Le fronton Blanchemaille

Rue de Blanchemaille à Roubaix, l’hôpital Napoléon a été construit et inauguré en 1867. Il deviendra par la suite, l’Hôtel Dieu puis l’hospice Blanchemaille.

Plus d’un siècle plus tard, en 1981, l’hospice Blanchemaille est rasé pour cause de salubrité et surtout parce qu’il se situe près de l’emplacement du percement de l’avenue des Nations Unies. Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Nations Unies, dernières démolitions, côté Nord ».

document collection privée

Sur la façade de l’hospice Blanchemaille, se trouve le fronton d’Isabeau de Roubaix, fille de Pierre de Roubaix. Une œuvre magnifique de 1867 du sculpteur Charles Iguel ( 1827-1897 ) qui a su rendre, par son œuvre, à Isabeau de Roubaix, une figure féminine douce et sereine.

Le fronton représente Isabeau de Roubaix, entourée de ses pauvres et des déshérités. Elle a fondé l’hôpital Sainte Elisabeth en posant la première pierre en 1488. Isabeau est représentée en train de donner aux malades la charte de l’hôpital.

document Nord Eclair

Le fronton est l’un des éléments les plus caractéristiques et les plus artistiques de cette façade. En 1981, on étudie donc la possibilité de sauver cette partie du bâtiment de la démolition. Cet élément pourrait ainsi être descellé et installé ailleurs, comme par exemple, posé sur un porche aménagé sur le mail planté de l’église Notre Dame. Une étude financière et technique est lancée.

La démolition de l’hospice Blanchemaille ( document Nord Eclair )

Une association regroupant notables, industriels et entreprises roubaisiennes est créée pour qu’Isabeau puisse être sauvée, avant que l’oeuvre ne termine à la décharge. L’association présidée par Francine Mulliez réunit la coquette somme de 225.000 F pour sauvegarder ce patrimoine roubaisien. Le fronton Blanchemaille est sauvé !

Le triangle de pierre de plusieurs tonnes est démonté, gardé dans un local municipal en attendant de trouver l’endroit idéal. Pendant plusieurs mois, il est stocké dans une sombre pièce municipale, pendant que Didier Schulmann conservateur du musée de Roubaix essaie de le replacer dans la commune, mais en vain.

Les jardins des nouveaux bâtiments de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales), qui remplacent les anciens locaux du 7 de la Grande rue, construits boulevard Gambetta à l’ancien emplacement de la caserne des pompiers, lui offrent une occasion rêvée.

document Nord Eclair

Les services municipaux commencent alors l’entretien du fronton. Il est nettoyé, rafraîchi et remonté. On crée une toiture en zinc qui est posée sur toute la partie supérieure du triangle, de façon à le protéger des intempéries.

Un haut relief est prévu récapitulant les 41 souscripteurs qui ont financé les travaux.

document archives municipales
document archives municipales

Le fronton trône désormais sur une poutre en béton posée sur 4 piliers habillés en pierre bleue de Soignies, plantés sur un coin de pelouse de ce terrain qui appartient à la C.A.F.

L’inauguration du fronton a lieu le 23 Septembre 1987 à 15h, sur place, dans

les jardins de la nouvelle caisse boulevard Gambetta, en présence d’ André Diligent sénateur-maire, de Francine Mulliez présidente du comité de souscription et de Louis Vancapernolle président de la C.A.F. de Roubaix.

documents Nord Eclair

André Diligent sénateur maire prend la parole. Il fait appel au mécénat et à la fibre roubaisienne pour sauver le patrimoine culturel de la ville.

Francine Mulliez remercie les donateurs et enlève le voile du fronton en présence d’une nombreuse assistance.

Pierre Boisard, président national de la CAF coupe le cordon d’inauguration.

Le fronton veille désormais à travers les vitres fumées de la CAF sur les guichets informatisés.

Les bureaux de la Caisse sont d’ailleurs fermés ce jour pour cet événement. Un chahut est organisé par une cinquantaine de cégétistes qui décident d’ajouter leur gain de sel à la cérémonie et viennent troubler le moment.

Les 27 maires des communes desservies en prestations familiales de la CAF de Roubaix sont également présents. Les 27 municipalités représentent 83.000 allocataires.

Il y a à Roubaix, des gens capables de générosité pour sauver le patrimoine de la ville, une générosité qui permet de sauver ce fronton et de lui offrir au sein de la cité textile, la destinée pour laquelle il a été sculpté.

Cependant, il est dommage de constater que malheureusement aujourd’hui, le monument est en piteux état car il n’est plus du tout entretenu depuis quelques années . . .

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales.

Site Motte-Bossut de Leers

Louis Motte-Bossut est le fondateur d’une filature qui, en 1843, représente, en importance, avec 18. 000 broches, dix filatures moyennes de l’époque. À peine achevée, cette usine est la proie des flammes (juillet 1845). Dix mois plus tard, elle est reconstruite sur des données plus vastes avec 44.000 broches, elle atteint presque l’effectif de toutes les filatures de Roubaix et de Tourcoing réunies. Quinze ans plus tard, une autre filature vient porter l’installation à 100.000 broches. La Filature monstre est à nouveau détruite par un incendie en 1865 et ne sera plus rétablie. Elle restera désormais de l’autre côté du canal. Peu de temps après, Louis Motte-Bossut aménage un important tissage de coton à Leers, puis une filature de laine à Roubaix, boulevard de Mulhouse (aujourd’hui disparue).

L’usine Motte Bosut à Leers doc VDN

En 1871, une importante usine de tissage de coton est construite sur la route de Roubaix par l’entreprise Motte-Bossut. La direction en est confiée à Léon et Louis, fils de Louis Motte et d’ Adèle Bossut. Avec le mariage de son aîné Léon, la raison sociale de l’entreprise change et devient « Motte-Bossut & fils ». Louis Motte-Bossut a donc créé un tissage de coton à Leers, qu’il confie à ses deux fils, Léon (1842-1903) et Louis (1845-1901). En 1895, intervient à Leers l’édification de la tour Motte-Bossut Fils (MBF), qui domine encore la commune.

Le site en 1965 Photo IGN

L’Usine a cessé ses activités en Juillet 1982. Elle occupait encore 170 salariés. En 1983, pour un essai de pré commercialisation avec le versant nord est, cinq entreprises de petite taille étaient intéressées. Le syndic de l’unité Motte-Bossut avait toutefois été saisi d’une offre plus rentable, émanant de la société Ferret Savinel qui voulait tout démolir et édifier des logements. Plusieurs projets allant jusqu’à 185 logements. Ferret Savinel avait même déposé deux permis de démolir et trois permis de construire pour 91 logements.

Mais la ville de Leers défend à l’époque un autre projet : pour 7000 m² achat et vente par lots côté avenue de Verdun, 9000 m² bâtis la ville les achète pour implantation d’activités à moyen terme. À court terme on y installerait des activités pour lesquelles on ne peut rien construire pour raisons financières, comme les ateliers municipaux, une salle polyvalente de sports. Dans la cour, près de la tour, 5 à 600 m² de bureaux pour l’école de musique. Sur les terrains, une partie en parkings et une douzaine de logements.

Le site en 1986 Photo IGN On distingue le lotissement des Tisserands

Rappelons que la fermeture de Motte-Bossut est un sinistre financier, perte de 8 % des recettes totales. La ville de Leers souhaite marquer une pause dans la politique d’urbanisation, en attente de son collège, dont le permis de construire est accordé, mais pas encore les financements et les crédits du conseil régional. Une partie du site est actuellement occupée par l’entreprise Sweetco, le reste des bâtiments par des associations sportives, un lotissement occupe aussi une partie des terrains de l’usine. Le verger de l’entreprise a également laissé place au lotissement nommé Les Tisserands.

L’espace sportif Motte-Bossut doc Ville de Leers

Depuis 1985, c’est l’entreprise Sweetco, aujourd’hui leader sur le marché du matelas et de la protection de literie pour bébés, qui  a installé ses bureaux et son site de production. En mars 2022, les salariés ont été informés du transfert de l’activité pour un regroupement sur le site logistique de l’entreprise, dans le parc d’activités de Roubaix Est.

Cette nouvelle situation permet à la ville d’envisager une autre destination pour ce site industriel, avec des logements notamment. La tour de l’ancienne usine emblématique dans la commune, devrait être conservée. Qu’adviendra-t-il du site Motte-Bossut ?

On lira avec intérêt le superbe travail de Bernard Moreau et Jean Pierre Desmet sur l’évolution du site Motte-Bossut de Leers dans Leers mon village, publié par l’Association Leersoise d’études Historiques et Folkloriques

Une partie de la Grand Place disparaît

Dans les années 1960, le développement de l’automobile rend la circulation de plus en plus difficile à Roubaix et en particulier, dans le centre ville.

Déjà en 1958, on a démoli le magasin de vêtements d’Albert Devianne, qui se trouvait à l’angle de la rue Jeanne d’Arc, pour dégager le carrefour des Halles. De cette façon les automobilistes venant de la Grand Place peuvent avoir un accès plus aisé sur le boulevard Leclerc via la Grand Poste.

La façade du magasin d’Albert Devianne ( document M. Devianne )
Document Nord Eclair 1958

En cette fin d’année 1967, pour améliorer le trafic, le conseil municipal décide donc de démolir une partie du quartier du centre ville : quelques maisons au N° 1, 3 et 9 de la rue du Château, jusqu’à l’allée du Lido, et cinq maisons sur la Grand Place du N° 18 au 20 ter, ce qui permettra de donner plus d’espace au centre commercial du Lido situé juste derrière, et un meilleur accès au parking via la rue de l’hôtel de ville.

Ces travaux d’élargissement et de rénovation vont coûter 115 millions d’anciens francs, somme importante mais nécessaire pour avoir un centre ville digne de ce nom. Ces démolitions permettront en 1968 une meilleure circulation entre la rue de l’Hötel de Ville et la rue Pierre Motte.

