La ferme du Petit Beaumont

La ferme, vue depuis la place du Travail – Photo Coll. B. Thiebaut

Le tramway G, venant du Boulevard du Cateau, contournait la place par la droite pour emprunter la rue Henri Regnault en direction d’Hem.

Placée depuis le 18e siècle au carrefour de deux chemins devenus la rue de Beaumont et le boulevard du Cateau, là où a été tracée la place du Travail, cette ferme, appelée également ferme du petit Beaumont, dépendait du fief du Raverdi. Enfermée autour de sa cour par des murs épais, elle témoigne d’une époque où il fallait se barricader pour se défendre des attaques des bandes pillards, les Catulas, qui battaient la campagne.

J.B. Destombes a été un des censiers de la ferme vers 1830. Il s’est opposé aux droits d’octroi taxant les produits des fermes des alentours à l’entrée de Roubaix bourg, au moment où la partie Sud de Roubaix, dénommée Roubaix Campagne demande son autonomie par rapport à la partie citadine et industrielle. Elle fait partie des 7 fermes encore vivantes après guerre, bien que la plupart de leurs terres aient été déjà livrées aux constructions. Pourtant, Nord Éclair nous assure en 1949 que ce sont encore « de véritables censes avec du fumier, des chevaux, une étable. Bref, de vraies fermes, avec des toits croulants, de vieux murs tapissés de lierre, des arbres vénérables, des haies vives et des fermières en sabots et tabliers bleus. »

Cruque1949-96dpi La ferme. Photo Nord-Éclair
Au fond à gauche, l’habitation. Au fond à droite la grange, devant étable, écurie, et laiterie

En 1885, la ferme appartient à la famille Loridant frères et sœurs. A partir de 1887, et jusqu’en 1922, le Ravet-Anceau nous indique JB Cruque. On y trouve en 1939 la veuve L.Cruque-Loridant. En1955 Jean Cruque l’habite encore, mais ne l’exploite plus.

Au début des années 50, on veut rectifier le tracé de la rue de Beaumont. La ferme est frappée d’alignement. Il faut démolir le bâtiment bas comprenant le porche d’entrée, ainsi que le pignon de la partie habitation. Cette partie disparaît fin 1952.

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Les parties frappées d’alignement. Photos Nord Matin
On remarque le coude que faisait la rue de Beaumont pour déboucher sur la place.

Mais les trois autres corps sont toujours là, l’habitation raccourcie d’une bonne part. Enfin, la municipalité décide de racheter l’ensemble des bâtiments restants pour y construire une école. C’est chose faite en 1957, et l’école s’élève sur la pâture qui se trouvait derrière la ferme, la dernière portion des terres qui constituaient la cense. Dans un deuxième temps, sur l’emplacement des bâtiments finalement démolis sera construite la cour de récréation.

Ouverture et inauguration

ouverturePosteL’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix en septembre 1960 Photo Nord Éclair

Le bureau de poste du Nouveau Roubaix ouvre ses portes en septembre. C’est un jeudi matin à 8 heures, et les premiers clients ne se sont pas fait attendre. Ils découvrent un intérieur où dominent le bleu et le jaune pâle, bien éclairé par de grandes fenêtres. L’ensemble est fonctionnel, mais très agréable. Ce bureau est une recette succursale dépendante du bureau central, et il assure toutes les opérations postales, sauf la distribution. Ses horaires d’ouverture sont pour les jours ouvrables 8 à 19 heures, sauf le samedi de 8 à 16 heures. Le bureau est fermé le dimanches et pendant les fêtes. Les heures des levées sont 8 h 30, 13 h 15, 18 h, 19h et 19 h 15.

inaugurationPosteL’inauguration Photo Nord Éclair

L’inauguration intervient le samedi 24 septembre 1960, en même temps que la série des centres sanitaires et sociaux de la ville construits ou réaménagés : rue de cassel, boulevard de Metz, rue Franklin, rue Decrême. La première pierre du centre médico social du boulevard de Fourmies sera posée dans l’après midi. On inaugurera aussi le poste de désinfection du quai de Gand.

Sont présents le maire de Roubaix Victor Provo et un grand nombre de personnalités. Côté P et T, l’architecte M. Lys est présent, ainsi que le directeur départemental des P et T, le directeur régional des télécommunications. Des discours sont prononcés avant un vin d’honneur pris sous une tente dressée boulevard de Fourmies, face au bureau de poste. Victor Provo annonce la construction du centre médico social, revient sur le bureau de poste enfin terminé, félicite l’architecte, et dit sa satisfaction de remettre une telle réalisation aux P et T, à leurs employés et leurs usagers.

