La rue de l’Hommelet

A l’origine, cette rue, dont l’orthographe a beaucoup changé avec le temps, est un très ancien chemin vicinal bordé de nombreuses fermes qui quitte, au hameau de Lomelet, entre la Grande Vigne et la Fosse aux chênes, le chemin de la Vigne pour mener à celui des trois Ponts. Il longe successivement le Galon d’eau, le Tilleul, et traverse finalement le hameau du Pile. Ce chemin, bordé de fossés, ne figure plus dans la liste des chemins vicinaux en 1838, et la nomenclature de 1861 indique qu’il a été converti en rue et qu’il est pavé sur toute sa longueur.

Plan cadastral 1805

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Carette-Duburcq, rue du Luxembourg

Cette entreprise naît en 1866 ou 1868 sous l’impulsion d’Alphonse Carette né en 1833 à Dottignies. Ses parents sont Louis Joseph Carette, né en 1800 et Apolline Brulois, née à Lannoy en 1802. Il épouse fin Août 1874 Marie Duburcq, née en 1843, dont le père Jean Baptiste est Filateur. La société prend alors le nom de Carette-Duburcq. Elle est spécialisée à l’origine dans les travaux de pavage, mais va bientôt élargir son champ d’activités : terrassements, travaux publics, ouvrages d’art, chemin de fer, mais aussi négoce et vente de matériaux de construction.

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La ligne 3 : Lannoy–Toufflers, vers la Frontière

Nous avons quitté, dans le précédent article, le parcours de la ligne rue des trois frères Rémy, juste avant que la voie ne pénètre sur la place par une courbe serrée à gauche. Une double voie s’étend devant le bâtiment de la mairie. On voit sur la photo une motrice d’une des premières séries, déjà vestibulée (c’est à dire que les passerelles d’extrémité ont été fermées pour mettre les passagers à l’abri des intempéries). Elle est suivie d’une remorque.

Cette double voie n’est pas très longue comme le prouve la photo suivante, prise en sens inverse. Elle est plus récente, et représente une motrice de la série 300. Elle prouve en outre que la circulation à droite de la chaussée n’est pas encore entrée dans les mœurs à cette époque.

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La ligne 3 : Lys lez Lannoy

Aussitôt sortie de Roubaix, la ligne se sépare et forme une double voie, l’aiguille se situe quelques mètres après l’octroi, à l’intersection avec le chemin vert. La voie d’évitement est placée le long du trottoir de gauche lorsqu’on regarde vers Roubaix. Cet évitement est relativement long comme l’atteste la seconde photo. Au fond le café-octroi, qui a fait l’objet d’un précédent article.

La photo suivante, prise à quelques dizaines de mètres plus loin et dans la même direction, bien que plus ancienne, montre la ligne, encore en voie unique. Elle date d’avant 1905 ainsi que l’atteste la motrice, d’une des deux premières séries, en état d’origine qui se rend à Toufflers. A l’évidence, la ligne n’a cessé d’évoluer tout au long de son histoire.

En se retournant vers Lannoy et après avoir avancé encore quelques dizaines de mètres, on trouve de nouveau une double voie, mais, cette fois-ci, elle est disposée le long du trottoir opposé. Le fil de contact aérien est fixé, comme à Roubaix, sur les bâtiments qui bordent la route.

Avançons encore une centaine de mètres : Une photo nous montre une voie unique qui se dédouble. Sur cette partie double circule une motrice d’origine à deux marchepieds série 1 à 18. Ici aussi l’aspect a beaucoup changé : Tout au fond et à droite, les maisons disparues aujourd’hui étaient situées juste avant le passage à niveau. Les constructions à gauche de la motrice ont été remplacées plus tard par l’usine Lepers-Delespaul qu’on voit ci-dessous sur les photos couleur.

Le passage à niveau est traversé à angle droit par le tramway sur une voie unique. Ici les constructions nouvelles, la disparition de la gare et la suppression des voies de garage SNCF, remplacées par une zone piétonne, ont profondément modifié le point de vue. Les barrières ont laissé place à un passage pour piétons, et la plate-forme de la voie ferrée à un chemin de promenade qui va de la gare du Pile à Forest et Villeneuve d’Ascq.