Plan du quartier ( documents Nord Eclair )

Sur la photo ci-dessous, à droite se trouvent : le café du Commerce au N° 20, puis l’opticien Fraignac au 20 bis et les draperies Aubanton-Gigieux au 20 ter. De l’autre côté de la place, au N° 21 le commerce Michou : boucherie-volailles-crémerie se trouve sous l’Hôtel du Centre, dont l’entrée se situe 1 rue Pierre Motte.

Photo 1967 ( document collection privée )

Sur la Grand Place, au N° 18, à l’angle de la rue du Château, se trouve le magasin du Tailleur Devlaminck, depuis les années 1920, où plusieurs générations se sont succédé. C’est une immense bâtisse sur 4 niveaux. Daniel Devlaminck, exproprié, s’installera ensuite au 4 rue du Maréchal Foch.

Pub Devlaminck 1967 ( document Nord Eclair )
Façade du 18 ( document archives municipales )
Façade du 4 rue Foch ( document Nord Eclair )

Au N° 19 se situe le café de l’Etoile reconnaissable à son superbe vitrail au dessus de la porte d’entrée.

La façade du 19 ( document archives municipales )

Puis au N° 20 se trouve le café du Commerce. L’immeuble est bâti sur deux niveaux. Au dessus du 1er étage figure un immense panneau publicitaire pour la marque de chocolat et confiserie de Delespaul-Havez.

la façade du 20 ( document archives municipales )

L’opticien Fraignac est implanté au 20 bis depuis les années 1910. Il partira ensuite au 26 de la Grand Place.

Le 20 ter est occupé, également depuis les années 1910, par Aubanton-Gigieux commerçant en draperies. Ce négociant qui fournit les maîtres tailleurs, partira ensuite au 29 rue Mimerel.

Façade du 20 bis et 20 ter ( document archives municipales )
Publicité Fraignac-Denneulin 1967 ( document Nord Eclair )

A la veille des grandes fêtes de la Charte, programmées en 1969, il est primordial que le centre ville soit rénové. La Grande place sera en effet un emplacement stratégique pour le déroulement des diverses manifestations, avec un Hôtel de Ville à la façade ravalée d’une blancheur de pierre et une église Saint Martin immaculée.

Photo 1985 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Quand Le Corbusier vint à Hem

Le château de la Marquise doc Historihem

Le château de la Marquise, une vaste propriété qui appartenait autrefois à la Marquise d’Auray, servit de dépôt de munitions pendant l’occupation. En septembre 1944, les allemands préviennent la population qu’ils vont faire sauter les dépôts de munitions. Après les explosions la destruction est totale, il ne reste plus rien du château.

Après l’explosion du dépôt de munitions doc Historihem

La propriété a ensuite été acquise par la société roubaisienne d’HLM, pour y édifier des logements. L’aménagement de ce lotissement doit comprendre un jardin public et fait l’objet d’études. À l’époque, il y a deux chantiers à l’étude, la résidence du Parc à Croix et le lotissement de la Marquise à Hem. « Pour les immeubles de la résidence du parc construits sur le terrain du peignage Holden, nous avons fait appel à Jean Dubuisson. Pour la Marquise à Hem, nous hésitions… »1

Vue du lotissement de la Marquise IGN 1947

Un samedi d’octobre 1952, un visiteur de marque est attendu sur le terrain hémois. Il s’agit de M. Le Corbusier, l’architecte bien connu, recommandé aux roubaisiens par Eugène Claudius Petit, Ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Le Corbusier a élaboré les plans et supervisé la construction de la Cité radieuse de Marseille, sa première unité d’habitation dont la construction s’achève en 1952. Il s’agit d’un « village vertical », composé de 360 appartements en duplex distribués par des « rues intérieures ». Surnommée familièrement « La Maison du Fada », cette réalisation fait partie des œuvres de Le Corbusier classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les autorités indiennes, au début des années 1950, lui confient le projet de la ville de Chandigarh, nouvelle capitale du Pendjab située sur un haut plateau dominé par la chaine himalayenne.

C’est donc en octobre 1952 qu’il vient visiter le site hémois. Il est accompagné de M. Albert Prouvost, Président du CIL de Roubaix Tourcoing et des dirigeants des sociétés d’HLM, MM Victor et Michel Hache directeurs de la société La Maison Roubaisienne. Les personnalités ont été auparavant accueillies à la mairie par M. le docteur Leplat maire d’Hem, Marquette adjoint et Lepers secrétaire de la mairie. À la suite de quoi, Le Corbusier se met au travail et envoie un projet à Albert Prouvost.

Le projet Le Corbusier de 1953 pour la Marquise site http://www.fondationlecorbusier.fr

Albert Prouvost raconte très précisément comment il s’est personnellement opposé à l’intervention de Le Corbusier.  « Le célèbre architecte… nous soumet un projet qui ne plait pas : immeubles trop hauts trop rapprochés les uns des autres, balcons conformes au modulor qui ne laissent apercevoir qu’un pan de ciel et ne permettent pas de profiter des beaux arbres de la marquise d’Auray. » Et il ajoute : « Je le lui fais remarquer en m’efforçant à la diplomatie ». Le grand architecte lui répond par courrier : « ce sera bien assez bon pour vos pauvres types ! » Albert Prouvost se vexe. « Sans doute fallait-il prendre cette phrase au deuxième degré », ajoute-t-il dans ses mémoires1. Le projet resta sans suite.