Le directeur départemental des P et T met en valeur le développement constant du trafic postal à Roubaix et évoque le premier projet d’un bureau de 5e classe, qui s’est transformé  grâce à la décision municipale en un bureau de 3e classe. Le directeur des télécommunications rend hommage au maire qui conduit depuis si longtemps une courageuse politique de logement et de création de services publics. Le bureau de poste inaugure ainsi un certain nombre de constructions devant abriter différents services publics.

Péripéties avant l’ouverture

maquetteLa maquette du centre commercial Photo Nord Éclair

On connaît la configuration du futur centre commercial au moins par l’exposition de sa maquette, en juin 1969 dans un magasin de l’allée centrale du Lido, le centre provisoire de transit entre les commerces de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. Elle provient des bureaux d’études de la S.E.G.E.C.E à Paris. En novembre 1969, le hall d’information ainsi équipé reçoit les candidatures et les demandes de renseignements, mais il est également possible de s’adresser aux bureaux parisiens de la S.E.G.E.C.E.

rx2000ducielLe centre commercial en chantier Photo Nord Éclair

Mars 1971, M. Maisonneuve, directeur de la S.E.G.E.C.E vient commenter devant la presse la maquette du centre commercial, et un de ses collègues annonce que des études sont en cours pour permettre aux commerçants indépendants d’avoir accès à une formule de prêt leasing sur 14 ou 16 ans. Quelques péripéties ont retardé son ouverture : le grand magasin qui devait jouer le rôle de locomotive s’est désengagé, un projet d’un collectif de commerçants indépendants aurait contribué à arrêter le chantier, et surtout on s’est aperçu que le terrain du centre commercial ne pouvait être vendu aux commerçants puisqu’il appartenait à l’Etat ! En effet, il est construit sur l’emplacement de la rue de Lannoy qui est une route nationale, et on a oublié de la déclasser, sept ans après sa fermeture à la circulation !

Le crédit lyonnais s’installe dès l’été 1971. Suivent l’ouverture du parking en septembre 1971 et du cinéma en octobre 1971. En décembre, la moitié des commerces sont vendus, la plupart roubaisiens, mais peu réintègrent la rue de Lannoy qu’ils ont quitté quelques années plus tôt, parmi lesquels les Ets Blondeau.

Trente cinq parcelles ont été attribuées : huit magasins de confection, quatre de chaussures, deux marchands de tissus, un pressing, une maroquinerie, une droguerie, une boutique loisirs hommes, un magasin d’électroménager, deux banques, un opticien, un assureur. Il faut y ajouter un drugstore, le cinéma, une crêperie restaurant, un café brasserie. Il reste une trentaine de cellules : une boulangerie, une charcuterie, un traiteur sont souhaités et on cherche un libraire…

demlondeauPublicité Blondeau dans Nord Éclair

Le magasin Blondeau annonce son transfert du Lido vers le nouveau centre encore nommé Lannoy 2000 en décembre 1971, et c’est l’occasion des ventes exceptionnelles. On discute encore du nom du centre commercial, et ça se joue entre centre commercial de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. La fédération des groupements commerciaux de M. Coquant opte pour la 1ere, qui lui semble sans doute moins agressive commercialement parlant. Alors que l’ouverture se profile pour le printemps 1972, on apprend qu’un supermarché Lemaire ouvrira ses portes le 12 janvier.

Autour de Ste Bernadette 

Les environs de l’église en 1962. Photo IGN
 

Dans le prolongement de l’église, et touchant au chevet, est bâtie en annexe une salle paroissiale. Elle est utilisée pour le cercle, mais aussi pour les vins d’honneurs à l’issue des diverses cérémonies. Écoutons Jeanine  : « Derrière l’église, il y avait des salles paroissiales. Un cercle, où les gens jouaient aux cartes ; enfin, Il y avait des jeux. On arrivait par le côté à droite de l’église. Là, j’ai fait mes vins d’honneur. »

Bernard ajoute : « On pouvait passer par derrière pour entrer dans les petites salles… A l’époque, on avait fait un Pierrot, pour faire entrer un peu d’argent pour la Joc. Elles servaient pour des réunions. »

