Agnès Joye ( suite )

A la fin des années 1960, l’entreprise devient importante, mais reste surtout une affaire familiale. Agnès, Jean, son fils, et Paul, son beau fils, arrivent à établir une très bonne ambiance de travail, dans un climat de respect du personnel. Tous les ans, à fin Juillet, c’est la fête des couturières à la Sainte Anne. Agnès invite l’ensemble du personnel à fêter cet événement dans sa grande maison de Cysoing pour un repas amical.

Photographies d’Agnès dans son magasin et son fils Jean ( documents J. Kahla )

Les moeurs évoluent en 1968, le M.L.F, Mouvement de Libération des Femmes, se crée. Ce groupement féministe autonome revendique la libre disposition du corps des femmes. Ce mouvement est en grande partie à l’origine de la chute vertigineuse des ventes de gaines chez tous les fabricants. Agnès Joye n’est pas épargnée mais, fort heureusement elle <dispose de sa gamme lingerie. Toujours prête à rebondir, elle développe sa gamme de produits « Jeune Fille ».

document publicité Nord Eclair

En 1967, Paul Kahla devient Président du groupement Elégance et Distinction. Elu par les membres, il remplace Jacques Bonnehon de la « Maison du Livre », qui devient vice-président. Paul est réélu président, l’année suivante en 1968

Paul Kahla à droite sur la photo et Jacques Bonnehon à gauche ( document publicité Nord Eclair )

Au début des années 1970, Agnès Joye commence à avoir quelques problèmes de santé, mais continue de gérer son commerce et ce, jusqu’en Juin 1975. Elle décède un mois plus tard, au mois de Juillet de cette même année dans sa maison de Cysoing, à l’âge de 74 ans, après plus de 40 années de commerce de lingerie. Les éloges sont nombreux sur sa compétence et sa ténacité qui lui ont valu l’estime et le respect de tous.

Décès d’Agnès ( document Nord Eclair )

Jean Joye et Paul Kahla continuent l’activité du commerce, toujours dans une ambiance familiale et gardent bien sûr l’enseigne  »Agnès Joye », bien connue des roubaisiens. Dans les années 1970, ils développent une nouvelle gamme de lingerie : les produits Warner fabriqués aux Etats Unis : un éventail de produits légers et de grand maintien, des produits d’excellente qualité à un prix raisonnable. La « Quinzaine Warner » est une période importante pour les affaires, car le magasin propose des promotions dynamiques pendant deux semaines.

Publicités Warner ( documents publicité Nord Eclair )

En 1971, le magasin remporte le premier prix du concours de la plus belle vitrine à l’occasion des fêtes de fin d’année.

La vitrine ( document Nord Eclair )

Jean et Paul souhaitent moderniser l’image de l’enseigne et n’hésitent pas à faire appel à des mannequins célèbres comme Laure Moutoussamy, en 1972, pour la quinzaine Warner ainsi que pour la quinzaine des maillots de bain. Ils organisent également des défilés de mode au Colisée de la rue de l’Epeule.

document publicité Nord Eclair

A la fin des années 1970, la situation économique se dégrade, le niveau d’affaires baisse assez fortement, Paul Kahla décide donc de se retirer de l’entreprise en fin d’année 1974. Jean Joye continue seul l’activité avec l’aide de sa fidèle secrétaire Mme Crohin. Jean prend sa retraite au milieu des années 1980 et ferme définitivement le magasin.

En 1986, deux commerçants reprennent les deux parties du rez de chaussée : Francine Caron propose des chaussures avec son enseigne « Asphalte » et Josy Cau des tissus et de la mercerie sous l’enseigne « Marion ».

document collection privée

Dans les années 1990, 2000 et 2010 de nombreuses enseignes se succèdent dans ces 2 boutiques ; aujourd’hui, Fanny L. institut Bio et MS créations, vêtements de cérémonies

La façade en 2017 et en 2022 ( photos BT )

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

document collection privée

Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

document collection privée

Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

documents collection privée

Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

document collection privée

Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

document collection privée

Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

document collection privée

Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales

Agnès Joye

Agnès Joye naît en Belgique en 1900 et sa sœur cadette, Anaïs en 1903. Toutes deux, très jeunes apprennent le décès de leur père pendant la première guerre mondiale. Elles sont dans un réel besoin mais, passionnées par la couture et ambitieuses, elles décident de créer leur petite entreprise de fabrication de corsets, très en vogue à l’époque dans les années 1920.

Leur compétence dans le domaine de la création et de la production amène le succès très rapidement. Les deux sœurs ouvrent alors un magasin, au 27 rue de la Gare à Roubaix au début des années 1930.

le bâtiment dans les années 1980, entre le Crédit Lyonnais et les tissus Hallynck ( document archives municipales )

Le bâtiment choisi est magnifique et très vaste, sur un terrain de 154 m2, sur 5 niveaux, soit près de 800 m2. Une grand-porte centrale sépare deux magasins latéraux, l’un d’eux occupé par le commerce de confection pour dames de Mlle Varlet, l’autre par Agnès et Anaïs Joye qui aménagent par ailleurs leur atelier de fabrication à l’étage. Anaïs ouvre ensuite un deuxième magasin à Lille, au 42 rue Nationale, juste en face du « Printemps », auquel elle se consacre pleinement.