Albert Prouvost et Le Corbusier

L’architecte et l’industriel ne parviennent pas à s’entendre. Ce fut finalement un collège d’architectes qui se forma sous l’impulsion de MM. Lapchin architecte en chef du CIL, et Marché géomètre. On retrouve dans ce collectif les noms suivants : MM Finet, Lecroart, de Maigret, Ros, Maillard, Neveux, Spender, Verdonck…Un plan masse fut établi et on s’attacha à préserver le site qui fut divisé en 105 parcelles. Un article de la presse locale de 1958 évoque dans son titre Le Corbusier, en dénaturant le sens de sa création : sur le terrain de l’ancien château de la Marquise, on prépare une authentique Cité Radieuse. Le groupe CIL UMIC avait en effet abandonné la construction de HLM pour des maisons individuelles destinés à des milieux plus favorisés2.

1Toujours Plus loin, Mémoires d’Albert Prouvost éditions La Voix du Nord

2Article de presse de 1958 figurant dans le site Historihem

Première pierre à la Mousserie

C’est le directeur de la Caisse des dépôts et consignations en personne qui vient procéder le 18 octobre 1954 à la pose de la première pierre du nouveau groupe d’appartements à Wattrelos. M. Bloch-Lainé vient visiter les réalisations du CIL de Roubaix Tourcoing et il en profite pour procéder à la pose de la première pierre d’un bloc de 252 appartements dans le nouveau quartier résidentiel de la Mousserie, lequel doit totaliser plus de 1.500 logements.

François Bloch-Lainé document fondation Charles De Gaulle

Wattrelos est déjà un vaste chantier. Au sud est de la Mousserie, le groupe de maisons individuelles de la Tannerie, en bordure de la rue du Sapin-Vert est déjà habité alors que la tranche A de la Mousserie (268 logements) est en cours de construction. Tout dernièrement à proximité du pont du Tilleul a commencé l’édification d’une première tranche de 200 logements du groupe d’immeuble collectifs du Tilleul.

Le groupe dont la première pierre sera posée se trouve en bordure du boulevard des Couteaux. Il comprendra 119 appartements à une chambre pour jeunes ménages, 109 appartements à deux chambres et 24 appartements à trois chambres. Le chauffage central est prévu dans chaque appartement alimenté par une chaudière unique, eau chaude et froide, cave et garage pour bicyclettes et voitures d’enfants.

L’Espierre avant couverture doc NE

Les travaux de couverture de l’Espierre sont actuellement en cours, ainsi que l’élargissement du pont des Couteaux qui permettra une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing.

M. François Bloch-Lainé est accompagné par M. Leroy directeur général de la Société Immobilière. Il est accueilli par M. Albert Prouvost et des personnalités du CIL, MM Victor Provo député maire de Roubaix, Debesson maire de Tourcoing et D’hondt maire de Wattrelos. On remarque la présence d’André Lefebvre président de la société le Bien être qui va se charger de construire un bon nombre des futurs appartements, M. Degallaix, président du syndicat des entrepreneurs chargés de la construction des 1733 habitations de la Mousserie, M. Hache directeur de la Maison Roubaisienne.

Aperçu de la future Mousserie Collection particulière

La matinée a été consacrée à la visite des chantiers et réalisations du CIL, puis la future cité de la Mousserie est présentée sous forme de maquette sous une grande tente. Albert Prouvost fait une allocution dans laquelle il évoque le chemin parcouru et il rend hommage à la ville et la municipalité de Wattrelos dot l’intelligente collaboration va permettre l’édification sur les 45 hectares de la Mousserie de 2.000 logements qui abriteront six mille personnes et à la fin de 1957, dix mille.

M. Bloch-Lainé répond en quelques paroles simples. Il dit sa fierté de collaborer à l’œuvre éminemment sociale du CIL et il ajoute que le CIL de Roubaix Tourcoing apparaît comme une entreprise pilote. Il affirme sa résolution de tout mettre en œuvre pour mettre un terme à cette plaie des mal-logés. Il viendra avec joie pour poser au faîte de la dernière maison de la Mousserie le traditionnel bouquet.

La pose de la première pierre doc NE

Puis on se dirige vers le chantier ouvert à proximité. Un escalier de planches conduit les officiels jusqu’aux fondations de la première maison de la future cité. Le chef de chantier tend à M. Bloch-Lainé la truelle symbolique avec laquelle il scelle la première pierre. Puis l’on se sépare sous le frais soleil d’automne.

L’îlot de la Halle

Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. En 1968, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.

Citons entre autres, quelques entreprises de l’époque : Seynave, Mathis, Divol, Florin, VandenBroeke, Valcke, VanMoer, Prevost, Tack-Boutten-Kuhn, Ferreira.

la rue de la Halle ( documents archives municipales )

Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles pour cette activité de gros, en plein centre ville :

– La rue de la Halle est toujours très animée aux premières heures du jour et donc très bruyante

– Les problèmes de stationnement sont récurrents

– Le manque de place se fait cruellement sentir pour le stockage

– Les chariots élévateurs ont beaucoup de difficultés à manoeuvrer pour charger et décharger les camions

De ce fait, la concurrence du nouveau marché de gros de Lomme est d’autant plus vive, car certes, il est plus éloigné mais beaucoup plus facile d’accès et donc plus pratique pour les commerçants.

