Maternité Paul Gellé

Depuis le début du vingtième siècle, l’avenue Julien Lagache abrite l’Hôpital de la Fraternité et, parmi ses pavillons, une maternité de 22 lits, accueillant « pour y faire leurs couches, toute femme ou fille, sans distinction de nationalité ou de religion » : la Maternité Ternynck (construite grâce aux dons d’Henry Ternynck, industriel roubaisien, et de ses fils : Henry, Edmond et Felix).

Le plan de la Maternité Ternynck dans l’Hôpital de la Fraternité et photo du pavillon près de la chapelle (Documents collection privée et archives municipales)

De nombreux roubaisiens voient le jour dans ses locaux mais, à la fin des années 1960, un constat s’impose : l’évolution des soins et le nombre des accouchées impose la construction d’une nouvelle maternité pourvue d’un équipement moderne. La construction de celle-ci a lieu presqu’en face de l’Hôpital de la Fraternité sur un terrain vierge de construction jusqu’alors.

Vue aérienne de l’Hôpital de la Fraternité et du futur emplacement de la maternité en 1953 (Document IGN)

Fin 1970, la construction commence (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site sous le titre : Une nouvelle maternité aux trois ponts). La nouvelle maternité devrait fonctionner d’ici 18 mois grâce à une équipe de praticiens compétents sous la direction du Professeur Gellé.

Le chantier fait les gros titres de la presse locale en novembre 1970 (Document Nord-Eclair)

Né à Armentières en 1904, Paul Gellé, après de brillantes études à la Faculté de Médecine de Lille, est nommé Chef de Clinique à la fin des années 1930 puis Professeur Agrégé d’Obstétrique à la fin des années 1940. Dès 1935, il est accoucheur à l’Hôpital de Roubaix, avant d’y devenir chef du service de gynécologie-obstétrique.

Après guerre, c’est lui qui a doté la maternité d’un service d’hospitalisation en chambres individuelles, d’un bloc chirurgical, d’un secteur de prématurés puis d’un service de gynécologie de 20 lits à orientation à la fois médicale, endocrinienne et chirurgicale en liaison avec la maternité. Il est ainsi à l’origine d’un authentique service de gynécologie-obstétrique qui sera longtemps le seul de la région.

Photo du professeur Paul Gellé (Document Pôle Ressources du Patrimoine Hospitalier et Médical du Nord)
Les fondations de la future maternité (Documents archives municipales)

La première pierre du nouveau pavillon de gynécologie-obstétrique est posée le 12 décembre 1970 par Victor Provo, maire de Roubaix et Président du Conseil Général du Nord et de la Commission Administrative du Centre Hospitalier, descendu en compagnie de nombreuses personnalités dans les fondations du futur bâtiment. Là après avoir scellé le cylindre de plomb contenant le traditionnel parchemin, avant de placer le tube dans la pierre symbolique, il la dépose et la cimente ensuite dans un angle de la construction.

Pose de la première pierre le 12 décembre 1970 (Document Nord-Eclair)

La nouvelle maternité voit son rez-de-chaussée achevé en 1971 et le premier étage en cours, sachant que son ouverture est programmée pour novembre 1972. Deux étages doivent être réservés aux accouchées et le 3ème étage à la gynécologie. Les jeunes mères ainsi que les femmes admises en gynécologie disposeront de chambres à un ou deux lits, avec lavabos et WC particuliers. Il y aura même une salle d’attente pour les papas anxieux.

La construction avance en 1971 (Document Nord-Eclair)

Le sous-sol accueillera : biberonnerie, chaufferie, groupe éléctrogène, archives, bibliothèque, vestiaires et sanitaires du personnel. Au rez-de-chaussée on trouvera : six salles de travail, trois salles de réanimation, trois salles de garde, sept salles d’examen, quatre salles de repos, trois salles d’admission, une salle d’attente pour les pères, une salle d’analyse, une salle radio, le cabinet du dentiste, une salle pour voitures d’enfants, une garderie, le bureau du chef de service, le secrétariat médical et les bureaux des assistants. On y trouve également le secteur opératoire : deux salles d’opération, deux salles d’anesthésie, salle de réveil et salle de stérilisation.

Les 1er et 2ème étage, dédiés à l’obstétrique, comprennent chacun huit chambres à 2 lits, quatorze chambres à 1 lit, cinq nurseries, 2 salles de jour, une cuisine, 2 tisaneries, 2 pièces pour le linge, un local pour les fleurs et une salle de bains. Quant au 3ème étage, consacré à la gynécologie, il comprend 18 chambres à 1 lit, onze chambres à 2 lits, une salle de soins, une salle d’examen, 2 salles de jour, une salle de préparation de soins, une salle de change, une cuisine, une tisanerie, une salle de bains, une salle pour les visiteurs, 2 bureaux pour les externes et un bureau pour les infirmières.

Fin de chantier et inauguration du nouveau pavillon de gynécologie-obstétrique prévue pour le 2 décembre 1972 (Document Nord-Eclair)
Plan de la maternité (Document archives municipales)

Un souterrain construit sous l’avenue Julien Lagache permet au personnel de rejoindre les nouveaux locaux depuis l’Hôpital de la Fraternité. La desserte du nouvel immeuble est quant à elle assurée par 3 monte-charges qui permettent de faire accéder les malades, sur les lits, aux différents niveaux. La mise en service et le transfert des patients peut avoir lieu. La Maternité, baptisée Pierre de Roubaix, ouvre ses portes en 1973.

