Un nouvel hôtel des postes

L’augmentation des activités postales fait qu’il est question dès les années soixante, de construire un nouvel hôtel des postes. En effet le bel immeuble construit en 1927 ne suffit plus pour accueillir les tâches ordinaires, à savoir le tri, le départ et l’arrivée de courrier, les paquets, les guichets, le téléphone, auxquelles se sont ajoutés les chèques postaux, les virements, la vente par correspondance. Plus de trente millions de catalogues expédiés en 1963 ! En janvier 1964, on apprend que la Direction Départementale des PTT a jeté son dévolu sur la Place des Halles, pour une surface de 4.500 m². Entretemps le centre du transit du Lido s’est installé en août 1964 et occupera le terrain repéré jusqu’en 1973. Une fois démonté, ce centre commercial provisoire accueillera quelques démonstrations commerciales et circassiennes.

L'annonce du projet Photo NE
L’annonce du projet Photo NE

Puis le projet de poste centrale refait surface, et le début des travaux est annoncé pour le 24 mars 1975 pour une durée de 18 mois. Finalement le chantier est ouvert début mai. Cent vingt pieux de béton ont été réalisés pour soutenir l’édifice, et les bâtisseurs ont du creuser à plus de vingt mètres pour trouver un sous sol stable. Rappelons qu’autrefois le Trichon et les douves de l’ancien château étaient  situés à deux pas de l’endroit. La construction va pouvoir commencer et on attend l’ouverture pour la fin de l’année 1976.

Vue aérienne du chantier Photo NE
Vue aérienne du chantier Photo NE

Les travaux prendront un peu plus de temps. En avril 1977, le bâtiment est terminé et on annonce l’ouverture pour l’automne.

Ouverture à l'automne Photo NE
Ouverture à l’automne Photo NE

Le nouvel hôtel comporte deux étages, et se présente sous la forme de deux ailes en équerre. La façade principale est orientée vers la rue Pierre Motte. A l’intérieur, côté usagers, sont prévus quinze guichets et vingt cabines téléphoniques.

Intérieur de l'hôtel des postes Photo NE
Intérieur de l’hôtel des postes Photo NE

Finalement le nouvel hôtel des postes est ouvert au public le lundi 12 décembre. Il emploie à cette époque quatre cents agents, et se classe au 2ème rang d’importance de la région. Dès avant l’ouverture, le receveur déplore les conditions d’accès : un nouveau plan de circulation et l’absence de parking ne contribuent pas au bon fonctionnement de la nouvelle poste. Le maire de Roubaix lui répond que c’était à l’administration des PTT de prévoir un parking souterrain dès la construction de l’édifice.

Vue du chantier en 1977 Photo NE
Vue du chantier en 1977 Photo NE

Pour l’instant, les usagers roubaisiens utilisent l’espace situé devant la poste, mais ce parking sauvage va bientôt disparaitre, car la nouvelle bibliothèque est en voie de réalisation. Puis le secteur sera remodelé, avec des problèmes récurrents de l’époque à Roubaix, le stationnement et l’accès piétonnier.

Le parking temporaire Photo NE
Le parking temporaire Photo NE

La perle du Cul de four

Des entreprises importantes, le quartier du Cul de four en a connu, telles que la brasserie de l’union Roubaix Tourcoing, ou encore l’usine de fabrication des extincteurs Mather et Platt. Ces sociétés ont progressivement disparu, malgré quelques tentatives de reprise, comme la brasserie Nord Lorraine pour la première citée.

Née de la fusion de deux petites sociétés Manuplastic et Afiplast, rue Franklin Roosevelt à Mouvaux, à la fin des années cinquante, la société Afiplastex est venue s’installer dans les anciens locaux du 27 de la rue d’Iéna autrefois occupés par la société anonyme des manufactures de laines filées. En 1987 elle se lance dans un grand chantier de modernisation et de rénovation. La construction d’une nouvelle halle de 2.500 m² permet d’accueillir trente presses ultra modernes. L’usine s’étend alors sur une surface totale de 9.000 m². Un lourd investissement, 15millions de francs pour une entreprise dont le chiffre d’affaires de l’époque est de 50 millions de francs. L’usine est située près de la nouvelle voie rapide urbaine avec une nouvelle façade rue Meyerbeer. Les services économiques de la ville de Roubaix ont soutenu le projet en permettant d’obtenir plus facilement les permis de construire.

