Les expropriés du carrefour

Les expropriations ont donc lieu en deux temps : d’abord en 1912 pour la rangée de la rue Jean Moulin et l’extrémité de la rue de Lille, en 1932 pour la partie bordant le boulevard de Paris. Essayons de voir ce que deviennent ces commerçants.

En ce qui concerne les expropriations de 1912, le pâtissier Van Haelst quitte le 3 rue de Lille et fait quelques mètres pour s’installer au 2 boulevard de Paris, où nous allons le retrouver en 1932. Le commerce de tapis, tenu par Mme veuve Rohart-Mahieu s’installe rue St Georges  (aujourd’hui la rue du général Sarrail) où elle ré ouvre son commerce au numéro 22. Elle change son activité en 1923 pour vendre de la la bonneterie. Le sellier Dupureur reste sur place jusqu’en 1914, puis cesse apparemment son activité et on perd sa trace à Roubaix après la guerre.

Au moment de l’expropriation de 1912, l’estaminet de la barque d’or, qui avait donné son nom au carrefour ferme. Son tenancier, Henri Duvillers, traverse alors la rue de Lille pour s’implanter sur le trottoir d’en face au 4, où il reprend l’hôtel de Paris. Il y restera jusque vers 1925, année où monsieur Gyselinck reprendra l’hôtel.

L’enseigne de la barque d’or ne disparaît pourtant pas, puisqu’on la retrouve immédiatement au 64 bis de la rue Neuve où il orne désormais la façade du cabaret de M. Desmarez. Un cliché datant de la première guerre nous le montre à son nouvel emplacement.

La barque d’or et le café des arcades pendant la première guerre – document Médiathèque de Roubaix

Noter la flèche indiquant la « Kommandantur » sur le mur du café à gauche de la porte du café des Arcades. On voit que l’enseigne « la barque d’or » a remplacé le nom du propriétaire C. Desmarez, qui s’y trouvait depuis 1904. Il tient son commerce jusqu’à la fin des années 20, et cède son fonds en 1930, le nouveau propriétaire étant désormais Auguste Meegens-Desmarez – probablement son gendre. Celui-ci demande en 1933 l’autorisation de faire des travaux sur sa façade, bien que le bâtiment soit partiellement frappé d’alignement, considérant le fait qu’il abrite le siège du syndicat des cabaretiers.

Le café de la barque d’or et ses propriétaires dans les années 30 – documents Médiathèque de Roubaix

En 1939, on trouve toujours M. Meegens derrière son comptoir. En 1953, la barque d’or est passée dans les mains de monsieur Housay. Aujourd’hui, l’établissement, devenu café-restaurant, se trouve toujours au même emplacement.

L’estaminet aujourd’hui – Photo collection particulière
 

 Pour ce qui est des expropriations de 1932, on retrouve au 2, à l’angle, R.Van Haelst , le pâtissier exproprié en 1912 du 3 rue de Lille et qui a repris la boulangerie de M. Moreau.  Apparemment très attaché à notre carrefour, celui-ci s’est relogé sur place puisqu’il rouvre sa pâtisserie au numéro 14 du boulevard de Paris ! Il cessera ses activités en 1935, et la pâtisserie deviendra un magasin d’antiquités.
A. Shettle, dont la boutique de photographe se trouvait au 47 de la rue de Chanzy, s’installe dès 1893 au 4 du boulevard de Paris, à l ’emplacement de l’estaminet Hermain. Il fait (re)faire sa vitrine en 1904, alors que la propriété appartient à M. Derville-Wibaux. On le retrouve à la même adresse  en 1932. Après la la démolition et la construction du nouvel immeuble de rapport, il reprend son activité quasiment au même endroit et ré ouvre  son commerce au 1 de la rue de Lille en 1935. Encore un commerçant qui reste attaché à ce carrefour !

Documents collection particulière

En 1956 la raison sociale devient Shettle et ses fils, puis en 1988, Shettle photo vidéo. C’est aujourd’hui une agence immobilière qui est installée dans ce local.

Renault et le carrefour

A côté du café des Arcades s’installe après la première guerre un garage automobile. Il est constitué d’un bâtiment sans étage perpendiculaire au boulevard Gambetta et dont le pignon comporte une grand-porte encadrée de deux fenêtres. La construction se prolonge par un mur longeant le boulevard jusqu’à la propriété suivante. Ce garage a pour propriétaires MM. Dourlens en1922 et Lemaire en 1926. Cette même année les maisons jumelles de mesdames veuve Armand Masson et veuve Motte-Cordonnier voisinent avec le café des arcades du côté de la rue Neuve.

