Août 1900

La saison de football va reprendre pour le Stade Roubaisien après le 15 août. Les équipes devant participer aux championnats et aux prochains matchs seront formées incessamment.

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Aviron. L’entraînement bat son plein au Cercle Nautique l’Aviron au Blanc Seau. L’équipe à deux rameurs juniors « Anisette » MM. Bossut et Petri, qui est rentrée deuxième à deux secondes du premier dimanche dernier à Dunkerque, se prépare en vue des championnats du Nord à Boulogne sur Mer, le 12 août. L’équipe à quatre seniors (MM. Hénin, Michel, Bossut, Delarue) sera également à Boulogne sur Mer. Au Sartel, l’équipe « Crocodile » (MM Delchambre, Cau, Bouckaert, Hazebroucq) monte dans son nouveau bateau et s’entraîne pour les championnats seniors du Nord, qui aura lieu à Calais, le 15 août.

Course à pied. Le Challenge de la quadruplette se courra dimanche prochain 12 août à neuf heures et demie précises. Pour que la réunion offre plus d’intérêt, quelques épreuves ont été ajoutées au programme de cette journée organisée par le RCR : 250 mètres haies, 2100 mètres plat handicap, saut à la perche, saut en longueur, saut en hauteur et lancement du poids.

Le champion du monde invité par le RCR

Course à pied. Un américain champion du monde présent à la fête sportive du RCR. Georges Orton est un vétéran de la course à pied et l’un des meilleurs stayers au monde. Il a récemment triomphé le championnat du monde de sa spécialité (2.500 mètres steeple) en Angleterre au mois de juillet dernier. Il s’est inscrit dans le 250 mètres haies, le 2100 mètres plat handicap et le 1000 mètres steeple scratch.

Fête sportive du RCR. Et pour compléter encore le programme, des matchs de tennis auront lieu sur les magnifiques courts du terrain de Beaumont. Des assauts d’armes auront également lieu avec M. Dubar, l’excellent professeur de Roubaix, un maître d’armes de Lille et des amateurs membres de l’Union des Sports de Roubaix et du Racing Club de Roubaix. La musique sera de la partie. Pendant la réunion cinquante musiciens sous la direction de M. A. Duhamel., un racingmen, feront entendre les plus beaux airs de leur répertoire.

Aviron. Le cercle nautique l’Aviron de Roubaix est engagé dans les grandes joutes internationales de Paris. Emile Truffaut, le dévoué président du cercle nous adresse un télégramme daté du 25 août : Course extraordinaire dure. Roubaix est qualifié pour la finale, demain à deux heures. Notre équipe se trouvait entre deux équipes allemandes et était constamment gênée. Malgré la grande difficulté de nage, les Roubaisiens sont arrivés deuxièmes, à deux secondes de Germania, meilleur temps de la journée. Roubaix est la seule équipe française qualifiée pour la finale en quatre seniors. Nous avons grand espoir dans le succès final.

Cyclisme. Dans le cadre d’une fête de bienfaisance dans le quartier du Pont Morel, M. Alphonse Marescaux, cabaretier (Au vrai pédaleur, 143 rue de Tourcoing) organise comme les années précédentes deux courses vélocipédiques sur route. La première se fera sur le parcours de Roubaix Quesnoy aller et retour pour amateurs, soit sur 35 kilomètres. La deuxième course se fera pour les pupilles au-dessous de 16 ans, autour du quartier : quai de Calais, rue Darbo et rue de Tourcoing. Le premier prix sera adjugé au coureur qui aura fait le plus de kms en 45 minutes.

Athlétisme. L’Avenir Athlétique Roubaisien organise une réunion extraordinaire le lundi 27 août au local de la société, café Léon Déarx 94 rue de France. Ordre du jour : renouvellement de la commission, révision entière des statuts, réduction des cotisations, admission de nouveaux membres.

