Château d’Hem (suite)

Après guerre, le château est réquisitionné pour servir de logement à des familles sinistrées et ce jusqu’en 1953. En 1945, il est racheté par un industriel lainier de Tourcoing, Mr Bossuyt, mais en 1953, l’entretien du bâtiment s’avérant trop difficile à assurer, le nouveau propriétaire décide sa destruction. Seule la chapelle reste debout pendant vingt ans encore au milieu de la plaine.

La chapelle avant sa destruction en 1974 (Document Historihem)
Vue de Forest en 1950 avec en arrière plan sur Hem la ferme et ses pâtures et agrandissement de la ferme et du château avec la chapelle au début des années 1950 (Documents Historihem)

La ferme quant à elle est reprise par Gabriel Boddaert, le fils de Maurice, en 1962 et l’année suivante il supprime les chevaux de labour et mécanise les cultures. Le corps d’habitation situé derrière la ferme conserve encore quelques traces du château construit après 1920 et quelques piliers d’entrée de l’ancien jardin du château restent debout ainsi que la chapelle.

Vestiges du château intégrés à la ferme (Documents Historihem)

Puis en 1974, le petit-fils Bossuyt vend une partie de sa propriété à Mr Cornu qui en fait un Centre Equestre puis un Centre de Loisirs. Les petites écuries sont installées sur 7 ha possèdent 2 manèges olympiques et un parcours de cross. Elles assurent des leçons pour tous niveaux, l’hébergement et la vente de chevaux.

En 1976, c’est une grosse frayeur pour les propriétaires et leurs chevaux, quand un incendie se déclenche suite à une cigarette négligemment jetée sur un tas de paille qui embrase la toiture des écuries, alors qu’une trentaine de chevaux se repose dans les box. Fort heureusement tous sont rapidement évacués vers les manèges et les sapeurs pompiers de Roubaix parviennent à circonscrire l’incendie à un coin des écuries.

Publicité pour les petites écuries et incendie de 1976 (Documents Nord-Eclair)

Quant à Gabriel Boddaert, le fermier, il démolit ce qu’il reste de l’ancienne chapelle d’un diamètre de 9 à 10 mètres. Cinq ans plus tard il exploite les 32 ha de terres et la ferme dont sa famille est l’occupante depuis 45 ans. Enfin son fils Pierre Yves reprend l’exploitation en 1999 tandis que sa sœur habite dans les dépendances de l’ancien château.

La ferme et ses dépendances dans les années 2000 (Document Historihem)

Dans les années 1980, le Château d’Hem de Jean-Claude Cornu devient synonyme de sports et les publicités et articles se succèdent dans la presse locale pour vanter la «vie de château pour sportifs»: tennis, piscine, sauna, bains bouillonnants, mais aussi aérobic, gymnastique traditionnelle, stretching, modern’jazz, côtoient une brasserie avec pianiste où se restaurer et se détendre après l’effort.

C’est le tennis qui, en premier lieu, ouvre les portes de ses 7 courts dont 4 couverts en septembre 1981, avec une école de tennis. Les 2 surfaces de jeu sont en shiste et en synthétique et s’y ajoutent un club-house rustique et des vestiaires et 3 enseignants sont mis à disposition des adhérents. Puis viennent s’ajouter au complexe sportif une salle de musculation et enfin un practice de golf et une école de golf avec Nicolas Fourrier joueur diplômé d’état.

Jean-Claude Cornu et son équipe au centre de loisirs et publicité (Documents Nord-Eclair)
Tennis (Documents Nord-Eclair)
Salle de musculation puis practice et école de golf (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1980, le centre de loisirs a acquis une belle renommée et les publicités se font plus nombreuses dans la presse locale pour ce complexe niché dans un cadre verdoyant et bénéficiant d’un contexte historique prestigieux. En 2000 la carte Libersport tente de convaincre les amateurs de sport de rejoindre le centre.

Publicité de 1987 et carte Libersport en 2000 (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 2003, le club de fitness exploité par Delphine Cornu et son époux, propriétaires des murs du Château d’Hem, racheté par son concurrent Ocea, déménage à Villeneuve d’Ascq, rue de la Cimaise, au grand dam de ses utilisateurs. Pour les activités de spa et d’équitation rien ne change. En parallèle, le site hémois, déjà doté de 2 salles de réception, est reconverti pour en accueillir 2 supplémentaires.

Déménagement du club de fitness à Villeneuve d’Ascq (Document Voix du Nord)

Le centre équestre et ses écuries sont toujours là dans leur écrin de verdure de 4 ha avec avec un centre de dressage ouvert à tous les cavaliers et le Horse Jump 59 dédié aux sauts d’obstacles qui s’adresse tant aux professionnels qu’aux particuliers. Quant aux petites écuries du Château d’Hem elles font gîte pour chevaux.

Le centre équestre du château d’Hem (Document site web et facebook)

Le château propose également, aux professionnels comme aux particuliers, la location de 4 grandes salles de réception chacune avec jardin, entrée indépendante, allée d’accès et parking privé pour l’organisation de grands événements : mariages, anniversaires, séminaires, soirées à thèmes…

Les salles de réception (Documents ABC salles)

O’Green propose quant à lui une initiation au golf, des démonstrations de ce sport ainsi que des cours individuels ou collectifs. La terrasse du Green, restaurant traditionnel local, propose chaque semaine une nouvelle carte originale : une cuisine gourmande et riche de saveurs locales et traditionnelles.

Le restaurant la terrasse du Green (Document site web)

Enfin depuis 2018, l’hôtel Kyriad a remplacé l’ ancien hôtel Campanile. Le domaine du Château d’Hem propose donc également des solutions de logement qui complètent les offres du complexe sportif et celles de locations de salle. Le cadre est accueillant et le changement d’enseigne a été l’occasion de travaux pour améliorer le confort des chambres.

L’hôtel Kyriad (Documents site web)

Là où à la fin des années 1950, après la démolition du dernier château d’Hem, sur les terres de l’ancien marquisat, ne subsistait plus qu’une ferme entourée de champs s’est donc développé, dans un écrin de verdure un complexe de loisirs qui fait la part belle à la nature et qui cohabite avec la ferme toujours présente : le Château d’Hem, tel que les hémois le connaissent aujourd’hui.

Vue aérienne des années 1950-1960 et vue aérienne de 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

La piscine autrefois

Cette piscine est un vaste ensemble sportif et hygiénique construit sur le modèle d’un plan d’abbaye par l’architecte Albert Baert. La longueur du bassin est de 50 mètres pour une largeur de 12 mètres, sa profondeur variant de 0,60 à 3 mètres. Un journal local titre lors de son inauguration le 3 octobre 1932 : la plus belle piscine d’Europe va s’ouvrir à Roubaix !

Extrait du livre Roubaix ville de Sports Ed Sutton, CP Médiathèque de Roubaix

 

Le trou de la rue de l’épeule

Dans l’immédiat après seconde guerre mondiale, la rue de l’épeule présente encore un bel alignement de façades à partir du carrefour avec la rue du grand chemin. Un demi-siècle plus tard, une brèche s’est ouverte dans l’alignement exact de la place de l’abreuvoir, dans laquelle s’est installée une piscine et la nouvelle entrée du Colisée devenu dans l’intervalle le Colisée théâtre, salle de spectacle des Ballets du Nord. Comment en est-on arrivé là ?

La rue de l’épeule des années cinquante soixante CP Méd Rx

Le « trou » correspond à l’emplacement des n°21 à 41. En 1953, le Ravet Anceau annonce pour la rue de l’épeule à cet endroit : un n°21 inoccupé, aux n°23-25 avec l’enseigne, à l’abreuvoir, les confections Vandenberghe, aux n°27-29 le centre professionnel d’apprentissage du syndicat patronal du textile, au n°31 le magasin d’électricité Liévens, au n°33 le magasin de modes de Mme Biancatto, au n°35 la chapelle Notre Dame de Bon Secours et la librairie Baudet, au n°35bis un fabricant de résine synthétique, au n°37 la confiserie de Mme veuve Blain, au n°37bis la société Clermont Libbrecht, fabricants de machines à teindre, au n°39 les établissements Libbrecht et fils fabricants de machines textiles. Et au n°41, ne l’oublions pas, le Colisée, dont l’entrée et la façade sont encore dans l’alignement de la rue de l’épeule, et dont la modernisation a été effectuée en 1951. Avant de disparaître, ce bout de rue va vivre son propre développement. Au début des années soixante, le changement est enclenché. De nouvelles enseignes sont apparues, ainsi au n°25 Mme Eloy et son magasin de jouets « Au bonheur de l’enfance », au n°33 la maison Saelens et cie, beurre et œufs, et au 35bis Francybas bonneterie.

