Café d’ Hem Bifur

Au début du vingtième siècle, à l’entrée de la rue Jules Guesde, en venant du centre de Hem, côté pair il n’y a que des champs. En témoignent ces deux cartes postales du début du siècle sur lesquelles figure l’ Ecole Pasteur, côté impair.

CPA Ecole Pasteur années 1900 (Documents collection privée)

Puis une vue panoramique du carrefour de la rue Jules Guesde et de la rue du Docteur Coubronne, en 1933 ainsi qu’en 1962, montre un petit groupe de bâtiments côté pair, entouré de champs.

Photos aériennes de 1933 et 1962 (Documents IGN)

A l’issue de la 2ème guerre mondiale, à la libération fin 1944, une photo montre au carrefour un chariot de la Croix-Rouge attendant de connaître son point d’affectation tandis que des secouristes recensent les moyens en chevaux et voitures pour évacuer les sinistrés suite aux explosions des dépôts de munitions sur la propriété de « La Marquise ».

Photo de la Croix-Rouge en 1944 avec le bâtiment du n°2 rue Jules Guesde en arrière plan (Document Hem Images d’hier)

C’est Jules Duquesne qui s’ installe au numéro 2 rue Jules Guesde en tant que tonnelier et tenancier d’un café. Celui-ci a pour enseigne : « A Hem-Bifur » et la tonnellerie s’appelle Tonnellerie de la Bifurcation.

CPA représentant l’estaminet/tonnellerie (Documents collection privée)
En-tête d’une enveloppe de la tonnellerie datant de 1954 (Document Mémoire en Images de Hem)

Le nom ne doit rien au hasard ; il est également celui de la station située face au café et matérialisée par un abri, appellation due à la bifurcation entre les lignes de tramway de Lille à Leers et de Roubaix à Hem. Le virage effectué par le tramway à cet endroit correspond à la fin de la rue de Lille (aujourd’hui rue du Général Leclerc) et au début de la rue de la rue de Lannoy (aujourd’hui rue Jules Guesde).

Extrait de BD relative au nom du carrefour (Document Au Temps d’Hem) et photo du bus arrivant à la station dans les années 60 (Document Nord-Eclair)

Au café Hem-Bifur, le samedi soir chacun y va de sa chansonnette. Le coulonneux chante « ses écaillis » et le coqueleux « les coqs » et une chanson sur les quartiers de Hem est reprise en choeur sur l’air de la Cantinière.

Paroles de la chanson (Document Hem 1000 ans d’histoire)

La famille Duquesne, Jules d’abord puis Mme Duquesne puis enfin Maurice, exploite le café jusqu’au début des années 1970, tandis que la tonnellerie s’arrête avec Jules. L’activité presse s’ajoute à celle du café par la suite. Les champs à cette époque entourent toujours le petit groupe de bâtiments.

Photo aérienne des années 1970 (Document collection privée)

C’est la famille Mylle qui rachète alors les murs et reprend le commerce, où est proposée de la petite restauration et qui devient le siège des supporters de l’USH, l‘Union Sportive Hémoise, née en 1964 de la fusion du Club de Football du foyer Saint Corneille et du Football-Club de Hem. Elle le développe également en ajoutant dans un bâtiment annexe jouxtant le café, au n° 2 bis, une boucherie chevaline, laquelle se situait auparavant au 240 rue Jules Guesde.

Publicité café Hem-Bifur (Document Historihem)

Jean-Marc et Didier Mylle, 2 jeunes bouchers pensent en effet qu’il manque une boucherie à Hem Bifur. L’inauguration de la boucherie chevaline a lieu en 1977. Le magasin est traité à la manière rustique et campagnarde mais bénéficie en revanche du matériel de présentation et de conservation le plus élaboré.

L’atelier de préparation et la chambre froide sont agencés avec le souci permanent de préserver une viande de haute qualité dans les meilleures conditions d’hygiène et de fraîcheur. A l’occasion de l’ouverture un cadeau est prévu pour chaque acheteur et le journal Nord-Eclair met en lumière le nouveau commerce hémois.

Inauguration de la nouvelle boucherie chevaline (Document Nord-Eclair)

Publicité boucherie années 1979 et 1983 (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 1980, une crémerie volaillerie s’installe, en la personne de Mme Mylle-Duquesne, au 68 rue du Docteur Coubronne, dans le bâtiment voisin de l’autre côté du café d’Hem Bifur, tandis que la boucherie Didier Mylle demeure au 2 bis rue Jules Guesde. Le café quant à lui est alors exploité par Roger Baert Piriou pendant quelques années.

Enfin le café est repris par le couple Depaemelaere au milieu des années 80, et devient alors également le siège hémois des supporters du Vélo-Club de Roubaix, lequel possède également un club à Roubaix au café Delchambre, rue de l’Hommelet, et un club à Leers, au café de l’Entente .

Publicité café Depaemelaere (Document Historihem)

Au n°2 bis, dans le même temps la boucherie chevaline cède la place à un salon de coiffure. Il s’agit du salon exploité par Jean-Noël Craissin, lequel était auparavant installé au n° 5 Place de la République dans le bâtiment jouxtant le commerce de fruits et primeurs Desprets.

Publicités du salon de coiffure (Documents collection privée)
Photos du salon dans les années 80 et près de 40 ans plus tard au moment de sa fermeture (Documents Historihem et Google Maps)

En 2003, lors de festivités dans la cadre du jumelage de la ville de Hem avec celle de Wiehl en Allemagne, on retrouve au carrefour d’Hem Bifur le café en arrière plan d’une photo des personnes costumées participant au défilé.

