Les beaux jeudis au Gauquier 2

Pour entrer au 27 rue du Gauquier, il fallait monter deux marches. Un long couloir traversait la maison jusqu’au jardin. Sur la droite, en entrant, « la pièce du devant », lieu quelque peu sanctuarisé, dans lequel on trouvait les plus beaux meubles et les plus beaux objets de la maison et où l’on n’allait jamais, sauf occasions exceptionnelles. Signe des temps, cette pièce est devenue aujourd’hui un garage. Suivaient la porte de l’escalier pour accéder à l’étage puis la porte du cellier.

Le n°27 rue du Gauquier Photo PhW

A gauche, une porte s’ouvrait sur le séjour. Au centre de cette vaste pièce, autour d’une table recouverte d’une toile cirée, étaient disposées des chaises paillées garnies de coussins. Dans un coin, au dessus de l’évier, était accrochée une armoire de toilette en bois, munie d’un miroir. Une cuisinière au charbon et un meuble de style « mado » complétaient l’équipement de cette pièce à vivre. Une porte donnait sur la chambre à coucher dont l’accès nous était interdit sauf le jour de la présentation des voeux aux grands parents . Les cousins et cousines s’y retrouvaient après avoir récité leurs  « compliments ». Au bout du couloir central, dans un bâtiment marteau, une arrière cuisine était aménagée. Cette pièce servait pour la cuisson des aliments, la confection des confitures et des conserves. Au-delà, une autre petite pièce abritait les outils de jardin.

A l’extérieur, un cheminement en pierres permettait d’aller rendre visite aux voisins de la rangée sans passer par la rue. A côté de la citerne de récupération des eaux de pluie, grand père avait planté un piquet pour y installer un avion à hélice de sa fabrication qui faisait office de girouette. Non loin, une petite construction accueillait les toilettes dont la porte était agrémentée, dans sa partie supérieure, d’une ouverture en forme de cœur.

Grand père apportait un soin particulier à l’entretien de son jardin dans lequel, outre des fleurs, et particulièrement des pensées, il cultivait salades, haricots verts, pommes de terre, carottes et autres légumes. Au moment des repas, de bonnes odeurs emplissaient la maison. L’après midi, nous pouvions jouer dans le jardin jusqu’à l’heure du goûter. Grand père nous coupait de belles tartines bien régulières sur lesquelles grand mère étalait le beurre de la ferme, la confiture de rhubarbe maison ou du « pastador ».

La rangée de la carrière Briet Photo PhW

Parfois, nous allions rendre visite, en empruntant la carrière Briet, à notre arrière grand père, Fortuné, ancien tisserand à domicile, qui habitait une « maison à otil »  dans la rangée située près de la ferme Malvache. Cette ferme est aujourd’hui démolie. D’autres fois, nous allions faire quelques achats en Belgique, au bout de la rue : chocolat, pain d’épices,… Au passage, nous nous arrêtions chez des membres de la famille : le photographe André Delrue ou une cousine chez qui mandarins et canaris volaient, dans une pièce dédiée donnant sur le séjour et fermée par une porte grillagée.

La boutique et la maison d’André Delrue Photo PhW

Puis venait le moment du retour au Nouveau Roubaix. Nous étions délicieusement fatigués par cette journée au grand air et heureux ce cette expédition.

Les beaux jeudis au Gauquier

Dans les années 60, nous n’avions pas école le jeudi. Nous habitions au Nouveau Roubaix et de temps en temps, notre mère en profitait pour emmener, ma sœur et moi, passer la journée chez ses parents, dans la campagne de Wattrelos. Nous prenions le bus numéro 18 Boulevard d de Fourmies, près du carrefour avec l’avenue Motte. Arrivés à la gare de bus de la Grand Place de Roubaix, nous prenions sur un autre quai le 14, direction Wattrelos, terminus à la Houzarde, juste avant le poste frontière.

Le poste de douane de la Houzarde Coll Particulière

Puis, c’était le cheminement à pied, promenade bucolique et pittoresque pour nous, enfants de la ville. Nous empruntions la rue de la Boutillerie. Sur notre droite, une rangée de maisons qui existe toujours aujourd’hui, le carrefour avec la rue de la Baillerie, puis celui avec la rue Leruste au-delà duquel se trouvait le poste de douane français. Sur la gauche, des pâtures où le collège Pablo Néruda sera construit au début des années 1970 puis la belle ferme de la Boutillerie, en retrait de la route, rénovée à plusieurs reprises et toujours présente.

Ferme de la Boutillerie vue Google maps

Puis de nouveau des pâtures se présentaient à nous, de part et d’autre de la chaussée. Le lotissement des rues Verlaine et Baudelaire ne sera construit qu’à la fin des années 1970. Ensuite, une nouvelle rangée de maisons à droite et, après un alignement de grands peupliers, la ferme Destombes sur notre gauche, exploitée par 3 frères, Bernard, Marc et Dominique.

La ferme Destombes 2020 Photo PhW

J’apprendrai beaucoup plus tard que, comme nombre de leurs confrères du secteur, Ils sont confrontés aux difficultés liées à l’urbanisation : raréfaction des terres exploitables. Celles -ci sont enclavées, dispersées et de petite taille ce qui induit des déplacements longs et coûteux. Ils décident de se spécialiser dans la production de lait et créent le Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (G.A.E.C) en 1964. Cette structure va leur permettre de vendre directement près du tiers de leur production à la population nombreuse près de la ferme, le reste étant vendu à une coopérative. Aujourd’hui, une aile du bâtiment a été aménagée pour accueillir 6 logements étudiants. La ferme sera reprise en janvier 2003 pat M. Truffaut, anciennement agriculteur rue Leuridan Noclain. Les bâtiments de son ancienne ferme sont toujours debout à ce jour.

Enfin, nous arrivions au 27 rue de Gauquier au terme d’une marche de 20 à 30 minutes avec nos petites jambes !

La poste de Wattrelos centre

J’ai bien connu la poste de Wattrelos à l’angle de la rue Gustave Delory et de la rue Emile Basly. Apparemment ce n’était pas la première, et ce ne serait pas la dernière. Selon les historiens locaux, une poste se trouvait au début de la rue Carnot, dont le souvenir subsiste dans le nom d’une cour (près du n°31 de la rue Carnot). Puis elle  rejoignit les services de la mairie en 1860 au n°3 de la rue Florimond Lecomte (rue de la mairie à l’époque), avant de devenir un bureau de poste à part entière en 1914, quand la mairie s’installa Grand Place (la rue de la mairie devenant pour un temps la rue de la poste). Elle servit une vingtaine d’années jusqu’à ce que l’on décide d’améliorer le service en construisant un nouveau bureau de poste en 1932. L’ancien bureau fut adjoint à l’école Michelet et l’ensemble disparaîtra pour permettre la construction d’une crèche en 1974.

L’ancienne poste, mairie, école, rue Florimond Lecomte CP Coll Part

Les travaux sont commencés en 1931 et le nouvel équipement est construit selon les plans validés par le ministère des PTT de l’époque. On peut ainsi trouver des copies conformes de ce bureau rue de l’Alma et rue Lalande à Roubaix, ces postes ayant été construites à la même époque. Le nouvel hôtel des postes est ouvert en octobre 1932. Je me souviens bien de la poste à l’angle des rues Gustave Delory et Emile Basly. C’était un bureau comme on en a beaucoup construit dans les années trente, avec une entrée sur l’angle des deux rues, des briques de parement devenues jaunâtres avec l’usure du temps. À l’intérieur il y avait encore des guichets d’accueil et des cabines téléphoniques. Le bois et le carrelage contribuaient à l’ambiance de ce vieux bureau.

La poste des années trente Coll Part

Mais cette poste des années trente qui avait été construite pour desservir 30.000 habitants ne suffisait plus. Le Wattrelos des années soixante-dix est devenue une ville de 45.000 habitants et occupe désormais une plus grande surface d’habitat. Un autre bureau de poste desservait d’ailleurs le Sapin vert et les quartiers attenants. On projette donc d’agrandir le bureau existant mais il n’y a pas assez de surface. On cherche une nouvelle implantation et un terrain se situant à l’angle des rues Salengro et de la gendarmerie est retenu, sachant qu’il touche également à la rue Négrier, ce qui donne une idée de l’importance de sa superficie.

L’emplacement de la future poste en 1974 Photo NE

La poste a donc changé de place, elle se trouve désormais à l’angle de la rue de la gendarmerie et de la rue Roger Salengro, où se trouvait autrefois le café Le Lion Blanc dont le tenancier, Albert Dhondt fut maire de Wattrelos de 1947 à 1957. La nouvelle poste fut inaugurée le 18 février 1978, mais elle fonctionnait déjà depuis le 13 février.