Le garage du Colisée, concessionnaire Opel et station service Antar Pub NE

Mais les principaux changements concernent au n°27-29 la création du garage de Pierre Demulier bientôt dit Garage automobile du Colisée, et le regroupement de la maison Libbrecht aux n°37-39. Le centre d’apprentissage textile part s’installer boulevard de Metz et revend ses locaux à M. Demulier, alors garagiste rue de Denain. La vente est liée à l’autorisation de l’installation des pompes à essence pour la station service. Le projet est en route depuis 1957. Moyennant une une mise en retrait des pompes par rapport à l’alignement de la rue, le Garage du Colisée peut démarrer ses activités. Il devient concessionnaire Opel en 1963. Le 29 août 1966 le garage s’étend, Pierre Demulier obtient les occupations des arrières des n°21, 27, 29 et 31. La station service Antar a obtenu l’avis favorable en juin 1966. Le 17 septembre 1969, un hall d’exposition est construit pour le garage du Colisée.

Une livraison de machine pour les Ets Libbrecht en 1954 Photo NE

De leur côté, dès 1953 Les Ets Libbrecht procèdent à des aménagements, murs intérieurs à construire, murs extérieurs à supprimer. Ils sont en plein développement, ils achètent de nouvelles machines, et demande une autorisation pour l’agrandissement d’une porte cochère au n°39. Les années soixante voient donc ce petit morceau de rue poursuivre ses activités. Le salon de coiffure pour dames Nadège est installé au n°21, la maison Saelens déjà reconnue pour ses produits de volailles se lance dans la poissonnerie.

La poissonnerie du Colisée du marchand de volailles Saelens en 1963 Photo NE

Le Garage du Colisée occupe désormais l’arrière des N°27, 29, 31. Une supérette est présente au n°33 depuis peu : le 2 octobre 1972, la SA Roussel souhaite transformer le local du n°33, en supérette alimentaire. Signe tangible de la prospérité, les poses de nouvelles enseignes pendant les années soixante dix. En octobre 1977, les Ets Lemaire en demandent une pour les n°27-29. Ces poses d’enseigne se poursuivront jusque dans les années quatre-vingt avec une enseigne Motul électrique en avril 1980, demandée par la société DG Moto, ou en novembre 1987, avec deux enseignes pour Christian Descamps (salon Christian).

Puis viendront les années de démolition et de reconstruction. On démolit de fin décembre 1982 à janvier 1983. Dès avril 1983, s’ouvre un chantier sur le terrain sis à Rx du n°33, 35, 35bis, 37, 37bis pour faire le parvis du centre chorégraphique national de Roubaix. C’est la ville qui agit. Puis en janvier 1989, il est procédé à la démolition des locaux commerciaux du n°27 au 31. Mais le trou n’est pas totalement achevé, il faudra attendre dix ans pour qu’il soit décidé de le démolition d’un immeuble dangereux récemment incendié au n°21 en décembre 2007. Sur les photos du chantier on peut encore apercevoir le n°25, qui disparaîtra le 31 juillet 2008.

Le « trou » aligné avec la place de l’abreuvoir Photo Google maps

Aujourd’hui, le « trou » de l’épeule s’est aligné avec la place de l’abreuvoir. Un parking automobile sépare les accès à la piscine inaugurée en novembre 1990, de l’entrée de la salle de spectacle du Colisée, qui a donc fait un quart de tour sur sa droite, depuis les années 1998 à 2000.

La démolition des bains

Il y a cinquante ans, en avril 1966, on procédait à la démolition des bains roubaisiens, au 31 rue Pierre Motte. C’était une piscine couverte avec une façade et une coupole exotiques, œuvre de l’architecte Albert Bouvy.

Les bains roubaisiens CP Méd Rx
Les bains roubaisiens CP Méd Rx

Sa construction datait de 1894, et l’établissement était plus vaste que ne le laissait supposer son étroite entrée. C’était la première piscine couverte de Roubaix et comme pratiquement toutes les installations sportives de l’époque, elle était gérée par une société privée. Les bains roubaisiens connurent les premières compétitions de natation, et de water polo, notamment avec le Racing club de Roubaix au début du vingtième siècle.

