Du centre d’apprentissage au Lycée Loucheur

Un centre d’apprentissage est créé en 1941, au 112 rue des Arts à Roubaix, à l’initiative de la Chambre de Commerce. Le but de ce centre est de donner une formation adéquate aux jeunes de la région, afin de lutter contre le chômage. Initiateur du projet, Paul Degryse devient le directeur de cet établissement dont le bâtiment était auparavant occupé par J. Martel mécanicien constructeur.

document collection privée
Le 112 rue des Arts, de nos jours ( photo BT )

Le nombre de jeunes intéressés par cette formation est très important. Les locaux ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tout le monde. Très rapidement, une annexe est créée au 168 rue de Lille. Mais le problème majeur reste toujours le nombre croissant de l’effectif, et les deux endroits dispersés sont insuffisants. Il est urgent de construire un centre d’apprentissage digne de ce nom.

En 1957, un permis de construire est accordé pour la construction d’un Centre d’apprentissage, au 8 Boulevard de Lyon, sur un terrain manifestement laissé à l’abandon. Un château en ruines, occupé autrefois par la famille Willot Screpel y sera prochainement rasé.

Le château de la famille Willot Screpel au centre du terrain ( photo aérienne 1953 )
Plan cadastral

Les crédits de 200 millions de francs pour la construction sont maintenant accordés et les travaux vont pouvoir démarrer.

Les 2 architectes, Mrs Bazelis et Deletang travaillent en étroite collaboration avec Paul Degryse qui apporte sa compétence et son expérience de technicien.

Le vaste terrain d’une superficie d’1 ha, permet l’implantation de grands bâtiments. Le projet comprend un immense bloc-atelier, un bâtiment central pour l’enseignement général, les services administratifs, une cuisine avec salle de restaurant, un amphithéâtre, un gymnase, une installation cinématographique, une infirmerie, des douches.

document Nord Eclair 1956

L’établissement sera le plus moderne de France, il pourra accueillir 400 élèves, et compte tenu des prévisions démographiques favorables des années 1960, on pourra même envisager un second étage aux bâtiments.

La première pierre de ce centre est posée en 1957. Paul Degryse devient naturellement directeur de ce centre d’enseignement des métiers du bâtiment : charpente, mécanique etc, pour garçons.

document Nord Eclair 1959

Le centre d’apprentissage du boulevard de Lyon ouvre en 1959. Paul Degryse y accueille les parents d’élèves, pour visiter les locaux flambant neufs.

Quelques années plus tard, à la fin des années 1960, le Centre d’apprentissage change de nom, et devient un C.E.T Collège d’Enseignement Technique. Il dépend ainsi du département.

document archives municipales

Dans les années 1960, Paul Degryse édite régulièrement un périodique scolaire « Vers l’Avenir » destiné aux élèves.

document P. Debuine

En 1970, le Collège compte 417 élèves dont 301 demi-pensionnaires et 116 externes. Il n’y a pas d’examen d’entrée au Collège. Les diplômes obtenus sont le CAP ou le BEP. En cette année 1970, une nouveauté vient compléter les différentes formations techniques : la cellule Gaz qui permet de former une nouvelle pépinière d’ouvriers qualifiés.

Le C.E.T reçoit tous les mardis une centaine d’apprentis coiffeurs qui viennent compléter leur formation et accueille également des sociétés sportives roubaisiennes qui viennent profiter du gymnase.

Le nouveau directeur, Mr Lefebvre, gère également le foyer socio- éducatif du collège ( cours de photo, modelage, ciné club, journal )

documents archives municipales

à suivre . . .

Remerciements à Jean-François Caron, proviseur, ainsi qu’aux archives municipales.

L’inauguration de la Maison de l’éducation permanente

La Maison de l’éducation permanente est constituée de plusieurs modules formant un ensemble architectural résolument moderne. L’entrée s’effectue par la rue Jean Castel et donne l’accès direct à un vaste hall autour duquel sont réparties les salles d’enseignement général, les salles de cours informatiques, le centre audio-visuel, la salle de documentation. Elle dispose également d’un coin lecture, d’un forum pour les débats et discussions, il est également prévu un logement de fonction. De l’autre côté de l’entrée principale, ce sont les salles réservées à l’administration, aux enseignements spécialisés comme le dessin d’art, les sciences naturelles, la physique chimie. Une salle pour les enseignants, une autre pour les formateurs sportifs y seront aménagées. Des salles de superficie plus restreintes seront dédiées à des équipements tels que labo photo ou technologie diverses. Par le hall d’entrée, il est possible de rejoindre les salles dans lesquelles seront aménagés des ateliers tels que ferronnerie, cuisine ou couture.

La Maison de l’éducation permanente de Wattrelos, aujourd’hui doc ville de Wattrelos

Placé plus en retrait, un autre bâtiment a été construit pour accueillir une salle polyvalente pouvant être utilisée pour des spectacles, d’une contenance de 300 personnes. Dans la partie située à proximité de la ferme pédagogique, sera aménagé le restaurant directement adjacent à une belle terrasse sur laquelle une cheminée barbecue a déjà été installée. Les cuisines seront spacieuses. Un service médical et un foyer seront installés à proximité du hall des sports, dont l’entrée pourra se faire par la rue Jean Castel, mais aussi par la voie d’accès à la salle des jeux traditionnels.

