Le 104 rue Charles Fourier

Depuis très longtemps, le 104 rue Charles Fourier ( parcelle 149 sur le plan cadastral ci-dessous ) était un jardin appartenant à la propriété voisine du 256 de l’avenue Gustave Delory ( parcelle 150 ).

Plan cadastral

En 1954, Paul Vandystadt, garagiste, est propriétaire du 256 avenue Gustave Delory. Il souhaite développer son entreprise. En 1960, il décide donc d’agrandir son atelier-garage, en construisant une extension dans son jardin au 104 rue Charles Fourier.

Projet d’agrandissement ( document archives municipales )

En 1968, le garage du 256 avenue Delory est tenu par J. Hamicat puis devient une agence de la B.N.P Banque Nationale de Paris en 1971. La même année, le 104 rue Charles Fourier devient une station service Fina : « le Relais de l’Etoile » en référence à l’étoile formée par toutes les rues qui se rejoignent.

Publicité 1971 ( document Nord-Eclair )

Le Relais de l’Etoile devient un garage Citroën en 1973. Les deux associés R. Godart et P. Coullé invitent leurs clients à une exposition de véhicules les 31 Mars et 1° Avril.

Publicité 1973 ( document Nord-Eclair )

Les deux agents Citroën développent leur commerce. Malheureusement deux ans plus tard, en Février 1975, un court circuit électrique déclenche un incendie dans le garage. Les pompiers arrivent rapidement sur les lieux, mais deux véhicules ont brûlé dont une magnifique DS.

document Nord-Eclair 1975

Très dynamique, R. Godart, aidé par le concessionnaire Cabour Vancauwenberghe, fait le nécessaire en 3 mois de temps, pour réparer les dégâts causés par l’incendie. L’enthousiasme et la volonté de R. Godart et de son équipe ont permis, en un temps record, la réfection et la modernisation du Garage de l’Etoile en Juin 1975.

document Nord-Eclair 1975

En Avril 1977, R. Godart décide de changer la marque des voitures proposées à la clientèle. Le Garage de l’Etoile devient alors agent Toyota.

documents Nord-Eclair 1977

Le 104 rue Charles Fourier, devient ensuite un magasin de chaussures à l’enseigne Difen, en 1979.

document Nord-Eclair 1979

L’expérience Difen est courte, puisqu’au début des années 1980, le 104 rue Charles Fourier devient un centre « Plein Pot » spécialiste du pot d’échappement et d’amortisseurs. L’enseigne « Plein Pot » reste dans les lieux jusqu’en 1992.

documents collection privée et archives municipales

« Menuiplast » vient s’installer dans les locaux en 1993. C’est un installateur de menuiserie, véranda, volet, porte de garage, en PVC, aluminium et bois. Au début des années 2000, Menuiplast souhaite développer son activité, et le manque de place oblige l’entreprise à trouver des locaux plus spacieux. Elle s’installe ensuite à Lys-lez-Lannoy.

documents collection privée et archives municipales

En 2002, Khing et Sokuontheavy Taing sont commerçants en fruits, primeurs et légumes au 126 boulevard de Fourmies à l’enseigne « Primeurs du Nord » depuis 1992. Leur affaire fonctionne correctement. Ils désirent se développer mais le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente au départ de l’entreprise Menuiplast, le couple achète l’immeuble au 104 rue Charles Fourier, pour s’installer en fruits et légumes. Ils proposent toujours à ce jour une gamme de fruits et légumes frais et de qualité, un rayon épicerie-crémerie, et une rôtisserie de poulets le week-end.

Photo BT 2022

Remerciements à Khing et Sokuontheavy Taing, ainsi qu’aux archives municipales.

Le 261 avenue Delory

Sur une plan daté de 1899 on remarque une construction isolée au coin de l’avenue des Villas, la future avenue Delory et de la rue Henri Regnault, récemment ouvertes. Comme elle est placée sur le chemin d’intérêt commun numéro 154, dit chemin d’Hem, à la limite de Roubaix, on y place tout naturellement le bureau de l’octroi de ce qui prendra plus tard le nom de Nouveau Roubaix. Ce bureau, situé juste face à la ferme de la Haie, partage sans doute dès l’origine, comme celui de la rue de Lannoy, les locaux avec un estaminet.