Avançons encore d’une centaine de mètres vers le terminus. Ici, la voie est de nouveau dédoublée en passant devant un café-tabac qu’on remarque à droite. Celui-ci existe toujours aujourd’hui.

Les vues suivantes, prises en sens inverse à différentes époques nous montrent l’évolution de ce café, aujourd’hui le Flint. Sur la photo la plus ancienne une motrice de type 300 qui négocie la courbe sur une voie unique qui sera doublée par la suite.

Sur la droite la grille de l’ancienne propriété Boutemy, disparue de nos jours.

En avançant encore d’une centaine de mètres vers la place de Lannoy, nous voyons la ligne, empruntée par une autre voiture 300, qui longe l’usine Boutemy dont la première partie a été ensuite remplacée par les bâtiments de l’usine Stein, disparue elle aussi pour faire place à un supermarché. La partie située après le virage a été démolie également pour former une zone piétonne. La photo du bas, provenant de l’Institut Géographique National, date de 1965. Sur celle-ci, une flèche montre la direction de la prise de vue de la première photo. Le carrefour a aujourd’hui fait place à un rond-point

Nous sommes tout près maintenant de la place. Pour y accéder, la ligne fait une courbe à angle droit devant l’ancien Canon d’or, avant d’emprunter l’étroite rue des trois frères Rémy.

La motrice de type 300 vue ci dessous suit cette courte rue avant de virer à gauche et arriver sur la place. La photo du bas montre qu’une aiguille qui permettait aux tramways d’emprunter à droite la rue des Bouchers a été supprimée.

Les photos proviennent de la médiathèque de Roubaix, des archives départementales, et de collections particulières. Photos couleurs Jpm

A suivre…

L’orchestre Rudy Alban

Les parents de René Ost n’étaient pas musiciens. Pourtant, sa mère a voulu qu’il apprenne l’accordéon. C’est ainsi qu’il a commencé en 1949, à l’âge de huit ans, l’apprentissage de cet instrument avec un professeur. A 12 ans, il enchaîne avec la clarinette, puis à 15 ans, le saxophone. René pratique donc les trois instruments, et passe ses brevets. Il obtient une médaille d’or de clarinette et de saxophone en 63, après son service militaire qu’il passe en Algérie. Il se souvient que c’étaient des professeurs du conservatoire de Lille qui se déplaçaient pour faire passer une quarantaine de candidats.

René forme alors un orchestre de variétés dont il prend la direction. L’époque est favorable au développement de ces formations musicales et les engagements affluent très vite. « On faisait énormément de choses à l’époque : les réveillons, les bals, les soirées de mariage. On jouait souvent aux messes de mariage, et ensuite, on enchaînait, on faisait la soirée. On faisait de l’accompagnement de clowns, de danseuses, au music-hall. Il y avait énormément de travail… »

Selon les circonstances et les demandes, le nombre de musiciens varie de trois à huit. A plein effectif, il comprend un piano, une batterie deux saxophones alto, un saxophone ténor, un baryton, une trompette et souvent un trombone, alors qu’à trois, c’est normalement batterie, accordéon et saxophone. Dans la petite formation, chacun est capable de jouer de l’accordéon, ce qui permet de prendre l’instrument à son tour pour reposer les autres. En effet, certaines soirées sont très longues : « à un réveillon, on a joué à l’apéritif à Denain, à partir de 10 heures, puis on a commencé le réveillon à 11h et demi sur Douai, et on a joué jusqu’à huit heures du matin. Donc, à trois, si on ne tournait pas… » L’accordéon, c’est lourd, surtout ceux de l’époque. Ceux d’aujourd’hui ils sont plus légers !

René poursuit : « Tout ça ramenait quand même pas mal d’argent ; on était smicards à l’époque, et c’était intéressant, c’était un gros complément. Une année, j’avais fait le réveillon de Noël et celui de l’An, ainsi que le jour de l’an : Sur les trois, j’avais gagné autant que mon mois.