Dès sa mise en service, la maison de l’éducation permanente poursuivra les activités déjà proposées aux stagiaires : cours d’électronique, informatique, anglais, allemand, préparation à l’examen d’entrée à l’université. Des projets sont en cours qui doivent permettre la création de stages de formation professionnelle (secrétariat, bureautique, électronique) en collaboration avec l’AFPA et des stages de gestion informatique en collaboration avec la chambre de commerce de Lille Roubaix Tourcoing. Les stages d’insertion de l’ancienne école Michelet y bénéficieront de salles de cours.

Cette maison est l’un des bâtiments les plus prestigieux en matière d’équipement éducatif et sportif pour Wattrelos et toute la métropole. Elle a un coût : 20 millions de francs. La ville de Wattrelos bénéficie d’une subvention du Conseil régional de 5 millions et 450,000 francs et peut ainsi déjà accueillir 600 stagiaires.

L’inauguration du 15 décembre 1984 doc NE

La maison de l’éducation permanente a été inaugurée le samedi 15 décembre 1984 par le député maire Alain Faugaret, en présence du président du Conseil régional Noël Josephe, de Michel Delebarre ministre du travail et de la formation professionnelle, de Madame Victor Provo et son fils Jean Claude, conseiller régional. Elle portera le nom de Victor Provo qui fut un grand maire, un grand député et un grand président du Conseil Général du Nord.

Site Motte-Bossut de Leers

Louis Motte-Bossut est le fondateur d’une filature qui, en 1843, représente, en importance, avec 18. 000 broches, dix filatures moyennes de l’époque. À peine achevée, cette usine est la proie des flammes (juillet 1845). Dix mois plus tard, elle est reconstruite sur des données plus vastes avec 44.000 broches, elle atteint presque l’effectif de toutes les filatures de Roubaix et de Tourcoing réunies. Quinze ans plus tard, une autre filature vient porter l’installation à 100.000 broches. La Filature monstre est à nouveau détruite par un incendie en 1865 et ne sera plus rétablie. Elle restera désormais de l’autre côté du canal. Peu de temps après, Louis Motte-Bossut aménage un important tissage de coton à Leers, puis une filature de laine à Roubaix, boulevard de Mulhouse (aujourd’hui disparue).

L’usine Motte Bosut à Leers doc VDN

En 1871, une importante usine de tissage de coton est construite sur la route de Roubaix par l’entreprise Motte-Bossut. La direction en est confiée à Léon et Louis, fils de Louis Motte et d’ Adèle Bossut. Avec le mariage de son aîné Léon, la raison sociale de l’entreprise change et devient « Motte-Bossut & fils ». Louis Motte-Bossut a donc créé un tissage de coton à Leers, qu’il confie à ses deux fils, Léon (1842-1903) et Louis (1845-1901). En 1895, intervient à Leers l’édification de la tour Motte-Bossut Fils (MBF), qui domine encore la commune.

Le site en 1965 Photo IGN

L’Usine a cessé ses activités en Juillet 1982. Elle occupait encore 170 salariés. En 1983, pour un essai de pré commercialisation avec le versant nord est, cinq entreprises de petite taille étaient intéressées. Le syndic de l’unité Motte-Bossut avait toutefois été saisi d’une offre plus rentable, émanant de la société Ferret Savinel qui voulait tout démolir et édifier des logements. Plusieurs projets allant jusqu’à 185 logements. Ferret Savinel avait même déposé deux permis de démolir et trois permis de construire pour 91 logements.

Mais la ville de Leers défend à l’époque un autre projet : pour 7000 m² achat et vente par lots côté avenue de Verdun, 9000 m² bâtis la ville les achète pour implantation d’activités à moyen terme. À court terme on y installerait des activités pour lesquelles on ne peut rien construire pour raisons financières, comme les ateliers municipaux, une salle polyvalente de sports. Dans la cour, près de la tour, 5 à 600 m² de bureaux pour l’école de musique. Sur les terrains, une partie en parkings et une douzaine de logements.

Le site en 1986 Photo IGN On distingue le lotissement des Tisserands

Rappelons que la fermeture de Motte-Bossut est un sinistre financier, perte de 8 % des recettes totales. La ville de Leers souhaite marquer une pause dans la politique d’urbanisation, en attente de son collège, dont le permis de construire est accordé, mais pas encore les financements et les crédits du conseil régional. Une partie du site est actuellement occupée par l’entreprise Sweetco, le reste des bâtiments par des associations sportives, un lotissement occupe aussi une partie des terrains de l’usine. Le verger de l’entreprise a également laissé place au lotissement nommé Les Tisserands.

L’espace sportif Motte-Bossut doc Ville de Leers

Depuis 1985, c’est l’entreprise Sweetco, aujourd’hui leader sur le marché du matelas et de la protection de literie pour bébés, qui  a installé ses bureaux et son site de production. En mars 2022, les salariés ont été informés du transfert de l’activité pour un regroupement sur le site logistique de l’entreprise, dans le parc d’activités de Roubaix Est.

Cette nouvelle situation permet à la ville d’envisager une autre destination pour ce site industriel, avec des logements notamment. La tour de l’ancienne usine emblématique dans la commune, devrait être conservée. Qu’adviendra-t-il du site Motte-Bossut ?

