Collège Saint-Paul

Dans les années 1950, un glissement de population est provoqué par la construction massive d’habitations en périphérie des villes et notamment à Roubaix et dans la ville voisine de Hem. L’Association roubaisienne d’éducation et d’enseignement prend alors des mesures pour faire face aux demandes massives d’inscriptions scolaires qui en découlent.

Par l’intermédiaire de la SICLL (Société Immobilière de Construction d’Ecoles Libres) de nouveaux établissements scolaires voient le jour. C’est dans ce cadre qu’ en 1955, à la lisière de Roubaix, plus exactement au n° 22 de la rue de Roubaix à Hem, la nouvelle école Saint-Paul accueille dans ses locaux une centaine de garçons.

Vue aérienne de la rue Charles Fourier avant la construction et après la construction (Documents archives municipales)
Une école libre de garçons sort de terre en juillet 1955 (Document Nord-Eclair)

Le chantier commence en juin et l’architecte Delplanque est aux commandes. Les entrepreneurs réussissent le tour de force de la livrer pour la rentrée scolaire. Il faut dire qu’elle ne comporte que 4 classes mais, comme elle est bâtie sur un terrain de 5.000 mètres carrés (ancienne propriété de Mr Pennel) des projets d’expansion pourront être effectués à l’avenir. Le bâtiment élève ses murs sur un vaste terrain situé à l’extrémité de la rue Charles Fourier à Roubaix, là où commence la rue de Roubaix à Hem. L’école est donc en quelque sorte située à cheval sur les 2 communes et possède une entrée sur Hem et une sur Roubaix, avenue Gustave Delory.

La nouvelle école à la lisière d’Hem et Roubaix dans les années 1950-60 (Document IGN)

L’école ouvre, non pour la rentrée des classes de 1955, le 30 septembre à 8h30, mais le 3 octobre. Elle est dirigée par Mr Deroo et l’enseignement y est assuré par des instituteurs civils. Pourtant les locaux sont bénis par Mr le chanoine Froidure, directeur diocésain de l’enseignement religieux, au cours d’une cérémonie réunissant de nombreux parents d’élèves.

Mr Marescaux, président du comité familial scolaire du nouvel établissement prononce son discours avant la bénédiction des locaux et photo des élèves après l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

La fête champêtre du comité scolaire de l’école se déroule en mai 1957 et commence par un souper familial en musique le samedi soir avant de laisser la place dimanche midi à un apéritif concert avec le concours de Radio-Lille puis des stands accueillant la foule des visiteurs servis par de « gracieuses serveuses » et enfin un concours réservé aux enfants costumés sur le thème histoires et légendes de France clôturé par un diner au restaurant pour les nombreux amis de l’école.

Groupe des dames et organisateurs dévoués de la fête (Document Nord-Eclair)

En juillet 1957, à l’occasion de la distribution des prix, une belle fête familiale a lieu dans la cour de l’école. De nombreux parents viennent applaudir leurs enfants dans des chants et saynètes avant la distribution des prix et la lecture du palmarès. Puis l’abbé Callens, curé de la paroisse, rend hommage au dévouement et à la compétence du personnel enseignant libre. Le discours se termine sur le constat suivant : bien que créée depuis 2 ans seulement, l’école s’avère déjà trop petite avec ses 6 classes et ses 205 élèves et il va donc falloir recourir à la construction de 2 classes supplémentaires.

Fête familiale à l’école Saint-Paul en 1957 (Document Nord-Eclair)

Dans le courant des années 1960, la nouvelle école Saint-Paul continue à accueillir de plus en plus de jeunes garçons tandis que Sainte-Bernadette, de l’autre côté du pâté de maisons, mais sur le territoire de Roubaix, avenue Gustave Delory, fait bénéficier de l’enseignement élémentaire les jeunes filles, notamment celles des nouveaux lotissements et immeubles du quartier.

Photos d’école des années 1960 à Saint-Paul (Documents Copains d’avant et Historihem)

A titre d’information, en 1970, l’école Saint-Paul accueille un effectif de 210 élèves. Durant cette décennie, comme toutes les autres écoles, Saint- Paul organise annuellement sa kermesse. En 1975, une réunion a lieu avec les parents d’élèves pour évoquer la mixité instaurée avec succès dans les classes de 1ère année de cours élémentaire.

Les kermesses annuelles de l’école en 1971 et 1979 (Documents Nord-Eclair)

En juin 1980, la direction diocésaine de l’enseignement libre ferme Sainte-Bernadette à Roubaix, malgré une pétition de parents d’élèves convaincus de sa viabilité. Des problèmes d’effectifs insuffisants justifieraient cette décision qui implique pourtant la dispersion du personnel rattaché à l’établissement et l’inévitable dégradation des locaux laissés vides.

