Les Hauts-Champs (suite 1)

Une association de locataires travaille à régler les problèmes rencontrés et édite même un bulletin d’information comprenant un compte rendu des actions entreprises, informations et conseils judicieux. Outre la question du chauffage sont ainsi cités l’implantation d’un poste téléphonique et la viabilisation des allées ; restent les points négatifs : le bruit à réguler surtout durant la nuit et la propreté à respecter pour le bien-être de tous.

L’association de locataires au travail (Document Nord-Eclair)

En 1962, deux champions sportifs vivent en tout cas dans la « cité d’avenir » à savoir Alain Mille et Roland Melerowicz. Le premier, du haut de ses 16 ans, est un ancien des Hauts-Champs puisqu’il réside Square des Moulins, avec sa famille, depuis plusieurs années. C’est un espoir régional en course à pied. Le second, arrivé dans le quartier depuis seulement un trimestre, à 32 ans, a déjà parcouru l’Europe pour participer à des compétitions de lancer de marteau, dans l’équipe de France d’athlétisme.

Alain Mille (Document Nord-Eclair)

Six ans plus tard, on construit toujours, par tranche, dans ce nouveau quartier des Hauts-Champs, au carrefour des 3 villes, des milliers de logements. Les possibilités d’accueil sont à présent de l’ordre de 4227 logements dont un tiers d’individuels. L’importance des familles qui y logent est en moyenne de 5 personnes et il semble qu’il n’y ait pas assez de logements destinés aux familles nombreuses et que pour chaque famille il manque une pièce par logement.

La grande muraille et le plan du quartier (Documents Nord-Eclair)

Les locataires ont été reçus par la municipalité de Hem pour faire part de leurs doléances parmi lesquelles : des détritus et ferrailles toujours déposés sur des terrains vagues de la cité et leur enlèvement nécessaire en urgence puis de manière régulière, la vaccination des enfants à organiser dans un lieu situé dans le quartier tel que le Centre Social, l’assainissement du bac à sable de la rue du Professeur Nobel, le renivellement de l’allée menant à l’école et, de manière plus générale, la réalisation de l’embellissement du quartier.

Les locataires reçus par la municipalité de Hem en 1967 (Document Nord-Eclair)

Au fils du temps, des commerces viennent s’installer dans le quartier et rompent son isolement, ainsi que l’obligation pour les familles de se rendre sur Roubaix ou d’avoir recours aux marchands ambulants, plus chers. Ainsi, rue Briet, s’installent une cordonnerie puis une droguerie et une pharmacie et rue Pasteur un studio photo puis une entreprise de décoration et un magasin de papeterie (sur ces sujets voir deux précédents articles édités sur notre site).

Mais c’est surtout l’implantation du supermarché SASI, avenue Laennec, en 1963 qui représente une révolution dans ce nouveau quartier. Dans ce magasin, 190 mètres carrés sont consacrés à la vente d’alimentation, produits frais et liquides, et 130 mètres carrés au non-alimentaire. Un stand boucherie de 35 mètres carrés est tenu en concession par Mr Prinsic et un stand de teinturerie, blanchisserie, nettoyage à sec est tenu par les Ets Duhamel. Une caisse d’épargne doit prochainement ouvrir dans ce qui constituera un petit centre commercial.

Le supermarché SASI et la caisse d’Epargne inaugurés en 1963 (Documents Nord-Eclair)

Par la suite, avenue Laennec on trouvera, au n° 227, un magasin qui vend presse, cadeaux, etc et qui a un magasin annexe rue des Ecoles à savoir le magasin Lobry (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site), avec la blanchisserie Duhamel et une agence de la Caisse d’Epargne. On y trouve également un maître tailleur, Angelo, au n°213 et une retoucheuse, Emilienne Baert, au n°70.