Inauguration de la nouvelle maternité de Roubaix (Document Nord-Eclair)
La maternité dans les années 1970 (Documents Archives municipales)

Quatre ans plus tard, en 1977, le professeur Gellé, à l’âge de la retraite et un an avant son décès, se voit enfin accorder la filiation du Pavillon Pierre de Roubaix. Au cours d’une manifestation officielle devant la façade de l’établissement, Victor Provo évoque les mérites du professeur Gellé « pontife de la médecine dans la métropole » et le félicite d’avoir choisi le professeur Crépin comme successeur à la tête de la maternité. C’est ensuite le professeur Gellé lui-même qui vient au secours de Victor Provo, à l’aide de sa canne, pour retirer le voile qui couvre le nouveau nom du Pavillon : « Paul Gellé ».

Pavillon rebaptisé Paul Gellé en 1977 (Document Nord-Eclair)
Publicité de la Caisse d’Epargne de Roubaix en 1977 (Document Nord-Eclair)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

A suivre…

Centre social des 3 baudets : la Maison de l’Enfance (Suite)

En 1992, le centre social des 3 Baudets connaît une 1ère liquidation judiciaire mais, dans la foulée, l’association nouvelle du centre social des 3 Baudets est créée, reprenant les activités anciennement gérées par la structure liquidée.

Dans le guide pratique « Tout hem en un » de l’an 2000, il apparaît que le Centre Social des 3 Baudets assure encore : l’accompagnement scolaire le soir tous les jours de classe, la garderie périscolaire, les mercredis récréatifs, et la Halte-Garderie « Les Titounets » pour les enfants âgés de 3 mois à 3 ans, 5 jours par semaine.

Le club des aînés, un lieu de rencontre et d’échange, avec organisation de sorties et de jeux de société y est encore actif. Des activités diverses sont organisées pour les adolescents ainsi que des activités sportives pour les jeunes adultes. Y sont également assurés des ateliers couture, dessin et arts plastiques. La bibliothèque met 1500 livres à disposition et 15 séances de cinéma sont organisées chaque année.

Pourtant cette même année, pour des raisons économiques le Centre Social des 3 Baudets et la Halte -Garderie « Les Titounets » ferment leurs portes. La structure, d’abord placée en règlement judiciaire est liquidée par le Tribunal de Commerce, faute de financeurs prêts à assumer le déficit existant, dû à priori à une gestion « hasardeuse ».

Liquidation du Centre social des 3 baudets (Document Nord-Eclair)

Sous l’impulsion d’un certain nombre d’habitants, hostiles à la fermeture définitive de ce lieu de vie collective, des bénévoles hémois y fondent alors l’association Espace de Vie Saint-Exupéry, en avril 2000. Le projet doit être travaillé pour un redémarrage du centre social en début d’année 2001.

Création de la nouvelle association (Document Nord-Eclair)

Cette association a pour but de permettre à nouveau le développement d’activités sociales et familiales dans les quartiers Trois Baudets et Lionderie, avec l’aide de la municipalité et de la CAF de Roubaix-Tourcoing. L’association gère et administre le centre social Espace de Vie Saint-Exupéry dont l’adresse se situe à l’arrière de l’historique Maison de l’Enfance, allée Saint-Exupéry.

Espace de Vie Saint-Exupéry en 2008 (Document Google Maps)

Les activités du Centre Social restent centrés sur les mêmes objectifs:

  • donner aux habitants l’accès aux droits (logement par exemple), à la culture et aux loisirs.

  • faciliter le parcours de soin des habitants en les informant et les orientant mais aussi en proposant des actions de prévention et en promouvant de bonnes pratiques en matière de santé

Logo de l’Espace de Vie (Document site internet)

L’Espace de Vie, c’est également à nouveau, depuis 2002, à la demande pressante des habitants, le Multi-Accueil « Les petits Tambours », accueil régulier et/ou occasionnel d’enfants âgés de 3 mois à 3 ans. L’équipe de professionnelles de la petite enfance y développe un projet décliné autour d’activités motrices, d’activités d’encastrement, de jeux symboliques… où l’enfant se découvre, découvre la collectivité, et adopte progressivement une autonomie plus grande. Les familles sont associées lors de temps enfants-parents tous les mercredis matins.

Les Petits Tambours en 2002 (Document Nord-Eclair)

20 ans plus tard « les Petits Tambours » accueillent toujours des enfants et figurent dans le guide du petit hémois 2021 édité par la municipalité. Un accueil de loisirs à la journée pour enfants de plus de 2 ans y est aussi proposé.

Guide du Petit Hémois 2021 (Document Ville de Hem)
Photos des Petits Tambours (Document Journal des Femmes)

Fonctionne toujours également « L’Envol », lieu d’accueil parents-enfants, qui permet aux parents de partager un moment privilégié avec leurs enfants autour du jeu et d’échanger avec d’autres parents ou futurs parents. En outre le centre social propose du soutien scolaire aux plus grands.

Centre de loisirs et soutien scolaire (Document site internet)

Pourtant, en 2020, dans le cadre du Projet de Rénovation Urbaine, la ville décide de construire un nouvel équipement public au coeur du quartier des 3 Baudets, sur le terrain en schiste, devant l’actuel centre social destiné quant à lui à déménager à la Lionderie (sur l’ancien site d’Okaidi, Impasse Desurmont), mais la ville de Hem précise : «Pour le raser, il va falloir attendre que le nouveau soit construit, soit quelques années encore».

