Les 52 maisons du Laboureur

Autrefois appelée le chemin de la Hornuyère et dénommée dans l’immédiat après première guerre, la rue du Commandant Bossut établit la jonction entre le quartier du Laboureur et celui du Crétinier.

La société anonyme roubaisienne d’habitations ouvrières créée en 1921 (président Édouard Rasson, Victor Hache secrétaire et cheville ouvrière) va construire là, au Laboureur, son plus gros chantier d’après la première guerre. En effet, quelques mois après sa création, cette société va construire dix maisons au Hutin à Roubaix, vingt rue du Congo au Blanc Seau, quatorze rue Kléber à Croix, vingt deux avenue Linné à Roubaix, douze rue Motte-Bossut à Lys et cinquante deux au Laboureur, à Wattrelos.

Les premières maisons rue du commandant Bossut en 1923 Photo JdeRx

En 1923, le groupe d’habitations du Laboureur comprend deux séries : l’une de 28 maisons, l’autre de 24. La première correspond à l’emplacement du square Louise de Bettignies, le long de la rue du Commandant Bossut, et la seconde à celui du square Léon Marlot. La dénomination des rues rendant hommage aux héros (en l’occurrence roubaisiens) de la première guerre est caractéristique du début des années vingt.

La rue du Commandant Bossut en 1932 Photo IGN

Œuvre d’un architecte roubaisien, ces maisons sont d’un aspect agréable quoique sobre, d’une grande simplicité et bien dégagées. Le loyer de chaque maison s’élève à 65 francs. Plusieurs rues plantées d’arbres traversent le groupe de maisons. Il faut également noter que la rue du Commandant Bossut met en relation le quartier du Laboureur aux importants équipements industriels du Peignage Amédée Prouvost dans le quartier du Crétinier et au-delà à la Lainière de Roubaix.

La rue du Commandant Bossut aujourd’hui vue google maps
Maisons du square Marlot de nos jours vue google maps

Le Tilleul

J’ai eu la chance de vivre une enfance heureuse dans un quartier tranquille de Wattrelos : le sapin-vert. J’habitais une rue paisible : la rue Marcel Van Eslander. Des maisons alignées avec au bout une épicerie tenue par M. Verkees vêtu de son immuable blouse grise et son crayon derrière l’oreille. Mon paternel m’envoyait régulièrement y chercher sa bouteille de Gévéor, celle avec une petit bouchon en plastique coloré en forme de chapeau. Je pouvais garder la monnaie de la consigne pour acheter un malabar à 10 centimes. Notre maison avait un grand jardin qui donnait sur une barre d’immeubles de trois étages qu’on appelait « le talus » parce qu’elle était construite sur une butte.

Ensemble tour et centre commercial du Tilleul CP Coll Part

Beaucoup de familles étaient logées là et quand on demandait aux copains ce que faisaient leurs pères, la grande majorité d’entre eux répondait : « il travaille à la Lainière ». Il y avait du boulot pour tout le monde à l’époque, ça évitait aux gens de faire trop de conneries. Derrière cette longue barre d’appartements se trouvait un square et autour de ce square d’autres immeubles ainsi que la haute tour du tilleul qui surplombait l’ensemble. Le square c’était notre territoire à nous, les mômes. Deux bacs à sables remplis de sable bizarre faisant plus penser à une litière pour chat, les crottes en cadeau ! Deux balançoires tape-cul qu’on aimait bien utiliser avec une copine car lorsqu’elle était en l’air, on lui voyait la culotte. Comme on était plus lourd, on la laissait en l’air hurler et agiter ses gambettes puis on pouvait se marrer en sautant vite fait de la balançoire, elle retombait à toute vitesse sur le sol et se faisait mal aux fesses ! Un cage à poule trônait au milieu de cette « aire de jeux » décorée d’un tas de petits cochons pendus. Là aussi, on aimait bien quand la petite copine faisait ça, jambes accrochées, tête en bas, c’était spectacle de mate assuré avec vue sur le coton Petit-Bateau ! Par-ci, par-là des bancs pour les buts du foot, un terrain avec des panneaux de baskets, des tas d’endroits avec des buissons pour se planquer… Bref ce square c’était le pied !