Photo du magasin Lobry dans les années 1960 et photo de l’avenue Laennec à cet endroit et du même emplacement au début des années 2000 (Documents collection privée) Publicités d’Angelo et Emilienne Baert (Documents Historihem)

Par la suite la moyenne surface sera remplacée par le supermarché Longchamp « chez Abdou » et la blanchisserie Duhamel deviendra un lavorama dans la seconde partie des années 1970. Celui-ci, ouvert de 7h à 20h, 365 jours par an, comportera des essoreuses et séchoirs individuels et sera géré par le couple Machtelinck, déjà propriétaire d’un établissement sur Roubaix.

Publicité du supermarché en 1980 et du lavorama en 1975 (Documents Nord-Eclair)

La rue Ambroise Paré ne compte aucun commerce et, à la fin des années 60, elle sert trop souvent de « parking sauvage » pour camions. La rue Beaujon quant à elle abrite une entreprise artisanale à savoir les Ets Maurice Locquinier : tous travaux de couverture, zinguerie, terrasse, etc. C’est dans la rue de la Justice, face à l’école des Hauts-Champs que l’on trouve la droguerie Valcke qui sert également de dépôt pour le Lavoir Mon Plaisir.

La rue Ambroise Paré en 1969, publicité Valcke de 1961 et publicité pour les Ets Locquinier en 1966 (Documents Nord-Eclair)

En 1970, un projet d’aménagement voit le jour concernant le vaste terrain toujours en friche situé à l’arrière de la grande barre, avenues Calmette à Hem et Joseph Dubar à Roubaix. Il est décidé d’en faire un terrain de sports, des jardins de repos pour enfants jusqu’à 6 ans et, pour les plus grands, une piste de patins à roulettes, des pistes de pétanque et un terrain de volley-ball. Pourtant ce projet prometteur ne sera pas mené à terme.

Projet d’aménagement du terrain vague situé derrière la grande barre en 1970 et photo panoramique de 1985 (Document Nord-Eclair)

Quant à l’avenue Calmette, les barres d’immeubles collectifs occupent la quasi totalité de sa longueur et elle ne compte alors aucun commerce. Ce n’est qu’au tout début des années 1970 qu’une maison médicale ouvre ses portes, tout au bout de l’avenue, sur le territoire de Roubaix. La maison Médicale Laennec, implantée sur un terrain de 1000 mètres carrés, rassemble quatre médecins associés, un dentiste et un kinésithérapeute, à l’angle de l’avenue du Président Coty.

Au rez-de-chaussée bas du bâtiment on trouve le sas d’entrée, le hall d’entrée, le cabinet du chirurgien-dentiste, les salles de gymnastique, de massage et de rééducation, la salle d’attente et les cabines de déshabillage. Au rez-de-chaussée haut sont rassemblés un hall d’entrée, un accueil et un secrétariat, une salle d’attente, deux bureaux de médecins, une salle de scopie et une salle de soins pour la petite chirurgie et les urgences. Enfin l’étage regroupe une salle d’attente, trois bureaux de médecins ou spécialistes, une salle de scopie et une salle de réunion. (voir sur ce sujet un article précédemment édité sur notre site).

Maison médicale Laennec en 1970 (Documents Nord-Eclair)

Dès 1975, la saleté repoussante des terrains vagues entre les immeubles fait craindre pour la santé et la sécurité des enfants du quartier qui y jouent. A la fin des années 1970, la presse locale titre : Hauts-Champs, des points noirs disparaissent. Il est question de toute une série de travaux destinée à assurer le mieux-être de la population : viabilisation de la chaussée rue Villemin avec quelques places de parking et quelques ilots de verdure, reconquête de terrains vagues, jonchés d’immondices, situés entre deux rues pour y construire des garages (110 entre les rues Beaujon et Larrey, 120 entre les rues Dunant et Nobel, 97 entre les rues Villemin et Beaujon) et des dépendances pour les riverains. Enfin les trop fameux nids de poule de l’avenue Laennec vont disparaître.

Projet pour les terrains vagues en 1975 et HC des points noirs disparaissent en 1978 (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la ville de Hem.

