La rue Bernard

L’abbé Leuridan nous renseigne sur l’origine du nom de la rue Bernard : elle s’appela d’abord rue du moulin Bernard du nom du propriétaire d’un moulin à broyer le bois de campêche. Après un incendie vers 1850, on l’appela un temps la rue du moulin brûlé, et finalement la rue Bernard.

Souvenirs de la rue Bernard...dans la rue de Lannoy Coll particulière
Souvenirs de la rue Bernard…dans la rue de Lannoy Coll particulière

Après la seconde guerre, longue de 365 mètres et large de 10 mètres, cette rue relie la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix, parallèlement au boulevard Gambetta. Cette situation lui vaut d’accueillir un certain nombre d’établissements industriels : aux n°15/17/19 le fabricant de machines textiles Honoré, et au n°37, la société Charles Huet et Cie, lainages et robes. Du côté pair, on trouve au n°2 l’atelier de fabrication du chapelier Jean Déarx, les ateliers Decanis, Literie et Matelasserie du Nord. Tout au bout de la rue, à proximité de la caserne des pompiers du boulevard Gambetta, se trouve encore l’usine à gaz au n°134, plus connue sous le nom de gazomètre, qui n’est plus qu’un dépôt.

Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière
Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière

Les commerçants y sont relativement nombreux : remarquons une oisellerie au n°1, un boucher M. Mathon au n°32, plusieurs épiciers, et une bonne dizaine de cafetiers. La rue Bernard a aussi son lot de courées : au n°11 la cour Vincent, au n°25 la cour Bernard, au n°22 la cour Florentin, au n°34 la cour Duthy, au n°40 la cour Castel, au n°46 la cour Vlieghe, au 72bis la cour Duquesnoy Crochon, au n°88 la cour Jean Ryckewaert, au n°98 la cour Veuve Raux, au n°110bis la cour Bernard-Spriet. Bien que dépendant de la paroisse Ste Elisabeth, la rue Bernard abrite un dispensaire, la Maison Saint Jean Bosco, des Petites Sœurs de l’ouvrier, qui à l’occasion baptise ou marie les habitants du quartier.

Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE
Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE

La rue Bernard connaîtra bientôt les affres de la démolition, dans le cadre de l’opération Edouard Anseele. Dans les derniers temps, en 1963, signe de l’avancement des travaux, il ne subsiste plus que les numéros impairs, et les huit premiers numéros pairs, les deux ateliers de chapellier et de matelasserie. Tout cela disparaît en 1964 avec le début de la rue de Lannoy. C’est dans la rue Bernard que sera réalisé le premier immeuble de l’opération Anseele, dénommé bâtiment des pompiers, car proche de la caserne des pompiers et fournissant le logement aux combattants du feu. La rue Bernard appartient désormais au passé, nous la connaissons aujourd’hui sous le nom de rue Jules Watteeuw, dit le broutteux, célèbre poète patoisant.

Quand le Pile rénovait son église

Autrefois, le Pile était rattaché à la paroisse Sainte Elisabeth après la construction de cette église en 1863. Cet état de fait dura plus de vingt ans, pendant lesquels la ville et le quartier virent leur population grandement augmenter. Mgr Berteaux, curé doyen de Saint Martin, décide de construire un lieu de culte au Pile et il n’hésite pas à financer le projet. L’architecte Paul Destombes est choisi pour la construction, et la bénédiction de l’église du Très Saint Rédempteur a lieu le 18 février 1884. Elle sera meublée grâce à la générosité des paroissiens. Avec l’installation des orgues en 1897 l’église est complètement achevée.

St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx
St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx

Pendant la seconde guerre mondiale, le 31 août 1941, le quartier est touché par un bombardement anglais et le clocher de l’église est atteint, le portail vole en éclat, les vitraux sont pulvérisés. Une quarantaine de bombes font 38 victimes et 56 blessés. Ce n’est qu’en 1947 que des réparations importantes sont réalisées sur le clocher et la toiture de l’église. Depuis l’origine, le Très Saint Rédempteur, n’a jamais fait le plein des fidèles du secteur, et la situation s’est dégradée peu à peu. De plus, des fissures sont apparues qui menacent l’équilibre de l’édifice. En 1988, l’évêché décide de se séparer de l’église du Pile, car elle est en mauvais état et inadaptée aux besoins du quartier dont la population a beaucoup changé. L’association diocésaine de Lille, propriétaire du bâtiment depuis 1926, la fait détruire en 1990.

Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx
Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx

Sur le terrain laissé vacant après la démolition, on décide de reconstruire un lieu de culte ainsi que neuf maisons avec jardin et garage. L’église réalisée en 1993-1994 est due à Philippe Escudié et Jean-François Fermaut. Sa construction est financée par la commune de Roubaix mais la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’association diocésaine de Lille. C’est une église de forme circulaire à laquelle sont adjointes des salles de réunions. Un campanile porte la cloche de l’église et s’élève au dessus des bâtiments, et devant le lieu de culte s’étend un parvis. L’église en brique s’inscrit dans la continuité d’un ensemble immobilier d’appartements HLM. Un passage couvert permet d’assurer l’entrée côté immeuble et côté place. L’édifice comporte un lieu de culte d’une capacité d’accueil de 130 à 140 personnes, deux salles de réunion séparées par une cloison amovible et une salle d’activités.

Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional
Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional

Sources :

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs

Pile à Cœur, écrit par Serge Leroy et Raymond Platteau, avec la participation des bénévoles et des salariés du comité de quartier du Pile

Le centre social du Carihem

L’office municipal HLM a construit au Carihem un ensemble de 220 appartements qui ont été terminés en décembre 1964. Depuis, près de sept cents personnes habitent cette nouvelle partie du quartier, et la création d’un centre médico-social est apparue opportune, car la plus proche structure de ce type se situe rue Franklin. Le nouveau centre devient donc une annexe de celui de la rue Franklin, en attendant un ensemble social plus vaste, dans la ZUP des Trois Ponts, pour laquelle les travaux vont bientôt commencer, et on envisage qu’ils ne soient pas terminés avant 1970. Ce coin de Roubaix fait l’objet de multiples projets, comme le rappelle le maire Victor Provo, des écoles seront construites, les PTT vont y installer un nouveau centre de tri, on prévoit même une antenne d’autoroute vers Wattrelos et Dottignies !

Le lotissement du Carihem Photo NE
Le lotissement du Carihem Photo NE

Pour l’heure, les habitants du quartier du Carihem, de la rue de Leers, de la rue Boucicaut sont également concernés par ce service de proximité, qui doit ouvrir le 2 août 1966. Le centre médico-social du Carihem comprend une grande salle d’attente attenante à la salle de soins, où se tient le bureau de la directrice Mme Doutreluigne.

Vue extérieure du centre Photo NE
Vue extérieure du centre Photo NE

Quels soins y prodigue-t-on ? Pansements, piqûres, rayons ultra-violets et infra-rouges, délivrance de feuilles de soins pour l’aide médicale gratuite, protection maternelle et infantile, service de vaccinations. Le centre est ouvert tous les jours, sauf le dimanche, de 10 heures à 11 heures 30, mais la permanence sera progressivement allongée. Le second rôle du centre sera d’accueillir les anciens, qui deviendra un lieu de rencontre et de repas qui seront d’abord distribués, puis organisés sur place.

Cette création fait suite au souhait de l’administration municipale, que rappelle Victor Provo lors de son allocution : que chaque quartier soit doté d’un centre médico-social. L’inauguration de ce nouveau centre a lieu le jeudi 28 juillet 1966. Y assistent les maires de Roubaix et de Wattrelos, un certain nombre d’adjoints, le directeur de l’office municipal HLM, M. Ditte entre autres personnalités, et quelques habitants du Carihem. Ce centre médico-social était situé au n°11 rue du stand de tir.