Au début, j’étais pris cinq jours par semaine. Le Vendredi et le samedi, on faisait la répétition de la petite formation, et le lundi de l’orchestre complet, et ça prenait beaucoup de temps. Au fur et à mesure, on jouait de plus en plus dans des soirées privées, mais auparavant on faisait des bals, à la salle Wattremez, dans les grandes salles à Wattrelos, au Familia, partout… On nous appelait même pour les soirées de Ste Cécile des harmonies, à Wattrelos, à Leers ! Au début, pour le réveillon de l’An, on était retenu un an à l’avance.

De temps en temps j’étais appelé dans d’autres orchestres : il manquait un premier alto, alors j’allais donner un coup de main. On jouait de tout. Beaucoup de variétés, mais aussi on faisait de l’opérette, du classique, du Jazz, un peu de tout… Il fallait s’adapter à tout, on avait appris à jouer énormément de choses.

J’ai failli partir comme professionnel aussi quand je suis rentré de l’armée. J’avais un de mes bons accordéonistes qui était parti en Angleterre dans un orchestre de cirque, et, comme il manquait un premier alto, il était venu me chercher en disant : viens, il y a du boulot pour toi là bas…, mais je venais de rencontrer ma future épouse, et j’ai refusé. C’était vraiment partir loin ; il a fait toute l’Europe après, en tant que professionnel… J’avais le niveau, j’ai intégré la grand harmonie de Roubaix, c’était quand même du haut de gamme ; et à Kain, la troisième harmonie Belge en niveau qualité… J’étais parfois parti pendant trois semaines tous les soirs. Avec la notoriété, on est appelé partout ! »

René joue avec différents orchestres pendant une douzaine d’années. Vers la fin, il se limite au saxophone, alto et ténor ; il lui a fallu faire un choix, faute de temps, car, parallèlement le travail devient de plus en plus prenant. Il devient directeur commercial et ses semaines de travail sont généralement de 50 heures, souvent 60, voire plus, jusqu’à 70, et il ne peut plus faire de musique. « D’ailleurs, on avait moins de travail, et il fallait aller très loin pour jouer : on devait faire parfois 200 kilomètres, ça n’était plus possible. »

Vers 35 ans il arrête ses activités musicales sauf pour une messe de mariage chez des amis ; il joue seul, avec l’orchestre c’est fini.

Une fois à la retraite, il est pressenti pour jouer dans la grande harmonie du conservatoire de Roubaix, et dans l’harmonie de Lys lez Lannoy : « J’ai repris l’instrument, j’avais le temps de travailler, mais il a fallu retravailler beaucoup quand-même ! »

Un dernier souvenir : « J’ai repris une seule fois mon accordéon pour les dix huit ans de ma petite fille : elle ne savait même pas que je jouais de l’accordéon. On a fait un anniversaire surprise : elle pensait aller au restaurant et, quand elle est entrée, j’ai commencé à jouer. Elle était vraiment surprise ! »

Merci à René pour avoir partagé ses souvenirs avec nous. Les photos proviennent de sa collection personnelle.

La ligne 3 suite : rue de Lannoy

Aussitôt parvenue dans la rue de Lannoy, la voie suit l’axe de la chaussée. Cette option a été choisie de manière à laisser de la place pour le stationnement le long de chaque trottoir. Les zones à deux files de rails permettant le croisement, peu nombreuses au début de l’exploitation, augmentent ensuite en nombre au fur et à mesure des besoins.

La photo suivante nous montre l’entrée de la rue avec, à droite, l’estaminet de la Tonne d’Or. Tout au fond à gauche, on devine le cabaret de la planche trouée. Le fil de contact qui amène l’électricité aux trolleys des motrices est suspendu par des câbles transversaux aux façades des maisons.

La voie unique traversait ainsi la rue de la Tuilerie avant qu’un dédoublement n’y soit établi, fournissant de ce fait l’occasion d’un déraillement spectaculaire au passage de l’aiguille d’entrée. Ici une motrice ELRT de type 600 en fâcheuse posture à cet endroit : Le premier essieu a pris la voie de gauche, et l’autre a suivi la voie de droite, sans doute à cause d’une aiguille entre-baillée !