La ville souhaite effectuer une opération d’aménagement et de restructuration de cette partie du centre ville en Mars 1980 : rajeunir le triangle se trouvant en face de la Poste, et délimité par les rues de la Halle, Pierre Motte et par le boulevard Leclerc à savoir « l’Ilot de la Halle ».

le café de la Poste et la rue de la Halle ( document archives municipales )

Du côté du boulevard Leclerc, la Banque Populaire du Nord s’est déjà implantée à la place du café « La Rotonde ». Des bureaux sont programmés pour remplacer l’ancienne carrosserie « Van Den Hende ».

Pour la rue de la Halle, ce n’est pas une réhabilitation qui est envisagée mais un véritable curetage pour faire oublier les dents creuses correspondant aux anciens magasins de grossistes en fruits légumes, primeurs, beurre, œufs et fromages.

En 1982, les grossistes quittent la rue pour le Marché d’intérêt local du Pile rue de Valenciennes ( voir sur notre site un précédent article intitulé « Le Marché des Halles s’en va au Pile »)

document Nord Eclair 1982

Le projet initial prévoit la démolition de 22 immeubles sur les 3 rues, soit au total une superficie de 4983 m2. Sont concernés : les n° 5 au 29 rue de la Halle, les n° 10 et 12 rue Pierre Motte, et les n° 35 à 43 du boulevard Leclerc

document archives municipales

Finalement, la démolition ne concernera que la rue de la Halle et le n° 41 du boulevard Leclerc ainsi que le café de la Poste. Sur les plans ci-dessous on peut constater en effet que les 2 immeubles de gauche (grisés sur le 1er plan) ont été conservés.

document archives municipales

65 logements, bureaux et commerces sont construits par la Société d’HLM : « Le nouveau logis », pour un budget de 48 millions de francs. L’hôtel Ibis est construit à l’emplacement du café de la Poste. Les travaux s’étalent sur une durée de deux ans en 1987 et 1988.

Les travaux pendant la construction ( documents b.n.r Daniel Labbé )

 

Après l’achèvement des travaux en 1989 ( documents b.n.r Daniel Labbé )

Remerciements aux archives municipales.

Le blockhaus de la rue de Cartigny

Un blockhaus se trouve à hauteur du N° 130 de la rue de Cartigny à Roubaix , entre le cimetière et la rue d’Alger, curieusement posé, comme en équilibre sur le mur.

le blockhaus rue de Cartigny ( document BNR Daniel Labbé 1982 )

Il a été construit par les allemands au début de la seconde guerre mondiale. Les sentinelles étaient chargées de surveiller la rue, les soldats étaient équipés de mitrailleuses. Nul doute que cette casemate protégeait un lieu sensible derrière le mur, certainement un dépôt de munitions, ou le garage de véhicules militaires ou bien un atelier de réparation du matériel de défense anti-aérienne de la Luftwaffe. C’est l’une des rares constructions de la guerre 39-45 à Roubaix.

document archives municipales

En 2001, l’état du mur qui supporte le blockhaus n’est pas brillant, il y a des risques pour les piétons, et la mairie envisage de le détruire purement et simplement.

Une association est créée dont le but est de sauvegarder le blockhaus, vestige de la guerre et qui, de plus, fait partie du paysage du cimetière.

document Nord Eclair 2001

Au mois de Juin 2001, Thierry Delattre, conservateur du patrimoine de la ville, Jean-Louis Denis, membre de l’association Espace du Souvenir, Evelyne Delannay, conservateur du cimetière, Pierre Leman, membre de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) se réunissent sur place avec le propriétaire des lieux José Baptista.

document Nord Eclair 2001

L’accès au blockhaus se fait par un bâtiment industriel désaffecté. Une échelle de fer rustique et vacillante mène à la plate-forme de l’ouvrage. La construction est faite de plaques de béton. Des meurtrières offrent une vision rare des deux côtés de la rue et du cimetière.

document Nord Eclair 2001

Il faut absolument que le site soit classé au titre du patrimoine. On envisage même de le faire visiter par les roubaisiens, pour les prochaines journées du patrimoine du mois de Septembre. Certes, quelques travaux sont nécessaires : remplacer l’échelle, nettoyer l’accès, poser une porte et surtout consolider le mur du soutien…

Malheureusement deux années plus tard, la mairie décide de raser le blockhaus ! La demande de permis de démolir signée par J.F. Boudailliez le 30 Août 2003, est acceptée en Septembre pour risque de « péril ». On imagine donc que les commissions de sécurité ont estimé que le mur de soutien sur lequel est posée la casemate est trop fragile, et qu’il y a donc un risque grave d’effondrement sur le trottoir et la chaussée. Le blockhaus est démoli en fin d’année 2003.

la flèche rouge indique l’endroit où se trouvait le blockhaus ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Le Clos des Pronelles

Suite d’un article précédemment édité et intitulé : L’école de la rue du Moulin.

