Les bains douches

Les Bains douches municipaux de la rue des Longues Haies furent ouverts au public le 1er juillet 1911, à l’occasion de la grande exposition internationale. Ils furent inaugurés le 25 septembre 1911, à l’occasion de la conférence des caisses d’ Epargne de l’ Est et du Nord, car la caisse d’ Epargne de Roubaix fut à l’origine de la création de l’établissement, qui se trouvait au n°153 de la rue des Longues Haies.

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Plan Archives Municipales

Témoignage recueilli par Robert

Lors de notre récent entretien, M. Georges POTTEAU qui habitait au 15 de la rue Henri Lefebvre, m’a indiqué que Mme PETRIEUX de LEERS, était la fille de M. CLAPUYT qui travaillait aux Bains douches. Elle se rappelle aussi d’un collègue de son père : M. HUYGHE ainsi que du Directeur M. LOCUFIER. Je lui ai rappelé comment il fallait procéder pour attendre son tour sur le grand banc installés au centre de la grande salle, entre les cabines de douches de chaque côté. A chaque libération d’une cabine, nous devions avancer d’une place sur le grand banc . Les trainards qui s’éternisaient, se faisaient rappeler à l’ordre par son père qui devait passer la « wassingue » dans les cabines entre chaque client. Mme PETRIEUX raconte qu’à l’arrivée massive des populations maghrébines dans le quartier son père avait connu des difficultés du fait que ces ouvriers qui ne disposaient pas comme tous les gens du quartier, de salle de bains ni d’eau courante, ramenaient toute leur lessive pour la laver en se douchant…. Comme le règlement l’interdisait, il fallait entendre les explications bruyantes entre ces clients et le personnel !

Bernadette :

Les bains-douches ont fermé à la St Sylvestre 1960 pour difficultés financières (le coût réel des douches et bains étant plus élevé que le prix d’entrée demandé (40 francs de l’époque,y compris le savon !!)

Je sais que je suis allée aux bains douches (combien de fois ???) avec l’école primaire que je fréquentais (école St Martin rue Pellart). Je devais avoir 7-8 ans. J’avais un maillot en tricot orange (qui avait appartenu à une de mes soeurs avant moi).

La maison médicale Laennec, un exemple d’innovation

Le 4 avril 1971 était inaugurée la maison médicale Laënnec, qui se trouvait dans le quartier des Hauts Champs, au n°20 avenue du Président Coty à Roubaix, dont le champ d’intervention était intercommunal, puisqu’on y accueillait aussi des personnes venant d’Hem et de Lys Lez Lannoy. A l’origine de ce projet, quatre jeunes médecins ayant fait leurs études ensemble, les docteurs Macquet, Genestin, Chelle et Prévost, qui décident de s’associer dès leur entrée dans la vie professionnelle. Ils s’installent provisoirement dans deux appartements de la tour des rosiers, située dans l’avenue du Président Coty.

Zhora se souvient : en juin 1969, le docteur Chelle m’a fait mon carnet de maternité et m’a suivi durant toute ma grossesse pour les consultations obligatoires, et je me souviens avoir fait au moins mes 4 à 5 dernières consultations à la maison médicale.

La maison médicale est construite en 1970 grâce à un prêt et elle est implantée sur un terrain de 1000 m² acheté au C.I.L., et prévu à cet effet dans le plan d’aménagement du quartier.

L’agencement du nouvel immeuble permet aux quatre associés de mettre en place leur projet de médecine de groupe. L’association des médecins favorise un service permanent, 24 heures sur 24 et pendant les jours fériés, la régulation du nombre de consultations et ainsi la possibilité de consacrer plus de temps aux patients. Le principe du médecin de famille est conservé, mais les associés mutualisent leurs fichiers, ce qui leur permet de se libérer plus facilement pour visiter des malades, suivre des formations ou se détendre en famille, sans que le service proposé n’en pâtisse.

Ils vont bientôt agrandir l’équipe et le champ des prestations. Le docteur Gilman les rejoint en 1973, puis les docteurs Dancoisne en 1980 et Leruste en 1984. La maison médicale hébergera également le cabinet dentaire du docteur Dherbecourt, et les consultations de trois kinésithérapeutes, Mme Martin et MM Landrieux et Gobert. Un podologue viendra également et l’on y pratiquera un temps la radiologie.

