L’Auberge de Beaumont

Dans les années 1920, au 143 rue de Beaumont, se trouve l’épicerie de L. Nisse. Ce commerce est repris, dans les années 1930, par E. d’Havé. Le magasin est situé dans un quartier calme, à proximité de la rue Payen, et à deux pas de la ferme de M. Cruque, agriculteur, sur la place du Travail.

La rue de Beaumont en 1926 : à droite, un des bâtiments de la ferme Cruque ( document BNR )

Ce commerce devient ensuite un estaminet, géré successivement par Mme Ledocte dans les années 1940 et L. Grave dans les années 1950.

Dans les années 1960, le café se nomme : « Au Moniteur » Peut-être y avait il un rapport avec l’endroit tout proche place du Travail, où se déroulaient les épreuves pour passer le permis de conduire.

Modification de la façade en 1964 ( document Archives Municipales )

En 1964, le tenancier Kurt Gronow, qui demeure 121 rue Pierre de Roubaix, demande au bureau d’études Clément Dassonneville, à Menin, une modification complète de la façade de son établissement. Les travaux s’élèvent à 14.220 Frs. Dans les années 1970 1980 l’établissement change plusieurs fois de propriétaire. Les enseignes se succèdent également : La Serre et Le Rustique.

L’auberge dans les années 1980 ( document Archives Municipales et Nord Éclair )

A la fin des années 1980, Jean Pierre Pirlet reprend l’établissement qui devient « l’Auberge de Beaumont ». Deux ans plus tard, en 1990, aidé par son chef de cuisine Alain Dequidt, il ajoute à ses deux menus existants de 75 Frs et 125 Frs, des plateaux de fruits de mer.

document collection privée

On peut déguster désormais, le plateau du mareyeur de 24 huîtres fines de claire d’Oléron pour 120 Frs, et le plateau de fruits de mer composé d’huîtres, langoustines, crevettes, bouquets, amandes et un tourteau, pour le prix de 150 Frs. Un arrivage quotidien des fruits de mer et crustacés assure une fraîcheur des produits inégalable. Jean Pierre Pirlet propose également la livraison de plateaux à domicile et la vente à emporter. Il fait aussi profiter sa clientèle de son expérience en matière de champagnes et de vins blancs.

document collection privée

En 1996, Frédéric Mégnien et son épouse Kira reprennent l’auberge de Beaumont. Ils arrêtent la vente de fruits de mer et se dirigent vers une cuisine plus traditionnelle, avec un accueil sympathique et convivial. Frédéric devient  »Maître Restaurateur » ( titre honorifique délivré par l’Etat )

document collection privée

L’engagement de Frédéric : une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts, majoritairement frais, intégrant les circuits courts. Il cuisine des produits de saison, comme les asperges en Avril, le gibier et les champignons à l’automne…

Frédéric et Kira Mégnien ( document Nord Eclair )

Dans les années 2000, un incendie ravage le premier étage ; l’établissement reste alors fermé plusieurs mois pour travaux. En 2007, les époux Mégnien quittent l’auberge pour ouvrir un établissement à Lille puis à Villeneuve d’Ascq.

documents : L’Expresso

En 2008, l’auberge de Beaumont est reprise et devient : L’Expresso. Le nouveau gérant, Jean François Choquet propose désormais une cuisine italienne et française : restauration traditionnelle, vente de pizzas sur place ou à emporter.

Remerciements aux Archives Municipales.

Le Centre commercial du Tilleul

C’est en Septembre 1962 que le lotissement du Tilleul situé à la limite de Wattrelos et de Tourcoing se voit doté par le CIL d’un centre commercial que viennent inaugurer le maire Jean Delvainquiere, les commerçants et les dirigeants du CIL. Ce centre commercial est l’œuvre de l’architecte français Guillaume Gillet.

Guillaume Gillet (1912-1987) NE

Grand prix de Rome, il est connu pour ses réalisations liturgiques (Abbaye Notre Dame de Tournay, église Notre-Dame de Royan) et urbanistiques (grand ensemble des Blangis à Bagneux, quartier Edouard Anseele à Roubaix). Il a également réalisé en 1958 le pavillon de la France, à l’Exposition Universelle de Bruxelles (aujourd’hui détruit), ce qui lui a valu l’obtention de la Légion d’Honneur.