Ce sont deux femmes de communication et elles créent leur propre marque de corsets : « Scandale », dans les années 1950. Agnès se spécialise également dans le commerce de lingerie, de dessous féminins et maillots de bain.

publicité Scandale 1956 ( document publicité Nord Eclair )
publicité maillots de bains 1956 ( document publicité Nord Eclair )

En 1950, Agnès crée la gamme « Occulta Médical », la première gaine orthopédique moderne. Le succès de ce nouveau produit est tel que cette gaine sera, peu de temps après, remboursée par la Sécurité Sociale. Elle crée ensuite la gamme de produits « Incognito » car la gaine est invisible.

Occulta ( document publicité Nord Eclair )

Agnès habite à Cysoing, son mari Arthur Joye est conducteur de travaux chez Ferret Savinel. Il emmène Agnès chaque matin en voiture au magasin avenue Jean Lebas. Ils ont 4 enfants : Jean, Luc, Marie-Thérèse et Philippe.

Après la seconde guerre mondiale, l’aîné Jean, sous l’impulsion de sa mère, suit des cours de formation de « bandage », ( technique sanitaire de soins corporels et médicaux ), ce qui lui permet, dans les années 1950, de venir aider Agnès à la gestion de l’entreprise qui se développe fortement. Agnès investit alors dans des machines à coudre professionnelles supplémentaires, Singer et Pfaff, pour le 1er étage. Le personnel compétent devient nombreux : deux vendeuses au rez de chaussée dont Jacqueline Taine première vendeuse. A l’étage, Mme Colin la secrétaire et 25 à 30 personnes dont Mme Dewindt cheffe d’atelier. Le magasin d’Arras ouvre, au 52 rue Ronville, en 1958, et c’est l’occasion de communiquer encore davantage dans la presse locale.

publicité des 3 points de vente ( document publicité Nord Eclair )

Agnès Joye communique toujours sur ses propres marques de corsets, Scandale et Incognito, mais également sur une gamme de produits de lingerie féminine de fournisseurs réputés tels que : Lou, Rosy, Valisére, Lejaby et même des marques prestigieuses comme Dior.

document collection privée

Au début des années 1960, Mlle Varlet qui occupait la moitié du rez de chaussée quitte son commerce. Agnès profite de l’occasion pour reprendre son emplacement. Elle dispose maintenant d’un point de vente plus spacieux et peut ainsi élargir sa gamme de produits et développer son affaire. Son fils Jean, excellent vendeur, devient le directeur commercial de la petite entreprise. Agnès Joye exporte ainsi à l’étranger ses productions fabriquées à Roubaix.

Paul Kahla, le mari de Marie Thérèse, la fille d’Agnès, entre dans l’entreprise dans les années 1960. Il est à l’origine de l’adhésion de l’enseigne « Agnès Joye » dans le groupement de commerçants roubaisiens : « Elégance et Distinction » en 1965.

Elégance et Distinction ( document publicité Nord Eclair )

à suivre . . .

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

Les Cascades

Un énorme projet de construction de 372 logements voit le jour en 1971, à la limite du parc de Barbieux, entre les villes de Croix et Roubaix. La SCIC Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts, propriétaire du terrain, lance un appel d’offres pour la construction de 18 immeubles séparés pour un total de 372 logements. Cet immense terrain de 85.000 m2 était composé auparavant de quelques propriétés, bâties et non bâties, du 309 au 337 de la rue Verte, appartenant à des propriétaires privés dont quelques industriels roubaisiens.

Photo aérienne années 1960 ( document IGN )
Document Nord Eclair

L’endroit est très verdoyant et boisé. Les Roubaisiens le connaissent bien puisque l’avenue Le Notre sépare ce terrain du parc de Barbieux. La SCIC choisit les architectes Guy et Jacques Lapchin, pour la construction de l’ensemble. Trois tranches, de 124 logements chacune, sont programmées pour les travaux qui vont s’étaler entre 1972 et 1973. La SCIC avait déjà eu l’occasion de construire les célèbres tours des Aviateurs « Edouard Anseele ».

Document Nord Eclair

En Septembre 1972, la construction de l’ensemble dénommé « Les Cascades » démarre sur l’immense terrain. La première tranche comprend 6 tours carrées pour 124 logements : une tour de 10 étages, une de 6, et quatre de 4 étages. Tous les appartements disposent d’un balcon qui fait le tour complet du bâtiment. Trois parkings souterrains immenses sont construits et les places de stationnement extérieures limitées, pour respecter le cadre exceptionnel du parc de Barbieux.

Document Nord Eclair

Les 124 appartements se répartissent de la façon suivante : 13 studios F1, 13 appartements F2, 13 appartements F3, 37 appartements F4, 42 appartements F5 et 6 appartements F6. Les prix varient de 73.700 Frs pour un studio à 194.300 Frs pour le plus vaste appartement.

l’appartement témoin ( Document Nord Eclair )

Un logement témoin est ouvert pour le public désireux de visiter. C’est un 4 pièces entièrement aménagé et disposé au sol comme un plain pied. La « G.SCIC Promotion Immobilière », avenue Kennedy à Lille est chargée de la commercialisation qui démarre fin 1972, pour une livraison programmée en 1973.

