Les immeubles du square Destombes

En 1952, Roubaix est couvert de chantiers CIL : le groupe du Pont Rouge, le Fort Desprez, les lotissements divers du Nouveau Roubaix, le parc de la Potennerie et le square Destombes en font partie.

Etat du chantier en 1952 Photo NE
État du chantier en 1952 Photo NE

Les immeubles construits par le CIL dans le square Destombes ont de nombreux points communs avec ceux de la Potennerie. Les deux lotissements ont en effet obligation de préserver les plantations et arbres existants. A la Potennerie, l’achat de la propriété privée Huet va permettre la construction d’immeubles collectifs, après la démolition de la maison de maître du lieu, dite château Huet. Le square Destombes appartient à la ville, qui vend une partie de sa surface pour construire des immeubles identiques.

Plan CIL Square Destombes Photo NE
Plan CIL Square Destombes Photo NE

Les plans des immeubles du CIL du square Destombes sont sensiblement ceux qui ont été utilisés pour réaliser les immeubles de la cité du Galon d’eau, de la cité des Canaux, et de la cité du Pont Rouge. Pour le premier site cité, ils se trouvent à l’angle de la Grand Rue et de la rue Nadaud. Pour le second, ils sont en front à rue du boulevard Gambetta à Tourcoing. Pour le troisième, ils se trouvent dans l’angle de la rue de Lannoy et de la rue Yolande.

Plan des immeubles AmRx
Plan des immeubles AmRx

C’est la société le Toit Familial sise 16 rue St Vincent de Paul à Roubaix qui va construire. Cette société a fait l’acquisition du terrain (5529 m²) auprès de la ville le 26 avril 1952. Le permis de construire a été délivré le 10 janvier 1952, et l’arrêté de certificat de conformité délivré le 28 avril 1954.

En tête le Toit Familial AmRx
En tête le Toit Familial AmRx

Entre-temps, le CIL aura construit trois immeubles de trois étages parallèles à la rue Lalande et un quatrième perpendiculaire, plus long que les trois précédents, et avec un décrochement, du à la configuration des lieux. Tous ces immeubles sont réalisés au fond du square, loin du déferlement automobile de la rue Pierre de Roubaix. L’espace jeux pour enfants a été préservé, ce qui ajoute à la qualité de vie des résidents.

Le square et les immeubles Coll Particulière
Le square et les immeubles Coll Particulière

Le 25 août 1956, le CIL demande à la ville de Roubaix la certification que les immeubles collectifs du square Destombes sont en état d’être habités dans toutes leurs parties (88 logements) et qu’ils sont affectés à l’habitation aux ¾ de la superficie totale du terrain. Auront ainsi été réalisés, quatre bâtiments collectifs comportant 88 appartements.

Le square aujourd'hui Photo Google
Le square aujourd’hui Photo Google

 

 

 

Nations Unies : le projet se précise

La loi du 31 décembre 1966 prévoit la création de communautés urbaines dans plusieurs villes, dont Lille. Elles auront, en particulier dans leurs compétences le plan local d’urbanisme et l’habitat. C’est donc la nouvelle communauté urbaine qui va reprendre en 1969 le projet de rénovation de l’Alma-Gare, présenté par l’agence d’urbanisme. Dans ce projet, le pont St Vincent de Paul serait réorienté et doublé, l’hospice Blanchemaille disparaîtrait. L’atelier d’Urbanisme mis en place au niveau préfectoral prévoit deux voies nouvelles menant au futur centre complémentaire situé au delà de la gare, l’une de ces voies reliant le centre au pont Saint Vincent.

Les premiers travaux concerneront l’avenue de la République qui va être aménagée pour tenir sa place dans la nouvelle voie d’accès : La chaussée va notamment être élargie au détriment des trottoirs.

Photo Nord Matin 1965
Photo Nord Matin 1965

En 1972 on annonce que « l’opération Alma-Gare comprend la création d’une voie structurante, voie nouvelle qui joindra le centre de Roubaix à Tourcoing soit par la place de la liberté, soit, plus loin par la rue Pierre de Roubaix et la rue de l’Hommelet, qui franchira les voies ferrées par un ouvrage nouveau conçu aux dimensions modernes ».