Le centre commercial CP Coll Particulière

A sa création, le centre commercial du Tilleul est composé des magasins suivants : alimentation générale Una service, alimentation générale Dani service, vins et produits alimentaires Nicolas, journaux papeterie librairie, horloger bijoutier Ph Verpoort, photo cinéma travaux d’amateurs Descamps portraitiste, Radio télévision ménager électricité générale Philips Desurmont frères Caisse d’épargne de Roubaix, Esthéticienne visagiste, massage sauna oxygénation Institut beauté Relax, Couleurs papiers peints verres à vitres droguerie Devlaeminck frères, Boulangerie Pâtisserie R Flament, Teinturerie blanchisserie cordonnerie Rossel. Ces magasins se présentent plutôt comme des cellules représentant des commerces existant par ailleurs, comme c’est le cas de la droguerie DeVlaeminck située place du Sapin vert.

Le centre commercial au pied de la tour CP Coll particulière

Guillaume Gillet réalise donc ce centre commercial dix ans avant celui de Roubaix 2000 dans le quartier Edouard Anseele. Est-ce une esquisse avant l’heure ? Ce centre commercial qui se complétera d’une station service, de restaurants est aujourd’hui toujours vivant malgré une façade un peu triste. Les bâtiments, qui appartiennent à Vilogia, mériteraient un peu de couleur. Il y a toujours un tabac-presse, une boulangerie, une boucherie, un coiffeur, une pharmacie, une auto-école, un médecin.

Le centre commercial aujourd’hui vue Google Maps

Certes le nouveau Lidl installé plus bas aux Couteaux, représente une concurrence importante mais le passage a augmenté devant le petit centre commercial, qui fait la frontière entre Wattrelos et Tourcoing. Une meilleure visibilité pourrait redonner un élan au petit commerce, pour que le renouveau du quartier profite à tous.

Décembre 1900

Publicité Journal de Roubaix

Lettre de l’automobile club du Nord à la Mairie de Roubaix au sujet du projet de taxe sur les motocycles automobiles (entendre motocyclettes ou motos). Ces véhicules sont déjà très imposés et une nouvelle taxe nuirait grandement au développement de la locomotion nouvelle et porterait un grave préjudice à une industrie essentiellement nationale. Le motocycle ne peut être assimilité à une voiture automobile, son prix d’achat tendant à diminuer chaque jour. Ce n’est pas une machine de luxe qui remplace simplement la bicyclette. Si l’on peut éviter la taxe sur les véhicules automobiles, qu’il en soit de même pour les motocycles. D’après un courrier de Félix Devouge, secrétaire de l’automobile club du Nord.

Le Racing Club de France 1900 Site Gallica

Les traditionnelles rencontres de football entre le Racing Club de France et le Racing Club Roubaisien. Les deux équipes parisiennes ont vaincu sur le terrain roubaisien.

Jean Rousseau le lutteur, champion de Roubaix, est le seul qui ait pu résister pendant 35 minutes devant le fameux lutteur turc Youssouf. Il rencontrera Jules Lesauvage athlète champion du nord, dans la salle de gymnastique de l’Ancienne rue Neuve à Roubaix, le jour de Noël. Enjeu, 200 francs. Le match a lieu devant 500 personnes et fut décevant, les deux lutteurs restant perpétuellement sur la défensive.

Un challenge international de cross country vient d’être créé au RCR, en attente de la validation de l’USFSA. Des clubs étrangers ont promis de participer, l’objet d’art qui sera le trophée de l’épreuve sera exposé prochainement.

Le concours de la Fédération des sociétés de Tir de la région du Nord organisé par le Tir National de Roubaix pour 1901 s’annonce de manière favorable : les administrations publiques, grandes compagnies, municipalités du Nord de la France viennent d’accorder leur généreux concours au comité d’organisation. Le conseil municipal d’Abbeville a accordé cent francs pour le concours et celui de Boulogne sur mer a envoyé une médaille de vermeil.

Le Cercle sportif de Bruges en 1914 site wikipedia

Pour le 31 décembre le RCR se rend à Bruges pour un match amical contre le Cercle Sportif Brugeois.

Ibis à Roubaix

Le 31 janvier 1988, la première pierre d’un nouvel hôtel est posée, comme signe tangible de la volonté de transformation de Roubaix voulue par l’équipe Diligent : transformer une ville repoussoir en un pôle d’attraction. Et en premier lieu, loger les visiteurs ! André Diligent rassure le monde hôtelier existant à Roubaix : avec un trois étoiles de 92 chambres, un deux étoiles de 13 chambres, quatre une étoile de 20 chambres, nous ne disposions que de 200 chambres pour tout Roubaix. D’un seul coup, nous augmentons notre capacité hôtelière de 50 % et ce n’est pas fini. Mais je suis convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde.