Vue tour et square CP Coll Part

A côté il y avait un petit centre commercial. Fallait bien nourrir les habitants du quartier ! Moi il ne me semblait pas si petit que ça en fait. C’est qu’il y en avait des commerces ! J’en ai sans doute oublié mais, de mémoire, il y avait : une boucherie, une pharmacie, une Caisse d’épargne, un dentiste, un café, une auto-école, deux épiceries genre supérette dont une qui avait pour symbole un lapin qui ressemblait à Bugs Bunny. Mes deux magasins préférés c’était la boulangerie tenue par une gentille dame toujours impeccablement permanentée. L’été elle vendait des glaces : vanille, chocolat, fraise, café et mon parfum préférée : pistache. « Une, deux ou trois boules ? » Qu’elle te demandait en souriant comme une mère qui sourit à son enfant. Mais moi mon truc c’était les Pez, ces distributeurs de bonbons rectangulaires qui avaient des têtes de personnages humoristiques souvent du Walt Disney. J’avais toute la collec’ : Donald, Mickey, Dingo, les nains de Blanche-Neige, et même Astérix et Obélix. J’ai, encore aujourd’hui, le goût de ses bonbons dans la bouche tellement j’en aurai avalé ! Autre magasin super : la libraire qui faisait aussi débit de tabac. J’y étais souvent fourré. Dès qu’il y avait un nouveau Lucky Luke, il se trouvait en vitrine alors ça donnait envie ! On y trouvait aussi des petites figurines JIM siglées ORTF par exemple celles du Manège enchantée ou de Kiri le clown. Mais je ne pouvais, hélas, pas tout acheter. Au bout du centre commercial se trouvait une station-service Fina. Avant les vacances, à chaque plein, on y distribuait des points pour obtenir le ballon de plage, la bouée ou le bateau gonflable. Pour ce dernier, il en fallait des litres d’essence ! A mon avis seuls les enfants de conducteurs de poids-lourds pouvaient l’obtenir.

La Tour du Tilleul CP Coll Part

C’était une belle époque, les gosses pouvaient déambuler sans que cela cause des soucis aux parents, la violence et les incivilités n ‘étaient pas de mise. De temps en temps un exhibitionniste venait créer un peu d’animation ou la bande de la Mousserie se pointait (je ne faisais pas long-feu, c’était pas des tendres !) mais rien de bien méchant… Ce quartier vivant respirait les 30 glorieuses, le square et le centre commercial en étaient les deux poumons.

Forage au Sapin Vert

En octobre 1951, les villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se sont associées pour entreprendre en commun un nouveau forage pour trouver de l’eau potable. Jusqu’ici, le service des eaux de Roubaix Tourcoing utilisait deux stations de pompage : l’une à Pecquencourt et l’autre à Tourcoing.

Chaque jour les deux stations fournissent 22.500 m³ d’eau, or la consommation moyenne des deux villes sœurs est de 21.000 m³. La marge de sécurité est mince, d’autant que les nouvelles constructions commencent et avec elles les nouveaux branchements, sans parler des période de pointe en été.

La station de pompage du Sapin Vert en 1951 Photo NE

Le nouveau forage se trouve sur le territoire wattrelosien, au Sapin Vert, rue Alfred Delecourt. Deux forages vont chercher l’eau à plus de 120 mètres de profondeur. La production s’élèvera à 7200 m³ par jour sachant qu’un tiers de l’eau recueillie appartiendra à la ville de Wattrelos.

La station du Sapin Vert aujourd’hui vue Google Maps

Les villes de Roubaix et Tourcoing augmentent leur marge de sécurité de 4800 m³ par jour. L’autre intérêt c’est de pouvoir rétablir automatiquement toute la pression désirable par la remise en service du bassin supérieur de réservoir de Mouvaux grâce à l’apport wattrelosien. La mise en service de la station du Sapin Vert est prévue pour le Nouvel An 1952, assure Monsieur Jean Quinsace, directeur du service des eaux de Roubaix Tourcoing.

d’après la presse de l’époque

Inauguration au Beck

Les trois villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se retrouvent associées au moment de l’inauguration de de la station de pompage du Beck en novembre 1961. Cette station est en effet destinée à alimenter en eau potable les trois cités. Monsieur Quinsac, directeur du service municipal des eaux de Roubaix-Tourcoing rappelle les enjeux : les trois cités regroupent une population de plus de 230.000 habitants et le besoin en eau va croissant. En 1957, il fut envisagé de construire une usine élévatoire et le premier forage eut lieu en octobre 1957 sur le territoire de Wattrelos. L’emplacement idéal fut trouvé dans le quartier du Beck, rue Leuridan Noclain, à l’est des usines Kuhlmann, au nord du canal de Roubaix.

L’inauguration de la station de pompage du Beck Photo NE

La construction a duré quatre ans. Trois forages permettent de pomper l’eau et de la stocker dans un réservoir de 1000 m³ à travers trois batteries de déferrisation. L’eau est ensuite envoyée directement dans les réseaux de distribution de Roubaix Tourcoing Wattrelos. L’usine est entièrement électrifiée et la station est télécommandée à partir de la division « travaux » du service des eaux de Roubaix, rue de la Lys. Chaque jour c’est 23.000 m³ d’une eau très pure qui est ainsi fournie. M. Bourgin, secrétaire général de la préfecture du Nord prend alors contact par téléphone avec le service « travaux » et par télécommande la station est mise en marche.

Un banquet est alors servi au Grand Hôtel de Roubaix pendant lequel les trois maires, MM Delvainquière pour Wattrelos, Victor Provo pour Roubaix et Lecocq pour Tourcoing insistent sur l’urgence et l’importance du problème de l’eau. Ils sont suivis dans cette préoccupation par M. Bourgin représentant le Préfet du Nord.

d’après  la presse de l’époque

Forage au Beck

La question de l’alimentation en eau potable est récurrente à Wattrelos comme dans les autres communes alentour. Avec l’urbanisation croissante, les besoins ne font qu’augmenter. À tel point qu’en 1960, les stations élévatrices de Pecquencourt, de Wattrelos (Sapin Vert) de Tourcoing et de Roubaix aux Trois Ponts peinent à répondre à la demande. En dix ans, de 1945 à 1959, la consommation des roubaisiens et tourquennois a presque quadruplé passant d’un peu plus de 3 millions de m³ à près de 12 millions de m³. On évalue la moyenne journalière à 32.000 m³ mais c’est sans compter avec les pointes saisonnières de l’été. Les pompes travaillent jour et nuit, les réservoirs s’épuisent et on approche de la pénurie.

Forage au Beck en février 1960 Photo NE

Les géologues cherchent alors et découvrent une nappe aquifère suffisamment importante sur le territoire de Wattrelos au hameau du Beck, non loin du canal. Le Syndicat intercommunal des eaux de Roubaix Tourcoing et la commune de Wattrelos décident d’y édifier une nouvelle usine élévatrice en février 1960. Trois forages ont atteint la mappe et une citerne de 1200 m³ a été installée dans la proximité. Une salle des machines va être bâtie et on espère qu’au début de 1961 on débitera 20.000 m³ par jour !

Forage à proximité du canal Photo NE

La station du Beck sera commandée et contrôlée automatiquement, ce sera une sorte d’usine-robot, selon l’expression de l’époque. Elle va coûter deux millions de francs et elle couvrira les besoins en eau potable jusqu’en 1970. Mais il faut déjà se préoccuper de l’avenir. Rappelons que la ZUP de Beaulieu n’existe pas encore, entre autres chantiers importants. Des stations sont prévues à Billy Berclau, Pont-à-Marcq, Wavrin, Emmerin, comme une large ceinture d’usines élévatrices. L’eau potable est alors vendue 34 francs le m³, ce qui est plus bas que la normale, compte tenu des taxes prélevées par l’État pour les adductions d’eau dans les campagnes et le syndicat pour le renouvellement du réseau.

Vestiges de l’usine du Beck ? Vue Google Maps

Un étrange commissariat

La ville de Wattrelos fut longtemps desservie par un commissariat dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’avait rien d’un commissariat. Ce bâtiment se situait dans l’alignement de la rue des otages. Bien avant la construction de la salle Roger Salengro et du Centre Socio-éducatif, il y avait là un genre de jardin sur l’emplacement de l’ancien cimetière où venaient évoluer les défilés des écoles. À l’occasion, cela pouvait servir de terrain de sport pour les jeunes collégiens qui occupaient l’ancienne gare et on passait en courant autour du commissariat. Les murs sombres et la toiture en zinc indiquaient l’ancienneté de ce bâtiment. Autrefois, avant 1900, ce local servit à héberger une centrale électrique dont le but était l’éclairage de la ville de Wattrelos, à une époque où rares étaient les communes qui le tentaient. De nombreux incidents et dysfonctionnements firent qu’on abandonna l’électricité pour en revenir au gaz.

L’ancien commissariat de Wattrelos Photo NE

Le local étant libre, fut réaffecté en 1920 pour accueillir les services de la police. Trente cinq ans plus tard, alors qu’on évoque sa démolition, il n’a pas changé. L’humidité suinte sur les murs lors des fortes pluies et il arrivait fréquemment que le téléphone soit en dérangement. L’unique cellule non chauffée pouvait à coup sûr entraîner la congestion pulmonaire du moindre délinquant égaré là en hiver. Certaines jeunes pousses du collège installé dans l’ancienne gare se souviennent d’y être allées pour faire établir une carte d’identité. Elles évoquent un décor sombre, un mobilier sommaire tout à fait à l’opposé de la gentillesse et de la prévenance des agents de police qui l’occupaient. Les policiers méritaient d’être mieux installés.

Le nouveau commissariat en chantier Photo NE

Ce sera chose faite en 1965. On pensa dans un premier temps reloger la police au 22 de la rue Faidherbe où se trouvaient déjà les services de la perception municipale et le dispensaire venant tout droit de la gare. Finalement un nouveau bâtiment sera construit à deux pas du centre, à côté de la maternelle dans la rue Saint Joseph où il y avait encore quelques jardins !

Démolition de l’ancien commissariat Photo NE

En juillet 1965, le nouveau commissariat est inauguré au 21 de la rue St Joseph et l’ancien local entre ainsi dans l’histoire sinon dans les mémoires. En fait, il est détruit quelques temps après l’ouverture du nouveau.

L’actuel commissariat Vue Google Maps

Ballon(s) et inondations

Une première question au moment d’entamer cet article. Parle-t-on du quartier du Ballon ou des Ballons ? Il semble que l’appellation soit issue de la partie belge herseautoise comprise entre les deux rivières Berckem et Espierre. Mais nos amis belges parlent du quartier des Ballons, alors que côté wattrelosien, nous avions une rue du Ballon venant de la Vieille Place et qui correspond aujourd’hui au tracé des rues Louis Dornier et Georges Philippot. Les deux rivières citées plus haut ont régulièrement fait du quartier du ou des Ballons des plaines d’inondations. Un rapport de 1925 signale une année particulièrement catastrophique, avec 3 à 400 habitations régulièrement inondées et contaminées. Le quartier du Ballon connaît de manière plus ou moins fréquente entre 20 et 30 inondations par an, entraînant la destruction de récoltes, la contamination des puits et la dégradation des immeubles. Le 8 janvier 1925, les prairies et le champs qui entourent le gazomètre de Wattrelos, situé non loin de l’abattoir, donnent l’impression d’être un vaste étang. De fortes pluies en avril, juillet et août 1928 entraînent des inondations dont les dégâts seront indemnisés pour certains agriculteurs, notamment Clotaire Flipot, demeurant 1 rue du Ballon et Louis Houzet pour les dommages subis par son champ de betteraves. L’Espierre débordera à nouveau en juin, juillet et août 1930. La même année est créée l’« Association des victimes de l’Espierre et du Berckem ».

Wattrelos au temps du Consultat ext ADN ca 1807

On peut apercevoir sur ce cadastre du Consulat le parcours de l’Espierre partant du hameau du Ballon, tout en haut du plan, et formant un arc de cercle au travers des Près, passant entre la Vieille Place et la grand Place et rejoignant par de légers méandres le Laboureur. Les inondations vont donc concerner une grande partie du territoire wattrelosien. Les fortes pluies orageuses sont à l’origine du phénomène mais pas seulement. Il apparaît que le lit des deux rivières responsables des inondations se sont progressivement comblés à la suite du développement industriel et des rejets des usines roubaisiennes, tourquennoises et wattrelosiennes. La configuration des lieux est également propice aux inondations. Les ponts ou passerelles sont positionnés trop bas et forment barrage lors de fortes pluies. Le cours de l’Espierre présente plusieurs coudes ce qui ne favorise pas l’écoulement des eaux. De plus, le Berckem qui rejoint l’Espierre, se jette à angle droit et augmente fortement l’arrivée d’eau dans le cours principal. Lors d’abondantes pluies, le niveau des eaux s’élève rapidement, et quelques minutes suffisent pour provoquer des envahissements de 40, 50 voire 60 cm d’eau ! Sans oublier les odeurs amenées par les eaux polluées par les nombreuses industries. Il faut incessamment curer les ruisseaux obstrués, élargir les berges, redresser le lit des cours d’eaux. Entre les deux guerres ont lieu les débordements les plus catastrophiques de l’Espierre.

Quartier du Ballon inondé en 1957 Photo NE

D’avril à septembre 1957, d’importants travaux sont menés qui aboutissent aux résultats suivants : côté français, on a redressé le cours de l’Espierre et établi un nouveau pont pour faire la jonction entre la Martinoire et les Ballons. La rectification du cours de l’Espierre a entraîné de gros travaux de terrassement sur plus de cent mètres pour établir le nouveau lit de l’Espierre, plus profond et plus large que l’ancien. L’ancien lit a été comblé et une route reliera désormais à cet endroit la Martinoire et les Ballons. Les travaux français ont entraîné des craintes côté belge, car l’arrivée plus directe des eaux risque d’entraîner des inondations plus massives encore de l’autre côté de la frontière. D’autres travaux sont à envisager sur le territoire de Wattrelos afin de contenir les eaux, comme l’amélioration de l’étroit Pont des Vaches situé dans la plaine des Près ainsi que la suppression de méandres existant encore au sud de la rue Pierre Catteau.

La cité du 11 Novembre sous les eaux en 1957 Photo NE

En 1961, en vue de régler le problème de l’Espierre, les villes de Roubaix, Tourcoing, Wattrelos, Mouvaux, Croix, Wasquehal, Lys lez Lannoy, Leers, Hem et Bondues s’associent sous la forme d’un syndicat intercommunal d’assainissement du bassin de l’Espierre et du bassin de Tourcoing, tributaire de la Lys. Le problème qui existait déjà en 1925 s’est amplifié au fur et à mesure du développement industriel de la région. Ces vingt dernières années, l’urbanisation intensive du bassin de l’Espierre a augmenté les surfaces de ruissellement imperméables et a aggravé l’insuffisance de débit provoquant des inondations fréquentes sur le territoire de Wattrelos dans les quartiers du Mont à Leux, des Ballons, de la Broche de fer, du Breuil, du Rivage, pareil sur Roubaix, en raison du refoulement des eaux dans les égouts.

Les Ballons en 1964 Photo NE

En 1964, un important programme de construction de collecteurs a été mis en place par ce syndicat, dont le financement sera pris en compte par l’État. Pour Wattrelos, il s’agit d’un collecteur d’assainissement démarrant au Mont-à-Leux, empruntant la rue de la Martinoire, le lit actuel de L’Espierre jusqu’à la gare de Wattrelos, avec une dérivation par la rue de l’abattoir, la rue du général de Gaulle, la rue des poilus, le cimetière pour aboutir à la station d’épuration du Grimonpont. D’autre part, l’Espierre et le Berckhem, son affluent, seront entièrement canalisés entre le quartier de l’Union et la cité Amédée Prouvost, ce qui signifie qu’ils seront convertis en collecteurs souterrains. La dérivation vers le Grimonpont doit permettre la suppression du lit actuel de L’Espierre entre la gare de Wattrelos et le Sartel, et son remplacement par un aqueduc de section moyenne, un diamètre de 1,80 m enterré à une profondeur variable de 9 à 14 mètres. Coût des travaux, près de deux milliards d’anciens francs. Roubaix de son côté creuse un collecteur qui part de Mouvaux jusqu’au Laboureur. Ces travaux suffiront-ils ?

à suivre

Une dernière danse au bal masqué

Enseigne du 227 rue Carnot extrait festival-traitdunion.com

Ce n’est pas une histoire triste, juste un reflet de notre époque. Dans la rue principale de ma ville, une cité réputée festive, se trouve un magasin original dont le nom «Au bal masqué» est déjà une invitation à la fête. On y trouve, en effet, nombreux costumes, déguisements et accessoires pour passer de bons moments en famille ou entre amis. La propriétaire du magasin, toujours souriante et disponible, nous conseille, nous met à l’aise, ce qui est indispensable lorsque l’on doit sortir de sa cabine d’essayage revêtu d’un costume de Robin des bois plutôt moulant ou d’une tunique de Tarzanne un peu courte pour se poser devant son grand miroir, à la vue souvent d’autres clients riant sous cape (de Zorro).

Vitrine du Bal Masqué extrait cow.badminton.fr

Au gré des saisons et des fêtes, la porte s’ouvre à qui veut vivre des moments de bonheur et toujours sous le regard bienveillant de cette vendeuse pas ordinaire qui, il y a encore quelques mois, se réjouissait de rénover la devanture du magasin pour marquer le coup de ses 25 ans d’existence. Malheureusement, au fil des années, le chiffre d’affaire diminuait mais elle tenait à son affaire qui lui permettait de nombreux contacts et d’être au cœur des animations de cette ville au «cœur qui bat». Il faut dire que depuis quelques temps un nouveau et grand centre commercial s’était installé dans une ville voisine avec un magasin flambant neuf proposant aussi des déguisements, d’une qualité moindre mais d’un prix plus bas et comme les gens adorent se promener en famille dans les centres commerciaux le samedi plutôt que de se promener là où l’air est plus frais, petit à petit la sonnette de la porte du magasin s’est mis à moins retentir.

Vitrine récente du Bal Masqué Coll particulière

Tant et si bien que le magasin fermera bientôt définitivement sa porte… La crise du Covid-19 ayant été comme un dernier coup de grâce, même s’il n’y avait plus beaucoup d’illusions. Bien entendu tout le monde va déplorer cette fermeture, incriminant je ne sais quel responsable. Parce qu’il faut toujours un responsable. Mais que ce soit clair, le principal responsable c’est notre mode de vie, qui fait que l’on ignore souvent le petit commerce près de chez nous, pour aller vers la nouveauté, le clinquant. Souvenons-nous des petits magasins où nous allions avec nos parents ou grands-parents et cessons de nous plaindre constamment si une banque, une compagnie d’assurance ou un temple de la mal-bouffe viennent s’installer à leur place. A l’heure où nous sommes amenés à changer nos comportements de consommateurs sous peine de graves désillusions, aidons nos commerces de proximité et peut-être, je dis bien peut-être, d’ici quelques temps, on ouvrira à nouveau des magasins colorés et chaleureux dans nos rues. Et si vous vouliez avoir des nouvelles de la propriétaire du magasin, rassurez-vous… Elle va bien !