Futur nouveau centre social des 3 Baudets à la Lionderie sur plan (Document Voix du Nord)
Emplacement du futur centre social des 3 baudets (Document Google Maps)

Seul le service petite enfance restera en fonction dans le nouveau bâtiment, d’une surface totale de 500 m², construit de plain pied, qui doit aussi être doté d’une salle de convivialité de 100m² pour les habitants et associations. Il hébergera donc la crèche du centre social « les petits tambours» qui accueille 20 enfants de 0 à 3 ans, dans un nouvel espace moderne, accessible et adapté. Lancé l’été dernier le chantier devrait se terminer en juin 2022.

Chantier de construction en décembre 2021 (Document Facebook Ville de Hem)

Cette construction doit être accompagnée d’un aménagement de la rue Bournazel avec une aire de jeux pour enfants, un espace vert et des stationnements pour les riverains à l’emplacement de la maison de l’enfance qui devrait être rasée.

Photo aérienne en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Cimetière de Hem (suite)

En 1955, éclate à Hem ce qu’on appellera l’Affaire de Beaumont : alors que la construction du groupe scolaire de Beaumont est en projet depuis un an, il est reporté par un arrêté préfectoral qui déclare d’intérêt public l’acquisition d’un terrain de 60 hectares et, dans la foulée, le député maire de Roubaix, Victor Provo, saisit la ville de Hem du projet de création d’un cimetière dans le style de « Los Angeles » dans la plaine de Beaumont.

Le plan qui accompagne ce projet ne tient compte, ni des quelques 1000 logements ni de l’église Saint Paul, ouverte au culte en juin 1954, ni du château et de la cense de Beaumont qui y sont déjà construits, ni des projets d’accession à la propriété déjà planifiés.

Plan de la plaine de Beaumont avec ses constructions et plan du projet de cimetière (Documents Historihem)
L’affaire de Beaumont (dossier du syndicat d’initiative Les Amis de Hem créé en 1953) (Document Historihem)

En justification de ce projet, il est fait état de l’insuffisance du cimetière roubaisien actuel, et de l’impossibilité de trouver, dans les limites de la ville de Roubaix, un terrain assez vaste pour créer ledit cimetière. Le cimetière actuel roubaisien d’une superficie totale de 15 hectares, situé entre le canal et des bâtiments industriels, serait alors abandonné…

Il s’agirait donc de la création, sur le territoire de la ville de Hem, d’une vaste nécropole destinée à la ville de Roubaix, et donc d’une annexion pure et simple d’une partie de la ville de Hem, laquelle fait écho au projet d’annexion de 200 ha du territoire hémois, dont la plaine de Beaumont, déjà projetée en 1944 par l’administration municipale de Roubaix, pour y reloger des roubaisiens suite à la destruction programmée de 13.000 logements insalubres.

Titre du journal Nord-Eclair en mai 1955 (Document Nord-Eclair)

En mai 1955, en effet, le conseil municipal de Roubaix constate que de plus en plus les familles achètent des concessions et qu’à ce rythme, d’ici 3 ans, la réserve temporaire des terrains encore disponibles sera épuisé. Deux solutions sont donc envisagées : le maintien de l’ancien cimetière et la création d’une nouvelle nécropole ou la désaffectation du cimetière actuel et sa translation dans un endroit plus vaste.

C’est la 2ème solution qui est adoptée et le choix se porte sur la plaine de Beaumont située sur les territoires des communes de Hem et de Croix. Ce terrain d’une superficie de 60 hectares serait scindée en trois parties, ce qui permettrait d’en faire un cimetière intercommunal : 45 ha pour Roubaix, 10 ha pour Croix et 5ha pour Hem. La presse locale annonce le projet pour acquis.

Photo aérienne du cimetière de Lannoy dans les années 1950-1960 et plan IGN correspondant actuel (Documents IGN)

L’administration municipale de Hem, considérant la vocation résidentielle de la plaine de Beaumont, s’oppose fermement à ce projet et suggère qu’éventuellement, si un cimetière annexe s’avère réellement indispensable, elle pourrait en envisager l’implantation dans la zone rurale de son territoire, à côté du cimetière de Lannoy, situé lui aussi en territoire hémois. Cette suggestion est aussitôt rejetée par l’administration municipale roubaisienne.

Aucun accord n’étant trouvé, le projet est alors classé pendant trois ans et exhumé en 1958, quand le préfet du Nord prend un arrêté décidant la mise à l’enquête du dossier de la ville de Roubaix, concernant un cimetière intercommunal Roubaix-Hem-Croix. Entretemps le projet de lotissement du groupe de Beaumont II a été approuvé en 1956 et l’autorisation d’acquérir le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire a été accordée et celle-ci a été entreprise en fin d’année 1957.

A vous de juger (des amis de Hem) (document Historihem)

Le conseil municipal de Hem est donc plus que jamais opposé au projet de cimetière, pour des raisons évidentes de salubrité publique. La ville d’Hem, en la personne de Jean Leplat, son maire, rejette donc catégoriquement la conception d’un cimetière intercommunal Roubaix-Hem, car dans l’arrêté préfectoral de 1956 concernant le lotissement il est stipulé que le drainage dudit lotissement devra être exécuté de façon à faciliter l’évacuation des eaux du Cimetière intercommunal de Roubaix -Hem.

Or ces eaux seraient contaminées par des matières organiques en putréfaction et acheminées dans les réseaux d’égout des lotissements de Beaumont II, Beaumont I puis dans le collecteur de Carpeaux. Les Amis de Hem éditent quant à eux un tract destiné à aviser les habitants du quartier du danger qui les menace avec le nouveau projet de cimetière de 36 hectares comprenant ce qui reste de la plaine de Beaumont et une partie du plateau de la Tribonnerie.