Pendant l'inauguration Photo NE
Pendant l’inauguration Photo NE

Du fort Despretz au square des près

Le fort Desprez se situe entre la rue Lalande et la rue Masséna, avec un accès au 231 de la rue de Lannoy. Il était constitué par des rangées de petites maisons alignées , situées en arrière des maisons qui bordaient la rue de Lannoy. Non loin de cet endroit, Victor Despret tient une épicerie au n°261 de la même rue en 1910. Il est fils de Pierre Amand Despret, cultivateur aux trois ponts, et petit-fils de Florimond Despret également cultivateur. Le fort Despret leur doit probablement sa construction, et il était destiné au logement des journaliers qui venaient travailler à la ferme, et plus tard aux ouvriers de l’usine Motte du boulevard de Mulhouse.

Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx
Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx

Au moment où l’on décide de le démolir, Le fort Despret, c’est encore soixante-douze maisons, dont beaucoup de ses occupants sont propriétaires, malgré l’insalubrité qui y règne. Il faudra les reloger. Un projet de 120 appartements clairs agréables et confortables est alors affiché, qu’on vend comme un espace vert, le square des prés en continuité du square Destombes. C’est oublier qu’entre les deux squares, il y a une voie très passante, la rue Pierre de Roubaix, et le mur du square Destombes. La continuité affichée est démentie par l’histoire des deux parcelles de terrain : le square des près est issu d’une série de maisons insalubres, vraisemblablement antérieure à la propriété Delaoutre, qui contenait une maison de maître et un magnifique jardin devenus en 1910 square Destombes, du nom du mécène qui en permit l’acquisition pour la ville.

Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière
Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière

Le fort Despret fait plutôt partie des ensembles de construction de la première partie du dix-neuvième siècle, comme le fort Bayart, le fort Mulliez, le fort Frasez, dont la rénovation urbaine s’empara pour des réalisations fort diverses : les forts Bayart et Frasez devinrent des rues, les forts Mulliez et Despret devinrent des squares. Le dimanche 18 octobre 1955, le cortège présidentiel dans lequel se trouve René Coty s’arrêtera un instant devant le fort Desprez, en cours de démolition, et le secrétaire d’Etat à la reconstruction Bernard Chochoy vient y poser la première pierre en avril 1956.

Le projet du square photo NE
Le projet du square photo NE

De nos jours, si l’on peut apercevoir l’espace vert du square des près, il n’est cependant pas accessible. L’ouverture et le square prévus par la maquette originale n’ont pas été réalisés, car on a bâti à la place une série de trois immeubles parallèles aux bâtiments qui se trouvent le long de la rue Lalande. Quant à l’épicerie Despret, elle existe toujours, même si le fonds de commerce a changé de propriétaires. Elle se trouve toujours devant le square contemporain, comme gardienne de la mémoire des lieux.

Une colonie ouvrière

On pourrait se dire à la vue du bel alignement de maisons de la rue de la Conférence entre les n°31 et 47, qu’il s’agit là d’une belle construction contemporaine. Mais il n’en est rien, même si on peut considérer qu’une belle rénovation récente a remis en valeur ces immeubles. Le projet de ces maisons date de 1925 et il est dû à la volonté de la Société Industrielle pour la Schappe de construire des maisons pour ses ouvriers et employés.