Photo Nord Matin

Nous voici maintenant au carrefour de la rue Edouard Anseele où la voie est contrainte de former un S pour rattraper un défaut d’alignement de la rue. C’est là qu’on va installer l’aiguillage d’entrée d’un garage : la voie se dédouble pour permettre le croisement des rames circulant en sens inverse. Le stationnement est donc sacrifié côté gauche de la rue. Voici le carrefour vu dans les deux sens, d’abord en direction de la Justice, puis vers le boulevard Gambetta. Au premier plan sur les deux photos l’aiguille d’entrée du garage.

La zone de garage est courte. Les deux voies se rejoignent peu après, bien avant le boulevard de Belfort. Une motrice type 300 se dirige vers le boulevard Gambetta sur cette autre photo, prise en direction de Lannoy.

La voie, redevenue unique au sortir du garage, arrive au carrefour du Boulevard de Belfort et de la rue St Jean. Ici deux lignes se séparent : la ligne H quitte la ligne C par une aiguille à gauche pour se diriger vers la gare du Pile. Sur les photos, montrant le carrefour vu vers le boulevard Gambetta, puis vers le boulevard Beaurepaire, l’estaminet Debosshere porte l’inscription « arrêt tramway ».

La photo suivante, prise après ce carrefour vers le boulevard Gambetta, nous montre la partie de la rue après le croisement du boulevard de Belfort, qu’on identifie grâce à l’estaminet du Moulin à mi hauteur de la photo. La voie est unique, comme le fil de contact de trolley.

La ligne poursuit alors sa route jusqu’à l’église Ste Élisabeth, où un autre garage occupe la largeur de la place. On voit sur la voie directe une motrice de type 1 à 18 en état d’origine se dirigeant vers la Justice.

Photo collection particulière.

On aborde maintenant le croisement avec la rue rue Jules Guesde où, encore, la voie se dédouble sur quelques dizaines de mètres. La première photo montre le carrefour vers la Justice, la seconde, un peu plus loin vers Gambetta. La troisième, prise dans la même direction, mais encore plus loin après le garage, montre en premier plan une motrice de la première série (numéros de 51 à 62) en état d’origine. Le receveur regarde le photographe depuis la plate-forme arrière. Au fond, le clocher de Ste Élisabeth.

Le long de la place de la Fraternité, la voie se dédouble une fois encore. Une motrice de type 600 et sa remorque, en route vers Lannoy, accueillent les voyageurs qui disposent à cet endroit d’un magnifique kiosque-abri datant de 1909.

Un peu plus loin, au pont rouge, une croix sur le pavé indique le lieu d’un accident survenu en 1930, alors qu’une motrice 600 se dirige vers Toufflers. La photo est prise vers Lannoy, au coin de la rue St Hubert. Les maisons basses visibles à gauche ont été démolies dans les années 70 et font place aujourd’hui à un jardin partagé après avoir été longtemps une étendue d’herbe. Ici aussi, la voie est double.

Photo l’Égalité, octobre 1930

Après la traversée de l’avenue Motte, la ligne atteint le quartier de la Justice et la limite de Roubaix. Là, face à l’ancien octroi, au coin de la rue du chemin vert, un dédoublement de la voie marque le terminus des tramways de la ligne C barré, sur laquelle ont circulé, dès leur mise en service, les « michelines » du type 200. La première de la série vue à la Justice, sans doute au terminus, un endroit où les constructions ont depuis complètement modifié le paysage…

Document collection particulière

A suivre.

Les documents proviennent des archives municipales et du site de la médiathèque numérique de Roubaix.

La ligne 3

En mars 1861 François Henri met en place un service de voitures publiques comportant 10 places entre Roubaix et Lannoy. On voit bien l’importance de la demande pour des transports en commun entre ces deux villes, et il n’est pas étonnant qu’une quinzaine d’années plus tard, dès que la concession des tramways est attribuée à la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing, 21 rue du grand Chemin, les projets étudiés prévoient 3 lignes dont la troisième doit justement relier les grand-places de Roubaix et de Lannoy. La construction des lignes débute en février 1877, et l’exploitation débute mars 1878 sur les premiers tronçons posés, avec des départs toutes les 10 minutes. L’inauguration de la ligne 3 jusqu’à la place de Lannoy a lieu en octobre 1879. Les voitures sont traînées par des chevaux. Elles comprennent un compartiment central fermé et des plate-formes extrêmes, ouvertes, où officie le cocher.

Ci-dessous une voiture à cheval qui stationne devant le kiosque formant salle d’attente devant l’église St Martin.

Document collection particulière

En mars 1879, la ligne, qui, venant de la grand place, se détache de la ligne 2 grand rue au niveau de la place de la Liberté, ne dépasse pas encore la traversée de la rue du Tilleul après 900 mètres sur les 2700 prévus. Elle suit le trottoir de la place de la Liberté avant de s’en écarter pour prendre l’alignement du centre de la chaussée de la rue de Lannoy.

La voie poursuit sa route au centre de la chaussée. Jusqu’au hameau de Bury, aujourd’hui dans le quartier de la Fraternité. Ensuite, le ministère autorise le tracé en accotement, mais la voie suivra finalement l’axe de la chaussée de bout en bout. On double la voie à certains endroits, notamment sur la place St Elisabeth, la place de la Liberté, la Justice devant l’octroi, de pour permettre le croisement des voitures.

En même temps, la ville demande la concession d’une partie « suburbaine », pour prolonger la ligne au-delà des limites de Roubaix jusqu’à la place de Lannoy. Dans ce tronçon, la pose de la voie ne pose pas de difficultés, mis à part au droit de l’estaminet Lienard, qu’on finira par exproprier parce qu’il dépasse de deux mètres l’alignement, et dans l’étroite rue menant à la place de la mairie. L’ensemble est mis en exploitation à la fin de l’année 1879, bien que la compagnie ait anticipé sur l’autorisation officielle d’ouverture des travaux !

En 1882, la compagnie fait faillite, et les travaux d’extension du réseau sont arrêtés, mais l’exploitation continue sur les lignes existantes, sous la direction du syndic. Cette situation va durer plusieurs années. Enfin la situation se débloque et en 1894, la Compagnie Nouvelle des Tramways de Roubaix et Tourcoing reprend la concession. Elle se propose d’électrifier la traction et de changer l’écartement de la voie, qui était à 1 mètre 44 pour la passer à un mètre. La ligne 3 est mise en service en janvier 1895. Elle prend l’indice C en 1905. Son tracé qui partait de la place de la Liberté est modifié pour, au sortir de la grand place, emprunter la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta avant de tourner dans la rue de Lannoy. Son terminus est maintenant la gare qu’elle rejoint par l’avenue Lebas. En 1909, la ligne est prolongée jusqu’à la douane de Toufflers, alors qu’une autre ligne, dénommée C barré, s’arrête à la Justice.

On voit ici un ancien tramway hippomobile, alors transformé en remorque, stationner sur la grand-place

Suivons maintenant la ligne. A son extrémité, la voie dessine une sorte de raquette devant la gare, contournant le kiosque au centre de la place, pour permettre aux trams d’effectuer un demi-tour avant d’arriver à l’arrêt, placé le long du trottoir. Elle se dirige ensuite vers la grand place en empruntant la double voie récemment posée le long de l’avenue de la Gare, comme on l’appelle à l’origine. Une motrice, probablement de type 51 à 62 de 1894, et sa remorque type B 100 attendent au terminus de la ligne C devant la gare. Une autre, de la même série mais en état d’origine, descend l’avenue Lebas.

Documents collection particulière

Arrivée à la grand place, la ligne, au lieu de tourner tout de suite à gauche pour s’arrêter devant l’église St Martin, comme elle le faisait auparavant, traverse la place en parcourant un « S » pour se ranger face à la bourse, le long des voies de la ligne des TELB. Les deux photos suivantes nous montrent une voiture de type 250 de 1897. qui vient de la gare et se dirige vers l’arrêt devant la bourse et la rue Pierre Motte, et une motrice série 1 à 18 de 1895 qui arrive à ce même arrêt.