Vue intérieure de l'usine Photo NE
Vue intérieure de l’usine Photo NE

Cette société fait vivre plus de cent dix salariés. Que produit-elle ? Des pièces en matière plastique selon la méthode de l’injection : cassettes pour photocopieurs, boîtiers pour vélomoteurs, ses clients sont  Thomson CSF, l’aérospatiale, Léanord (ordinateurs).

Plaque d'inauguration Photo NE
Plaque d’inauguration Photo NE

Après dix huit mois de chantier, la nouvelle halle et son matériel ultramoderne sont inaugurés le mardi 21 juin 1988 en présence du sénateur maire André Diligent. L’usine est alors qualifiée de « perle de technologie dans un écrin peu aguichant ».

Pont roulant Photo NE
Pont roulant Photo NE

Malgré des clients prestigieux, Rank Xerox, Toshiba, Renault, Whirlpool, l’entreprise est mise en règlement judiciaire en 1991, ce qui réduit presque de moitié sa clientèle. En 1993, la société se sépare de 42 personnes alors qu’elle n’en compte déjà plus que 82. Le chiffre d’affaires est tombé à 20 millions de francs en 1996. Un nouveau redressement judiciaire intervient en décembre 1996. L’histoire se termine le 27 mars 1997, date à laquelle la société roubaisienne Afiplastex est mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Roubaix-Tourcoing. Malgré une offre de reprise déposée par le groupe Heideman, et la mise en place de la zone franche, c’est  la fin de l’entreprise, et les 25 salariés que comptait encore Afiplastex sont licenciés.

D’après les articles de NE

Os à moelle, résidence universitaire

Les roubaisiens connaissent le grand immeuble qui surplombe Mac Arthur Glen : c’est l’Os à moelle, surnom du à sa forme, encore appelé le H13, de sa dénomination technique liée à ses treize étages, et également connu sous le nom de Résidence des Tuileries, appellation liée à son implantation sur l’ancienne rue qui portait ce nom.  Cette gigantesque barre a été construite à partir de 1966, par l’architecte Guillaume Gillet. Elle cumulait de grandes innovations pour l’époque : plus de trois cents  appartements, des ascenseurs, l’eau chaude, les équipements électriques.

L'os à moelle en 1988 Photo NE
L’os à moelle en 1988 Photo NE

Vingt ans plus tard, alors que la résidence universitaire de la rue des Halles est en construction, on sait déjà qu’elle ne suffira pas pour accueillir les 1700 étudiants de LEA. La ville de Roubaix et le CIL élaborent alors le projet de transformer une entrée complète de l’Os à moelle en résidence universitaire. C’est donc 112 chambres et 25 studios avec des cuisines communes qui seront proposés aux étudiants pour la rentrée d’octobre 1988.

Maquette du projet de résidence Photo NE
Maquette du projet de résidence Photo NE

C’est en novembre 1988 que le maire André Diligent inaugure la nouvelle résidence universitaire des Tuileries, en présence de M. Pierre Sander, président du CIL. Les appartements ont été tapissés, peints et meublés en cinq mois, et les 130 chambres sont déjà toutes occupées, une liste d’attente a même été mise en place.

Inauguration de la résidence en novembre 1988 Photo NE
Inauguration de la résidence en novembre 1988 Photo NE

Cette résidence est idéalement située : à proximité de l’IUT, à deux pas du centre et immédiatement à côté du restaurant universitaire, qui se trouve dans le centre commercial Roubaix 2000. Si la configuration des lieux a changé depuis, le H13 s’élève toujours au même endroit, et la résidence des Tuileries au 23 de la rue Winston Churchill, désormais gérée par Vilogia, propose toujours aux étudiants des appartements meublés d’une surface de 32 m².