Document AmRx
Document AmRx

Qu’est-ce donc que cette société, dont le siège social se trouve à Bâle ? C’est en 1873 qu’intervient la constitution de la Société « Chancel-Allioth-Veillon et Cie » dont le siège social fut fixé à Bâle. La société possédait dès son origine les peignages de Briançon, Tenay-Eaux Noires et du Vigan, les filatures d’Arlesheim (18.620 broches à filer et 7.860 à retordre) et de Grel- lingen (17.724 broches à filer et 7.710 à retordre). Cette société franco-suisse ayant tous ses peignages en France et toutes ses filatures en Suisse, racheta dès 1879, la filature « La Roubaisienne » fondée à Roubaix par Charles Junker, qui en sera longtemps le directeur. Charles Junker est aussi connu pour sa carrière politique à Roubaix, il fut des républicains qui mirent en place l’école publique, laïque et obligatoire. Il fut également le premier Président de la Fédération des Amicales Laïques de Roubaix.

La passerelle des Soies CP Méd Rx
La passerelle des Soies CP Méd Rx

La filature en question se situait dans une voie perpendiculaire à la rue d’Avelghem, la rue des Soies, face à la passerelle du même nom, auxquelles elle avait donné son nom. Son activité portait sur le retraitement des déchets de soie. En raison de son extrême richesse, la soie a très vite suscité des efforts pour la récupération des déchets. Une fois filée, la schappe était le plus souvent utilisée comme trame dans les tissus unis et façonnés, car sa souplesse et son élasticité sont plus grandes .

La société franco-suisse décide donc de construire deux groupes de quatre maisons sur un terrain lui appartenant, autrefois propriété de la famille Tiers. Elle demande l’autorisation de faire construire le 24 avril 1925. L’époque est au développement de la construction de logements : ainsi dans le quartier du Nouveau Roubaix, l’avenue Linné a ainsi vu construire les maisons du Toit Familial, et les premières maisons HBM de la rue Jean Macé sont en chantier. Le lotissement de la rue de la Conférence comporte huit maisons façade rue, mais on peut voir sur le plan que la société se réservait la possibilité d’en construire huit autres en arrière des huit premières, dans la profondeur du terrain, ce qui ne se fera pas.

Vue actuelle des maisons doc Google Maps
Vue actuelle des maisons doc Google Maps

Le plan de 1925 montre les caractéristiques des maisons de la colonie ouvrière de la filature de schappes, car tel était le nom donné au lotissement. Les trois marches pour accéder au logement existent déjà, ainsi que les deux étages habitables. Le modèle de ces maisons tranche un peu avec celui de la maison roubaisienne, plus étroite. Il est en effet l’œuvre du Bureau d’architecture suisse Burckhardt, Wenk et Cie. Une belle réalisation de 1925 que la rénovation contemporaine a remis en valeur.

Informations sur la schappe extraites de la brochure Usine de la Schappe-Briançon

De la place à l’esplanade

Extrait d'un plan de 1855 Coll Particulière
Extrait d’un plan de 1855 Coll Particulière

Avant l’apparition du chemin de fer à Roubaix, la rue Nain, la rue du cimetière et la rue du Fresnoy formaient un axe de circulation important vers l’ouest. Le développement de la ville fera qu’on désaffectera bientôt le cimetière, pour le remplacer par un square, auquel aboutissait une rue du square, perpendiculaire à la rue Nain. En 1842, on inaugure la première ligne de chemin de fer, ce qui a pour effet d’isoler les quartiers du Favreuil et du Fresnoy du centre de Roubaix.

Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx
Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx

En 1867, le tronçon de la rue du Fresnoy menant de la rue Nain à la gare prend le nom de rue du chemin de fer. Une nouvelle gare plus spacieuse est très vite réclamée par les roubaisiens, qui l’obtiendront après avoir tracé une nouvelle voie, la rue de la gare, future avenue Jean Lebas. En 1877, le Conseil Municipal décide de créer cette nouvelle avenue. Les travaux de démolition commencent en 1882 et dès le mois de juillet la trouée est achevée. L’année suivante, la rue de la gare est terminée. La nouvelle gare est officiellement ouverte le 1er septembre 1888.

Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx
Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx

A la jonction de la rue du chemin de fer et de la rue Nain, à l’emplacement de l’ancien cimetière de Roubaix, devenu un square, on bâtit l’école nationale des Arts Industriels inaugurée le 30 juin 1889, actuel E.N.S.A.I.T. En 1895, quelques habitations situées entre la rue Nain et l’avenue de la Gare sont démolies et remplacées par un petit square auquel on donne le nom de Michel-Eugène Chevreul, chimiste français connu pour son travail sur les acides gras, la saponification, la découverte de la créatine et sa contribution à la théorie des couleurs. Divers projets d’aménagement du square Chevreul donnent des indications sur son mobilier urbain : un chalet de commodités, une vespasienne, un kiosque à journaux, une boîte postale, un bassin avec jet d’eau lui sont attribués. La rue du chemin de fer passe entre l’Ensait et le square, et la rue du square est devenue entre-temps la rue Pasteur. Elle traverse la rue de la gare et s’en va rejoindre la rue de l’espérance.

Marché aux oiseaux Coll Particulière
Marché aux oiseaux Coll Particulière

Dès 1891, une animation importante et traditionnelle, le Marché aux oiseaux, se tient tous les dimanches, à partir de six heures du matin sur la place Chevreul. Ce qui peut expliquer le glissement du chimiste au cervidé, du chevreul au chevreuil, à l’ombre des arbres, sur quelques cartes postales…

Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx
Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx

La Place Chevreul devient la Place des martyrs de la Résistance après la seconde guerre. Sur la petite place s’élève le monument aux Martyrs de la Résistance du sculpteur Lemaire, inauguré par M. Victor Provo, maire de Roubaix, le 11 novembre 1948.

L'esplanade aujourd'hui Extrait Google Maps
L’esplanade aujourd’hui Extrait Google Maps

De nos jours, on a reculé le monument dans l’alignement de l’ancienne rue Pasteur, laquelle disparaît à cet endroit. La jonction de la rue Nain à l’avenue Lebas s’appelle désormais l’allée Louise et Victor Champier. La petite place s’est transformée en esplanade, pour faire le pendant à l’esplanade du musée la piscine, ce qui permet aux deux musées d’être désormais en vis-à-vis.

Le pont de Wattrelos

Lors du tracé du nouveau canal contournant Roubaix par le nord, on prévoit des ponts sur les principaux axes de circulation, et, en particulier, pour le chemin de grande communication numéro 9, ou chemin de Wattrelos. La municipalité, anticipant l’arrivée du canal, décide de redresser ce chemin en réunissant par une ligne droite les actuelles places Nadaud et Chaptal, pour que cette nouvelle voie bénéficie du pont.

Document archives municipales
Document archives municipales

Un premier projet, approuvé par la ville, prévoit un pont fixe avec des rampes d’accès remblayées, juste en amont duquel on construirait une écluse à deux sas accolés, ce qui permettrait d’obtenir un tirant d’air suffisant pour les péniches sous le tablier.

Mais, sans doute pour des raisons techniques, le service des ponts et chaussées décide, sans en aviser les intéressés, modifier le projet et de le remplacer par deux écluses séparées, ce qui oblige à installer un pont levis sur la route de Wattrelos. Ce pont, qui coûte 36000 francs, est étroit (2m 50 de largeur) et ne permet le passage que d’un seul véhicule à la fois. On lui adjoint une passerelle pour que le piétons puissent traverser même pont levé.

Dès 1870 les habitants du Calvaire pétitionnent pour obtenir une autre passerelle sur l’ancien chemin à quarante mètres de la première. On proteste également contre l’établissement d’un pont levis. La municipalité propose de le doubler par un pont fixe établi à l’extrémité de l’écluse, Ces propositions restent sans suite. Le canal est alors encore en travaux, mais, dès son achèvement en 1877, regrettant encore d’avoir été mis devant le fait accompli, on souligne les inconvénients du pont levis. On insiste sur le fait que les convois funèbres s’y succèdent et que l’on met en service du tramway qui passera toutes les 5 minutes. On préconise donc la construction d’un second pont levis sur l’emplacement de l’ancien chemin (la distance étant supérieure à la longueur d’une péniche, les utilisateurs trouveraient toujours ainsi l’un des deux ponts libre). Ce nouveau projet ne voit, lui non plus, jamais le jour.