Nord Éclair présente en décembre 1972 l’état du projet. La pénétrante frôle l’hospice Blanchemaille et, passant sur l’église Notre Dame, aboutit quasiment en ligne droite au carrefour des rues Pellart du Curé et du Vieil abreuvoir. Elle doit ensuite emprunter la rue Pellart et se raccorder à la grand rue par deux « antennes », l’une suivant la rue de l’Hommelet, pour se raccorder à la rue Pierre de Roubaix l’autre la rue Pauvrée pour aboutir à la place de la Liberté. Cette voie nouvelle aura une largeur de 30 mètres et comportera un terre-plein central où circuleront les autobus.

Document Nord Éclair 1972
Document Nord Éclair 1972

Les choses avancent de manière significative, et une première tranche de réalisation est inscrite au sixième plan ; il est question de lancer les acquisitions avant 1975.

On cherche à mettre au point un plan d’ensemble pour un secteur qui représente 50 hectares entre l’avenue Jean Lebas et la rue de Tourcoing. Le secteur devient une zone d’aménagement différé (ZAD) : la communauté peut exercer un droit de préemption sur les propriétés mises en vente. Le projet s’est en effet enrichi et on parle maintenant de rénovation Alma-gare-Notre Dame. On y intègre en 1973 le projet de métro qui doit relier la place de la liberté et Tourcoing. Cette ligne, venant de Lille le long de la ligne de Mongy, suivra la direction de la nouvelle pénétrante vers Tourcoing en passant par le boulevard de la République. On ne sait d’ailleurs pas encore si ce métro sera aérien, en surface, ou en souterrain.

 Document Nord Eclair 1973

Document Nord Eclair 1973

 

On prévoit de démarrer les chantier Alma-Gare avant la fin de l’année. La ville procède au recensement des îlots « à forte majorité d’état insalubre » pour faire établir un schéma d’aménagement sous la responsabilité de M. Deldique, architecte-urbaniste. Le premières expropriations ne devraient pas se faire attendre, le ministre ayant « pris en considération l’opération ».

Alors que les études se poursuivent, 1974 voit fleurir les pétitions en faveur de la sauvegarde de l’église Notre Dame. L’association amicale Notre-Dame est créée, qui fait entendre sa voix.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

 

Les premières décisions sont prises et la communauté urbaine décide en 1973 d’acquérir les immeubles pairs rue Pierre de Roubaix entre la grand rue et le boulevard Gambetta et en 1976 rue de l’Hommelet entre la rue du Ballon et la grand rue pour prévoir le passage de la pénétrante.

Le projet continue à évoluer : la largeur de la future avenue sera portée à 40 mètres, avec 2×2 ou 2×3 voies et un espace pour le transport en commun (Mongy qui relierait directement Roubaix à Tourcoing ou encore métro…)

La suppression de Blanchemaille semble liée à la construction du nouvel hôpital, mais les plans montrent qu’il est possible d’en sauvegarder l’essentiel. Notre Dame échappe à la destruction : la voie nouvelle ne fera que la longer. Un collège va prendre place au creux du coude formé par cette artère. Finalement, on abandonne l’idée de déboucher sur la place de la Liberté. La pénétrante va parcourir un grand S et aboutir directement grand rue par la rue de l’Hommelet.

Document Nord Eclair 1976
Document Nord Eclair 1976

A suivre…

Tous les documents proviennent des archives municipales

La Fonderie du Tilleul

Roubaix, ville de fonderies ? On pourrait le croire, quand on compte le nombre de fonderies de toutes sortes, cuivre, fer, acier, bronze…existant sur Roubaix au début du vingtième siècle. Chaque quartier ou presque avait une fonderie : la fonderie de l’épeule, la fonderie de la fosse aux chênes, une rue des fondeurs existait même qui se trouvait à deux pas du débouché de la rue de l’Alma dans la rue de Tourcoing.