Défilé dans le cadre du jumelage Hem-Wiehl (Document Facebook Ville de Hem)

Mais en 2008,  Jean-Marc Mylle décide de tourner une page. Avec son frère, il reste propriétaire des murs que ses parents avaient racheté à la famille Duquesne, il y a 35 ans mais cède le fonds de commerce à la Banque Populaire. Comme il avait fait faire par un ami, Fabrice Dedryver, des fresques représentant le Hem d’autrefois que les clients pouvaient contempler en sirotant leurs verres, il décide d’en faire don à l’association Historihem.

Les fresques ornant l’intérieur du café au moment de sa fermeture (Documents Historihem)
Remise des fresques par JM Mylle à P Drouffe (Document Historihem)

Près de 100 ans après son ouverture le café Hem-Bifur a donc cédé la place à une agence bancaire après quelques travaux et le salon de coiffure a ensuite été remplacé par un commerce de pizzas à emporter. Le carrefour d’Hem-Bifur qui avait déjà perdu ses pavés et ses rails de tramway a donc radicalement changé d’image et une photo aérienne récente permet de constater à quel point le gros village des années 1970 a laissé définitivement la place à la ville.

Bâtiment en travaux en 2008 et agence bancaire en 2021 (Documents Google Maps)

Pizzaria Jo Happy Day en 2021 (Document Google Maps)

Photo aérienne du carrefour actuel (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem, et à Jacquy Delaporte pour ses ouvrages Hem Images d’hier et Hem 1000 ans d’histoire, ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

106 rue Jules Guesde

Alors que la ville de Hem, comme les communes avoisinantes, foisonnait d’estaminets au début du 20ème siècle, le n°106 de la rue Jules Guesde, soit l’une des 2 rues principales du centre ville était à cette époque une simple maison d’habitation. Le bâtiment ne devient un commerce et plus précisément un café que dans les années 1950.

A cette époque, et jusqu’au milieu des années 1960 c’est A Chastain qui en est l’exploitant. Puis lui succèdent M Lapage et enfin dans les années 1970 le couple Hayart. Le café Hayart fait alors également de la restauration rapide et dispose d’une salle pour réunion, d’un grand parc avec jeux pour enfants de de terrains de pétanque.

Publicité de l’année 1970 (Document Mémento public du CIT (Commerce industrie tourisme) de la ville de Hem)

Puis en 2008 le magazine de la ville Tout’Hem annonce le début des travaux dans l’ancien café destiné à devenir…une crèche, semi-privée et semi-publique. La ville s’associe en effet à la fondation « Rigolo comme la vie », du groupe Okaidi, pour la créer. Pour ce faire Okaidi rachète le terrain à la ville et s’occupe des travaux nécessaires à la transformation du local.

Quant au coût de fonctionnement, il sera pris en charge à 30% par la ville, l’entreprise et la CAF, et 10% par les familles, 6 places étant réservées pour les salariés de l’entreprise et 10 pour les familles hémoises. Dans cette partie de la ville n’existait pour le moment que le système de crèche familiale à domicile, laquelle fête alors ses 30 ans.

La maison en travaux en 2008 (Document Tout’Hem) et la façade de la crèche en 2022 (Document Google Maps)

Lorsque la structure ouvre en fin 2008, elle accueille 22 enfants entre 3 mois et 4 ans. Edwige Theeten dirige cette crèche multi-accueil en compagnie de 4 professionnelles : une éducatrice spécialisée, co-responsable, une éducatrice de jeunes enfants, une auxiliaire de puériculture et une animatrice petite enfance.

L’accueil des enfants à partir de décembre 2008 (Document Nord-Eclair)

C’est la pédagogie Loczy (méthode hongroise) qui est appliquée dans la crèche : chaque enfant est encouragé vers l’autonomie et les soins sont individualisés. Les parents sont impliqués et il existe un cahier de vie, où l’on retrouve photos et commentaires de la semaine, qui permet de relier les 2 lieux de vie de l’enfant : la crèche et la maison.

L’ancienne maison est équipée d’un grand espace de vie, de 2 chambres et d’une nurserie. Le cadre de vie est sécurisé, adapté au développement des petits et à l’accueil de leurs familles.

Photos de l’intérieur (Documents site internet)

La crèche est équipée d’un espace extérieur qui fait écho au parc avec jeux pour enfants du café Hayart. Le jardin et la terrasse en sol souple ont été aménagés de manière à sécuriser les moments passés par les enfants à l’extérieur. La vue panoramique permet de se faire une idée de l’ensemble.

Photos de l’ espace extérieur (Documents site inernet)
Photo panoramique du 106 rue Jules Guesde et pal (Documents IGN et Google Maps)

Rigolo comme la vie crée, gère et manage la structure comme la dizaine d’autres établissements créés dans la métropole. Les crèches suivent bien sûr, comme il se doit, les réglementations de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) et de la PMI (Protection Maternelle Infantile).

Il est Rigolo (comme la vie) de constater comment un ancien café a pu devenir une crèche 50 ans plus tard.

Remerciements à la Ville de Hem

Un autre Desmet

Il y a Anatole Desmet, le propriétaire de la Villa Jean Jacques dont nous avons déjà parlé, mais sur le trottoir d’en face est venu s’installer un autre Desmet. Il s’agit d’Albert Desmet (1884-1950) fils d’un sabotier et d’une couturière domiciliés contour de la Place à Leers, qui vient ouvrir un café à l’enseigne du Tour de France, rue de Wattrelos.