Le Sénateur Maire André Diligent posant la première pierre Photo NE

Le partenaire, c’est la chaîne Ibis, dont le premier hôtel ibis a ouvert à Bordeaux en 1974, construit par la société hôtelière Novotel-SIEH, qui a absorbé les hôtels Mercure en 1975 et deviendra le futur groupe Accor en 1983. L’objectif de cet hôtel est de créer une chambre 30% moins chère que celle de Novotel. En 1977, 14 hôtels Ibis ont ouvert en France. En 1980, Ibis ouvre son 50ème établissement. La même année, la société Aéroports de Paris autorise pour une durée de 50 ans les hôtels Ibis à exercer une activité hôtelière (556 chambres) sur les domaines publics des aéroports. Le groupe hôtelier Accor prend naissance en 1983 et ouvre son premier hôtel Ibis aux États-Unis en 1983. En 1984, Accor et la banque La Hénin réunissent les 123 hôtels ibis et Urbis au sein de la structure Sphère SA, qui devient le premier opérateur d’hôtels 2 étoiles en France. Roubaix sera le 215e Ibis.

Avant l’Ibis, un café restaurant CP Méd Rx

Estaminet déjà présent en 1898, bénéficiant de la clientèle des Halles Centrales, dénommée Brasserie de Belfort en 1908, toujours café dineurs en 1929, puis café de la poste en 1972, l’emplacement a toujours eu une vocation d’accueil du public en s’adaptant à son environnement. Nous sommes à présent face à l’IUT, à deux pas de l’ancienne filature Motte-Bossut qui est sur le point d’accueillir les Archives nationales du monde du travail (ANMT). Elles y seront installées en 1993. Le nouvel Hôtel est un deux étoiles, propose 64 chambres, un restaurant bar de 70 places. La presse cite d’ailleurs un programme en six points : dans les deux ou trois ans, Roubaix va se doter d’un formule un de la chaîne Accor, d’un Campanile deux étoiles, d’un trois étoiles de standing Accor Srai inséré dans un projet de centre d’affaires, un deux étoiles de la chaîne Ibis, celui-là vient de commencer et un Hotelia équipement hôtelier original pour personnes âgés qui s’installera à la place de l’ancienne CAF.

L’Ibis en attente de l’Eurotéléport et des ANMT Photo Guy Sadet

Inauguré en septembre 1988, l’hôtel Ibis connaît un démarrage assez calme, du selon le directeur de l’époque à la concurrence de Lille, de son animation et de ses restaurants. À l’occasion, l’Ibis joue le rôle de déversoir quand Lille affiche complet. Roubaix est par ailleurs en pleine transition. L’Ibis accueille plutôt un public de cadres, comme ceux du Lloyd continental. L’ouverture prochaine de l’Eurotéléport porte de grands espoirs. On sert 80 à 100 repas par jour et c’est souvent le midi. Le manque d’animation (il n’y a plus qu’un seul cinéma à Roubaix) et trop peu de restaurants pour intéresser les clients à rester le soir.

Sources : presse locale, Ravet Anceau, Wikipédia

Les tissus Hallynck

Dans les années 1920, le jeune Emile Hallynck entre dans la vie active. Il trouve un poste d’employé chez un négociant en tissus et draperies : J. Houzet au 18 et 20 rue de la Fosse aux Chênes. En plus de son activité, et pour compléter ses revenus, il vend des pièces de tissus dans différents commerces : forains, tailleurs, etc. Il parcourt à bicyclette les rues de la région pour laisser des coupons d’étoffe en dépôt chez ses clients.

Emile Hallynck ( document J. Hallynck )

Émile se marie avec Marthe, née Leclerc. Ils habitent au 196 rue de l’Hommelet. Émile a un sens inné du commerce et les affaires deviennent très rapidement florissantes. Il crée, avec son épouse, au début des années 1930, l’entreprise  »Émile Hallynck-Leclerc ». Ce commerce de détail de tissus se trouve à son domicile. En 1938, ils déménagent au 198 bis de la même rue, pour un local plus spacieux. Émile et Marthe ont 5 enfants : Pierre, Jean, Marguerite, Marc et Michel. A l’adolescence, ceux-ci aident leurs parents à tenir le commerce.