On lira avec intérêt le superbe travail de Bernard Moreau et Jean Pierre Desmet sur l’évolution du site Motte-Bossut de Leers dans Leers mon village, publié par l’Association Leersoise d’études Historiques et Folkloriques

Teinturerie Gabert

Né en 1828, à Condrieu, dans le Rhône, Firmin Gabert épouse en 1858 une hémoise, Flore Flament, avec laquelle il a un fils, Claude en 1859. Domicilié rue Poivrée, actuellement rue du Général Leclerc, il y installe également sa teinturerie, et on le retrouve sur les listes électorales de 1858.

Il figure sur la liste des commerçants et industriels patentés en1870, mais exerce déjà depuis plusieurs d’années, petitement d’abord au 37 bis où il est répertorié dans l’annuaire de 1923 puis en développant rapidement son affaire au 69 de la même rue. Son installation à Hem plutôt qu’à Roubaix s’explique par le manque d’eau de cette dernière tandis que la Marque arrose la ville de Hem d’eaux abondantes et claires.

Publicité ancienne précisant que la maison date de 1863 (Document collection privée)

Avec la guerre de 1870 et la Commune, tous les centres parisiens de teinture s’arrêtent et les marchandises affluent sur Roubaix et environs dont les industries prospèrent. Les fabricants de tissus d’ameublement de Lannoy notamment vont trouver chez Gabert des spécialistes de la teinture des écheveaux de soie entre autres.

C’est à ce moment qu’apparaissent les colorants chimiques qui donnent une quantité de nouvelles possibilités en remplaçant les produits d’origine animale et végétale. C’est le fabricant de produits chimiques hémois Frédéric Tellier qui se charge alors d’approvisionner les teinturiers locaux.

Conséquence néfaste sur l’eau de la Marque (Document Au temps d’Hem)

La première demeure de la famille Gabert est voisine de celle de la famille Meillassoux, tout comme leurs deux entreprises sont également voisines. En 1887 Firmin décède mais ce n’est qu’en 1920 que leur propriété est vendue au Docteur Leborgne après le décès de Claude en 1917.

Celui-ci a eu un fils Firmin en 1892 qui a épousé Suzanne Fremaux et les époux s’installent au 103 Boulevard Clémenceau. Le couple a 2 enfants : Philippe en 1927 et Jacques en 1931. Suzanne reste domiciliée bd Clémenceau après le décès de Firmin en 1953.

En 1981, le bâtiment vendu au Docteur Leborgne 60 ans plus tôt atteint du mérule sera rasé par la commune tandis que la maison des Meillassoux devient une annexe de la mairie. Il ne reste donc aujourd’hui plus trace du 1er Château Gabert.

Le 1er château Gabert, à droite sur la photo, le bâtiment de gauche appartenant à la famille Mulaton, et sa voisine de droite étant la famille Meillassoux (Document collection privée)
Vue des 3 châteaux dans la rue avec celui de la famille Meillassoux au 1er plan et le château Gabert au 2ème plan (Document Hem 1000 ans d’histoire).
Vue aérienne de la propriété Gabert-Fremaux Firmin du 103 boulevard Clémenceau en 1971 (Document IGN)

En 1895, avec d’autres industriels le successeur de Firmin réclame la création d’un tramway qui relierait Hem à Flers puis à Lille et fait partie d’une commission créée afin de se documenter sur le sujet. Il souhaite en effet investir pour que Hem devienne une ville moderne et bien reliée aux centres industriels de Roubaix et Lille. Il sera ainsi également l’un des premiers automobilistes hémois.

Ce n’est pourtant que sous la mandature de Mr Delecroix qu’un avis favorable est donné suite à l’enquête menée sur la création d’une ligne de tramways électriques à travers la ville de Hem. La ligne Roubaix Hem sera mise en exploitation en 1908 tandis qu’une 2ème ligne est également commencée pour relier Lille à Leers en passant par Hem.

Photo aérienne des teintureries Gabert (point noir) et Meillassoux et Mulaton en 1933, et le 2ème château Gabert (point blanc) (Document IGN)

Au début du 20ème siècle, l’usine Firmin Gabert a pris son essor. C’est tout naturellement dans ses ateliers qu’est créé le géant de la ville appelé à défiler lors de la fête nationale de 1911 : Gustave le Teinturier, et les ouvriers et ouvrières de l’usine ne sont pas peu fiers de réaliser ce témoignage du savoir-faire hémois.

La création du 1er géant hémois en 1911 (Document Au Temps d’Hem)

Pendant la 1ère guerre mondiale, la fortune publique et privée est rançonnée sous prétexte de contribution de guerre et de réquisition et la ville de Hem est soumise à un pillage filtré et méthodique qui fait le vide partout. Les allemands procèdent à l’enlèvement du matériel industriel et la casse des machines, ainsi qu’au vol des marchandises stockées dans les usines dont celle des Gabert.

Des commandes attendues par les clients sont confisquées par l’armée d’occupation et à la fin de la guerre, l’entreprise Gabert établit des attestations afin que les commandes non livrées de ce fait puissent faire l’objet de réclamations pour indemnisation auprès des autorités.

