Au printemps 1978, le souci principal des élus est de redonner un second souffle au centre de Roubaix. La modernisation de l’Ensait, maintenue sur place, l’extension de la Redoute dans des locaux neufs, le centre Mercure, formeront des pôles d’attraction que la pénétrante va relier directement au centre. On considère qu’il faut procéder rapidement à la démolition d’un quartier fait en grosse partie de bâtiments industriels désaffectés, d’immeubles déjà détruits, et d’habitations insalubres, évacuées pour la plupart par leurs habitants, pour attirer les investisseurs. Il s’agit de ramener les habitants des classes moyennes partis vers l’extérieur grâce à des constructions de standing mêlées de façon équilibrée aux nouveaux logements sociaux et à des activités tertiaires à développer.
Le parking-silo, prévu face à la salle de sports qu’on vient de construire, tiendra toute sa place dans le projet, dans lequel s’insérera également l’extension du secteur piétonnier et la création d’un espace vert, mail planté le long de la future avenue. Pourtant, il n’est pas prévu de tout raser d’un coup ; les démolitions s’effectueront en phases successives, synchronisées avec les travaux de reconstruction.
Les travaux de démolition vont battre leur plein fin 1978, début 1979. Ils toucheront d’abord le secteur compris entre la rue du Vieil Abreuvoir et l’église Notre Dame, limité à l’ouest par la rue Nain, et à l’est par la rue Pellart, dont le côté impair est déjà démoli.
Les constructions du rue du Vieil Abreuvoir, dont seuls survivront au coin de la rue Nain les bureaux des contributions, logés dans l’ancienne Poste, et, à l’autre extrémité le café « Le Carillon » au coin de la rue Pellart, sont pour une bonne part des commerces. On y rencontre pourtant un nombre important d’associations : l’Association Centrale Roubaisienne, les œuvres des Catéchismes, l’Union Nationale et Républicaine, le Secrétariat familial, le secrétariat de la DRAC, l’union des Sociétés sportives de Roubaix, la Jeunesse Dramatique, l’Association des Prisonniers de Guerre du Nord, le Camping Club International, l’Amicale du personnel de direction de l’Industrie Textile, le Centre Culturel espagnol…
Dans les années 60, le périmètre abrite nombre d’entreprises et de négociants textiles. Dans la rue Nain, côté pair : Ridoblanc, la Manufacture de la Lys, Plasti-Décor, Mullié-Lesage, Desmarchelier et fils, Lecomte et Fils, César et Emile Pollet, ainsi que des domiciles privés. L’usine César Pollet fils, au coin de la rue des Lignes, est démolie depuis peu : on abat sa cheminée en 1976.
La rue des lignes ferme notre quadrilatère. On y rencontre également côté pair des entreprises souvent textiles : au 6 les établissements Declercq-Dupont et le Comptoir Textile de France, les établissements Robert, parfumeur en gros, au 3 la Société Anonyme Weil, fabricant de tissus, les établissements Prouvost et Bernard, les tissus Bonnel, la société industrielle d’importation de tissus, Bonnel et Flipo, Delespierre-Baeyens, et, au bout de la rue, au débouché de la rue du Pays, les établissements Lepoutre.
L’essentiel des bâtiments de la rue des Lignes vont disparaître, à l’exception des deux extrémités, côté impair, en même temps que l’ensemble du quadrilatère. Une photo de 1980, prise depuis le haut du parking-silo, nous montre une zone boueuse qui va jusqu’à la rue des Lignes et l’église Notre-Dame après les travaux de démolition. Il ne reste que quelques maisons à démolir dans les premiers numéros pairs de la rue des Lignes. Celles-ci ne survivront pas longtemps : les premiers immeubles neufs vont être érigés sur leur emplacement !
A suivre…
Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix