la position et de l’étendue de ces terrains et jardins, et elles en amènent d’autres : de quels organismes dépendaient-ils ? Comment étaient-ils gérés ? Comment fonctionnaient-ils ? Y en avait-il d’autres, et à quels endroits ? Appel est lancé à la mémoire des anciens jardiniers ou habitants du quartier , qu’ils témoignent, et partagent leurs souvenirs !

Les jardins municipaux de 1935

En réponse à la crise commerciale et industrielle, la municipalité veut adoucir le sort des familles les plus déshéritées par la mise à disposition gratuitement de jardins ouvriers. En 1935, Elle prend des terrains municipaux non utilisés, et elle les découpe en parcelles qu’elle confie aux pères des familles les plus nécessiteuses – en particulier des chômeurs – en précisant qu’elle pourrait être amenée à reprendre les terrains concédés si besoin était. 65 jardins sont créés à l’angle des avenues Delory et Motte, 52 rue Ingres, entre les rues Raphaël et Horace Vernet.

AutresJardins

Carte Ign 1939 

Ces groupes, ainsi que ceux des Trois Ponts et du Hutin constituent une fédération, dont la présidence est confiée à M. Théo Vanovermeir, conseiller municipal. Il est entouré d’un comité directeur qui veille au bon fonctionnement de l’ensemble. Des informations sous forme de cours de jardinage, de causeries et de conseils sont dispensés aux jardiniers. De même, on envisage la fourniture de semences et d’engrais à des tarifs avantageux.

Des distributions gratuites de plants venus des serres municipales ont même lieu. Le jardinier chef de la ville de Roubaix, monsieur Horace Wargniez veille au bon entretien des jardins et fait des visites régulières des parcelles. Des récompenses sont distribuées aux bons jardiniers, mais, inversement, il arrive que des terrains mal entretenus soient repris.

L’égalité du 21 Avril 1935

 

Durant l’occupation, les allemands, autorisent les utilisateurs des jardins à surveiller la nuit leurs récoltes en butte aux maraudeurs : « … Les allemands distribuaient aux jardiniers des permis de nuit qui, bien souvent, étaient remis, par les soins de la municipalité, à des résistants, à qui ces Ausweiss permettaient d’opérer en toute quiétude » (Nord Matin du 22 Août 1946).

Ces jardins semblent être actifs jusqu’à la fin des années 40. Un article de Nord Matin de 1951 décrit la construction des immeubles entre la rue Ingres et la rue Rubens et fait référence aux jardins ouvriers qui s’y trouvaient précédemment. De même, Nord Matin décrit la construction de 110 maisons entre la rue Charles Fourrier, l’Avenue Delory et l’Avenue Motte en Aout 1948, et publie en 1951 la photo des maisons nouvellement bâties au carrefour des avenues Motte et Delory. Les jardins qui se trouvaient là disparaissent donc à cette époque. Mais ils n’ont pourtant pas disparu de toutes les mémoires, et, peut-être, quelqu’un qui a connu ces jardins pourra nous faire part de ses souvenirs ? A vos commentaires !