La résidence des Tuileries Photo Vilogia
La résidence des Tuileries Photo Vilogia

 

Un hôtel pour les impôts

Il y a quarante ans débutait le chantier d’un bâtiment abritant une institution bien connue des roubaisiens, l’hôtel des impôts de la rue Charles Fourier. L’idée était dans l’air depuis quelques temps et on avait imaginé de construire sur l’ancien emplacement du Lido, place des Halles, un nouvel hôtel des postes et un nouvel hôtel des impôts. Mais ce fut une médiathèque qui côtoya bientôt les murs des nouveaux locaux de l’administration postale. Il est vrai que le centre des Impôts et du Trésor public avait pris lieu et place de l’ancienne bibliothèque située n°22 grand place. Mais les services fiscaux réclamaient des locaux plus adaptés.

La situation en 1962 Photo IGN
La situation en 1962 : en 1 l’usine Boulangé, en 2 le centre médico-social, en 3 le terrain du futur hôtel, en 4 l’immeuble Ternynck, dit la Banane Photo IGN

Une nouvelle opportunité se présente pour les services de l’Etat, avec la vente par la ville d’un terrain, qui se situait derrière ce qu’on appelait encore à l’époque le centre médico social du boulevard de Fourmies, aujourd’hui la mairie de quartier est. Sur ce terrain important se trouvaient autrefois des jardins ouvriers.

L'emplacement derrière le centre médico-social Photo NE
L’emplacement derrière le centre médico-social Photo NE

On prévoit d’y bâtir un immeuble à quatre niveaux, qui accueillerait les 180 fonctionnaires dont la fonction est de desservir les localités du canton de Lannoy. Le chantier débute à l’été 1974. Et l’ouverture est annoncée pour février 1975. L’article de journal indique que les autobus des lignes 15 et 26 desservent régulièrement ce quartier.

Le chantier début 1975 Photo NE
Le chantier début 1975 Photo NE

Cet hôtel des impôts accueille les contributions directes et indirectes, l’enregistrement et les recettes, et la totalité des services fiscaux roubaisiens. Ce regroupement de services évitera aux roubaisiens les aller et retours entre le n°8 de la rue du Curoir, où se trouvait le service des contributions directes et le n°27 rue du vieil abreuvoir où se trouvait le service de vérification générale des impôts et la recette municipale. Mais désormais et comme toujours, ils n’auront garde d’oublier l’échéance du dépôt de la déclaration, et celle du paiement du tiers.

L'hôtel des impôts aujourd'hui Photo PhW
L’hôtel des impôts aujourd’hui Photo PhW

 

Le foyer logement disparu

En octobre 1980, dans le quartier des Trois ponts, on pose la première pierre d’un foyer logement pour personnes âgées dont l’ouverture est annoncée pour la fin de l’année 1981. Le maire, Pierre Prouvost, procède à l’opération, entouré de M. Naeye, directeur départemental des HLM et de M. Patrick Kanner, alors directeur du centre d’action sociale.

La première pierre en 1980 Photo NE
La première pierre en 1980 Photo NE

C’est le septième foyer logement pour personnes âgées de la ville de Roubaix et il se situe à l’angle de la rue d’Anzin et de la rue Brame. Œuvre de l’architecte Gilles Neveux, c’est un immeuble en L à cinq niveaux. Au rez-de-chaussée se trouvent l’accueil, les salles de télévision, le fumoir, la salle à manger, la cuisine et divers locaux communs. Quatre-vingts logements sont répartis dans les quatre étages, et chacun d’eux dispose d’un balcon. M. Neveux donne toutes les explications nécessaires lors du vin d’honneur qui est servi dans les locaux du centre social des Trois Ponts. M. Naeye, pour l’office départemental des HLM, explique la longue gestation du projet : plus de deux ans pour qu’il aboutisse ! Le nouveau foyer coûtera 1,66 milliards de centimes (de l’époque, l’euro n’existe pas encore). Le Conseil Général s’associe au projet de financement.

A cette époque, la ville compte 15.000 personnes de plus de 65 ans. Pierre Prouvost rappelle les efforts importants faits dans le domaine du maintien à domicile, de l’extension de la politique des foyers logements, du logement individuel  et évoque des projets de réhabilitation d’un habitat destiné au troisième âge. Animation et restauration accompagnent ces efforts. Le foyer de la rue d’Anzin pourra accueillir 1.300 repas par jour. La subvention municipale au CAS est d’un milliard de centimes.