En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière
En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière

Le 22 mars 1921, MM Vandekerkove et Vanacker déposent une demande d’autorisation de bâtir une nouvelle fonderie, à l’angle des rues Lalande et Pierre de Roubaix. Ainsi est créée la fonderie du Tilleul, dans une partie de Roubaix déjà urbanisée, entre le Pile et le fort Despretz, à deux pas du square Destombes, et à quelques encâblures de l’hôpital de la Fraternité.

Plan de la fonderie du Tilleul AmRx
Plan de la fonderie du Tilleul AmRx

Le 7 avril 1926, cette société demande l’autorisation d’établir une salle d’ébarbage, de sableuse et garage. Bien qu’étant à proximité des usines textiles du boulevard de Mulhouse, les affaires de la fonderie du Tilleul ne vont pas bien.

La société Honoré Coll Particulière
La société Honoré Coll Particulière

En 1936, Désiré Honoré rachète la fonderie du Tilleul qui périclitait et était arrêtée. La société Honoré, c’est quatre générations investies dans la construction de métiers pour le textile. Directeur de tissage rue Nain, Désiré Honoré a créé sa propre société en 1878, dont le siège se trouve rue Bernard depuis le début. Son fils reprend une fonderie à Croix, puis la fonderie du Tilleul, son petit fils élargit la clientèle (pompes, agriculture) dans les années cinquante. L’arrière petit fils, Yves Honoré prend la direction de cette fonderie de fonte qui travaillait avec deux équipes, et qui comprenait dans sa clientèle le Peignage Amédée, et la Lainière de Roubaix, pour lesquels on produisait surtout des cardes. En 1999, la fonderie Honoré demande l’autorisation pour l’ouverture d’une grand porte donnant sur la rue Lalande, car le trafic de la rue Pierre de Roubaix est tel qu’il empêche toute manœuvre.

Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps
Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps

En 2009 le maire de Roubaix prend un arrêté de pollution. Certes, il peut y avoir une pollution olfactive, avec le vent d’ouest, et sans doute le bruit résultant des différentes opérations de fonderie. Après analyse, rien de probant n’est trouvé, il y avait bien du phénol, mais le sable était recyclé. Quant aux métaux lourds, la fonderie n’en générait pas plus que la circulation automobile, selon Yves Honoré. Des forages ont été effectués qui n’ont rien donné. Néanmoins, en 2009, c’est la fermeture, au grand désespoir de M. Honoré, malgré un carnet de commandes encore plein. Il est donc procédé au licenciement des quatorze personnes qui y travaillaient, ce qui est un signe de la viabilité de l’entreprise. Le site est vendu, la mairie achète pour bâtir. Le terrain de 4.000 m² de surface est nivelé et dit « friche industrielle », ce qui est inexact, au regard des analyses et de l’historique de la fermeture.

Projet immobilier sur le site
Projet immobilier sur le site Site ville de Roubaix

En 2011, le projet de lotissement au croisement des rues Lalande et Pierre-de-Roubaix, n’a pas avancé. Il faut attendre 2015 pour qu’il soit sur les rails, et présenté aux habitants lors d’une réunion publique. Si tout se passe bien, le chantier sera terminé mi-2018.

Remerciements à M. Yves Honoré pour son précieux témoignage

100 ans avant les Nations Unies

Dès la fin des années 1860 on recherche une voie de communication plus directe entre les centres de Roubaix et de Tourcoing que la route n°14, ou rue de Tourcoing. Les deux municipalités se concertent et, en Mai 1872 se réunit le conseil municipal roubaisien pour voter un projet d’ouverture de voie entre le boulevard d’Armentières et le champ des Nonnes à Tourcoing. Au mois de juin M. Motte-Bossut, rapporteur d’une commission d’examen nommée à cet effet, donne lecture d’un rapport sur le sujet. Il souligne l’accord entre les deux villes pour partager le coût de la réalisation. On pense notamment construire un pont, comptant une participation financière de l’État.

Plan 1872
Plan 1872

En ce qui concerne le territoire de Roubaix, la voie emprunterait la rue d’Alsace alignée à 20 mètres de large. De même, il faut élargir la place de la Patrie.

