Le pont de Wattrelos

Lors du tracé du nouveau canal contournant Roubaix par le nord, on prévoit des ponts sur les principaux axes de circulation, et, en particulier, pour le chemin de grande communication numéro 9, ou chemin de Wattrelos. La municipalité, anticipant l’arrivée du canal, décide de redresser ce chemin en réunissant par une ligne droite les actuelles places Nadaud et Chaptal, pour que cette nouvelle voie bénéficie du pont.

Document archives municipales
Document archives municipales

Un premier projet, approuvé par la ville, prévoit un pont fixe avec des rampes d’accès remblayées, juste en amont duquel on construirait une écluse à deux sas accolés, ce qui permettrait d’obtenir un tirant d’air suffisant pour les péniches sous le tablier.

Mais, sans doute pour des raisons techniques, le service des ponts et chaussées décide, sans en aviser les intéressés, modifier le projet et de le remplacer par deux écluses séparées, ce qui oblige à installer un pont levis sur la route de Wattrelos. Ce pont, qui coûte 36000 francs, est étroit (2m 50 de largeur) et ne permet le passage que d’un seul véhicule à la fois. On lui adjoint une passerelle pour que le piétons puissent traverser même pont levé.

Dès 1870 les habitants du Calvaire pétitionnent pour obtenir une autre passerelle sur l’ancien chemin à quarante mètres de la première. On proteste également contre l’établissement d’un pont levis. La municipalité propose de le doubler par un pont fixe établi à l’extrémité de l’écluse, Ces propositions restent sans suite. Le canal est alors encore en travaux, mais, dès son achèvement en 1877, regrettant encore d’avoir été mis devant le fait accompli, on souligne les inconvénients du pont levis. On insiste sur le fait que les convois funèbres s’y succèdent et que l’on met en service du tramway qui passera toutes les 5 minutes. On préconise donc la construction d’un second pont levis sur l’emplacement de l’ancien chemin (la distance étant supérieure à la longueur d’une péniche, les utilisateurs trouveraient toujours ainsi l’un des deux ponts libre). Ce nouveau projet ne voit, lui non plus, jamais le jour.

Plan cadastral 1884 – archives municipales
Plan cadastral 1884 – archives municipales

Les inconvénients de l’étroitesse de ce pont induisent des files d’attente importantes à chaque levée, et on se décide finalement à le remplacer par un autre plus large. Il restera mobile, mais il sera mû par la force hydraulique pour accélérer la manœuvre. Il repose sur quatre piliers, accolés à des contre-poids. Malheureusement, lors de son inauguration en 1903, il refuse de se lever, au grand dam des officiels réunis ce jour là. La cause de la panne est la rupture d’un tuyau d’arrivée d’eau alimentant la pompe hydraulique chargée de soulever le pont. Ce tuyau corrodé par la présence du courant de retour alimentant le tramway. Néanmoins, on finit par traiter le problème et le pont peut enfin remplir son office.

Collection médiathèque de Roubaix
Collection médiathèque de Roubaix

Malheureusement il est détruit en 1918 par les allemands en fuite, ainsi que la passerelle, partageant le sort de l’ensemble des ponts roubaisiens.

Le pont après déblaiement - Document médiathèque de Roubaix
Le pont après déblaiement – Document médiathèque de Roubaix

La paix revenue, il faut le reconstruire, mais les travaux n’avancent pas aussi vite que le voudraient les habitants. L’Égalité déplore en 1920 le fait que 6 ponts restent à reconstruire, dont celui de Wattrelos.

Le Journal de Roubaix - 1920
Le Journal de Roubaix – 1920

On érige un nouveau pont à l’emplacement de l’ancien. Les piliers que le soutiennent sont maintenant en profilés métalliques, reliés deux à deux par dessus la route, et son fonctionnement est amélioré. C’est celui qu’on connaît aujourd’hui après plusieurs réfections et remises en peinture. Il garde son intérêt, surtout pour la desserte du cimetière, malgré la construction du nouveau pont Nyckees, qui draine aujourd’hui l’essentiel du trafic vers Wattrelos.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Le troisième pont

Le remplacement du pont Nickees devient urgent : celui-ci est incapable de faire face à l’accroissement du trafic des années 60, et l’idée des élus est d’ajouter une communication directe entre le boulevard Gambetta et Wattrelos pour désengorger la grand-rue et son pont, trop souvent levé au goût des automobilistes. La reconstruction des ponts de la Vigne et des Couteaux ayant eu la priorité, il est temps de d’envisager une construction nouvelle. Le dernier projet de 1959 porte donc sur un tablier de 30 mètres de large (autant que l’avenue Motte) situé relativement haut, qui se trouvera prolongé à chaque extrémité par des rampes d’accès. La rampe côté boulevard Gambetta sonnera le glas du jardin public installé lors du comblement de l’ancien canal, et déjà très amputé dans les années 50.

L'ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière
L’ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière

La rampe formant une courbe prononcée vers la gauche, va obliger à la démolition d’un groupe de maisons situées à l’angle du boulevard et du quai de Lorient.

Les maisons à démolir - Photo archives municipales - 1953
Les maisons à démolir – Photo archives municipales – 1953

De même, les travaux vont amener à la rectification du tracé de la rive droite du canal, qui présentait au débouché du boulevard un creux permettant aux péniches de faire demi-tour. Ce creux, perdant son utilité, va être comblé et servira d’appui aux piles du futur pont. Le pont doit comporter deux chaussées de 10m50 et un terre-plein central de 3 mètres. On prévoit deux ans de travaux qui incluront la création d’espaces verts. 1962 voit le début des travaux, qui doivent coûter, d’après Nord Matin, près d’un milliard d’anciens francs, financés en grande partie par le fonds d’investissement routier. On commence par démolir les anciennes maisons car, ne l’oublions pas, l’opération doit aussi permettre de résorber l’habitat insalubre.

Les travaux quai de Cherbourg et rue d'Avelghem – Photos La voix du Nord
Les travaux quai de Cherbourg et rue d’Avelghem – Photos La voix du Nord

En janvier 1963, les travaux sont stoppés par le froid, mais ils reprennent dès la fin des gelées à un rythme accéléré. On amorce les rampes d’accès, et on construit les culées et les piliers qui supporteront le tablier.

Photo la Voix du Nord
Photo la Voix du Nord

Puis on coule le tablier dans lequel sont tendus, dans des gaînes, des fils de renforcement. On prévoit quai du Sartel des déversoirs d’orage pour remplacer ceux qui amenaient le trop-plein des eaux de pluie dans l’ancien bassin de retournement des péniches. En 1964 les travaux sont en bonne voie ; le pont et les rampes d’accès prennent forme.

Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965
Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965

Enfin, le pont est inauguré en 1966. La musique de 43ème RI est de la fête, ainsi que le Préfet. Les personnalités parcourent le pont à pied, avant d’être reçues officiellement à la mairie.

Le cortège officiel – photo La Voix du Nord
Le cortège officiel – photo La Voix du Nord

Le terre-plein central reçoit de la végétation, des vasques fleuries y sont implantées. De petits squares avec de la végétation seront ensuite aménagés près des culées du pont. On a prévu des routes passant sur chaque rive pour relier les différents quais en passant par dessous le pont.

Photos archives municipales et Lucien Delvarre
Photos archives municipales et Lucien Delvarre

La construction de ce pont reliant directement les deux villes, consacre l’importance de l’axe formé par le boulevard Gambetta qui, avec l’implantation de Roubaix 2000, a l’ambition de déplacer le centre de Roubaix en l’attirant vers lui.

Les Ponts Nyckees

Lorsque le 1er janvier 1877, on inaugure le nouveau canal contournant Roubaix par le Nord, on prévoit que les péniches pourront relier la Deûle et l’Escaut directement. Le premier pont du Galon d’eau (selon sa dénomination officielle du plan cadastral de 1884), ou pont Nyckees (d’après le nom du cabaretier-agent de douanes du quai de Wattrelos), situé au confluent de l’ancien et du nouveau canal, sera donc un pont mobile. Ce pont, nommé sur le plan cadastral, n’y est pourtant pas dessiné, pas plus que sur les autres plans de l’époque. On ne le voit figurer que sur un plan daté de 1906. A-t-il été prévu à l’origine, mais construit plus tard, puisque n’offrant pas la même importance que le pont de Wattrelos son voisin, implanté sur la grand rue et reliant les centres des deux villes ?

Journal du Roubaix du 04-01-1877 – document archives municipales
Journal du Roubaix du 04-01-1877 – document archives municipales

Néanmoins, ce pont assure un bon service,près de l’écluse du Galon d’eau, et reliant l’extrémité du boulevard Gambetta et le quai de Wattrelos, jusqu’en 1918. A cette date, il est démoli par les allemands en fuite. Il est remis en service après la guerre, en mars 1920, et le journal de Roubaix précise à cette occasion que son tablier est pavé.