Le garage côté boulevard Gambetta, et les deux maisons jumelles côté rue Neuve-documents médiathèque de Roubaix

Pourtant, ces deux belles maisons disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault. Cette même société, une fois implantée rue du Maréchal Foch, va faire en sorte de s’agrandir. Elle achète le garage et le terrain qui le jouxte pour s’installer sur le boulevard Gambetta en 1935. Le café des Arcades est maintenant enclavé dans dans l’emprise du garage Renault. Cette situation perdure jusqu’après la guerre (en 1939, on trouve au 55 monsieur Lemoine et le siège social du radio club du Nord de la France).

Le café en 1946-photo Nord Éclair

Mais cette situation ne aurait durer. En effet, en 53, Renault a pris possession du numéro 55 et possède maintenant un ensemble cohérent.. Le café est démoli et le constructeur automobile reconstruit sur l’angle un bâtiment cohérent avec le reste du garage.

Le garage en 1962. Photo Nord Éclair
L’extrémité du garage après 1963-Document collection particulière

La régie ne s’en tient pas là, et décide de moderniser en 1980 l’aspect et l’organisation intérieure du bâtiment. Elle dépose une demande de permis de construire assorti d’un plan pour ce qui sera l’ultime avatar de la concession.

Le même garage à partir de 1980-document archives municipales

Cet état restera inchangé jusque dans les années 2000 alors que Renault, ayant entre-temps acquis un terrain rue Jean Moulin sur l’ancienne emprise de l’usine Motte, et construit sur une partie de cet espace un garage dédié à l’entretien des véhicules, investit finalement l’ensemble du terrain pour s’y implanter en totalité, quittant alors le coin du boulevard Gambetta. L’ancien bâtiment est alors partiellement démoli et transformé pour une autre utilisation.

Les travaux à la fin des années 2000-Document collection particulière

 

Le film du carrefour

A l’origine, la circulation est clairsemée. Les seuls aménagements sont, dans les années 1910, ceux effectués pour faciliter le passage des tramways : on redresse l’extrémité de la rue de Lille en supprimant le bloc d’immeubles de la barque d’Or de manière à avoir un débouché direct vers le boulevard Gambetta. La circulation automobile est peu dense ; seuls les piétons semblent indisciplinés.

La circulation dans les années 20

Ensuite, la circulation automobile augmente progressivement. Dans les années 30, la rue du Maréchal Foch et la rue de Lille sont en double sens, ce qui accroît les difficultés. Pourtant, on voit que la voie de tramway forme une bretelle permettant stationnements et manœuvres au beau milieu du carrefour, ce qui en dit long sur la densité de la circulation à cette époque. Une photo aérienne de 1932 ne montre encore aucun d’aménagement pour faciliter l’écoulement du trafic.

La rue du Maréchal Foch en double sens

Néanmoins, en 1935, le Journal de Roubaix indique que le trafic, particulièrement dense au carrefour, est perturbé par un chantier. (on supprime l’ancien égout au bout de la rue de Lille pour en faire un nouveau qui suit le nouveau tracé et se jette dans celui du boulevard Gambetta).
En venant du boulevard Gambetta, il faut contourner le monument aux morts pour se diriger vers le boulevard de Paris. On construit un terre-plein juste en face du monument pour séparer ce trafic de celui venant de la rue du moulin vers la rue de Lille et la rue du maréchal Foch. On dote ce terre-plein d’une signalisation lumineuse dans les années 50.

Le terre-plein et le monument aux morts

Mais la circulation automobile s’accroît considérablement, et, en 1962 Nord Eclair nous précise que le carrefour est un point névralgique de la circulation roubaisienne. La rue du Maréchal Foch passe en sens unique.  En 1961 on tente d’améliorer la situation en plaçant un agent dans une guérite, de même qu’au coin du boulevard Gambetta et de la place de la Liberté. On prévoit un éclairage permettant de bien voir l’agent.


L’agent de la circulation à l’oeuvre – photos Nord Eclair et Nord Matin

Ce fonctionnaire sera ensuite remplacé par des feux rouges. Il devient nécessaire d’aménager le carrefour. Pour cela, on décide de déplacer le monument aux morts, qui empêche la relation directe entre les boulevards Gambetta et de Paris en obligeant à un contournement rendu plus contraignant encore par le terre-plein. On parle également de la création d’îlots directionnels. Les travaux d’aménagement débutent en 1964. Le monument aux morts est reculé, et on  le crée un terre-plein plus étroit, permettant un raccordement entre les deux boulevards par une large  courbe. Deux îlots triangulaires sont installés, le premier au débouché de la rue de Lille, l’autre à celui du boulevard Gambetta, permettant de mieux diriger les flux. On aménage le terre-plein avec des murets et une pelouse.

Photos La Voix du Nord 1964 et aérienne IGN 1976

Notre carrefour voit ensuite d’autres transformations, essentiellement dus au déplacement des rails de tramway. Celui-ci cesse de desservir la grand-place, son terminus étant reporté à Eurotéléport.  Les rails disparaîssent dans la rue du Maréchal Foch, et  qui les voies empruntent dans les années 90 un trajet proche de l’axe de la chaussée.  Le terre-plein triangulaire devant le garage Renault est étiré pour bien séparer les véhicules se dirigeant vers le boulevard du Général De Gaulle de ceux empruntant la rue de Lille.

Le carrefour de nos jours – Photo Géoportail-IGN

Le café effondré

Au confluent de la rue des longues Haies, de la rue du Moulin et du boulevard Gambetta s’installe très tôt un estaminet. Tenu par M. A.Barot en 1886, l’estaminet change assez souvent de propriétaire et de raison sociale (c’est le Club des Méli-mélo, en 1895). Il abrite très vite diverses sociétés tels que le stade Roubaisien dès 1922, la société des anciens militaires de l’armée de mer, la société des médaillés et le syndicat des contremaîtres en 1925, et surtout la ligue des sports, qu’on retrouve là durant presque toute l’histoire de l’établissement.

Documents médiathèque de Roubaix

 Le 7 octobre 1964, alors qu’on réaménage le carrefour, le café de la ligue des Sports, propriété de Mme Veuve Florin-Caron, est lui aussi en travaux : on y effectue des transformations sous la direction d’un architecte Lillois, M. Buhot. Brusquement, alors que les ouvriers se trouvent providentiellement dans la cave du café, une grande partie de l’immeuble s’effondre. Le mur de la maison voisine, au 1 rue Edouard Anseele, est suffisamment lézardé pour qu’on doive évacuer ses occupants et leur trouver un gîte provisoire.

Photos Nord Eclair

 Le tribunal administratif de Lille estime que l’estaminet est lui-même dans un tel état qu’il faut l’abattre. On fait appel à une entreprise de démolitions R. Maill, qui intervient avec circonspection, des craquements continuant à se faire entendre. Finalement, le danger paraissant évident pour les ouvriers, on abat ce qui reste du bâtiment à l’aide du bulldozer. On s’affaire ensuite déblayer les gravats et pour rouvrir la rue du Moulin au plus tôt.

Photo Nord Eclair

 On se demande un instant s’il faut reconstruire le café, mais on y renonce apparemment, puisque les photos aériennes des années suivantes montrent d’abord le chantier clôt par une palissade, puis transformé en parking dans les années 80. Finalement, la percée de l’avenue des paraboles et les constructions qui la bordent remodèlent complètement l’ancien carrefour.

Photo collection particulière
 

La rue de Carihem

Cette rue emprunte une partie du tracé de l’ancien chemin vicinal n°15 reliant le hameau des Trois Ponts et le village de Leers entre le passage à niveau n°157 sur la voie de chemin de fer de Somain à Menin de la compagnie du Nord-Est et la rue de Leers (chemin d’intérêt commun n° 142).

A la fin du dix neuvième siècle, la rue est pavée, bordée de fossés et traverse les champs. Elle n’est pas encore éclairée : M. Pennel, maraîcher au hameau de Carihem réclame la pose de quelques lanternes à pétrole et la réparation de la chaussée. Il n’y a alors le long de la rue que deux constructions : une ancienne ferme placée juste après le passage à niveau, et un estaminet tenu par M. Pottier en 1891 (cet estaminet porte le numéro 160 en 1933). La ferme est au nom de Jean Louis Fremaux-Lorthioir, habitant de la rue de Vaucanson en 1875, qui a repris la ferme Fremaux rue des Trois Ponts en 1880. Il s’installe finalement en 1885 dans la ferme de la rue de Carihem près du chemin de fer, qu’il rachète à Fidéline Sophie Bonte, épouse de Joseph Moulin. Il l’occupe quelques années, puis en juin 1895, il demande l’autorisation de construire quatre maisons sur l’emplacement de la ferme, face à la voie ferrée et « sur le vieux pignon face à la rue de Carihem ». Ces maisons existent encore aujourd’hui.

En 1910, il figure donc dans le Ravet Anceau non plus comme cultivateur, mais comme rentier. En 1914 on retrouve à la même adresse le nom de Fremaux-Duleu, un fils du rentier, sans doute…

Malgré le peu d’habitations desservies, l’état de la rue préoccupe la municipalité, et en 1899, le directeur du service de la voirie estime nécessaire de fixer l’alignement et le nivellement en prévoyant une largeur de 12 mètres. Quelques maisons sont à frapper d’alignement, mais elles « sont dans un état de délabrement tel qu’il n’y a pas lieu… de tenir compte de leur existence ». Un certain nombre de terrains sont à racheter aux riverains pour assurer les alignements.

La rue se construit peu à peu, mais un plan des futurs travaux datant de 1905 ne montre, hormis les maisons précédentes, que quelques bâtiments près de la rue de Leers, une ferme au coin de la rue Boucicaut, une rangée de maisons près de la voie de chemin de fer et une construction au passage à niveau (sans doute une maison de garde-barrière). L’année 1909 voit la construction du stand de tir, qui va apporter un peu d’animation à cette rue campagnarde.

On projette la construction d’un aqueduc, mais la réalisation des travaux est retardée : en 1926, M. Neirynck, propriétaire au n°30 se plaint de fuites au conduit placé sous la chaussée, car les eaux des fossés  ont envahi sa cave . En 1930 l’aqueduc n’est toujours pas réalisé, et le service de la voirie déclare sa construction urgente. En 1932, les riverains ayant volontairement comblé les fossés, le service de la voirie propose de curer ces mêmes fossés et de réparer le pavage de la rue. On poursuit les reprises d’alignements et les achats de terrains jusqu’à la deuxième guerre. Quelques autres immeubles sont construits, sans que la rue perde pour autant son caractère calme et champêtre. Peu de transformations donc, il faudra attendre les années 50 pour que son aspect change considérablement, accompagnant le développement du quartier…

 

Travaux au Carihem

Maquette du lotissement publiée dans Nord Éclair

 Ce petit quartier à l’époque peu habité, et fréquenté par les habitués du stand de tir, va être concerné au début de février 1961 par une importante opération d’urbanisme. En effet, c’est un chantier de 220 logements qui va s’ouvrir bientôt, sur les plans des architectes Bernard Beslin et Marcel Spender pour le compte de l’office HLM. Le chantier est délimité par les rues du stand de tir (1) du Carihem (2) et Boucicaut (3). Les bâtiments qui seront constitués d’appartements de type studio, F1, F2 et F3, sont destinés à accueillir les « évacués » de l’ilot Edouard Anseele, et ceux du quartier des 3 Ponts, dont les « 300 maisons vétustes » vont être bientôt démolies.

La première tranche de travaux au Carihem photo Nord Éclair

Une première tranche des travaux doit être terminée pour le printemps 1962 et le reste pour la fin de la même année. Il est également question d’aménager le passage à niveau dit des 3 Ponts en fonction des nouvelles conditions de vie et de circulation du quartier du Carihem.

Le cauchemar du PN 157

Le passage à niveau des Trois Ponts, alias PN 157 en 1963 Photo Nord Éclair

 Le passage à niveau du Carihem, alias le PN 157, situé entre les Trois Ponts et la route de Leers, était le cauchemar des automobilistes. Placé trop près des voies de garage, il était souvent fermé à cause des manœuvres de wagons, au moment de leur placement sur les embranchements des différentes usines auxquelles ils étaient destinés. La répartition des wagons selon leur destination respective alimentait 25 embranchements en 1963, ce qui entraînait que le PN 157 était pratiquement toujours fermé. Ce passage à niveau obligeait les automobilistes pressés d’aller vers Leers à retraverser le quartier des Trois Ponts pour aller rejoindre le pont de Beaurepaire. Il barrait également l’accès au stand de tir du Carihem, et à la décharge du même endroit. Un témoin nous rapporte que la SNCF a employé toute une famille comme gardes barrières, le père, la mère et les deux fils qui étaient jumeaux.

Vue aérienne du PN157 en 1962 Cliché iGN

Les files d’attente de véhicules ne favorisaient guère la circulation, aussi il est bientôt question d’établir une passerelle au dessus de la voie ferrée, pour désenclaver le quartier et faciliter la circulation vers Leers et Wattrelos. Le quartier est alors en plein développement, la cité des trois Ponts s’étend, on parle de la création d’un tri pour les colis postaux au Carihem, soit vingt wagons supplémentaires à prévoir, tout cela va donc augmenter encore la circulation.

Deux solutions sont à l’étude : soit  rectifier le passage à niveaux des Trois Ponts et le remplacer par un passage supérieur, soit le remplacer par un autre passage à niveau automatique situé plus loin, pour aboutir rue du Carihem par l’avenue du Parc des Sports prolongée, derrière le lycée. Le financement de ces travaux est assuré dès 1963 par le fonds spécial d’investissement routier, qui a planifié l’aménagement de la rue de Carihem et la suppression du PN 157.

Une passerelle pour le Carihem

L’opération Carihem, croquis de Marcel Pinot Nord Éclair

 Le principe du passage supérieur est retenu, mais un nouvel élément vient modifier le dossier. En 1967, les avenues Motte et Salengro ont reçu la vocation provisoire de voie rapide vers la frontière belge. En fait il sera bientôt question de faire la jonction entre une voie rapide de contournement par les quatre cantons (Villeneuve d’Ascq) vers Dottignies. Un avant projet pour ce qu’on appelle désormais l’opération Carihem, est estimé à 5 millions de francs. La passerelle permettrait la jonction avec la Belgique, mais également avec le projet de pénétrante prévu sur le parcours du canal qu’on projetait de combler !

Passerelle et aménagements en 1972 Photo Nord Éclair

Au-delà de la passerelle, il y a aussi l’aménagement des rues de dégagement, Salengro, Carihem, Cohem, Brame, alors qu’on est en train de bâtir la nouvelle cité des Trois Ponts. En 1970, l’avenue du Parc des Sports est prolongée, un passage à niveau automatique est installé. C’est la fermeture définitive du PN 157, dit des Trois Ponts, une passerelle pour piétons enjambe la voie, et on commence les travaux.

Vue de la passerelle pratiquement terminée Photo Nord Éclair

Le « passage supérieur » du Carihem est le premier ouvrage réalisé sur la voie express des Quatre Cantons à Dottignies, destinée à désenclaver Roubaix. Il sera inauguré le samedi 10 février 1973 après plus de deux ans de travaux. Pendant ce temps, l’antenne de Roubaix piétine du côté d’Hem, et on commence à parler de voies sur berge sur le canal. L’inauguration fut double, puisqu’on célébra aussi l’ouverture du groupe scolaire Léo Lagrange dans le quartier des Trois Ponts. Cette passerelle eut pour effet de couper le Carihem du quartier des Trois Ponts, et d’intensifier la circulation vers le centre commercial de Leers et la zone industrielle de Roubaix Est.

Descente de la passerelle, le jour de l’inauguration Photo Nord Éclair

 

Le stand de tir du Carihem

Créée en 1860, la société du Tir National déménage ses cibles du lieu-dit des Puits (futur Parc de Barbieux) à la rue Ma Campagne, puis de la rue Ampère au n°311 de la Grand Rue. La pratique du tir se développe à Roubaix après la chute du second empire, et garde de nombreux adeptes jusqu’après la seconde guerre mondiale. Preuve en est l’organisation à Roubaix de la dixième fête annuelle du Tir Français, dont le Tir National Roubaisien se fait le promoteur. Pour cette occasion, un stand moderne est créé au lieu dit des Trois Ponts. Les nouvelles installations ont coûté plus de 150.000 francs et la subvention municipale s’est élevée à 110.000 francs. Son architecte est roubaisien, il s’agit d’Albert Bouvy. L’inauguration du stand de tir du Carihem aux Trois Ponts est placée sous le haut patronage de M. Fallières, Président de la République, et se déroule le dimanche 20 mars 1910. Le concours national remportera un grand succès.