Publicité 1972 ( Document Nord Eclair )

Manifestement, c’est une résidence de très grand standing : hall d’entrée en marbre de Carrare, ascenseur avec desserte directe des garages au sous-sol, adoucisseur d’eau, chauffage central au gaz, interphone individuel, et surtout les 6 immeubles sont cachés dans la verdure à la lisière du magnifique parc roubaisien. L’entrée de la résidence se fait par la rue Verte à Croix.

Publicité 1973 ( Document Nord Eclair )

Deux autres tranches identiques de 6 bâtiments pour 248 logements sont ensuite réalisées, quelques temps après.

Photo aérienne ( Document Google Maps )
Photos aériennes 1960 2020 ( Documents IGN )

Remerciements aux archives municipales

Le Numide

Dans les années 1930, la rue de l’Alouette à Roubaix part de la rue de l’Epeule et se termine rue du Chemin de fer. Elle n’arrive dans la rue de la Gare qu’à partir de 1942 après démolition des bâtiments existants ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : l’alouette s’ouvre à la gare )

vue aérienne 1932 ( document IGN )

Dans les années 1950, côté impair se construit un bâtiment neuf, au N° 75 sur toute la longueur qui démarre donc depuis la rue du chemin de fer jusque l’avenue Jean Lebas.

Cet emplacement a d’ailleurs 3 adresses possibles : le 75 rue de l’alouette, le 123 avenue Jean Lebas et le 36 rue du chemin de fer.

plan cadastral

La surface importante de 193 m2 permet l’implantation, au début des années 1960, du « Soldeur de l’Alouette », un magasin de chaussures à des prix imbattables.

publicité 1964 ( document collection privée )

Un permis de construire pour un projet d’aménagement d’un hôtel restaurant est déposé en 1972 par les propriétaires des lieux, Mrs Abdelkader Djender et Miloud Mebtouche. Le cabinet Delcour de Wasquehal est chargé du dossier pour l’agencement et la décoration. Le restaurant se trouve au rez de chaussée sur la partie gauche, la cuisine et les dépendances se trouvent à droite. Au premier étage, sept chambres sont prévues pour accueillir les clients de passage, car nous sommes à deux pas de la gare SNCF.

la façade ( document archives municipales )
le rez de chaussée et le 1er étage ( documents archives municipales )

Le nom choisi pour cet établissement est : « Le Numide », car la Numidie est un territoire berbère en Algérie. L’inauguration a lieu le 22 Mars 1973. De nombreuses personnalités sont accueillies par les propriétaires du lieu et découvrent ce cadre typique oriental et chaleureux. La salle de restaurant peut accueillir 110 personnes, le décor est subtil et raffiné, les couleurs chaudes des tapis contrastent avec le crépis blanc des murs où se situent de nombreuses petites niches d’inspiration mauresque. Uns cuisine orientale est proposée ( couscous, méchoui préparé sur un barbecue panoramique dans la salle etc ) ainsi qu’une carte complète de vins d’Algérie.

L’entrée de l’hôtel est indépendante du restaurant. Il offre d’emblée, une sensation de confort intime. Les 7 chambres disposent d’une salle de bains complète et fonctionnelle. Un salon permet aux clients de se relaxer en suivant le programme TV.

publicité Nord Eclair 1973
publicité Nord Eclair 1974

Les débuts de l’établissement sont prometteurs et encourageants. L’année suivante, en Janvier 1974, les deux associés projettent d’agrandir l’hôtel en construisant un 2° étage. Le nombre de chambres serait alors doublé en passant de 7 à 14.

Le permis de construire est accordé en 1974, mais en Juin 1975, Miloud Mebtouche décide de reporter les travaux à une date ultérieure, pour raisons de conjoncture économique difficile.

le projet du deuxième étage ( document archives municipales )

En 1981, pour encore mieux accueillir leur clientèle, Abdelkader et Miloud décident de redonner un coup de jeune à leur hôtel restaurant. Le cadre est embelli, une nouvelle carte est réaménagée au restaurant : couscous, méchoui et également désormais, côte à l’os, fruits de mer, vins français et algériens. Occasionnellement le chanteur kabyle Akli Yahiatene et sa troupe vient animer les soirées. En Avril 1983 Mouloud annonce l’ouverture de son club dîner spectacle.

publicité Nord Eclair 1983

Mardi 9 Août 1983 à 9h15, une violente explosion secoue tout le quartier. Les habitants sortent de chez eux et découvrent que le Numide vient littéralement d’exploser. Des fenêtres ont volé en éclats, des briques du mur de façade sont descellées ainsi que des garde-fous.

Nord Eclair Août 1983

Les sapeurs pompiers et les policiers arrivent rapidement sur place ainsi que M Mebtouche qui habite avenue Jean Jaurès. A l’intérieur, c’est la désolation, l’escalier qui mène à l’hôtel s’est écroulé, la porte qui sépare le restaurant pend en lambeaux. Personne ne se trouve à l’intérieur, car l’établissement est fermé pour congés annuels depuis le 1° Août. Aucun passant n’a été touché par des éclats. Un miracleD’après les premiers éléments de l’enquête, une fuite à la chaudière à gaz qui se trouve dans la cave serait à l’origine de l’explosion qui n’a pas provoqué d’incendie. Autre miracle ! La dalle de béton entre la cave et le rez de chaussée a été soulevée. Le bâtiment a été fortement ébranlé sur ses bases. Le Numide est détruit à 75 %.