Le pont sans doute photographié lors de sa reconstruction – document médiathèque de Roubaix
Le pont  photographié lors de sa reconstruction – document médiathèque de Roubaix

Le nouveau pont est fixe ; il ne permet pas aux bateaux de le franchir. Les péniches venant de Belgique ne pourront plus desservir que le quai du Sartel, et le reste du canal ne sera plus relié qu’à la Deûle.

Il faut avouer qu’il est peu pratique à l’usage : pour aller du boulevard Gambetta vers Wattrelos, il faut, après avoir traversé le pont, tourner à gauche et suivre le quai jusqu’au pont de Wattrelos, puis tourner à droite pour emprunter la grand-rue.

Photo La Voix du Nord – archives municipales
Photo La Voix du Nord – archives municipales

Ce parcours sinueux est dû au fait que le quai de Wattrelos est bordé de maisons, et que l’espace compris entre le pont et le confluent de la grand-rue et de la rue d’Avelghem est bâti, lui aussi. De même, une rangée de maisons bloque l’accès du côté de la rue d’Avelghem. Tout ceci empêche toute communication directe, et oblige à ce détour malcommode.

En 1952, on projette de remplacer ce pont par un autre, situé au même emplacement. Un peu plus tard, on modifie ce projet : le pont sera orienté non plus perpendiculairement au canal, mais dirigé vers le boulevard Gambetta. Sa chaussée doit faire 14m50 , et il doit offrir un tirant d’air de 4m10, permettant le passage des péniches. Ce pont doit être prolongé par une voie nouvelle qui le relierait directement à la rue d’Avelghem. Les plans suivants représentent les deux projets successifs.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

L’année suivante on remplace ce dernier projet par un autre, beaucoup plus ambitieux : en février 1959, le conseil municipal décide de construire un pont de 30m de large placé dans le prolongement direct du boulevard Gambetta. Ce nouveau pont serait prolongé par des rampes d’accès empiétant d’un côté sur l’ancien jardin public terminant le boulevard Gambetta, et de l’autre sur les terrains situés au delà du quai de Wattrelos jusqu’à la rue d’Avelghem.

Le long de la rue d’Avelghem se trouve une rangée de maisons, déjà présente sur le plan cadastral de 1884, qui va devoir être démolie.

Photo Nord Matin 1958
Photo Nord Matin 1958

Les terrains à exproprier consistent principalement en une propriété de 1500 m2 appartenant à Mme Veuve Wallerand-Leconte et comprenant un café en bord de quai (celui d’Eugène Nyckees), et 28 maisons en cour, ce quon appelle la cité Wallerand, située sur le terrain d’une ancienne brasserie. On y trouve aussi une autre propriété de 1700 m2, comprenant un ancien négoce de bois, appartenant aux consorts Delesalle, ainsi que divers autres terrains. La photo suivante montre la zone en 1962, au début des travaux :

Photo IGN
Photo IGN

A suivre…

 

 

 

 

La gare de débord de l’Allumette

En 1906, la gare annexe de marchandises, construite depuis peu près du quai de Calais, à l’emplacement de l’actuel quartier de l’Union, traite les transports par wagons complets. Mais, faisant état de difficultés d’accès à cette gare, une pétition de commerçants et de transporteurs des quartiers du Fresnoy et de la Mackellerie réclament une gare de débord plus accessible au camionnage. Ils proposent pour accueillir ces installations, le lieu-dit l’Allumette, près de la halte du même nom, à peu de distance de la gare principale. La rue du Luxembourg permettrait d’accéder commodément à cette gares, située à son extrémité. Ils adressent une pétition à l’ingénieur en chef du service de l’exploitation des chemins de fer du Nord.

Document Archives municipales - 1899
Document Archives municipales – 1899

Cette demande des usagers potentiels est accompagnée d’un tableau précisant pour chaque signataire le nombre de wagons prévus. Ce nombre est variable selon les entreprises, allant de 500 wagons annuels pour Carette-Duburcq à 25 pour la société des glacières et 20 pour la brasserie des débitants réunis.

Le maire de Roubaix appuie cette demande auprès de la compagnie de chemins de fer. Celle-ci prépare un pré-projet et évalue la dépense à un total de 220 000 francs, dont 87 000 pour l’achat des terrains. La compagnie en prendrait la moitié à sa charge. La part de la ville se monterait donc à 110 000 francs, quelle pourrait financer grâce à un emprunt remboursable en 50 ans couvert par une taxe prélevée sur chaque wagon complet transitant par la gare de l’Allumette. On chiffre à 2400 wagons dès la 1ere année le nombre de wagons concernés. Certes, la somme encaissée dans ce cas couvrirait à peine les intérêts de l’emprunt, mais on espère un accroissement du nombre de wagons au fil des années.