En septembre 1983, c’est le collège Saint-Paul qui ouvre ses portes dans les locaux de l’ancienne école Saint-Paul, laquelle est transférée, côté Roubaix, dans les anciens locaux de Sainte-Bernadette. Le collège accueille alors 110 élèves dans 4 classes, avant d’effectuer des travaux d’extension dès janvier 1984, avec la construction de 10 salles de classe supplémentaires à savoir celles du couloir en zig-zag, flambant neuves et éclairées par de larges baies vitrées, dans lesquelles 300 élèves sont formés par une équipe de 14 professeurs.

Agrandissement du collège en 1984 (Documents site internet)

Un an plus tard, les nouveaux locaux sont baptisés. L’abbé Jean-Noêl Delannoy, directeur diocésain de l’enseignement catholique, remet à chaque délégué de classe un crucifix béni par ses soins pour l’accrocher au tableau noir des différentes classes. Le directeur : Jacques Sockeel, se félicite de la création de ce premier collège de l’enseignement catholique à Hem, lequel compte 85 % de jeunes hémois sur les listes d’inscription.

Saint-Paul, une école qui a tellement crû (Document Nord-Eclair)

Dès 1985, le collège se distingue en organisant le premier jumelage entre un collège français et une école islandaise. La première démarche consiste à instaurer un système de correspondance entre les élèves des 2 établissements, puis à créer une association « Amitié-Jeunesse franco-islandaise » laquelle pourrait obtenir d’éventuelles subventions permettant des échanges de séjours de 10 à 15 jours dans chaque pays.

Jumelage franco-islandais (Document Nord-Eclair)

A la rentrée de 1986, dix divisions fonctionnent et en 1987, le chiffre se monte à 14 divisions dans lesquelles 400 élèves sont accueillis. Les effectifs ont donc quadruplé en 4 ans. 1987 est également l’année où 66 élèves du collège effectuent un voyage en Islande dans le cadre de leur jumelage avec le collège Holtaskoli de Keflavik.

Mr François Scheefer, secrétaire auprès de la direction de Saint-Paul et Terence Beal ambassadeur des élèves de Saint-Paul en Islande, un glacier islandais et la pêche à la baleine (Documents Nord-Eclair)

L’opération est rééditée l’année suivante avec le voyage d’une vingtaine d’élèves du collège Saint-Paul qui logent sur place chez leurs correspondants . Le programme d’excursion est chargé : geysers, perspectives glaciaires, champs de lave, bassins d’eau chaude, navires baleiniers…

Navires baleiniers, chauffage par le sol, neige en avril, glaciers, volcans et champs de lave (Documents Nord-Eclair)

Les vacances d’été de l’année 1989 permettent la construction de trois salles supplémentaires (devenues aujourd’hui salles d’art plastique et de technologie). Le fond de la cour du collège a alors l’aspect d’un joli jardin avec pelouses, arbres et fleurs.

Le deuxième agrandissement en 1989 et le jardin arboré et fleuri au fond de la cour (Documents site internet)

Durant les années suivantes le jumelage franco-islandais prend sa vitesse de croisière et les voyages des collégiens sur place se succèdent. Et en 1990, on assiste à la naissance de 2 associations :

  • l’association française des amis de l’Islande dont le président est Mr Scheefer, conseiller d’éducation et initiateur du jumelage
  • l’association des « jeunes islandophiles » dont le président est Mr Antoin surveillant au collège assisté de Mrs Sockeel (le directeur) et Scheefer et dont le siège est situé au collège, dont le but est de regrouper les jeunes français qui se sont déjà rendus en Islande et ont gardé des contacts sur place afin de pouvoir poursuivre plus facilement les futurs échanges.

Le groupe de 28 élèves et ses accompagnateurs et réception chez la présidente de la République en 1989 (Documents Nord-Eclair)
Les représentants de l’association des « jeunes islandophiles » devant le collège en 1990 (Document Nord-Eclair)

Ce jumelage désormais avec le collège Langholtsskoli de Reykjavik, toujours en Islande n’empêche en rien les liens avec d’autres pays et, en 1992, dans le cadre du jumelage des villes de Hem et Wiehl, une délégation de jeunes allemands est reçue au collège durant quelques jours. Ce deuxième jumelage persistera dans les années 2000 quand le premier prendra fin.

Une délégation de jeunes allemands devant le collège en 1992 (Document Nord-Eclair)

Durant cette même année scolaire 1992-93, une annexe du collège est ouverte rue Jules Watteuw, dans le quartier des Hauts-Champs, permettant de porter à 16 le nombre de divisions de l’établissement.