Albert Desmet champion leersois doc JdeRx

Albert Desmet fut en effet un professionnel du cyclisme d’avant la première guerre, sans toutefois appartenir à une grande équipe de marque. Il fait partie des indépendants qu’on appelle parfois les isolés, comme beaucoup de coureurs de cette époque. En 1910, il s’aligne au départ de Paris-Roubaix remporté par Lapize et il termine 38eme. Puis il court le Paris-Menin, le tour de Belgique, le Paris Brest et retour, il finit 15e après avoir couru 800 kms seul. En 1913 il s’aligne dans le tour de France avec l’intention de boucler la boucle. L’an passé en 1912, il s’était arrêté aux Pyrénées.

Le café Desmet sur la droite CP Coll Fam

C’est l’époque des Van Houwaert, Trousselier, il participe comme isolé et il termine parmi les 26 survivants. Ce sont des étapes qui commencent à trois ou quatre heures du matin, et isolé signifie qu’il pourvoit lui-même au ravitaillement, aux réparations, pas de coéquipiers, ni de soigneurs. Il termine le Tour 1913 à la 22e place, juste derrière Louis Colsaet le wattrelosien, les deux étant qualifiés de belges. À ce titre, il fait partie de la légende du Tour de France et Leers tient son champion.

Le café et la pompe CP Coll Fam

En 1914, il est marchand de vélos rue de Wattrelos et sans doute a-t-il ouvert une buvette ou un café. Il s’est marié le 3 février de la même année. Les plus anciens se souviennent de ce café qui avait aussi une pompe à essence. L’endroit est aujourd’hui occupé par le restaurant le Grain d’Orge.

Café Vandamme (suite)

Lors des années 1960 et 70 , le café Vandamme-Messiaen à Leers devient une véritable institution sur la place de Leers. De nombreuses familles Leersoises participent aux repas de communions, mariages et enterrements.

le café Vandamme au début des années 60 ( document Ch Duhamel )

Marguerite Vandamme, qui travaille à la radiodiffusion de Lille, prend toujours congés lors de la fête foraine de la commune pour aider ses parents. Les familles y viennent nombreuses le dimanche pour ses savoureuses frites, croque-monsieurs, sandwichs, et hot-dogs.

Jules, Jeanne, Marguerite, Eloi et les cousins Bernard et Jean Pierre Desmet. C’est toujours le comptoir initial qui est présent en 1965 ( document Ch Duhamel )
1966, le comptoir vient d’être changé ( document Ch Duhamel )

En 1967, Eloi Duhamel, l’époux de Marguerite Vandamme, en accord avec ses beaux-parents, décide de rénover le bâtiment principal dont les origines remontent au milieu du XVIIIe siècle. Jules décède subitement en juin alors que le permis de construire vient juste d’être déposé.

La construction du nouveau bâtiment débute dès l’automne. C’est l’entreprise de bâtiment de Pierre Derycke, sise rue de Néchin à Leers, qui assure le gros œuvre.

La photo ci-dessous montre l’ampleur des travaux : des étais sont placés pour supporter la charpente et la toiture. Malgré ces travaux très importants, le café reste ouvert et Jeanne reçoit les clients dans la salle de réception située à l’arrière.

les travaux en 1968 ( document Ch Duhamel )
le café extérieur et sa terrasse en 1969 ( documents Ch Duhamel )

Sur les 2 photos ci-dessus, on remarque la nouvelle façade en pierres de taille au rez de chaussée, et en briques à l’étage, les menuiseries neuves en bois, les enseignes des dépositaires de bière ( Deher-Brau, Météor et Setz-Brau ). A gauche, la vitrine coulissante permet la vente à emporter, et à droite se trouve une terrasse avec ses tonneaux et parasols en période estivale.

Eloi perçoit le goût des jeunes et installe jusqu’à 3 flippers dans les années 1970. Devant l’évolution du café, Marguerite Pipart à la friterie, les cousins cités précédemment , et leurs enfants Joëlle et Christian viennent aider principalement le week-end .

Marguerite Pipart et Joëlle à la friture en 1971 ( document Ch Duhamel )
Christian et son cousin Jean Marc 1974 ( document Ch Duhamel )

A la fin de cette décennie l’activité ralentit, et Christian doit effectuer son service militaire. Il est donc décidé d’arrêter la friterie fin décembre 1978 après 30 années d’activité.

Heureusement, le café est encore le siège de nombreuses associations ; principalement celles des réfractaires et maquisards dont le président est le cousin Maurice Desmet, des anciens d’Afrique du Nord, des cyclos du Leers omnisports, du club de compétition cycliste Leersois, du club de tir aux pigeons d’argile, sans oublier le siège des agriculteurs de la commune présent depuis l’ouverture du café en 1933.

Lors des fêtes commémoratives, le jeu de 421 est tenu par les associations comme celles des réfractaires et maquisards

Jeanne Vandamme avec Louis Baussard, le cordonnier et Marcel Spileers, le crémier, commerçants du centre-ville 1972 ( document Ch Duhamel )

Marguerite Vandamme et son époux succèdent à Jeanne qui reste néanmoins très active dans le commerce jusqu’à son décès en 1994.

Marguerite et sa fille Joëlle, le comptoir est récent ( document Ch Duhamel )

Eloi décède en 1998 et Marguerite, dont le contact avec les clients est sincère et apprécié, continue l’activité avec l’aide de son filleul Francis Messian et de son fils Christian. Les parties de belote y sont nombreuses.

Marguerite à droite et Christian à gauche entre deux fidèles clients et amis ( document Ch Duhamel )

Marguerite chute en 2009, en conséquence elle ne peut maintenir son activité que les vendredi soir et dimanche matin jusqu’à son décès fin 2016, à l’âge de 88 ans. C’est l’année où le café ferme définitivement.