C’est d’ailleurs un estaminet, au nom de F. Delattre qu’on retrouve dans le Ravet-Anceau de 1939 au 259 de l’avenue et à l’extrémité de la rue Regnault. Ce même établissement était en 1935 indiqué au nom de O. Moulard. Durant la guerre, le 2 Juillet 1943, l’octroi est supprimé. Les gabelous sont reconvertis dans les services municipaux, alors que le débit de boissons perdure. Ce dernier disparaît néanmoins après guerre, puisque de 1955 à 1961 le Ravet-Anceau cite au 261 une Droguerie M. Minnens. Apparemment, il est ensuite reconverti en épicerie, et arbore dès lors fièrement des panneaux publicitaires pour les bières Pélican, comme l’attestent des photos publiés dans Nord-Eclair en 1961 et 1963.

Photo Nord Eclair

Les photos aériennes du début des années 60 montrent l’isolement du bâtiment face au nouveau rond-point, alors qu’un jardin occupe l’espace situé entre celui-ci est les maisons suivantes.

Photo IGN 1962

Mais les années 60 sont celles de l’automobile triomphante, et le bâtiment est démoli en 1964. Le terrain, racheté par la société des pétroles Shell, va être utilisé pour la construction d’une station d’essence, pour laquelle un permis de construire est octroyé dès juin1963. Deux bâtiments sont construits dans la partie la plus large du terrain, l’un, à un étage, abrite le bureau et le logement, l’autre l’atelier. La piste, située à la pointe du terrain, n’est pas couverte : les clients seront mouillés les jours de pluie !

La station en construction (IGN 1964) et la même en service (La Voix du Nord 1974)

Une publicité non datée nous montre la station avec ses deux bâtiments et la piste comprenant deux blocs de pompes permettant le ravitaillement simultané de plusieurs véhicules. On y apprend que le gérant est alors monsieur Trinelle., alors qu’une autre publicité de 1978 évoque monsieur Damerment.

Document collection particulière

En 1974, dans le cadre de passage au self-service, la société Shell fait une demande pour l’installation d’une cuve de 30 000 litres (18 000 pour le super et 12 000 pour l’ordinaire). Deux ans plus tard, une nouvelle demande de permis de construire vise l’édification d’un auvent et d’un petit atelier supplémentaire. L’auvent est court ; il ne couvre parcimonieusement que la stricte zone des pompes : il faut toujours se mouiller pour aller payer le carburant !

Photo IGN 1981

Mais la station fait l’objet d’autres travaux. En 1988, l’auvent a été remplacé par un autre nettement plus long, le terrain s’est agrandi par l’achat de la propriété voisine, sur laquelle on a construit une installation de lavage automatique dont on ne peut sortir que moyennant un virage très serré. Le bureau a été démoli et a trouvé place dans l’ancien atelier, devenu inutile depuis la mise en self-service., La piste est maintenant beaucoup plus vaste et, enfin, bien abritée…

Photo IGN 1989

La station est ensuite rachetée en 2004 par un italien, Mario Azzalini. Elle prend la dénomination d’Oil France. La distribution se poursuit quelques années, mais la station ferme finalement en 2008 et se transforme en une friche à l’abandon.

Photo Jpm

Alors commence un long bras de fer entre la ville, qui lance une procédure d’abandon manifeste en 2010 pour essayer d’obtenir l’expropriation, et Oil France qui fait le mort et ne répond pas aux demandes, pour obtenir le meilleur prix pour son terrain.

Document la Voix du Nord 2014

Pour éviter toute tentative de reprise d’activité, la mairie interdit toute opération de vente ou de location et, finalement, réussit à exproprier. On assiste alors enfin à la démolition, après plus de 15 ans de luttes. Selon la Voix du Nord, la construction d’un immeuble à vocation de services aurait vu le jour…

Document Archives municipales

Remerciements à la médiathèque de Roubaix et aux archives municipales pour leur accueil.

 

L’Auberge de Beaumont

Dans les années 1920, au 143 rue de Beaumont, se trouve l’épicerie de L. Nisse. Ce commerce est repris, dans les années 1930, par E. d’Havé. Le magasin est situé dans un quartier calme, à proximité de la rue Payen, et à deux pas de la ferme de M. Cruque, agriculteur, sur la place du Travail.

La rue de Beaumont en 1926 : à droite, un des bâtiments de la ferme Cruque ( document BNR )

Ce commerce devient ensuite un estaminet, géré successivement par Mme Ledocte dans les années 1940 et L. Grave dans les années 1950.