La ligne suit d’abord la rue Pierre Motte, où elle voisine avec la ligne F des Tramways de Lille et de sa Banlieue (TELB), puis emprunte le boulevard Gambetta à contre sens. Elle rencontre un premier arrêt offrant l’abri d’un kiosque aux voyageurs sur le terre plein du boulevard. Cette portion de voie est emprunté par d’autres lignes de la compagnie des TRT. Elle tourne ensuite à 90 degrés en coupant la voie du Mongy pour entrer dans la rue de Lannoy en passant devant le café de la Tonne d’Or.

Ci-après une motrice Buire 500 de 1910 rue Pierre Motte, et une motrice 600 ELRT de 1927 suivie de sa remorque de la série 800 vue dans les années 50 devant le kiosque de l’arrêt de la Tonne d’Or, puis une motrice 300 TRT de 1906 et sa remorque qui amorcent la courbe place de la Liberté, et enfin une motrice série 1 à 18 de 1895 qui s’engage dans la rue de Lannoy.

A suivre.

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

La rue d’Alger, une longue rue pour une longue histoire

Un plan de 1867 ne montre au Nord-Est de Roubaix que des terres à labour dépendant des fermes de Garcigny, dans la quartier de Beaurepaire, de la Bourde à l’emplacement du Cimetière et de la Vigne, sur le chemin de Cartigny, le tout situé entre le canal projeté et la limite de Wattrelos. C’est pourtant l’époque où la place se fait rare pour implanter les usines nouvelles et, dans la première moitié des années 1870, les pouvoirs publics tracent sur ces terres des voies pour structurer un nouveau quartier. C’est ainsi que naît la rue d’Alger, longue voie tracée au cordeau pour former l’épine dorsale de la zone placée à l’extérieur du canal, entre la rue d’Avelghem et du Hutin à l’autre extrémité. Le rue est viabilisée à la fin des années 1880.

Plans de 1871 et 1884

 Elle est ouverte en plusieurs tronçons successifs et les terrains qui la bordent ne tardent pas être vendus, notamment à des industriels, avant que les constructions s’y élèvent. La rue prend alors un caractère ouvrier et industriel, typique de l’époque du développement de Roubaix au 19e siècle. On y remarque avant la première guerre au 30 la filature de coton Etienne Motte, le Peignage Amédée Prouvost au 178, le tissage Bonnel frères au 230, le tissage Dubar-Delespaul au 292, plus tard Pennel et Flipo, et, côté impair, au 101 la société anonyme de peignage, et au 121 la société des huileries de Roubaix.

Photo IGN 1962

Entre ces usines, l’espace est tenu par des habitations ouvrières, alignées en front à rue ou disposées en courées, auxquelles on accède, venant de la rue, en traversant un passage couvert. Ces habitations sont souvent construites par séries appartenant à un même propriétaire, qui peut être un des industriels qui s’implantent dans la rue. C’est ainsi qu’à l’origine, toutes les maisons entre la Grand Rue et la rue d’Avelghem appartiennent à André Meillassoux.

Photos D.Labbe

On trouve peu de commerces dans la rue, exceptés les inévitables estaminets, indissociables des zones industrielles. Ils sont souvent implantés au coin des rues. En 1913, on compte six estaminets sur les sept maisons situées entre les numéros 31 et 49, autour de la rue du Congo, quatre sur quatre entre les rues d’Oran et de Constantine, pour une trentaine au total dans la rue. Le consommateur avait le choix  !

Les maisons individuelles sont présentes par séries en particulier entre les rues d’Avelghem et la grand rue, entre les rues de Cartigny et d’Oran. Plus loin, elles partagent l’espace à parts égales avec des entreprises. Celles-ci sont d’ailleurs plus modestes dans la deuxième partie de la rue, bien qu’on trouve tout au long de la rue des ateliers et des entreprises commerciales de taille moyenne.