Le projet – document archives municipales
Le projet – document archives municipales

La gare de débord doit être desservie par une voie de service qui longe les voies principales depuis la sortie de la grande gare de Roubaix. Prévue pour recevoir 60 à 70 wagons à la fois, elle comportera deux séries de voies parallèles, l’une le long des voies principales encadrée d’aiguilles permettant les manœuvres, l’autre, en tiroir, un peu plus loin. Entre ces deux paires de voies, un espace permettant le déchargement. Une voie supplémentaire, desservie par un pont tournant, pourrait être rajoutée (tracé en pointillés). Le projet précise que les marchandises seront « chargées et déchargées à découvert par les soins et aux risques et périls des expéditeurs et des destinataires ».

Le conseil municipal adopte cette proposition en 1907. Le projet est envoyé pour approbation au ministre des travaux publics. Mais, en 1909, le ministère de l’intérieur s’oppose au prêt sur 50 ans, limitant la durée maximale à 30 ans, ce qui augmentera la somme à rembourser chaque année. La municipalité, pensant que les taxes générées seront suffisantes pour couvrir ce montant, accepte la solution préconisée. La déclaration d’utilité publique est publiée cette même année. On décide de solliciter le prêt auprès de la caisse Nationale des retraites pour la vieillesse.

 

Document archives municipales
Document archives municipales

Les travaux durent deux ans et se terminent en 1911. Des pétitionnaires déplorent cet atermoiement, accusant la compagnie de n’apporter qu’un zèle modéré à la réalisation et à la mis en service, alors que la mairie doit payer de sa poche le prêt qui cour, sans entrée de taxes en contrepartie.

Toujours en 1911, la compagnie des mines d’Ostricourt, dont l’agent à Roubaix est E. Lecomte-Scrépel et Cie, rue du grand chemin, se porte acquéreur d’un terrain rue du Luxembourg pour profiter des installations de la gare de débord, et demande à la compagnie la pose d’un embranchement particulier. Elle offre un prix forfaitaire de 600 francs par an. Le conseil municipal accepte.

Document archives municipales
Document archives municipales

 Le maire demande l’ouverture de la gare. Cette ouverture a lieu le 20 décembre. Le premier wagon parvient à l’embranchement des mines d’Ostricourt au mois d’Août 1912. En1923 la surtaxe produit 1280 francs en janvier, ce qui permet de penser que le remboursement du prêt n’offre pas de problème pour la ville. Les diverses photos aériennes de la gare de débord montrent d’ailleurs toutes une activité importante.

La gare de débord et l'embranchement des mines d'Ostricourt – Photos IGN 1962
La gare de débord et l’embranchement des mines d’Ostricourt – Photos IGN 1962

Cette gare de débord sera finalement victime à la diminution et au transfert sur route du fret. Fermée, elle est aujourd’hui remplacée par un rond-point. Signe des temps ?

Photo IGN - Géoportail
Photo IGN – Géoportail

 

 

 

Circulation dans les quartiers sud

Les rues de Roubaix ont été initialement revêtues de scories, puis empierrées. A l’usage, cela créait des fondrières et la boue était défavorable à la circulation. Au fur et à mesure, on pave les chaussées, souvent d’abord par une bande centrale sur 3 mètres de large, puis, pour les plus utilisées, sur toute la largeur. On passe ensuite au tarmacadam. En contrepartie, ces améliorations ont pour conséquence l’augmentation de la vitesse des véhicules, et celle du nombre d’accidents.

L’avenue Delory illustre bien cette tendance. A partir de 1950, on la revêt en tarmacadam, sauf le long de la ferme Gourguemez, en prévision du chantier de la cité du Maroc. C’est ainsi qu ‘en 1956 on trouve toujours une zone fangeuse le long de la cité de Beaumont.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

Tous ces travaux se terminent en 1957. 1960 voit l’aménagement d’îlots directionnels aux carrefours des rues Bernard Palissy et Henri Regnault. Mais, en 1963 est publiée une lettre ouverte de 120 familles habitant le long de l’avenue Delory dénonçant la circulation dangereuse, due au fait des «  afficionados de la vitesse, s’imaginant à Montlhéry ».