L'inauguration en 1982 Photo NE
L’inauguration en 1982 Photo NE

Le samedi 18 septembre 1982, la résidence des Trois Ponts est officiellement inaugurée, et on vante la qualité de ses équipements : jardin d’hiver, salle de jeux, restaurant de cent convives, isolation thermique et acoustique des appartements, alarme de détresse dans chaque. Un conseil de gestion réunit les résidents, le club du 3eme âge, le personnel de la résidence, le centre d’action sociale, le centre social du quartier ? On raconte qu’André Diligent vint  régulièrement y manger le lundi midi.

Le foyer vu de l'avenue Brame Photo Coll Privée
Le foyer vu de l’avenue Brame Photo Coll Privée

Vingt ans plus tard, la population roubaisienne s’est-elle rajeunie, toujours est-il que le foyer-logement ne fait plus le plein de résidents. Les dernières personnes âgées (CCAS) quittent peu à peu l’établissement. On tente de le reconvertir : une association douaisienne de personnes handicapées occupe les lieux jusqu’en 2008, le temps d’une opération tiroir. Plusieurs projets de « recyclage » du bâtiment sont étudiés, mais l’immeuble ayant été conçu pour les personnes âgées est peu facilement transformable, et cela entraînerait des coûts trop élevés.

Le foyer vu de la rue d'Anzin Photo Coll Privée
Le foyer vu de la rue d’Anzin Photo Coll Privée

En novembre 2012, un marché de travaux est lancé portant sur des travaux de désamiantage, déconstruction et de démolition du Foyer de la rue d’Anzin, dont se chargera une entreprise d’Haubourdin. Sa démolition s’est terminée en octobre 2013.

Merci à Gérard et Jacky pour les informations complémentaires

 

 

 

Des cubes pour le dernier carré

Un dernier espace pour bâtir Photo Nord Éclair

En Janvier 1964, le CIL, la société roubaisienne d’habitations ouvrières et la caisse fraternelle de capitalisation confient à l’architecte Robert Puchaux la conception d’un nouveau groupe d’habitations, qui se situeront dans le dernier espace libre de la plaine des hauts champs, entre la rue Joseph Dubar et la rue Degas. Oubliées les grandes barres collectives, les quatorze bâtiments abriteront chacun quatorze logements, soit en tout 224 appartements de types différents : 112 type 2, 56 type 3, 56 type 4. Le nouveau groupe sera doté d’un centre commercial qu’on bâtira en son milieu. La cité du chemin vert se dressera entièrement sur le territoire roubaisien.

Le chantier en janvier 1965 Photo Nord Eclair

Un an et demi plus tard, le samedi 22 mai 1965, on procède à l’inauguration du groupe du chemin vert, réalisé par la société anonyme roubaisienne d’habitations ouvrières pour le compte du CIL,  entre les rues Degas, Dubar, Michelet, et Pranard. Les immeubles sont présentés comme des points de ponctuation, d’où leur appellation de ponctuels, sur une surface de 40.500 m². Ils sont équipés du chauffage central. Il est possible de visiter le logement témoin tous les jours du 22 au 30 mai.

Au moment de l’inauguration Photo Nord Éclair

Le nouveau groupe reçoit les éloges de la presse : architecture sobre et moderne, tourelles qui ne manquent ni d’élégance, ni d’originalité. Le logement témoin a été aménagé par Mme Robert Delannoy, épouse du Président du CIL. Le maire de Roubaix, Victor Provo inaugure le nouveau groupe en présence de M. Bourgin secrétaire général de la préfecture, et Robert Delannoy le Président du CIL de Roubaix Tourcoing. Celui-ci présente le groupe du chemin vert comme une transition entre la cité des Hauts Champs et  les logements futurs du groupe Longchamp. Il annonce un vaste programme d’équipements : le petit centre urbain de l’avenir comprendra des sections commerciales, administrative, une gare d’autobus, une place du marché. Il y avait donc confusion : le centre commercial sera pour Longchamp, non pour le chemin vert. Sont également prévus deux groupes scolaires, des cabinets médicaux, un centre socio culturel, un foyer de jeunes travailleurs, une maison des jeunes, un grand terrain de sports volley, basket, athlétisme, une piscine, une patinoire…