L'intérieur des bains CP Méd Rx
L’intérieur des bains CP Méd Rx

Ces bains roubaisiens n’étaient pas les seuls, ni les premiers équipements de natation à Roubaix. Il existait en effet une école de natation au quai de Gand ouverte en juin 1880, qui accueillait en moyenne 16.000 personnes par an, dont les installations seront supprimées en 1936. Puis, on construisit une piscine plus grande en 1932, rue des champs, qui est aujourd’hui devenue un musée, et dans laquelle quelques générations de roubaisiens ont appris à nager.

Les deux plaques commémoratives, Photos Lucien Delvarre
Les deux plaques commémoratives, Photos Lucien Delvarre

De sinistre mémoire, les bains de la rue Pierre Motte furent utilisés à deux reprises par les allemands comme prison, lors de la première et de la deuxième guerre. Les locaux étaient occupés par un négociant en tissus quand la démolition intervient en 1966. L’établissement fit alors place aux agrandissements des magasins Monoprix.

Dernière image des bains Photo NE
Dernière image des bains Photo NE
Sources : Roubaix ville de Sports Philippe Waret et Jean Pierre Popelier Editions Sutton 2004

Mémoire de la braderie de l’Art

Roubaix se trouve au pays des braderies. Sur son territoire, elle en organisait traditionnellement plus d’une vingtaine chaque année. Une braderie d’un nouveau genre connaît sa première édition en décembre 1991 : la braderie de l’art. Le concept est à la fois simple et particulier : pendant 24 heures, des artistes vont créer des œuvres en partant d’objets de récupération. Le journal de l’époque situait le prix de ces objets qui étaient vendus au public entre 1 franc et 1000 francs !

Les logos des deux premières braderies Publiées par NE
Les logos des deux premières braderies Publiées par NE

Cette braderie existe toujours, et depuis quelques années, elle se déroule en décembre dans les locaux de la Condition Publique. Cet ancien établissement public, propriété de la Chambre de commerce de Roubaix, avait pour mission de contrôler et certifier la qualité de différentes matières textiles avant leur vente, essentiellement la laine, le coton et la soie. Sa reconversion en manufacture culturelle date de 1999, et la Condition Publique constitue un superbe écrin pour la braderie de l’art.

La braderie de l'art à la piscine Photo Guy Sadet NE
La braderie de l’art à la piscine Photo Guy Sadet NE

Mais d’autres lieux ont accueilli cette manifestation intra muros, organisée par l’association Art Point M. La piscine de la rue des Champs fut le premier décor de la braderie de l’art, pour ses quatre premières années. Fermée depuis novembre 1985, elle attendait sa reconversion en musée, laquelle sera effective le 21 octobre 2001. La piscine permit ainsi à la braderie de l’art de se mettre dans le bain et de faire ses premiers pas.

Roubaix 2000, vide Photo NE
Roubaix 2000, vide Photo NE

C’est Roubaix 2000, ou du moins son fantôme, qui recevra la braderie de l’art en 1995. La galerie commerciale en attente de démolition, offrit ses surfaces abandonnées pour  l’expression des artistes et la vente de leurs créations. Il y aura aussi l’usine Cavrois de la Potennerie en 1996 et 1997, puis le parking de Mac Arthur Glenn, patrie des courants d’air. Mais depuis un certain temps la Condition Publique abrite désormais la Braderie de l’Art, chaque année début décembre. Les fans nous pardonneront d’avoir sans doute oublié d’autres lieux d’accueil. Nous les remercions à l’avance de compléter notre propos.

La deuxième tranche

En septembre 1960, la deuxième tranche des travaux de construction du lycée est terminée. Plusieurs nouveaux bâtiments : l’un pour les classes spécialisées, dans mon souvenir des années soixante, pour les sciences naturelles et la physique chimie, appelé bâtiment E. J’y ai le souvenir pénible des dissections de batraciens. Dans une autre salle réservée aux cours de dessins, au bout du bâtiment, nous avons découvert la peinture avec Monsieur Huguenin, c’était sans doute plus agréable.