Le carrefour de la rue Henri Regnault – Document Nord Eclair 1961
Le carrefour de la rue Henri Regnault – Document Nord Eclair 1961

 Après étude, la municipalité va réagir par la pose de feux tricolores. C’est ainsi que seront équipés en 1965 les carrefours avec les rues Carpeaux, et Barbieux, en 1968 celui avec la rue Edouard Vaillant, et, en 1974 celui des rues Regnault-Fourrier. On poursuivra plus tard la lutte contre la vitesse sur cet axe par la limitation du nombre de bandes de circulation.

Photo archives municipales
Photo archives municipales

 Les autres grands axes ne sont pas en reste. On équipe également un peu plus tard les avenues Motte et Salengro. En 1967 sont traités les carrefours avec les rues Jean Jacques Rousseau et Leconte-Baillon, les rues de Lannoy et de Maufait. En 1969 suit le carrefour avec les avenues de Verdun et Van der Meersch, puis, en 1975 les rues Braille et Michelet.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

Mais on n’en reste pas là et c’est, en 1978 le tour des carrefours avec les les rues Ingres, Marlot, ainsi que celui du boulevard de Fourmies.

Le carrefour avec la rue Léon Marlot - Photo archives municipales
Le carrefour avec la rue Léon Marlot – Photo archives municipales

 Les années 70 voient s’équiper tous les axes principaux des quartiers sud : en 1970 les carrefours des boulevards de Reims et de Mulhouse avec la rue de Lannoy, celui des rues Linné avec les rues Wante et Marlot. En 1975 l’intersection des rues Notte et Mongolfier, puis, en 1979 ceux des rues Notte et Paul Wante, ainsi que celle des boulevards de Reims et de Lyon, et de Lyon avec la rue Carpeaux.

Le coin du boulevard de Reims et de la rue de Lannoy – Photo Nord Eclair
Le coin du boulevard de Reims et de la rue de Lannoy – Photo Nord Eclair

Ainsi, en l’espace d’une quinzaine d’années, les quartiers sud s’équipent d’une signalisation visant à sécuriser la circulation. Celle-ci est toujours présente aujourd’hui, ce qui semble prouver son efficacité.

 

 

On continue à dégager le carrefour

A peine les bâtiments des 1 et 3 rue de l’Hommelet sont-ils démolis, qu’on regarde en face, de l’autre côté de la grand-rue, où se trouvent tout une série de maisons vétustes qui gênent la visibilité des automobilistes. Ces bâtiments sont placés sur la grand-rue côté pair, juste avant la rue Pierre de Roubaix, et aux premiers numéros pairs de cette dernière voie. Sur le coin même, au 134 grand rue, se trouvait un estaminet, tenu en 1920 par Mme Vansteenkiste ; en 1939 on trouvait au 130 un marchand de légumes, et, au 134, un serrurier. Nord Eclair insiste en 1952 sur l’état de délabrement de ce bâtiment :

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

On remarque sur la photo, au premier plan, la maison qui vient d’être démolie au 1 rue de l’Hommelet, et, au troisième plan à droite, les premières maisons de la rue Pierre de Roubaix, des « basses toitures » également très anciennes, à qui l’administration n’a pas, non plus, l’intention de faire grâce. Tous ces bâtiments font un ensemble fermé autour d’une cour, qu’on trouve déjà sur le plan cadastral de 1804, cent cinquantenaires tout comme l’impasse St Paul, placée juste après entre les numéros 4 et 6.

 

Plan cadastral 1826
Plan cadastral 1826

 

On trouve dans les bâtiments bas au début de la rue Pierre de Roubaix jusqu’à la seconde guerre un estaminet, qui porte, au 2, l’enseigne « à l’encre noire » en 1895, et, au 4, une épicerie.

La décision d’abattre tous ces bâtiments est prise en conseil municipal, mais la réalisation se fait attendre. Deux ans plus tard, Nord Matin rappelle l’existence de cet ensemble qui continue à se dégrader :

 Photo Nord Matin
Photo Nord Matin

Ce rappel ne suffit toujours pas , et ce n’est que trois ans plus tard que l’entreprise Vandecastelle porte la pioche contre ces vénérables demeures.

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

Elles disparaissent donc en 1957, pour faire place à un parking ouvert. Celui-ci permettra de restaurer la visibilité dans ce carrefour très emprunté par les automobilistes, le reste du terrain restant en friche pour un moment encore.