Attestation de 1919 pour les Ets Deffrennes-Duplouy frères à Lannoy (Document Historihem)

Dans les années 1930, l’entreprise est devenue la SARL Firmin et Jean Gabert. La famille de Jean Gabert-Lundy s’installe dans un château qu’elle a fait construire sur le terrain où se trouve l’usine. La maison est entourée d’un parc et se situe au 69 bis de la rue de Lille comme on peut l’observer sur la photo aérienne de 1933 ( cf document plus haut).

Malgré la crise économique, les Ets Gabert s’agrandissent avec la construction de nouveaux ateliers. Pourtant en 1936, l’usine est rattrapée par la crise et les grèves qui touchent les transports charbonniers l’affectent en la forçant à l’arrêt pour cause de manque de charbon, ainsi qu’en témoigne le certificat de chômage technique établi pour leurs ouvriers.

Agrandissement de l’usine en 1934 (Document Hem 1000 ans d’histoire)
Certificat de chômage technique de 1936 (Document collection privée)

A la fin des années 1930, les temps incertains qui mèneront à la guerre, suite à l’annexion de l’Autriche par le Reich suivie de la mobilisation des réservistes en France, pèsent sur les affaires. Par arrêté du Ministère de la guerre, le droit de réquisition est ouvert dans la commune en septembre 1938. Le manque de travail se fait alors sentir et l’usine procède à des licenciements puis à du chômage partiel .

Licenciement pour manque de travail (Document collection privée)
Certificat collectif de chômage partiel (Document collection privée)

Jean Gabert appartient à l’Association des familles nombreuses et, à ce titre, apporte son aide à la recherche de logements pour les familles évacuées de leurs maisons sur ordre de l’armée d’occupation pendant la seconde guerre mondiale.

A suivre…

Remerciements à Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à ce dernier pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire.

Nord-Eclair (Suite)

Dès 1979, Nord-Eclair quitte définitivement la Grand’Rue car les services de la rédaction, responsable des pages de Roubaix et environs, et de la publicité locale du journal, ainsi que le personnel chargé de recevoir les petites annonces, s’installent sur la Grand’Place plus exactement à l’angle de l’avenue Jean Lebas et de la rue du Vieil Abreuvoir, dans un immeuble jusqu’ici occupé par la Banque Populaire du Nord.

Il est à noter que l’agence Havas Voyage auparavant installée dans les locaux de la Grand’Rue suit Nord-Eclair dans le déménagement. Ses hôtesses accueilleront dorénavant le public au rez-de-chaussée du nouvel immeuble.

Dernières Photos de Nord-Eclair Grande-Rue à la fin des années 1970 (Document archives municipales)
Les nouveaux locaux de Nord-Eclair avenue Jean Lebas en 1979 (Document archives municipales)
Photo couleur des années 1980 (Document archives municipales)

Les anciens locaux mythiques du 63 au 75 Grand’Rue seront ensuite occupés par l’office public de Roubaix des HLM à compter de 1985 puis Roubaix Habitat. Jacques Demey, ancien patron du Journal de Roubaix, toujours propriétaire des murs jusqu’alors, leur a en effet vendu sa propriété qui donne à la fois Grand’Rue et rue du Collège. A partir de 2013, les locaux seront ensuite investis par Paris Store, épicerie et super marché asiatique, société toujours présente de nos jours.

L’office public des HLM de Roubaix achète les anciens locaux de Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Roubaix Habitat en 2008 puis Paris Store en 2013 dans les anciens locaux de Nord-Eclair Grand’Rue (Document Google Maps)
Les locaux installés par Paris Store à la place de Nord-Eclair Grande-Rue (Documents archives municipales)

En 1989, un permis de démolir est déposé pour mettre à bas la cheminée, inutilisée depuis de nombreuses années, de l’ancienne usine Lestienne, dans la rue du Caire. Par manque d’entretien, la maçonnerie en briques présente en effet de nombreuses fissures et quelques éléments sont abimés par l’érosion, ce qui constitue un danger pour les bâtiments qui l’entourent.

Permis de démolir sollicité pour la cheminée en 1989 (Document archives municipales)

En 1995, une équipe de journalistes de Nord-Eclair reçoit le prix de la presse écrite décerné par la Fondation Mumm pour son enquête collective intitulée : « Le scandale du chômage des jeunes ». Son jury est alors composé de très grands noms de l’histoire de la presse française à savoir, entre autres : Françoise Giroud, Jean d’Ormesson, Christine Ockrent, Claude Imbert et Yvan Levaï. C’est ce dernier qui remet le prix à André Farine, directeur de la rédaction, entouré par des journalistes.

La remise du prix (Documents Nord-Eclair)

En 2001, Nord-Eclair annonce le transfert de son siège social au n°42 de la rue du Général Sarrail, dans un grand immeuble situé au coin de la rue de l’Hospice ayant précédemment abrité autrefois les Ets Leclerc-Dupire puis plus récemment entre autres la CIRPS (Caisse Interprofessionnelle de Retraite et de Prévoyance pour les Salariés).

Transfert du siège social (Document Nord-Eclair)
Photos du bâtiment de la rue Sarrail (Documents Google Maps)

Quant à l’impression du journal celle-ci dure pendant plus de 25 ans rue du Caire. Puis un rapprochement a lieu avec la Voix du Nord avec la mise en commun des moyens informatiques avant le départ de l’impression, à partir de 2005, sur les rotatives de la Voix du Nord à Mons-en-Baroeul, dans la zone de la Pilaterie.

