Coquant-Pêche

Hippolyte Coquant et son épouse Pauline décident de créer leur commerce. Ils reprennent en 1926, l’estaminet de A. Liviau, situé au 83 de la rue Pierre de Roubaix, à l’angle de la rue Leverrier, sur une parcelle de 86m2.
Hippolyte est passionné de pêche : il est même très doué, car tous les dimanches, il part pour se consacrer à son loisir favori et revient à chaque fois, très fier à la maison avec de nombreux poissons.

Pour compléter leur faible revenu du café, Hippolyte et Pauline décident d’adjoindre un rayon pêche à leur commerce au début des années 1930. L’expérience d’Hippolyte sur le matériel, sur les techniques de pêche, ainsi que son sens commercial assurent un succès immédiat. Hippolyte est d’ailleurs président de la plus florissante société de pêche de l’agglomération : l’Ablette, dont le siège se trouve au 161 rue Lacroix

L’Ablette ( document Nord Eclair )

Il crée ensuite l’association : « La Fine Ligne Roubaisienne » et organise des concours de pêche au canal de Roubaix ( pas encore pollué à l’époque ! )

Hippolyte décède en 1944. Pauline,très dynamique et volontaire, continue seule l’activité du café et du commerce. Antoine Coquant, le fils, vient donner un coup de main en 1946 à 16 ans. Il prend la relève quelques temps après.

Antoine a appris très jeune les techniques de pêche de son père, et continue donc l’activité en la développant fortement. La notoriété du café Coquant-pêche est telle que des clients viennent de toute la région du Nord Pas-de-Calais pour suivre les précieux conseils d’Antoine et acquérir du matériel de pêche performant

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Antoine Coquant fait partie des jeunesses socialistes de Roubaix à la fin des années 1940. C’est là qu’il rencontre Alice, fille de Alphonse Verbeurgt, conseiller municipal SFIO à Roubaix. Ils se marient en 1950, ils habitent à l’étage au dessus du commerce, ils ont deux enfants : Anne et Pierre.

Alice aide son mari à gérer le commerce, et en particulier à servir les consommations aux clients du café. Antoine, comme son père, participe à des concours de pêche sur les nombreux étangs et canaux de la région mais aussi dans toute la France, avec des voyages prestigieux à gagner dans des pays où la pêche est reine  : le Canada, l’Irlande etc

Il continue d’organiser également des concours juniors sur l’étang du parc de Barbieux, dans le cadre de la Fine Ligne Roubaisienne.

Concours de pêche à l’étang du parc de Barbieux ( document collection privée )

Antoine est passionné de pêche mais est également féru de politique. Il devient conseiller municipal sous le mandat du maire Pierre Prouvost à la fin des années 1970.

Antoine Coquant conseiller municipal ( document archives municipales )

Le commerce d’Antoine et d’Alice continue à se développer. Ils sont toujours à l’affût d’évolutions techniques du matériel ( pêche en eau douce ou en mer ). Le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente quand la maison voisine de 80m2, au 81 de la rue Pierre de Roubaix se libère au début des années 1970. Ils en font l’acquisition et la transforment en commerce en 1974. Le 81 sera le commerce d’articles de pêche, la place ainsi libérée au 83 dans le café, leur permet d’adjoindre une gamme d’aquariophilie et de poissons exotiques

Publicité 1972 ( document Nord Eclair )

La concurrence des grandes surfaces est alors inexistante. Un grand choix de produits, une compétence et un excellent conseil sont la clé de la réussite ; cela permet à Antoine et Alice de prospérer dans les années 1980. Le développement du commerce des articles de pêche est tel, qu’Antoine et Alice décident de fermer le café et de se consacrer uniquement à leur commerce : « Coquant-Pêche ».

Antoine dans son magasin en 1982 ( document Nord Eclair )

Pierre Coquant, le fils d’Antoine, décide d’ouvrir également son commerce d’articles de pêche, au milieu des années 1970. Il reprend alors le commerce « Roubaix Pêche » de E Bailly au 70 rue du Collège, à l’angle de la rue Pellart. Désormais, deux magasins Coquant-Pêche sont à disposition de la clientèle.

document Ravet Anceau 1983

Antoine décide de prendre une retraite bien méritée à 64 ans, en 1994. Il ferme donc définitivement le magasin. L’immeuble sera vendu quelques temps après, à la ville de Roubaix qui va le transformer complètement en logements sociaux pour la location, avec une entrée principale rue Leverrier. L’architecture initiale est respectée, la réalisation effectuée est magnifique.

Façade en 2008 et en 2022 après travaux ( documents Google maps )

L’association : la « fine ligne roubaisienne – Team Coquant-Pêche » qu’a créée Antoine Coquant, existait encore, il y a peu de temps à Roubaix ; le siège se trouvait au 52 avenue des Nations Unies.

( document collection privée )

En Juin 1991, Pierre Coquant transfère son magasin du 70 rue du Collège, à deux pas, au 190 avenue des Nations Unies, dans un local quatre fois plus spacieux, ce qui lui permet de devenir vraiment le grand spécialiste de la pêche ( mer, rivière, étang )

Le nouveau magasin de Pierre Coquant ( document Nord Eclair )

Remerciements à Alice Coquant-Verbreugt et à Anne Termeulen-Coquant, ainsi qu’aux archives municipales

Le Pont Emile Duhamel

le pont Emile Duhamel ( document N. Duhamel )

Tous les roubaisiens connaissent ce pont de la Grand rue sous le nom de pont du Galon d’ Eau ou Entrepont. En revanche, peu de personnes savent que ce pont s’appelle, en réalité, Emile Duhamel, depuis 2010.