Documents IGN
Documents IGN

 Mais cette friche va peut pas rester là à déparer ce coin de rue : en 1965, on y construit un immeuble, toujours présent aujourd’hui.. L’immeuble comporte au rez de chaussée des commerces, parmi lesquels on trouvera un moment un magasin « les coopérateurs ». Il sera dénommé « Super Coop » en 1968.On voit sur les photos que le 128 ter est épargné et qu’on le retrouve aujourd’hui à cet endroit :

Documents IGN 1965 – Google 2014
Documents IGN 1965 – Google 2014

 

Retour sur le pont

A la suite de notre précédent article retraçant l’histoire du pont de la Vigne, un des membres des ateliers mémoire s’est manifesté pour nous proposer des documents nouveaux. Ceux-ci étant particulièrement intéressants, il nous a semblé que leur publication méritait un nouvel article. Nous remercions leur propriétaire d’avoir bien voulu nous les communiquer.

La première photo nous montre l’inauguration de la passerelle en 1904. Elle est peinte de frais et on l’a pavoisée de nombreux drapeaux. On assiste à un lâcher de pigeons devant une assistance très dense.

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Un autre document confirme la destruction du pont en 1918 : la photo nous montre une partie de la passerelle plongée dans l’eau, et le pont lui-même remplacé provisoirement par une frêle construction de planches, sans doute placée là pour faciliter les travaux de reconstruction.

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La photo suivante, nous fait assister aux préparatifs pour l’ installation de la grue en 1955. Elle vient d’être amenée sur place, et elle est couchée sur la berge côté Cartigny avant qu’on la dresse sur cette même rive.

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Nous voyons ensuite un demi-tablier du nouveau pont en cours de construction, puis le même, terminé. Il s’agit de la moitié située côté Hommelet.

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Nous assistons maintenant les tests effectués sur le pont terminé. On a mobilisé trois camions de l’entreprise Carette-Duburcq lourdement chargés pour vérifier la solidité de l’ouvrage. On ne peut s’empêcher de penser que certains spectateurs sont bien imprudents : si le pont s’effondrait, ils seraient plongés dans le canal !

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La dernière illustration nous montre le pont et sa cabine de commande flambant neuve, placée côté Hommelet :

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Documents collection particulière.

Les bus et le tout béton

Nos kiosques « vitrés de glaces » vont rester en place une cinquantaine d’années. Puis, atteints par la limite d’âge, ils seront remplacés dans le paysage roubaisien par des « aubettes modernes » selon l’expression de la Voix du Nord. Ces aubettes en béton seront, pour le modèle courant, ouvertes et disposeront de fenêtres de petites dimensions, plus faciles à entretenir.

Le premier kiosque ancien à disparaître, à la fin de l’année 1954, est celui de la grand-place. Il est remplacé l’année suivante par une construction spécifique comportant des bureaux, rapatriés du laboureur, et un abri pour les usagers. Nord Éclair souligne que sa « sobriété de lignes sera appréciée des connaisseurs ».

Photo Nord Eclair
Photo Nord Éclair

La même année, on projette de déplacer le terminus des Mongy de la place de la Liberté à la grand-place. La voie sera tracée sur un terre-plein dans l’axe de la place, bordé de places de stationnement en épi pour les voitures. Ce projet signe l’arrêt de mort de l’ancien kiosque qui disparaît peu après.

Photo Nord Matin
Photo Nord Matin

Le kiosque situé sur le terre-plein central du boulevard Leclerc, presque en face du Broutteux, perd sa raison d’être avec la disparition des tramways. Il verra pourtant son existence temporairement prolongée par reconversion, et sera transformé en 1956 en magasin de fleurs à l’enseigne des « Floralies Roubaisiennes ». On le voit encore sur les photos aériennes de 1968, mais il a disparu sur celles de 1969.

 

Photo Nord Matin
Photo Nord Matin

Le kiosque de la place Chaptal est victime de l’automobile en 1957. Relativement grand, il interdisait pratiquement le stationnement sur la place. On le remplace par un abri béton décentré et beaucoup plus petit, ce qui libérera des places de stationnement. Ce dernier est édifié avant la destruction de l’ancien, qui remplira ainsi son office jusqu’au bout.

Photos la Voix du Nord
Photos la Voix du Nord

Dès 1962 Nord Matin se fait l’écho d’un projet visant à améliorer la circulation et le stationnement sur la place de la gare. On prévoit notamment d’installer des plate-formes en épis pour les bus, ainsi qu’un kiosque en béton au débouché de la rue de l’Alma. Ces aménagements entraîneront la démolition de l’ancien kiosque. Tous ces travaux seront réalisés en 63-64.

document collection particulière
document collection particulière

Le remplacement de celui de la place de la Fraternité suivra de peu. Toujours présent en 1965, il disparaît lui aussi, laissant la place à une aubette béton reportée quelques mètres plus loin. Les photos aériennes successives montrent l’ancien puis le nouvel abri.