La Voix du Nord à la Pilaterie en 2008 (Documents Google Maps)

Nord Print a en effet dû fermer ses portes, n’ayant pu rivaliser avec la concurrence, malgré une baisse des tarifs pour tenter de retenir sa clientèle, face au montage en Belgique par les italiens d’imprimeries pratiquant du « dumping » (vente à des prix inférieurs à ceux du marché). Son chiffre d’affaires de 2002 à 2005 a de ce fait subi une véritable dégringolade, passant de 10,5 à 4,2 millions d’euros.

Presse Nord, la société qui édite le titre Nord-Matin est radiée du registre du commerce et des sociétés 2 ans plus tard en 2007. Quant à Nord-Eclair le journal devient alors une simple édition supplémentaire de la Voix du Nord : code rouge pour Nord-Eclair et code bleu pour la Voix du Nord.

Les locaux de la rue du Caire sont alors laissés à l’abandon pendant 10 ans jusqu’aux travaux de démolition de 2015. Le site, qui s’étend sur 2,6 hectares, a en effet été racheté en fin 2011 par l’EPF (Etablissement Public Foncier) et l’ancienne construction doit être rasée pour y aménager un nouveau quartier d’activités mixtes et d’habitat.

Les locaux à l’abandon (Documents GraphiLine, Nord-Eclair et collection privée)

Mais en 2011, c’est l’annonce malheureusement pressentie depuis quelques années à savoir la fusion des rédactions de la Voix du Nord et de Nord-Eclair d’ici un an. En additionnant les compétences et en fédérant les contenus, les 360 journalistes vont dorénavant publier deux quotidiens : la Voix du Nord et Nord-Eclair. Ces titres papiers auront leur version numérique à terme pour les tablettes.

Le réaménagement des locaux lillois de la Voix du Nord est prévu afin de pouvoir accueillir les équipes fusionnées et une salle de rédaction capable de produire du contenu web, papier, radio et TV : la fin d’une époque…Le vieillissement du lectorat, donc la chute des ventes et des abonnés, parallèlement à une structure de coûts trop lourde ont eu raison du 2ème quotidien régional. Nord-Eclair ne vend plus alors que 25.000 exemplaires, soit un quart du tirage de la grande époque, et ne compte plus que 55 journalistes.

Aujourd’hui, et depuis 2018, après cinq années passées dans le quartier de l’Union à Tourcoing, la rédaction de Roubaix-Tourcoing a réinvesti le cœur des deux villes. Le bureau principal de la rédaction se situe désormais à l’Eurotéléport, au 84, boulevard du Général-Leclerc à Roubaix, et le bureau secondaire à côté de la gare de Tourcoing. Seize rédacteurs composent cette rédaction qui propose les éditions roubaisienne et tourquennoise de La Voix du Nord et de Nord éclair.

Le bâtiment de la rédaction des 2 journaux bd Leclerc (Document Google Maps)

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Fraignac, l’opticien de la Grand Place

Elie Fraignac est né dans le Cantal en 1877. Il se marie en 1908 avec Louise Denneulin née à Lille en 1885. Elie et Louise décident de reprendre un commerce. Ils portent leur choix sur un commerce d’optique au 20 bis de la Grand Place à Roubaix, car le père de Louise, François Denneulin était opticien.

Elie et Louise Fraignac ( document JM Fraignac )

C’est un commerce idéalement bien placé au début des années 1900. Cette partie de la Grand Place est dans le prolongement de la rue Pierre Motte, entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc, à deux pas des Halles. C’est une bâtisse imposante, construite sur 4 niveaux . Au rez de chaussée se trouvent le commerce et l’atelier et l’habitation dans les étages. Leurs proches voisins sont également occupés par des commerces : le tailleur Devlaminck et les tissus Aubanton.

document archives municipales

A l’époque, on parle davantage de lunetier que d’opticien, qui conseille sur l’achat de binocles destinés à corriger les défauts et déficiences de la vue. Louise s’occupe du commerce et de la vente. Elle conçoit dans son atelier, la fabrication des lunettes à partir de verres minéraux qu’elle axe, découpe, taille à la meuleuse et insère dans la monture.

binocles ( document JM Fraignac )

Quant à Elie, il s’occupe de l’administratif du commerce mais est également employé de Mairie car il délivre les reçus de loyers des logements de la loi Louis Loucheur.

Les affaires fonctionnent très correctement, car au début des années 1910, on ne recense que 6 opticiens ( dont Fraignac-Denneulin ) à Roubaix ! Elie développe l’activité du commerce, en ajoutant des gammes complémentaires : baromètres, jumelles, boussoles, règles à calcul, balances mais également des produits beaucoup plus techniques comme des tubes éprouvettes, des ballons en verre, destinés aux laboratoires des usines textiles et aux collèges techniques. Le commerce se spécialise alors, en optique médicale, scientifique et industrielle. Toujours vêtu de sa grosse blouse de travail grise, ( la tenue traditionnelle des Auvergnats ) Elie s’occupe de la réception des fournisseurs, répare les baromètres, jumelles, etc .