A partir des années 60, l’industrie textile périclite et les usines ferment les unes après les autres. D’autres entreprises les remplacent et le style de la rue évolue petit à petit en perdant son caractère de grosse industrie. Peu à peu en effet, les anciens locaux sont repris pour partie par diverses entreprises du tertiaire, souvent à cause des capacités de stockage qu’elles représentent.

Photo D.Labbe

Les collectivités locales rachètent certaines friches : le tissage Motte, au 30 de la rue, est démoli et fait place au Lycée Jean Rostand et au Collège Samain, la propriété Meillassoux au Foyer des jeunes travailleurs.

Au fil du temps, les entreprises et divers organismes se succèdent et voisinent au fur et à mesure sur les espaces qui se libèrent. C’est ainsi que, dans les années 60, après le foyer des jeunes travailleurs on trouve une chapelle et un dispensaire.Au 83 la « division technique du centre administratif et et technique interdépartemental de Lille », au 121 « la Chimie dans l’Agriculture », un fabricant d’engrais qui voisine avec un fabricant de lessives, les établissements Lestarquit. Toujours au 121, France Pigments, un autre fabricant, ainsi que les transports Wenderbecq. Au 331 H. Parent pratique la mécanique générale. Côté pair, au 30 toujours les établissements Motte et Compagnie, entreprise en fin de vie qui partage l’espace avec la manufacture des deux gendarmes, linge de table, la société Anonyme Amitex, bonneterie, et les fils d’Albert et Eugène Motte société anonyme, bonneterie. Au 230 les établissements Galland fabriquent des rubans, et, à la même adresse, les « cours professionnels roubaisiens ». Au 292 on retrouve Pennel et Flipo qui poursuivent encore pour un temps leurs activités.

Année après année, sociétés et commerces plus ou moins prospères continuent de s’installer, puis, souvent, de quitter la rue. Cette évolution a plusieurs fois été commentée lors des ateliers mémoire du quartier Echo. où l’on a évoqué notamment le café-mercerie-épicerie Leclercq, sur le coin de la rue d’Avelghem, le café, connu sous le sobriquet du «  roi du Couscous », au coin de la rue du Congo, l’épicerie Chez Marie, au 33, chez qui les gens déposaient leur liste avant le travail à 5h et allaient reprendre leur marchandise à 13H. La même opération se répétait pour l’équipe suivante : C’étaient les « Drives in » avant la lettre. Il y fut question aussi du vendeur de palettes situé au bout de la rue, juste avant la route de la laine, des marchands forains d’articles ménagers du 61, et de beaucoup d’autres….

Avec le temps, les repreneurs se font plus rares, les bâtiments industriels sont progressivement abandonnés, et les friches industrielles se multiplient. La rue, qui n’avait connu pour horizon que des murs de briques noircies par les fumées des usines découvre, avec les démolitions qui se répètent, de vastes espaces, en particulier vers le bout de la rue, où s’installe une végétation plus ou moins sauvage.

Photos Google

La rue semble aujourd’hui en attente d’un renouveau après des années d’intense activité, à l’image d’une bonne partie du secteur nord-est de Roubaix.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

L’îlot de l’Hôtel des ventes

Aussitôt l’avenue des Nations Unies tracée, la salle des sports et le parking-Silo construits, on s’aperçoit, au milieu des années 80, que le virage de l’avenue offre à la vue de l’automobiliste un alignement de façades disparates datant du siècle précédent, peu attrayantes et incompatibles avec le standing de la nouvelle avenue. Dans la foulée des restructurations réalisées dans le quartier, on envisage alors une nouvelle opération de modernisation.

Photo Nord Eclair

Très vite, c’est l’ensemble du pâté de maisons limité par l’avenue des Nations Unies, la rue Pauvrée, la grand rue et la rue du curé qui retient l’attention des pouvoirs publics : après avoir restructuré l’Alma gare et l’Alma centre, on veut poursuivre les travaux de reconstruction. Cet ensemble est dénommé Îlot de l’hôtel des ventes.