24 Place de la Liberté

Pierre et Élise Motte habitent au 24 Place de la Liberté, dans les années 1850 :une grande bâtisse construite sur 3 niveaux sur un terrain de 1800 m2. Pierre décède en 1871. Sa veuve cède la filature peu de temps après, et se consacre aux œuvres charitables. Elle conserve son domicile du 24 place de la Liberté. Désireuse de venir en aide aux roubaisiens défavorisés, elle fait venir à Roubaix, en 1886, les religieuses du Très Saint Sauveur, aussi appelées sœurs de Niederbroon car cet ordre a été fondé dans cette ville alsacienne. Les sœurs du Très Saint Sauveur sont une congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière de droit pontifical. Leur mission est d’apporter les soins à domicile et de soulager les roubaisiens de la misère et de la pauvreté. Continuer la lecture de « 24 Place de la Liberté »

Une association de locataires

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Le H13 futur os à moelle en 1968 Photo NE

Le 28 avril 1967, cent cinquante personnes du H13 et du H4 se retrouvent pour une première réunion, dans un garage de l’escalier D transformé en salle de réunion, avec comme projet la création d’une nouvelle association de locataires pour le groupe Édouard Anseele.

Cette réunion fait suite à l’envoi en décembre 1966 d’une petite lettre circulaire adressée aux locataires et à une première rencontre entre une dizaine d’entre eux. A cette occasion, un questionnaire est élaboré, puis diffusé à tous les locataires du h13 et du h4, soit plus de 450 locataires. Il obtient plus de 200 réponses et la création de l’association est unanimement souhaitée. Ses objectifs seront les suivants : étudier et défendre les intérêts matériels, moraux et familiaux de tous les locataires, assurer leur représentation auprès de la société propriétaire, des pouvoirs publics, du CIL, et de toute personne morale, publique ou privée, favoriser en dehors de toute considération politique ou religieuse un esprit d’entraide mutuelle, promouvoir la réalisation et l’animation de services d’intérêt général dont l’existence se révélerait nécessaire.

Un échange de vues porte sur les thèmes suivants : buts, représentativité, liens avec d’autres associations et syndicats, adhésions personnelles à ces syndicats, liens avec d’autres immeubles de la rue Bernard et du boulevard de Belfort, problèmes de parking, de nettoyage des entrées…

Les résultats du questionnaire sont présentés : ils expriment la volonté des locataires de mieux se connaître, en effet un locataire sur quatre est étranger à la région. Les personnes âgées souhaitent aussi se rencontrer, un local pour activités est indispensable.

Un petit journal est publié par l’association des locataires. Le premier numéro paraît en mai 1967. Véritable journal d’immeuble, il évoque les échos de la vie quotidienne dans le H13, avec de petites chroniques, mais il aborde aussi l’histoire du quartier, présente les manifestations culturelles et les fêtes dans la ville, propose des petites annonces, et des articles d’information générale.

L’association des locataires du groupe Anseele se compose d’une équipe de 27 membres, et souhaite associer à sa démarche les habitants des blocs HLM, de l’autre côté du chantier du parking, afin de  retrouver une unité de quartier. Elle s’organise en trois commissions : la première dite relations extérieures, s’occupe des contacts avec la société propriétaire, le CIL et les différents services publics, la seconde commission s’occupe du journal, la troisième est la commission accueil et jeunes.

Les premières interventions de l’association ont concerné la côte mobilière, les charges, le chauffage, des aménagements et améliorations diverses, ainsi l’ouverture d’un local de réunion, pouvant être transformé en salle de jeux, la réalisation d’un terrain de volley ball, l’installation d’un téléphone public.

L’association porte ses efforts sur l’animation et l’intégration sociale des habitants. Un service d’entraide pour la garde des enfants pour les jours de sortie est né, de même qu’un service de nettoyage collectif pour lequel en se groupant les locataires ont obtenu des conditions avantageuses. Elle est destinée à très vite dépasser un rôle purement syndical, on parle déjà de comité des fêtes du quartier, sans doute après l’achèvement des travaux du centre commercial et de son parking souterrain.

D’après Nord Éclair