L’aviron aux JO de 1900 (régates avec arrivée au pont d’Asnières sur la Seine). Le Sport Universel Illustré, 1900

Aviron. Paris, l’équipe roubaisienne remporte le championnat du monde ! Télégramme du Président Truffaut : Beaucoup de monde s’était rendu hier sur les berges de la Seine pour assister aux régates internationales qui se donnaient dans le bassin de Courbevoie-Asnières, près de Paris. Voici les résultats. Deux rameurs juniors : Club nautique de Gand. Quatre rameurs seniors : Cercle nautique de l’Aviron de Roubaix. Après avoir été bord à bord pendant 1600 mètres, Roubaix gagne de deux longueurs.

Gymnastique. Les sociétés La Roubaisienne et l’Ancienne participent au grand concours d’Arras et remportent de magnifiques succès : la Roubaisienne obtient les meilleures récompenses suivantes, 1ere division, premier prix de section, premier prix de mouvements spéciaux, huit prix individuels. Les pupilles de l’Ancienne obtiennent le premier prix de section sur huit sociétés concurrentes. Le premier prix de concours individuel est décerné à M. Henri Nottelet, proclamé champion du concours sur 80 concurrents. M. Victor Lefebvre remporte le deuxième prix individuel.

LE CERCLE NAUTIQUE L’AVIRON CHAMPION DU MONDE ! Les rameurs roubaisiens : Delchambre, Cau, Bouckaert, Hazebroucq. Ils sont premiers devant le Club Nautique de Lyon, Favorite Harmonia d’Hambourg est troisième. Il y avait six équipes au départ. Trop selon certains qui préférent renoncer : Ludwighafen, la Minerva d’Amsterdam et la Germania d’Hambourg.

Athlétisme. Les sociétaires de l’Avenir Athlétique Roubaisien se sont réunis lundi dernier. Ils ont renouvelé leur commission. Président Louis Rernael, VP Emile Laureys, secrétaire trésorier Jean Déarx, commissaires Ernest Deschamps, Urbain Foelix, Henri Kint, Georges Lombart. M. Pierre Buns a été élu par acclamations professeur de boxe et de bâton. Une séance d’entraînement a suivi la réunion.

L’application du lutteur tranquille

En 2009, Philippe Mathis nous avait fait l’honneur et la gentillesse d’être l’un de nos guides pour la journée du patrimoine consacrée cette année là aux sports. Voici l’hommage que nous lui avions rendu.

Philippe Mathis en 1976 Coll Part

Le palmarès de Philippe Mathis commence alors qu’il n’a que 11 ans ! Deux ans plus tôt, il choisit entre la lutte et la gymnastique, en entrant au lutteur club du Nouveau Roubaix, parce que, dit-il, c’était plus près de chez lui. Les débuts sont difficiles pour ce gamin de neuf ans, mais avec le travail et l’entraînement, le voici champion de France des benjamins en 1969. C’est le début d’une longue série de victoires et de titres, au plus haut niveau régional et national. Il rejoint le bataillon de Joinville, puis sera sélectionné une première fois avec les juniors français à Poznan en Pologne, où il sera champion d’Europe de sa catégorie. Il sera ensuite champion de France senior en 1979 et en 1980, ce qui lui vaut une autre sélection aux championnats d’Europe en Tchécoslovaquie en 1980 et à Lodz en Pologne en 1981. Il obtient ensuite un diplôme d’entraîneur à l’INSEP et revient entraîner les jeunes de son club. Philippe Mathis a été nommé « lutteur émérite », ce qui représente la distinction suprême de son sport. Une bien belle carrière au service de la lutte !

Le jeton du parc

Notre ami Bernard, grand collectionneur devant l’éternel, nous a trouvé dans ses tiroirs un petit jeton en plastique de couleur violette, sur lequel était écrit Parc de Barbieux, bon pour une personne. Comme il n’est pas avare de questions, il nous demande de chercher bon pour quoi exactement ?