La crise économique, liée aux ravages de la mondialisation et à un phénomène de mode, a décimé presque entièrement la filière « encadrement » en France en l’espace de 5 ans et a entraîné la chute retentissante de la quasi-totalité des leaders du secteur. Les entreprises artisanales sont aussi presque toutes disparues.

La société Pictual a malgré tout réussi à tirer son épingle du jeu dans ce marasme ambiant en se repliant progressivement sur le seul atelier de Roubaix et en misant sur le très haut de gamme et la qualité. Sa clientèle est essentiellement constituée de collectivités locales, d’entreprises, d’espaces culturels, d’artistes peintres, et des grandes familles du Nord.

document archives municipales

Malheureusement, en Janvier 2009, deux conteneurs poubelles adossés à la façade prennent feu pendant la nuit. Les pompiers arrivent rapidement pour éteindre l’incendie qui ne s’est pas propagé à l’atelier proprement dit mais a déjà franchi la porte d’accès. L’eau et la suie ont provoqué d’importants dégâts : machines noyées, installation électrique hors d’usage et stock de moulures inutilisable ( près de 7 km dont des baguettes dorées à la feuille et d’autres moulures qualitatives ). La perte est inestimable car elle dépasse le préjudice purement financier. Dans un métier d’art, un stock se constitue en effet sur de nombreuses années, au fur et à mesure des opportunités. Il y avait donc des pièces anciennes probablement introuvables en 2010.

L’atelier reste fermé plusieurs mois, le temps pour les assurances d’établir les dossiers et d’effectuer les principales réparations en vue d’une réouverture.

Mais l’investissement, en termes financiers et d’énergie, pour reconstituer un aussi vaste choix de baguettes et de fournitures est énorme donc inenvisageable dans un marché en déclin. Les mois de fermeture ont par ailleurs perturbé la clientèle.

Alors que la demande de cadres continue lentement de s’effriter, la demande de logements pour les étudiants explose, Jean-Pierre et Marie-Anne ne cessent de refuser les demandes

Quelques mois après la réouverture, ils décident donc de jeter l’éponge. Ils ferment définitivement l’atelier et se séparent du matériel qui n’a pas été détruit lors de l’incendie ( une bonne partie de ce qui restait a été ferraillée et non vendue) . La société « Pictual » est dissoute à l’amiable en Février 2010. 

C’est alors que d’énormes travaux de rénovation de l’immeuble et d’agrandissement de la partie habitation débutent.

Jean-Pierre commence par purger les locaux commerciaux de plusieurs centaines de m3 de stocks et de matériaux divers accumulés au fil des années par les occupants précédents…La plupart prennent le chemin de la déchetterie, puis il entreprend de démolir les quelques 200 m2 de ce rez-de-chaussée en laissant juste les murs porteurs.

la façade arrière ( avant après ) document NE et photo BT

Jean Pierre et Marie Anne Devulder consacrent ensuite leur énergie à rénover leur immeuble. En 2010, ils déposent un permis de construire, pour le changement d’affectation des locaux commerciaux en logements et un permis pour la modification de façade dans le but de la remettre dans son état historique d’avant 1947. Le dossier est confié au cabinet d’architecture Philippe Clemens situé rue Mimerel à Roubaix.

De nouveaux logements sont donc créés au rez-de-chaussée portant la capacité totale de la résidence à 22 places, avec notamment 2 logements plus grands destinés à la colocation.

Ils réalisent parallèlement d’importants travaux de restauration ou de transformation des logements existants dans le but de les mettre aux normes et au goût du jour. La plupart des logements sont désormais de véritables studios « tout équipés » et non plus de simples « chambres ».

Le prunus dans la cour intérieure ( document JP Devulder )

La résidence est rebaptisée : LE CLOS DES PRONELLES.

Témoignage de Jean-Pierre : Quand nous avons repris l’immeuble, se trouvait un prunus dans la cour intérieure carrée fermée. C’est un arbre fruitier qui donne des prunes, des prones comme on dit chez nous en patois. Les fruits sont très petits, on les appelle alors les pronelles, d’où le nom donné à la résidence.

L’échafaudage ( document JP Devulder )

En 2016, les propriétaires décident de s’attaquer à la façade. Un échafaudage de 420 m2 est installé sur la devanture pendant plusieurs mois. Des travaux importants sont alors entrepris : les grandes vitrines du rez de chaussée sont supprimées. Les trumeaux en maçonnerie, tels qu’ils existaient au 19ème siècle, sont reconstruits et de nouvelles fenêtres rejoignent leur emplacement d’origine. La symétrie de la façade originale est alors retrouvée. La porte d’entrée principale est également replacée dans l’encadrement qu’elle n’aurait jamais du quitter et redessinée dans le style d’époque.

documents NE
Avant et après ( documents archives municipales et photo BT )

Un remarquable travail de remise en état des sculptures en pierre calcaire est effectué, notamment celles du fronton central qui étaient très dégradées par le temps et la pollution ; on peut désormais y admirer à nouveau les armoiries de Roubaix encadrées par de merveilleuses corbeilles de fleurs. 