Mais qui était donc ce Monsieur ?

Plaque ( photo BT )

Emile Duhamel naît à Wattrelos en 1923. Il commence par être ouvrier tisserand, puis devient militant du Parti Communiste et syndicaliste CGT. Il est adjoint au maire de Roubaix, conseiller municipal, vice-président de la CUDL, membre du conseil d’administration du CCAS de Roubaix, de la CPAM, ainsi que de l’office D’HLM, conseiller régional , président des Amis du Parc de Barbieux, etc.

Emile Duhamel ( document YouTube )

Mais c’est surtout parce que Émile est un fervent défenseur du canal de Roubaix, que ce pont a été rebaptisé « Pont Emile Duhamel » en Octobre 2010

Dans les années 1970, Émile Duhamel, conseiller régional, milite pour la ré-industrialisation de la zone de l’union, à partir du canal, quand Jacques Coru adjoint au maire de Tourcoing fait réhabiliter le canal sur sa ville.

Emile Duhamel devant le canal ( document YouTube )

Plus tard à la fin des années 80 on doit encore à la mobilisation initiée par Émile Duhamel au service des pêcheurs, que le canal n’ait  pas été détruit à Roubaix à l’occasion de la construction de la voie rapide allant du quai de Gravelines au quai d’Anvers.

En 1990, une grande opération de nettoyage a lieu sur le canal de Roubaix et des centaines de mètres cubes de déchets sont ainsi récupérés.

Et enfin en 1992, c’est la remise en navigation du canal qui intervient et le rétablissement de la liaison Deule-Escaut, en partenariat avec des homologues belges.

Émile Duhamel a donc beaucoup défendu le canal de Roubaix. Il a lutté pendant plus de 20 ans et a réussi à obtenir que le canal ne soit pas fermé pour favoriser la voix rapide.

( document YouTube )

Émile Duhamel obtient la décoration de chevalier de la Légion d’Honneur, remise par Georges Séguy en 1998, lors d’une cérémonie à l’Hôtel de ville.

document N. Duhamel

Slimane Tir, conseiller municipal a beaucoup insisté, pour que l’entrepont prenne le nom d’Émile Duhamel. C’est en effet un bel hommage à lui rendre, que de donner son nom au pont de la Grand-Rue, entre Roubaix et Wattrelos, face au café « A l’As de cœur » et face à la maison où se trouve le syndicat des pêcheurs.

document Nord Eclair et document N. Duhamel

Une cérémonie émouvante se déroule en Octobre 2010, en présence de son épouse Denise et de sa fille Nicole, René Vandierendonck maire de Roubaix, Slimane Tir conseiller municipal, Dominique Baert maire de Wattrelos, Jean-Jacques Fertelle président du syndicat des pêcheurs, Jean-Marie Duriez secrétaire de la section du PC, et Manou Masquellier patoisante roubaisienne.

documents N. Duhamel

Emile Duhamel, le communiste au grand cœur est un grand homme par la taille, par l’esprit et par le cœur. Il a marqué la vie politique roubaisienne de ses coups de gueule et de ses combats, défenseur infatigable des pêcheurs de Roubaix et du retour à la navigation du canal.

document N. Duhamel

Émile Duhamel, homme exceptionnel, nous a quitté le 22 décembre 2006

« Quelle belle vie, j’ai eue  » disait-il . . .

Une vie entière consacrée à aider les autres et au bonheur de sa famille .

Pour d’autres aspects de la personnalité d’Émile Duhamel :

http://emile-duhamel.over-blog.com

Remerciements à Nicole Duhamel

Les bijouteries « Vieille »

Dans les années 1950, Marc Vieille est ouvrier horloger dans une petite entreprise à Morteau dans le Doubs. C’est l’époque où les commerçants en horlogerie se déplacent chez leurs fabricants pour y effectuer leurs achats en montres, pendules et réveils. G. Dallenne, horloger installé à Roubaix au 30 rue du Moulin, est reçu par Marc Vieille. Au cours de l’entretien, le commerçant lui annonce son intention prochaine de céder son affaire. Marc est ambitieux et souhaite créer un jour son commerce. Il étudie alors, la possibilité d’enfin s’installer à son compte.

L’affaire est conclue, et en 1960, Marc et son épouse Yvette quittent leur Doubs natal et arrivent à Roubaix avec leurs 3 enfants pour gérer leur commerce à l’enseigne : « AU 4° TOP ».

Publicité 1966 ( document Nord Eclair )

Marc a un très grand savoir-faire en horlogerie, Yvette a un sens inné du commerce. Ils ne comptent pas leurs heures de travail et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1967, ils achètent la maison voisine, au 28 de la rue, ( rebaptisée rue Jean Moulin ) à Roger Gaspar négociant en vins.

Ils font appel à Marcel Cauwel décorateur situé au 50 rue de Lille pour la transformation de la façade et l’aménagement complet de l’intérieur. Cet agrandissement leur permet de développer des gammes de bijouterie et d’orfèvrerie.

Publicité 1971 ( document collection privée )

En 1977, Auchan V2 s’ouvre à Villeneuve d’Ascq. Un nouvel hypermarché, certes, mais cette fois-ci, avec une énorme galerie marchande sur deux niveaux. Marc saisit l’opportunité et implante son magasin à l’enseigne « Vieille » dans une cellule, que le centre commercial lui propose. Il décide d’intégrer le groupement de détaillants bijoutiers indépendants :  »Alliance 2000 ».