Le fameux jeton Coll Bernard Termeulen

Après avoir soumis la question à la mémoire collective et populaire, il en ressort un certain nombre de réponses assez variées. Une grande majorité se prononce pour les tours de manège, suivi par les tours en barque/ou pédalo, puis le mini-golf. On nous parle aussi d’un carrousel avec des chevaux et un carrosse ?

Le Bol d’Air CP Méd Rx

Nous avons donc décidé de chercher des témoins. Un cousin de notre ami Gérard lui indique le nom de M. Jean Paul Colin, qui a exploité le Bol d’air de 1976 à 1981 et donc était susceptible de nous renseigner. Ce qu’il a fait de bonne grâce. Voici ce qu’il nous a dit : ces jetons servaient à gérer les tours en barque ou en pédalo.

Pédalos et barques Coll Particulière

D’autres questions restent en suspens : pourquoi pour une personne ? On pouvait en mettre quatre dans un bateau et deux sur un pédalo. Fallait-il un bon par personne ? De même, il semble que le tour en barque ou en pédalo ne devait pas excéder la demi-heure, sans doute pour que plus de monde puisse en profiter. La gestion de cette animation était-elle confiée à un concessionnaire particulier ou faisait-elle partie d’un ensemble avec le manège et le mini-golf. Quelles étaient les mesures de sécurité autour de ces barques et pédalos ? D’autres se souviennent de couleurs différentes, lesquelles ? Avaient-elles un sens particulier ? Et finalement quel était le tarif ?

L’enquête ne fait que commencer mais vous pouvez toujours participer. On vous tient au courant.

Juillet 1900

Athlétisme : L’Association Sportive Roubaisienne appelle à une réunion d’entraînement dont le programme est le suivant : 100 mètres plat, saut en longueur, lancement du poids et lutte à la corde.

Athlétisme : Dans le même temps le Racing Club Roubaisien s’entraîne également en vue de la réunion du 22 juillet. Le programme est plus consistant : 100 mètres, lancement de poids, 400 mètres, lancement du disque, saut à la perche, 1500 mètres, saut en longueur, lutte à la corde.

Le Nord Touriste représenté par son conseil d’administration s’est rendu à Armentières pour former une nouvelle section de la société. Une grande conférence a eu lieu au Café de Paris sur la Grand Place. M. René Motte, un dévoué sportsmen armentièrois et M. Bondues de la Chapelle d’Armentières ont organisé cet événement. M. René Motte est le président de cette nouvelle section.

Athlétisme : Suite aux succès obtenus dans la réunion interclubs du 27 mai dernier, le Racing Club Roubaisien décide de donner une nouvelle fête sportive le 22 juillet sur sa piste rue de Beaumont.

Cyclisme : Le vainqueur de la course des 12 heures au Vélodrome lillois est l’excellent coureur Lepoutre, entraîné par le non moins excellent tricycle à pétrole Dussart et Accou !

Cyclisme : La course cycliste Roubaix Fleurbaix organisé par la société la Renaissance Vélocipédique a rencontré un grand succès avec de nombreux participants et ce malgré un vent violent. Le premier est le roubaisien François Evrard, le second Désiré Lebrun de Tourcoing à 3 minutes et le troisième Bruyneel de Roubaix à 3 minutes et 10 secondes.

Athlétisme : les couleurs du Racing Club Roubaisien ont brillé aux concours internationaux de Bruxelles : Alphonse Scrépel s’est classé premier dans le lancement du poids et Léon Cunin premier au saut à la perche.

L’entraînement du club d’aviron doc AmRx

Aviron : le Cercle Nautique l’Aviron a tenu sa réunion trimestrielle au siège de la société, Café Moderne. Les membres ont décidé que les grandes régates auront lieu le dimanche 22 juillet à deux heures et demie. Le rendez vous est donné au garage du Blanc Seau.

Tir à l’arc : les Francs Tireurs Roubaisiens basés boulevard de Metz, en face la rue Voltaire, organisent un grand tir à l’arc à la perche pour le 14 juillet ouvert aux archers de France et de l’étranger.