Annexe rue Jules Watteuw (Document site internet)

Cinq ans plus tard, en 1997, sous la direction de Jean-Luc Verduyn , la fermeture de l’annexe (aujourd’hui démolie) et la construction de nouveaux locaux permettent le regrouper l’ensemble des élèves sur le site historique de la rue de Roubaix, qui y compte dès lors le même nombre de divisions à savoir 4 classes pour chaque niveau avec un CDI en plus.

Photo de Jean-Luc Verduyn en 2012 et l’agrandissement de 1997, le temps où la salle d’étude sert aussi de cantine (Documents site internet)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Pourquoi deux Leers ?

Une des premières questions qui vient à l’esprit quand on évoque Leers, c’est pourquoi y-a-t-il deux Leers, au risque de créer la confusion. En effet, si vous dites que vous habitez Leers-Nord, c’est en Belgique que vous résidez. Il faut préciser que désormais Leers France est une commune du Département du Nord et des Hauts de France et que Leers-Nord fait partie de l’entité d’Estaimpuis située dans la province de Hainaut, en Belgique.

Carte adaptée du plan d’assemblage du cadastre 1825 source Mairie de Leers, et de l’Atlas des communications vicinales de 1846 source Maison Communale de Leers-Nord (tracés du canal et de la voie de chemin de fer effacés)

Alors pourquoi avoir divisé la commune initiale de Leers ? La raison appartient à l’histoire. En 1769, le Roi de France Louis XV et l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche travaillent à construire une frontière entre leurs territoires. Le premier cède à la seconde des terres qui sont réunies au Tournaisis à la suite de la convention des Limites en 1779. Ainsi trouvera-t-on des communes coupées par la frontière naturelle de la Lys comme Comines et Wervicq et Leers, dont le tracé frontalier est plus compliqué à expliquer, du fait des nombreuses enclaves d’un pays ou d’un autre.

Mais les deux Leers se retrouvent régulièrement depuis la création de l’entité d’Estaimpuis en 1977 : elle se compose de sept villages depuis la fusion du 1er janvier 1977 : Estaimpuis (I), Évregnies (II), Saint-Léger (III), Estaimbourg (IV), Leers-Nord (V), Néchin (VI), et Bailleul (VII). Les villages d’Estaimpuis, Leers-Nord et Néchin sont frontaliers avec la France à l’ouest.

Le jumelage de 1986 Photo NE

C’est le 14 septembre 1986 qu’est signée la charte de jumelage de la commune de Leers (France) avec la commune d’Estaimpuis (Belgique). L’amitié qui unit Leers et Estaimpuis a dépassé la frontière et la collaboration des deux villes permet de nombreuses rencontres notamment dans le cadre des festivités. Elles célèbrent chaque année l’anniversaire de leur union – le 3e week-end de septembre – lors des fêtes de l’Amitié franco-belge réunissant la population de part et d’autre de la frontière.

Panneau chemin mitoyen Photo PhW

Le plan des deux Leers est issu d’un article de Benoît Delvinquier publié en octobre 2002, p. 28 du 1er numéro spécial de l’ARHW

Le tournoi du jumelage

Un des points communs entre les quatre villes sœurs de 1969, Bradford, Mönchengladbach, Roubaix et Verviers, c’est à coup sûr un passé, voire un présent footballistique glorieux.

Bradford City Association Football Club Photo NM

Ainsi le Bradford City Association Football Club est un club de football anglais est fondé en 1903. Le club adopte un statut professionnel et rejoint la League la même année. La saison 1910-1911 est la meilleure saison de toute l’histoire du club. Le club termine 5e de la division 1 et, le 26 mai 1911, le club remporte la finale de la Coupe d’Angleterre de football. La période d’après-guerre est particulièrement difficile pour les « bantams ». Lors de la saison 1921-1922, l’équipe est reléguée en division 2. Cinq ans plus tard, le club est relégué en troisième division. Il faudra deux saisons à Bradford pour remonter en division 2. Lors de la saison 1933-1934, ils ratent d’un point une montée en division 1 et finissent par retrouver la division 3, à la suite d’une relégation lors de la saison 1936-1937. Après la seconde guerre mondiale, l’équipe est reléguée en division 4 lors de la saison 1960-1961. La remontée en division 3 est finalement acquise lors de la saison 1968-1969. Bradford reste 3 saisons en division 3 avant de redescendre à l’échelon inférieur, en 1972.