La salle paroissiale derrière l’église. Photo Lucien Delvarre
 

L’ancienne chapelle provisoire en bois n’est pas seulement utilisée pour le patronage : elle sert également de salle de spectacle. Lucien nous déclare «  il y avait une scène avec des rideaux, des coulisses… »

L’église provisoire. Photo Lucien Delvarre
 

Plus proche de l’avenue Motte au n° 172, la maison du vicaire. le curé, lui, demeure avenue Motte au n° 173. On y trouve également l’école St Martin construite juste après l’ancienne chapelle. Jeanine nous dit : « notre école était venue derrière là. Un préfabriqué. C’était le LEP de St Martin. »

Au coin, une boulangerie-pâtisserie : Jeanine « Le boulanger, c’était là, sur le coin. C’était Mme Mahieu, je crois. Après la messe, les gens allaient chercher leurs gâteaux et faisaient une petite causette, quoi, et ils revenaient chez eux. C’était dans les années 50-60. »

Le Ravet-Anceau nous apprend qu’en 1953, la boulangerie est tenue par Mme Veuve Lejeune ; en 1961 et 65, par Mme Mahaut, mais, en 1974 et 1978, on y trouve un coiffeur pour dame (Mme Mahieu) et en 1987, c’est un institut de beauté (Beautiful). C’est aujourd’hui une antenne du Cetelem.

De l’autre côté de l’avenue Motte, dans la rue Léon Marlot et juste à côté de l’école Jules Guesde, un café. Lucien raconte : « Des poivrots du quartier avaient fait le pari, au bock ouvrier. Ils sont allés planter le drapeau rouge en haut de l’échafaudage de l’église. Il y a un vicaire qui est allé à sa suite ; il a voulu arracher le drapeau rouge. L’autre lui a foutu un coup de talon. Il est dégringolé et s’est blessé, semble-t-il assez sérieusement... »

A vos commentaires !

La Potennerie blanche

En novembre 1958, l’office départemental des HLM démarre un grand chantier de construction de 1.200 logements. Neuf cents constitueront la cité des Hauts Champs, et trois cents inscrits dans le même programme de travaux, vont être construits rue Montgolfier sur le terrain Cavrois (entre les rues Du Puy de Lôme et Philippe Auguste). Par référence au type de fabrication, on procède par assemblage d’éléments fabriqués en grande série, parois, cloisons,  le chantier est appelé « secteur industrialisé ».  L’office départemental des HLM travaille en collaboration avec le CIL de Roubaix Tourcoing, et l’architecte de l’ensemble est M. Dubuisson.

Le chantier de la Potennerie Blanche en 1959 Photo Nord Éclair

Un an plus tard, le chantier a progressé : les blocs collectifs se dressent derrière le groupe CIL de la Potennerie Rouge, un grand immeuble le long de la rue Philippe Auguste, et trois petits immeubles situés perpendiculairement au premier. Il est prévu que les locataires commencent à s’installer au début de l’année 1960, pour répondre au problème plus qu’urgent du relogement des habitants du bloc Anseele, dont la démolition est bien avancée.

Le même chantier en 1960, du côté des loggias Photo Nord Éclair

En février 1960, le gros œuvre est achevé, les peintures intérieures sont terminées, et les accessoires, placards, meubles et tables de cuisine sont installés. On met en place les tuyauteries pour le chauffage, les appartements seront chauffés par le sol. Il y a des logements comprenant une salle de séjour, une cuisine, une salle d’eau et une, deux ou trois chambres selon le type. Les appartements de deux et trois pièces sont dotés sur la façade exposée au soleil d’une loggia avec porte-fenêtre donnant sur la salle de séjour. Les appartements seront terminés et proposés à la location à partir d’avril mai 1960.

La Potennerie blanche en décembre 1960 Photo Voix du Nord

Un article de la Voix du Nord daté de décembre 1960 relate l’installation d’un jeune couple dans un appartement de la Potennerie blanche. La cuisine équipée de rangements et les placards des chambres sont grandement appréciés. Par contre, l’absence de volets et la difficulté de poser des rideaux du fait de la disposition des fenêtres apparaissent comme des problèmes. Le bahut Louis XIV et le grand lustre ne correspondent pas aux dimensions de l’appartement. Malgré ces petits inconvénients, l’article se termine par la satisfaction des nouveaux locataires quant au chauffage. Plus de poêles, de radiateurs, on n’a jamais froid aux pieds, et pour le séchage des lainages, c’est épatant. En conclusion, les jeunes locataires n’ont pas l’impression de vivre dans une courée verticale, ils s’arrangent avec les voisins pour le nettoyage des escaliers et pour le bruit. Et puis, une fois fermée la porte d’entrée, on se sent parfaitement chez soi.