Elie et Louise ont trois enfants, Marie-Thérèse née en 1912, Jean en 1914 et Jacques en 1922. A la fin des années 1930, Jean et Jacques apprennent le métier d’opticien avec leurs parents. Quant à Marie-Thérèse, elle préfère s’orienter vers d’autres domaines.

la façade ( document JM Fraignac )

Sur la photo ci-dessus, on distingue sur la façade du magasin à droite de la porte d’entrée le thermomètre vertical qui indique la température aux roubaisiens. Jean Fraignac qui se trouve sur le pas de la porte, installe souvent en vitrine, de superbes objets : des lunettes astronomiques, des jumelles, et même un magnifique baromètre-étalon accroché en permanence dans la vitrine de gauche.

jumelles de théâtre en nacre et son étui brodé ( document JM Fraignac )
baromètre ( document JM Fraignac )
buvard années 1950 ( document collection privée )

Elie décède en 1952, et son épouse Louise en 1954. Leurs deux fils Jean et Jacques s’associent alors en 1955, pour créer « Fraignac-Frères », et continuer l’activité. En 1966, la municipalité décide d’agrandir la Grand Place. Les maisons situées entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc seront détruites ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé « Une partie de la Grand Place disparaît » ). Jean et Jacques Fraignac sont alors expropriés. Fort heureusement, le local du commerce de tissus de Marcel Loucheur au 26 de la Grand Place se libère.

le commerce de tissus de Marcel Loucheur en 1966 ( document archives municipales )

Les deux frères achètent le commerce et déposent un permis de construire pour modification de la façade. Ils font appel à l’architecte Marcel Spender pour la direction technique des travaux, qui leur propose de déplacer latéralement une des deux vitrines et de poser une porte de service extérieure, pour pouvoir accéder directement aux étages. Après les travaux, l’optique Fraignac déménage donc au 26 de la Grand Place, en 1967.

le projet de l’architecte ( document archives municipales )
publicité 1967 ( document Nord Eclair )
la nouvelle façade ( document JM Fraignac )

Dans les années 1960-1970, Jean et Jacques Fraignac développent encore leur commerce, bien que la concurrence arrive rapidement sur Roubaix. En effet, les détaillants opticiens implantés à Roubaix sont désormais une quinzaine. Dans les années 1980, les frères Fraignac réagissent et deviennent opticiens dépositaires de la marque Atol.

Publicité ( document JM Fraignac )
Publicité ( document JM Fraignac )

Jean Fraignac décède en 1989. Son frère Jacques, à 67 ans, ne souhaite pas continuer seul l’activité et prend donc sa retraite. L’affaire est cédée et après quelques travaux d’aménagement, en 1990, Olivia Boyenval et Bertrand Fiévez ouvrent leur commerce « Best Optique » au 26 Grand Place.

Best optique ( document archives municipales )

Aujourd’hui, le commerce est occupé par Master Naan un restaurant snack qui propose des spécialités indiennes.

Master Naan ( photo BT )

Remerciements à Jean-Marie Fraignac et aux archives municipales.

Le Chalet à Hem

En 1955, le 164 de la rue du Général Leclerc à Hem, à l’angle de la rue de la Tribonnerie, apparaît dans le Ravet-Anceau, dans la catégorie café et cycles, au nom de Pringuet-Brelle. L’établissement est répertorié à ce nom jusqu’en 1971, année à la suite de laquelle c’est Mlle Demarecaux qui reprend le café pour quelques années ; l’enseigne « Au chalet » est alors spécifiée sur l’annuaire.

Auparavant rien ne figurait à cette adresse et les cafés étaient répertoriés par un alignement de noms de propriétaires sans que leurs adresses ne soient précisées. Impossible donc, si ce n’est par les souvenirs des anciens habitants de savoir quelle famille représente la photo ci-dessous, à priori prise dans les années 1920 devant le café à l’enseigne « le Chalet », la légende de la photo dans le livre Mémoire en Images de Hem ne le précisant pas.

Tout juste peut-on voir que l’entrée se faisait à priori au n°1 de la rue de la Tribonnerie sous les fenêtres du 1er étage. On peut également constater qu’à l’époque la rue n’était pas encore pavée, le lotissement de la Tribonnerie n’ayant vu le jour qu’en 1962.

Photo Chalet années 1920 (Document Mémoire en Images de Hem) et Photo prise au même endroit en 2016 (Document Google Maps)

En 1972, la presse se fait l’écho du passage du champion cycliste Bernard Hinault chez le restaurateur hémois installé depuis quelques mois : Mr Castelain, l’occasion pour l’article de vanter : « le cadre sympathiquement campagnard de l’Auberge du Chalet, la gentillesse de l’accueil, et la cuisine empreinte d’une simplicité de bon aloi » ayant su séduire le champion fin gourmet.

Le passage de Bernard Hinault en 1978 (Document Nord-Eclair)
Publicité des journées du coq des restaurateurs hémois et photo de Mr Castelain (Document Nord-Eclair)

Puis l’Auberge du Chalet apparaît , en tant que telle, dans le Ravet Anceau, en 1979, sans que le nom de ses propriétaires n’y figure. Cependant en1982, dans le bulletin de l’Office Municipal d’ Information de la ville, est publiée une annonce publicitaire indiquant les nouveaux propriétaires de l’auberge : Mr et Mme D’Haese.