La salle de réception, prête pour l’assemblée générale des cyclotouristes ( documents Ch Duhamel )
1968-2016 l’intérieur du café Vandamme que de nombreux Leersois ont connu ( document Ch Duhamel )

En 2019, le café est cédé à Jean-Bernard Michiels de la « Poissonnerie Leersoise ». Il transforme complètement l’établissement, ne garde que la façade, et divise l’ancien café en 2 commerces. Il transfère sa poissonnerie, l’espace cuisine et les chambres froides à gauche, et garde l’activité de café à droite en créant l’enseigne « Le Petit Vandamme » en 2020.

Témoignage de JB Michiels : En appelant le café : « Le Petit Vandamme », je souhaite rendre hommage aux Leersois qui ont connu ce lieu durant de longues années. C’est un chouette clin d’œil au passé du lieu, et à ses propriétaires qui ont fait les belles heures du commerce local.

la façade actuelle ( photo BT )

Le café Vandamme a vécu une époque fabuleuse. Ce fut une véritable institution à Leers, pendant plus d’un siècle. Tous les Leersois en gardent un excellent et mémorable souvenir.

Remerciements à Christian Duhamel, le fils de Marguerite Vandamme

Café Vandamme

Le café Vandamme à Leers est une véritable institution. L’activité débute en 1933 par Jules Vandamme et Jeanne Messian, dont leurs familles possèdent déjà un café : Caroline Vandamme, la sœur de Jules tient à Linselles, le café « Au Coq Chantant », car à l’étage de l’établissement, se trouve un parc destiné aux combats de coqs encore fréquents à l’époque. La réputation de ce café, 50 ans après le décès de Caroline est telle que l’arrêt de bus porte aujourd’hui, le nom de Vandamme. Cet arrêt est situé à l’angle de la rue de Castelnau et de la rue de Lille à Linselles.

le café « Au Coq Chantant » ( document Ch Duhamel )
Caroline Vandamme jouant à la belote avec ses fidèles clients. ( document Ch Duhamel )
Photo de l’endroit de nos jours ( document Ch Duhamel )

Jules Messian et son épouse Clémence Vandenbergh, les parents de Jeanne, gèrent l’estaminet de la Poste à Leers, 14 place Sadi Carnot. • Au décès de Jules en 1910, à l’âge de 41 ans, son épouse continue seule l’activité.

l’estaminet de la poste 14 place Sadi Carnot en 1925 : A partir de la gauche Georges (2e ),Clémence (3e ) et Jeanne (5e ) ( document Ch Duhamel )

La famille n’est pas épargnée par les malheurs, leur fils Albert est assassiné par les Allemands à Longwy en 1917, quant à leur fille Marguerite, elle décède en 1920 à l’âge de 15 ans, conséquence d’une peur atroce causée par la charge d’un taureau présent dans la pâture de la ferme de Bretagne.

En 1933, leur dernier fils Georges succède à sa maman et poursuit l’activité sous le nom du café de la poste Messian-Lannoo jusqu’en 1973.

L’immeuble de nos jours est un cabinet médical ( Photo BT )

En 1928, Jeanne Messian se marie avec Jules Vandamme. Ce dernier est électricien sur les lignes de haute tension. Quant à Jeanne, elle quitte le domicile familial et reprend le café de la Coopérative au 10 rue des Patriotes, aujourd’hui le café «  Liberty », jusqu’en 1933.

le 10 rue des Patriotes en 1933, Jules Vandamme tient par la main sa fille Marguerite (document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules souhaitent ouvrir un commerce plus grand. L’opportunité se présente en 1933, en effet l’ancien relais de diligences de M. Delcroix, situé juste en face, est en vente, à côté du bâtiment Pluquet qui empiète sur la rue.

Avant la guerre, le futur café Vandamme, inséré entre le presbytère et l’auberge Pluquet, dont l’un des descendants fut un résistant fusillé par les Allemands ( document Ch Duhamel )

A l’étage, au-dessus de l’ancienne entrée des diligences, se trouve un parc pour les amateurs de combats de coq. Avant-guerre, des tournois mémorables avaient lieu, avec bien entendu, les coqueleux Linsellois.

Jeanne Vandamme au comptoir en 1938, les portes de gauche permettent d’accéder chez le coiffeur. ( document Ch Duhamel )

Bien avant 5 heures du matin, le café est ouvert pour les ouvriers du Transvaal et de Motte-Bossut, et ferme bien tard le soir. Durant la guerre, Jules prend le maquis, Jeanne tient son commerce, une pièce est dédiée au coiffeur Pierre Willequet. Lors de la destruction de l’auberge Pluquet en 1953, un bâtiment sera construit pour le coiffeur. C’est aujourd’hui un cabinet médical.

Jules et Jeanne ( document Ch Duhamel )

Après-guerre, le café devient un lieu incontournable de la commune, Jules est considéré comme  » bon vivant » tandis que Jeanne est affable avec sa clientèle.

Dans les années 1950, les prix des consommations sont stables, ce qui permet de faire imprimer le tarif et de l’afficher pendant des années dans le café.

Tarif des consommations ( document Ch Duhamel )

Le café est agrandi, le coiffeur ayant quitté les lieux, La façade et l’intérieur sont métamorphosés. A l’arrière, l’ancienne remise des diligences est transformée en une grande salle de réception pour banquets, mariages, et réunion d’associations.

Jules, Flore Delespaul, et Jeanne devant la friture, pour la vente à emporter en 1953 ( document Ch Duhamel )
la salle de réception ( document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules sont sensibles à l’évolution des goûts des jeunes de la ville. Ils remplacent le billard par l’un des premiers baby-foot « Stella » et un Juke-Box. Devant l’évolution du café, l’aide apportée par les cousins Bernard, Jean-Pierre et Jean-Marc Desmet est la bienvenue.