Le stand à la date de son inauguration Collection Particulière

Le stand

Le stand est composé d’un vaste hall de 50 mètres sur 10, divisé dans sa longueur en pas de tir, avec un promenoir en arrière. Une salle d’honneur et des locaux d’administration complètent l’ensemble. Le jardin qui précède les constructions est l’œuvre du mécène Pierre Destombes. Un concours national exige un nombre important de cibles diverses : elles sont au nombre de 135, ce qui à l’époque constitue un record du nombre dans les concours nationaux. Roubaix se retrouve donc dotée d’un stand de tir moderne géré par une société particulière à l’orée de son territoire.

Préparation militaire et vue aérienne

Concours de tir et préparation militaire

Remis en état après les dégâts occasionnés par la seconde guerre, le stand de tir partage ses activités entre la pratique sportive du tir et l’instruction militaire sous toutes ses formes. Le 43 RI vient ainsi régulièrement s’y entraîner dans les années cinquante. Beaucoup de jeunes gens viennent y effectuer leur préparation militaire avant d’être incorporés. Des concours de tir y sont régulièrement organisés, de niveau local et régional.

Démolition

Bien que plusieurs fois rénové, le stand ne présente plus les garanties de sécurité de ce genre d’installation. Des demandes de subvention ont été faites, il a même été proposé d’inclure les installations de tir dans les équipements sportifs municipaux. Toutes ces démarches seront vaines. Le stand des Trois Ponts sera démoli en 1964.

Photos Collection Médiathèque, Archives Municipales et Nord Éclair

Le parc des sports du Carihem

Une photo aérienne de 1953 nous montre qu’au delà du passage à niveau de l’avenue Roger Salengro, au lieu dit « ferme de l’Espierre », la zone située derrière les maisons bordant la rue de Carihem, est encore constituée de terres agricoles cultivées, reste du patrimoine de l’ancienne ferme Fremaux, toujours propriétés de la famille.

Ces terrains sont pourtant repris par la ville qui, en 1955, cède l’espace jouxtant le stand de tir au service intercommunal des eaux de Roubaix-Tourcoing, tout en conservant une vaste parcelle située le long des voies ferrées et traversée par l’ancien chemin qui reliait la ferme de l’Espierre et celle qui borne aujourd’hui la zone commerciale d’Auchan Leers. Ces terres ne vont pas être cultivées très longtemps, puisqu’on y installe une décharge municipale dont se plaignent rapidement les riverains.

La décharge du Carihem Photo Nord Éclair

Cette décharge est pourtant amenée à disparaître, car on forme en 1972 le projet d’aménager cette zone en espace vert, et d’y créer un terrain de loisirs. On entoure le terrain d’une clôture, on nivelle et on nettoie l’ancienne décharge en profitant d’une aide financière du ministère de la protection de la nature et de l’environnement, dans le cadre de la restauration du paysage urbain. Ce « mini parc Barbieux » pourrait également permettre d’agrandir l’espace dévolu à la colonie de vacances du centre aéré situé de l’autre côté de la voie ferrée…

Photo la Voix du Nord

On construit donc des installations sanitaires et divers équipements pour les enfants du centre aéré, mais on envisage également, parallèlement à la création d’un espace vert planté d’arbres, l’implantation de terrains de football destinés à l’entraînement, mais qui pourraient également être mis à la disposition du public. On s’oriente donc vers une vocation mixte pour le parc : sports et loisirs y cohabiteraient. Un square est d’abord aménagé au coin des rues de Carihem et du stand de tir pour desservir les collectifs récemment construits de l’autre côté de cette dernière rue.

Document Nord Matin

 Une couche de terre végétale est répandue sur le reste du terrain, qui est ensuite engazonné. On pense réserver deux hectares pour les terrains de sport, et les quatre restants pour la détente. Au final, au lieu de terrains de football et d’une zone de loisirs, on se trouve aujourd’hui devant un ensemble complètement dévolu au rugby, mis à part le square déjà réalisé, qui continue depuis lors à accueillir régulièrement sur ses  bancs les mamans et leur progéniture.

Le square fleuri Photo Jpm