A la petite Jeannette ( document collection privée )

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent. Marthe et Émile souhaitent ouvrir un commerce dans le centre ville et trouvent, dans la rue du Vieil Abreuvoir, deux endroits complémentaires : au N° 8, un magasin de détail ( tissus, lainages et soieries ) pour Marthe et sa fille Marguerite. L’enseigne « A la Petite Jeannette » est gardée car très connue des roubaisiens. Au N° 28, un local qu’ Émile Hallynck transforme en commerce de draperies, gros et détail. Il crée ainsi, en 1949, la société  »Hallynck et fils » avec ses enfants Pierre, Jean, et Marc. En 1951, son gendre Gilles Nuytten (le mari de Marguerite) rejoint l’équipe dirigeante. Michel, le cadet, s’oriente vers une brillante carrière  musicale avec son épouse Jacqueline.

Dans les années 1950, la société Hallynck et fils couvre le marché des DOM-TOM par l’envoi massif d’échantillons. Le succès est immédiat, l’offre répondant à un besoin important, et les prix étant très attractifs. La société garde ce marché jusqu’à l’indépendance de ces territoires.

Façade du 16 avenue Jean Lebas ( document Archives Municipales )

En 1962, Marthe Hallynck transfère son commerce de détail au 16 avenue Jean Lebas. Elle entretient de bonnes relations avec ses confrères du centre-ville : Pauchant et Segard. Ils publient régulièrement des publicités communes dans la presse locale.

Publicité de 1962 ( document collection privée )

La nouvelle société  »Hallynck et fils » est très dynamique. Jean et son épouse Angèle, Gilles et Marc participent avec leur père à l’évolution de l’entreprise et développent la clientèle : artisans tailleurs, confectionneurs, créateurs de mode, commerçants en  »mesure industrielle » pour la confection. Les tissus proviennent principalement des usines textiles de Roubaix et de ses environs : Louis Lepoutre, Auguste Lepoutre, César Pollet, Jean Deffrenne, Motte-Bossut, P et J Tiberghien, Prouvost-Bernard et bien d’autres. Toutes ces usines ont aujourd’hui disparu.

L’entreprise est ensuite transférée dans un local plus spacieux, au 15 de l’avenue Jean Lebas. Puis, dans les années 1970, le Crédit Lyonnais, situé au 17 de l’avenue souhaite prendre possession de ce local ; les tissus Hallynck et fils déménagent à nouveau pour le 29 de la même avenue. Cet immeuble, alors vide, avait longtemps été occupé par un confrère : les Ets Noblet, fabricant de draperies haut de gamme.

Façade du 29 avenue Jean Lebas construit vers 1885, consacré au stockage des tissus ( document J. Hallynck )

 

Publicité 1970 ( document J. Hallynck )

 

Publicité 1975 ( document collection privée )

A ce jour, la famille Hallynck a développé son activité et la vente par correspondance, dans une ambiance familiale, avec un personnel attaché à l’entreprise, comme par exemple, Marie-Claude Berthe, entrée à l’âge de 14 ans et qui en est à sa 60° année de carrière ! Les relations avec les fournisseurs, clients et prestataires sont également privilégiées. Ainsi, si l’imprimerie Truffaut n’existe plus à ce jour, les relations très amicales avec Mr Truffaut existent toujours. La famille Hallynck, en plus de ses valeurs morales et relationnelles a eu une gestion rigoureuse et une capacité d’adaptation à l’évolution du marché.

Jean Hallynck en 2002 ( document J. Hallynck )

Depuis de nombreuses années, tout en continuant de vendre de la draperie pour costumes et de beaux lainages, Jean, Angèle et leur fille Isabelle ont élargi les gammes de tissus en privilégiant toujours la qualité et le haut de gamme. Les tissus pour femmes, les soieries pour robes de mariées, tissus pour enfants, tissus d’ameublement, ont pris place dans les rayons et sont très appréciés par la clientèle.

Le choix incomparable des tissus ( Photo BT )

Les tissus Hallynck, sous l’impulsion d’Isabelle (fille de Jean) dévouée depuis 35 ans à l’entreprise, continuent l’activité grâce à 90 années d’expérience et de passion, une très forte notoriété sur le marché et un choix important de tissus.

Marie-Claude Berthe, Jean et Isabelle Hallynck ( document J. Hallynck )

Remerciements à Jean et Isabelle Hallynck.

Les ressorts Delescluse

Albert Delescluse naît à Roubaix en 1890. Il entre en tant que coursier au Journal de Roubaix en 1905, puis devient maréchal-ferrant vers 1910. Après la première guerre mondiale, en 1919, il reprend l’affaire de son ancien patron Jules Hauguet, au 45 rue Newton.