Jules et Jeanne devant le Juke Box en 1957 ( document Ch Duhamel )
Jeanne Vandamme et à sa gauche une personnalité de la ville, Edgar Deffrene ( Combattants Républicains ) en 1958 à l’arrière du café. ( document Ch Duhamel )

à suivre . . .

Remerciements à Christian Duhamel, le petit fils de Jules et Jeanne Vandamme

Le Chalet à Hem

En 1955, le 164 de la rue du Général Leclerc à Hem, à l’angle de la rue de la Tribonnerie, apparaît dans le Ravet-Anceau, dans la catégorie café et cycles, au nom de Pringuet-Brelle. L’établissement est répertorié à ce nom jusqu’en 1971, année à la suite de laquelle c’est Mlle Demarecaux qui reprend le café pour quelques années ; l’enseigne « Au chalet » est alors spécifiée sur l’annuaire.

Auparavant rien ne figurait à cette adresse et les cafés étaient répertoriés par un alignement de noms de propriétaires sans que leurs adresses ne soient précisées. Impossible donc, si ce n’est par les souvenirs des anciens habitants de savoir quelle famille représente la photo ci-dessous, à priori prise dans les années 1920 devant le café à l’enseigne « le Chalet », la légende de la photo dans le livre Mémoire en Images de Hem ne le précisant pas.

Tout juste peut-on voir que l’entrée se faisait à priori au n°1 de la rue de la Tribonnerie sous les fenêtres du 1er étage. On peut également constater qu’à l’époque la rue n’était pas encore pavée, le lotissement de la Tribonnerie n’ayant vu le jour qu’en 1962.

Photo Chalet années 1920 (Document Mémoire en Images de Hem) et Photo prise au même endroit en 2016 (Document Google Maps)

En 1972, la presse se fait l’écho du passage du champion cycliste Bernard Hinault chez le restaurateur hémois installé depuis quelques mois : Mr Castelain, l’occasion pour l’article de vanter : « le cadre sympathiquement campagnard de l’Auberge du Chalet, la gentillesse de l’accueil, et la cuisine empreinte d’une simplicité de bon aloi » ayant su séduire le champion fin gourmet.

Le passage de Bernard Hinault en 1978 (Document Nord-Eclair)
Publicité des journées du coq des restaurateurs hémois et photo de Mr Castelain (Document Nord-Eclair)

Puis l’Auberge du Chalet apparaît , en tant que telle, dans le Ravet Anceau, en 1979, sans que le nom de ses propriétaires n’y figure. Cependant en1982, dans le bulletin de l’Office Municipal d’ Information de la ville, est publiée une annonce publicitaire indiquant les nouveaux propriétaires de l’auberge : Mr et Mme D’Haese.

Publicité de 1982 (Document OMI « La Famille » de Hem)

Instantané de mémoire : « Quand je m’installe à Hem Centre en 1986, l’auberge du Chalet est le restaurant traditionnel de Hem, à l’atmosphère intimiste, à la décoration sobre où il est plaisant à un couple de venir déguster des plats savoureux au calme et où l’accueil est toujours agréable ».

En 1993, l’auberge est reprise par le couple Suppa, Bruno en cuisine et son épouse en salle. Fils de restaurateurs, Bruno a fait l’école hôtelière et a travaillé dans un restaurant en Belgique avant de s’installer à son compte à Hem. L’atmosphère est alors toujours chaleureuse et la cuisine délicieuse et évolutive au fil des saisons. C’est une adresse incontournable de la restauration dans l’agglomération roubaisienne.

Bruno Suppa en cuisine (Document Facebook)

Après une vingtaine d’années passées dans ce restaurant le couple Suppa décide de passer à autre chose et reprend La Terrasse des Remparts à Lille. L’auberge du Chalet change alors d’enseigne et devient en 2008 l’auberge du roi de la Moule sous la direction de Christian Leroy, ancien chef de cuisine à l’ Ecume des mers à Lille.

Au menu 30 recettes différentes de moules, des classiques aux plus originales, mais aussi différents plats de poissons et de viandes cuisinés de façon régionale et traditionnelle.

Christian Leroy en cuisine (Document magazine Tout Hem) et Carte publicitaire (Document collection privée)
Restaurant l’auberge du Roi de la Moule en 2008 (Document Google Maps)

Plus tard, l’auberge devient simplement l’Auberge du roi et propose une cuisine de produits frais et faits maison, principalement axée sur l’univers de la mer : dorade, sole, lotte, raie…Le restaurant régale les papilles des amateurs de poissons et de fruits de mer pendant une dizaine d’années.

Auberge du Roi en 2016 (Document Google Maps)

Puis en 2016 c’est la société Lise et Nico qui prend la suite sous l’enseigne « Le sot l’y laisse ». Lise Vermeersch et Nicolas Noblet, respectivement monitrice d’équitation et directeur commercial d’imprimerie, se sont rencontrés lors d’une formation de reclassement en cuisine et ont eu l’idée de monter ensemble un restaurant.

Lise et Nicolas : Le Sot l’y Laisse (Documents Facebook)

Ils ont donc repris l’auberge du roi à sa fermeture et, après quelques mois de travaux et l’élaboration d’une nouvelle carte, ouvrent leur nouveau restaurant sur la base de menus imaginés par eux-mêmes à partir des produits disponibles au fils du temps. Pas de spécialisation pour eux mais une recherche constante de qualité à base de produits frais et donc une carte qui change très souvent.

