Avant d’être la cité de tours et d’immeubles que l’on connaît depuis les années soixante dix, le quartier des Trois Ponts était un espace mi industriel, mi champêtre, où se trouvaient des cultivateurs, des horticulteurs et des jardiniers. Dans cette dernière catégorie, il y eut de nombreux jardins ouvriers, à proximité des usines et dépendant d’elles, comme le groupe Cohem situé derrière la teinturerie Delescluse, ou des groupes municipaux, dont celui des Trois Ponts, créé en 1935. Chaque ensemble de jardins était animé par un brigadier, dont le rôle était d’animer la vie des jardins par ses conseils et recommandations, mais aussi de faire respecter la réglementation en vigueur. Les jardiniers participaient sous sa férule à un concours annuel où ils remportaient des prix pour la qualité de leurs cultures et pour la bonne tenue et l’ornementation florale de leur jardin.
Jardinier des Trois Ponts Photo Nord Éclair
Les jardiniers se réunissaient régulièrement à l’occasion de causeries ou de conférences, données par des ingénieurs horticoles, ou des chefs jardiniers de la ville de Roubaix. Ces réunions se déroulaient comme suit : le conférencier faisait son exposé, puis il répondait bien volontiers aux questions de l’assistance, avant qu’ne tombola et le verre de l’amitié ne viennent terminer la séance. Ces conférences se déroulaient dans des lieux très divers. Pour le quartier des trois Ponts, il y eut la salle des fêtes de l’école Jean Macé, mais aussi le café Delaforterie ou le café Cohem.
Conférence dans le café Cohem Photo Nord Éclair
Une des dernières conférences eut lieu au café Cohem en décembre 1968. Elle fut organisée par la société d’horticulture et des jardins populaires de France dont le siège est à Valenciennes. Ce jour là, un professeur d’horticulture vint parler des travaux de saison (élagage, semis), de la conservation des plantes, de l’utilisation des engrais.MM Bolsius délégué régional de la société et Delaforterie, trésorier de la société des Trois Ponts assistaient à cette conférence avec une nombreuse assistance. Une tombola suivit l’exposé.
Ces conférences étaient très suivies et attiraient beaucoup de monde. Elles étaient la preuve que l’activité du jardinage créait des liens et des échanges que la disparition des jardins a définitivement enterrés.