Le magasin Vieille dans la galerie marchande Auchan V2 ( document P. Vieille )
Publicité commune aux deux magasins en 1978 ( document collection privée )

Le succès est immédiat ; Marc Vieille continue son envie d’entreprendre, et agrandit son magasin à V2 en reprenant la cellule voisine de son commerce, puis en créant un autre point de vente, toujours à V2 à l’enseigne « Place Vendôme » à un emplacement un peu plus éloigné. Marc Vieille devient président de l’association des commerçants de V2 en 1979.

agrandissement du magasin ( document P. Vieille )
le magasin « Place Vendôme » à V2 ( document P. Vieille )

Marc est toujours ambitieux, curieux et insatiable. Il continue donc son développement en ouvrant un magasin dans le centre commercial Auchan à Leers, dans les années 1980.

le magasin de Leers ( document P. Vieille )

Au début des années 1990, son énorme envie d’entreprendre l’amène à ouvrir un magasin toujours à l’enseigne « Vieille » dans le magnifique centre commercial à « Euralille » et en 1998 enfin, un magasin dans la galerie d’Auchan Roncq.

le magasin d’Euralille ( document P. Vieille )

Marc est récompensé d’un Mercure d’Or , en 1996 par le ministère du Commerce et de l’Artisanat

Mercure d’Or ( document P. Vieille )

Marc prend sa retraite à 67 ans, ferme le magasin de détail de la rue Jean Moulin, mais continue de gérer la comptabilité et les boutiques des galeries marchandes des centres commerciaux.

Marc et Yvette dans leur magasin de Roubaix en 1996 ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair

Marc a toujours entretenu d’excellentes relations avec ses confrères. En 2001, lorsque Eric Belmonte, le Président de la chaîne de magasins « Histoire d’Or » lui propose de reprendre ses 4 magasins, Marc accepte, car c’est encore une occasion à saisir. Les 4 magasins prennent donc l’enseigne Histoire d’Or. Les salariés des boutiques Vieille gardent leur emploi. La société de Marc Vieille est dissoute.

Son fils, Patrice qui l’aidait depuis de nombreuses années, décide de créer son atelier dans les locaux de la rue Jean Moulin. Il assure le S.A.V pour la réparation des articles de bijouterie, pour les particuliers et les confrères détaillants.

L’atelier du 28 30 rue Jean Moulin en 2008 ( documents archives municipales )

En 2011, Patrice Vieille décide de vendre l’immeuble du 28 30 rue Jean Moulin pour installer son atelier dans un espace plus spacieux et mieux adapté. Il s’installe en 2011 au 13 Boulevard Leclerc, où il est toujours de nos jours. Patrice assure la création, la transformation et la réparation de bijoux. Les affaires sont florissantes, et de nos jours, une douzaine de personnes travaillent dans l’entreprise.

( documents P. Vieille )

Maxime Vieille, le fils de Patrice, travaille dans l’atelier depuis une vingtaine d’années. Il prendra la succession, lorsque Patrice prendra une retraite bien méritée, d’ici peu.

Depuis 1960, trois générations ont donc développé l’entreprise Vieille : plus de 60 années d’expérience et de professionnalisme au service de la clientèle.

Maxime et Patrice Vieille dans leur atelier ( Photo BT )

Remerciements à Patrice et Maxime Vieille ainsi qu’aux archives municipales.

Le déplacement du monument aux Morts

Au début des années 1960, la circulation automobile se développe et pose de sérieux problèmes pour les automobilistes dans toute la ville de Roubaix. Il est donc nécessaire d’améliorer les rues, avenues et boulevards et en particulier le carrefour du monument aux Morts très fréquenté et embouteillé aux heures de pointe. Ce carrefour est situé sur le boulevard Leclerc à l’angle des rues du Maréchal Foch, du Moulin et du boulevard de Paris.

document Nord Eclair

En 1964, la municipalité décide donc une refonte complète de ce carrefour. Les grandes innovations préconisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont la mise en œuvre :

– d’un sens unique de circulation dans la rue du Maréchal Foch

– de l’abattage des platanes du Boulevard de Paris (entre la rue du Moulin et la rue Chanzy )

– de l’élargissement de ce boulevard de Paris à 27m de largeur

– de l’installation de nombreux feux tricolores, et surtout . . .

– du déplacement du Monument aux Morts, 75 mètres plus loin à hauteur de la rue Dupleix.

document Nord Eclair

Il faut rappeler que ce monument aux Morts a été érigé, installé et inauguré en 1925, époque où la circulation automobile était quasi inexistante. Dans les années 1930, on pouvait encore envisager de bloquer le carrefour lors des commémorations !

Les travaux de déplacement débutent au printemps 1964, et ce n’est pas une mince affaire que de bouger un monument haut de 9 mètres, et pesant plusieurs tonnes ! Il faut bien se résoudre à morceler cette masse de pierre en plusieurs morceaux.

La noble dame qui porte dans ses bras robustes les fruits de la fécondité n’est pas une femme légère, car la tête et le buste pèsent 2 tonnes et le tronc 5 tonnes. A cela il convient d’ajouter l’hydre qui est scié en deux parties.

document Nord Éclair

Une équipe de spécialistes, véritables chirurgiens pour géants travaille sur le mémorial avec de très grandes précautions.

Toutes les pièces du monument sont déposées sur le sol et les techniciens peuvent alors remonter l’ensemble, tel un puzzle.

Les délais prévus sont respectés et la ville confirme que tout sera prêt pour les cérémonies du 11 novembre 1964.

document Nord Éclair

Le déplacement se fait sans trop de problèmes. La partie la plus délicate du travail de dissection, est de démonter les quatre bas-reliefs fixés sur le socle.