Le logement témoin Photo Nord Éclair

En contre point, Victor Provo souligne les besoins énormes de la ville de Roubaix, et il éprouve quelque amertume devant les chiffres : seulement 16.000 logements pour 400.000 personnes !  Il signale les lenteurs pour les opérations en cours : on a démoli 2500 logements sur le quartier Anseele et on a construit seulement 900 appartements, quatre ans après ! Il faut continuer la rénovation des quartiers, c’est pour lui une priorité. Il rend toutefois hommage à la belle réalisation de ce groupe du chemin vert, dont la mise en location interviendra au cours du second semestre de l’année 1965.

D’après Nord Éclair et Nord Matin

 

 

 

Des fours, encore

Le temps des dépôts d’ébouage étant dépassé, la décision de construire un incinérateur est prise au milieu des années trente. Le Cul de Four fut choisi, en raison de sa proximité du canal pour le transport, et de son environnement relativement campagnard. En effet, la Mousserie toute proche était encore une plaine agricole.

L’usine d’incinération se construit sur les bassins de l’ancienne école de natation. On peut apercevoir à droite la brasserie Meyerbeer. Photo Archives Municipales de Roubaix.

Le vieil établissement de l’école de natation, créé en 1880 laisse bientôt la place à un nouvel équipement.  Nous sommes en 1936 et l’usine d’incinération des ordures ménagères de Roubaix s’installe rue Meyerbeer. Après une courte période d’essai, elle fonctionne à plein rendement en novembre 1937.

Les fours de l’usine d’incinération Photo Journal de Roubaix

35.000 tonnes d’ordures ménagères sont traitées annuellement, et bientôt on atteindra les 50.000 tonnes. L’usine produit de la vapeur et des kilowatts, et du mâchefer pour les travaux de voirie. Mais elle produit aussi beaucoup de cendres et de là viendra son cauchemar. Les ordures sont brûlées dans une batterie de cinq fours, alimentés par les seuls déchets. Tout y brûle sauf ce qui est métallique. Les habitants du Cul de Four se souviennent de la perpétuelle fumée de la grande cheminée haute de 75 mètres, car le service ne s’arrête jamais.

L’usine en 1939 Photo Archives Municipales de Roubaix

En 1972, la compagnie générale de chauffe exploite cette usine avec un effectif de 28 personnes, et le directeur est alors M. Louis Coquant. Les cendres deviennent vite un problème. Mille kilos d’ordures donnent 300 à 400 kilos de cendres. On les vendait autrefois, pour les entrepreneurs de travaux publics. Les derniers temps, elles étaient données gratuitement.  Puis il faut payer l’entrepreneur pour s’en débarrasser. On commence également à parler de pollution, avec les nouveaux emballages, comme les bouteilles de plastique, qui produisent un gaz toxique et détériorent les conduits de cheminée. La généralisation de l’emballage perdu a fait accroître le tonnage d’ordures.

Vie et mort de la cheminée de l’usine d’incinération Photo Archives Municipales de Roubaix et Nord Éclair

En janvier 1981, la haute cheminée était inactive depuis quelque temps, et elle est abattue à l’aide de bâtons de dynamite soigneusement disposés. Elle va s’effondrer en moins de cinq secondes après une semaine de préparation. Le projet de l’époque prévoyait la destruction de l’usine incinération pour laisser la place au centre technique municipal. On se prépare également à démolir l’ancienne brasserie Meyerbeer.

Aujourd’hui,  la chaufferie biomasse du quai de Gand fournit l’essentiel de la chaleur du chauffage urbain. Mise en service en 2011, cette énergie irrigue aussi bien les bâtiments municipaux que les hôpitaux, le vélodrome et des logements collectifs. Cela met en valeur que le quartier du Cul de four a toujours contribué à l’apport énergétique de la ville, que ce soit pour l’éclairage avec l’usine à gaz de la rue de Tourcoing et la production d’électricité avec l’usine d’incinération de la rue Meyerbeer.