Passage obligé de la voie nouvelle, le pont St Vincent a été construit en 1863. Il est très étroit, au point de susciter les critiques de tous par son côté peu pratique et les dangers que représentent ses garde-corps à claire-voie. La municipalité, relayant les pétitions des habitants, va réclamer qu’on double la largeur du pont pour la porter à 15 mètres. La compagnie des chemins de fer est prête à accéder à cette demande, pourvu que la ville finance les travaux.

Le pont en 1867
Le pont en 1867

Le projet comprend également l’élargissement de la rue St Vincent qui passerait de 12 à 15 mètres en mordant sur l’école des filles et sur l’hôpital.

Enfin, on prévoit la prolongation de cette rue au delà de la rue de Blanchemaille jusqu’à la rue de l’Ermitage et l’église Notre Dame, au chevet de laquelle on veut créer un élargissement facilitant l’écoulement de la circulation. C’est là le « gros morceau » du projet : en effet, il faut pour opérer cette prolongation traverser deux pâtés de maisons séparés par la rue St Honoré. Le premier, outre les maisons en front à rue, comprend plusieurs courées, et notamment les cours Joye, Duquenne, Delobel et Vandekerkhove, situées sur le passage de la voie nouvelle.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Pour le deuxième bloc d’immeubles, et hormis les maisons en front à rue, le tracé passe sur un jardin, des hangars, mais aussi au beau milieu du tissage Grimonprez et traverse les maisons d’extrémité de plusieurs courées avant de déboucher derrière l’église.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Cette prolongation aura certes un coût élevé, mais on pense qu’elle est nécessaire pour compléter l’avenue nouvelle qui reliera directement les centres villes. L’ensemble du projet est adopté par le conseil municipal le 17 juin 1872. Le préfet lance l’enquête d’utilité publique en mai de l’année suivante.

Dans les années qui suivent, on multiplie études et états estimatifs fondées sur les plans parcellaires, on rachète les parcelles nécessaires à l’élargissement de la rue St Vincent. 1878 voit une nouvelle enquête d’utilité publique pour la prolongation qui conclut encore à son bien fondé.

La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre
La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre

Cependant, le projet de prolongation ne voit pas le jour, les priorités de la municipalité se portant plutôt alors sur le percement de l’avenue de la Gare, dont l’avant-projet datant de 1871 entre à la fin des années 1870 dans une phase de concrétisation qui débouchera sur les premiers coups de pioche en 1882. On estime sans doute que le trafic pourra rejoindre le centre en empruntant l’avenue nouvelle rejoindra par la rue de l’Alma ou celle de Blanchemaille.
Pourtant un partie du projet se réalise et le journal de Roubaix annonce en 1888 l’élargissement du pont à 15m, la ville ayant accepté de financer cet aménagement. La réception de ces travaux en 1891 clôturera le projet de « l’avenue de Tourcoing » qui aura quand même permis de créer une rue d’Alsace bien dimensionnée et d’élargir la rue St Vincent d’une manière significative.

Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918
Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918

En ce qui concerne la prolongation de la rue St Vincent, il faudra attendre un siècle pour que, le projet revenant au goût du jour, elle se réalise finalement avec le percement de l’avenue des Nations Unies…

Les documents proviennent des archives et de la médiathèque municipales

La rue Bernard

L’abbé Leuridan nous renseigne sur l’origine du nom de la rue Bernard : elle s’appela d’abord rue du moulin Bernard du nom du propriétaire d’un moulin à broyer le bois de campêche. Après un incendie vers 1850, on l’appela un temps la rue du moulin brûlé, et finalement la rue Bernard.

Souvenirs de la rue Bernard...dans la rue de Lannoy Coll particulière
Souvenirs de la rue Bernard…dans la rue de Lannoy Coll particulière

Après la seconde guerre, longue de 365 mètres et large de 10 mètres, cette rue relie la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix, parallèlement au boulevard Gambetta. Cette situation lui vaut d’accueillir un certain nombre d’établissements industriels : aux n°15/17/19 le fabricant de machines textiles Honoré, et au n°37, la société Charles Huet et Cie, lainages et robes. Du côté pair, on trouve au n°2 l’atelier de fabrication du chapelier Jean Déarx, les ateliers Decanis, Literie et Matelasserie du Nord. Tout au bout de la rue, à proximité de la caserne des pompiers du boulevard Gambetta, se trouve encore l’usine à gaz au n°134, plus connue sous le nom de gazomètre, qui n’est plus qu’un dépôt.

Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière
Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière

Les commerçants y sont relativement nombreux : remarquons une oisellerie au n°1, un boucher M. Mathon au n°32, plusieurs épiciers, et une bonne dizaine de cafetiers. La rue Bernard a aussi son lot de courées : au n°11 la cour Vincent, au n°25 la cour Bernard, au n°22 la cour Florentin, au n°34 la cour Duthy, au n°40 la cour Castel, au n°46 la cour Vlieghe, au 72bis la cour Duquesnoy Crochon, au n°88 la cour Jean Ryckewaert, au n°98 la cour Veuve Raux, au n°110bis la cour Bernard-Spriet. Bien que dépendant de la paroisse Ste Elisabeth, la rue Bernard abrite un dispensaire, la Maison Saint Jean Bosco, des Petites Sœurs de l’ouvrier, qui à l’occasion baptise ou marie les habitants du quartier.

Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE
Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE

La rue Bernard connaîtra bientôt les affres de la démolition, dans le cadre de l’opération Edouard Anseele. Dans les derniers temps, en 1963, signe de l’avancement des travaux, il ne subsiste plus que les numéros impairs, et les huit premiers numéros pairs, les deux ateliers de chapellier et de matelasserie. Tout cela disparaît en 1964 avec le début de la rue de Lannoy. C’est dans la rue Bernard que sera réalisé le premier immeuble de l’opération Anseele, dénommé bâtiment des pompiers, car proche de la caserne des pompiers et fournissant le logement aux combattants du feu. La rue Bernard appartient désormais au passé, nous la connaissons aujourd’hui sous le nom de rue Jules Watteeuw, dit le broutteux, célèbre poète patoisant.

Quand le Pile rénovait son église

Autrefois, le Pile était rattaché à la paroisse Sainte Elisabeth après la construction de cette église en 1863. Cet état de fait dura plus de vingt ans, pendant lesquels la ville et le quartier virent leur population grandement augmenter. Mgr Berteaux, curé doyen de Saint Martin, décide de construire un lieu de culte au Pile et il n’hésite pas à financer le projet. L’architecte Paul Destombes est choisi pour la construction, et la bénédiction de l’église du Très Saint Rédempteur a lieu le 18 février 1884. Elle sera meublée grâce à la générosité des paroissiens. Avec l’installation des orgues en 1897 l’église est complètement achevée.

St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx
St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx

Pendant la seconde guerre mondiale, le 31 août 1941, le quartier est touché par un bombardement anglais et le clocher de l’église est atteint, le portail vole en éclat, les vitraux sont pulvérisés. Une quarantaine de bombes font 38 victimes et 56 blessés. Ce n’est qu’en 1947 que des réparations importantes sont réalisées sur le clocher et la toiture de l’église. Depuis l’origine, le Très Saint Rédempteur, n’a jamais fait le plein des fidèles du secteur, et la situation s’est dégradée peu à peu. De plus, des fissures sont apparues qui menacent l’équilibre de l’édifice. En 1988, l’évêché décide de se séparer de l’église du Pile, car elle est en mauvais état et inadaptée aux besoins du quartier dont la population a beaucoup changé. L’association diocésaine de Lille, propriétaire du bâtiment depuis 1926, la fait détruire en 1990.

Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx
Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx

Sur le terrain laissé vacant après la démolition, on décide de reconstruire un lieu de culte ainsi que neuf maisons avec jardin et garage. L’église réalisée en 1993-1994 est due à Philippe Escudié et Jean-François Fermaut. Sa construction est financée par la commune de Roubaix mais la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’association diocésaine de Lille. C’est une église de forme circulaire à laquelle sont adjointes des salles de réunions. Un campanile porte la cloche de l’église et s’élève au dessus des bâtiments, et devant le lieu de culte s’étend un parvis. L’église en brique s’inscrit dans la continuité d’un ensemble immobilier d’appartements HLM. Un passage couvert permet d’assurer l’entrée côté immeuble et côté place. L’édifice comporte un lieu de culte d’une capacité d’accueil de 130 à 140 personnes, deux salles de réunion séparées par une cloison amovible et une salle d’activités.

Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional
Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional

Sources :

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs

Pile à Cœur, écrit par Serge Leroy et Raymond Platteau, avec la participation des bénévoles et des salariés du comité de quartier du Pile

Le centre social du Carihem

L’office municipal HLM a construit au Carihem un ensemble de 220 appartements qui ont été terminés en décembre 1964. Depuis, près de sept cents personnes habitent cette nouvelle partie du quartier, et la création d’un centre médico-social est apparue opportune, car la plus proche structure de ce type se situe rue Franklin. Le nouveau centre devient donc une annexe de celui de la rue Franklin, en attendant un ensemble social plus vaste, dans la ZUP des Trois Ponts, pour laquelle les travaux vont bientôt commencer, et on envisage qu’ils ne soient pas terminés avant 1970. Ce coin de Roubaix fait l’objet de multiples projets, comme le rappelle le maire Victor Provo, des écoles seront construites, les PTT vont y installer un nouveau centre de tri, on prévoit même une antenne d’autoroute vers Wattrelos et Dottignies !

Le lotissement du Carihem Photo NE
Le lotissement du Carihem Photo NE

Pour l’heure, les habitants du quartier du Carihem, de la rue de Leers, de la rue Boucicaut sont également concernés par ce service de proximité, qui doit ouvrir le 2 août 1966. Le centre médico-social du Carihem comprend une grande salle d’attente attenante à la salle de soins, où se tient le bureau de la directrice Mme Doutreluigne.

Vue extérieure du centre Photo NE
Vue extérieure du centre Photo NE

Quels soins y prodigue-t-on ? Pansements, piqûres, rayons ultra-violets et infra-rouges, délivrance de feuilles de soins pour l’aide médicale gratuite, protection maternelle et infantile, service de vaccinations. Le centre est ouvert tous les jours, sauf le dimanche, de 10 heures à 11 heures 30, mais la permanence sera progressivement allongée. Le second rôle du centre sera d’accueillir les anciens, qui deviendra un lieu de rencontre et de repas qui seront d’abord distribués, puis organisés sur place.

Cette création fait suite au souhait de l’administration municipale, que rappelle Victor Provo lors de son allocution : que chaque quartier soit doté d’un centre médico-social. L’inauguration de ce nouveau centre a lieu le jeudi 28 juillet 1966. Y assistent les maires de Roubaix et de Wattrelos, un certain nombre d’adjoints, le directeur de l’office municipal HLM, M. Ditte entre autres personnalités, et quelques habitants du Carihem. Ce centre médico-social était situé au n°11 rue du stand de tir.

Pendant l'inauguration Photo NE
Pendant l’inauguration Photo NE

Du fort Despretz au square des près

Le fort Desprez se situe entre la rue Lalande et la rue Masséna, avec un accès au 231 de la rue de Lannoy. Il était constitué par des rangées de petites maisons alignées , situées en arrière des maisons qui bordaient la rue de Lannoy. Non loin de cet endroit, Victor Despret tient une épicerie au n°261 de la même rue en 1910. Il est fils de Pierre Amand Despret, cultivateur aux trois ponts, et petit-fils de Florimond Despret également cultivateur. Le fort Despret leur doit probablement sa construction, et il était destiné au logement des journaliers qui venaient travailler à la ferme, et plus tard aux ouvriers de l’usine Motte du boulevard de Mulhouse.

Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx
Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx

Au moment où l’on décide de le démolir, Le fort Despret, c’est encore soixante-douze maisons, dont beaucoup de ses occupants sont propriétaires, malgré l’insalubrité qui y règne. Il faudra les reloger. Un projet de 120 appartements clairs agréables et confortables est alors affiché, qu’on vend comme un espace vert, le square des prés en continuité du square Destombes. C’est oublier qu’entre les deux squares, il y a une voie très passante, la rue Pierre de Roubaix, et le mur du square Destombes. La continuité affichée est démentie par l’histoire des deux parcelles de terrain : le square des près est issu d’une série de maisons insalubres, vraisemblablement antérieure à la propriété Delaoutre, qui contenait une maison de maître et un magnifique jardin devenus en 1910 square Destombes, du nom du mécène qui en permit l’acquisition pour la ville.

Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière
Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière

Le fort Despret fait plutôt partie des ensembles de construction de la première partie du dix-neuvième siècle, comme le fort Bayart, le fort Mulliez, le fort Frasez, dont la rénovation urbaine s’empara pour des réalisations fort diverses : les forts Bayart et Frasez devinrent des rues, les forts Mulliez et Despret devinrent des squares. Le dimanche 18 octobre 1955, le cortège présidentiel dans lequel se trouve René Coty s’arrêtera un instant devant le fort Desprez, en cours de démolition, et le secrétaire d’Etat à la reconstruction Bernard Chochoy vient y poser la première pierre en avril 1956.

Le projet du square photo NE
Le projet du square photo NE

De nos jours, si l’on peut apercevoir l’espace vert du square des près, il n’est cependant pas accessible. L’ouverture et le square prévus par la maquette originale n’ont pas été réalisés, car on a bâti à la place une série de trois immeubles parallèles aux bâtiments qui se trouvent le long de la rue Lalande. Quant à l’épicerie Despret, elle existe toujours, même si le fonds de commerce a changé de propriétaires. Elle se trouve toujours devant le square contemporain, comme gardienne de la mémoire des lieux.

Une colonie ouvrière

On pourrait se dire à la vue du bel alignement de maisons de la rue de la Conférence entre les n°31 et 47, qu’il s’agit là d’une belle construction contemporaine. Mais il n’en est rien, même si on peut considérer qu’une belle rénovation récente a remis en valeur ces immeubles. Le projet de ces maisons date de 1925 et il est dû à la volonté de la Société Industrielle pour la Schappe de construire des maisons pour ses ouvriers et employés.

Document AmRx
Document AmRx

Qu’est-ce donc que cette société, dont le siège social se trouve à Bâle ? C’est en 1873 qu’intervient la constitution de la Société « Chancel-Allioth-Veillon et Cie » dont le siège social fut fixé à Bâle. La société possédait dès son origine les peignages de Briançon, Tenay-Eaux Noires et du Vigan, les filatures d’Arlesheim (18.620 broches à filer et 7.860 à retordre) et de Grel- lingen (17.724 broches à filer et 7.710 à retordre). Cette société franco-suisse ayant tous ses peignages en France et toutes ses filatures en Suisse, racheta dès 1879, la filature « La Roubaisienne » fondée à Roubaix par Charles Junker, qui en sera longtemps le directeur. Charles Junker est aussi connu pour sa carrière politique à Roubaix, il fut des républicains qui mirent en place l’école publique, laïque et obligatoire. Il fut également le premier Président de la Fédération des Amicales Laïques de Roubaix.

La passerelle des Soies CP Méd Rx
La passerelle des Soies CP Méd Rx

La filature en question se situait dans une voie perpendiculaire à la rue d’Avelghem, la rue des Soies, face à la passerelle du même nom, auxquelles elle avait donné son nom. Son activité portait sur le retraitement des déchets de soie. En raison de son extrême richesse, la soie a très vite suscité des efforts pour la récupération des déchets. Une fois filée, la schappe était le plus souvent utilisée comme trame dans les tissus unis et façonnés, car sa souplesse et son élasticité sont plus grandes .

La société franco-suisse décide donc de construire deux groupes de quatre maisons sur un terrain lui appartenant, autrefois propriété de la famille Tiers. Elle demande l’autorisation de faire construire le 24 avril 1925. L’époque est au développement de la construction de logements : ainsi dans le quartier du Nouveau Roubaix, l’avenue Linné a ainsi vu construire les maisons du Toit Familial, et les premières maisons HBM de la rue Jean Macé sont en chantier. Le lotissement de la rue de la Conférence comporte huit maisons façade rue, mais on peut voir sur le plan que la société se réservait la possibilité d’en construire huit autres en arrière des huit premières, dans la profondeur du terrain, ce qui ne se fera pas.