Les 4 bas reliefs de 1925 ( document Grand Hebdomadaire illustré 1925 )

Un geste malheureux d’un ouvrier fait perdre la tête d’un personnage de pierre.

Le bas relief endommagé ( document Nord Eclair )

C’est peut-être une des raisons pour laquelle 2 bas reliefs sur 4 n’ont pas été refixés au dos du monument ? Les armoiries de la ville, quant à elles, ont bien été reposées à leur emplacement initial.

document collection privée
L’arrière du monument dans les années 1930 et en 2022 ( documents collection privée )

Depuis 1964, le monument aux Morts est toujours au même endroit. Sur la photo ci-dessous qui date des années 1970, on distingue l’ancien garage Renault face à la semelle de verdure sur laquelle se dressait initialement le monument.

document collection privée

Remerciements aux archives municipales

L’inauguration du monument aux Morts

le Monument aux Morts ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

Pour commémorer l’héroïsme des 3000 roubaisiens tombés pendant la grande guerre 1914-1918, la municipalité a décidé d’ériger un monument aux Morts.

Ce monument s’élève initialement au début du boulevard Gambetta, à l’emplacement de la  »Fontaine des Trois Grâces », au carrefour du boulevard de la rue Neuve, de la rue du Moulin et du boulevard de Paris.

Le monument représente la statue de la paix écrasant l’hydre de la guerre. La statue est belle et imposante. Un tertre de gazon, clôturé d’une grille, entoure le monument.

Quatre bas reliefs sur le socle représentent le Travail, la Famille, l’Attaque et l’Exode.

L’œuvre a été créée par le statuaire et sculpteur douaisien Alexandre Descatoire et par l’architecte J. Wielhorski.

Mrs Descatoire et Wielhorski ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

L’inauguration a lieu le dimanche 18 Octobre 1925. La date n’a pas été choisie au hasard, car le 18 Octobre 1914 les allemands entraient à Roubaix, et le 18 Octobre 1918 ces mêmes allemands quittaient la ville.

Toute la population de Roubaix rend un hommage solennel à ses glorieux soldats morts pour la France, durant la grande guerre 1914-1918.

Document Journal de Roubaix

La veille, le samedi soir 17 Octobre, a lieu une veillée funèbre : de nombreuses harmonies encadrées par les gymnastes de la  »Roubaisienne » jouent des airs funèbres et ce, pendant toute la soirée. Un éclairage efficace a été mis en place, et en particulier depuis le toit du café des  »Arcades ».

Une messe solennelle est célébrée le dimanche à midi en l’église Saint Martin devant une foule nombreuse, à l’intention de tous les roubaisiens tombés au cours de la grande guerre.

Une cérémonie a lieu à l’hôtel de ville. Parmi les nombreuses personnalités, sont présentes Mr le maire Jean Lebas, Mr Leroy secrétaire général de la préfecture, le général Moisson et de nombreuses autres personnalités représentatives des sociétés roubaisiennes.

Hôtel de ville ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

En début d’après midi, un cortège immense composé de 43 formations musicales part de la rue de la gare, puis défile Grand Place, place de la Liberté et se termine boulevard Gambetta devant une foule considérable car une multitude de roubaisiens est accourue de tous les quartiers de la ville. Des dizaines de milliers de personnes sont massées sur les trottoirs, malgré un temps maussade et pluvieux. Presque sur toutes les maisons, des drapeaux aux couleurs nationales et la bannière des Amis de Roubaix témoignent de l’empressement des roubaisiens à participer à cette manifestation.

Pour ce cortège, de très nombreuses auditions musicales sont programmées particulièrement importantes par le nombre d’exécutants et par les œuvres proposées, dont la Cantate aux Morts, spécialement composée pour la circonstance, par deux roubaisiens : Édouard Sonneville et A.S. Demarsay.

L’emplacement autour du Monument aux Morts est exigu, seuls sont admis, dans l’enceinte réservée, les personnalités officielles. Les familles des soldats morts pour la France ( veuves et orphelins ) sont installées devant le monument.

document Grand hebdomadaire illustré 1925
document collection privée

Le public quant à lui, trouve de la place dans les rues adjacentes : rue de Lille, rue Neuve et rue du Moulin. Quant à la circulation des automobiles et des tramways, elle est bien sûr interdite.

document collection privée

Durant toute la soirée de ce dimanche 18 Octobre 1925, la foule défile devant le Monument aux Morts magnifiquement illuminé par la maison Deny rue Decrême : une grandiose journée d’union sacrée.

document collection privée

Remerciements aux archives municipales.

La mercerie « Margaret »

Le commerce, situé 32 Grand Place à Roubaix, a toujours été occupé par une mercerie, depuis de très nombreuses années. En 1902, le commerce est tenu par Delannoy-Carré, puis par Carré-Desfontaines.

Publicité 1902 ( document collection privée )
document collection privée

Dans les années 1910, la succession est assurée par Mlle Hélèna Deguent, puis, dans les années 1920-1930, par Mmes Durivet et Grenier, avec leur enseigne : « Le Petit Paris ».

En 1940, Marguerite Carette reprend la mercerie et achète les murs à la famille Reboux fondatrice du prestigieux « Journal de Roubaix ».