Photos Nord Eclair

Au printemps 1987, M Mesbahi qui habite Wasquehal reprend le bâtiment et fait effectuer des travaux : remplacement de la porte d’entrée, des vitrines et des menuiseries, sablage et peinture de la façade. Ces travaux importants sont destinés à remettre l’immeuble en état et le diviser en plusieurs parties en vue de le louer.

la façade en travaux en 1988 ( document archives municipales )
la façade en 2008 ( document Google Maps )

Malheureusement en 2023, on ne peut que constater que l’immeuble ainsi restauré et transformé à usage d’habitation 15 ans plus tôt, manque cruellement d’entretien, est tagué sur l’ensemble du rez-de-chaussée où des arbustes poussent autour de la gouttière et semble s’être vidé de ses occupants.

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales

Docteur Marcel Guislain, résistant

Marcel Guislain naît le 14 Juin 1899 à Nomain. Il passe son doctorat en médecine à Lille en 1924 et devient également médecin-légiste et de psychiatrie. Il ouvre son cabinet de médecine générale au 17 place de la Fraternité à Roubaix et ensuite au 101 boulevard Gambetta dans les années 1930. Il est nommé chef de service à l’hôpital de la Fraternité en 1931. Il est élu au conseil municipal de Roubaix en 1935 et devient adjoint au maire en 1938, sous le mandat de Jean Lebas.

Le 5 Septembre 1939, commence réellement son aventure patriotique. Ce jour là, marque pour lui sa mobilisation. Il est affecté comme médecin-chef à Saint Quentin et fait transformer le lycée de la ville en hôpital d’évacuation.

Le 20 Avril 1940 il est muté à Boulogne sur mer et s’y trouve encore quand les allemands attaquent le 10 Mai 1940. Il regagne clandestinement Roubaix en Juillet 1940 et, au mois d’Août, il reprend du service : il appartient au réseau Ali-France. Dès Septembre il rédige des tracts et commence à venir en aide aux soldats alliés qui se cachent, en leur fournissant de faux papiers.

Marcel Guislain ( document collection privée )

Il entre en résistance, en même temps que son ami Désiré Helinck, dans un groupe créé par Robert Delaval. Ce groupe :  » Action Réseau 40  » choisit de refuser aussi bien le national-socialisme que le communisme. Il apporte son soutien à la France libre et à De Gaulle. Marcel Guislain y participe activement en l’approvisionnant en matériel. Un journal clandestin mensuel est publié :  »La Voix de la Nation ».

document Nord Eclair

Instantané de mémoire de Marcel Guislain : En Septembre 1940, il fallait réveiller le sens patriotique des Français, écrasés, avachis, refusant même de s’intéresser à la résistance. Le premier tract de résistance a été imprimé en 1000 exemplaires par M. Delplace rue Léon Marlot. Le titre : « Français, relevez la tête ! ». A cette époque, il était hors de question de trouver des porteurs, tout le monde était terrorisé. Alors, nous l’avons distribué nous-même en pleine nuit. Mon infirmière, Mariette, et moi sommes partis vers 20h en voiture avec ma 202, ( j’avais un « ausweis » comme médecin ! ) pour parcourir tous les faubourgs de Roubaix, Wattrelos et Hem, en laissant tomber un tract tous les 10 mètres. Fort heureusement, nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre, et c’est en rentrant tôt le matin, que nous avons réalisé les énormes risques que nous avions courus. Fait cocasse, comme je faisais partie du conseil municipal, le lendemain, le commissaire central apportait le tract, en déclarant qu’il était tombé d’un avion anglais ! Inutile de vous dire le remue-ménage à la kommandantur !

Dès le mois de Juin 1941, la Gestapo commence à s’intéresser à lui. Les perquisitions à son domicile ne donnent rien. Le 19 Août de cette même année, il devient maire de Roubaix à la mort de Fleuris Van Herpe qui a succédé à Jean Lebas. Cependant, il doit abandonner son mandat car il refuse de prêter serment à Vichy. Dès lors, il intensifie ses activités clandestines.

Mais le 3 Mai 1942, Marcel Guislain qui anime une réunion chez lui, boulevard Gambetta, est arrêté avec seize membres du réseau « Action 40 ». Pendant trois mois, le médecin est mis au secret et subit les sévices des tortionnaires nazis. Il se retrouve dans différents camps de concentration dont celui de Buchenwald. Fort heureusement, son procès qui aurait du se terminer devant le peloton d’exécution est reporté car les documents accusateurs ont été détruits, lors d’un bombardement allié. Le cauchemar se termine en 1945 à la libération. Marcel Guislain est physiquement diminué : il ne pèse plus que 40 kilos à son retour.

Après quelques mois de repos, Marcel Guislain fonde la Fédération des internés déportés résistants et politiques de France dont il devient vice-président, puis président en 1947. Il est aussi le président-fondateur de l’Union nationale des victimes de guerre (1955) ainsi que président-fondateur de la Confédération nationale des déportés, internés et ayants droits de la Résistance.