Le 45 rue Newton. A la droite de l’habitation se trouve l’atelier de forge et de charronnage ( photo BT 2020 )

Albert Delescluse se marie avec Marie Vandenbroucke, dont le père est également maréchal-ferrant. De cette union naît leur fille Odette en 1920. L’atelier dont dispose Albert est bien équipé pour produire les fers à cheval, bien sûr, mais également pour cercler les roues en bois, fabriquer des ressorts à lames, et des épures (cadres en bois montés sur les châssis des premiers véhicules automobiles).

Albert Delescluse sur son estampeur, à l’atelier rue Newton ( document A.Antoin )
Albert Delescluse à gauche devant la forge, et deux ouvriers ( document A.Antoin )

Albert décroche de très gros marchés pour son activité de maréchalerie, comme La Lainière, puis il se spécialise rapidement dans la fabrication de ressorts pour toutes marques automobiles ainsi que pour les camions. Son entrepôt lui permet de stocker de nombreuses pièces pour satisfaire la demande de plus en plus importante. Albert est le seul fabricant de ressorts à Roubaix.

Publicité 1928 ( Document collection privée )

Face à son développement, à la fin des années 1920, son atelier de la rue Newton devient trop petit. Il fait l’acquisition du 17 bis boulevard de Beaurepaire, qui a l’avantage d’avoir un accès direct à son atelier de la rue Newton.

La voiture et sa remorque publicitaire d’Albert Delescluse devant le 17 bis en 1935 (document A.Antoin )

Les années suivantes, le développement devient très conséquent, et l’atelier du 17 bis est à son tour trop petit. Albert fait alors l’acquisition d’un terrain, en 1947, au 19 boulevard de Beaurepaire, et demande l’autorisation de construire un atelier. Il confie l’exécution des travaux ( la construction d’une nef ) à M Browaeys, de la rue Boucicaut, pour un montant de 350.000 Frs. Ce nouvel entrepôt lui permet de stationner les véhicules en attente de réparation, et de stocker ses pièces détachées. Le 19 du boulevard de Beaurepaire est séparé du 17 bis, par l’atelier de menuiserie de Désiré Lepers au 17 ter.

Publicité 1947 ( Document collection privée )

En 1945, Odette Delescluse, la fille d’Albert, se marie avec Albert-Hector Antoin. Ce dernier entre dans l’entreprise Delescluse en tant que forgeron. De leur union naît, en 1948, leur fils Albert-Ange Antoin. Pour trouver un logement à Odette et Albert-Hector Antoin, Albert Delescluse fait construire un appartement, en 1954, au dessus de l’atelier du 19. Il confie le dossier à l’architecte G. Verdonck avenue Jean Lebas.

L’appartement au 19 au dessus de l’entrée de l’atelier ( documents archives municipales )

A la fin des années 1950, les constructeurs automobiles réalisent d’énormes progrès techniques sur les nouveaux véhicules. Les ressorts à lames deviennent des amortisseurs télescopiques. L’entreprise Delescluse s’adapte et change de stratégie. Elle abandonne peu à peu la fabrication de ressorts et devient Centre Officiel des amortisseurs De Carbon. Albert-Hector Antoin diversifie alors son activité en distribuant des accessoires automobiles, comme des attelages de remorque, embrayages, échappements, transmissions, et, par la suite, des garnitures de freins.

( Document collection privée )

Albert Delescluse décède en 1963, et son épouse l’année suivante. Albert-Hector Antoin et Odette continuent l’activité de l’entreprise. Le développement de la société à cette époque est important ; ils rachètent le 19 bis, en 1958, à Mme Vve A Pruy-Plateau et le 17 ter, en 1963, au menuisier D. Lepers.

Reprise du 19 bis en 1958 à Mme Vve A Pruy Plateau ( document archives municipales )
Reprise du 17 ter en 1963 au menuisier D. Lepers ( Document collection privée )

La reprise de la menuiserie permet de refaire la façade du 17 bis et 17 ter. Au début des années 1970, leur fils Albert Ange Antoin a 22 ans. Il entre dans l’entreprise pour aider ses parents à l’atelier.