L’actuelle poste centrale de Wattrelos Coll Part

 

Le pont bleu

Le nouveau pont décidé en 1920 Coll Part

Quand le canal sépara les territoires de Roubaix et de Wattrelos, l’accès du Sartel était juste un pont étroit au dessus de l’écluse du même nom. Ce passage était sensé aboutir à la gare de Roubaix Wattrelos, édifiée en 1878 à Roubaix entre le Pile et les Trois Ponts. Rien de vraiment wattrelosien donc ! Les temps changent, l’activité évolue et il devient urgent de ménager des accès à Wattrelos un peu plus larges, et notamment au Sartel. Il faut néanmoins attendre l’après première guerre mondiale pour qu’une délibération municipale acte la création d’un pont au Sartel en 1920. Sans doute les wattrelosiens ont-ils bénéficié de la reconstruction des ponts sur le canal entièrement détruits par l’armée allemande lors de sa retraite. Voici donc le premier pont du Sartel, tout en béton et dans l’alignement de la rue Albert 1er, dédiée au courageux roi des belges qui le surnommaient le Roi Soldat du fait de sa conduite à la tête des armées pendant le conflit mondial. Ce pont se situe en amont d’une centaine de mètres du passage initial.

Dernières images du vieux pont Photo Guy Sadet

Après près de quatre-vingts années de bons et loyaux services, le vieux pont de béton donne des signes de fatigue et commence à s’effriter sous la pression du trafic automobile intensif. Les passages des camions font trembler sa structure et il menace de s’écrouler à tout instant. Sa démolition est programmée pour la fin de l’année 1998. La circulation est coupée dès la mi-novembre, ce qui va perturber un temps le seul commerçant installé aux alentours du vieux pont, à savoir la station de l’Elephant Bleu qui restera ouverte pendant les travaux. Sa destruction commence en décembre 1998, ses vieilles arches en béton sont enlevées grâce à une grue de 500 tonnes.

Dernières images du vieux pont Photo Guy Sadet

Un nouveau pont va bientôt le remplacer qui sera posé en juin 1999. En janvier 1999, on a fait glisser ce pont au-dessus du canal. Le Conseil Général a financé le projet à 100 %. Pendant trois mois le pont repose sur des appuis provisoires en attendant l’habillage des culées en brique et l’équipement du pont (garde-corps, revêtement, corniche). Le nouveau pont est long de 65 mètres et large de 24 mètres. Il permet ainsi de proposer deux voies de circulation de chaque côté, deux bandes cyclables et un trottoir de deux mètres de part et d’autre. Ce nouvel ouvrage est métallique et pèse 720 tonnes.

Le nouveau pont au moment de son installation Photo NE

Le nouvel axe longeant le canal et rejoignant la rue d’Avelghem a été réalisé. Il permet d’éviter le boulevard Beaurepaire et son arrivée sur le centre fréquemment encombrée. La station de lavage toujours présente rue Albert 1er n’est plus esseulée. À deux pas du pont, de l’autre côté de la rue se trouve désormais une petite zone commerciale comprenant un fast food, une boulangerie, une boutique pour les travaux de peinture, un magasin pour les ustensiles et pièces automobiles. Le pont arbore quant à lui une belle peinture de couleur bleue.

Le pont après sa pose Photo NE
L’actuel pont bleu Photo Google

Football à la Carluyère

J’ai connu Wattrelos bien avant de m’y installer. C’est ainsi qu’en 1975 je me rappelle d’avoir joué au football sur une pâture de la Carluyère avec le FCRoubaix 1974, ainsi nommé car créé la même année. Le siège du club était au café Mouton place Jean Baptiste Clément à Roubaix et il n’y avait pas assez de terrains de football à l’époque sur Roubaix. Le club était récent et commençait à faire ses preuves mais ses demandes de pouvoir bénéficier d’un créneau pour un terrain restaient vaines. Aussi, pour pouvoir évoluer, le Football Club Roubaix 74 dut-il louer une pâture sur Wattrelos et ce fut à deux pas de la ferme de la Carluyère. C’était en 1976, d’après les photos ci-jointes.

Le terrain de la Carluyère au fond la ferme Malvache Photo RmR

Je me rappelle que nous nous sommes apprêtés une fois ou deux dans la bourloire du café en face de l’église, située à quelque distance du terrain. J’ai encore l’image d’un tableau à la gloire de l’équipe de bourleurs qui s’appelait les boxeurs de Beaulieu. Ce vestiaire improvisé n’a pas duré. On s’est ensuite préparé dans les voitures, je ne me souviens plus très bien. Je garde d’excellents souvenirs de cette période où nous consacrions nos dimanches matin à chausser les crampons. Une bonne ambiance régnait dans ce petit club, beaucoup d’entre nous se connaissaient par ailleurs, copains de lycée notamment.