Tract des Amis de Hem (Document Historihem)

Le préfet du Nord réagit à ce tract en précisant qu’il y a peu de chances que l’eau de la nappe soit en contact avec les corps mais qu’il est toujours possible de procéder à l’épuration des eaux de drainage du cimetière avant de les rejeter à l’égout. Il ajoute que par ailleurs la situation du cimetière projeté et des zones habitées n’est pas différente de celles de toutes les nécropoles de l’agglomération.

Le conseil municipal réaffirme son opposition au projet, considérant notamment que l’épuration des eaux de drainage du cimetière nécessiterait l’édification d’une usine d’épuration en pleine zone résidentielle et à proximité des lotissements de Beaumont et de la Citadelle. Le préfet confirme en réponse qu’une fois le projet au point, il le soumettra bien entendu au Conseil Départemental d’Hygiène.

Photos de Jean Leplat, maire de Hem, et Victor Provo, maire de Roubaix (Document Historihem et Wikipedia)

Jena Leplat, maire de Hem mais aussi médecin, s’étant battu contre le projet en tant que président d’honneur fondateur du syndicat d’initiative « les Amis d’Hem », cite en conclusion un extrait du rapport établi en 1945 par Guy Lapchin, alors urbaniste d’Hem et 10 ans plus tard architecte en chef du CIL de Roubaix-Tourcoing, comme argumentaire sur le plan humain.

Extrait du rapport de Guy Lapchin (Document Historihem)

Quelles qu’en soient les raisons le projet du cimetière de Beaumont est finalement abandonné et Jean Leplat, maire de Hem de 1947 à 1977, peut se targuer d’avoir su tenir tête à Victor Provo, maire de Roubaix de 1942 à 1977, ainsi que le montre avec humour la bande dessinée « Au temps d’Hem ».

J’ai fait peur à Victor (Document BD Au temps d’Hem)

Le seul cimetière de Hem reste donc celui qui se situe dans la rue du Cimetière, ancien chemin du même nom qui relie la rue du Docteur Coubronne à la rue de la Vallée. Ce cimetière connait alors un premier agrandissement, sur la droite par rapport à l’entrée qui se situait au centre, comme le démontre la photo aérienne de 1962 par rapport à celle de 1947. Le cimetière est alors pour vu d’une deuxième entrée sur la droite. Quant au cimetière de Lannoy, sur le territoire de Hem au bout de la rue des Trois Villes, il est ensuite intégré à la ville de Lys-lez-Lannoy dans la rue des Meuniers.

Photos aériennes du cimetière de Hem en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis en 1977, le cimetière s’agrandit à nouveau, cette fois sur la gauche, avec la construction d’une chambre funéraire et l’aménagement d’un parking avec une nouvelle entrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et en 1991, un colombarium, lieu fleuri et verdoyant disposant d’un jardin du souvenir, pour accueillir les cendres des défunts, est inauguré en même temps que le nouveau local technique destiné au personnel du cimetière.

Inauguration du colombarium en 1991 (Documents Nord-Eclair)
Photos aériennes de 1989 avec le bâtiment et le parking aménagé et de 2004 avec le colombarium (Documents IGN)

En 2004, à l’occasion de la commémoration du 06 juin 1944, la rue du Cimetière est transformée en rue du 06 juin 1944. Un cortège prend le départ de l’hôtel de ville jusqu’à l’ancienne rue du Cimetière et l’inauguration de la nouvelle rue a lieu, suivie du dévoilement des plaques par le député maire Francis Vercamer, en présence des élus, des représentants des associations patriotiques et de riverains.

Dans son discours le maire rappelle le sens de cette démarche et le choix de célébrer ce 60ème anniversaire en baptisant ainsi une rue historique dans laquelle se trouvent les marques du souvenir. Cette rue a en effet été marquée par les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale, des soldats anglais y ayant à l’époque trouvé refuge chez Anna Reversez, dont cet acte de résistance lui coûta la vie en déportation à Dachau et dont les descendants sont présents pour cette journée d’hommage.

Dévoilement de la plaque de la nouvelle rue sur l’ancien café de la Paix lieu de rendez-vous avec le fossoyeur à la fin du 19ème siècle (Documents Historihem Nord-Eclair)

Dans les années 2020, le cimetière s’est encore étendu sur la droite jusqu’à l’avenue d’Aljustrel. L’ancien cimetière entouré de champs fait maintenant face au Jardin des Perspectives et a donc conservé son cadre paisible, même si les arbres qui ont longtemps bordé la rue ont aujourd’hui disparu. Il dispose toujours de l’ancienne entrée principale, de l’entrée plus à droite et de la nouvelle entrée donnant sur le parking.

Photo aérienne de 2023 et les 3 entrées sur la rue du 06 Juin 1944 de gauche à droite (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Pompiers de Roubaix (Suite 3)

En 1978, les pompiers doivent intervenir à 4 reprises pour des incendies dans l’ancienne usine désaffectée qui se dresse encore sur le futur emplacement de leur nouveau centre secours. Le bâtiment étant ouvert à tous vents, chaque nouveau foyer d’incendie, volontaire ou non, trouve un aliment de choix dans les décombres ou les vieilles boiseries. A chaque fois les flammes gagnent la toiture rapidement mais le feu se laisse éteindre sans résistance.

Dès 1981, le terrain de 12.000 mètres carrés situé boulevard de Mulhouse est prêt à accueillir le nouveau centre de secours. Les bâtiments de l’ancienne teinturerie SATTI (Société Anonyme Textile Teinture et Impression) Guaydet devenue ensuite Jean-Lagrange sont détruits depuis plusieurs mois mais rien ne bouge.

