Dans l’immédiat après seconde guerre mondiale, la rue de l’épeule présente encore un bel alignement de façades à partir du carrefour avec la rue du grand chemin. Un demi-siècle plus tard, une brèche s’est ouverte dans l’alignement exact de la place de l’abreuvoir, dans laquelle s’est installée une piscine et la nouvelle entrée du Colisée devenu dans l’intervalle le Colisée théâtre, salle de spectacle des Ballets du Nord. Comment en est-on arrivé là ?
Le « trou » correspond à l’emplacement des n°21 à 41. En 1953, le Ravet Anceau annonce pour la rue de l’épeule à cet endroit : un n°21 inoccupé, aux n°23-25 avec l’enseigne, à l’abreuvoir, les confections Vandenberghe, aux n°27-29 le centre professionnel d’apprentissage du syndicat patronal du textile, au n°31 le magasin d’électricité Liévens, au n°33 le magasin de modes de Mme Biancatto, au n°35 la chapelle Notre Dame de Bon Secours et la librairie Baudet, au n°35bis un fabricant de résine synthétique, au n°37 la confiserie de Mme veuve Blain, au n°37bis la société Clermont Libbrecht, fabricants de machines à teindre, au n°39 les établissements Libbrecht et fils fabricants de machines textiles. Et au n°41, ne l’oublions pas, le Colisée, dont l’entrée et la façade sont encore dans l’alignement de la rue de l’épeule, et dont la modernisation a été effectuée en 1951. Avant de disparaître, ce bout de rue va vivre son propre développement. Au début des années soixante, le changement est enclenché. De nouvelles enseignes sont apparues, ainsi au n°25 Mme Eloy et son magasin de jouets « Au bonheur de l’enfance », au n°33 la maison Saelens et cie, beurre et œufs, et au 35bis Francybas bonneterie.
Mais les principaux changements concernent au n°27-29 la création du garage de Pierre Demulier bientôt dit Garage automobile du Colisée, et le regroupement de la maison Libbrecht aux n°37-39. Le centre d’apprentissage textile part s’installer boulevard de Metz et revend ses locaux à M. Demulier, alors garagiste rue de Denain. La vente est liée à l’autorisation de l’installation des pompes à essence pour la station service. Le projet est en route depuis 1957. Moyennant une une mise en retrait des pompes par rapport à l’alignement de la rue, le Garage du Colisée peut démarrer ses activités. Il devient concessionnaire Opel en 1963. Le 29 août 1966 le garage s’étend, Pierre Demulier obtient les occupations des arrières des n°21, 27, 29 et 31. La station service Antar a obtenu l’avis favorable en juin 1966. Le 17 septembre 1969, un hall d’exposition est construit pour le garage du Colisée.
De leur côté, dès 1953 Les Ets Libbrecht procèdent à des aménagements, murs intérieurs à construire, murs extérieurs à supprimer. Ils sont en plein développement, ils achètent de nouvelles machines, et demande une autorisation pour l’agrandissement d’une porte cochère au n°39. Les années soixante voient donc ce petit morceau de rue poursuivre ses activités. Le salon de coiffure pour dames Nadège est installé au n°21, la maison Saelens déjà reconnue pour ses produits de volailles se lance dans la poissonnerie.
Le Garage du Colisée occupe désormais l’arrière des N°27, 29, 31. Une supérette est présente au n°33 depuis peu : le 2 octobre 1972, la SA Roussel souhaite transformer le local du n°33, en supérette alimentaire. Signe tangible de la prospérité, les poses de nouvelles enseignes pendant les années soixante dix. En octobre 1977, les Ets Lemaire en demandent une pour les n°27-29. Ces poses d’enseigne se poursuivront jusque dans les années quatre-vingt avec une enseigne Motul électrique en avril 1980, demandée par la société DG Moto, ou en novembre 1987, avec deux enseignes pour Christian Descamps (salon Christian).
Puis viendront les années de démolition et de reconstruction. On démolit de fin décembre 1982 à janvier 1983. Dès avril 1983, s’ouvre un chantier sur le terrain sis à Rx du n°33, 35, 35bis, 37, 37bis pour faire le parvis du centre chorégraphique national de Roubaix. C’est la ville qui agit. Puis en janvier 1989, il est procédé à la démolition des locaux commerciaux du n°27 au 31. Mais le trou n’est pas totalement achevé, il faudra attendre dix ans pour qu’il soit décidé de le démolition d’un immeuble dangereux récemment incendié au n°21 en décembre 2007. Sur les photos du chantier on peut encore apercevoir le n°25, qui disparaîtra le 31 juillet 2008.
Aujourd’hui, le « trou » de l’épeule s’est aligné avec la place de l’abreuvoir. Un parking automobile sépare les accès à la piscine inaugurée en novembre 1990, de l’entrée de la salle de spectacle du Colisée, qui a donc fait un quart de tour sur sa droite, depuis les années 1998 à 2000.
Un grand merci pour ces magnifiques souvenirs.J’ai connu le Colisée pour y avoir travaillé le Week-End en tant que coursier c’est à dire que j’allais porté
la bobine avec les actualités au départ du Colisée pour le Fresnoy et ensuite le
Capreau à Wasquehal et cela trois fois dans l’après-midi du Dimanche deux fois le Samedi et une fois le Lundi.Je venais d’avoir 14 ans et j’ai du demander une dérogation à l’Office du travail rue Pasteur car la semaine je travaillé dans une imprimerie rue du Maréchal Foch.Pour en revenir à la rue de l’Epeule à coté du Colisée se tenait le magasin de disques Jean Prez en face le PMU chez Xavier un peu plus loin les entrepôts Khun.Il y avais aussi la pâtisserie chez Morel.Mon Dieu que de souvenirs
une pensée émue pour le salon nadège où j’ai tant de fois été me faire coiffer. Nadège a également coiffé ma fille aînée pour son mariage que de souvenirs. Brave rue de l’Epeule que j’ai tant aimée
Merci à tous les deux pour ce dialogue de mémoire
Hou là, là ! C’est tout un pan de vie de mon enfance et de ma jeunesse que me rappelle cet article ! En 1957 mes parents créent le garage du Colisée juste en face de la place de l’Abreuvoir. Nous habitons dans l’appartement au-dessus de la station-service, jusqu’en 1964. Ensuite se poursuivent les travaux d’agrandissement en façade qui provoque la démolition de l’appartement et l’agrandissement des locaux également derrière, atelier, bureaux. L’aventure continue jusqu’en 1977 où mon père vendra. Le garage sera remplacé par une supérette et je vois que plus rien n’existe à cet emplacement, c’est un parking que l’on voit sur la dernière photo. J’ai quitté le nord en 1980 et n’ai pas connu tous ces changements.
Merci pour cet article. Mon père est décédé, mais ma maman qui a 93 ans demain sera très heureuse de le lire et de voir la première photo de la rue de l’Epeule.
Bien cordialement,
Christine Demulier
Merci à vous pour toutes ces précisions. N’hésitez pas à commenter si d’autres souvenirs vous reviennent.