Une autre vue du terrain Photo RmR

Les lieux ont beaucoup changé et certains points de repère ont disparu. On parvenait à notre terrain par la carrière Vanderzippe qui longeait la ferme Malvache qu’on voit sur la photo. Cette ferme a été démolie. La D700 n’avait pas encore été réalisée et cela donnait à l’endroit un parfait air de pleine cambrousse. Aujourd’hui elle a effacé les voies d’accès d’autrefois. Ainsi le souvenir de la bourloire qui se trouvait rue Leruste implique que nous récupérions le sentier de la Martelotte puis la carrière Vanderzippe avant d’arriver au terrain. C’était donc assez loin. On aperçoit sur les photos des voitures stationnées le long de la pelouse et certaines derrière le but !

Le terrain de la Carluyère autre vue Photo RmR

Le terrain était légèrement en pente et orienté plein est : les buts se situaient derrière la ferme Malvache au nord est et de l’autre côté à l’angle formé par la carrière Vanderippe et la rue de la Carluyère au sud est. La pelouse était ainsi entourée de chemin et de fossés. Il semble que cette situation n’ait pas duré au-delà de 1977, car le Président Jacques Plays répondant à une interview dans Nord éclair en février de cette année-là annonçait que le Football club Roubaix 74 jouait désormais au Carihem. Restait encore à conclure des accords pour les terrains d’entraînement. Le club à ce moment comprenait 150 adhérents, quatre équipes de seniors, et une équipe pour chaque tranche d’âge, pupilles, minimes, cadets et juniors. Sans oublier une section cyclotouriste !

La gare de Wattrelos

Je me suis installé à Wattrelos en 1977 et j’habitais alors rue de la gare. Immanquablement le coup d’œil vers la façade de la gare m’a amené à m’intéresser à ce bâtiment très particulier, situé à deux pas de la grand place. Ce fut autrefois une gare de chemin de fer, obtenue de haute lutte avec Roubaix, qui prétendait avoir déjà créé une gare de Roubaix-Wattrelos, dans le quartier du Pile, à Roubaix. Le seul accès qu’en avaient les wattrelosiens, c’était l’écluse du Sartel !

Fronton de l’ancienne gare Photo PhW

Le maire et brasseur Denis Pollet souhaitait faire venir le chemin de fer jusqu’à sa brasserie, dont on peut encore voir les murs et la cheminée, à côté du Vendôme qui fut son habitation. De là, la ligne filait vers la Belgique. La gare et la ligne datent de 1897, ce qu’on peut encore lire sur les maisons de garde barrière qui longent son parcours depuis le quartier du Carihem à Roubaix jusqu’à la place de Wattrelos, et sur le fronton de ladite gare de Wattrelos. Selon les historiens locaux, elle ne fonctionna pas bien longtemps, le dernier train de voyageurs partit en 1914. Sinistre présage. Il semble que l’activité ferroviaire se poursuivit jusqu’à la seconde guerre pour assurer le transport de marchandises diverses.

Une classe de 1963 au lycée annexe Coll Privée

Puis l’activité ferroviaire cessa. La municipalité racheta les locaux et les transforma dans un premier temps en centre médico-social. Cependant le journal de 1968 cite encore un train et un service de transport de colis, alors que ces locaux accueillent l’annexe du lycée qui va bientôt occuper tous les locaux de la gare.

Sticker de la radio

En 1981, Galaxy, une radio libre créée par des passionnés de radio, s’installe dans une aile de la gare.  C’est au départ une radio locale associative généraliste qui se spécialise dans les nouvelles musiques électroniques. Depuis 2018, elle est une radio de catégorie B :  commerciale, non affiliée à un réseau national identifié et ne desservant pas un bassin de population de plus de 6 millions d’habitants.

Le conservatoire de Wattrelos Photo Google

Quand le lycée Zola fut construit, l’école des filles du centre occupa un temps les lieux, avant que l’école municipale de musique de Wattrelos ne s‘y installe. Inaugurée le 27 avril 1987, elle est aujourd’hui devenue un conservatoire à rayonnement communal de musique et de danse,  établissement agréé d’État.

Foldees au Sapin Vert

Mon premier contact avec les comics date de 1968 (à 8 ans donc) quand j’ai eu sous la main ce numéro de Superman/Batman qui présentait les premiers pas de Batgirl. Premier gros coup de cœur pour le héros de Bob Kane et le dessin de Carmine Infantino qui dessinait cet épisode. J’étais donc un peu familiarisé avec les personnages DC Comics mais je n’imaginais pas qu’en entrant dans la boulangerie de mon quartier (le Sapin-vert à Wattrelos) j’allais tomber sur des petits trésors qui ne m’ont jamais quitté depuis. Comme souvent, ce jour-là en sortant de l’école, je vais-y faire mon plein de Malabar, de Car-en-sac et de soucoupes avec de la poudre blanche acidulée à l’intérieur (mes préférées celles-là). La boulangère m’accueille avec le sourire qu’elle doit à tout bon client qui se respecte et là je vois, dans un coin de la boutique, une boite inhabituelle aux couleurs flashy, décorées de super-héros DC.