Jeu de boule à la platine : pour le 14 juillet un grand concours est organisé chez Léonard Raepzaedt, cabaretier « au Moviard » en face de chez Vanoutryve.

Cyclisme : la commission des « cyclistes amateurs roubaisiens » rappelle aux cyclistes qui désireraient faire partie de la société qu’une réunion extraordinaire se tiendra le samedi 21 juillet à 9 heures du soir au local chez M. Adolphe Blondiau 48 rue de la conférence.

Affiche corrida Roubaix doc Méd Rx

Polémique entre les défenseurs des intérêts de la localité, et du plaisir des sportsmen et aficionados, et les partisans de interdiction des corridas à Roubaix. Il semble que la reprise des activités du vélodrome dépende du succès de la corrida prévue le 29 juillet. Un correspondant se demande quel rapport intime il peut bien y avoir entre une estocade de taureau et un emballage de bicyclette.

Courses de Wattrelos : quoique gravement menacées par la pluie, les courses ont pu se dérouler par un temps assez clair. Six épreuves dont un steeple-chase militaire.

Un abattoir à Roubaix

Roubaix eut autrefois son abattoir municipal. Toute trace a aujourd’hui disparu, que ce soit de l’abattoir lui-même, ou de la place et de la rue qui en découlaient. Voici son histoire. Le projet d’un abattoir municipal à Roubaix date de 1852, mais il ne peut aboutir qu’avec le décret impérial du 23 mai 1860. Jusque là, le territoire de Roubaix était parsemé de tueries particulières, dans les cours de fermes ou dans le pire des cas, les arrières cours des estaminets. Il y eut aussi un marché aux viandes qui se tint un moment sur la place de la Liberté dont l’espace exigu ne favorisait pas les conditions sanitaires. Les motivations des édiles étaient multiples : tout d’abord assurer la salubrité d’un tel service, réguler l’arrivage des viandes et centraliser les abattages. La municipalisation devait également apporter des ressources financières supplémentaires à la ville, une fois remboursé l’emprunt contracté. Pour réaliser cet abattoir un emprunt de 230.000 avait été autorisé, remboursable en 19 ans. Il sera remboursé à partir des recettes de l’abattoir. Un temps prévu à l’extrémité de la rue du Moulin Bernard (rue Bernard, aujourd’hui rue Jules Watteeuw) là où se tiendra un temps la caserne des pompiers, ce sera finalement dans le quartier du Jean Guislain, à proximité du hameau de la vigne, lequel est à l’époque en pleine campagne. L’installation de l’abattoir s’effectue donc aux portes de la ville. Le terrain situé entre les rues Lacroix et Lavoisier, est acheté le 4 Juillet 1860, les bâtiments sont adjugés le 16 Juillet 1860. Le terrain acheté n’offrant pas vers le Nord, une forme régulière, on a dû, pour le compléter, acheter à une bande de terrain complémentaire, suivant acte du 29 Décembre 1862.

Annonce dans le Journal de Roubaix

L’abattoir est ouvert aux bouchers le 12 septembre 1862. Un médecin vétérinaire fut attaché à l’établissement pour l’inspection des viandes. Le 12 décembre on y a abattu des bœufs, des taureaux, des vaches, des génisses, des veaux gras, des moutons, des porcs et des veaux de lait pour un total de plus de 3.000 têtes. L’année suivante, on dénombrera l’abattage de 13.000 têtes. Et le nombre ne fera qu’augmenter chaque année jusqu’à atteindre plus de 40.000 têtes en 1913. La réception définitive de l’abattoir eut lieu le 31 mars 1863. Le 15 mai, on procède au nivellement et à la pose d’aqueduc sur la future place qui sera dénommée Place de l’abattoir suite à une délibération municipale du 18 septembre 1867.