Papier à en-tête et plan de situation de la SATI en 1964 (Documents archives municipales)
L’intervention sur l’usine désaffectée en 1978 et le terrain dégagé du futur centre de secours bd de Mulhouse en 1981 puis le gros-oeuvre terminé en septembre 1983 (Documents Nord-Eclair)

Le projet, très onéreux, doit être réparti sur 3 exercices financiers. Les travaux de terrassement et les fondations devraient donc bientôt commencer mais la construction ne devrait pas être terminée avant 1984. Finalement en 1983, le gros œuvre de la nouvelle caserne est pratiquement terminé et la presse locale titre : A la nouvelle caserne des pompiers, l’ordinateur aux côtés des lances en 1984.

Le corps de bâtiment en arc de cercle, percé d’un autre immeuble, a pris sa forme définitive et on attaque désormais la phase d’aménagement intérieur. Le bâtiment cubique renferme, au rez-de-chaussée le poste de commandement puis le garage avec les portes de travée et les chambres des sapeurs-pompiers. Trois capteurs solaires sur le toit et trois pompes à chaleur contribuent au chauffage de l’immeuble.

Plan de masse et plan du rez-de-chaussée du nouveau Centre de Secours (Documents archives municipales)

Le bataillon Nord y sera hébergé aux côtés du centre de secours de Roubaix et les fichiers répartis entre les différents centres de secours y seront centralisés en un seul programme informatique. De même le standard va absorber toutes les lignes 18 qui jusqu’alors aboutissent dans les différents centres détachés du bataillon Nord. 26 communes rattachées à divers centres passeront ainsi sous son contrôle informatique.

Façade de la nouvelle caserne, poste de commandement en cours d’installation, informaticiens occupés à réaliser les programmes en juillet 1984 (Documents Nord-Eclair)

L’ordinateur à Roubaix ne sera pas utilisé en priorité à des fins administratives mais dans une perspective opérationnelle. Au poste de contrôle de la zone, au rez-de-chaussée du bâtiment cubique par laquelle on accède à la nouvelle caserne, huit terminaux : 3 d’entre eux traitent les appels téléphoniques reçus grâce à un standard relié à un autocommutateur électronique, un autre détermine les moyens à mettre en œuvre, les 4 derniers étant affectés à la gestion des matériels.

Photos de la nouvelle caserne en 1984 (Documents archives municipales)

Le tout nouveau centre de secours est inauguré le 1er octobre 1984 en présence de Mrs Notebart et Diligent, du Colonel Gilardo, directeur départemental de la sécurité civile, du colonel Bronchart, chef de corps, des lieutenants colonels Forzano et Delemme, du capitaine Deloof commandant du centre de secours de Roubaix, de Mr Prouvost, député du Nord, Mrs Delefosse et Doscot, vice-présidents de la Communauté Urbaine, du médecin colonel Poulain et de Mr Perrin, secrétaire général de la Communauté Urbaine.

Les personnalités autour des véhicules, Mr Notebart passant les sapeurs-pompiers en revue, le poste de commandement informatisé (Documents Nord-Eclair)

L’inauguration s’accompagne d’une journée portes ouvertes à l’attention de la population de l’agglomération roubaisienne. La visite des locaux se termine par une exposition composée de 14 stands : comité pharmaceutique régional d’éducation sanitaire et sociale, Haas Elite (extincteurs, etc…), l’amicale des donneurs de sang bénévoles de Roubaix, la société de mycologie du Nord, l’amicale des sapeurs-pompiers de Roubaix, le syndicat des pharmaciens, EDF, la CRAM, la prévention routière, le SMUR de Roubaix, l’association départementale de la protection civile, la Croix-Rouge française et les 5 gestes qui sauvent. Est également annoncée la venue d’un hélicoptère de la protection civile.

Photo de la maquette du nouveau centre de secours et de l’inauguration ainsi que des pompiers posant dans la cour autour d’un véhicule (Documents archives municipales)
Les pompiers en 1985 dans leurs nouveaux locaux (Documents Nord-Eclair)

En 1985, les roubaisiens assistent à la démolition de l’ancienne caserne, côté Gambetta, à l’explosif, d’abord, avec 1,8 kg de dynamite soit une centaine de charges explosives placées au pied des piliers, et la moitié de la caserne est à terre, déblayée de suite par les pelleteuses. Puis c’est le côté Pierre de Roubaix qui est attaqué au « Punching-Ball », balancé sans ménagement dans les murs depuis un câble attaché à une grue, et le clocheton rend l’âme à son tour. La pierre signant la construction sur laquelle est lisible l’inscription : L.Barbotin, architecte, 1912, est récupérée par les sapeurs-pompiers roubaisiens pour être transportée à la nouvelle caserne du bd de Mulhouse afin d’enrichir le musée des sapeurs-pompiers de Roubaix.

La fin de la légendaire caserne Gambetta a ainsi lieu quelques jours seulement avant la pose de la première pierre de la future Caisse d’Allocations Familiales, qui va disposer de magnifiques bureaux pour remplacer ceux qu’elle occupe actuellement Grande Rue. Un trimestre plus tard la filature Motte-Porisse de la rue Jean Moulin prend feu (sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé Motte-Porisse en feu).

La démolition de la caserne en 1985, côté Gambetta (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord))
La démolition de la caserne en 1985 (Documents Patrick Vanhove)
La démolition côté Pierre de Roubaix et la récupération de la pierre (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

Cinq ans plus tard les sapeurs-pompiers du nouveau centre de secours battent tous les records de la métropole avec 7760 interventions au cours de l’année, nombre impressionnant mais assez naturel puisque la population gérée se monte au total à 220.000 habitants.