Laurent se souvient qu’en 1992, le docteur Leruste a repéré grâce à sa plaque à rayons une petite tâche sur son poumon gauche, qui après consultation en urgence à l’hôpital Provo, était un début de pleuro-pneumonie. Il a suivi un traitement et sa rééducation kiné-respiratoire s’est effectuée à la Maison Médicale avec le docteur Landrieux.

On y prévoyait des consultations de gynécologie et de neuropsychiatrie. Pour l’accueil, il y avait un roulement de deux à trois secrétaires et pour la nuit, une liaison téléphonique avec le médecin de garde. Les médecins travaillaient en concertation avec les infirmières du centre social des Hauts Champs et de l’antenne médicale dans un esprit de prévention et d’information.

Le lieu était fleuri et accueillant. Après avoir monté quelques marches, on entrait dans un grand hall avec des carreaux vitrés. Un secrétariat d’accueil permettait de prendre rendez vous ou d’orienter les patients vers la consultation. Chaque médecin avait son cabinet, et l’ambiance de travail était bonne. La maison médicale était reconnue et respectée dans le quartier et sa fermeture en 1998 fut ressentie comme une catastrophe par les usagers et par les médecins.

Les raisons de cette fermeture sont multiples. La question de la rentabilité est évoquée : les coûts de fonctionnement et de personnel n’étaient supportables qu’à condition qu’il y ait cinq médecins généralistes. Le départ d’un premier praticien appelé à d’autres missions, et d’un second pour sa retraite n’ont pu être compensés. La fermeture de l’usine Motte Bossut toute proche, et la démolition de la grande barre et d’autres bâtiments ont pu faire baisser la clientèle potentielle. Malgré les efforts des habitants et des bénévoles du comité de quartier des Hauts Champs, la maison médicale Laënnec restera fermée. La ville se portera acquéreuse du bâtiment en décembre 1998 avec le projet d’y implanter un pôle santé et d’y installer les services de la protection judiciaire de la jeunesse. Après l’acquisition, les propositions de projet pour le Conseil  municipal seront nombreuses : un centre petite enfance, un centre ressources, un centre de génétique, un centre pour maladie mentale, un lieu pour les restos du cœur…

mml copieLa maison médicale en construction et en rénovation Photos Nord Éclair et PhW

Le débat sur l’occupation de ce bâtiment restera ouvert et les habitants du quartier, avec leur Comité ne manqueront pas de l’évoquer régulièrement aux élus. Avec l’avènement du Plan de Rénovation Urbaine en 2003, il est proposé de réhabiliter le bâtiment et d’en faire un Espace Ressources pour Jeunes (accueil, orientation et formation des jeunes 15-25 ans). Aujourd’hui les travaux sont terminés, et l’ouverture de l’équipement est prévue pour début septembre 2008.

Les 30 ans du Centre Social des 3 Ponts

centresocial2Novembre 1971, un collectif d’une quinzaine de dames du Pont Rouge, déplorant l’absence de locaux d’animation dans leur quartier, sollicite la Ville de Roubaix pour organiser  des activités de loisirs enfants dans les « mètres carrés sociaux » des Trois Ponts. Depuis les années soixante, la législation prévoit que des surfaces généralement situées au rez-de-chaussée des immeubles nouvellement construits, soient prévues pour accueillir la vie associative des résidents. Ces « mètres carrés sociaux » seront bientôt appelés les locaux collectifs résidentiels (LCR). La demande du collectif est donc orientée vers l‘Office HLM propriétaire des locaux, lequel déclare qu’il ne peut confier de tels locaux qu’à une association ou à un centre social. Une démarche est faite en direction du Centre Familial Carpeaux qui était à l’époque le centre social le plus proche du secteur.

Après mûre réflexion, le Conseil d’Administration du Centre Familial accepte de tenter l’expérience, et les premières activités s’ouvrent au printemps 1972 à la Tour E, avec l’encadrement de monitrices de loisirs partiellement détachées de Carpeaux. En Septembre une activité couture adultes est ouverte à la Tour D.

La demande s’amplifie tant de la part des adultes que du coté des enfants. L’antenne des Trois Ponts se développe rapidement : une équipe professionnelle  autonome est constituée en 1974, un directeur est nommé en fin d’année, des activités complémentaires sont mises en place (enseignement ménager, loisirs maternels, accueil jeunes), de nouveaux locaux sont ouverts Tours F (1975) et B (1976).

Pendant la même période, la dynamique des usagers s’organise avec la création d’un Comité d’Usagers, et la participation de ses représentants au Conseil d’Administration du Centre Familial Carpeaux.