A partir de 2019, c’est seule que Lise, chef de cuisine, continue l’aventure. Elle privilégie le classique revisité et propose une cuisine de saison, de marché avec une touche d’originalité. Le restaurant est à son image, simple et classique, mais aussi chaleureux et accueillant.

Intérieur du restaurant (Documents site internet)
Lise Vermeersch à l’accueil et en cuisine (Document site internet et Facebook)

Très vite le restaurant se fait un nom dans la métropole lilloise et le Petit Futé le place dans ses recommandations du guide 2022. Malheureusement la crise sanitaire met à mal le fonctionnement de ce restaurant encore bien jeune et celui-ci ferme ses portes en Mars 2021, mettant fin à une belle aventure pleine de promesses.

Recommandation Petit Fûté 2022

L’avenir seul dira si l’établissement situé à l’angle de la rue du Général Leclerc et de celle de la Tribonnerie, qui a abrité pendant plus d’un siècle estaminets, cafés puis restaurants va continuer à héberger ce type d’activités ou si, comme pour beaucoup d’anciens commerces, ce bâtiment va perdre sa vocation commerciale pour revenir à l’usage d’habitation.

Remerciements à la ville de Hem et à Bernard Thiébaut pour son ouvrage Mémoire en images de Hem.

Le café Saint-Louis

Cet établissement est ouvert par Charles Vanhasbroucq, en Novembre 1888, au 123 rue Jean Jaurès à Hem et repris 10 ans plus tard par son fils Louis. Ce café barbier est toujours en activité avant guerre et, en 1945, on y parle encore de Marie Bonne-Soupe, une des tenancières du passé.

Le Saint-Louis en façade et un gros plan sur la superbe céramique d’origine figurant au fronton du café (Documents Nord-Eclair)
Le Saint-Louis sur 2 CPA du début du 20ème siècle (Documents collection privée)

Sur la carte postale du haut on voit clairement à gauche du café un commerce démontable, car fait de cloisons de bois. Il s’agit de la boucherie Lelièvre dans les années 1950, à laquelle succède Quinton poissons dans les années 1960, que l’on retrouve au n°117 dans les Ravet-Anceau de l’époque.

On y voit aussi une épicerie sur le coin de la rue Louis Loucheur en face au n° 118, alimentation générale Flahaut dans les années 50, puis Coop Dekeukekeire-Baron dans les années 1960-70, qui deviendra par la suite une boucherie chevaline, Wanin puis Haze dans les années 1980. Pendant ces périodes le Saint-Louis est géré par les Saelens dans les années 1950-60 puis Carette et ensuite Lejeune dans les années 1970-80.

Dans les années 1950, beaucoup d’événements sont fêtés au Saint-Louis. C’est notamment le cas, en 1956, quand « La Gauloise » y fête la Sainte-Cécile lors d’un banquet à l’issue duquel, en présence de Mr Leplat, maire de Hem, il est procédé à une distribution de distinctions aux membres de cette clique, crée en 1923 par Mr Sueur.

(Document Nord-Eclair)

Dans les années 1970 l’établissement sert de siège à l’association « Les amis du Saint-Louis », comité d’entraide aux aînés du quartier. Une cagnotte réunie grâce aux fêtes du quartier, permet, en 1975, d’offrir à une trentaine de convives du 3ème âge un menu soigné, dans une ambiance conviviale et de leur remettre des colis.

Soleil dans les cœurs au Saint-Louis (Document Nord-Eclair)
Publicité de l’époque (Document Historihem)

Les festivités du comité du Saint-Louis se déroulent sur un week-end. Le samedi Gérard Pau, son accordéon et ses musiciens, font virevolter les couples dans la rue Jean Jaurès.

Les festivités au Saint-Louis (Document Nord-Eclair)

Le dimanche est organisée une course cycliste, le prix Emile Delcourt, dont le départ a lieu devant l’établissement et à laquelle participe une petite centaine de coureurs. Le nom de ce grand prix est celui d’un coureur cycliste très connu à Hem, s’étant classé 5ème dans le Paris-Roubaix.

Emile Delcourt pendant le Paris-Roubaix à Hem Bifur (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Le départ des coureurs devant le café St Louis en 1976 (Document Nord-Eclair) et 1977 (Document Historihem)

Le café Saint-Louis est alors toujours le siège du comité des anciens du Saint-Louis mais il se tourne également vers le sport en qualité de sympathisant de l’USH (Union Sportive Hémoise) née de la fusion du club de foot du foyer Saint Corneille et du Football-Club de Hem le 16 mai 1964. Il est enfin le siège de la pétanque jusqu’à la création de l‘association « Pétanque Club des Trois Baudets » le 24 septembre 1979 .

Publicité de l’époque (Document Historihem) Publicité de 1982 (Document Office Municipal d’Information)

30 ans plus tard en 2001, les habitudes sont bousculées dans l’un des plus anciens estaminets de la commune, habituellement théâtre de paisibles parties de belote, où l’équipe des débutants de l’Olympic Hémois se voit offrir une belle parure, sérigraphiée aux armes du Saint-Louis, par la gérante du café depuis 1993 : Jacqueline Dellemme.

L’équipe revêtue de son nouveau maillot (Document Nord-Eclair)

Le café retrouve alors des airs des fêtes qui s’y déroulaient dans les années 1950-60. La bâtiment quant à lui n’a subi que très peu de transformations et la magnifique céramique est toujours présente au fronton de l’établissement où elle trône encore 20 ans plus tard dans les années 2020 alors que le commerce est toujours en activité et ouvert toute la semaine.

La façade du café dans les années 2020 et le café dans la rue Jean Jaurès (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem et Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui

Le café Leffe

Sur la Grand Place, à droite de l’église Saint Martin et à gauche de la Grand’rue, se trouvent 6 immeubles qui ont toujours été occupés par divers commerces.