Sa mercerie propose toutes sortes de fournitures pour couturières, à savoir : boutons, fil et aiguilles, passementerie, galons, paillettes, fourrures, fermetures à glissière, colifichets, ceintures, tissus, cotons, soieries, satins, écharpes etc

document collection privée
document collection privée

Au début des années 1950, sa fille Jeanine, vient l’aider au commerce, et en 1960, mère et fille, décident de commencer à faire de la publicité dans la presse locale avec leur enseigne « Margaret »

Instantané de mémoire : Dans une mercerie, il faut de l’ordre, j’ai en stock dans le magasin ; 5.000 fermetures à glissière, 10.000 boucles, des milliers de mètres de galon et de guipure, des milliers de boutons, 90 tiroirs pleins et bourrés de produits divers de mercerie. De quoi tenir un siège !

Chez Margaret, c’est la mercerie à l’ancienne. Tous les produits doivent être disponibles alors que mes confrères travaillent en flux tendu ».

Le sens commercial de Jeanine est apprécié de la clientèle. Son succès lui permet d’embaucher du personnel (jusqu’à 4 vendeuses !). Marguerite décide d’investir en 1969, en faisant transformer sa façade, par l’agence Antoine Addic de Lille.

La façade avant et après transformation ( documents archives municipales )

Dans les années 1970, Jeanine prend la succession de sa mère Marguerite. Elle gère seule le magasin, car son mari Roger Van Hooland, menuisier, travaille à l’extérieur.

Au début des années 1980 , Jeanine adhère au groupement des commerçants  »Élégance et Distinction », afin de pouvoir développer sa gamme de produits. Les clientes viennent parfois de très loin, pour trouver des boutons Haute Couture comme Louis Féraud, Chanel etc

document collection privée
document collection privée
document archives municipales

A la fin des années 1990, Jeanine constate que les temps changent :

Instantané de mémoire ; Les femmes font de moins en moins de couture. La Chine est en train de gagner la guerre des boutons. On achète bon marché et puis on jette.

En 2000, Jeanine Van Hooland décide de prendre sa retraite à 72 ans, après de très nombreuses années passées derrière son comptoir. Elle s’installe à deux pas, dans un petit appartement, contour St Martin, pour ne pas quitter le quartier.

document Nord Éclair 2000

Le commerce est alors cédé à Pedro Perez en 2001, qui transforme l’établissement en salle de jeux en réseau sur ordinateurs. Malheureusement le succès n’est pas au rendez-vous et l’établissement ferme en 2003.

Document Google Maps 2008

Ensuite c’est la librairie « Les Lisières » qui était auparavant implantée au N° 33 qui déménage au N° 32 pour profiter d’un espace plus grand et d’un loyer plus modéré.

La librairie ferme en 2019. La clientèle est invitée alors à se reporter sur les deux autres magasins de Croix et de Villeneuve d’Ascq. Une agence immobilière doit s’implanter sous peu au N° 32.

Remerciements aux archives municipales

Le bazar du Pile

A la fin des années 1930, Théophile et Julie Pittillioen, désireux de créer leur affaire et de s’installer à leur compte, décident de reprendre le commerce de jouets de Mr A. Delepaut au 16 rue de Condé à Roubaix. C’est une petite boutique dans un quartier populaire de la ville qui convient parfaitement à ce commerce.

Le 16 rue de Condé ( document Y. Pittillioen )

Julie s’occupe du magasin et Théophile vend ses jouets lors des ducasses, fêtes foraines et braderies. Quotidiennement, il charge les jouets sur sa baladeuse de marchand forain, pour se déplacer sur des lieux à chaque fois différents. Il a astucieusement aménagé sa petite voiture de marchand ambulant, par un système d’extension de son plateau, ce qui lui permet de présenter ses produits sur un étal beaucoup plus large, comme le montre la photo ci-dessous.

La charrette à bras de Théophile Pittillioen ( document Y. Pittillioen )

A la fin des années 1940, les affaire reprennent et ils acquièrent la petite maison voisine de M. Juvenet au N° 18. Ils disposent désormais d’une surface de 148 m2 au sol.

En 1952, Théophile Pittillioen demande un permis de construire pour transformer la façade du N° 18. Il souhaite en effet, créer une porte de garage pour pouvoir garer sa baladeuse. L’arrière très étroit de la maison sert dès lors de réserve au magasin, désormais baptisé : le « bazar du Pile ».

Le N° 16 et 18 avant et après la transformation (documents archives municipales )

Le bazar est un commerce où on trouve de tout ! Des jouets bien sûr mais également de la parfumerie, bijouterie, maroquinerie, papeterie, bimbeloterie, confiserie, petite horlogerie, cartes postales, et même des poissons rouges !

Julie et Théophile Pittillioen profitent également des activités saisonnières pour proposer :

en Décembre des décorations de Noël, des guirlandes et des santons,

en Septembre des pétards et des feux d’artifice, lors de la fête des allumoirs

en Mai du muguet artificiel

en Juin des cocardes tricolores pour la réussite au certificat d’études.

Théophile et Julie dans leur magasin ( document Y. Pittillioen )

Théophile profite également, des fêtes du quartier du Pile, pour proposer le « concours des ballonnets » : l’enfant remplit le carton, l’accroche au ballon de baudruche gonflé et le lâche dans les airs. Le ballon de baudruche qui parcourt la plus longue distance fait gagner à l’enfant un jouet offert par le Comité d’organisation et le Bazar du Pile.

Le carton attaché au ballonnet ( document collection privée )
Michel, le fils de Théophile et Julie, aide ses parents en gonflant les ballons de baudruche (document Y. Pittillioen )

Julie décède à la fin des années 50. Théophile prend sa retraite en 1960. Son fils, Michel Pittillioen, se marie avec Yvette née Pietersoone. Ils reprennent le magasin. Michel est fraiseur-ajusteur à la CIMA à Croix le matin, de 5h à 13h et l’après midi il part vendre les jouets sur les ducasses et les braderies, comme son père le lui a enseigné. Yvette quant à elle, s’occupe seule du magasin. Les affaires fonctionnent très correctement.