Marcel Guislain développe considérablement son action politique après la Libération. Élu, en 1945, adjoint au maire de Roubaix sous le mandat de Victor Provo, il est encore conseiller général de 1945 à 1951, puis de nouveau en 1957 à Roubaix-Ouest jusqu’en 1970.

Marcel Guislain est membre de la commission administrative fédérale de la SFIO du Nord en 1946-1947et participe à de nombreux congrès socialistes, régionaux, nationaux et internationaux. Il est élu député en 1951 et siège ensuite au Sénat.

document Nord Eclair 1956

En Avril 1956 , Marcel Guislain reçoit le grade de commandeur de la Légion d’Honneur. Il devient membre du conseil de la communauté urbaine de Lille à partir de décembre 1967.

document collection privée 1966

Marcel Guislain cesse toute action politique en 1977 et abandonne son siège au conseil municipal de Roubaix en raison de son opposition à l’alliance électorale avec le Parti communiste.

Victor Provo et Marcel Guislain ( document collection privée 1974 )

Marcel Guislain décède le 10 Juillet 1986. Il était père de famille de 4 enfants, et grand-père de nombreux petits enfants.

Ami intime de Victor Provo, dont il partageait le civisme et l’esprit de tolérance, Marcel Guislain est à l’origine de nombreuses réalisations sociales qui ont marqué l’histoire de la ville. Tous les roubaisiens gardent un excellent souvenir de sa personnalité.

documents Faire part de décès 1986 et Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Nouvelle église Ste Bernadette

L’ancienne église Ste Bernadette, avenue Alfred Motte à Roubaix, construite en 1935, est démolie en 1990. Le projet est d’installer à la place, l’entreprise Camaïeu. ( Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Démolition de Ste Bernadette » )

l’ancienne église ( document archives municipales )

Le 1° Juillet 1990, l’évêché s ‘explique dans les colonnes de Nord Eclair, sur les raisons de sa décision :

« Le manque de paroissiens, l’église trop grande, les normes de sécurité non conformes, etc ont toujours posé d’énormes problèmes à la paroisse. Aucune des solutions présentées n’est satisfaisante. Nous avons donc accepté la proposition de la municipalité d’abandonner l’église et les terrains environnants. Une implantation industrielle verra le jour d’ici quelques temps, qui permettra, à terme, la création de 300 emplois. Les chrétiens ont droit à leur lieu de culte et un projet verra le jour bientôt.

document archives municipales

La démolition d’une église est toujours un déchirement, car voir ainsi, l’édifice éventré est émouvant pour les anciens paroissiens mais également pour tous les roubaisiens qui s’interrogent alors ! Où va-t-on reconstruire cette nouvelle église promise par l’évêché ? Un seul terrain peut se libérer à proximité, c’est celui près de la salle des fêtes de l’école Jules Guesde, caché par un mur de briques rouges, au coin de l’avenue Alfred Motte et de la rue Jean Macé, d’une superficie de 1080 m2.

plan cadastral

L’accord est rapidement trouvé entre le diocèse, la mairie et l’entreprise Camaïeu au niveau du financement ( resté confidentiel ) de l’église. Le permis de construire est accordé, les travaux peuvent alors commencer.

document Nord Eclair

La cérémonie de la pose de la première pierre de l’église, se déroule le Dimanche 15 Septembre 1991 en présence du père Jean Deledicque, des abbés Gand et Declerck, de Claude Traullé secrétaire général de l’évêché, d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et d’une foule immense.

pose de la première pierre ( documents archives municipales et Nord Eclair )
le début des travaux ( document archives municipales )

Les travaux commencent fin septembre 1991. L’église est de forme cylindrique, de couleur jaune, car les briques viennent de Belgique. Deux clochers sont présents et accolés sur l’avenue Motte ; un de 18 m avec la cloche ( électrique ) et un de 15 m avec la Croix.

document archives municipales

La surface construite est de 600 m2. Une placette sépare l’église, les deux salles de réunion et le presbytère. Le jardin du curé quant à lui, mesure 200 m2. L’église est un peu en retrait par rapport à l’avenue ce qui permet la création d’un parvis. La sacristie est accessible par l’église.

C’est le cabinet d’architectes croisiens de Mrs Bonte et Escudie qui remporte le concours pour ce projet de construction de l’édifice, grâce au respect des contraintes et à « l’arbre de vie » à 12 branches, lesquelles constituent la charpente.

L’arbre de vie ( document observatoire CAUE )

250 personnes disposent de places assises et peuvent assister aux messes ainsi que 100 personnes en mezzanine. Le carrelage est constitué de dalles bleues de Soignies et le système de chauffage se fait par le sol.

50 ouvriers de toutes professions travaillent sur le chantier qui avance rapidement ; les progrès se mesurent semaine après semaine. C’est une petite église contrairement à celles que l’on bâtissait aux siècles précédents, simplement parce qu’il y a une baisse de fréquentation des paroissiens. C’est une église résolument moderne : fini l’art tarabiscoté, les tableaux lourds de couleurs, le velours et les ors. Voici maintenant l’art moderne, clair, fonctionnel et sobre.

Intérieur de l’église ( document observatoire CAUE )

Les travaux se terminent en fin d’année 1992, un an après le début de la construction.