L’abattoir en 1904 Doc BNR Med Rx

Il semble que les aménagements se poursuivent régulièrement : construction de bergeries, porte cochère et campanile, prise d’eau, horloge, en même temps qu’on pense à le rentabiliser, un droit de pesage est perçu dès février 1863, en plus des droits d’abattage. Par la suite, la ville percevra le droit d’abri et des loyers pour l’abattoir. En 1865 la petite rue qui relie la place de l’abattoir à la grand rue prend le nom de rue de l’Abattoir puis elle deviendra en 1906 la rue Léon Allart du nom de l’industriel maire de Roubaix.

Dès lors, l’abattoir remplit sa mission et voit ses équipements se compléter peu à peu. En novembre 1871, il est procédé à l’achat d’une bascule. En octobre 1872 un crédit de 6500 fr. est voté pour travaux d’amélioration. En Janvier 1873, un marché de gré à gré est passé pour l’enlèvement des engrais provenant de l’Abattoir public. L’environnement d’un tel établissement n’est sans doute pas très agréable. Comme l’indique la pétition d’un certain nombre d’habitants au sujet de la fonderie de suif existant à l’Abattoir. En 1876, il est envisagé de construire trois nouveaux échaudoirs, sorte de cuves contenant de l’eau bouillante. On se préoccupe également des abords de l’abattoir et notamment des arbres de la place pour lesquels sont commandés des abris en fer. La grille de l’abattoir est également modifiée. Une deuxième bascule est achetée, signe de l’évolution grandissante du service. Et l’on demande l’adjonction d’un nouvel atelier : une triperie.

Vue sur la grille doc BNR Méd Rx

En 1880, il est question du rehaussement du bâtiment sans doute afin d’améliorer l’atmosphère ambiante de l’abattoir. On continue d’entretenir l’abattoir comme l’indiquent l’acquisition de tables et l’appropriation des échaudoirs. En 1883, on aura abattu plus de 20.000 têtes. Un vétérinaire assermenté est chargé de l ’inspection sanitaire des Halles et de l’Abattoir. Il opère la saisie des denrées reconnues impropres à la consommation, lesquelles sont enfouies ; il examine les bêtes de boucherie amenées en ville pour y être abattues, et fait pratiquer par un sous-inspecteur placé sous ses ordres, des inspections dans les boutiques de comestibles. L’organisation de ce service est antérieure à 1883. L’Abattoir communal manque bientôt d’échaudoirs et il est question de l’extension et de l’aménagement des locaux. En 1889, 27.000 têtes abattues !

L’abattoir vers 1900 doc BNR Méd Rx

En 1890, il est décidé la construction d’un logement pour l’Inspecteur. Il est également procédé à la réception définitive des travaux de construction d’un hangar et d’appropriations diverses à l’abattoir. En sa séance du 13 octobre 1893, on envisage la construction de nouveaux échaudoirs, décision entérinée le 3 novembre. Une décision importante concerne le marché aux bestiaux. Créé à Roubaix par arrêté ministériel en date du 21 Décembre 1863, il a été relativement florissant dans sa période de début, mais il a perdu peu à peu de son importance, en réalité, il n’existe plus. Une délibération du Conseil Municipal, en date du 18 Novembre 1892, a cherché à lui donner un regain de vitalité, en instituant des primes, en faveur des éleveurs ou commerçants y amenant des bestiaux. Cette délibération n’ayant été approuvée que le 27 Novembre 1893, ce n’est que le 13 Février 1894 qu’elle a pu être mise en application. Le marché aux bestiaux de Roubaix est franc de tous droits ; il se tient sur la place de l’Abattoir le Mardi de chaque semaine de deux à quatre heures. Le 13 avril 1894, c’est l’établissement d’un parc à moutons, suite à une demande des bouchers. En 1898 34.000 têtes sont abattues. Signe de l’importance des activités professionnelles, le Syndicat des marchands bouchers et charcutiers en gros de l’Abattoir de Roubaix est créé le 22 Mars 1898 et son siège se trouve à deux pas de l’abattoir, au n°30 Rue Lacroix. En 1899, l’étuve Wodon consiste essentiellement en un autoclave dans lequel se trouve un chariot à claies, recouvertes de la viande dépecée en morceaux de 3 à 4 kilos ; la viande est cuite par la vapeur sous pression, à la température de 115°, pendant trois heures. L’appareil est d’une grande simplicité ; un seul homme suffit au maniement, la dépense en charbon est minime. Cette étuve à stériliser les viandes tuberculeuses est installée à l’abattoir dans le courant de l ’année 1900, elle a permis de rendre applicables les mesures indiquées dans l’arrêté ministériel du 28 Septembre 1896 qui réglemente les saisies des viandes provenant d’animaux tuberculeux. Ces viandes, après la stérilisation dans la vapeur surchauffée, sont livrées à la consommation et leur vente remplit un double but ; elle permet d’indemniser les propriétaires des animaux saisis et de livrer au public, à prix réduit, une marchandise rendue tout à fait saine et nutritive.