Yvette et Michel dans leur magasin ( document Y. Pittillioen )

Michel Pittillioen délaisse la baladeuse de son père. Il possède en effet sa voiture pour effectuer les déplacements. Il présente désormais ses jouets sur un étal abrité par un énorme parapluie.

Michel devant son étal, lors d’une ducasse. ( document Y. Pittillioen )

Yvette continue à gérer seule, le point de vente. Elle ne compte pas ses heures. Le magasin est ouvert de 8h à 19h tous les jours de la semaine et le dimanche matin de 8h à 13h.

Le magasin avec les décorations de fin d’année ( document Y. Pittillioen )

La particularité du Bazar du Pile par rapport aux autres commerces du même genre, c’est qu’il s’agit d’un bazar bien rangé ! En effet, les jouets sont déposés sur les étagères, les trottinettes et les voitures à pédales accrochées au plafond, les cartes de St Nicolas et Ste Catherine dans des cartons, les peluches dans le nouveau comptoir vitré, etc. Chaque chose est à sa place, de façon à ce que Yvette puisse trouver facilement le produit souhaité par le client.

Yvette et Michel ( document Y. Pittillioen )

Au milieu des années 1960, Michel a l’opportunité de racheter un camion-boutique. C’est un camion aménagé pour un commerce de loterie, idéal pour les fêtes foraines, ducasses et braderies. Il abandonne son étal pour se consacrer à cette nouvelle activité. La « loterie Michel » propose pour un prix modique, cinq billets roulés et entourés d’une bague en papier. Sur chaque billet figure un numéro, et s’il correspond à l’un des numéros affiché sur le tableau, le client emporte l’objet gagné.

Michel devant son camion-boutique. ( document Y. Pittillioen )

Malheureusement le camion-boutique de Michel Pittillioen est détruit par un incendie lors d’une fête foraine à Deulemont, dans les années 1980. Michel ne se décourage pas et reprend une remorque qu’il transforme lui-même en loterie. Il achète un fourgon Renault pour pouvoir tracter sa remorque et continuer son activité. Yvette continue à tenir le magasin de la rue de Condé et vient aider son époux, lors des ducasses le dimanche après-midi.

Yvette devant la loterie Michel ( document Y. Pittillioen )

A la fin des années 1990, Michel et Yvette décident de prendre une retraite bien méritée. Leur fils, Yves, ne souhaitant pas reprendre l’affaire ils décident donc de vendre l’immeuble.

Le « Bazar du Pile » tenu par les deux générations Pittillioen, pendant une soixantaine d’années, ferme donc définitivement ses portes en 1998.

Publicités ( documents Y. Pittillioen et collection privée )

Remerciements à Yvette Pittillioen, à Christiane, ainsi qu’aux archives municipales.

Rossel, du 5 à sec au restaurant

Face au développement important de l’entreprise Rossel, Pierre Petitprez administrateur de la SA Petitprez Lambaere dépose une demande de permis de construire en Mairie, en 1964, pour agrandissement et transformation de l’entreprise du 118 rue d’Isly, sur une superficie totale de 3.400 m2.

L’architecte Léon Finet 38 rue Richelieu à Roubaix est retenu pour mener à bien le projet. La démolition de 2 courées, situées rue d’Isly et rue de Croix est nécessaire pour pouvoir construire une nouvelle blanchisserie, une salle de restaurant pour le personnel et l’aménagement d’un parking intérieur.

démolition des courées voisines ( document P. Lambaere )
Plan de l’entreprise ( document archives municipales )

la nouvelle blanchisserie et le parking ( documents P. Lambaere )

Cette nouvelle blanchisserie permet de développer le lavage à l’eau du linge, des draps, chemises, vêtements de travail etc, afin de concurrencer les confrères de la région, et en particulier les Ets Duhamel

Le repassage dans la nouvelle blanchisserie ( document P. Lambaere )

En 1968, des confrères du Sud de la France, Jean Roux et Roger Chavanon créent une formule de pressing « discount » sous l’enseigne « 5 A SEC », avec pour objectif de développer ce concept en franchise sur tout le territoire National, dont les départements 59 et 62. Ils se heurtent à l’entreprise Rossel qui avait déjà exploité et déposé la marque « 5 SEC »

Un accord commercial amiable est signé entre les 2 Sociétés, permettant à Petitprez et Lambaere d’utiliser en exclusivité sur ses 2 départements, les enseignes 5 A SEC et 5 SEC en Master franchise

Roubaix 2000 en 1973 ( document Nord Eclair et collection privée )

Au début des années 1970, la société « Petitprez Lambaere » propose le choix de trois enseignes à la clientèle : Rossel pour une qualité luxe, 5 à sec pour une finition soignée, et Top Net pour le prix discount.

En 1973, la génération suivante arrive : les deux fils d’André Lambaere entrent dans l’entreprise, Antoine pour la partie technique et Philippe pour le commercial.

Pierre Petitprez décède en 1974, à 51 ans et Jean Petitprez prend sa retraite en 1982 ; André Lambaere devient PDG de l’entreprise et, en 1986, la famille Lambaere rachète les 50 % des parts de l’entreprise à la famille Petitprez.

La direction de l’entreprise a toujours été très proche de son personnel. En 1976 Jean Petitprez et André Lambaere fêtent leur secrétaire de direction, Mlle Léa Brebion qui prend sa retraite bien méritée après 49 ans de présence dans l’entreprise !