Publicité de 1982 (Document OMI « La Famille » de Hem)

Instantané de mémoire : « Quand je m’installe à Hem Centre en 1986, l’auberge du Chalet est le restaurant traditionnel de Hem, à l’atmosphère intimiste, à la décoration sobre où il est plaisant à un couple de venir déguster des plats savoureux au calme et où l’accueil est toujours agréable ».

En 1993, l’auberge est reprise par le couple Suppa, Bruno en cuisine et son épouse en salle. Fils de restaurateurs, Bruno a fait l’école hôtelière et a travaillé dans un restaurant en Belgique avant de s’installer à son compte à Hem. L’atmosphère est alors toujours chaleureuse et la cuisine délicieuse et évolutive au fil des saisons. C’est une adresse incontournable de la restauration dans l’agglomération roubaisienne.

Bruno Suppa en cuisine (Document Facebook)

Après une vingtaine d’années passées dans ce restaurant le couple Suppa décide de passer à autre chose et reprend La Terrasse des Remparts à Lille. L’auberge du Chalet change alors d’enseigne et devient en 2008 l’auberge du roi de la Moule sous la direction de Christian Leroy, ancien chef de cuisine à l’ Ecume des mers à Lille.

Au menu 30 recettes différentes de moules, des classiques aux plus originales, mais aussi différents plats de poissons et de viandes cuisinés de façon régionale et traditionnelle.

Christian Leroy en cuisine (Document magazine Tout Hem) et Carte publicitaire (Document collection privée)
Restaurant l’auberge du Roi de la Moule en 2008 (Document Google Maps)

Plus tard, l’auberge devient simplement l’Auberge du roi et propose une cuisine de produits frais et faits maison, principalement axée sur l’univers de la mer : dorade, sole, lotte, raie…Le restaurant régale les papilles des amateurs de poissons et de fruits de mer pendant une dizaine d’années.

Auberge du Roi en 2016 (Document Google Maps)

Puis en 2016 c’est la société Lise et Nico qui prend la suite sous l’enseigne « Le sot l’y laisse ». Lise Vermeersch et Nicolas Noblet, respectivement monitrice d’équitation et directeur commercial d’imprimerie, se sont rencontrés lors d’une formation de reclassement en cuisine et ont eu l’idée de monter ensemble un restaurant.

Lise et Nicolas : Le Sot l’y Laisse (Documents Facebook)

Ils ont donc repris l’auberge du roi à sa fermeture et, après quelques mois de travaux et l’élaboration d’une nouvelle carte, ouvrent leur nouveau restaurant sur la base de menus imaginés par eux-mêmes à partir des produits disponibles au fils du temps. Pas de spécialisation pour eux mais une recherche constante de qualité à base de produits frais et donc une carte qui change très souvent.

A partir de 2019, c’est seule que Lise, chef de cuisine, continue l’aventure. Elle privilégie le classique revisité et propose une cuisine de saison, de marché avec une touche d’originalité. Le restaurant est à son image, simple et classique, mais aussi chaleureux et accueillant.

Intérieur du restaurant (Documents site internet)
Lise Vermeersch à l’accueil et en cuisine (Document site internet et Facebook)

Très vite le restaurant se fait un nom dans la métropole lilloise et le Petit Futé le place dans ses recommandations du guide 2022. Malheureusement la crise sanitaire met à mal le fonctionnement de ce restaurant encore bien jeune et celui-ci ferme ses portes en Mars 2021, mettant fin à une belle aventure pleine de promesses.

Recommandation Petit Fûté 2022

L’avenir seul dira si l’établissement situé à l’angle de la rue du Général Leclerc et de celle de la Tribonnerie, qui a abrité pendant plus d’un siècle estaminets, cafés puis restaurants va continuer à héberger ce type d’activités ou si, comme pour beaucoup d’anciens commerces, ce bâtiment va perdre sa vocation commerciale pour revenir à l’usage d’habitation.

Remerciements à la ville de Hem et à Bernard Thiébaut pour son ouvrage Mémoire en images de Hem.

Communion solennelle à Saint Maclou

L’église St Maclou à Wattrelos Collection particulière

Toute petite, j’allais déjà à la messe avec ma voisine et sa fille qui était de mon âge. J’étais bien habillée, je n’oubliais pas de prendre mon missel, je mettais des gants. Nous y allions à pied, l’église Saint Maclou était à deux pas. Nous assistions à la messe de 9 heures ou à celle de 11 heures, il y avait toujours du monde. On n’oubliait pas de prendre le petit sou pour la quête et la carte pour signaler notre présence et faire constater notre assiduité.

Puis j’ai eu l’âge de faire ma communion solennelle. Ça se faisait à l’époque, beaucoup d’enfants de 12 ans, garçons et filles, d’abord passés par le catéchisme, se préparaient pour cette cérémonie importante. Moi, j’allais chez une dame de la rue Henri Carette pour faire le catéchisme, et aussi au patronage derrière le cinéma Pax, où j’ai fait une retraite. Le mercredi des cendres, juste avant, le prêtre fit une croix sur notre front avec des cendres et nous avons du nous confesser.

Les communiantes Collection Particulière

Le grand jour arriva enfin. C’est par un beau dimanche de juin que je fis ma communion solennelle à l’église Saint Maclou, comme une trentaine de jeunes filles. C’était une cérémonie spéciale, car nous étions des élèves du lycée et nous sommes passés après tous les autres. On m’avait acheté une belle aube blanche chez Beuscart rue Roger Salengro, j’avais un gros cierge en main, et nous sommes entrées à la suite l’une de l’autre.