La façade a retrouvé sa belle couleur rouge et crème d’origine, selon les conseils des bâtiments de France.

photo BT

En 2017, le résultat des travaux terminés est magnifique, 150 ans après l’ouverture de l’école des frères. Il signe le début d’une nouvelle vie pour l’immeuble. Depuis 2008, Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder s’attellent à redonner aux lieux son aspect d’origine.

photo BT

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.

Leers, derrière l’église

Qu’y avait-il donc derrière l’église avant les années soixante ? Apparemment rien. Quelques arbres et une grande pâture. Mais les choses vont changer progressivement et l’habitat va se développer.

Derrière l’église, avant. Photo Coll Particulière

Le samedi 10 juin 1967, c’est l’inauguration de 34 maisons, le groupe de Leers centre, derrière l’église Saint Vaast. Ce sont des maisons en accession à la propriété, construites par « La Maison Roubaisienne ». Elles se situent de part et d’autre de la rue du Maréchal de Lattre de Tassigny et occupent une partie de la rue Mozart. Au moment de l’inauguration, quatre de ces maisons sont déjà habitées, les travaux de l’ensemble devant être achevés pour le mois de septembre. Deux habitations peuvent être visitées, dont une entièrement meublée, dimanche 11 et lundi 12 juin de 10 heures 30 à 12 heures et de 14 h 30 à 18 heures.

Inauguration Maison Roubaisienne 1967 doc NE

M. Philippe Scalbert président de « La Maison Roubaisienne » prononce un discours et se félicité de la collaboration entre la municipalité leersoise et l’organisme constructeur. Il met en valeur cette nouvelle réalisation qui offre des conditions intéressantes aux futurs propriétaires, coopérateurs « à part entière » de la Maison Roubaisienne. Il donne ensuite des précisions sur la mode d’accession à la propriété et annonce que la « Maison Roubaisienne » envisage la construction dans un avenir proche d’un collectif pour jeunes ménages et d’un groupe d’habitations pour vieux ménages.

M. Julien De Ruyck adjoint au maire remplace M. Kerkhove, et remercie les administrateurs de la « Maison Roubaisienne » et souhaite une collaboration toujours plus efficace entre la municipalité leersoise et les organismes de construction pour le plus grand bien de la commune. Puis il coupe le ruban symbolique barrant la rue qui donne accès au groupe d’habitations et les personnalités visitent le chantier. Il y a là un certain nombre de responsables de la « Maison Roubaisienne » mais aussi d’autres sociétés comme la SAHRO, Notre Maison, l’architecte Verdonck, des directeurs, des administrateurs. M. Bourgois adjoint au maire est également présent comme de nombreux conseillers municipaux. Il y a également M. Demoncheaux directeur adjoint de la Sécurité Sociale et M. Abraham commissaire de police.

Derrière l’église, après. CP Coll familiale

L’espace situé entre les nouvelles maisons et l’église ne restera pas longtemps inoccupé. En effet en août 1967, ce terrain qui appartient à la municipalité est devenu un chantier de la S.A.H.R.O. qui construit là un immeuble collectif d’une trentaine d’appartements, quatorze de type F2 et seize de type F3. Ces logements seront réservés à de jeunes ménages de la commune. Ils seront occupés à l’automne 1968.

L’école de la rue du Moulin

La façade vers 1910 ( document archives municipales )

Les anciens bâtiments de l’hôpital de Roubaix situés au 32 34 rue du Moulin ( rue Jean Moulin aujourd’hui ) à Roubaix depuis le XV° siècle, sont démolis en 1866.

Cette date est incertaine, car sur le plan de 1847 ci-dessous, on distingue des lits d’hôpital dans le bâtiment dont les plans sont très voisins de la structure actuelle de l’immeuble. Il est donc permis d’avoir un doute sur le fait que la façade pourrait être antérieure à l’école et avoir été construite en 1847.

Plan de 1847 ( document JP. Devulder )

A la place, sur ce terrain qui appartient toujours aux Hospices Civils de Roubaix, est alors construite une maison d’habitation pour les frères de la Doctrine Chrétienne.

C’est un immeuble imposant d’une façade de 25m de large et d’une profondeur de 10m. Les murs ont une épaisseur de 50 centimètres ! Les frères des écoles chrétiennes arrivent rue du Moulin en 1867 ; ils y créent la communauté du Vénérable de La Salle. Seize chambres sont à l’étage pour les vingt-deux frères qui logent dans le bâtiment visible de la rue. Ils instruisent dans les six classes situées sur 2 niveaux, 3 au rez de chaussée et 3 à l’étage, dans un bâtiment situé de l’autre côté de la cour intérieure et relié à l’immeuble principal par une coursive à droite, qui abrite la buanderie, la cuisine et l’arrière cuisine pour le stockage des denrées.

L’école vue de la cour intérieure ( document archives municipales )

En 1882, suite à la loi Jule Ferry, l’école des frères de la rue du Moulin devient une école communale de garçons ( puis par la suite, une école de filles ). La croix qui surplombe le fronton est alors décrochée.