De gauche à droite, Jean Petitprez, André Lambaere et Mlle Léa Brebion ( document Nord Eclair )

Dans les années 1980, le nombre de vêtements nettoyés baisse dans toute la profession. De plus en plus, les ménagères utilisent le lave-linge à la maison.

5% de baisse annuelle de volume, cela fait 50% au bout de dix ans ! Le nombre de pressings diminue de 15.000 à 8.000.

André et Philippe Lambaere décident qu’un rapprochement avec un confrère est nécessaire, et en 1990 Rossel rachète l’entreprise de blanchisserie Edmé de Lambersart, gérée jusqu’à présent par Bruno et Muriel François.

Deux ans plus tard, en 1992, le site de Lambersart regroupe l’activité blanchisserie des 2 entreprises Rossel et Edmé. A Roubaix rue d’Isly. 10 postes sont gardés pour l’atelier de nettoyage, jusqu’en Juin 1997, car ensuite toute l’entreprise est regroupée sur le siège de Lambersart.

Edmé ( document collection privée )

En 1993, Philippe Lambaere décroche un marché inattendu pour l’entreprise Rossel : nettoyer les 7500 costumes du film Germinal, tourné dans le Valenciennois. Certes le personnel a un savoir faire très efficace, mais il a du prendre le plus grand soin pour nettoyer ces costumes très fragiles ; la redingote de Depardieu, le gilet de velours de Carmet, le manteau de Renaud ou le corset à baleine de Miou-Miou.

Philippe Lambaere ( document P. Lambaere )

En 1995, André Lambaere prend une retraite bien méritée. Son fils Philippe devient DG de l’entreprise Rossel, et en 2002 en devient le PDG.

Philippe devient également président de l’UNIRET Union Régionale de l’Entretien du Textile.

Didier Poignant, trésorier du syndicat UNIRET, et directeur des pressings Alizés, propose , en 2010 de reprendre l’affaire Rossel, qui à ce moment là se composent d’une trentaine de pressings, représentant 120 salariés. L’affaire se conclue en Mars 2013 ce qui permet à Philippe Lambaere de prendre sa retraite .

( document collection privée )

Cinq générations des familles PetitPrez et Lambaere ont dirigé l’entreprise Rossel pendant 132 années d’activité de blanchisserie et de pressing avec un « savoir-fer » remarquable.

( document collection privée )

Que devient alors l’immeuble de la rue d’Isly ?

Au début des années 2000 Jean Marc Vynckier, architecte d’intérieur reprend une partie de l’immeuble à Philippe Lambaere rue d’Isly pour le transformer complètement. La partie de gauche au N° 114 est transformée pour la création d’un loft.

document archives municipales

Dans la partie droite, au N° 118 et 120, Hugues Meurisse ouvre son restaurant « La Teinturerie », aménagé dans l’ancienne salle des machines de la teinturerie Rossel. C’est un lieu atypique avec un cachet rare, un endroit sympathique où l’on passe un moment délicieux autour d’une table entre amis, au pied de l’ancienne cheminée toujours présente au milieu de la salle de restaurant. Hugues y ouvre également un magasin de vêtements LC Luxe et Création.

document archives municipales
document collection privée

Au milieu des années 2010, Hugues Meurisse prend sa retraite, ferme son restaurant ainsi que son magasin LC, Luxe et Création.

Remerciements à Philippe Lambaere ainsi qu’aux archives municipales

Motte Porisse en feu

L’entreprise textile Motte Porisse est plus connue sous le nom des « Laines du Chat Botté ». Elle s’appelait autrefois la « Filature des Longues Haies ».

documents collection privée

Elle se situe sur un carré de maisons très vaste entre les rues : du Coq Français, Jean Moulin, Saint-Jean et Vincent Auriol, soit au total une superficie de 11.000 m2.

document collection privée

Vendredi 28 Juin 1985, à 5h45 du matin, de la fumée se dégage depuis le sous-sol, où sont stockées les matières premières, à savoir 200 tonnes de laine acrylique et matières synthétiques nécessaires à la production de l’usine.

L’alerte est donnée immédiatement ; les pompiers arrivent et évacuent les 60 ouvriers travaillant de nuit. Fort heureusement d’ailleurs, puisque quelques minutes plus tard, l’usine est la proie des flammes.

L’incendie qui s’est déclaré rue Vincent Auriol se propage très rapidement et gagne le bâtiment de la rue du Coq Français

document Nord Eclair
document archives municipales

Devant l’ampleur du sinistre, les sapeurs pompiers demandent du renfort auprès de tous les centres de secours de la métropole. Près de 200 pompiers sont désormais sur place pour lutter contre le feu. Trois grosses lances, trois canons à eau, des multitudes de petites lances déversent des tonnes d’eau sur les flammes, mais celles-ci ont trouvé des matériaux de choix, particulièrement inflammables.

document Nord Eclair

Daniel Motte, directeur commercial de l’entreprise, et André Motte, directeur technique, arrivent sur place. Ils sont atterrés par l’ampleur des dégâts et ne peuvent se prononcer sur la survie de leur société. André Diligent, sénateur-maire, se fait informer de la situation par le colonel Bronchart, chef de corps de la communauté urbaine.

André Diligent et le colonel Bronchart ( document Nord Eclair )

Le feu est enfin maîtrisé en début d’après midi. L’entreprise est entièrement détruite ; les métiers à tisser et toutes les machines de production, le stock des matières premières, ainsi que le stock de la collection d’hiver qui devait être livré en Août.

Le bilan est lourd : des dizaines de millions de francs de dégâts, trois pompiers intoxiqués par les fumées et 400 salariés qui vont se retrouver sans emploi.