La 8ème compagnie, la plus importante de la CUDL, y fait face avec un solide effectif de 108 hommes, sous les ordres du capitaine Barthod. Elle vient de se doter d’un nouveau fourgon-compresseur, unique dans toute la CUDL: camion permettant la recharge immédiate des bouteilles d’air pour appareils respiratoires, utilisés par les pompiers dans les locaux enfumés par exemple.

Le capitaine Barthod et le lieutenant Desormeaux devant le fourgon-compresseur flambant neuf en 1990 (Document Nord-Eclair)

En 1994, pour les 10 ans d’ouverture du nouveau centre de secours, une grande journée portes ouvertes est à nouveau organisée avec un festival de démonstrations plus impressionnantes les unes que les autres : voitures en feu, grande tour d’exercice, départs en hélicoptère, grande échelle hissée…

Un monde fou pour voir la grande échelle se déployer, exercice de descente en rappel vertigineuse, démonstration d’intervention en cas d’accident de voiture (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui le 34 bd de Mulhouse accueille toujours le centre de secours qui va fêter ses 40 ans d’existence l’an prochain. Il se nomme maintenant SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours. Si l’organisation, le lieu d’hébergement, le matériel et les hommes ont changé depuis la fondation du 1er corps de pompiers de Roubaix la devise des soldats du feu : « sauver ou périr » a traversé les siècles.

Véhicule actuel, le centre de secours vu du bd de Mulhouse et vu du ciel (Documents Facebook des pompiers de Roubaix et google Maps)

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Pompiers de Roubaix (Suite 2)

Entretemps, en 1907 et 1908, l’ancienne mairie, l’ancienne bourse et le premier hôtel des pompiers sont voués à la démolition, en vue de la future construction du nouvel Hôtel de Ville. En attendant leur installation dans la nouvelle caserne en construction sur le boulevard Gambetta (à l’emplacement actuel de la Caisse d’Allocations Familiales), le corps des sapeurs pompiers de Roubaix trouve un refuge provisoire au 99 du boulevard (qui se situe à l’époque entre la place de la Liberté et la rue du Bassin).

A cet effet, un bail de 4 ans est signé en 1906 entre la ville de Roubaix et Mme Lorthiois-Galpin, propriétaire de l’immeuble. L’état des lieux fait état d’un magasin, d’une écurie pour 6 chevaux, d’un séchoir pour tuyaux d’incendie, d’un poste de pompiers avec un tableau pour appareils téléphoniques et d’une porte cochère sur la façade donnant sur la rue. Au 1er étage trois chambres donnant sur la rue permettent de caserner quelques pompiers, les autres pompiers casernés recevant une indemnité pour se procurer un logement dans un rayon de 500 mètres de la caserne provisoire.

Les chevaux dans la caserne provisoire (Document collection privée)
La nouvelle caserne en construction et la première auto-pompe (Documents Journal de Roubaix et Nord-Eclair)
Le nord en avance sur l’Amérique ( Document Grand Hebdomadaire Illustré)

C’est en 1910 que la nouvelle caserne, construite au n° 128 du Boulevard Gambetta, à l’angle de la rue Pierre de Roubaix est inaugurée, le 26 novembre (Sur le sujet voir également un article précédemment paru sur notre site et intitulé l’Hôtel des Pompiers). Elle est dotée de sa première auto-pompe : une Delahaye-Farcot aux cuivres rutilants qui refoule 72.000 litres à l’heure et peut lancer de l’eau à 60 mètres de hauteur. Hormis ce véhicule à essence, la traction hippomobile reste le moyen de déplacement habituel des pompiers en cette 1ère moitié de vingtième siècle.

Nouvel Hôtel des Pompiers (Documents collection privée)
La grande échelle en traction hippomobile à la même époque (Documents Nord-Eclair)
Auto-pompe à essence et grande échelle pivotante (Documents collection privée)

Le rez-de-chaussée comprend une vaste salle avec les services de départ attelé où la pompe automobile a sa place, en communication directe avec la rue par 4 grandes portes cochères. Les box des chevaux se trouvent derrière. Le bureau des officiers, celui de l’adjudant et la salle du télégraphe et le corps de garde donnent sur la rue Pierre de Roubaix. Les premier et second étages servent de logements aux sapeurs casernés. Depuis les étages les hommes accèdent vivement à la salle du matériel en se laissant glisser le long des perches verticales installées à cet effet.

La salle du rez-de-chaussée où est remisé le matériel (Document Journal de Roubaix)

Les pompiers casernés passent alors de 6 à 14 : les 6, considérés comme exerçant une profession spéciale comme mécanicien, téléphoniste, conducteur… sont logés à la caserne avec leur famille ; les 8 autres sont casernés mais leur famille quant à elle n’habite pas la caserne. En plus des pompiers casernés, chaque nuit un cocher auxiliaire est de service et 2 départs sont constamment prêts à partir : 6 chevaux sont tout harnachés et la pompe automobile prend place dans le dépôt des pompes.

Après la première guerre mondiale, une deuxième auto-pompe est acquise ainsi qu’un camion automobile doté de deux grosses lances et de quatre petites. La grande échelle est désormais tractée par l’auto-pompe : l’ère du cheval est terminée. 15 ans plus tard le matériel ne change guère : 3 auto-pompes dont l’une porte la grande échelle, 2 moto-pompes et une camionnette. A noter, dans les années 1920, le dramatique incendie aux Ets Demarcq frères, Quai du Sartel, au cours duquel Marie Buisine trouve la mort (Sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé : une héroïque ouvrière).