La construction du centre social des Trois Ponts, avenue Kennedy, commence en début 1977. Quelques mois plus tard la Ville annonce que le futur équipement sera municipal, la gestion en étant confiée au Centre Communal d’Action Sociale. C’est la surprise et la consternation pour l’antenne des Trois Ponts qui espérait une gestion associative. Les usagers ne se découragent pas pour autant et engagent des négociations serrées avec la Ville pour défendre leurs valeurs et faire prendre en considération leur volonté de participation active à la gestion de leur structure. Ils sont fortement soutenus dans leur action par les centres sociaux de Roubaix et la Caisse d’Allocations Familiales. Pour conforter leur démarche, ils constituent en fin d’année 1977 l’Association des Usagers du Centre Social des Trois Ponts.

Les négociations aboutissent finalement en Mars 1978 à une convention entre cette association et le CCAS, reconnaissant ainsi l’originalité de la démarche des usagers. Le centre social sera géré par le CCAS, mais l’ensemble des décisions concernant son fonctionnement seront prises par un Conseil de Maison au sein duquel les usagers sont majoritaires, la présidence en étant assurée par un usager. Les locaux du centre social sont inaugurés en Mars 1978, les activités démarrent effectivement en Mai 1978.

Le centre social des Trois Ponts fête donc son trentenaire, le vendredi 5 décembre 2008 à partir de 17 heures, en organisant une exposition, une rétrospective des activités à laquelle va contribuer l’atelier mémoire, et un spectacle hip hop.

Un centre social de la Croix Rouge

csCroixRouge
Vue intérieure du centre social Photo NE

Monté avec des moyens de fortune, l’expression est de la presse de l’époque, le centre social du boulevard de Belfort dispose de petits berceaux, de meubles de bébé, d’un parc, d’une machine à coudre, d’un poste de radio dans sa salle d’accueil. La responsable du centre, Melle Houmer reçoit les visiteurs qui ont un dossier à établir, une démarche à accomplir. Une monitrice d’enseignement ménager, Melle Jacquart donne des cours de cuisine le jeudi. Melle Vandamme s’occupe de la bibliothèque qui reçoit plus de cent lecteurs adultes. Melle Vanwelden enseigne le chant et la danse, la peinture et la décoration aux fillettes. Melle Trackoen prépare une exposition avec des enfants pour une fête qui doit avoir lieu le 30 avril. Ce centre est présenté comme la Maison du quartier, amicale, accueillante, serviable où l’on est accueilli par des amis, et entouré d’amis. Cette description extraite du journal Nord Éclair d’avril 1950 décrit un lieu aujourd’hui disparu, car il se situait dans les numéros impairs du boulevard de Belfort (vraisemblablement au n°51). Cet endroit éveille-t-il des souvenirs pour certains ?

Deux lieux importants : La Paix et le Mont de Piété

La Paix, une société coopérative

La Paix est issue de la fusion de deux coopératives : la première qui porte ce nom est créée en 1885 par un groupe socialiste majoritairement belge. La seconde, l’Avenir du Parti Ouvrier, inaugurée en 1887 par Jules Guesde, est l’œuvre d’Henri Carrette et de ses amis. En 1890, les deux sociétés se réunissent et vont s’installer au n°73 boulevard de Belfort. La coopérative la Paix vend du charbon et met en œuvre une boulangerie qu’Edouard Anseele vient inaugurer en 1892. La coopérative a pour objectifs de vendre moins cher le pain et le charbon aux populations ouvrières, en même temps que d’alimenter et de financer la propagande du parti ouvrier. Le n°73 du boulevard de Belfort devient ainsi le siège d’un grand nombre de syndicats ouvriers du textile, et celui du parti ouvrier, qui devient la section française de l’internationale ouvrière (SFIO)  en 1905.

Jules Guesde est député de Roubaix de 1893 à 1898, et de 1906 à 1919. Henri Carrette est maire de Roubaix de 1892 à 1901.

La salle des fêtes de la Paix doc AmRx

La Paix, un lieu politique et culturel

La Coopérative la Paix s’est vite développée et ses locaux accueillent de nombreuses activités. Ils sont composés d’un vaste café, de bureaux pour les réunions (syndicats, mutuelles, parti ouvrier) d’une bibliothèque. Une fanfare est créée et le théâtre populaire vient y tenir siège et scène. La Paix possède en effet une superbe salle des fêtes, où se déroulent les meetings politiques, les assemblées générales des coopératives, des syndicats et du parti, les conférences, les fêtes diverses à l’occasion du 18 mars et du 1er mai, et même le cinéma qui vient côtoyer le théâtre et la politique avant 1914.