Une boîte de foldees Coll Particulière

« Ce sont des chewing-gums à la cannelle » me renseigne la dealeuse de miches. Aucune idée de ce que peut être la cannelle, non, ce qui m’intéresse c’est la carte qu’on trouve à l’intérieur de chaque paquet et qui, une fois découpée, permet de composer d’amusantes silhouettes à partir de 3 personnages dont un super-héros.

Un exemple de foldee Coll Particulière

Durant toute la semaine, je pousse la porte du magasin dont le tiroir caisse engloutit goulûment mon argent de poche, jusqu’au jour où la boite disparaît du comptoir. « Vous allez encore en avoir ? ». Désolée de constater mon désarroi et en pensant à son chiffre d’affaire désormais en baisse considérable, la commerçante me répond par la négative. Je n’ai plus jamais retrouvé ces cartes que je range depuis dans une petite boite en métal qui contenait des cigarillos que fumait mon père. Comment cette boite du fabricant américain Topps était-elle parvenue jusqu’à Wattrelos ? Mystère et chewing-gum à la cannelle !! Toujours est-il qu’en faisant quelques recherches sur le net , je me suis rendu compte que les dessins de ces cartes étaient de la main du grand dessinateur Wallace Wood. Comme quoi les gosses de 8 ans ont du goût.

Un vélodrome au Laboureur

Le vélodrome des quatre villes est inauguré dans le quartier du laboureur à Wattrelos, le 25 juillet 1909. On y retrouve les éléments qui font un vélodrome à cette époque : la piste en bois, des tribunes, des virages, des gradins, et l’inévitable souterrain qui relie l’extérieur de la piste à la pelouse intérieure. La piste wattrelosienne est plus grande que celle du vélodrome de Barbieux, 400 mètres contre 333 mètres. Elle est donc entièrement en bois, et ses dimensions sont les suivantes : 8,30 m de largeur, avec des lignes droites de 9 mètres. Le long d’une de ces lignes droites, on trouve les loges, les tribunes et le pesage. En face, une immense tribune de 7000 places. En tout le vélodrome des quatre villes peut accueillir 20.000 places.

Le vélodrome du Laboureur en construction Photo Journal de Roubaix

Dès le 14 juillet, des essais ont été effectués et quelques pistards viennent faire des tours de piste. Enfin, après six semaines de travaux, le vélodrome quasi terminé reçoit la visite d’Henri Desgrange, directeur du journal l’auto, qui la déclare incomparable ! Les motocyclistes peuvent y atteindre 120 km/h. Ses administrateurs Adolphe et Henri Briet, Gustave Dhalluin, et son directeur sportif César Garin, le frère cadet de Maurice, peuvent en être fiers. On s’est également organisé à l’extérieur, il y a déjà des estaminets « à l’arrivée du vélodrome », « au vélodrome des quatre villes », et ce quartier du Laboureur autrefois un peu désert va revivre et se développer.

Les gradins du vélodrome Photo Journal de Roubaix

Le 25 juillet, c’est donc l’inauguration et une réunion de gala est organisée pour l’occasion. À 15 heures, les coureurs Darragon, champion du monde, Parent champion de france, et Serrès s’affrontent dans un match de demi-fond en trois manches. Ils tournent à plus de 80 km/h. Puis un match poursuite oppose les pistards Deruytter de Tourcoing, Tiberghien de Wattrelos, Deman de Reckhem, et Behague d’Herseaux. Le prix des places est le suivant : loges 5 francs, pesages 4 francs, tribunes 2,50, gradins et virages 1,50, populaires 1 franc. Il a été décidé que s’il pleuvait, on remettrait, mais ce ne fut pas le cas. Les portes sont ouvertes dès 13 h 30, et la société musicale des Enfants de la Lyre vont animer la réunion. Un garage de 500 vélos est prévu pour les spectateurs venus à bicyclette, et un service spécial de tramways amène les voyageurs jusqu’à un arrêt juste en face du vélodrome.

Le vélodrome en service CP Coll Part

Le vélodrome des quatre villes disparaîtra avec la première guerre, mais il aura accueilli les plus grandes réunions de pistards et même un temps les matchs de football du Racing Club de Roubaix, alors à la recherche d’une grande enceinte sportive.

À suivre