Plan cadastral 1884 – archives municipales
Plan cadastral 1884 – archives municipales

Les inconvénients de l’étroitesse de ce pont induisent des files d’attente importantes à chaque levée, et on se décide finalement à le remplacer par un autre plus large. Il restera mobile, mais il sera mû par la force hydraulique pour accélérer la manœuvre. Il repose sur quatre piliers, accolés à des contre-poids. Malheureusement, lors de son inauguration en 1903, il refuse de se lever, au grand dam des officiels réunis ce jour là. La cause de la panne est la rupture d’un tuyau d’arrivée d’eau alimentant la pompe hydraulique chargée de soulever le pont. Ce tuyau corrodé par la présence du courant de retour alimentant le tramway. Néanmoins, on finit par traiter le problème et le pont peut enfin remplir son office.

Collection médiathèque de Roubaix
Collection médiathèque de Roubaix

Malheureusement il est détruit en 1918 par les allemands en fuite, ainsi que la passerelle, partageant le sort de l’ensemble des ponts roubaisiens.

Le pont après déblaiement - Document médiathèque de Roubaix
Le pont après déblaiement – Document médiathèque de Roubaix

La paix revenue, il faut le reconstruire, mais les travaux n’avancent pas aussi vite que le voudraient les habitants. L’Égalité déplore en 1920 le fait que 6 ponts restent à reconstruire, dont celui de Wattrelos.

Le Journal de Roubaix - 1920
Le Journal de Roubaix – 1920

On érige un nouveau pont à l’emplacement de l’ancien. Les piliers que le soutiennent sont maintenant en profilés métalliques, reliés deux à deux par dessus la route, et son fonctionnement est amélioré. C’est celui qu’on connaît aujourd’hui après plusieurs réfections et remises en peinture. Il garde son intérêt, surtout pour la desserte du cimetière, malgré la construction du nouveau pont Nyckees, qui draine aujourd’hui l’essentiel du trafic vers Wattrelos.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Coop aux Trois Ponts

C’est en février 1972 que la SACOMUL (Société d’Aménagement de la Communauté Urbaine de Lille) met en vente les locaux du centre commercial qui va se trouver au cœur du nouveau quartier des Trois Ponts, encore en construction à l’époque. Le centre commercial lui-même est en cours de construction et on prévoit de le livrer en mai 1972. Il comprend une surface de supermarché de 712 m², une pharmacie de 140 m², un café de 70 m², une librairie-journaux de 70 m², une boulangerie de 140 m² et un local à affecter de 70 m². Les renseignements et le dépôt des candidatures se font à la SACOMUL, 326 rue du Général de Gaulle à Mons en Barœul.

Vue du quartier en 1972 Photo NE
Vue du quartier en 1972 Photo NE

Les trois-quarts de logements sont à présent occupés et il est temps qu’un centre commercial puisse approvisionner la population du quartier. D’autres équipements collectifs sont prévus : une crèche, un centre social, un centre de soins un foyer du vieillard, une maison de jeunes. Une école est en cours de construction. Très vite, on apprend qu’une supérette COOP occupera les 712 m² et que la pharmacie a trouvé son candidat. Les autres cellules attendent leurs acquéreurs. Le gros œuvre sera achevé en avril et le temps d’effectuer les aménagements intérieurs, l’ouverture des magasins se fera en septembre, selon le journal.