Plan cadastral

Dans les années 1980-1990, à l’extrême droite, juste à côté du « Palais du Vêtement », on trouve 4 cafés-restaurants situés côte à côte : au N° 28 le restaurant « Au Lapin Blanc », ensuite au N° 29 le restaurant « Maurice », au N° 30 le restaurant « Au Grand Cerf » et au N° 31 le café-brasserie « Grand Saint Martin » rebaptisé ensuite « Le Central ». Puis viennent au N° 32 la mercerie Margaret et au N° 33 le magasin de vêtements FOUF.

document archives municipales
Restaurant « Maurice » ( document collection privée )

Restaurant du « Grand Cerf » ( documents collection privée )

Au début de l’année 2000, Monsieur Nolf dépose en Mairie, une demande de permis de démolir pour 3 des 6 immeubles. Sont concernés les numéros 29 30 et 31.

document archives municipales
document archives municipales
document archives municipales

Ce sont des maisons très anciennes, modestes et très abîmées. La mérule s’est installée dans les murs intérieurs, un pignon menace de s’effondrer, de l’amiante se trouve dans les plafonds. Il n’y a aucune autre solution possible que de tout raser.

documents Nord Eclair

Luc Daniel Nolf demande simultanément un permis pour la construction d’un immeuble à usage de logements, de commerces et de bureaux aux 29 30 et 31 par la SCI Philippe de Girard. L’immeuble projeté vise à s’insérer dans l’harmonie de la Grand Place. Il est édifié entre le 28 et le 32 sur la même configuration, à savoir sur deux étages.

Le projet de la façade ( document archives municipales )

L’association de défense et de préservation du patrimoine « Art-Action », présidée par François Descamps s’insurge contre ce projet. Comment peut-on imaginer détruire des maisons flamandes construites à la fin du 17° siècle, les plus vieilles du centre ville ?

document Nord Eclair

Après quelques semaines difficiles de polémique par voie de presse, entre Luc Daniel Nolf et l’association Art-Action, le projet est accepté par la Mairie, au grand désespoir de François Descamps qui déclare : « Mes pauvres arguments de conservation du patrimoine ne valent pas grand chose contre la froide détermination de modernité et de rentabilité. »

Luc Daniel Nolf devant les 3 maisons à démolir ( document Nord Eclair )

Les travaux de démolition commencent alors, au début de l’été 2000. En Juillet 2001, le chantier a pris un peu de retard, suite à des problèmes du sous-sol très humide.

document Nord Eclair
Les travaux en Juillet 2001 ( document Nord Eclair )

Le projet du promoteur, Luc Daniel Nolf, est ambitieux. Un café Leffe occupe l’emplacement des 30 et 31 à savoir le « Grand Cerf » et le café « Le Central », tandis qu’une boutique à l’enseigne L’Onglerie ouvre à la place de chez Maurice au N° 29.

document Nord Eclair

La superficie du café Leffe est très grande : 250 m2 au sol. L’établissement peut contenir 120 personnes, plus une centaine de clients en terrasses. La brasserie occupe tout le rez de chaussée. Les 2 étages sont occupés par des bureaux.

document Nord Eclair

Le café Leffe est inauguré en Février 2002, en présence de Mr le maire, qui a tenu à confirmer le soutien du conseil municipal à ce projet privé qui profitera pleinement au futur hypermarché Géant à quelques pas de là.

Luc Daniel Nolf et René Vandierendonck le jour de l’inauguration ( document Nord Eclair )

René Vandierendonck, un peu embarrassé de devoir faire l’éloge de la Leffe alors que la Terken locale connaît quelques difficultés, souligne néanmoins la magnifique décoration de l’établissement et l’ambiance sympathique. L’emplacement est idéal : entre l’église Saint Martin et la Grand’rue. L’investissement financier est conséquent : 12 emplois sont créés. L’objectif est simple : faire revivre et animer la Grand Place.

Pourtant, quelques années plus tard, en 2006, le café Leffe change d’enseigne et devient « Le Petrus »

Le Petrus en 2008 ( Photo BT et document Nord-Eclair )

En Juillet 2018, le Petrus appartenant à la brasserie flamande De Brabandere qui produit la bière Bavik et Petrus, ferme ses portes. Aucun des 4 gérants successifs n’a réussi à développer le commerce, malgré les nombreuses animations avec DJ, proposées à la clientèle pour éviter que les étudiants partent faire la fête à Lille.

Il Caldo en 2022 ( Photo BT )

Peu de temps après, les gérants de l’Hôtel de France, Bruno et Brigitte Mazzucato reprennent l’établissement en Avril 2019. Ils décident le changement complet du concept. L’enseigne choisie est « Il Caldo » ce qui signifie en italien : Le Chaleureux. C’est une pizzeria-trattoria comme on en trouve très souvent en Italie.

Ce changement nécessite la refonte complète de l’intérieur de l’établissement avec de nouvelles couleurs, le changement du mobilier etc. La restauration est bien sûr italienne : pâtes, pizzas et plats traditionnels. Le restaurant est ouvert le midi. Un système de livraison à domicile est mis en place

Remerciements aux archives municipales

Les estaminets de la Fraternité

Une pétition datée du 19 juin 1908 réunit six signataires, déclarant tous être cabaretiers patentés place de la Justice, qui vient d’être rebaptisée le 22 avril pour prendre le nom de place de la Fraternité. Ils ont pour nom Louis Foelix, Veuve Equinet, Isidore Herreng, Lemaire, Désiré Carlier, et Demoucron, et demandent « s’il ne serait pas possible de faire monter le ballon, le 14 juillet, sur la place désignée plus haut ». Ils se plaignent que « les fêtes locales nous font perdre tous leurs clients, qui se rendent dans le centre ».

