Le PMU de la Justice

Les documents les plus anciens que nous ayons pu consulter font mention tout au bout de la rue de Lannoy, à la limite de Lys, d’un estaminet associé à un bureau d’octroi. Cet estaminet est tenu dès 1884 par Fr. Vanangeval, alors qu’on prévoit l’installation d’une bascule charretière devant le bureau de l’octroi.

Document daté de 1888 – archives municipales

 Le Ravet-Anceau nous renseigne sur les différents cafetiers qui se succèdent au carrefour de la justice. A partir de 1894, c’est J. Gadenne qui tient l’estaminet. On y trouve H. Lefebvre en 1899, puis L. Dupont de 1903 à 1908. A partir de 1913, la numérotation atteint cette extrémité de Roubaix. A. Nolf préside désormais la destinée de ce commerce situé au numéro 630. Après la guerre, c’est son gendre, Théophile Van Wanbecke-Nolf qui tient commerce à cette adresse.

En Juillet 1925, ce cafetier demande l’autorisation d’effectuer des travaux dans l’immeuble qu’il possède. On apprend dans son courrier qu’il est également propriétaire du bureau d’octroi. Les travaux consistent à échanger les emplacements de l’octroi, initialement placé côté rue verte et de l’estaminet, placé côté rue de Lannoy. On va également supprimer deux fenêtres sur la rue verte pour les remplacer par une baie vitrée plus large.

Document archives municipales

 C’est ainsi que le Ravet-Anceau place en 1930 l’octroi au 628, et l’estaminet, dénommé désormais « café de l’Octroi » au 630. On change la numérotation en 1935, et le café et l’octroi passent au numéro 694. Le propriétaire est toujours monsieur Van Wanbecke. En 1939 l’octroi est au 694. Le café, au 696, est tenu par G.Marquant et figure sur une carte postale prise depuis Lys dans la deuxième partie des années 20. On y voit au premier plan les rails de tramway, et, au fond à droite le terrain ce qui deviendra bientôt le parc des sports. On y remarque également un gabelou de faction à la porte du bureau de l’octroi.

Document collection particulière

 Après la guerre, on retrouve Mme Van Wanbecke qui tient maintenant commerce d’alimentation générale au 692, et, de 1953 à 1964 H. Merckx, comme tenancier du café. Celui-ci passera dans les mains de monsieur A Bouscarle, cafetier PMU de 1968 à 1973.

Document Nord Matin

En 1975 une publicité paraît dans la presse, informant le public de la réouverture du café, cette fois-ci sous l’égide de M . Vandenberghe-Madou et de son épouse. A partir de 1978 le Ravet-Anceau ne fait plus mention du nom du tenancier. On le désigne simplement sous le nom où on le connaît aujourd’hui : le « Pmu de la Justice ».

Document collection particulière

 

 

 

 

Conférences de jardinage

Avant d’être la cité de tours et d’immeubles que l’on connaît depuis les années soixante dix, le quartier des Trois Ponts était un espace mi industriel, mi champêtre, où se trouvaient des cultivateurs, des horticulteurs et des jardiniers. Dans cette dernière catégorie, il y eut de nombreux jardins ouvriers, à proximité des usines et dépendant d’elles, comme le groupe Cohem situé derrière la teinturerie Delescluse, ou des groupes municipaux, dont celui des Trois Ponts, créé en 1935. Chaque ensemble de jardins était animé par un brigadier, dont le rôle était d’animer la vie des jardins par ses conseils et recommandations, mais aussi de faire respecter la réglementation en vigueur. Les jardiniers participaient sous sa férule à un concours annuel où ils remportaient des prix pour la qualité de leurs cultures et pour la bonne tenue et l’ornementation florale de leur jardin.