L’entreprise, plus que centenaire, se portait pourtant très bien. Elle réalisait 160 millions de Frs de CA, dont 46 % à l’exportation. L’entreprise tournait 24h sur 24. C’était le dernier fleuron de l’industrie textile roubaisienne.

document Nord Eclair

L’usine Motte Porisse ne sera pas reconstruite ; elle sera complètement rasée quelques temps après. Pour savoir ce qu’est devenu cet immense terrain, vous pouvez consulter, sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « La diagonale des Paraboles ».

Emplacement de l’usine – photo prise de la tour du théâtre ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

L’entreprise Rossel, du teinturier au pressing

La famille Rossel arrive de Belgique et s’installe rue des Bouchers à Lille, en 1867, pour créer une entreprise artisanale de nettoyage-dégraissage de vêtements.

Henri, un des frères Rossel ouvre un magasin de nettoyage à Roubaix rue Saint Georges (aujourd’hui rue du Général Sarrail) en 1881. C’est un simple dépôt de linge, car les vêtements sont nettoyés à Lille. Le succès est immédiat. Un autre frère, Édouard Rossel, crée un atelier de teinturier dégraisseur « Rossel-Motte » au 118 rue d’Isly en 1882.

L’entreprise propose le nettoyage de tous les vêtements, quelle qu’en soit la matière : coton, laine, soie, velours, fourrure, popeline et même les tissus d’ameublement, tapis et rideaux

Papier en tête Rossel 1898 ( document P. Lambaere )

En 1912, Édouard Rossel cède l’entreprise à sa sœur Marie, mariée à Constantin Petitprez. Marie Petitprez-Rossel reprend l’affaire familiale pour une raison bien précise : assurer l’avenir de deux de ses enfants : Maurice Petitprez son fils et Albert Lambaere son gendre.

Albert Lambaere ( document P. Lambaere )

En 1919, l’entreprise devient la S.A.R.L « Petitprez Lambaere ». Elle est dirigée par Maurice Petitprez et Albert Lambaere. Le nom Rossel est bien évidemment gardé comme marque commerciale, car l’enseigne possède déjà une très forte notoriété.

( document P. Lambaere )
Usine Rossel Motte rue d’Isly ( document P. Lambaere )

Dans les années 1920, l’entreprise se développe de façon très importante, par l’absorption de concurrents comme la teinturerie Maincent à Roubaix, en 1928, et par la création et la reprise de plusieurs magasins dans le Nord.

La direction décide alors de créer un service transport pour la livraison de tous ses points de vente en fourgonnette. L’effectif passe ainsi de 10 salariés en 1919 à 60 salariés en 1939.

L’activité de l’entreprise continue pendant l’occupation allemande : la population roubaisienne est en manque de vêtements neufs, et continue d’entretenir les tenues vestimentaires usagées.

fourgonnette de livraison 1951 ( document P. Lambaere )

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent fortement. Au début des années 1950, on dénombre 21 points de vente et 200 dépôts dans les départements 59 et 62. Plusieurs tonnes de vêtements sont nettoyées chaque jour. L’activité teinture est malheureusement en régression, mais compensée par de nouveaux services : remaillage, glaçage, blanchissage, imperméabilisation, stoppage, vente de détachants etc

André Lambaere ( document P. Lambaere )

La nouvelle génération arrive : les deux frères Jean et Pierre Petitprez et André Lambaere décident de changer le nom commercial de l’entreprise ; Rossel-Motte devient Rossel.

Véhicules 1955 ( documents P. Lambaere et collection privée )
Le point de vente de Roubaix au 18 rue du général Sarrail en 1954 ( collection privée )

Dans les années 1960, 50 magasins et 300 dépôts sont désormais implantés dans le Nord Pas de Calais. 5000 pièces sont nettoyées quotidiennement à l’usine de la rue d’Isly.

la flotte en 1959 ( document P. Lambaere )

En 1962, l’entreprise démarre une campagne de publicité « Express Pressing Rossel » pour son nouveau service de nettoyage, plus rapide et moins cher ( service à domicile ).

Publicité ( document Nord Eclair )

La même année, Rossel expérimente un premier pressing dans un point de vente à Armentiéres, grâce à la miniaturisation du matériel. C’est une révolution dans le domaine du nettoyage. Désormais il est possible de nettoyer les vêtements sur place, dans le magasin. Peu de matériel est nécessaire : une mini chaudière, une presse, un mannequin, un fer à repasser, une planche et bien sûr la machine de nettoyage à sec.

Le fait de créer un Centre de Nettoyage Pressing sur le point de vente permet de réaliser des économies importantes de transport avec l’usine de Roubaix, de réduire les délais, le prix de revient et donc de diminuer le prix de vente. Rossel crée le nettoyage discount avec une nouvelle enseigne « 5 SEC Pressing » marque déposée pour les deux départements de la région, en 1965.

Buvard 5 SEC ( document P. Lambaere )

5 SEC Pressing : CINQ car cinq prix seulement sont proposés à la clientèle et SEC comme nettoyage à sec : 1 Franc pour nettoyer un pull, 2 Francs pour une jupe, 3 pour un pantalon, 4 pour une veste et 5 pour un manteau.

Le succès est immédiat ; le concept se développe rapidement dans de nombreux magasins de l’entreprise après transformation, surtout dans les centres commerciaux, car le consommateur est heureux de pouvoir déposer ses vêtements à l’entrée du magasin et de les récupérer après avoir fait ses courses en 1 heure.

À suivre . . .

Remerciements à Philippe Lambaere ainsi qu’aux archives municipales