Sur la droite, le grand café l’Innovation Collection particulière

Après la cérémonie, mes parents avaient réservé pour l’occasion une salle à l’Innovation Grand Place pour un repas familial avec des amis. Nous étions près d’une trentaine dans une salle du bas de ce grand établissement. Le menu était copieux : d’abord un potage velouté accompagné d’une mousse de Turbot en gelée, puis de la langue aux champignons, ensuite du gigot pré-salé avec des flageolets à la crème, de la salade mimosa, un beau plateau de fromages, une glace baptisée Agneau Pascal, une corbeille de fruits, café liqueurs vins et champagne. Ce fut une belle fête où chacun y alla de sa petite chanson. On connaissait déjà le répertoire car ceux qui chantaient interprétaient toujours leur chanson : les Papillons de Nuits, Du gris, c’est un mauvais garçon, Primevère…

Le banquet Collection Particulière

C’était au mois de juin 1963, et sans m’en rendre vraiment compte, je suis sortie de l’enfance.

Remerciements à RM pour ses souvenirs

Mars 1903

Le journal des sports Mars 1903

Football. Challenge International du Nord. La première demi-finale se déroulera sur le terrain du Sporting Club Tourquennois et elle opposera l’Antwerp FC au Racing -Club Roubaisien.

Football. Sociétés indépendantes. Participeront aux matchs éliminatoires du challenge du Sporting Club Roubaisien : le FA du Blanc Seau, l’AS Lilloise, l’Ancienne, l’Olympique Roubaisien, et les équipes secondes de tous ces clubs.

Boxe. La Vie Illustrée publie un article sur les succès des frères Desruelles dans les championnats de boxe de Paris et publie une superbe photographie représentant MM. Jean et Hubert Desruelles faisant assaut dans leur salle de Roubaix.

Tempête sur Boulogne 1903 Collection Particulière

Football U.S.F.S.A. Championnats du Nord. La finale du championnat entre terriens et maritimes se jouera en matches aller et retour. Elle opposera l’Union Sportive Boulonnaise au Racing-Club Roubaisien. Roubaix gagne le match aller par 3 à 2, après une partie très disputée.

Cross country. La fête du 15 mars au RCR. Les engagements pour le cross doivent être envoyés à M. Maurice Dubrulle, 71 rue d’Alsace à Roubaix, accompagnés du droit d’entrée fixé à 5 francs par équipe de 8 coureurs, et un franc par individuel.

Le Racing Club de Bruxelles en 1897 doc Sport Illustré

Football. Challenge International du Nord. La deuxième demi-finale opposera l’Olympique Lillois et celle du Racing-Club de Bruxelles champion de Belgique. Les belges l’emportent par 4 buts à 2 devant sept à huit cents spectateurs.

Boxe. Le jeune professeur roubaisien Hubert Desruelles après avoir succombé devant le professeur parisien Favet, avait été classé quatrième dans le championnat de poids légers. Il ne s’avoue pas vaincu et demande à pouvoir affonter de nouveau son adversaire. Il ne vient pas discuter sa victoire mais il prétend à la troisième place du Championnat. Aussi il lance un défi à son vainqueur, aux conditions suivantes : le match sera disputé au cours d’une des soirées des Championnats du Monde. L’arbitre sera l’arbitre officiel du tournoi, on combattra avec les réglements de la Fédération. Il semble que l’adversaire de Desruelles cadet relèvera le défi et les spectateurs de la salle Wagram reverront avec plaisir le « coq de Roubaix » comme ils l’appellent.

Courses à pied. Le brevet pédestre de 30 kilomètres aura lieu le jour de Pâques et arrivera au Vélodrome de Roubaix. La huitième course cycliste Paris-Roubaix sera donc encadrée par des épreuves cyclistes et pédestres. C’est l’Association Sportive Lilloise qui organise ce brevet des 30 kilomètres, pour lequel 150 francs de prix en objets d’art ou en espèces. Le brevet sera décerné aux coureurs qui auront accompli le parcours en moins de quatre heures.

Nouveau stade à Roubaix. Le Stade Roubaisien va inaugurer son nouveau terrain du Parc Cordonnier au Pont Rouge, début avril. Des contacts sont pris pour un match international qui opposerait le Club Français de Paris, le Berschoot Athlétic Club d’Anvers. Félicitations au Stade Roubaisien qui pour cette fête d’inauguration a voulu d’un début faire un coup de maître !

Les bains roubaisiens de la rue Pierre Motte doc BNRx

Réouverture des Bains Roubaisiens. La piscine des bains roubaisiens rue Pierre-Motte à Roubaix fermée depuis quelques temps va bientôt rouvrir au public, début avril. Nul doute que les baigneurs seront nombreux. Les Roubaisiens doivent s’estimer heureux de posséder au centre de la ville un établissement de ce genre dont la propreté, la bonne tenue, le confort sont de nature à satisfaire les plus exigeants.

Football. Une série de forfaits. Après ceux du Championnat du Nord terrien, après celui de Boulogne dans la finale du Nord maritime et terrien, voici maintenant le Havre qui décline la lutte dans la dernière demi-finale du Championnat de France. Le RCR affrontera donc en finale le Racing Club de France à Paris.

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales