Foldees au Sapin Vert

Mon premier contact avec les comics date de 1968 (à 8 ans donc) quand j’ai eu sous la main ce numéro de Superman/Batman qui présentait les premiers pas de Batgirl. Premier gros coup de cœur pour le héros de Bob Kane et le dessin de Carmine Infantino qui dessinait cet épisode. J’étais donc un peu familiarisé avec les personnages DC Comics mais je n’imaginais pas qu’en entrant dans la boulangerie de mon quartier (le Sapin-vert à Wattrelos) j’allais tomber sur des petits trésors qui ne m’ont jamais quitté depuis. Comme souvent, ce jour-là en sortant de l’école, je vais-y faire mon plein de Malabar, de Car-en-sac et de soucoupes avec de la poudre blanche acidulée à l’intérieur (mes préférées celles-là). La boulangère m’accueille avec le sourire qu’elle doit à tout bon client qui se respecte et là je vois, dans un coin de la boutique, une boite inhabituelle aux couleurs flashy, décorées de super-héros DC.

Une boîte de foldees Coll Particulière

« Ce sont des chewing-gums à la cannelle » me renseigne la dealeuse de miches. Aucune idée de ce que peut être la cannelle, non, ce qui m’intéresse c’est la carte qu’on trouve à l’intérieur de chaque paquet et qui, une fois découpée, permet de composer d’amusantes silhouettes à partir de 3 personnages dont un super-héros.

Un exemple de foldee Coll Particulière

Durant toute la semaine, je pousse la porte du magasin dont le tiroir caisse engloutit goulûment mon argent de poche, jusqu’au jour où la boite disparaît du comptoir. « Vous allez encore en avoir ? ». Désolée de constater mon désarroi et en pensant à son chiffre d’affaire désormais en baisse considérable, la commerçante me répond par la négative. Je n’ai plus jamais retrouvé ces cartes que je range depuis dans une petite boite en métal qui contenait des cigarillos que fumait mon père. Comment cette boite du fabricant américain Topps était-elle parvenue jusqu’à Wattrelos ? Mystère et chewing-gum à la cannelle !! Toujours est-il qu’en faisant quelques recherches sur le net , je me suis rendu compte que les dessins de ces cartes étaient de la main du grand dessinateur Wallace Wood. Comme quoi les gosses de 8 ans ont du goût.

Un vélodrome au Laboureur

Le vélodrome des quatre villes est inauguré dans le quartier du laboureur à Wattrelos, le 25 juillet 1909. On y retrouve les éléments qui font un vélodrome à cette époque : la piste en bois, des tribunes, des virages, des gradins, et l’inévitable souterrain qui relie l’extérieur de la piste à la pelouse intérieure. La piste wattrelosienne est plus grande que celle du vélodrome de Barbieux, 400 mètres contre 333 mètres. Elle est donc entièrement en bois, et ses dimensions sont les suivantes : 8,30 m de largeur, avec des lignes droites de 9 mètres. Le long d’une de ces lignes droites, on trouve les loges, les tribunes et le pesage. En face, une immense tribune de 7000 places. En tout le vélodrome des quatre villes peut accueillir 20.000 places.

Le vélodrome du Laboureur en construction Photo Journal de Roubaix

Dès le 14 juillet, des essais ont été effectués et quelques pistards viennent faire des tours de piste. Enfin, après six semaines de travaux, le vélodrome quasi terminé reçoit la visite d’Henri Desgrange, directeur du journal l’auto, qui la déclare incomparable ! Les motocyclistes peuvent y atteindre 120 km/h. Ses administrateurs Adolphe et Henri Briet, Gustave Dhalluin, et son directeur sportif César Garin, le frère cadet de Maurice, peuvent en être fiers. On s’est également organisé à l’extérieur, il y a déjà des estaminets « à l’arrivée du vélodrome », « au vélodrome des quatre villes », et ce quartier du Laboureur autrefois un peu désert va revivre et se développer.

Les gradins du vélodrome Photo Journal de Roubaix

Le 25 juillet, c’est donc l’inauguration et une réunion de gala est organisée pour l’occasion. À 15 heures, les coureurs Darragon, champion du monde, Parent champion de france, et Serrès s’affrontent dans un match de demi-fond en trois manches. Ils tournent à plus de 80 km/h. Puis un match poursuite oppose les pistards Deruytter de Tourcoing, Tiberghien de Wattrelos, Deman de Reckhem, et Behague d’Herseaux. Le prix des places est le suivant : loges 5 francs, pesages 4 francs, tribunes 2,50, gradins et virages 1,50, populaires 1 franc. Il a été décidé que s’il pleuvait, on remettrait, mais ce ne fut pas le cas. Les portes sont ouvertes dès 13 h 30, et la société musicale des Enfants de la Lyre vont animer la réunion. Un garage de 500 vélos est prévu pour les spectateurs venus à bicyclette, et un service spécial de tramways amène les voyageurs jusqu’à un arrêt juste en face du vélodrome.

Le vélodrome en service CP Coll Part

Le vélodrome des quatre villes disparaîtra avec la première guerre, mais il aura accueilli les plus grandes réunions de pistards et même un temps les matchs de football du Racing Club de Roubaix, alors à la recherche d’une grande enceinte sportive.

À suivre