L’usine de velours de l’avenue Motte a cessé de fonctionner en 1982, avant de devenir quelques années plus tard l’ensemble de magasins plus connu sous le nom de l’Usine. Nous revenons dans ce premier épisode sur la fin de l’entreprise Motte-Bossut. En 1843 se crée la société Motte Bossut. Louis Motte, son épouse Adèle Bossut, un oncle Cavrois Grimonprez et un beau frère Louis Wattine Bossut sont les principaux associés de cette première société qui sera dissoute en 1867, après l’incendie de la filature monstre, dont on peut encore apercevoir le mur, entre le monument consacré à Eugène Motte et l’ancien dispensaire de la goutte de lait. Une nouvelle filature sera construite en 1863, dont nous connaissons encore les bâtiments, aujourd’hui occupés par les archives du monde du travail. En 1889, les fils de Louis Motte-Bossut, décédé deux ans plus tôt, étendent l’affaire familiale avec une filature de laine située boulevard de Mulhouse à Roubaix. La nouvelle société Motte-Bossut et fils est toujours une affaire familiale, sans intervention des banques. En 1897, c’est au tour de l’usine de Leers, puis en 1901 le tissage de velours d’Amiens, et en 1903, l’usine de velours de l’avenue Motte à Roubaix.
Les usines roubaisiennes de l’entreprise Motte-Bossut
En 1919, Motte-Bossut devient une société anonyme, dont les actionnaires sont exclusivement des membres de la famille. Elle le restera jusqu’à sa dissolution en 1982. La direction effective de la société et des usines est toujours restée dans la famille. La progression se poursuit avec la construction en 1924 des usines de Vadencourt et de Comines, et une fabrique d’étoffes non tissés à Lys lez Lannoy en 1927. Après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise Motte-Bossut est toujours renommée pour la fabrication des ses tissus de velours. En 1959, apparaît la marque « Tissus La Tour » et plus spécialement pour le velours la marque Sporvel. En 1967, il y avait encore une dizaine d’usines dans le groupe, l’entreprise traitait le coton depuis la matière première jusqu’à ses formes élaborées : tissages, teintureries, filatures, velours, non tissé.
Fin mars 1981, la fermeture du site du boulevard Leclerc est annoncée. Dans l’usine de l’avenue Motte sont regroupés les bureaux administratifs, la confection, la teinture et la finition du velours, les tissus d’ameublement et les tissus plats pour l’habillement. Le 22 septembre 1981, c’est le dépôt de bilan de l’entreprise. Les raisons invoquées sont les importations incontrôlées entraînant une diminution de 50% de la production. Motte Bossut représente encore le deuxième producteur de velours en France après la SAIC installée dans l’est. L’entreprise emploie alors encore 660 personnes. Un mois plus tard, dans le cadre d’un plan de restructuration, intervient la suppression de 150 emplois et du tissage de Comines. En juillet 1982, après cinq heures d’audience, le tribunal de commerce de Roubaix se prononce pour la liquidation de biens de la société Motte Bossut… S’ensuit une conférence de presse de l’intersyndicale, la présentation d’un projet de reprise de Dominique Motte, fils d’un des actionnaires, avec le soutien du CIASI (comité interministériel d’aménagement des structures industrielles). Un comité central d’entreprise se réunit. Un pourvoi en appel de la décision du tribunal est demandé, ce qui constitue un sursis pour l’envoi des lettres de licenciement. Les salariés manifestent dans la rue et demandent des garanties : assurance garantie salaires, fonds national pour l’emploi, retraite ou départ volontaire à 55 ans, garanties de licenciement pour cause économique pour ceux qui donneraient volontairement leur démission, contrat de solidarité cogestion.
Finalement le candidat à la reprise renonce. On va vers la liquidation pure et simple. Le 21 septembre 1982, on apprend qu’il y a un nouveau et mystérieux acquéreur, M. Vieilletoile, mais rien n’aboutit. Le 25 septembre 1982, aucun autre acquéreur ne s’est présenté, ce qui entérine la fin des activités de la société Motte-Bossut. A ce moment, il restait encore 498 personnes à Roubaix et Leers (323 à Roubaix et 175 au tissage de Leers) : 348 ouvriers, 111 employés techniciens et agent de maîtrise, 41 cadres et VRP.
D’après la presse de l’époque