Jardinier des Trois Ponts Photo Nord Éclair

Les jardiniers se réunissaient régulièrement à l’occasion de causeries ou de conférences, données par des ingénieurs horticoles, ou des chefs jardiniers de la ville de Roubaix. Ces réunions se déroulaient comme suit : le conférencier faisait son exposé, puis il répondait bien volontiers aux questions de l’assistance, avant qu’ne tombola et le verre de l’amitié ne viennent terminer la séance. Ces conférences se déroulaient dans des lieux très divers. Pour le quartier des trois Ponts, il y eut la salle des fêtes de l’école Jean Macé, mais aussi le café Delaforterie ou le café Cohem.

Conférence dans le café Cohem Photo Nord Éclair

Une des dernières conférences eut lieu au café Cohem en décembre 1968. Elle fut organisée par la société d’horticulture et des jardins populaires de France dont le siège est à Valenciennes. Ce jour là, un professeur d’horticulture vint parler des travaux de saison (élagage, semis), de la conservation des plantes, de l’utilisation des engrais.MM Bolsius délégué régional de la société et Delaforterie, trésorier de la société des Trois Ponts assistaient à cette conférence avec une nombreuse assistance. Une tombola suivit l’exposé.

Ces conférences étaient très suivies et attiraient beaucoup de monde. Elles étaient la preuve que l’activité du jardinage créait des liens et des échanges que la disparition des jardins a définitivement enterrés.

Commerces de la rue Jean Goujon

ruejeangoujonLa rue Jean Goujon en 1956 Photo Nord Éclair

La rue Jean Goujon fut établie dans le prolongement de la rue du Tilleul, future rue Jules Guesde, afin de permettre l’accès au parvis de l’église Saint Jean Baptiste terminée en 1890. Ses premières maisons et commerces apparaissent du côté pair, elle est viabilisée en 1904, ce qui la transforme en une rue très passante et commerçante.

Commençons la visite par le n°2. L’estaminet de 1900 voisinait déjà avec un boucher au n°2 bis avant de devenir la boucherie charcuterie Derruder dans les années vingt. C’est un marchand de volailles qui lui a succédé au milieu des années soixante. Le n°4 fut d’abord une épicerie, avant de connaître divers occupants : un cordonnier, un marchand de meubles, un marchand de chaussures. Le n°6 est occupé dès les années vingt par un marchand de chaussures, il l’était encore dans les années soixante dix avec la maison Dubois.

La quincaillerie Teffri Photo Lucien Delvarre

La quincaillerie Teffri a laissé un souvenir durable dans la mémoire des gens du quartier, elle a démarré au début du vingtième siècle, et elle se trouvait au n°16 jusque dans les années quatre-vingts. Un teinturier occupe le n°18, dès les années vingt, et ce jusqu’au dépôt Duhamel des années soixante. En 1984, il y aura là une épicerie. Le n°20 abrite un ébéniste en 1922, puis ce sera la société de chauffage central Clairbois et Boiveau, les équipements ménagers Clairbois. Un cabinet immobilier puis un cabinet d’assurances ont pris la suite dans les années soixante dix.

La rue Jean Goujon, les commerces côté pair Coll Thiébaut

Le café au n°22 est un des plus anciens commerces de la rue. D’abord cité comme tabac en 1900, il est indiqué café en 1922 et le restera jusqu’à nos jours avec des tenanciers différents. Le n°24 était entre les deux guerres, la librairie Hertogh Vanheule. Après guerre, un électricien, puis un fleuriste lui succéderont. La coopérative roubaisienne de consommation se trouvait au n°26 en 1931. Après guerre, une poissonnerie y restera une vingtaine d’années, et c’est aujourd’hui un Lavomatic. Le n°28 a toujours été un commerce de fruits, légumes et primeurs, tenu après la seconde guerre par M. Debersée. Les n°30-32 sont le domaine de la boulangerie pâtisserie. Dans les années trente, s’y trouvait la biscuiterie roubaisienne. Enfin le 32bis était un estaminet salon de coiffure, avant de devenir un café à part entière, qui a aujourd’hui laissé la place à une agence immobilière.