D’après le Journal de Roubaix, Nord Éclair, et le fonds des archives municipales de Roubaix

 

 

Une rue disparue

C’est à l’occasion de la construction du marché couvert de Roubaix, en 1881 que l’on encadre ce terrain en forme de rectangle par trois nouvelles rues qui viennent compléter la rue Pierre Motte : la rue des Halles, la rue de la sagesse et la rue Jeanne d’arc. Si les trois premières ont survécu à la disparition des halles, en 1956, ce n’est pas le cas de la quatrième.

A gauche, le début de la rue Jeanne d'arc CP Médiathèque de Roubaix
A gauche, le début de la rue Jeanne d’arc CP Médiathèque de Roubaix

La rue Jeanne d’arc, c’était quoi ? Le côté des numéros impairs était entièrement occupé par  le marché des halles, l’autre côté étant constitué en partie des accès aux propriétés et maisons de la rue du Château, qui lui est parallèle et de loin antérieure. Les numéros pairs de la rue Jeanne d’Arc commençaient rue Pierre Motte avec un magasin de confection, auquel succédaient un magasin de soldes, un boucher hippophagique, un cordonnier, un marchand de fruits, un commerce de dentelles, un estaminet, un tonnelier, les halles Flipo, l’estaminet Monnet, un boucher, quatre estaminets.

Les Halles Flipo et la vitrine du café de l’URSA Photos Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc était connue comme un haut lieu du sport, avec la présence d’une salle de gymnastique qui abritait depuis 1893 la société  la Roubaisienne au n°20, et qui sera transformée en magasin, les Halles Flipo. Il y avait aussi un haut lieu de l’haltérophilie au n°22, qui abritait l’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques, et qui vit évoluer de nombreux champions, parmi lesquels Marcel Dumoulin, huit fois champion de France  d’Haltérophilie, qui participa aux jeux olympiques de 1928 et 1932.

Vue générale de la rue Jeanne d’arc Photo Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc  disparaît donc en 1968 pour permettre l’implantation du Lido, centre commercial de transition entre la rue de Lannoy et Roubaix 2000[1].  La dernière démolition concerna  l’auberge des Halles, qui fut autrefois un vieux relais de poste, selon Nord Éclair.

Le projet Poste Bibliothèque Publié dans Nord Éclair

En 1972, c’est la rue du Château qui sera amputée de ses dix sept premiers numéros, parmi lesquels l’ancienne caisse d’épargne, et  quelques maisons d’industriels, ce qui permit de mettre en œuvre le projet d’une bibliothèque de vastes dimensions. En 1968 on prévoyait de construire un nouvel hôtel des postes et un hôtel financier (sic) regroupant l’ensemble des recettes et perceptions de la ville. Si la construction du nouvel hôtel des Postes fut bel et bien menée, c’est une médiathèque qui remplaça le projet d’hôtel des impôts, pour le plus grand bonheur des roubaisiens.

D’après Nord Éclair, Nord Matin et l’Histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs

 


[1] Voir nos articles précédents

 

 

 

Le Colisée 3

Le Colisée d’aujourd’hui fut autrefois un cinéma dancing ouvert en 1927 par Henri Deconninck, dans la foulée de la création du Fresnoy, le célèbre parc des loisirs, maintenant devenu le Studio national des arts contemporains. On se souvient de l’ouverture du Colisée 2, en septembre 1971, au premier étage du nouveau centre commercial Roubaix 2000. Inauguré en octobre, ce cinéma, idéalement situé,  pouvait accueillir 220 cinéphiles.

La salle du Colisée 3 Photo Nord Matin

Trois ans plus tard, une nouvelle salle de cinéma est présentée à la presse : le Colisée 3. Cette petite salle chaude et intime, très confortable, propose cent places et se situe à proximité du Colisée 2, derrière la cabine de projection.  Elle propose des films d’art et essai, un peu plus difficiles, un peu moins commerciaux, ou des films déjà projetés dans la grande salle de la rue de l’Epeule, des films de qualité. Les Colisée 2 et 3 partagent le même accès et la même caisse, à l’étage du centre commercial.