Photos IGN
Photos IGN

Mais, à côté des remplacements, il est des aubettes qui apparaissent. C’est le cas du quartier de Barbieux, où l’on crée, en 1955, un abri béton juste à la porte de l’hospice. Il est destiné aux usagers de la ligne 15.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Éclair

De même, un nouveau kiosque est installé au coin de la rue rue Charles Fourier et de l’avenue Delory, face à la « banane ». Il est visible sur les photos aériennes de 1962 à 1988. Il sera ensuite délogé de son emplacement par des plantations.

Document Médiathèque de Roubaix
Document Médiathèque de Roubaix

Il est d’autres kiosques, construits aux arrêts du Mongy notamment le long du parc Barbieux. L’un d’eux est même déplacé d’une quarantaine de mètres en 1951 lors des travaux d’aménagement de la ligne à la suite de la suppression la Laiterie.

Photo Nord Matin
Photo Nord Matin

Il reste à évoquer le cas du kiosque de la compagnie TELB, celle des tramways de Lille. Il a été installé au coin de la rue de Lille et du boulevard de Cambrai, près du bureau de l’octroi en 1907,et semble encore présent sur une photo aérienne de 1953. Il disparaîtra sans doute un peu plus tard, peut-être lors de la suppression de la ligne F entre Lille et Roubaix en 1956 ?

Document collection privée
Document collection privée

 

Le pont de la Vigne

Dès la construction du canal, on prévoit des ponts aux endroits de passage les plus fréquentés. Celui reliant la rue de la Vigne et la rue de Cartigny est édifié en 1870. C’est un pont tournant à ossature métallique, construit sur le même modèle que les ponts Daubenton et du Fontenoy. Son tablier est étroit : la chaussée ne fait pas plus de trois mètres et le croisement est impossible ; les trottoirs ne permettent le passage que d’une personne de front. Sa date de construction est inscrite de chaque côté de sa pile centrale.

Documents Bibliothèque numérique de Roubaix
Documents Bibliothèque numérique de Roubaix et archives municipales

Pour éviter aux piétons une attente lors du passage des péniches, due à la lenteur de la manœuvre manuelle du pont, on décide de lui adjoindre en 1902 une passerelle. Placée à quelques mètres en amont du pont, elle est inaugurée le 10 Octobre 1904.

 

Le pont et sa passerelle – document coll. particulière
Le pont et sa passerelle – document coll. particulière

Comme les autres ponts du canal, il est sans doute démoli par les allemands lors de leur retraite en 1918. Il sera néanmoins réparé et remis dans son état premier.

En juin 1955, on le trouve trop incommode et son état nécessiterait des travaux importants. On pense le démolir pour le remplacer par un pont basculant à deux travées. Le tablier fera 13 mètres de large, dont 9 mètres pour la chaussée : les véhicules pourront enfin s’y croiser ! Il faudra trouver une solution pour le passage des tramways qui l’empruntent.

Pour effectuer les travaux, on érige une grue, et Nord Eclair précise « Il s’agit d’une grue particulièrement puissante, dont il n’existe, paraît-il, qu’un seul exemplaire en France… » Elle sera capable de soulever l’ancien pont d’une seule pièce. Elle doit servir également à enfoncer des pieux destinés à stabiliser le nouvel ouvrage.

 

L'installation de la grue – document Nord Eclair
L’installation de la grue – document Nord Eclair

On démarre les travaux, mais le 9 décembre, la grue s’effondre, pilier central brisé. Il faut réparer la grue, et pour cela la soutenir par un échafaudage.

Réparation de la grue – document La Voix du Nord
Réparation de la grue – document La Voix du Nord

Le 21 décembre, nouvel accident. Cette fois, la flèche s’effondre sur la toiture du café à l’enseigne du pont de la Vigne, formant le coin. Heureusement, les dégâts sont mineurs. On relève la flèche et on répare de nouveau la grue, avant de reprendre les travaux.

Le deuxième accident – document Nord Eclair

On installe des palplanches, derrière lesquelles on fait le vide d’eau, de manière à construire les culées sur les pieux de béton préalablement enfoncés.

 

Les travaux – document Nord Eclair
Les travaux – document Nord Eclair

L’ouvrage va maintenant bon train, et l’inauguration et la mise en service ont lieu en octobre 1957, concomitamment avec l’exposition d’étalages organisée par l’union des commerçants de la rue de la Vigne. Victor Provo coupe le cordon inaugural, devant une foule nombreuse malgré le mauvais temps. L’événement est précédé d’animations : caravane publicitaire, combat de catch, et retraite aux flambeaux.