Deux journées « Portes Ouvertes » sont organisées pour faire visiter la nouvelle église aux habitants du quartier. L’Abbé Bernard Declercq est fier de sa paroisse. Il aime les petites églises modernes plus familières. Il est heureux de pouvoir recommencer à célébrer dans son quartier, les cérémonies de la vie, et accueillir sur son parvis, baptêmes, mariages et enterrements.

document observatoire CAUE

L’église vient de fêter dernièrement, ses 30 années d’existence, au cours desquelles différents curés se sont succédés : Bernard Declercq, René Lharminez, Dominique Pham, Jean-Marie Bonniez, Gérard Vandevyver et Amédée Adje.

Remerciements aux archives municipales et à l’observatoire CAUE

ENSAIT ( suite )

A partir de 1963, une partie des collections des œuvres d’art du musée est exposée dans les locaux de l’Hôtel de ville au musée Weerts jusqu’en 1980. Fort heureusement, le Musée d’Art et d’Industrie André Diligent « La Piscine », lors de son ouverture en 2001, regroupera alors toutes les œuvres d’art superbement restaurées.

La bibliothèque de l’ENSAIT cesse de fonctionner en tant que telle en 1975, date à laquelle elle est affectée par un incendie. Elle sera ensuite intégralement dédiée à l’accompagnement des élèves de l’ENSAIT.

En 1976, pour fêter le centenaire de la décision de créer l’ENSAIT, la direction décide d’organiser une journée portes ouvertes, car c’est toujours une chose surprenante et passionnante de voir fonctionner une école technique de l’intérieur. Cette manifestation est pour le profane, une sorte de salon du matériel de l’industrie textile. Parmi les nouveautés acquises par l’école, il faut mentionner le « space dyeing » qui permet de teindre un fil continu en plusieurs couleurs successives.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

Les 400 étudiants de l’ENSAIT se mettent en grève en 1978. Leur mécontentement est fondé, car ils craignent de voir leur établissement partir au Lycée Maxence Van Der Meersch et même à Villeneuve d’Ascq ou à l’ITR rue du collège.

Document Nord Eclair

La municipalité se bat pour que l’ENSAIT reste place Chevreul, et en 1979, libérée de ce souci, l’école peut alors envisager des transformations nécessaires et une réorganisation des bâtiments. Les travaux vont bon train, et le 20 Juin 1980, c’est l’inauguration par Mr le préfet. L’ENSAIT fait peau neuve !

Au rez de chaussée, 600 m2 ont été rénovés pour recevoir les machines textiles de bonneterie qui se trouvaient rue du Pays. Au premier étage, est aménagé un laboratoire de physique-chimie et un laboratoire de métrologie textile. La vieille chaudière a été retapée. La scolarité des étudiants a été transformée : ils terminent leurs études au bout de 3 ans au lieu de 4. Un cours de confection a été créé. L’ENSAIT semble ainsi avoir misé sur une nouvelle conception de son enseignement : Formation des ingénieurs à la tête bien faite, pour surmonter les obstacles provoqués par la crise du textile.

Document Nord Eclair

En 1987, André Diligent visite une exposition sur la formation textile « Ayez la fibre textile » Dans la cour d’honneur, se retrouvent tous les représentants des structures économiques et sociales roubaisiennes, ayant trait au textile et à la formation professionnelle.

André Diligent en visite ( Document Nord Eclair )

La même année, Michel Delebarre vice président du Conseil Général, annonce la création d’un Lycée Textile et des Arts Appliqués, à proximité immédiate de l’ENSAIT qui pourra accueillir 900 élèves et deviendra l’ESAAT. Les travaux devraient démarrer en 1988.

Document Nord Eclair

En 1989, l’ENSAIT devient la plus grande et la plus cotée des écoles d’ingénieurs textiles. Cette année, 1572 candidats de toute la France, se sont proposés au concours d’entrée pour une promotion de 60 places !

« A l’heure où on licencie à tour de bras dans le textile et la laine à tricoter, l’école regorge de candidats », nous annonce le nouveau directeur, Christian Vasseur. « Et pourtant l’école a besoin d’un sacré coup de dépoussiérage. Il y a un travail fabuleux à entreprendre : redonner une image de marque à l’établissement, changer les mentalités, et surtout montrer que nous sommes capables d’accompagner les mutations techniques ».

Christian Vasseur ( Document Nord Eclair )

L’ENSAIT procède à son lifting. Une convention est signée avec l’Etat en 1990, laquelle permet d’améliorer la coordination avec l’école voisine l’ESAAT et de dresser des projets communs cohérents, et en particulier, la mise en commun des ateliers construits dans les locaux de l’ESAAT dont les nouveaux bâtiments sont en train de sortir de terre. Les ateliers et laboratoires de l’ENSAIT seront également mis en commun Tout ceci afin de constituer un véritable Centre de Ressources Textiles.