La Paix en 1964 avant sa démolition doc AmRx

Le Mont de Piété

Familièrement surnommé chez Ma tante, le Mont de Piété se trouve au n°65 de la rue des Longues Haies. Il devient le crédit municipal, bureau des prêts sur gages en 1934. Un silence général régnait dans la grande salle sombre où étaient installés des bancs. Quand venait son tour, on pénétrait dans un petit isoloir en bois, où à l’abri des regards, on présentait l’objet qu’on allait mettre au clou contre quelque argent. Un employé en blouse bleue l’examinait et l’estimait, en général au tiers de sa valeur. Puis il sortait trois papiers roses, l’un pour le déposant, le deuxième pour l’objet, le troisième pour les archives, sur lesquels il inscrivait l’identité du déposant, la nature de l’objet, le montant du prêt. La destruction progressive du quartier Anseele à partir de 1958 lui enlève beaucoup de clients, car on allait au Mont de Piété comme on allait chez l’épicier ou le boucher. On y déposait généralement un bijou, une montre, parfois un transistor le lundi, qu’on récupérait en fin de semaine. Il arrivait aussi que les objets soient vendus aux enchères.

Le Mont de Piété CP Méd Rx

à suivre

Santé et salubrité dans le quartier

Le dispensaire Photo JdeRx et NE

Le dispensaire

Créé en novembre 1908 par l’Union Mutualiste des cantons de Roubaix, ce dispensaire est la cinquième fondation de ce type en France. En février 1920, le comité de la Croix Rouge y installe un préventorium et l’établissement prend le nom de dispensaire antituberculeux Pierre de Roubaix. Cet immeuble était situé aux n° 90 et 92 de la rue des Longues Haies et occupait tout le pâté de maisons compris entre la rue de la Planche Trouée et la rue Henri Lefebvre.

Ses activités

L’œuvre de l’enfance, ancêtre des PMI d’aujourd’hui, s’intéresse aux bébés jusqu’à l’âge de dix-huit mois. Les salles des opérations et des pansements sont entourées de salles auxiliaires : salle d’attente, pharmacie, salle de réserve des bandages, salle de consultation, salle de radiothérapie. On y pratique la chirurgie des amygdales et végétations, et on y fait piqûres, pansements, pose de ventouses, cuti-réactions, injections. Certains se souviennent du masque désagréable pour l’anesthésie.

Vue intérieure du dispensaire CP méd Rx

L’école d’infirmières

Le même bâtiment accueille les élèves infirmières ( de 19 à 35 ans) qui viennent y effectuer leur stage d’instruction pour devenir hospitalières ou pour se former à la puériculture et aux soins à donner aux malades et aux blessés. Onze médecins viennent bénévolement donner des cours. Une infirmière raconte : Je suis entrée à l’école de la croix rouge qui se trouvait dans les locaux du dispensaire de la rue Edouard Anseele en 1959. J’y ai préparé un diplôme d’auxiliaire de puériculture. J’ai suivi des consultations de nourrissons avec le docteur Ratel, des consultations de dispensaire avec le docteur Beaugrand. J’y ai appris à soigner la gale ! Je restais avec des enfants installés sur une table avec les yeux protégés pour des séances de rayons ultra violet pour soigner le rachitisme. Puis j’ai commencé mes études d’infirmière toujours à l’école de la Croix Rouge. Je faisais des visites à domicile pour des piqûres ou des pansements.

Plan des bains municipaux doc AmRx

Les bains municipaux

Créé par la caisse d’épargne en 1911, l’établissement des bains est acquis par la ville en 1921. Les anciens du quartier ont encore en mémoire la grande salle carrelée où l’on attend son tour, assis sur un banc avant d’accéder aux cabines de douches. Certains chantent dans les douches, ou font leur lessive, ce qui est strictement interdit. Il arrive qu’un client s’attarde, dépasse les vingt minutes imparties, mais quelques coups sur la porte lui signalent qu’il doit laisser la place. On sort de là tout frais, tout propre. A l’époque de l’inauguration, on paie 20 centimes le bain douche, savon compris, et le bain est limité à 20 minutes. Les derniers temps, une baisse de la clientèle et un déficit conséquent entraînent une augmentation qui porte le prix d’entrée à 50 francs.

à suivre