Depuis des décennies, le 23 de la rue du Vieil Abreuvoir à Roubaix ( à deux pas de la rue Nain ) a toujours été occupé par une coutellerie ; dans les années 1900-1910, c’est le commerce de M Gaillion.
Au début des années 1920, Maurice Capelle a 30 ans. Il est originaire de Comines, ville dévastée par la grande guerre, et arrive à Roubaix. Maurice est fils de commerçant. Il reprend avec son épouse Maria, née Ghéeraert, le commerce de coutellerie de M Gaillion. Ce dernier assure pendant quelques temps, une formation aux produits et à la tenue du commerce à Maurice et Maria.
Une fois propriétaires de leur point de vente, Maurice et son épouse décident de développer l’activité du commerce, malgré la situation économique difficile d’après guerre. Ils commencent par changer l’enseigne au fronton de la façade : « Ancienne Maison Gaillion : Maurice Capelle successeur ».
Aux différents produits de coutellerie vendus par son prédécesseur, Maurice ajoute une gamme d’articles d’orfèvrerie : argenterie, couverts, plats en inox, articles cadeaux avec les marques prestigieuses de l’époque : l’orfèvrerie « Ravinet d’Enfert » les articles en métal argenté « Bouillet Bourdelle » la coutellerie « Zwilling » et le très haut de gamme « Christofle ».
Il propose également à sa clientèle une gamme très complète de ciseaux, rasoirs automatiques, canifs etc, ainsi que des listes de mariage et une gamme d’articles cadeaux.
Les affaires se développent correctement. En 1941, par manque de place, Maurice décide de créer une pièce supplémentaire au dessus de l’atelier, derrière le bâtiment. Toute la famille habite en effet à l’étage.
En 1955, Robert Capelle, l’un des fils de Maurice qui, dès la fin des années 1930, l’aidait à l’atelier et au magasin, reprend l’affaire familiale qui devient : « Capelle père et fils ».
Maurice prend sa retraite à la fin des années 1950.
En 1957, un camion de lait circule dans la rue du Vieil Abreuvoir. Le chauffeur fait une manœuvre malheureuse et percute la devanture de la coutellerie. La façade qui datait de 1928, est très abîmée. Robert dépose alors un permis de construire, au mois de Mars, pour réfection complète de la vitrine.
L’architecte Verdonck, de l’avenue Jean Lebas, assure la direction technique des travaux.
La nouvelle façade est de couleur verte. Une grille de protection est posée pour une question de sécurité, et pour que les passants puissent toujours admirer les produits en vitrine, lorsque le magasin est fermé.
Robert et son épouse Marie Thérèse, née Delescluse, ont 5 enfants : Maurice, Françoise, Christine, Bernard et Yves. En 1958, le manque de place se fait donc cruellement sentir à l’étage. Robert et sa famille déménagent alors dans une maison, rue Anatole France.
En 1965, la municipalité décide de transformer la rue du Vieil Abreuvoir en secteur piétonnier ; tous les commerçants sont inquiets pour l’avenir, car l’absence de parking risque de perturber sérieusement les affaires. Après s’être rendu à Amsterdam et Cologne pour y observer des zones piétonnières, Robert reste confiant et continue de développer son commerce. Il y ajoute même d’autres marques : les célèbres couverts en acier « Guy Degrenne », et en coutellerie, des marques de fabrications traditionnelles comme Nogent, Langres et Thiers.
Robert et Marie-Thérèse veillent à offrir à leur clientèle aisée un service attentif, livrant sur demande à domicile ces produits réputés haut de gamme, assurant le réassortiment des services de table, la réparation d’objets élégants mais parfois fragiles, tels les cafetières ou théières en métal argenté etc. A l’intérieur du magasin, pour présenter l’ensemble des produits prestigieux, Robert fait appel à un ébéniste local pour concevoir de superbes vitrines de style Louis XV.
Robert entretient de très bonnes relations avec ses confrères, et en particulier la coutellerie Ryckbosch de la rue de Lannoy.
Dans les années 1970, l’évolution des modes de vie se fait sentir : les cadeaux de baptêmes et les listes de mariage perdent de leur importance ou se reportent sur des articles qui concernent davantage les loisirs que les arts traditionnels de la table
Les affaires deviennent de plus en plus difficiles, dans les années 1980. La situation économique générale, la concurrence des grandes surfaces pour des couverts de table bon marché et la difficulté de vendre de l’argenterie sur la ville amènent Robert à prendre sa retraite en 1985 et fermer définitivement son magasin.
Fort heureusement, Marie Thérèse et Robert Capelle avaient su, dès la fin des années 1960, offrir à leurs 5 enfants de solides études qui leur ont permis de réussir dans d’autres domaines.
Remerciements à Maurice Capelle ( petit-fils ), ainsi qu’aux archives municipales.
Dans notre famille le cadeau de mariage comportait une pelle à frites, large cuillère, qu’on ne trouvait que là.
Bonjour Jean Louis Denis. Je vous remercie pour votre commentaire. Bernard Termeulen