Document Nord Eclair

En 1992, le laboratoire de recherche textile : Gemtex est créé. En 2000, la formation d’ingénieurs par apprentissage voit le jour, en plus de la formation initiale traditionnelle,

Document ENSAIT

En 2016, Eric Devaux le directeur de l’Ensait souhaite transformer l’accueil de l’établissement à savoir ; création d’une salle d’attente pour les visiteurs, agrandissement de l’accueil sur l’arrière, rénovation du SAS d’entrée avec motorisation de la porte en bois

documents archives municipales

L’ENSAIT a derrière elle une histoire riche et vivante, et, depuis sa création en 1889, l’Ecole est devenue une figure de proue du patrimoine textile. L’ENSAIT est avant tout une école qui a toujours eu pour souci d’adapter sa formation à la demande du marché. Le textile est plus que jamais vivant, en constante mutation, il apparaît dans des domaines d’activités novateurs.

L’ENSAIT est une école ouverte sur le monde, en évolution constante, elle forme des ingénieurs dynamiques et polyvalents, au fait des techniques les plus innovantes, connaissant les secteurs de pointe, capables de conseiller au mieux les acteurs de l’industrie textile. Cette adaptation aux évolutions de celle-ci se retrouve au travers des différents pôles de l’école.

En 2023, L’ENSAIT c’est le plus grand centre de formation d’ingénieurs textiles d’Europe.²²

Document ENSAIT
Document Google Maps

Remerciements aux archives municipales.

Daniel Duponcelle « diminutif »

Daniel Duponcelle naît en 1945 à Roubaix. Il vit avec sa mère Raymonde Riquier, gérante du café de l’Etoile, au 19 sur la Grand Place. Il apprend le métier de coiffeur à l’école de coiffure au Foyer d’Education Ouvrière au coin de la rue Nabuchodonosor et de la rue Jules Guesde, obtient avec succès ses diplômes de CAP et BP et termine sa formation en tant qu’apprenti dans différents salons de la métropole. Puis, il trouve un poste de coiffeur au salon René, de René Oechsel, au 4 rue Edouard Anseele, juste à côté du café de la Ligue des Sports. Daniel y remplace Jean Liviau qui quitte son employeur pour devenir un grand coiffeur roubaisien.

Daniel travaille ensuite au salon Art et Coiffure rue Saint Nicolas à Lille en 1968, où il a l’occasion de coiffer Jacques Brel de passage à l’opéra lors de sa tournée « L’Homme de la Mancha », mais oh ! surprise : Jacques Brel doit quitter le salon, les cheveux mouillés, suite à une panne générale d’électricité dans tout le quartier !

Daniel est un coiffeur compétent, doué et ambitieux. Il souhaite s’installer à son compte. L’occasion se présente, en fin d’année 1968, quand le salon de coiffure hommes de Jacques Honoré, au 132 rue du Collège, se libère. Le  »salon Jacques » devient alors le  »salon Daniel ».

le salon Daniel au 132 rue du Collège ( document D. Duponcelle )
publicité 1975 ( document Nord Eclair )

Daniel Duponcelle entretient d’excellentes relations avec ses confrères et n’hésite pas à changer son enseigne, lorsque son ami Daniel Hourez ouvre son salon, au 129 de la Grand rue. Il rebaptise alors son salon :  »diminutif ».

Daniel est membre du Club Artistique. Coiffeur pour hommes, il propose des minivagues et colorations en cabine pour suivre la tendance de la mode et commence à communiquer sur sa nouvelle enseigne par des encarts publicitaires dans la presse locale.

En 1979, pour satisfaire la demande, il complète son activité en démarrant la coiffure dames. Le succès est immédiat. La même année, Daniel entre au Cercle des Arts et Techniques à Lille, qui regroupe des artisans coiffeurs pour la formation, le perfectionnement et la préparation aux concours.

coiffure H F ( document collection privée )

En 1982 Daniel Duponcelle souhaite changer d’emplacement pour son salon de coiffure. Il trouve un local au 16 bis boulevard de Paris. C’était auparavant le commerce d’antiquités de J. Leschevin. Daniel transforme lui-même avec quelques membres de la famille, ce local en salon de coiffure. L’enseigne ne change pas : « diminutif » pour Hommes et Femmes. Vu les difficultés de stationnement, Daniel trouve un accord avec son voisin le photographe Shettle pour réserver quelques places sur son parking privé, au N° 14 du boulevard.

Le 16 bis Boulevard de Paris ( document D. Duponcelle )
Publicité 1985 ( document Nord Eclair )

Deux ans plus tard, en 1984, un commerce voisin, situé au 10 boulevard de Paris, se libère. Daniel craignant l’arrivée d’un concurrent, décide donc de créer un deuxième salon de coiffure à l’enseigne « Objectif Coiffure » Ce commerce sera ensuite repris, peu de temps après, par son épouse Marie-Hélène Duponcelle qui transformera le commerce en boutique de Prêt à Porter avec l’enseigne « Helen ‘ Boutique ».

Le salon de coiffure au 10 du boulevard de Paris en 1985, puis ensuite le magasin de prêt à porter Helen ‘ Boutique ( documents D. Duponcelle )

Daniel Duponcelle participe à de nombreux concours artistiques de coiffure. Il remporte, en 1987, le Trophée des Provinces de Cannes, organisé par le Cercle des Arts et Techniques, en réalisant en 10 minutes une coiffure ayant pour thème, le golf.

Daniel prépare ses concours surtout pour le prestige et la notoriété mais également pour son plaisir personnel. En Novembre de cette même année, il participe au concours du Palais des Congrès à Lille.

le concours artistique de Calais ( document D. Duponcelle )

Trois salariées sont employées dans le salon : Nathalie, Valérie et Marie-Noël. Très régulièrement, des apprentis ( ties ) viennent prêter main forte.