 

L'inauguration – Document Nord Eclair
L’inauguration – Document Nord Eclair

La passerelle métallique de 1904 présente sur une photo de presse de 1957, disparaîtra à son tour en Novembre 1958, victime de son âge. Une expertise révèle un affaiblissement considérable dû à l’oxydation des poutrelles métalliques qui la composent et des piliers qui la soutiennent.

 

Le nouveau pont et la passerelle survivante – document La Voix du Nord 1957
Le nouveau pont et la passerelle survivante – document La Voix du Nord 1957

On décide donc sa démolition.

Le pont est celui qu’on utilise encore de nos jours ; il donne toujours satisfaction à ses utilisateurs.

 

 

 

L’indésirable kiosque

Sur la place de la gare, l’introduction d’un kiosque-abri va soulever des problèmes et être à l’origine d’échanges et de nombreux affrontements.

gare00-96dpiL’abri, d’abord prévu par le cahier des charges « sur le refuge existant au centre de la place », est placé sur ce trottoir circulaire, dans l’alignement de l’avenue qui y mène, à l’intérieur de la raquette formée par les voies. Son accès se fait côté gare.

gare02-96dpiMais, très vite, on se rend compte qu’il gêne la circulation. Une lettre du service de la voirie de juin 1920 fait état « d’études et pourparlers établis avant la guerre, pour le déplacement du kiosque-abri de la place de la gare » : on propose d’abord en 1908 à la compagnie de diminuer l’emprise du refuge. Celle-ci fait une contre-proposition en 1911. Elle préférerait carrément supprimer l’abri pour en installer un plus petit sur le trottoir de gauche de la place, face à l’impasse Deldique, ruelle allant de la rue du chemin de fer à la rue de la Gare. Il se trouve que la municipalité verrait d’un bon œil la suppression d’un obstacle dans la perspective de l’avenue de la gare, mais on demande d’abord l’avis de la chambre de commerce. Celle-ci se prononce contre cette solution. On réunit alors une commission municipale qui examine la question.

Gare03-96dpiLa municipalité opte pour le déplacement et choisit pour y implanter le kiosque le trottoir situé devant les bureaux de la grande vitesse et l’octroi, c’est à dire à droite en regardant la gare. La compagnie du Nord répond que l’emplacement est très mal choisi et demande de trouver un autre point de chute pour cette construction. Elle propose le côté gauche, près de la passerelle du Fresnoy. La municipalité juge très incommode cet emplacement gênant l’accès à la passerelle. La compagnie de tramways remarque de son côté que l’emplacement est situé trop loin des voies.

Toutes ces études, sont faites avant la guerre, et les hostilités arrêtent le projet. Il ne revient à la surface qu’à partir de 1920. Cette année là, une commission municipale se rend sur place et préconise enfin l’entrée du passage Deldique, avec une partie en saillie sur le trottoir, de même importance que celles des terrasses des cafés situés à côté. Elle ne prévoit plus une démolition, mais un simple déplacement.

Document archives municipales
Document archives municipales

Les travaux sont réalisés par la compagnie des tramways et le kiosque rejoint son nouvel emplacement. Il est maintenant placé sur la gauche de la place, à la limite de la rue de la gare, à côté du café du Coq Hardi. L’impasse a été couverte entre-temps et seule une partie de l’abri en émerge. Un photo nous laisse apercevoir son toit au dessus de l’autobus :

gare04-96dpiUn article du Journal de Roubaix de 1935 nous informe que la l’ELRT propose de déplacer l’abri depuis « la petite ruelle » vers le trottoir des numéros impairs, de manière à ce que le chef de station puisse « commodément surveiller l’embarquement des voyageurs et donner au wattman le signal de départ ». Cette proposition n’a pas de suite, et l’abri reste au même endroit jusque bien après la guerre.

Photo Nord-Eclair
Photo Nord-Eclair

Néanmoins on se préoccupe d’aménager la place cette même année 1935 pour faciliter la circulation, gênée par le nombre des tramways mis en réserve et stationnés au milieu de la place en attendant les heures de pointe pour être mis en service. En effet, l’abondance des véhicules particuliers devient telle que les bouchons se multiplient à cet endroit. L’idée est de reporter les stationnements des trams le long des trottoirs, de supprimer les poteaux supportant les lignes aériennes, et de créer une double voie dans la rue de l’Alma pour y reporter les tramways en réserve d’utilisation. L’abri est de plus en plus mal placé…

Les autres documents proviennent de collections particulières