Borussia Mönchengladbach Photo NM

Le Borussia Mönchengladbach est fondé le 1er août 1900 et le premier nom du club est le Fussballklub Borussia 1900. Le club accède à la plus haute division de l’époque en 1912 et devient champion d’Allemagne en 1920. Le Borussia intègre la deuxième division en 1949 et monte en première division de l’Allemagne de l’ouest l’année suivante. En août 1960, le club remporte la Coupe d’Allemagne de football face à Karlsruher SC (3-2). L’année suivante le Borussia devient le premier club allemand à participer à la nouvelle Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, éliminés par les Glasgow Rangers en quart de finale. En 1965, le club accède au nouveau championnat d’Allemagne professionnel, la Bundesliga. Dans les années 1970, le Borussia devient l’une des figures de proue du football allemand. Le 31 octobre 1969, il occupe pour la première fois la tête du championnat. Il est encore aujourd’hui le deuxième club à avoir occupé le plus le haut du tableau après le Bayern Munich. Le 30 avril 1970 les « poulains » s’adjugent leur premier titre de champion. L’année suivante le Borussia remporte une nouvelle fois le championnat devant le Bayern Munich et devient alors le premier club à remporter deux fois de suite le championnat. Par la suite le Borussia continue à dominer le championnat tout en se distinguant sur la scène européenne. En 1972-1973 le club remporte la coupe d’Allemagne face à Cologne et atteint la finale de la coupe de l’UEFA où il s’incline face à Liverpool.

Le C.O.R.T Photo NM

Il n’y a plus vraiment de grand club de football à Roubaix. Le Racing Club de Roubaix né en 1895 a fusionné avec le Stade Roubaisien né en 1896 pour former le Racing Stade de Roubaix en 1963. L’année suivante, le nouveau club organise le tournoi international junior qui sera un rendez vous régulier pour les amateurs de ballon rond jusqu’en 1985. Après la seconde guerre, le CORT qui regroupe le RC Roubaix, l’Excelsior AC et l’US Tourcoing, est soutenu par l’industrie textile locale. Il termine troisième pour sa première saison, puis remporte le titre de champion de France dès la saison suivante, en 1946-1947. Mais il ne peut éviter la relégation en Division 2 à l’issue de la saison 1954-1955, et abandonne le statut professionnel en 1963. Les heures de gloire sont donc bien passées.

Royal Cercle Sportif Verviétois Photo NM

Verviers entre en football au cours de l’année 1896, initiée par un sud africain de passage, M. Scott Lane. Fondé le 18 octobre 1896, le Royal Cercle Sportif Verviétois fait partie des dix premiers clubs belges et il joue au stade de l’Ile Adam à Lambermont. Il fait partie des dix plus vieux cercles de football de Belgique. Le club a disputé 102 saisons dans les séries nationales, ce qui en fait le sixième club à avoir disputé le plus de championnats nationaux en Belgique. Surnommés « les Béliers », en référence au passé riche en industrie lainière de la région, les joueurs de ce club évoluent en vert et blanc, couleurs de la ville de Verviers. En 1897, ils s’affilient à l’Union Belge des Sociétés de Sports Athlétiques sous le nom de Verviers Football Club. En 1903 , c’est la fusion avec le Stade Wallon pour former le Club sportif Vervietois. En 1925, après l’obtention du titre de Société Royale, changement de dénomination : le Club sportif Vervietois devient le Royal Club sportif Vervietois et reçoit l’année suivante le matricule 8. Le club fut deux fois champion de Division 2 en 1925 et 1956 et une fois champion de Division 3 en 1948.

Les blasons des quatre équipes

Si l’on résume les forces en présence, Bradford présente donc une équipe de 4e division anglaise, Mönchengladbach est venu avec une sélection amateur des différents clubs de la ville, afin d’éviter un tournoi déséquilibré (dixit la presse), Roubaix « renforce » le CORT avec des professionnels comme Roger Boury (ex RC Lens et CORT, retraité depuis 1958, André Betta et Pierre Michelin deux ex Cortistes encore en activité dans le championnat professionnel) et Verviers présente une équipe de division 2 belge.

Le tournoi se déroule les 7 et 8 juin 1969 au Parc des Sports et met en présence les sélections de chaque ville. Les premiers matches opposent le RCS Verviers au FC Bradford et Mönchengladbach au CORT. Les anglais et les roubaisiens remportent leur match. C’est Pierre Michelin, lociste à l’époque, qui inscrit le but permettant à Roubaix de battre Bradford en finale.

Roubaix, rond point de l’Europe

Le 19 mai 1969 le conseil municipal décide de donner le nom de rond point de l’Europe au carrefour devant la poste principale. On y installe le nombre de mâts nécessaire pour hisser dans de grandes occasions les oriflammes des membres de la communauté européenne. Ce qui sera fait quelques jours plus tard, dans le cadre des cérémonies officielles de jumelage avec Bradford, Mönchengladbach et Verviers.