La salle de physique chimie Photo NE

Un autre bâtiment a été construit pour les classes du second cycle, il s’agit pour moi du bâtiment F, le dernier avant qu’on arrive aux équipements sportifs. C’est là qu’on suivait les cours de musique de M. North (orthographe non garantie). Après avoir souffert sur les exercices de solfège, nous avions droit à une récompense, du moins c’est ainsi que je le ressentais. Notre professeur se mettait au piano et il interprétait des œuvres dont je n’ai conservé que le plaisir de les entendre. Je dois sûrement à ces deux professeurs, dessin et musique, mon goût pour les arts.

Le bâtiment F photo NE

On trouve ensuite un gymnase/salle des fêtes -selon la presse de l’époque-, qui abrite en son sous sol une piscine miniature. Il est vrai qu’elle n’était pas bien grande, cette piscine, à tel point qu’on pouvait rien qu’en plongeant atteindre l’autre bord sans avoir esquissé le moindre mouvement de natation. Le retour exigeait quand même qu’on s’agite un peu.

La piscine miniature au sous sol du gymnase
L’entrée du gymnase

A côté du gymnase, un bâtiment de logements pour le personnel. Je me souviens qu’un correspondant anglais y a logé pendant quelque temps, et qu’il y reposait ses oreilles écorchées par notre pratique de sa langue natale pendant nos répétitions de groupe rock.

Il y a aussi l’internat, un immeuble de trois étages, et son dortoir, avec des chambres de trois à cinq lits, rideaux et descentes de lit en cretonne imprimée, pour une capacité d’accueil de 240 internes.

L’internat, ses lavabos et ses tissus en cretonne imprimée

Avec l’achèvement de ces travaux, c’est une centaine de classes qui est mise à la disposition des enfants, un véritable stade scolaire, muni d’équipements et d’installations modernes.

Vue IGN de 1964 avec la répartition des tranches de travaux

Quinze cents élèves peuvent être ainsi accueillis, dans un établissement moderne et aéré, pour un cursus scolaire intégrant les classes primaires jusqu’au baccalauréat.

La piscine des trois villes

C’est en juillet 1974 que débutent les travaux de construction de la piscine des Hauts Champs, l’appellation piscine des trois villes viendra plus tard. Elle doit ouvrir fin août, début septembre 1975. En mai, on annonce que le gros œuvre ne sera terminé qu’en juin, et qu’il faudra s’occuper des abords, de la construction de la maison du concierge, du gazon, et poser une clôture. Bref, le chantier a pris du retard. Les habitants espèrent toutefois que la structure sera ouverte pour l’été, car l’équipement répond à la demande des familles qui ne partent pas en vacances. Mais ce sera plutôt pour septembre, car le problème du personnel n’est pas encore réglé. Si l’on a trouvé un gérant, le syndicat intercommunal doit encore recruter trois maîtres nageurs diplômés.

Le chantier de la piscine en mai 1975 Photo Nord Eclair

En juin, le syndicat intercommunal reçoit une délégation de l’union des associations des trois villes, et la piscine est à l’ordre du jour. Les participants s’entendent sur quatre points : l’ouverture de la piscine aux handicapés adultes avec deux séances spécifiques par semaine, l’accès réservé pour deux séances hebdomadaires à un club de natation représentatif des trois villes, l’ouverture aux scolaires et la mise en place d’un accueil favorisant les relations humaines. Deux questions restent posées : l’ouverture pour l’été et les tarifs. Le principe d’une concertation régulière est adopté, et l’on se penche déjà sur le projet d’aménagement d’un terrain d’aventures derrière la Grande Barre.

La piscine pendant l’été 1976 Photo Nord Matin

Un an plus tard, à l’occasion de la grande canicule de l’été 1976, les habitants apprécient qu’on ait construit une piscine avec un toit ouvrant et une porte coulissante. Le temps a fait mentir les météorologues, il fait beau et chaud, même dans le Nord ! Les jeunes du quartier des trois villes ont pu bénéficier de cette piscine à ciel ouvert dont beaucoup avaient prédit qu’on la laisserait couverte. Il reste encore des aménagements à réaliser sur le pourtour. Cette piscine connaîtra une première rénovation en 1992. Elle bénéficie à nouveau d’un vaste chantier de rénovation, prévu jusqu’en novembre 2011.

Le syndicat et la piscine

Le 4 février 1971 une réunion regroupe au centre social des Hauts Champs les trois municipalités de Hem, Lys lez Lannoy et Roubaix, le CIL, les grandes administrations et les associations de locataires. Le principe de la création d’un syndicat intercommunal est adopté, dont la mission sera de définir les besoins du quartier en équipements, et de les réaliser.  Il y a plus de dix ans que le quartier existe, et l’on se préoccupe enfin d’en faire autre chose qu’une cité dortoir.

M. Leplat, maire d’Hem estime que ce syndicat devra s’occuper des équipements sportifs et socio culturels, et que cette association permettra d’obtenir des subventions plus importantes. M. Thibeau, adjoint au maire de Roubaix, pense que le quartier des Trois Villes forme un tout qui bénéficie d’équipements scolaires en nombre suffisant, mais pour le reste, il faut compléter. M. Desmulliez,  maire de Lys, voit dans cette création de syndicat la possibilité d’éviter les établissements concurrentiels. Un plan d’aménagement d’ensemble pourra ainsi être mis au point.

Historiquement la construction des logements par le cil et l’office départemental des hlm s’est faite pour répondre à la demande importante des logements, sans qu’il soit pensé aux équipements collectifs. Ils ont ainsi paré au plus pressé. De plus, rappelle M. Gacon, directeur du CIL, ces immeubles ont été réalisés avec des financements ne permettant pas de faire autre chose que du logement. Il ajoute que la vocation du CIL est de construire des logements, non des crèches ou des bureaux de poste. L’environnement, c’est-à-dire les espaces verts et l’installation de l’éclairage public aussi, pas plus loin.

Puis c’est au tour des édiles de s’exprimer sur l’état des lieux. M. Leplat rappelle l’avis défavorable donné par sa municipalité à la construction de la grande barre. Un projet d’assainissement aurait du être préalable, celui du riez d’Elbecq, obtenu récemment quinze ans après l’accord pour la construction de la cité (3 décembre 1956). Il estime que les structures scolaires sont suffisantes, et que les deux salles de sport (Brossolette sur Roubaix et rue Blaise Pascal sur Hem) doivent pouvoir répondre aux besoins. Le plus urgent est d’aménager le terrain de sport derrière la grande barre, dont la réalisation est prévue.

Aménager le terrain derrière la Grande Barre…Photo Nord Éclair

M. Thibeau ne voit pas la nécessité d’un dispensaire, d’une crèche ou d’une pouponnière dans l’immédiat. Il faudrait par contre une structure du type foyer socio éducatif de Wattrelos. Il manque de salles de réunion dans le quartier, le centre social ne peut suffire. Il faudrait aussi quelques cafés dans le secteur. Le roubaisien pense que ses élus roubaisiens ne seront pas tentés par la construction d’une nouvelle salle de sport, ni d’une piscine, des efforts ayant déjà été faits dans la ville. Mais il est d’accord pour l’aménagement du terrain derrière la grande barre, et propose même de prendre en charge une partie du drainage. Le lyssois Desmulliez souhaite des équipements qui serviront au plus grand nombre : salle de réunions réclamées par la population, espaces verts, petits coins de détente, équipements sportifs. Lys participera au financement d’équipements aux Hauts Champs, d’autant qu’il y aura bientôt 1000 habitants lyssois dans le quartier de Longchamps. Il envisage un certain nombre d’aménagements derrière l’école maternelle Anatole France, un petit terrain omnisports et une salle de réunion… Les trois représentants sont d’accord pour refuser l’implantation de mairies annexes dans le quartier, mais plutôt des bureaux de renseignement où l’on n’y établira pas d’actes d’état civil. La création d’une  commune libre ou le rattachement du quartier à l’une des trois villes, sont envisagés, mais la solution du syndicat intercommunal est retenue, avec le souhait de la participation des habitants !

 …un souci partagé par les trois villes Photo Nord Éclair

La création du syndicat intercommunal est actée plus d’un an après en mars 1972. A ce moment, le projet d’une piscine entre la maison médicale et le groupe Longchamps est arrêté. Elle sera réalisée dans le cadre de l’opération des 1000 piscines industrialisées de la jeunesse et des sports. Le quartier des trois villes aura une piscine couverte avec un bassin de 25 mètres sur 10, et elle sera construite à partir de 1973. Son coût : 1.250.000 francs, l’Etat finance à hauteur de 300.000 francs, et le reste est à la charge des communes, en gestion tripartite. Le maire d’Hem estime déjà le déficit annuel à 10 millions de francs. La création du syndicat a vraisemblablement été accélérée pour obtenir cette piscine.