Vue aérienne de la Potennerie blanche en 1962 Photo IGN

A l’instar de la cité des Hauts Champs qui a déjà connu plusieurs opérations de rénovation et de réhabilitation, la Potennerie blanche est inscrite au Programme de Rénovation Urbaine. Le projet prévoit la démolition partielle  du  bâtiment  Renan  (3  entrées,  75  logements)  ainsi  qu’une réhabilitation et une résidentialisation du site. A l’angle de la Rue Montgolfier et de la Rue Renan, un nouveau collectif de 18 logements proposera des appartements de type 2, 3, 4 et 5. Huit  maisons,  en  accession à la propriété, seront également construites, après  déplacement  de  l’extrémité  de  la  Rue Renan vers la Rue Philippe Auguste. Les travaux devraient commencer à l’automne 2011.

D’après les informations recueillies dans Nord Éclair, Nord Matin, La Voix du Nord et auprès de la Mairie des Quartiers Sud

Une si longue attente…

postejuillet1960Le bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Construit entre les deux guerres, le quartier du Nouveau Roubaix ne possédait pas de bureau de poste. Il fallait donc se rendre à la poste centrale de Roubaix, ou rejoindre le bureau du Pile, tout aussi éloigné. Entre-temps, le quartier est devenu une véritable ville de 11.000 personnes, sans compter les quartiers alentour les Trois Baudets, Beaumont, la Lionderie, et le début de la construction des Hauts Champs. La création d’un bureau de poste fait alors l’objet d’une interpellation d’Alphonse Delbecque, conseiller municipal. C’était en 1956, les PTT donnent leur accord pour un chantier d’une somme de près de 18.000.000 francs, étant entendu que cette dépense serait couverte par un emprunt, mais la situation de restriction des crédits bancaires entraîne le report du projet. Devant les difficultés rencontrées pour obtenir un bureau de poste, le conseil municipal prend alors une délibération, et décide de la construction de l’immeuble qui sera remis à la disposition des P et T, qui obtiennent des conditions raisonnables pour s’acquitter de leur dette. Roubaix à la rescousse des services de l’Etat !

postejuillet1960bLe bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Fin 1958, date à laquelle le crédit foncier débloque une première tranche de 8 millions, les longues démarches de la ville auprès des PTT ont enfin abouti. Le terrain a déjà été acheté depuis longtemps, à l’angle du boulevard de Fourmies et de l’avenue Linné, place Charles Spriet. M. André Lys architecte des PTT est chargé de l’exécution des travaux. Le bureau de poste comprendra une salle pour le public, des guichets, une salle de tri et à l’étage, un appartement pour le receveur. Le chantier démarre en avril 1959, on creuse les fondations, il est probable que pour le début de l’hiver, les habitants auront leur bureau de poste.  En août les murs s’élèvent déjà. On espère l’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix pour le printemps 1960. Mais en avril 1960, le bureau n’est toujours pas ouvert, quoiqu’on en sache plus sur ses équipements : une recette de plein exercice, dotée de deux cabines téléphoniques et de trois guichets. Le public sera reçu par quatre employées placées sous la direction d’une brigadière intérimaire. En juillet, la construction est terminée. Le bureau de poste, qui n’est toujours pas ouvert est considéré comme le plus bel ornement de la place Spriet : il est coquet, agréable, clair et spacieux. Il fonctionnera dès le début de septembre. L’inauguration officielle retardée en raison des congés payés, est également prévue début septembre.

cabinestelVue des cabines téléphoniques du bureau de poste août 1960 Photo Nord Éclair

à suivre

Le cinéma de Roubaix 2000

colisee2bisPrésentation de la nouvelle salle aux officiels Photo Nord Éclair

En septembre 1971, alors qu’on se prépare à l’ouverture du centre commercial, la presse annonce l’ouverture de deux cinémas, l’un dans le centre lui-même, le colisée 2 et l’autre, à deux pas, dans la grand Rue, le Club.