Le rond point de l’Europe Photo NE

Le jumelage entre deux villes date du moyen âge, alors que Roubaix n’existait pas encore1. Un jumelage est une relation établie entre deux villes majoritairement de pays différents, relation qui se concrétise par des échanges socio-culturels. C’est dans l’immédiat après seconde guerre qu’un mouvement fédéraliste français dépassant les clivages politiques, « La Fédération » fondé en 1944, relance dans les années 1950, l’idée du jumelage de communes en Europe. Cinquante maires européens fondent en janvier 1951 le Conseil des communes d’Europe. S’ensuit le premier jumelage entre deux villes européennes, Troyes et Tournai, le 4 novembre 1951 ; entre deux capitales, Rome et Paris en 1956. Un premier jumelage franco-allemand, entre Montbéliard et Ludwigsbourg est officialisé en 1962, un an avant le traité de l’Élysée qui scelle la réconciliation franco-allemande, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer2.

Il apparaît alors que le seul moyen de progresser sur le plan des relations internationales et d’apaiser les haines et les rancœurs, est de tisser des liens au niveau le plus élémentaire, la commune, et ainsi, d’établir des relations d’échanges étroits avec ses voisins. L’objectif initial consiste à échanger des connaissances, des expériences, du savoir-faire dans tous les domaines de la vie locale. Engager les populations traumatisées de cette Europe ruinée de l’après-guerre à fraterniser, relève du défi. Parmi les échanges culturels, en parallèle des diverses associations communales, les collèges et lycées des communes jumelées sont parties prenantes et aident à promouvoir ainsi l’apprentissage de langues étrangères.

Victor Provo l’européen Photo AmRx

Le projet de jumelage de Roubaix avec d’autres villes européennes verra donc son aboutissement en 1969. Mais dès les 20 et 21 juin 1968, une délégation de Mönchengladbach est reçue à Roubaix, puis le 1er octobre 1968, c’est au tour de la délégation de Bradford, avec à sa tête le Lord Maire Walton. Enfin, le 21 novembre, il est procédé au jumelage avec le bourgmestre de Verviers. Le 20 décembre, la municipalité de Roubaix reçoit des personnalités de Bradford,Verviers et Mönchengladbach. Le 28 décembre, ce sont les pongistes de Mönchengladbach. En 1969, les rencontres se poursuivent : le 23 mars, rencontre de natation des villes jumelées. Le 29 mars, c’est l’inauguration de la Maison de l’Europe à Roubaix, tandis qu’une délégation de la municipalité roubaisienne prend l’avion pour Bradford. En avril, les roubaisiens se rendent à Mönchengladbach. 

Les 7 et 8 juin 1969 ont lieu à Roubaix les cérémonies officielles de jumelage des villes de Bradford, Mönchengladbach, Verviers avec Roubaix. Alderman Edward Newby, Lord Mayor de Bradford, Wilhelm Wachetendonk, Oberbürgermeister de Mönchenglabach, Victor Provo Maire de Roubaix et Marcel Counson Bourgmestre de Verviers prêtent le serment de jumelage suivant :

« Librement désignés par le suffrage de nos concitoyens, certains de répondre aux aspirations profondes et aux besoins réels de nos populations, sachant que la civilisation occidentale a trouvé son berceau dans nos « anciennes communes » et que l’esprit de la liberté s’est d’abord inscrit dans les franchises qu’elles surent conquérir, considérant que l’oeuvre de l’Histoire doit se poursuivre dans un monde élargi mais que ce monde ne sera vraiment humain que dans la mesure où les hommes vivront libres dans des cités libres,

En ce jour nous prenons l’engagement solennel de maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en tous domaines les échanges entre leurs habitants pour développer par une meilleure compréhension mutuelle le sentiment de la fraternité européenne, de conjuguer nos efforts afin d’aider dans la pleine mesure de nos moyen au succès de cette nécessaire entreprise de paix et de prospérité : l’Unité européenne. »

Les quatre prestataires du serment de jumelage Photo AmRx

Roubaix est aujourd’hui jumelée avec les villes de Skopje (Macédoine) depuis 1973, Prato (Italie) depuis 1981, Sosnowiec (Pologne) depuis 1993, Covilhã (Portugal) depuis 2000 et a signé des accords de partenariat avec les villes de Bouira (Algérie) depuis 2003 et Qabatiya (Palestine) depuis 2012.

1Le Mans et Paderbron en 836
2D’après Wikipedia