Le jeune fils, Albert-Ange au montage et équilibrage des pneus en 1974 ( document A.Antoin )
Refonte de la façade 17b 17t 19 19b ( Document collection privée )

En 1979, Albert-Hector Antoin rachète l’épicerie-alimentation de Charly Lagaise, au 19 ter, rase le commerce, et construit une porte de 5,50m de hauteur, et large de près de 8m, pour faciliter l’entrée et la sortie des camions. La façade totale mesure désormais près de 40m de large. La superficie totale est d’environ 1400 m2.

Publicité 1975 ( Document collection privée )

Albert Antoin ( père et fils ) continuent de développer le commerce de pièces automobiles. En 1974, ils ajoutent une activité : la pose de tachymètres sur les Poids Lourds pour le contrôle de vitesse, et en 1976, l’installation de compteurs pour les chauffeurs de taxi. Les ressorts à lame que produisait Albert Delescluse ne se vendent plus : 75 tonnes de ressorts ont été mises à la ferraille. L’entreprise Delescluse gérée alors par Albert-Ange Antoin, en Septembre 1998, est la première entreprise du Nord à passer aux 35 heures pour le personnel, ce qui débouche sur une accélération, quant à sa croissance interne et externe. Au début des années 2000, Albert-Ange aligne les différentes parties de l’entreprise sur une longueur de 50m. La superficie totale de l’entreprise est alors de 1800 m2.

Enseigne DLC façade avant et arrière ( Documents A.Antoin )

 

( Document Google Maps )

 

Une partie du comptoir de vente et intérieur de l’atelier ( Documents A.Antoin )

Au milieu des années 2000, l’entreprise Delescluse est rebaptisée DLC ( De.Les.Cluse ) pièces auto. Entre 2000 et 2003 Albert-Ange rachète 2 entreprises dans la région, puis 3 en région parisienne ; il les transforme sous la bannière DLC, ce qui permet de multiplier le chiffre d’affaire de façon très conséquente. En 2008, les parts sociales sont confiées au gérant Brice Pouill. Albert-Hector Antoin décède en 2016. L’entreprise est cédée en Décembre 2018 et l’enseigne devient « Auto Plus Roubaix ».

Auto Plus Roubaix ( document A.Antoin )

De la création, en 1919, jusque la cession, en 2018, les 3 générations ont connu ( pendant un siècle ) une énorme évolution : le fer à cheval, les ressorts à lames, les amortisseurs, et les accessoires auto. Il y a une cinquantaine d’années, existaient encore 44 grosses entreprises de distribution d’accessoires ; il n’en reste plus que 2 aujourd’hui. Les ventes se sont reportées sur des détaillants.

Albert-Hector Antoin ( document A.Antoin )

Remerciements à Albert-Ange Antoin, et aux Archives Municipales

Les huit de Ptit Louis

Un marcheur roubaisien

Tout comme Maurice Garin dans un autre sport, Louis Lebacquer est un roubaisien d’adoption qui a déjà brillé dans sa discipline la marche, avant que la guerre n’interrompe sa carrière. Né à Paris en Janvier 1919, il a passé ensuite de nombreuses années à Le Cateau dans le Nord avant d’arriver à Roubaix. Louis Lebacquer est un artisan ravaleur de façades, il habitait était 6 rue Inkermann à Roubaix et il avait un garage rue Miln pour entreposer son matériel.

Louis Lebacquer ravaleur de façade en 1965 Photo NE

Le néo roubaisien devient membre de l’académie des sports de Roubaix où il peut ainsi reprendre la pratique de son sport, la marche, que les années de guerre et de captivité ont interrompue. Il participe aux 28 heures de 1961, et finit 4e alors que l’aulnésien Charles Guny réalise le triplé en remportant l’épreuve. Louis Lebacquer est alors âgé de 42 ans. En 1962, il mène l’épreuve de bout en bout et marchera 242 kms. C’est sa première victoire avec une tactique qu’il n’abandonnera pas les années suivantes.

Victorieux en 1962 Photo NE

En 1963, Louis Lebacquer gagne les 28 heures pour la seconde fois, un tantinet déçu de ne pas avoir battu le record de distance de Gilbert Roger (250 kms), il s’en faut de quatre kilomètres. En 1964, l’épreuve se déroule en juin et se trouve réduite à 22 heures. Louis Lebacquer l’emporte pour la troisième fois devant un autre membre de l’ASR, Francis Strunc. L’épreuve de 1965 retrouve le mois de septembre et un Louis Lebacquer arborant un beau maillot de champion de France. Bien qu’il soit l’homme à battre, il ne change rien à sa tactique, attaque très tôt et creuse l’écart. Il remporte les 28 heures pour la quatrième fois. En 1966, Louis Lebacquer, devenu Ptit Louis pour ses supporters, s’est fixé comme objectif de battre le vieux record de Gilbert Roger. Ce qu’il fera en remportant l’épreuve pour la cinquième fois et en parcourant 255,540 kms.