Le colisée 2 est situé au premier étage  du centre commercial, juste à côté de l’escalator. C’est une salle de 220 places qui sera présentée à la municipalité et aux personnalités le 5 octobre à 18 h 30. La première manifestation officielle du centre commercial Roubaix 2000, après l’inauguration du parking, c’est donc la présentation du nouveau cinéma aux officiels, avec drapeaux tricolores, visite guidée et démonstration. Le maire Victor Provo et M. Thibeau adjoint sont présents parmi les personnalités. MM Deconninck et Desrousseaux, gérant et directeur du Colisée guident leurs hôtes dans la nouvelle salle. M.Deconinck signale que le public revient au cinéma à Roubaix. M. Fabre, l’architecte, explique le but recherché : l’époque est aux petites salles, avec simplicité et confort, pour attirer la clientèle dans le centre commercial. Victor Provo remercie M. Deconinck pour son audace créative, et il coupe le ruban qui barrait le système de commande de la projection. Pendant vingt minutes, les premiers spectateurs ont pu admirer la qualité de l’image et du son grâce à quelques documentaires.

colisee2Le système de projection automatique Photo Nord Eclair

L’inauguration proprement dite se fera le 12 octobre avec la projection du premier film et une réception. Pour l’occasion, on joue la première à Roubaix du film de Claude Lelouch « Smic Smac Smoc ». Le décor est minimaliste, pas de scène, un mur de briques et de moquette, pas de jeux de rideaux compliqués devant l’écran. Les fauteuils sont spacieux et confortables, le sol recouvert de moquette… L’espacement des sièges, la climatisation, la bonne déclivité facilitant une vision toujours dégagée contribuent à faire de cette salle un agréable lieu de loisirs. La projection est automatique : mise en route du film, ouverture et fermeture de la lumière dans la salle, réglage de l’écran à la bonne dimension, diffusion de la musique d’ambiance. L’appareil de projection est équipé d’un système à plat qui permet la projection de plus de quatre heures sans discontinuité. Un petit ordinateur à cartes perforées donne l’ordre des modifications en cours de programme.L’exploitation de cette salle demande un personnel réduit : un opérateur (qui pourra s’absenter) une caissière et une ouvreuse. Un circuit de télévision permet de suivre le déroulement du programme depuis la caisse. Deux maisons roubaisiennes ont contribué à l’équipement du Colisée 2 : les travaux de marbrerie ont été effectués par les Ets Duquesne 210 grand rue, et les Ets Scrépel Pollet ont réalisé le contrôle de projection par télévision en circuit fermé. De fait ce cinéma se présente comme la première salle automatisée du Nord. Le prix de l’époque : 6 francs jusque 17 heures, et  8 francs après, le cinéma étant permanent.

salle colisee2La salle du Colisée 2 Photo Nord Eclair

Dès le lendemain, le Colisée 2 est ouvert à l’exploitation. C’est une salle qui fonctionne de 14 h à 23 heures, c’est-à-dire qu’il y a quatre projections par jour sans interruption. Des séances pourront être présentées le matin et à l’heure de midi. Assez paradoxalement, la presse annonce que les films présentés là ne seront pas ceux qui attirent la grande foule. Il est également envisagé la projection une fois par semaine d’un film d’art et d’essai. Le Colisée 2 est le premier cinéma de poche permanent de Roubaix, il sera suivi le 15 novembre par le Club, salle annexe du Casino, dont l’entrée se situera Grand Rue.

Visite de Ste Bernadette

En 1938, un an après la construction de l’église Sainte Bernadette, la vie de la paroisse s’organise : 220 enfants suivent les cours de catéchisme, 250 les activités du patronage. Une foire aux plaisirs réunit les paroissiens en Juillet. Le 11 décembre, on profite du premier anniversaire de l’église pour inaugurer les fresques, œuvres d’André Trebuchet, la principale étant située sur la partie incurvée de l’abside.

La nef est large et dégagée, les piliers étant écartés au maximum, grâce à la technique de construction choisie par l’architecte roubaisien Dupire.  Les bas-côtés sont de simples passages.

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L’église Sainte Bernadette est construite en briques et en béton armé. D’aspect massif, ses murs extérieurs, ornés de croix grecques, présentent à leur sommet une évocation de créneaux et de mâchicoulis, et évoquent un château fort.

Le parvis, auquel on accède par quelques marches, fait toute la largeur de la façade. Les fidèles y devisaient à la sortie de la messe.

Le baraquement qui avait abrité provisoirement les cérémonies du culte durant la construction de l’église n’est pas démoli : il sert désormais pour diverses activités, comme le patronage.