Le centre de secours contre l’incendie à l’Exposition de 1939 à Roubaix (Document collection privée)

En 1939, durant l’exposition du Progrès Social, le matériel de secours contre l’incendie est exposé à Roubaix. Durant la seconde guerre les seuls nouveaux véhicules sont : un camion pour le matériel, une dépanneuse, une ambulance et une fourgonnette pour feu de cheminée. En 1950, la caserne est dotée d’un nouveau fourgon permettant un combat plus efficace contre les incendies.

Totalité du matériel rassemblé sur le terre-plein du boulevard Gambetta à la fin de la guerre et la grande échelle en 1946 (Documents Nord-Eclair, BNR et archives municipales)
La caserne du boulevard Gambetta et le nouveau fourgon acquis en 1950 (Documents collection privée et la Voix du Nord)

Dans les années 1960, le matériel est complétement renouvelé, la technique étant en pleine mutation, en vue de permettre une protection optimale contre les fléaux de l’an 2000 ! La moitié des pompiers connait alors à peine l’autre moitié car chaque homme travaille 24 heures sur 48. Une équipe de garde d’une quarantaine d’hommes entre en fonction à 8h du matin et se voit remplacer le lendemain à la même heure par l’autre équipe.

La prise de garde commence par la liste des « piquets » fournie par l’adjudant : chacun apprend alors la fonction qui lui est attribuée pour la journée : entretien du matériel, exercice physique (avec terrain de basket dans la cour), enseignement théorique, mémorisation des plans des communes entrant dans leur champ d’action et manœuvres diverses se succèdent entre les alertes. Deux ambulances comportant un système de réanimation respiratoire peuvent emmener un médecin pour pratiquer les soins d’urgence.

La cour de l’hôtel des pompiers vue du ciel en 1965 avec l’aménagement du terrain de basket (Document IGN)
Ensemble des véhicules dont dispose la caserne roubaisienne et une sortie de véhicules par les portes cochères (Documents Nord-Eclair et collection privée)
Entraînement des pompiers (Document Nord-Eclair)

Pour faire face aux feux d’usine les équipes reçoivent une formation adaptée : les nouvelles fibres manufacturées dans le textile produisent des gaz toxiques en brûlant ; d’autres établissements, dans la métallurgie, emploient dorénavant des matériaux radioactifs et les pompiers sont donc équipés de combinaisons étanches, de masques de protection et de capteurs Geiger. Enfin une douzaine d’hommes grenouilles sont formés à la recherche des noyés et au sauvetage des occupants des véhicules tombés à l’eau.

Ambulances équipées, équipement contre les vapeurs toxiques, équipement contre la radioactivité et lutte contre un incendie dans une usine de pneumatiques (Document Nord-Eclair)

Le corps de pompiers se monte à 96 professionnels en 1968, ce qui permet à quarante sapeurs-pompiers de veiller à la sécurité de la ville 24h/24. Mais les interventions de la compagnie s’effectuent aussi sur 15 autres communes du secteur. A compter de cette même année tous les corps de pompiers sont placés sous l’unique commandement du chef de corps de Lille.

Trois ans plus tard, les pompiers de Roubaix font grève et manifestent, sous le regard bienveillant des habitants, pour réclamer une augmentation de salaire conséquente, celui-ci ne s’ajustant pas à la multiplication du nombres de sorties annuelles effectuées pour tous types d’intervention : incendies mais aussi accidents de la circulation, transport des blessés et des malades, destruction de nids de guêpes mais aussi fausses alertes de plaisantins…

La réorganisation des services doit aboutir, à court terme, à la création de 16 ou 17 centres uniquement composés de pompiers professionnels et c’est à Roubaix que va être installé l’un des centres les plus importants de la métropole. La caserne installée boulevard Gambetta est donc condamnée.

Manifestation des pompiers de Roubaix en 1971 (Document Nord-Eclair)
La caserne en 1982 côté Pierre de Roubaix (Document archives municipales)
Les véhicules devant la caserne dans les années 1980 (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Pompiers de Roubaix (Suite 1)

Mais 20 ans plus tard deux nouveaux incendies se déclarent à la filature monstre, sur 2 mois de temps, lesquels s’avèrent fatals à la vieille usine. L’incendie fatal commence par un nettoyage :

« Le contremaître Fassin raconte qu’il devait surveiller deux salles de l’usine, situées aux deuxième et troisième étages. Il arrive un quart d’heure avant le début du travail fixé à 6 heures, passe chez le concierge pour prendre un bec de gaz au moyen duquel il doit ensuite allumer ceux des salles dont il a la charge ; pendant ce temps les fileurs et leurs aides arrivent progressivement pour commencer le nettoyage des métiers, comme tous les samedis. »

Une jeune rattacheuse de 14 ans raconte la scène « Mon fileur prenait son temps avant la mise en mouvement de la machine en nettoyant d’avance l’arbre de transmission et la poulie de renvoi, passant horizontalement au-dessus des métiers, à cet effet avec une brosse à la main, il nettoya l’arbre dans le sens de sa longueur, poussant ainsi vers la poulie les poussières qui se massèrent et finirent par former un petit volume. »

Avant la fin du nettoyage la machine se met en route, projetant la poussière sur un bec de gaz, enflammant le métier à filer, puis l’usine toute entière… La famille Motte-Bossut décide de rapatrier la production dans des bâtiments annexes voisins : la deuxième usine Motte-Bossut (siège actuel des Archives du Monde du Travail), construite en 1863, à côté de ce qui était un bras mort du canal de Roubaix et qui devint le boulevard Gambetta.