Vue actuelle des maisons doc Google Maps
Vue actuelle des maisons doc Google Maps

Le plan de 1925 montre les caractéristiques des maisons de la colonie ouvrière de la filature de schappes, car tel était le nom donné au lotissement. Les trois marches pour accéder au logement existent déjà, ainsi que les deux étages habitables. Le modèle de ces maisons tranche un peu avec celui de la maison roubaisienne, plus étroite. Il est en effet l’œuvre du Bureau d’architecture suisse Burckhardt, Wenk et Cie. Une belle réalisation de 1925 que la rénovation contemporaine a remis en valeur.

Informations sur la schappe extraites de la brochure Usine de la Schappe-Briançon

De la place à l’esplanade

Extrait d'un plan de 1855 Coll Particulière
Extrait d’un plan de 1855 Coll Particulière

Avant l’apparition du chemin de fer à Roubaix, la rue Nain, la rue du cimetière et la rue du Fresnoy formaient un axe de circulation important vers l’ouest. Le développement de la ville fera qu’on désaffectera bientôt le cimetière, pour le remplacer par un square, auquel aboutissait une rue du square, perpendiculaire à la rue Nain. En 1842, on inaugure la première ligne de chemin de fer, ce qui a pour effet d’isoler les quartiers du Favreuil et du Fresnoy du centre de Roubaix.

Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx
Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx

En 1867, le tronçon de la rue du Fresnoy menant de la rue Nain à la gare prend le nom de rue du chemin de fer. Une nouvelle gare plus spacieuse est très vite réclamée par les roubaisiens, qui l’obtiendront après avoir tracé une nouvelle voie, la rue de la gare, future avenue Jean Lebas. En 1877, le Conseil Municipal décide de créer cette nouvelle avenue. Les travaux de démolition commencent en 1882 et dès le mois de juillet la trouée est achevée. L’année suivante, la rue de la gare est terminée. La nouvelle gare est officiellement ouverte le 1er septembre 1888.

Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx
Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx

A la jonction de la rue du chemin de fer et de la rue Nain, à l’emplacement de l’ancien cimetière de Roubaix, devenu un square, on bâtit l’école nationale des Arts Industriels inaugurée le 30 juin 1889, actuel E.N.S.A.I.T. En 1895, quelques habitations situées entre la rue Nain et l’avenue de la Gare sont démolies et remplacées par un petit square auquel on donne le nom de Michel-Eugène Chevreul, chimiste français connu pour son travail sur les acides gras, la saponification, la découverte de la créatine et sa contribution à la théorie des couleurs. Divers projets d’aménagement du square Chevreul donnent des indications sur son mobilier urbain : un chalet de commodités, une vespasienne, un kiosque à journaux, une boîte postale, un bassin avec jet d’eau lui sont attribués. La rue du chemin de fer passe entre l’Ensait et le square, et la rue du square est devenue entre-temps la rue Pasteur. Elle traverse la rue de la gare et s’en va rejoindre la rue de l’espérance.

Marché aux oiseaux Coll Particulière
Marché aux oiseaux Coll Particulière

Dès 1891, une animation importante et traditionnelle, le Marché aux oiseaux, se tient tous les dimanches, à partir de six heures du matin sur la place Chevreul. Ce qui peut expliquer le glissement du chimiste au cervidé, du chevreul au chevreuil, à l’ombre des arbres, sur quelques cartes postales…

Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx
Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx

La Place Chevreul devient la Place des martyrs de la Résistance après la seconde guerre. Sur la petite place s’élève le monument aux Martyrs de la Résistance du sculpteur Lemaire, inauguré par M. Victor Provo, maire de Roubaix, le 11 novembre 1948.

L'esplanade aujourd'hui Extrait Google Maps
L’esplanade aujourd’hui Extrait Google Maps

De nos jours, on a reculé le monument dans l’alignement de l’ancienne rue Pasteur, laquelle disparaît à cet endroit. La jonction de la rue Nain à l’avenue Lebas s’appelle désormais l’allée Louise et Victor Champier. La petite place s’est transformée en esplanade, pour faire le pendant à l’esplanade du musée la piscine, ce qui permet aux deux musées d’être désormais en vis-à-vis.