Le club sportif Jean Macé Pasteur organise en mai 1971 un tournoi ouvert à toutes les catégories, masculines et féminines. Cet événement couronne une brillante saison. Les minimes qui remportent la coupe du Nord UFOLEP sont championnes du Nord UFOLEP : vingt huit matches sans défaite ! Les cadettes reçoivent le trophée Nord Eclair, et quatre d’entre elles vont participer à un tournoi en Allemagne de l’est au début du mois de juillet.
Mademoiselle Christine Delmarle, qui entraîne bénévolement les joueuses de Jean Macé, reçoit la plaquette de la ville. Les dirigeants sont également mis à l’honneur pour la parfaite organisation du tournoi : le secrétaire du club, Jean Pierre Mahieu, son adjoint Robitaille et le trésorier Verspeeten.
Après la lecture du palmarès par le Président du Club, M. Florin, c’est au tour du maire Victor Provo de féliciter organisateurs et participants, et d’engager les jeunes à suivre avec assiduité les entraînements.
Le club sportif Jean Macé Pasteur prévoit pour la saison prochaine d’engager dix équipes de basket, la création d’une section de volley et celle d’une section de gymnastique volontaire. Beau programme d’un club au brillant palmarès !
Alors que la démolition du gazomètre de la rue Bernard est intervenue en 1960, celle des bâtiments de la centrale électrique est envisagée pour 1972. Il y a en effet un projet de construction de quatre tours dans l’alignement d’une rue qui prendra le nom du fondateur de la Croix Rouge, Henri Dunant.
Cette centrale électrique se trouvait dans la rue qui lui doit son nom, la rue de la centrale, parfois raccourcie en rue centrale, petite voie parallèle à la rue de Lannoy, et qui rejoignait également le boulevard Gambetta, en venant de la rue Bernard. Cet équipement devait être remplacé par des installations nouvelles à l’angle de la rue de Tourcoing et de la rue Jacquard. En mars 1968, on commence l’édification des deux tours « du milieu », alors que les travaux de la troisième, du côté du boulevard de Belfort, démarrent en février 1969. L’année 1972 passe sans que rien ne bouge. La construction de la quatrième tour est différée. Fin 1973, rien n’a bougé.
La rue Henri Dunant a repris dans son parcours l’ancienne rue centrale. La démolition de l’usine Huet a libéré l’espace nécessaire pour la construction de la quatrième tour, qui ne sera donc pas dans l’alignement des trois autres. La vieille centrale électrique désaffectée devient alors un véritable chancre dans ce quartier composé de bâtiments neufs, à deux pas d’un centre commercial important. Un magasin de vêtements et une pharmacie sont venus refaire un morceau de front à rue au boulevard Gambetta, alors que la vieille centrale devient un lieu de squatters. Il faudra attendre février 1985 pour enfin voir disparaître ce dernier vestige du quartier des longues haies.
Le Suisse, l’église façade et intérieur Photo coll. Particulière, Cartes Postales Coll. Médiathèque de Roubaix
Chaque église de Roubaix avait autrefois un Suisse. Un paroissien rémunéré par la paroisse, accomplissait les fonctions de suisse : il conduisait les cortèges, plaçait les membres de l’assistance à leurs places, dirigeait les aspects pratiques des cérémonies. Il indiquait les places libres, faisait respecter le silence. Il frappait sur le sol avec sa canne lors de ses déplacements, ou pour ramener l’assistance à plus de calme. Il indiquait le chemin à suivre au de la présentation de l’hostie par le prêtre. Cette fonction était encore exercée il y a une trentaine d’années dans certaines paroisses.
Le Suisse de notre photo était celui de la paroisse Saint Jean Baptiste, mais il arrivait qu’il officie également à l’église Saint Michel. Monique Dhalluin, qui habitait le petit château Dhalluin, l’évoque dans ses mémoires : un Suisse en culotte courte et bas blancs, aux mollets impressionnants, nous accueillait coiffé d’un bicorne, une hallebarde à la main…
La description générale corrobore ce souvenir : le Suisse était vêtu d’un uniforme rappelant l’Ancien Régime, avec bicorne, bas et culottes courtes, gilet brodé de fils d’or, épaulettes, chaussures à boucles. Il tenait une hallebarde et une haute canne à gros pommeau de cuivre évasé, en forme de poire.
Une anecdote concernant un mariage de 1903 à l’église Saint Martin nous donne un aperçu de la tenue du début de siècle. Les familles des mariés ont en quelque sorte rhabillé le Suisse de l’époque : comme les vêtements de cérémonie (du Suisse) n’étaient plus de toute fraîcheur, Mme Motte Lepoutre lui fit faire sur mesure une superbe tenue rutilante (sic) d’or et d’argent. Elle lui fit même confectionner de faux mollets qu’elle l’obligea à porter sous ses bas pour qu’il précédât en beauté, avec un galbe parfait, le cortège nuptial.