Le chantier en 1972 Photo NE
Le chantier en 1972 Photo NE

C’est à la fin du mois d’août que la supérette COOP est inaugurée rue Léonie Vanhoutte. Elle propose à sa clientèle tout ce qu’on peut trouver dans ce type de magasin, notamment un rayon boucherie. Ce point de vente bénéficie de la logistique des Coopérateurs de Flandres et d’Artois, association de coopérateurs qui gèrent et contrôlent eux-mêmes leur coopérative. Les COOP représentent plus de 600 points de vente dans le Nord de la France, dont 200 libres services et supermarchés, et nationalement, les magasins COOP sont au nombre de 10.000. Le PDG des Coopérateurs, Jean Delattre rappelle tout cela dans son allocation d’inauguration, ainsi que les divers services proposés par la société : assurance, documentation familiale gratuite, journal Le Coopérateur de France, œuvre de solidarité, crédit ménager le moins cher de France, vente par catalogue, service après-vente, laboratoire d’analyses…

L'inauguration en août 1972 Photo NE
L’inauguration en août 1972 Photo NE

M. Prouvost adjoint au maire, rappelle que Roubaix a été le berceau du mouvement coopératif et remercie les Coopérateurs de Flandres et Artois pour l’implantation de ce magnifique magasin. Un vin d’honneur est alors servi par M. et Mme Lefebvre, gérants du magasin et M. et Mme Lourme, gérants du rayon boucherie, et tous les présents boivent au succès du nouveau COOP.

La COOP des Trois Ponts Photo NE
La COOP des Trois Ponts Photo NE

Du fort au square

Le fort développement des industries textiles à Roubaix au dix-neuvième siècle a entraîné un important accroissement de la population roubaisienne. Pour loger tout ce monde, on a bâti très vite, en utilisant au mieux les terrains non accaparés par les usines. Pas de moyens de déplacement, il fallait donc loger l’ouvrier à proximité des usines. Ce furent les forts, les cours et les courées, qui offrent encore un siècle plus tard, en 1953, « le lamentable spectacle d’un anachronisme qui est tout à la fois un défi à l’hygiène et au progrès ».

Une vue du fort Mulliez photo NE

Le fort Mulliez était de ces ensembles d’habitations, qui ressemblent « plus à un ghetto qu’à une cité ». Un labyrinthe de cent vingt maisons ! Le CIL en a donc racheté un certain nombre dans le but de les démolir et de construire une cité moderne. Mais il faut gérer le relogement. Certains habitants partent s’installer ailleurs , mais d’autres ont un peu de mal à quitter leur quartier, qu’ils ont connu « quand les maisons étaient relativement neuves et que tout autour s’alignaient des jardins et des champs ». Ainsi M. Georges Monnet interviewé par le journaliste Marcel Leclercq, évoque une ferme qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle institution Notre Dame des Victoires toute proche, ce qui situe ses souvenirs avant 1900. Il exerçait la profession de rentreur au Peignage Amédée Prouvost rue de Cartigny. Il était né en 1873 dans la maison du fort Mulliez qu’il occupe encore.

Fort Mulliez en démolition Photo NE
Fort Mulliez en démolition Photo NE

Mais à présent, le fort Mulliez présente le triste spectacle de toitures basses, d’étroites lucarnes, de pièces exiguës sans soleil. Il devient urgent de s’occuper de ce vieil habitat qui se dégrade peu à peu. Ainsi en août 1953, la toiture d’une maison s’effondre en partie, les locataires ont des enfants, il faut les reloger. Le CIL a en projet une construction moderne à trois étages avec des appartements bien éclairés qui donneront sur un grand espace vert.

Maquette du projet square Photo NE
Maquette du projet square Photo NE

La première tranche de travaux est prévue pour le printemps 1954. Le CIL posera à cette occasion la première pierre de son 5000e logement sur l’emplacement du fort Mulliez. En février les travaux de démolition sont activement menés. En mars a lieu la cérémonie de la première pierre posée par le Président du Conseil Laignel. En mai le chantier avance bien.