Sur le toit, on distingue encore la croix ( document JP Devulder )

L’école, devenue communale, en 1883, compte 547 élèves pour 6 classes ! On ne peut pas en conclure qu’il y avait 91 élèves par classe car il y avait un roulement avec notamment les classes du midi pour les enfants-ouvriers, qui apprenaient à lire et écrire pendant leur pause-déjeuner. Ces classes sont séparées de l’immeuble de la rue du Moulin et deviennent l’école de la rue Chanzy, ( aujourd’hui école Edmond-Rostand ).

Au dessus de la porte d’entrée : école communale ( document JP Devulder )

Les frères quittent Roubaix, après une longue période de résistance rendue possible grâce au soutien conjoint de la population ouvrière et des instances patronales, pour ériger à Estaimpuis, les fondements de ce qui deviendra par la suite le collège Jean Baptiste de la Salle. Leurs logements rue du Moulin deviennent alors des logements urbains traditionnels pendant près d’un siècle.

Ensuite, il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que le bâtiment se transforme. En 1948, Roger Vanovermeir s’installe dans le bâtiment au N° 34 pour y vendre ses meubles.

documents collection privée

La façade du rez de chaussée de la rue Jean Moulin est alors complètement transformée et surtout dévastée ! Elle est percée pour laisser apparaître les larges vitrines du commerce de meubles. Les lettres « école communale » de 1882 disparaissent momentanément ( elles seront retrouvées au moment de la restauration en 2016 ). Roger Vanovermeir et sa famille occupent personnellement quelques pièces, situées à l’arrière du magasin . Roger Vanovermeir reste dans les locaux pour la vente de ses meubles, de 1947 à la fin des années 1970.

Au début des années 1960, au fond de la cour intérieure, un mur est construit à une distance de deux mètres, le long de l’école ( le bâtiment a été retravaillé avec l’ajout de couloirs couverts pour créer des circulations entre les classes ). Les 6 salles de classe continuent d’accueillir des élèves qui entrent dès lors à l’école Edmond Rostand par la rue Chanzy située juste derrière.

Le mur construit devant les 6 classes de l’école ( photo BT )

Pendant quelques années ( fin des années 70, début des années 80 ), l’immeuble connait une déshérence, provoquée par plusieurs facteurs : fermeture puis incendie de l’usine Motte Porisse, située juste en face, puis un véritable « tsunami » en matière d’urbanisme avec carrément la disparition d’une partie de la rue Jean Moulin pour la création de l’avenue André Diligent et de la ZAC Motte Porisse. L’immeuble se retrouve alors, pendant une décennie, assez isolé dans un environnement extrêmement difficile de friches ou de ruines. La défaillance financière des occupants de l’époque accentue cette déchéance ( défaut d’entretien manifeste, mauvais locataires…le terme de squat a été prononcé )

Au début des années 1980, le bijoutier Marc Vieille et son épouse Yvette, dont le commerce est situé juste à côté au 28 30 rue Jean Moulin, rachètent le bâtiment à la barre du tribunal. L’immeuble très bien construit reste solide mais est assez délabré. Marc entreprend de le rénover pour qu’il soit aux nouvelles normes et de le transformer en résidence étudiante. Le 1° étage est alors composé de 15 logements ( 7 studios avec commodités à l’intérieur et 8 chambres. Un très grand appartement compose le 2° étage.

C’est à cette époque que le locataire Roger Vanovermeir quitte les lieux. Ensuite, le commerce est occupé à plusieurs reprises par des commerçants locataires qui ne restent guère longtemps, jusqu’à ce que Robert Bedaghe signe un bail de location pour installer son atelier d’encadrements à l’enseigne « Arts Décors ». La partie arrière ( les pièces qu’occupait personnellement Roger Vanovermeir ) se transforme en réserve. L’ancienne cour de récréation devient un parking pour une dizaine de véhicules

document archives municipales

Robert Bedaghe souhaite prendre sa retraite en 2006, d’autant qu’il apprend que son bail ne sera pas renouvelé. Les propriétaires, Mr et Mme Vieille souhaitent, quant à eux, se séparer de cet immeuble.

Marie-Anne Devulder, gérante de la société d’encadrement « Pictual », possédant 4 magasins dans le Nord, se positionne pour reprendre le matériel et les stocks de la société Arts Décors, mais ni le fonds de commerce, ni l’entreprise.

En juin 2006, Marc Vieille propose alors à Jean Pierre et Marie-Anne Devulder de leur céder l’immeuble. Dans un premier temps, ils déclinent l’offre, puis se ravisent et finalement font l’acquisition de l’immeuble en février 2007.

L’atelier de fabrication Pictual de Bondues trop petit, est donc transféré à Roubaix dans les locaux de l’ex société Arts Décors

Témoignage de Jean-Pierre : Ce qui nous intéressait, c’était d’abord l’atelier d’encadrement qui se trouvait au rez-de-chaussée. Nous avions trois magasins de cadres et un atelier-magasin au centre de Bondues. Ici, c’était beaucoup plus grand. Nous avons acheté, d’abord comme un simple investissement locatif. Et puis nous sommes tombés amoureux, devant la richesse inouïe de l’histoire des lieux

à suivre . . .

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.