Dans les années 1960, le café se nomme : « Au Moniteur » Peut-être y avait il un rapport avec l’endroit tout proche place du Travail, où se déroulaient les épreuves pour passer le permis de conduire.

Modification de la façade en 1964 ( document Archives Municipales )

En 1964, le tenancier Kurt Gronow, qui demeure 121 rue Pierre de Roubaix, demande au bureau d’études Clément Dassonneville, à Menin, une modification complète de la façade de son établissement. Les travaux s’élèvent à 14.220 Frs. Dans les années 1970 1980 l’établissement change plusieurs fois de propriétaire. Les enseignes se succèdent également : La Serre et Le Rustique.

L’auberge dans les années 1980 ( document Archives Municipales et Nord Éclair )

A la fin des années 1980, Jean Pierre Pirlet reprend l’établissement qui devient « l’Auberge de Beaumont ». Deux ans plus tard, en 1990, aidé par son chef de cuisine Alain Dequidt, il ajoute à ses deux menus existants de 75 Frs et 125 Frs, des plateaux de fruits de mer.

document collection privée

On peut déguster désormais, le plateau du mareyeur de 24 huîtres fines de claire d’Oléron pour 120 Frs, et le plateau de fruits de mer composé d’huîtres, langoustines, crevettes, bouquets, amandes et un tourteau, pour le prix de 150 Frs. Un arrivage quotidien des fruits de mer et crustacés assure une fraîcheur des produits inégalable. Jean Pierre Pirlet propose également la livraison de plateaux à domicile et la vente à emporter. Il fait aussi profiter sa clientèle de son expérience en matière de champagnes et de vins blancs.

document collection privée

En 1996, Frédéric Mégnien et son épouse Kira reprennent l’auberge de Beaumont. Ils arrêtent la vente de fruits de mer et se dirigent vers une cuisine plus traditionnelle, avec un accueil sympathique et convivial. Frédéric devient  »Maître Restaurateur » ( titre honorifique délivré par l’Etat )

document collection privée

L’engagement de Frédéric : une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts, majoritairement frais, intégrant les circuits courts. Il cuisine des produits de saison, comme les asperges en Avril, le gibier et les champignons à l’automne…

Frédéric et Kira Mégnien ( document Nord Eclair )

Dans les années 2000, un incendie ravage le premier étage ; l’établissement reste alors fermé plusieurs mois pour travaux. En 2007, les époux Mégnien quittent l’auberge pour ouvrir un établissement à Lille puis à Villeneuve d’Ascq.

documents : L’Expresso

En 2008, l’auberge de Beaumont est reprise et devient : L’Expresso. Le nouveau gérant, Jean François Choquet propose désormais une cuisine italienne et française : restauration traditionnelle, vente de pizzas sur place ou à emporter.

Remerciements aux Archives Municipales.

Qu’est devenu le cinéma Familia ?

En 1926, Gaston Isorez ouvre son cinéma « Le Familia », rue David d’Angers, dans le quartier du Nouveau Roubaix en pleine construction. C’est à la fois un cinéma, une salle des fêtes, une salle de bal du dimanche. Dans les années 1930, les H.B.M. Habitations à Bon Marché amènent une population dense dans ce nouveau quartier populaire. Joseph Rigamensi prend la direction de l’établissement.

document Nord Éclair

En 1944, le nouveau directeur, M. Dhollander, rénove cette salle des fêtes qui devient alors un véritable cinéma, respectueux des consignes strictes de sécurité. Les années 1950 -1960 sont propices au développement des cinémas de quartier, mais les années 1970 sont beaucoup plus difficiles, à cause de l’apparition de la télévision dans les foyers. Le cinéma Le Familia ferme ses portes au début des années 1980.

Le Familia à la fin des années 1970 ( document Archives Municipales )

En 1983, les trois frères Castelain (François-Xavier, Jean-Bruno et Pierre-Damien), passionnés de musique, décident de créer un nouveau concept branché, un espace-rencontres à Roubaix : le café-restaurant-spectacle. Ils reprennent le cinéma Familia, rue David d’Angers, fermé depuis peu de temps. L’architecte Jean Marie Dillies, à Villeneuve d’Ascq, est chargé de faire réaliser les travaux qui démarrent en Avril 1983, et, en particulier, la rénovation de la façade.

La façade, avant et après ( documents Archives Municipales )
François-Xavier Castelain lors des travaux ( document Nord Éclair )

Dans un premier temps, le 1er Septembre 1983, le café ouvre tous les soirs. Un mois plus tard, le 1er Octobre, c’est l’inauguration officielle avec un premier spectacle à l’affiche, et à partir du lundi 3 Octobre, le restaurant ouvre tous les midis. La proximité d’entreprises importantes du boulevard de Fourmies permet d’envisager un développement conséquent de l’activité restauration. L’enseigne choisie est : Côté Jardin.

( document Nord Eclair )
Côté Jardin ( document Archives Municipales )

Le projet est ambitieux, les frères Castelain très motivés, l’accueil sympathique, mais le succès n’est pas au rendez-vous : Côté Jardin ferme ses portes définitivement quelques temps plus tard. Le bâtiment reste inoccupé un certain temps, puis, en 2005, Kamel Kamli reprend le bâtiment et dépose une demande de permis de construire pour le maintien d’une surface commerciale au rez de chaussée, et la construction de 4 logements à l’étage, en duplex, avec pose de Velux sur le toit.

( document Archives Municipales )

La façade atypique est conservée et repeinte ; les menuiseries sont en PVC bleu foncé. 4 places de parking couvertes sont prévues. Le résultat est magnifique ; la bonne réalisation des travaux de ravalement de façade incite d’ailleurs la municipalité à accorder une subvention conséquente.

( document Archives Municipales )
Photo BT 2020

Remerciements aux Archives Municipales, et à Alain Chopin et Philippe Waret pour leur livre : Les cinémas de Roubaix.

La famille Pratt

Lucien Delvarre est ouvrier typographe à l’imprimerie Collin, au 27 rue Nationale à Roubaix. Après sa journée de travail, il s’occupe des nombreuses associations dont il fait partie : MLO (Mouvement de Libération Ouvrière), Culture et Liberté, Citoyens du monde, Comité de quartier.

Lucien est également passionné par la musique. Il joue de plusieurs instruments : le violon, le piano, la basse, la guitare, le cor pour lequel il a obtenu le 1° prix au conservatoire. Il fait partie de la célèbre fanfare Delattre et chante dans diverses chorales. C’est à l’occasion de sa participation dans un groupe vocal qu’il rencontre sa future épouse Betty,

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Au milieu des années 1950, ils habitent au 81 avenue Alfred Motte, dans un appartement HBM ( Habitation Bon Marché ) au 3° étage. Le logement est petit mais coquet. L’immeuble se situe à l’angle de la rue Ingres.

Photo BT

Lucien et Betty ont 3 enfants et commencent bien sûr à les motiver sur leur passion musicale. En 1966, l’aîné, Jean-Luc, 17 ans, est typographe comme son père ; il joue de la guitare et de la basse. Emmanuel, 14 ans, joue de la guitare et de la batterie. Christophe, 11 ans, étudie le piano et la contrebasse au conservatoire de la rue de Soubise, et joue de la guitare également. Très rapidement, les trois garçons, passionnés et motivés par leur père, sont doués pour la musique, et jouent de leur instrument avec plaisir, bien souvent acheté chez Waeterloos, rue de Lannoy.

Document Nord Eclair

Lucien et Betty décident donc de créer un ensemble vocal comprenant les 5 membres de la famille. Ils travaillent fréquemment, lors de répétitions dans leur appartement de l’avenue Alfred Motte, sur des musiques très diverses comme la variété, le folk, le negro-spiritual. Lucien devient l’homme orchestre du groupe. Il fait également les arrangements et compose parfois avec son ami Jean Prez, comme par exemple : Valse Printanière.

Valse Printanière ( Document C. Delvarre )
Documents Nord Éclair et collection privée

Lucien est sollicité pour participer à un premier concours de chant, à Croix. L’organisateur lui demande de trouver un nom de scène pour son groupe. Lucien décide, rapidement, d’appeler son ensemble vocal : «la famille Pratt » car il s’est souvenu d’un film  : La Mélodie du Bonheur avec la famille Von Trapp. Il inverse simplement les lettres du nom Trapp.

Document collection privée

La famille Pratt connaît un franc succès lors de cette première présentation. Les spectacles se succèdent alors très régulièrement, au gré des demandes, car Lucien ne fait aucune publicité pour communiquer. Le  »bouche à oreille » est le meilleur moyen pour faire reconnaître le talent de la famille Pratt. Lucien souhaite, avant tout, que le groupe reste amateur. Jouer un instrument de musique et chanter doit rester un plaisir.

Les déplacements sont toujours épiques ; à cinq dans l’ Ami 6 break, les guitares dans le coffre, et la basse sur le toit du véhicule ! Les concerts se déroulent non seulement à Roubaix, mais également dans toute la région, et même à Blankenberge en Belgique. Leur costume de scène est très simple ; chemise blanche, gilet et cravate fantaisie.

Document C. Delvarre

Au début des années 1970, les adolescents deviennent adultes. L’aîné, Jean Luc, se marie et part habiter en Savoie. La famille Pratt continue à 4. Puis les deux autres garçons se tournent également vers d’autres horizons ; Emmanuel part en Bourgogne, Christophe reste sur la métropole lilloise.

La petite famille continue néanmoins à faire de la musique dans les réunions familiales ou en animant les messes dominicales à l’église Sainte Bernadette de Roubaix. Lucien se consacre également à d’autres passions dont la photographie. Dans les années 1980, il prend des milliers de clichés de sa ville de Roubaix, qu’il aime tant. En 1999, à 79 ans, il présente une projection de ses diapositives, dans le local du comité de son quartier au Nouveau Roubaix, au 58 rue Jean Macé.

Document Voix du Nord 1999

Plus tard, il offrira beaucoup de ces diapositives à la ville. Ces photos sont d’ailleurs toujours visibles, sur le site Internet de la B.N.R. Bibliothèque Numérique de Roubaix. Lucien décède en 2016. On garde de lui, une excellente image : un homme heureux, passionné, bénévole, simple, modeste, généreux.

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Remerciements à Christophe Delvarre

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Les pompiers Notte, Wante et Vercoutère

Charles Tiberghien est un industriel dans le textile. Son entreprise se trouve sur le Boulevard Industriel à Tourcoing. Son magasin et ses bureaux se situent au 36 rue du Pays à Roubaix, comme de nombreuses sociétés textiles dans cette rue.

( Document collection privée )

Le bâtiment de la rue du Pays est un immeuble imposant, avec une large façade, bâti sur trois étages. Il se trouve au bout de la rue, à deux pas de la rue des Lignes.

Tôt dans la matinée du Vendredi 8 Novembre 1901, le feu se déclare dans l’entreprise. Un violent incendie détruit le magasin de stockage situé à l’arrière du bâtiment, et se propage aux maisons voisines : les entreprises Delannoy et Piat-Agache. Les secours arrivent sur place et les pompiers réussissent à maîtriser l’incendie.

C’est alors qu’un simple sinistre va se transformer en tragédie. En effet, le pignon d’une hauteur de plus de dix mètres, qui sépare la maison de Charles Tiberghien et celle de M Piat Agache, s’effondre sur le personnel de secours, dans un fracas épouvantable.

( Document Journal de Roubaix Novembre 1901 )

Un sapeur pompier, Jean Baptiste Vercoutère, est découvert vivant sous les briques et poutres brûlantes, mais dans un état très grave et désespéré. Il est emmené par les médecins dépêchés sur place, à l’Hôtel Dieu de la rue de Blanchemaille. D’autres personnes, blessées plus légèrement, y sont également emmenées pour recevoir des soins.

Le commandant des pompiers M. Hubert, fait l’appel de ses hommes. Deux pompiers ne répondent pas. Il s’agit de Jean Baptiste Notte et de Paul Wante. Des recherches sont entreprises, mais malheureusement les deux corps sont retrouvés sous les décombres, quelques heures plus tard. Paul Wante, 25 ans, célibataire, ouvrier gazier et fils de pompier, habitait rue de l’Epeule. Jean-Baptiste Notte, 32 ans, marié, père de trois enfants, peintre, habitait rue de la Fosse-aux-Chênes.

Portraits des 2 sapeurs ( Document Journal de Roubaix )

Une grande émotion envahit alors les lieux. Les deux hommes étaient d’excellents pompiers, jouissant de l’estime de leurs chefs et de leurs collègues.

Dans l’après midi, les blessés ont reçu la visite d’Eugène Motte, député, Henri Carrette, maire, ainsi qu’ Achille Lepers, Edouard Roussel, Paul Despatures, et Henri Ternynck.

Une souscription est alors ouverte, pour aider financièrement les familles des pompiers disparus. L’administration municipale décide que les funérailles des deux victimes auront lieu aux frais de la ville le lundi 11 Novembre, à l’église Notre Dame.

Le cortège passe sur la Grande Place ( Document collection privée )

Le cortège part de l’hôtel de ville, va chercher les corps à l’hôtel Dieu, puis se rend jusqu’à l’église Notre Dame. Après la cérémonie funèbre, le convoi prend la rue des Lignes, la rue Nain, la Grande Place, la Grande rue, jusqu’au cimetière. La manifestation est grandiose, imposante et émouvante. De nombreuses personnalités de la ville et de la région et même de Belgique participent au cortège funéraire. Une foule immense de roubaisiens se pressent sur le parcours, pour rendre hommage à ces deux hommes.

( Document Journal de Roubaix Novembre 1901 )

Jean-Baptiste Vercoutère avait été emmené à l’hôpital dans un état désespéré, le jour de l’incendie. Malheureusement il succombe à ses blessures, le Mardi 12 Novembre, le lendemain des funérailles de ses deux camarades.

Portrait de JB Vercoutère ( Document Journal de Roubaix )

Jean-Baptiste Vercoutère, 47 ans, marié, père de 7 enfants, était peintre. L’administration Municipale décide que ses funérailles auront lieu le Jeudi 14 à l’église Notre Dame, avec le même cérémonial et les mêmes honneurs rendus à ses deux camarades. Le bilan est très lourd : trois valeureux sapeurs-pompiers décédés, victimes de leur devoir. La devise du pompier reste la même : Sauver ou Périr.

Les 3 sapeurs pompiers ( Document collection privée )

Le conseil municipal du 13 Août 1902 envisage de donner les noms des 3 pompiers décédés à des rues de la ville. Finalement en 1908, la décision est prise de donner leurs noms à des voies nouvelles afin de ne pas perturber la population. Ces trois rues se trouvent dans le quartier de la Potennerie, dans des portions successives de la rue d’Hem. Les trois pompiers restent ainsi unis, comme ils l’ont été dans l’accomplissement de leur devoir.

Plaques d’origine des deux rues P Wante et JB Notte. La plaque de la rue JB Vercoutère a été remplacée dernièrement par une plaque neuve ( Photos BT )

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Remerciements aux Archives Municipales.

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Un mariage œcuménique

Le 13 juin 1973 a eu lieu un mariage à l’église réformée de la rue des Arts, et il nous est raconté par la mariée. Mon futur mari était catholique, et venant d’une famille très pratiquante. Chaque semaine ses parents et grands parents allaient à la messe. Ils allaient à l’église Saint Michel avenue Linné à Roubaix. Moi, j’étais protestante et je ne voulais pas me marier à l’église catholique.

Le Temple de la rue des Arts au n°27 CP Méd Rx

Nous sommes allés voir l’abbé Bouquillon qui était le prêtre officiant à l’église Saint Michel. Il a fait une demande à l’évêché pour que mon futur époux devienne protestant. Après l’accord obtenu, l’abbé Bouquillon nous a dit : « il vaut mieux faire un bon protestant qu’un mauvais catholique ! » Quel soulagement pour ses grands parents !

Le prêtre et le pasteur officiant de concert Coll Particulière

Mon mari s’est marié quatre jours après son vingt et unième anniversaire, car ses parents n’acceptaient pas qu’il se marie avant sa majorité. De ce fait nous avons attendu trois ans avant de convoler en justes noces. Nous nous sommes donc mariés le 23 juin 1973 et la cérémonie a été faite conjointement par l’abbé Bouquillon et le pasteur Peuron au Temple de l’église réformée de la rue des Arts.

Remerciements à Hélène Fleurbayx pour ce beau témoignage

L’avenue Motte au fil du temps (suite)

Après la vague importante de constructions individuelles au début des années 50, la décennie suivante va apporter son lot de transformations. Les années 60 vont voir l’installation d’ Auchan dans l’ancienne usine Frasez. Les déplacements du matin et du soir des ouvriers vont faire place aux allées et venues ininterrompues de familles issues des classes moyennes venues faire, en voiture, le plein de bonnes affaires. Cet afflux régulier va désormais animer toute cette partie de l’avenue.