L’îlot en 1953

Cette dénomination vient du fait qu’en 1968 s’est installé sur des parcelles au centre du pâté de maisons l’hôtel des ventes, venu de la rue du Collège en quête de l’espace qui lui manquait cruellement. Cet hôtel des ventes se trouvait rue du Collège depuis les années 30, après avoir déménagé de la grand rue. On construit sur le site un vaste bâtiment et des parkings, qui vont accueillir enchérisseurs et curieux.

Photos IGN et Nord Eclair

L’entrée principale s’ouvre au 22 rue du curé, face à la rue du vieil abreuvoir. Là se trouvait déjà une porte cochère. Un autre accès donne sur la rue Pellart

Avant et après – Photos Nord Eclair et Daniel Labbe

Pourtant, le projet de restructuration prévue de l’îlot reste modeste : comme on ne désire toucher ni à l’hôtel des ventes lui-même, construit récemment, ni au commissariat, dont le remplaçant est encore en projet et qu’on prévoit d’agrandir. Ces deux ensembles constituent avec la CAF, qui doit être reconstruite rue Gambetta en 1984, l’essentiel du centre de l’îlot. On projette seulement deux ensembles d’immeubles d’habitation donnant sur l’avenue des Nations Unies. L’un comportera 100 logements, et l’autre 90. Leurs emprises sont colorées sur le plan ci-après.

La Voix du Nord 1982

Tout l’alignement qui constitue les numéros pairs de la rue Pellart jusqu’au commissariat seraient donc amenés à disparaître. Ces immeubles en bon état, quoique souffrant d’un manque d’entretien abritaient depuis l’origine diverses entreprises de taille modeste, dont les locaux ont été repris après guerre par des associations. On y trouvait en effet, dans les années 60-70, au 8 l’atelier de réadaptation de l’association des paralysés de France, au 12-14 le centre d’apprentissage de filature du coton, au 34 le foyer des travailleurs africains, ainsi que plusieurs commerces et petites entreprises, sans compter quelques habitations individuelles.

Les immeubles du coin de la rue Pellart pendant les travaux de construction du Parking-Silo

Mais, au final, ce projet ne se concrétise pas. Il faut attendre la fin de la décennie suivante pour que les premières démolitions interviennent. Elles seront les prémices à un projet beaucoup plus vaste.

En 1996, le maire, René Vandirendonck, conscient de la disparition progressive du commerce dans le centre de la ville, défend devant la communauté urbaine un plan de réimplantation commerciale.

Celui-ci se concrétise d’abord par l’implantation de l’ensemble Mac Arthur Glenn sur les ruines de Roubaix 2000. Ce premier pas est suivi du projet d’ouverture d’un centre commercial Casino qui s’implanterait sur notre îlot de l’hôtel des ventes. Il comporterait un hypermarché de 8300 mètres carrés et une galerie marchande, l’ensemble représentant la création de 600 emplois pour les roubaisiens. On prévoit également de compléter cet ensemble par l’ouverture d’un complexe de neuf salles de cinéma juste à côté. Pour le coup, le projet va entraîner la destruction presque totale de l’îlot.

Photo Lucien Delvarre

La photo, reprenant le même point de vue que la précédente, nous montre le coin des rues du Curé et Pellart après les démolitions. Les immeubles de la rue Pauvrée disparaissent également, la rangée de gauche pour faire place au centre commercial, l’autre pour le complexe cinématographique.

Photo Lucien Delvarre

Quand à la grand rue, elle y perd quelques immeubles pour permettre l’implantation des accès au centre commercial.

Photo Nord Eclair

Mis à part le reste des commerces de la grand rue, l’ancien commissariat et quelques bâtiments à l’entrée de la rue du Curé, tout est rasé. On a fait place nette.

Photos IGN et Daniel Labbe

Il ne reste qu’à procéder à l’édification de ce qui prendra le nom d’Espace Grand Rue.

Photos la Voix du Nord

Les documents proviennent des archives municipales, de la médiathèque de Roubaix, et des sites de la Voix du Nord et de l’Institut Géographique National.