Au n°1, les Coopérateurs de Flandre et d’Artois Coll Thiébaut

Le côté impair comporte moins de commerces, du fait de la présence du square Corot, qui coupe sa perspective au milieu de la rue. Autrefois, le n°1 fut un estaminet, avant de devenir une maison de mercerie, puis de bonneterie et de lingerie jusque dans les années cinquante. Les Coopérateurs de Flandre et d’Artois y sont installés en 1955 pour une vingtaine d’années.

Au n°3 se trouvait une boucherie, jusque dans les années quatre-vingts. Le n°3 bis a longtemps été occupé par le commerce d’un grainetier, Modart en 1953, et Deborgher par la suite. Le photographe Deladerière se trouvait au n°5 en 1900, il y restera une vingtaine d’années avant d’être remplacé par un comptable. Un teinturier est au n°7 pendant les années trente, la boucherie hippophagique Nys au n°9 dans les années cinquante, et plus récemment au n°11 une pharmacie dans les années soixante dix. Tous ces commerces sont aujourd’hui disparus. La boucherie chevaline qui fait l’angle de la rue d’Hem a sans doute pris la suite du n°9.

La rue Jean Goujon a donc été le digne prolongement commercial de la rue Jules Guesde pendant tout le vingtième siècle.

Le café des Trois Ponts

3ptsavantOù se trouvait donc ce café ? A l’angle de quelles rues ? Qui en était le propriétaire ? Quelles sociétés y avaient leur siège ? Quand a-t-il disparu ? A vos souvenirs et commentaires…

Anne Marie nous écrit :

J’habitais le quartier des 3 Ponts de 1933 à 1951 et je pense que ce café était situé à l’angle des rues Beaumarchais et Victor-Hugo. Ce café se trouvait au n°1 de la rue des trois ponts, au débouché de la rue Beaumarchais qui allait jusque là avant l’ouverture de l’avenue de verdun.

Claudine confirme :

Ce café se trouvait au N° 1 de la rue des Trois ponts, au carrefour avec la rue Beaumarchais, et juste en face de la ferme LEBRUN qui se trouvait au N° 2 de la rue des Trois Ponts (c’était la ferme de mes parents, qui y l’ont habité et exploité jusqu’à sa démolition en Septembre 1966, et nous avons été les derniers habitants de l’ancien quartier)

Annie retrouve des souvenirs :

Je suis née au 10 rue des 3 ponts en 1942 à coté de la ferme Lebrun et presque face au café qui se trouve sur la photo. J’ai envie de vous livrer un souvenir datant de 1953, ma grand mère était cuisinière à la cantine de l’école Jean Macé et lorsque les graves inondations ont eu lieu en Hollande l’école a accueilli des petits enfants hollandais le personnel de la cantine ne comptaient plus ses heures pour faire des repas à tout ces enfants aidés pour cela par des gens du quartier. Les enfants dormaient dans la salle des Fêtes et certains chez l’habitant il y eu beaucoup de solidarité. Je pourrais remplir des pages de souvenirs de mon ancien quartier.

Annie poursuit :

Le café au coin de la rue des 3 ponts appartenait vers 1940 à Mr et Mme Delannoy je ne pense pas qu’il y avait d’association, simplement les hommes jouaient aux cartes et il y avait un système d’épargne et quand il y avait assez d’argent ils organisaient un « Pierrot » (haricots saussisses). Vers les années 50 ce café a été habité par des Nord Africains venus travailler chez nous, ils habitaient une vingtaine dans ce café ensuite quand leurs femmes et leurs enfants les ont rejoints ils ont eu d’autres logements.
J’ai parlé des inondations en hollande mais dans le quartier des trois ponts nous en avions tres souvent et j’ai souvenir que certains traversaient la place des trois ponts en barque.tous les habitants avaient des barrages qu’ils installaient à leur porte d’entrée dès que menaçait un orage.
à bientôt pour d’autres souvenirs…