Bernard nous confie : « Oui, quand j’étais gamin, on allait jouer ; on allait au patronage là. Il y avait de l’espace ! » Et Jeanine ajoute : « c’est la chapelle provisoire… C’est là où était le patronage. On y avait des petites soirées. Je l’ai vue démolir, beaucoup avant l’église. »

En 1960, le cardinal Liénart vient célébrer le 25 ème anniversaire de la paroisse. Il rappelle à cette occasion qu’il était venu poser la première pierre de l’église en 1935, et conclut son allocution en demandant aux paroissiens d’accueillir fraternellement les nouveaux habitants qui vont bientôt s’installer dans les 885 logements nouvellement construits dans le quartier. A cette époque, en effet, le quartier va voir sa population considérablement augmenter avec la mise en location des nouveaux immeubles.

Informations Journal de Roubaix et Nord Eclair, photos Lucien Delvarre

La Potennerie rouge

Le Parc de la Potennerie en 1957 et en 2011 Photos IGN

Le Toit Familial s’est rendu acquéreur des cinq hectares occupés par le château et le parc, par l’entremise du CIL. La démolition du château Huet intervient en avril 1951, elle est effectuée avec le souci de préserver les grands arbres de la propriété. Le permis de construire est délivré le 21 novembre 1951. Huit grands immeubles parés de briques rouges sont édifiés, qui porteront des noms d’oiseaux : la mésange, la chanterelle, la grive, le bouvreuil, le bruant, la bergeronnette, le pinson et le rossignol.

Parc de la Potennerie en juillet 1953 Photo Nord Éclair

A la fin de l’année 1953, le vieux mur triste qui enserrait la propriété a été en partie abattu, laissant ainsi apparaître les nouveaux immeubles, entourés d’arbres et de verdure. Une partie du parc a été réappropriée en jardin d’enfants, c’est le futur square de la Potennerie. En juillet 1953, il est procédé à l’inauguration du jardin du square Destombes, puis de celui de la Potennerie. Les officiels visitent les deux lieux sous la conduite de M. Bernard, chef des jardins et plantations de la ville.

Le 24 janvier 1954, le groupe de la Potennerie propose 152 nouveaux logements à la location, alors qu’une partie du parc a été réappropriée en square avec jeux d’enfants.

L’avenue et ses arbres

L’avenue Julien Lagache à ses débuts CP Médiathèque de Roubaix

Janvier 1971, la communauté urbaine décide d’aménager l’avenue Julien Lagache, qui reliera désormais le quartier des Trois Ponts à la place de la Fraternité. Cette opération de voirie soulève des protestations, car on commence par abattre les arbres qui bordent l’avenue, qualifiés par la presse de vénérables sycomores, c’est dire leur âge et leur taille. L’abattage durant plusieurs jours, un matin, les bûcherons ont la surprise de trouver des affiches apposées sur les arbres libellées comme suit : arbre destiné au domaine du monument historique. Après vérification auprès des services de la communauté urbaine, il s’agit d’un canular qui a retardé l’échéance de quelques heures. Les arbres ont donc été abattus. Cet acte écologiste inédit dénonce la destruction d’arbres qui aident la ville à respirer et ajoutent beaucoup au charme de la vie urbaine. Un inventaire des implantations d’arbres est alors effectué, et l’on constate que vingt boulevards, sept avenues, huit places et quinze rues sont plantés d’environ 1.500 arbres ! Ce qui entraîne le vœu d’un conseil municipal : si l’on peut admettre parfois la nécessité absolue d’abattre des arbres lors de la réfection d’une rue, il devrait être admis et rendu obligatoire par décision du nouveau ministre de l’Environnement, que pour chaque arbre abattu un nouvel arbre soit planté. Du pain sur la planche pour Robert Poujade, chargé du nouveau ministère de la Protection de la nature et de l’environnement, créé en janvier 1971 par Jacques Chaban-Delmas !

L’avenue Julien Lagache en 1971 Photo Nord Éclair

Concernant l’avenue Julien Lagache, elle prend à ce moment la configuration qu’on lui connaît encore, avec l’aménagement de deux chaussées séparées par un terre-plein central. Elle commence désormais rue de Lannoy pour rejoindre l’avenue de Verdun, et les arbres ont fait leur réapparition, au milieu de l’avenue, pour donner de l’ombre aux voitures…