Cependant le cliché nous montre un Suisse plus contemporain, en pantalons, mais ayant gardé bicorne et canne. Après le Suisse, c’est un laïque qui exerçait ces fonctions, mais il n’était plus en tenue.
Beaucoup de questions restent posées : comment on devenait Suisse ? Qui était le Suisse de la photo ? Quelle différence entre le Suisse et le Bedeau ? Quand la fonction a-t-elle disparu ? A vos souvenirs…
Source anecdote 1903 Jean Piat : Jean Lebas de la Belle Époque à la Résistance
Le 1er février 1969, deux tours sont édifiées par la société roubaisienne immobilière d’économie mixte en face de l’os à moelle. Elles sont pratiquement achevées, il ne manque plus que deux étages pour atteindre les 19 prévus. Elles vont constituer les points les plus élevés de la ville de Roubaix. La construction de la troisième tour du côté du boulevard de Belfort doit commencer prochainement. Quant à la quatrième, elle se trouvera en principe sur l’emplacement de l’ancienne centrale électrique. Si la troisième sera bien dans l’alignement des deux autres, ce ne sera pas le cas de la quatrième, la centrale n’ayant pas disparu rapidement.
Le 15 Août 1969, 376 logements nouveaux auront donc été construits. La SRIEM a terminé les deux tours, soit 226 logements, et une troisième tour commence, du côté du boulevard de Belfort. Le long du même boulevard, l’office municipal des HLM vient de terminer quatre tourelles, soit en tout 150 logements. Optimiste, le journaliste écrit que l’opération de l’ilot Edouard Anseele, commencée depuis plus de 10 ans, touche à sa fin. L’architecte Guy Lapchin a conçu ces tours de 55 mètres de haut, comptant 113 logements chacune, avec des ascenseurs rapides. Au pied de chaque tour, on doit trouver des aires de jeux et des pelouses avec arbres. Le dix neuvième étage est un local collectif, pour les réunions des habitants, une halte d’enfants, qui sera entouré d’une pelouse et de troènes. Un jardin en plein ciel ! Les équipements suivants sont prévus : salle de repos, tisanière, vestiaires, buanderie, salle pour les jeunes. Ces tours sont de véritables villes en réduction.
Le 16 octobre, on annonce l’ouverture prochaine d’une voie d’accès entre le boulevard Gambetta et le boulevard de Belfort : la rue Henri Dunant, où l’on voit encore la centrale d’électricité sur la droite.
L’ouverture de la salle des sports du boulevard de Mulhouse va permettre au Club Sportif Jean Macé Pasteur de développer son école de basket du jeudi. A l’époque le club accueille 87 jeunes filles et les garçons demandent aussi à s’inscrire, des équipes supplémentaires sont donc à prévoir pour la saison prochaine. La réunion de commission qui a lieu le 19 avril 1969, et qui regroupe les membres dirigeants ainsi que les délégués, managers d’équipe et entraîneurs bénévoles, fut ouverte à toutes les personnes qui désiraient se dévouer à la cause des jeunes sportifs. Cette réunion se déroula dans la salle des fêtes rue d’Anzin, aujourd’hui appelée Richard Lejeune, du nom d’un ancien Président de l’amicale Jean Macé.
De plus, une section de ping-pong rejoignait le club, et une section de gymnastique volontaire pour les dames était en voie de formation, dont nous reparlerons dans un autre article. Pour l’heure, les inscriptions étaient prises au Café Verspeeten 4 Place Carnot.
Avec tous ces projets, le Club Sportif Jean Macé Pasteur se présente alors comme un solide club de quartier…
Nous avons évoqué le château Dhalluin, plus connu sous le nom de Grande Potennerie. Il y avait un autre château Dhalluin, dans la même propriété, plus modeste que le précédent, mais également habité par une famille Dhalluin. Il s’agit de la famille de Maurice Dhalluin et de Louise Virnot, mariés en juin 1919, et qui habitaient auparavant au n° 19 de la rue Charles Quint à Roubaix[1]. En 1920, alors que la famille va s’agrandir, ils décident de louer la demeure de la Potennerie qui est la propriété de Mme Alfred Motte. Voici la description qu’en fait Monique Dhalluin qui vécut là son enfance :
Cette maison de brique aux arêtes et décors de pierre blanche était située en plein quartier ouvrier, au milieu d’un grand parc tout clos de murs surmontés de tessons de bouteilles pour décourager les intrusions éventuelles…
On accédait à la propriété par une entrée située rue Jules Guesde, qui donnait sur une petite voie d’accès. Il sera question un moment d’établir la jonction entre la rue de Bouvines et la rue Montgolfier, en prolongeant cette petite ruelle. Le projet fut abandonné. La petite voie d’accès subsiste néanmoins et dessert désormais le groupe scolaire. L’autre entrée de la propriété se trouvait rue Dupuy de Lome.
En septembre 1955, sont entrepris les travaux de creusement et de fondations pour le nouveau groupe scolaire de la Potennerie. Le grand mur qui entoure la propriété et qui menace de s’écrouler par endroits, sera bientôt abattu pour laisser apparaître un groupe scolaire dans un nid de verdure.
[1] Tous ces détails figurent dans le livre de souvenirs de Monique Dhalluin, fille du couple Maurice et Louise Virnot.
C’est au mois d’août 1969 que Victor Provo, maire de Roubaix inaugure la nouvelle salle des sports située 248 boulevard de Mulhouse, déjà prévue dans les projets de 1966. Cette salle omnisports est présentée comme un modèle du genre. Elle mesure 40 mètres de longueur sur 20 de large, pour une hauteur de 7 mètres. Elle comprend des vestiaires et des douches hommes et femmes, le chauffage est assuré par la chaufferie du groupe scolaire.
Dans son discours, le maire évoque l’inauguration récente de la salle Buffon, et les projets dans les quartiers Edouard Anseele et Potennerie, comme autant de signes de la volonté de développer le sport de masse à Roubaix.
Puis vient le moment de la remise des palmes académiques à Robert Hétuin, en reconnaissance des services rendus à la cause du sport postscolaire. Le récipiendaire est en effet l’un des fondateurs du basket féminin UFOLEP, et plus particulièrement celui du Club Sportif Féminin Pasteur en 1947, devenu depuis le Cercle Sportif Jean Macé Pasteur.
Ensuite les jeunes filles de l’Ancienne enchaînent avec des évolutions gymniques fort appréciées par l’assistance, avant que l’Evolution Sportive et le Club Sportif Jean Macé Pasteur ne donnent une démonstration de basketball féminin.
En février 1969, les démolitions ne sont pas encore terminées, on s’apprête à raser les bureaux de l’usine Huet, pour permettre à l’opération Edouard Anseele de déboucher sur le boulevard Gambetta. Les bulldozers de l’entreprise Mailler s’attaquent au bâtiment de façade de l’ancienne usine, situé à l’angle de la rue Centrale, derrière laquelle se trouvent les bureaux. Mais on ne démolit que la façade car les salles des ateliers vont servir pour accueillir le tour de France, dont le départ sera donné à Roubaix en juin 1969. Ils abriteront l’ensemble des services de la course.
Désaffectée depuis cinq ans, l’usine a été remise en état, les murs repeints, le sol nettoyé. L’équipement sanitaire a été refait, les salles et la façade extérieure ont été décorés par les élèves du CET du boulevard de Lyon. On accède au bâtiment par trois portes situées sur le boulevard Gambetta, dont une pour les véhicules. Dans la grande salle à nefs d’usine, les mécaniciens s’affairent à préparer les vélos des champions. Le public est admis à visiter l’endroit. La seconde partie de la grande salle a été équipée pour recevoir les bureaux, les services médicaux, et une salle d’attente de trente places pour les coureurs.
Les visites se déroulent sous la conduite du médecin du Tour, le docteur Nègre, accompagné d’un confrère lillois, le docteur Niquet. L’ancien pavillon du concierge est occupé par la direction de la course, son secrétariat et une salle de conférence. La salle de presse s’y trouve également où dix lignes téléphoniques et huit téléscripteurs ont été installés par les P.T.T.
La fête du Tour représente trois jours de manifestations sportives : le vendredi soir, c’est la grande fête du Tour. Le samedi à 15 heures commence la partie sportive : les grands champions pistards Trentin et Morelon affrontent les champions belges, hollandais, allemands, anglais et régionaux. Une demi-étape contre la montre se déroule ensuite à partir de 17 heures, c’est le prologue, pour l’attribution du maillot jaune. Le lendemain, dimanche, le maire Victor Provo donne le départ de l’étape Roubaix Bruxelles au parc municipal. Le peloton traverse Roubaix en remontant l’avenue Salengro, la rue de Lannoy, le boulevard de Belfort, la rue Pierre de Roubaix, le boulevard Gambetta, la place de la Liberté, la Grand Rue, la Grand Place, la rue du Maréchal Foch, le boulevard de Paris, le boulevard de Douai, le boulevard Lacordaire, la Place du Travail, le boulevard de Fourmies, pour arriver à la Place Charles Spriet, lieu du véritable départ. Après ce parcours de près de sept kilomètres dans la ville, le départ est donné à 10 heures 15. La veille, pour sept secondes, l’allemand Rudi Altig a privé Eddy Merckx de maillot jaune.
Les 7000 m² de l’usine seront ensuite démolis. On prévoit de bâtir sur l’emplacement une station service, un grand magasin et un immeuble de cent logements. Cette ouverture permettra, dit-on au nouveau quartier Anseele de respirer. Il reste encore une filature et la caserne de pompiers à démolir, pour atteindre le carrefour de la rue Pierre de Roubaix. Il est question de raser tout cela pour construire trois tours séparées par des espaces verts. Tous ces projets ne seront-ils menés à bien ?
Le Château D’halluin dit la Grande Potennerie en 1964 Photo Nord Éclair
La seconde partie du parc de la Potennerie, correspond au n°4 de la rue du Tilleul, aujourd’hui rue Jules Guesde. La propriété appartient à Madame Alfred Motte, née Berthe Scrépel (1870-1943), belle sœur d’Eugène Motte, industriel, maire de Roubaix de 1902 à 1912. Deux maisons de maître s’y trouvent : la Grande et la Petite Potennerie. Elles étaient habitées par la famille de Jules Dhalluin Balay pour la première, qui gardera le nom de château Dhalluin dans la mémoire collective, et la famille de Maurice Dhalluin Virnot occupait la seconde. Madame Alfred Motte est la belle mère de Jules Dhalluin, qui a épousé en première noces Berthe Motte, laquelle est décédée en 1913.
Les Dhalluin, nous explique Monique[1], étaient une famille d’industriels depuis longtemps vouée au textile (…) La matière première était la laine. La firme D’Halluin Lepers Frères sise rue de la Fosse aux Chênes quant au siège social, avait des usines à Wattrelos, Mouscron, à Ohain, au Cateau et un atelier à Roubaix.
Monique, qui habite la Petite Potennerie, évoque la maison de son oncle Jules : la demeure de notre oncle, plus vaste et plus luxueuse que la nôtre, était très belle avec ses larges portes fenêtres alignées sur la terrasse qui s’étendait sur toute la longueur de la façade. Mais entre les deux domaines, nulle délimitation clairement définie …
Elle décrit les dépendances : un logement de gardiens et une petite ferme basse[2] avec écurie, sellerie, logement des fermiers et divers locaux en prolongation, porcherie, clapier, poulailler, et par devant le tout un enclos de fumier et une petite mare… De l’autre côté du parc un bâtiment servait de maison de gardiens, de garage et de logement pour les domestiques. Il y avait aussi des serres dans un grand potager verger…
Elle évoque également un vieux tennis, des manèges, des buttes, des fossés et une grand pièce d’eau entourée de rochers artificiels, de chemin s tourmentés et rocailleux et d’une grotte…des bancs, des statues décoraient le parc …des lions accroupis, un faune cornu, un buste de déesse.
Le 3 juillet 1961, la ville achète la propriété avec le projet de construire à cet endroit un lycée technique de jeunes filles, qui remplacerait celui de la Place Notre Dame devenu insuffisant. Laissé à l’abandon trois années durant, le parc boisé est devenu un vaste terrain vague, et l’immeuble est régulièrement vandalisé, on a même tenté d’y mettre le feu. L’idée de transformer cette propriété en jardin public et l’immeuble en maison de jeunes a été un moment évoquée. La presse mentionne une pièce d’eau asséchée et une grille d’entrée rue du Puy de Lôme. La Grande Potennerie a survécu quelques années à la Petite Potennerie. Le Collège Jean Lebas, dit de la Potennerie, occupera son emplacement en 1967.
[1] Monique D’halluin, fille de Maurice et Louise Virnot. Elle raconte ses souvenirs dans un ouvrage conservé dans le fonds patrimonial de la Médiathèque de Roubaix
[2] Construite en 1897 d’après les archives municipales
Au début des années cinquante, les équipes féminines de basket sont nombreuses à Roubaix : l’amicale Sévigné, le club sportif féminin Pasteur, les féminines de l’Evolution Sportive de Roubaix, les jeunes filles du Stade Roubaisien, les basketteuses de la RAF, section féminine du Roubaix Athlétic Club. Ces différentes formations évoluent principalement dans les championnats UFOLEP.
En 1951, l’une de ces équipes se met particulièrement en valeur, le Club Sportif féminin Pasteur. En janvier, elles manquent de peu la victoire en finale du tournoi féminin de l’UFOLEP, face à l’amicale Sévigné : ex aequo à la fin du temps réglementaire, elles seront départagées par une série de lancers francs. Mais en juillet de la même année, l’équipe du Club Sportif Féminin Pasteur est championne du nord d’Excellence. C’est le début d’un beau parcours. L’entraîneur est M. Brouwers et l’équipe est alors composée des joueuses suivantes : Melles Jérome, Beuscart, Van Cassel, Corneilde, Hétuin, Desbarbieux et Corteville.