L’année du record 1965 Photo NE

En 1967, populaire et imbattable sur son épreuve de prédilection, Louis Lebacquer parle de retraite, il est vrai qu’il approche la cinquantaine. Néanmoins il remporte les 28 heures pour la sixième fois. En 1968, malgré des conditions atmosphériques difficiles, il est à nouveau vainqueur, pour la septième fois. 1969 est l’année de la transition pour les 28 heures. L’organisation de l’épreuve passe de la défunte Académie des Sports de Roubaix au toujours vaillant Racing Club Roubaisien. Louis Lebacquer a cinquante ans et il a déjà remporté quelques épreuves avant de s’aligner au départ des 28 heures. Subissant une défaillance, il est contraint à l’abandon. Il sera tout de même à l’arrivée pour féliciter le vainqueur, le normand Landreau. Ptit Louis sera au départ de l’édition de 1970. Après un beau duel avec le luxembourgeois Josy Simon qui restera toujours à une quinzaine de minutes de lui, Louis Lebacquer sera intraitable et remportera l‘épreuve pour la huitième fois. C’est là sa dernière participation en tant que marcheur.

La huitième victoire Photo NM

L’orchestre Rudy Alban

Les parents de René Ost n’étaient pas musiciens. Pourtant, sa mère a voulu qu’il apprenne l’accordéon. C’est ainsi qu’il a commencé en 1949, à l’âge de huit ans, l’apprentissage de cet instrument avec un professeur. A 12 ans, il enchaîne avec la clarinette, puis à 15 ans, le saxophone. René pratique donc les trois instruments, et passe ses brevets. Il obtient une médaille d’or de clarinette et de saxophone en 63, après son service militaire qu’il passe en Algérie. Il se souvient que c’étaient des professeurs du conservatoire de Lille qui se déplaçaient pour faire passer une quarantaine de candidats.

René forme alors un orchestre de variétés dont il prend la direction. L’époque est favorable au développement de ces formations musicales et les engagements affluent très vite. « On faisait énormément de choses à l’époque : les réveillons, les bals, les soirées de mariage. On jouait souvent aux messes de mariage, et ensuite, on enchaînait, on faisait la soirée. On faisait de l’accompagnement de clowns, de danseuses, au music-hall. Il y avait énormément de travail… »

Selon les circonstances et les demandes, le nombre de musiciens varie de trois à huit. A plein effectif, il comprend un piano, une batterie deux saxophones alto, un saxophone ténor, un baryton, une trompette et souvent un trombone, alors qu’à trois, c’est normalement batterie, accordéon et saxophone. Dans la petite formation, chacun est capable de jouer de l’accordéon, ce qui permet de prendre l’instrument à son tour pour reposer les autres. En effet, certaines soirées sont très longues : « à un réveillon, on a joué à l’apéritif à Denain, à partir de 10 heures, puis on a commencé le réveillon à 11h et demi sur Douai, et on a joué jusqu’à huit heures du matin. Donc, à trois, si on ne tournait pas… » L’accordéon, c’est lourd, surtout ceux de l’époque. Ceux d’aujourd’hui ils sont plus légers !

René poursuit : « Tout ça ramenait quand même pas mal d’argent ; on était smicards à l’époque, et c’était intéressant, c’était un gros complément. Une année, j’avais fait le réveillon de Noël et celui de l’An, ainsi que le jour de l’an : Sur les trois, j’avais gagné autant que mon mois.

Au début, j’étais pris cinq jours par semaine. Le Vendredi et le samedi, on faisait la répétition de la petite formation, et le lundi de l’orchestre complet, et ça prenait beaucoup de temps. Au fur et à mesure, on jouait de plus en plus dans des soirées privées, mais auparavant on faisait des bals, à la salle Wattremez, dans les grandes salles à Wattrelos, au Familia, partout… On nous appelait même pour les soirées de Ste Cécile des harmonies, à Wattrelos, à Leers ! Au début, pour le réveillon de l’An, on était retenu un an à l’avance.

De temps en temps j’étais appelé dans d’autres orchestres : il manquait un premier alto, alors j’allais donner un coup de main. On jouait de tout. Beaucoup de variétés, mais aussi on faisait de l’opérette, du classique, du Jazz, un peu de tout… Il fallait s’adapter à tout, on avait appris à jouer énormément de choses.