La pétition

Six cabarets, cela semble beaucoup pour une place qui ne comprend que très peu de commerces. L’envie nous vient de les localiser et de voir ce qu’ils sont devenus.

Au moment de la pétition, la place est récente : elle est tracée dans les champs depuis le milieu des années 1890 ; l’avenue Julien Lagache l’est au début des années 1900 de même que l’avenue Linne. Les constructions n’ont pas encore émergé autour de la place. Seuls quelques rares bâtiments s’élèvent le long de la rue de Lannoy près de l’intersection avec l’avenue Lagache. D’autres, plus nombreux et construits de manière pratiquement continue, sont édifiés entre l’avenue Cordonnier et la rue du Chemin Neuf. C’est là qu’il faudra rechercher nos signataires et non autour de la place proprement dite.

Les constructions vers 1908

Reprenons la liste des signataires dans l’ordre.

Louis Foelix occupe en 1908 l’immeuble faisant le coin de l’avenue Julien Lagache, celui qu’on voit à droite sur la photo. Il porte à l’époque le numéro 401, mais, à la suite d’une renumérotation, il portera en 1913 le numéro 379, qui ne changera plus ensuite jusqu’à aujourd’hui. On remarque l’estaminet en liesse sur la photo d’inauguration de l’hôpital. Assurément, le cabaret a été construit dès l’ouverture de l’avenue.

Louis Foelix reprend l’estaminet à un monsieur Loridan, propriétaire avant 1907. Sur une photo d’avant la construction de l’abri du tramway affiche, on peut lire en grand son nom sur la façade. En 1913, la veuve Carlier y officie pour quelques années. Celle-ci a-t-elle un rapport de famille avec le Désiré Carlier du 377 ? En 1924, c’est L. Carlier (C.Carlier, sans doute son frère, y habite, alors qu’il exerce la profession d’infirmier).

De 1935 à 1955, la débitante est Mme Vandenbulcke, puis Mme Dupriez préside en 1958 aux destinées de l’établissement qui a pris le nom de café de la Fraternité. On trouve ensuite en 1962 Mme Pleyou, en 1964 L.Demey. Mme Raux en 1973, alors qu’en en 1978, M. Raux dirige une entreprise de taxis parallèlement au café tenu par Mme.

Aujourd’hui, le café est toujours en activité ; il est animé par Jean Claude Galand.

Photo Jpm

La veuve Equinet, deuxième signataire de la pétition, qui tenait commerce d’allume-feux dès 1903 au numéro 423, face à l’avenue Cordonnier, s’est donc recyclée dans le débit de boissons sans changer d’adresse. En 1913 son estaminet est repris par A. Spriet, jusqu’à la fin des années 1920. En 1930 celui-ci devient épicier, toujours à la même adresse, alors qu’un L. Spriet, peut-être son fils, électricien, habite également la maison. En 1935, le commerce redevient un estaminet, conduit par G.Planque jusqu’à la guerre. En 1953, c’est un magasin d’électricité générale, Leng-Picard, qu’on retrouve jusqu’en 1958 alors que, à partir de 1955, un garage automobile au nom de F.Vanderdonckt figure quelques années à la même adresse que le café. En 1962 les électriciens se spécialisent dans la radio-télévision, alors que le garage devient garage de la Fraternité jusqu’en 1978.

En 1983 M. Senkiwski a repris le commerce de radio-télé et le garage, lui, disparaît en 1984.

Quatre ans plus tard, les locaux du 423 abritent un commerce de matériels de collectivités au nom de Carosello diffusion, qui vient de déménager en traversant la rue depuis le numéro 460.

C’est aujourd’hui une maison d’habitation dont l’étroitesse laisse imaginer les dimensions de l’estaminet d’origine. La vitrine du commerce a disparu, mais la grille du garage est inchangée.

Photo Jpm

Le troisième signataire, Isidore Herreng tient son activité de cafetier en face du précédent, au 460, la deuxième maison après la rue Cordonnier. On le retrouve à cette adresse grâce au recensement de 1906 où il est indiqué qu’il est tisserand, mais que son épouse, Angèle-Marie, est épicière.

Le Ravet-Anceau de 1908, lui, nous indique J.Herreng, épicier. Il passe ensuite au 458, mieux situé, où on le retrouve en 1913 et 1914, toujours comme épicier selon le Ravet-Anceau. Il est permis de penser que l’épicerie débitait également des boissons comme souvent à l’époque. Par ailleurs, on peut raisonnablement imaginer que le J du prénom est indiqué par erreur, et qu’il s’agit bien d’Isidore Herreng, notre signataire.

Au 460 s’installe alors V. Seigneur, mercier jusqu’en 1939, année où il cesse ses activités commerciales. On verra en 1953 dans l’immeuble s’installer la poissonnerie de Mme Decroix., qui cède son commerce en 1964 à Mme R. Delbarre, remplacée elle-même par Mme Sauvage en 1968, puis par A. Bourlet en 1973. Ce commerce disparaît enfin en 1978, et c’est, en 1983, Carosello diffusion, matériels pour collectivités, qui reprend les locaux pour quelques années avant de traverser la rue pour s’installer en face, où on le retrouve au 423 en 1988.

Finalement, la caisse d’épargne sise au 458 s’agrandit au détriment du 460, qui disparaît alors.

Le 460 entre 1983 et 1988

Nous découvrirons dans un prochain article ce que sont devenus les autres estaminets de la Fraternité.

Les documents présentés proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives départementales.