Publicité pour l’ouverture Nord Eclair

L’ouverture officielle a lieu le vendredi 31 mai 1974 avec la projection du film La fête à Jules du réalisateur belge Benoît Lamy. Un débat est prévu à l’issue de la séance de 21 h 50 avec le cinéaste. Le colisée 3 aura cinq séances par jour, à la différence du Colisée 2 qui n’en propose que quatre. La veille de cette séance, le réalisateur belge Benoît Lamy, et son assistante Mme Piereux ont été reçus dans le salon du Colisée 1 par les organisateurs et M. Desrousseaux, le directeur du cinéma. Le sujet du film est évoqué : il traite des conditions de vie des personnes du troisième âge, marque le refus des stéréotypes péjoratifs. Il est fait, dit son auteur, pour un public jeune, car il montre ce qui les attend.

 

L’arrivée de cette troisième salle de cinéma dans le centre de Roubaix, amorce le développement des complexes de petites salles, permettant de diversifier l’offre. Quelques années plus tard, le Casino se transformera de cette manière, en proposant sept salles et en transportant son entrée dans la Grand rue. Après l’extinction provisoire des cinémas roubaisiens, c’est aujourd’hui le Duplexe qui reprend avec bonheur le flambeau du cinéma à Roubaix.

Programmation des Colisée 2 et 3 Nord Matin
Programmation des Colisée 2 et 3 Nord Matin

 

Contribution pour le Cul de Four

Il existait autrefois, avant la première guerre mondiale, une usine à gaz dans la rue de Tourcoing. Elle avait été construite au n°58 de la rue par la société roubaisienne d’éclairage par le gaz et l’électricité. Une grande halle abritait 38 fours, il y avait une salle des machines, une chaufferie. Cette usine fournissait en gaz la ville et les industries roubaisiennes. Dans la nuit du 16 au 17 octobre 1918, les soldats allemands truffèrent les installations d’explosifs. Puis ils firent sauter l’usine, le 17 octobre à 10 h 30. Après avoir pillé la ville, ils la laissaient sans énergie.

usine après bombardement

Dès le 2 décembre 1918, quatre fours étaient reconstruits, ce qui permit d’éclairer la ville de manière restreinte. Car c’était encore l’époque des allumeurs de réverbères, bien qu’une première tentative d’éclairage électrique ait été faite pour la rue de la gare, à l’occasion de l’exposition internationale de 1911. Le 1er avril 1919, l’usine satisfaisait aux besoins immédiats des particuliers et de l’industrie.  En 1920, la société entreprend la construction d’une batterie mécanique moderne afin de remplacer les anciens fours.  A la fin de l’année, la modernisation est achevée. Monsieur Ricard, le directeur de l’établissement, fait visiter les nouvelles installations à la presse en février 1921, assisté de ses collaborateurs, MM. Tourrière, ingénieur, et Leclercq, chef de fabrication. La nouvelle batterie est composée de huit fours, dont le chargement est plus rapide qu’autrefois, grâce à l’appareillage mécanique. Progrès important, car il fallait plus de trois heures pour cette opération avant la guerre, et seulement 40 minutes en 1921. Le coût de l’installation se monte à plus de deux millions des francs de l’époque. La société d’éclairage souhaite construire une autre batterie dès que les matériaux de construction subiront une baisse sensible. Parallèlement le réseau d’électricité, composé de trente deux postes entièrement détruits par les allemands, fut reconstitué et progressivement augmenté, avec l’aide de l’Energie Electrique du Nord de la France, autre société implantée à Wasquehal.

L’usine reconstruite en 1921 Le Monde illustré

Voilà donc une contribution historique à l’appellation du quartier « Cul de four », qui se situait donc à proximité des fours de l’usine de la société roubaisienne d’éclairage de la rue de Tourcoing. Mais la discussion reste ouverte, car le mot four a d’autres acceptions, du boulanger aux ouvriers des briqueteries. Décider péremptoirement de l’origine de l’appellation du quartier serait prendre le risque de faire un four…

D’après le Monde Illustré (article et photos) et le Journal de Roubaix de février 1921