Etat du chantier en 1954 Photo NE
Etat du chantier en 1954 Photo NE

En octobre 1955, le square des Mulliez devient une vitrine et un lieu de visite : sous la conduite d’Albert Prouvost, président du CIL, des personnalités soviétiques viennent admirer la nouvelle réalisation. Cette opération en préfigure d’autres, de tailles diverses : celle du fort Desprets, rue de Lannoy et celle du quartier Edouard Anseele d’une toute autre envergure.

Le square aujourd'hui Google maps
Le square des Mulliez aujourd’hui Google maps

 

Les lotissements de 1950

La CIL se lance, à la fin des années 40, dans un programme de lotissement, qui va se développer sur plusieurs communes. Après le programme 1947-48 comprenant le Galon d’eau et 150 logements aux trois Baudets, préfiguration des autres constructions qui vont suivre, le programme 48-49 prévoit des logements notamment à Tourcoing et à la Lionderie à Hem. Mais on prépare déjà la suite : en effet, au Nouveau Roubaix, de vastes terrains sont alors occupés par des jardins ouvriers. Ces terrains, achetés pour la plupart par la ville à la Société Lemaire et Lefebvre dans la première partie du siècle, sont disponibles pour un vaste plan de lotissement en maisons individuelles mis en œuvre par le CIL.

Photo IGN 1947
Photo IGN 1947

En 1948, alors que les premiers habitants emménagent aux trois Baudets en bordure de l’avenue Motte, la ville demande à la SNCF de désaffecter la plate-forme de la gare de débord détruite pendant la guerre pour pouvoir y construire des logements. La voie-mère qui empruntait le terre-plein central de l’avenue Motte serait réaménagée en piste cyclable.

Le projet prend corps fin 1949 avec la cession de terrains appartenant à la ville à la société d’habitation populaire Le Toit Familial. La première zone concernée est limitée par les rues Mignard, Motte, Delory et Horace Vernet (à part un rectangle situé sur la ferme de la Haye où s’installera l’école Ste Bernadette. Elle représente 32500 m2) pour 227 maisons. On prolonge à cet effet la rue Horace Vernet jusqu’à l’avenue Delory.

Une deuxième zone située à l’extrémité du boulevard de Fourmies et limitée par l’avenue Motte et la rue Mignard. (8500 m2) sera lotie également, ainsi qu’une troisième située en bordure de l’avenue Motte à l’emplacement des anciens baraquements démolis pendant la guerre et l’emplacement de la gare de débord. Ceci représente 11 000 m2 de terrains pour 143 maisons

Document Nord Matin 1948
Document Nord Matin 1948

Les photos nous montrent la construction de la cité des 3 Baudets, dont le modèle sera repris pour le projet actuel. Les travaux démarrent et les premières maisons s’élèvent dès 1950. La photo aérienne montre les maisons implantée au milieu de jardins, comme le préconise le CIL.

Photo Archives municipales
Photo Archives municipales

Mais le CIL va entreprendre une autre tranche de travaux. Il envisage de bâtir de l’autre côté de l’avenue Delory, sur l’emplacement de la ferme de Gourguemez ce qui deviendra la cité du Maroc.

En attendant, 1951 voit le démarrage des travaux du groupe Carpeaux-Pigouche, entre les rues Regnault, Edouard Vaillant et l’avenue Delory. Le groupe Pigouche représente 45 logements, le groupe Carpeaux 54. Ces constructions sont réservées à l’accession à la propriété. Elles possèdent le Chauffage central. Certaines doivent être en briques rouges, les autres en briques blanches.

Document Nord Matin 1951
Document Nord Matin 1951

En parallèle à ces travaux, on aménage l’avenue Motte et son terre-plein central pour y créer une promenade bordée d’arbres le long de laquelle on installe des bancs publics.

Documents Nord Eclair 1955
Documents Nord Eclair 1955

Le quartier prend petit à petit l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.

Document Collection particulière
Document Collection particulière