Daniel est artiste et psychologue. Très à l’écoute de sa clientèle, il sait créer un climat de confiance entre ses clientes de tous âges et lui-même. L’accueil du salon « diminutif » est convivial et sympathique. Un petit coin salon accueille les clients(tes) et 6 postes sont installés dont 2 pour la coupe des cheveux Hommes.

Daniel, artiste-coiffeur 1987 ( document Nord Eclair )
Les deux coiffeuses Valérie et Marie-Noêl aux petits soins d’une cliente en 1987 ( document Nord Eclair )
L’intérieur du salon de coiffure avec de magnifiques poutres verticales en chêne ( document D. Duponcelle )

En 1989, Daniel est élu président de la Confédération Nationale des Coiffeurs pour le 59 62. C’est un organisme professionnel pour la défense des artisans coiffeurs. Daniel développe alors la branche « Conseil Nord Coiffure » qui défend juridiquement, fiscalement et administrativement les adhérents. Il organise des stages de perfectionnement et de recyclage pour les coiffeurs, et les prépare pour les concours régionaux et nationaux.

Daniel Duponcelle président de la confédération des coiffeurs ( document Nord Eclair )
le salon du 16 bis dans les années 1990 ( document D. Duponcelle )

Daniel ouvre ensuite, dans la rue de Lille à Tourcoing, un salon de barbier-coiffeur en 1990. Puis, dans les années 2000, il est membre de l’association « Roubaix Côté Commerces » dont il devient le président peu de temps après.

Daniel Duponcelle ( document D. Duponcelle )
la façade au début des années 2000 ( document D. Duponcelle )

Daniel cesse son activité en 2007 à l’âge de 62 ans. Son personnel (Karine, Laetitia et un apprenti) est repris par un de ses amis coiffeur : Christophe Fay qui gère le salon « Fay Tao » installé 26 avenue Gustave Delory. Daniel cède son commerce. Son salon de coiffure du 16 bis boulevard De Gaulle devient un centre Audika qui propose des appareils de correction auditive, toujours en activité de nos jours.

le magasin Audika de nos jours ( Photo BT )

Remerciements à Daniel Duponcelle.

Sion frères

Au début du XX ème siècle, le siège social de l’entreprise Sion frères se situe au 113 avenue Jean Lebas à Roubaix. Une cinquantaine de personnes exclusivement féminines y sont employées .

Le 113 avenue Jean Lebas dans les années 1920 ( document D. Labbé bnr )
lettre 1925 ( document collection privée )

L’usine de production se trouve à Halluin au 16 rue Pasteur. L’entreprise a été crée par M. Sion, à Tourcoing, en 1867 et elle est dirigée par Paul et Jules Sion. Ce tissage fabrique de la doublure, des lainages et de la draperie simple. La vente se fait exclusivement aux grossistes.

Bobineuses à l’usine d’Halluin ( document ARPH )
Pub Sion frères ( document collection privée )

En 1935, la production à Halluin atteint son plus haut niveau avec l’emploi de 1.125 personnes. Les fabrications sont variées : draperies de laine, tissus de robe, de manteau, des doublures. Dans un grand atelier appelé « Le Maroc »,  on tisse uniquement les doublures en rayonne.

En 1947, les établissements Sion frères demandent un permis de construire à Roubaix pour un bâtiment sur trois niveaux au 113 avenue Jean Lebas, sur un terrain de 556 m2 au sol, appartenant aux hospices civils. La totalité des bureaux sur les 3 étages représentent alors plus de 1500 m2 avec une porte d’accès dans la rue arrière, la rue du chemin de fer. Le dossier est confié à l’architecte Marcel Forest à Tourcoing.

documents archives municipales
La façade en 1972 ( document archives municipales )

Peu à peu des changements dans les fabrications et la modernisation réduisent le personnel. Beaucoup de salariés quittent l’entreprise. Ceux qui partent en retraite ne sont plus remplacés. En 1960, on compte plus de 50 médaillés qui ont 30, 40 ans et plus, d’années de présence.

En 1967, l’usine Sion fête son centenaire, mais la crise du textile dans les années 1960 1970 détériore davantage la situation et l’activité s’arrête en 1979.

En Mars 1981 les services administratifs de l’hôpital de Roubaix trop à l’étroit à la Fraternité, s’installent dans les locaux du 113 avenue Jean Lebas qui leur appartiennent du moins, en partie. La direction générale, les services financiers et économiques, les services du personnel sont alors répartis dans ces locaux, ce qui représente 80 à 100 personnes.

document Nord Eclair

A la fin des années 1990, un promoteur immobilier, François Lefebvre, réalise le centre d’affaires Jean Lebas qui regroupe une vingtaine de sociétés et environ une centaine de salariés.

document Nord Eclair

document Nord Eclair

De fait, le centre d’affaires Jean Lebas apparaît comme une véritable locomotive dans le quartier de la gare de Roubaix. Ici et ailleurs, des initiatives privées ont d’ailleurs pris la même voie depuis.

Remerciements aux archives municipales et à l’ARP d’Halluin