La vue du parking reflète le niveau social des clients du supermarché : mises à part l’antique Citroën 11 familiale et et la 403, alors haut de gamme chez Peugeot, les voitures en stationnement reflètent plutôt les gammes basses et moyennes des constructeurs.

Photo Nord Matin 1961

Le commerçants ne s’y trompent pas et se montrent attirés par cette clientèle potentielle. C’est ainsi qu’on expose sur le parking du matériel de camping, le loisir de masse de l’époque, bien propre à intéresser la clientèle du supermarché.

Photo la voix du Nord 1963

Dans le même temps, les dernières zones de jardins bordant l’avenue entre l’église et l’usine Motte-Bossut vont disparaître pour laisser place à un ensemble de collectifs formant la cité des Hauts Champs. Ces constructions environnées d’espaces paysagés constituent une zone plutôt agréable à vivre, habitée à l’origine dans une large mesure par des jeunes ménages modestes en attente de pouvoir s’offrir un pavillon individuel.

Conjointement à ceux des collectifs du Chemin neuf qui viennent de s’élever derrière Auchan, les nouveaux habitants de ce nouveau quartier à l’architecture bien dans le ton de l’époque vont contribuer, par leurs déplacements, à animer cette zone,.

Photo la voix du Nord 1966

Avec les années, la végétation implantée va ajouter, ainsi que les platanes qui poussent tout le long de la bande centrale, à l’agrément de notre avenue.

Photo Jpm

Au milieu des années 70, signe des temps, et témoin de l’affluence des autos, vient s’installer, tout à côté de l’église, et profitant d’un des derniers terrains libres, une station service à l’enseigne de la Shell.

Photo Lucien Delvarre

Cette station arrive en terrain déjà occupé : elle s’ajoute à la pompe installée quelques années plus tôt sur le parking même d’Auchan, ainsi qu’au garage des sports, situé au coin de la rue de Lannoy depuis le début des années 1950 et reconverti en station-service.

De fait, les véhicules affluent dans cette voie. Pour mettre un peu d’ordre dans cet masse de véhicules, on voit apparaître, dans les années 70, une série de feux rouges, aux carrefours importants de l’avenue, signe de l’importance de la circulation à cette époque. En 1980 Nord Éclair en compte huit sur 2500 mètres, y incluant ceux de l’avenue Roger Salengro, et espère que la mise en service de la future antenne sud va contribuer à diminuer les embouteillages,

Photo Nord-Eclair

Le paysage évolue au gré des apparitions et disparitions de commerces qui suivent les lois économiques. Au milieu des années 80, Auchan émigre sous d’autres cieux, remplacé d’abord par AS-Eco, puis par Intermarché qui finit par démolir la vieille filature pour construire un magasin neuf.

A la même époque, l’usine Motte-Bossut cesse ses activités. Les bâtiments sont transformés en « première galerie commerciale de magasins d’usine d’Europe » (La Voix du Nord 1984).

Autre évolution au début des années 90, la démolition de l’église Sainte Bernadette. Devenue trop grande pour les besoins du culte, elle va être remplacée par une neuve, plus petite, située en face, près de la salle des fêtes de l’école.

L’ancienne et la nouvelle – Photos Lucien Delvarre

L’espace ainsi libéré va être utilisé pour l’implantation du siège de la société Camaïeu, alors en pleine expansion. Les trajetAujourd’hui, cette avenue, toute en contrastes, autant par l’ambiance qu’elle dégage, différente selon les tronçons, qu’à son animation, désordonnée aux heures de pointe, mais incitant à la promenade à d’autres moments, reste un bel ornement des quartiers sud.s des employés vont accroître la circulation et les espaces verts prévus autour des bâtiments la végétalisation de l’endroit.

Document La voix du Nord 1990

Enfin, les années 90 verront la remise en état et le réaménagement paysager du terre-plein central qui va faire alternativement cohabiter zones de promenade et parkings. Cet aménagement aboutit en 1996 à l’inauguration de l’allée Crupelandt, dont les pavés mènent au vélodrome.

Photo Jpm

Aujourd’hui, cette avenue, toute en contrastes, autant par l’ambiance qu’elle dégage, différente selon les tronçons, qu’à son animation, désordonnée aux heures de pointe, mais incitant à la promenade à d’autres moments, reste un bel ornement des quartiers sud.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.