J’ai failli partir comme professionnel aussi quand je suis rentré de l’armée. J’avais un de mes bons accordéonistes qui était parti en Angleterre dans un orchestre de cirque, et, comme il manquait un premier alto, il était venu me chercher en disant : viens, il y a du boulot pour toi là bas…, mais je venais de rencontrer ma future épouse, et j’ai refusé. C’était vraiment partir loin ; il a fait toute l’Europe après, en tant que professionnel… J’avais le niveau, j’ai intégré la grand harmonie de Roubaix, c’était quand même du haut de gamme ; et à Kain, la troisième harmonie Belge en niveau qualité… J’étais parfois parti pendant trois semaines tous les soirs. Avec la notoriété, on est appelé partout ! »

René joue avec différents orchestres pendant une douzaine d’années. Vers la fin, il se limite au saxophone, alto et ténor ; il lui a fallu faire un choix, faute de temps, car, parallèlement le travail devient de plus en plus prenant. Il devient directeur commercial et ses semaines de travail sont généralement de 50 heures, souvent 60, voire plus, jusqu’à 70, et il ne peut plus faire de musique. « D’ailleurs, on avait moins de travail, et il fallait aller très loin pour jouer : on devait faire parfois 200 kilomètres, ça n’était plus possible. »

Vers 35 ans il arrête ses activités musicales sauf pour une messe de mariage chez des amis ; il joue seul, avec l’orchestre c’est fini.

Une fois à la retraite, il est pressenti pour jouer dans la grande harmonie du conservatoire de Roubaix, et dans l’harmonie de Lys lez Lannoy : « J’ai repris l’instrument, j’avais le temps de travailler, mais il a fallu retravailler beaucoup quand-même ! »

Un dernier souvenir : « J’ai repris une seule fois mon accordéon pour les dix huit ans de ma petite fille : elle ne savait même pas que je jouais de l’accordéon. On a fait un anniversaire surprise : elle pensait aller au restaurant et, quand elle est entrée, j’ai commencé à jouer. Elle était vraiment surprise ! »

Merci à René pour avoir partagé ses souvenirs avec nous. Les photos proviennent de sa collection personnelle.

L’inauguration de la caisse d’épargne

Le ministre à l’entrée de la caisse d’épargne Photo NE

C’est le dimanche 23 mars 1958 que M. Garet, alors ministre de la reconstruction et du logement, vient entre autres choses inaugurer la caisse d’épargne de Wattrelos. Il sera passé au préalable par le Fer à cheval à la limite de Croix et de Roubaix, puis il aura inauguré le groupe Ternynck à Roubaix (l’immeuble surnommé la Banane du Nouveau Roubaix), aura survolé du regard la plaine des Hauts Champs et celle des Trois Ponts, futurs emplacements de cités nouvelles.

Il va ensuite inaugurer la nouvelle caisse d’épargne de Wattrelos et Monsieur Watine président de la Caisse lui remet une plaquette d’honneur ainsi qu’à MM. Provo et Delvainquière, respectivement maires de Roubaix et de Wattrelos. Suivra une réception à l’hôtel de ville, où une nouvelle plaquette, celle de la ville de Wattrelos lui est offerte. Il est 17 h 40 et le cortège quitte Wattrelos en passant par le groupe CIL du Laboureur. Après un crochet par le Galon d’eau et le square des Mulliez, Monsieur Garet fait ensuite le tour des chantiers de la Mousserie, du Tilleul et du sapin vert avant de se diriger vers le fort Frasez avant de rejoindre les bureaux du CIL rue Saint Vincent de Paul.

La succursale de la Caisse d’épargne de Wattrelos est due à l’architecte Lescroart. Elle se situe alors à l’angle de la rue Jean Jaurès et de la rue Gustave Delory, là où se trouvent à présent les locaux d’un cabinet médical de dentisterie. On peut apercevoir derrière le ministre en pleine inauguration les maisons de la rue Florimond Lecomte, qui vont disparaître lors de la construction de l’actuelle caisse, ainsi que le salon de coiffure Fernande et la droguerie herboristerie Couvreur. Auparavant, cet angle de la rue Jean Jaurès et Florimond Lecomte était occupé par le magasin de vêtements « Au Grand Chic ». La caisse d’épargne a donc traversé le carrefour pour venir s’installer au côté de la Trésorerie Principale.

L’ancienne caisse d’épargne vue Google