Chevilleurs et vache doc BNR Méd Rx

Le 20 novembre 1908, le Conseil municipal approuve le projet de l’agrandissement de l’échaudoir des charcutiers et de la tuerie des chevaux. Adolphe Coupez conseiller municipal rappelle qu’il est nécessaire de changer la place où se fait la fonte des suifs et la boyauderie. Les habitants de la rue Lacroix et de la rue Fourcroy se plaignent très souvent des buées nauséabondes qui se dégagent à cet endroit. De plus du point de vue de l’hygiène, il y a encore beaucoup à faire, conclut-il. En 1910, plus de 40.000 animaux abattus. En sa séance du 21 novembre 1913, le conseil municipal décide de moderniser l’abattoir et d’exécuter divers travaux de réfection, d’aménagements, les travaux ont été évalués à la somme de 827.769 fr. 59. En 1912, les 42.049 animaux abattus ont fourni 5.435.483 kil. de viande, soit une augmentation, pour 1913, de 741 animaux et une diminution de 166.353 kilos de viande. La boucherie hippophagique a sacrifié 350 chevaux de moins que l ’année précédente. La constante progression de la production fait que l’abattoir est estimé trop petit, et un projet de nouvel abattoir est envisagé dès 1909 par l’administration Motte. Nous verrons dans le prochain épisode ce qu’il adviendra de ce projet.

à suivre

 

 

 

Forage au Sapin Vert

En octobre 1951, les villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se sont associées pour entreprendre en commun un nouveau forage pour trouver de l’eau potable. Jusqu’ici, le service des eaux de Roubaix Tourcoing utilisait deux stations de pompage : l’une à Pecquencourt et l’autre à Tourcoing.

Chaque jour les deux stations fournissent 22.500 m³ d’eau, or la consommation moyenne des deux villes sœurs est de 21.000 m³. La marge de sécurité est mince, d’autant que les nouvelles constructions commencent et avec elles les nouveaux branchements, sans parler des période de pointe en été.

La station de pompage du Sapin Vert en 1951 Photo NE

Le nouveau forage se trouve sur le territoire wattrelosien, au Sapin Vert, rue Alfred Delecourt. Deux forages vont chercher l’eau à plus de 120 mètres de profondeur. La production s’élèvera à 7200 m³ par jour sachant qu’un tiers de l’eau recueillie appartiendra à la ville de Wattrelos.

La station du Sapin Vert aujourd’hui vue Google Maps

Les villes de Roubaix et Tourcoing augmentent leur marge de sécurité de 4800 m³ par jour. L’autre intérêt c’est de pouvoir rétablir automatiquement toute la pression désirable par la remise en service du bassin supérieur de réservoir de Mouvaux grâce à l’apport wattrelosien. La mise en service de la station du Sapin Vert est prévue pour le Nouvel An 1952, assure Monsieur Jean Quinsace, directeur du service des eaux de Roubaix Tourcoing.

d’après la presse de l’époque

Inauguration au Beck

Les trois villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se retrouvent associées au moment de l’inauguration de de la station de pompage du Beck en novembre 1961. Cette station est en effet destinée à alimenter en eau potable les trois cités. Monsieur Quinsac, directeur du service municipal des eaux de Roubaix-Tourcoing rappelle les enjeux : les trois cités regroupent une population de plus de 230.000 habitants et le besoin en eau va croissant. En 1957, il fut envisagé de construire une usine élévatoire et le premier forage eut lieu en octobre 1957 sur le territoire de Wattrelos. L’emplacement idéal fut trouvé dans le quartier du Beck, rue Leuridan Noclain, à l’est des usines Kuhlmann, au nord du canal de Roubaix.

L’inauguration de la station de pompage du Beck Photo NE

La construction a duré quatre ans. Trois forages permettent de pomper l’eau et de la stocker dans un réservoir de 1000 m³ à travers trois batteries de déferrisation. L’eau est ensuite envoyée directement dans les réseaux de distribution de Roubaix Tourcoing Wattrelos. L’usine est entièrement électrifiée et la station est télécommandée à partir de la division « travaux » du service des eaux de Roubaix, rue de la Lys. Chaque jour c’est 23.000 m³ d’une eau très pure qui est ainsi fournie. M. Bourgin, secrétaire général de la préfecture du Nord prend alors contact par téléphone avec le service « travaux » et par télécommande la station est mise en marche.

Un banquet est alors servi au Grand Hôtel de Roubaix pendant lequel les trois maires, MM Delvainquière pour Wattrelos, Victor Provo pour Roubaix et Lecocq pour Tourcoing insistent sur l’urgence et l’importance du problème de l’eau. Ils sont suivis dans cette préoccupation par M. Bourgin représentant le Préfet du Nord.

d’après  la presse de l’époque

Jean Sunny

Parler de Jean Sunny, c’est pour moi évoquer un souvenir d’enfance à Roubaix au début des années soixante. J’ignorais alors que Jean Sunny alias Jean Moussalli de son vrai nom était roubaisien d’origine. Fils d’un chirurgien dentiste de la rue du Collège, il est né à Roubaix le 15 août 1928 et il est décédé le 27 août 2007 à Gonesse (Val-d’Oise) Il fut élève du collège Notre Dame des Victoires, pratiqua le football à l’Excelsior sous la direction du fameux Henri Hiltl. Son père le destinait à la médecine mais la guerre en décida autrement. En 1939 il quitte Roubaix pour s’installer dans les Deux Sèvres où il s’occupe un temps de bonneterie. Mais le garçon est chaud bouillant et il se passionne pour les courses de stock car. Le stock-car, qui est autant un spectacle qu’un sport, n’a pas réussi au début à trouver un large public en France. Il faut attendre 1953 et 1957 pour que des courses-exhibition de stock-car soient organisées en France. Jean Sunny va y gagner notoriété et expérience automobile.

Jean Sunny Photo NE

Il s’oriente ensuite vers la cascade et l’acrobatie automobile. Il précise : ne confondons pas, il s’agit ici d’expériences mécaniques soigneusement calculées et mathématiquement préparées. Il m’a fallu trois années de recherches pour arriver à un tel résultat. Il organise ce qu’il appelle ses « rodéos » avec des voitures de série, c’est à dire l’automobile de Monsieur Tout le Monde. Il opère généralement sur des Simca Ariane ou Chambord mais ne dédaigne pas exécuter les mêmes exercices sur n’importe quel véhicule qu’on lui confierait. Et cela arrivait quelquefois ! Les exhibitions de Jean Sunny sont basées sur le calcul de l’équilibre et celui de l’adhérence au sol.

Le roi de la conduite sur deux roues Photo NE

Il devient donc le roi des casse-cou automobile qui roule sur une voiture penchée à 80 degrés. Il fut le premier qui descendit les Champs Élysées avec deux roues en l’air. Il fut d’ailleurs champion du monde de la spécialité avec un parcours de 1,420 km sur une voiture sur deux roues. Le succès entraîne d’autres activités, il devient le cascadeur du cinéma français, on peut admirer ses prestations dans des films comme le Fantômas d’André Hunebelle en 1964.

Il se produit toujours dans ses « rodéos » où il pratique les dérapages, risque à tout instant le tonneau. À bord de sa voiture déséquilibrée, il ramasse un tas d’objets posés sur la route, du plus grand au plus petit : un casque, un coquetier, un mouchoir, un dé à coudre ! L’homme est heureux, détendu, désinvolte et affable, selon le journaliste Marcel Leclercq. Je me souviens l’avoir vu à Roubaix en 1961, c’était l’un des héros de mon enfance.

d’après Marcel Leclercq

L’Académie des Sports de Roubaix

L’Académie des Sports de Roubaix fut fondée en 1911 par le professeur Édouard Dubus, si l’on en croit l’en tête de lettre. C’était une société agréée par le Ministère de la Guerre et de la Marine, enregistrée SAG n°8477, comme beaucoup de sociétés sportives à l’époque, dont l’un des objectifs était de préparer la jeunesse à s’entraîner en vue d’une hypothétique revanche. Cette société était affiliée à la Fédération Nationale des Sociétés d’Éducation Physique et de préparation au service militaire, mais également à la Fédération Française de Boxe, dont elle était l’un des plus beaux fleurons, se déclarant la plus importante société de boxe de France au début des années vingt.

En tête de lettre de l’ASR doc AmRx

Elle proposait des activités de boxe française et anglaise, d’éducation physique, d’escrime, de canne, de poids et haltères et de lutte. Son siège et sa salle d’entraînement se trouvaient au n°41 de la rue du chemin de fer à Roubaix. Elle était dirigée par le professeur Édouard Dubus, ex-moniteur de l’École Normale de Gymnastique et d’Escrime de Joinville le Pont. Il s’agit du fameux Bataillon de Joinville, une ancienne unité militaire de l’armée française accueillant des appelés sportifs, qui figure dans les établissements de formation à la pratique sportive constitués au sein des armées depuis 1852 avec l’École normale militaire de gymnastique de Joinville. C’était donc une référence !

Le professeur Dubus devant la galerie de portraits de ses champions Photo NE

Pendant près d’un demi-siècle, le professeur Dubus y forme un nombre impressionnant de champions du Nord, de Flandre, de France et même un champion d’Europe. Citons Fernand Detré, Vandeleene et Bodard, Emile Vanlancker, Alfred Baete, Voisin, Dejaghère, Lequenne. Pour le champions de France, Arthur Vermaut, Tiger, Defer, Motte, Deckmyn, les frère Schackels, Dewancker. Auguste Gydé fut champion de France militaire mais c’est son frère Praxille Gydé qui fut champion d’Europe au début des années trente.

Edouard Dubus prend sa retraite en 1956 et s’en va vivre à Nantes. La section de boxe disparaît en septembre 1959 alors que l’ASR s’est tournée depuis 1954 vers la marche et organise pour un temps les fameuses 28 heures de Roubaix. Les dirigeants de l’époque, tous honorés par le Mérite philanthropique et de l’oeuvre humanitaire de France en 1957, sont Gaston Duthilleul, Louis Bourgois, Cyrille Vandewalle, Georges Hasbroucq, Raoul Dujardin, Henri Hiroux, Marcel Mouriaux, Edgard Deflorence et Victor Vandermeiren.

1954 : la première édition des 28 heures remportée par Gilbert Roger Photo NE

L’Académie des Sports de Roubaix animera les 28 heures de Roubaix de 1954 à 1968, date à laquelle le Racing Club de Roubaix prendra le relais de 1969 à 1975 avant que ne soit créé le Club des Marcheurs Roubaisiens.