Elle est aménagée de telle sorte que les risques d’incendies soient limités (les planchers en bois étaient un facteur de risque extrêmement important). Plus aucun matériau de construction inflammable : des « voûtains en briques » reposant sur des poutres en fer et des poteaux en fonte. Cette usine, au profil si particulier évoquant un château fort, on la connaît encore aujourd’hui.

La nouvelle usine Motte-Bossut (Document collection privée)

Durant toute cette période de nombreux soldats du feu laissent leur vie dans les incendies qu’ils combattent. Ainsi en 1859, le pompier César Delannoy, chute depuis le 4ème étage d’une plate-forme à demi-gelée dans les Ets Motte Bossut et Cie et meurt à l’hôpital des suites de ses blessures. En 1870, c’est Louis Desmet qui meurt dans l’incendie de l’Estaminet Au Lapin Gris sur la Grand Place. Et en 1901, dans le sinistre frappant les Ets Charles Tiberghien, rue du Pays, les 3 pompiers Notte, Wante et Vercoutère trouvent la mort en faisant leur devoir (Sur ce sujet se référer à un précédent article paru sur notre site sous le titre Les pompiers Notte, Wante et Vercoutère).

A cette époque la compagnie des pompiers de Roubaix compte 181 hommes et possède 9 pompes dont une aspirante et refoulante et une rotative. Dix ans plus tard la ville compte 80.000 habitants et les manufactures se font de plus en plus nombreuses. Le corps communal de sapeurs-pompiers relève à compter de 1875 du ministère de l’intérieur et certains peuvent être recrutés sous statut militaire.

Les pompes à bras, crochets à feu et boyaux graissés commencent à faire vieux jeu et la ville fait l’acquisition d’un appareil révolutionnaire pour l’époque : la pompe à vapeur. Elle peut débiter 1300 litres à la minute alors que l’antique pompe à bras n’en produisait que 250 à 300. L’engin, solidement construit comprend un châssis porteur nanti d’un timon permettant d’atteler deux chevaux rapides. La pompe elle-même comprend un appareil moteur alimenté par une chaudière verticale en cuivre rouge. Une chauffe de 10 à 15 minutes suffit à la mettre sous pression. En l’allumant dès l’avis d’incendie, les lances peuvent donc être mises en batterie dès l’arrivée sur les lieux du sinistre.

En 1883, Roubaix connait le plus grand sinistre de son histoire avec 12 piqurières des Ets Dillies et Cie qui trouvent une mort affreuse dans l’incendie de leur usine. Les bâtiments qui abritent alors 700 à 800 ouvriers au peignage, à la filature ou au tissage, alignent leurs murs le long de quatre rues : du Coq Français, des Longues Haies, des Filatures et Saint-Jean.

Dans un atelier de piqurage du 2ème étage travaillent une quarantaine de piqurières pour la plupart des jeunes filles âgées de 15 à 25 ans. Au cours de manipulations une bouteille de benzine se brise dont le contenu se répand sur le sol et dans la cage d’escalier. Là un bec de gaz allumé enflamme le liquide et en une seconde les flammes embrasent l’étage et l’escalier.

Une deuxième bouteille explose alors et une ceinture de feu encercle les ouvrières qui, affolées, tentent de se sauver. Si une quinzaine de femmes réussit à s’échapper par les toits, cinq d’entre elles se jettent par les fenêtres dans la rue ou la cour de l’usine, se tuant sur le coup ou se blessant grièvement. Celles qui restent sont acculées par les flammes à l’extrémité de la salle où leurs corps sont retrouvés carbonisés.

Ets Dillies et Cie reconstruits après l’incendie (Documents Voix du Nord)

Au tout début du XXe siècle, un poste central de télégraphe est installé à la caserne avec appareil Morse et téléphone. Quatre appareils Morse sont disposés aux 4 coins de la ville et permettent d’avertir instantanément la caserne en cas d’incendie et de communiquer les premiers renseignements sur la nature et l’importance du sinistre. Par ailleurs 36 avertisseurs sont disposés dans les quartiers de Roubaix et il suffit de casser la vitre et d’appuyer sur un bouton pour qu’une sonnerie retentisse dans la caserne. Le lieu de l’incendie est alors identifié au 1er coup d’oeil puisqu’au tableau une lampe indique le numéro de l’avertisseur. Chaque usine est par ailleurs munie d’un avertisseur directement relié à la caserne.

Il existe également un service de guet qui veille 24h/24 du haut de la tour de Notre-Dame (clocher le plus élevé de Roubaix). Trois guetteurs s’y relaient jour et nuit pour épier le moindre signe de fumée, la moindre lueur rouge. Ils rendent compte par téléphone ou par transmetteur Morse de leurs observations.

Les pompiers en exercice ou en intervention dans les années 1910 (Documents BNR)

Une fois l’incendie détecté se met en place tout un système d’alertes avec pas moins de 55 tocsins de rue : grosses cloches servant à avertir les pompiers volontaires qu’un sinistre a pris naissance dans leur secteur. Il y a également 6 tocsins d’église mis en branle électriquement à partir de la caserne des pompiers.

Sitôt le signal donné chacun endosse son équipement avant de se rendre dans le centre annexe du quartier pour y sortir les pompes à bras (il en existe 9 disséminées dans la ville) tandis que les véhicules plus importants : pompes à vapeur et grandes échelles arrivent directement de la caserne centrale.

Ainsi en 1896, lors de l’incendie du peignage Alfred Motte et Cie, rue d’Avelghem, de nuit, le tocsin se fait entendre dans toutes les paroisses de la ville tandis que l’avertisseur situé Grande Rue, prévient le poste central à la caserne. En peu de temps l’incendie ravage la moitié du corps de bâtiment et les pompiers mettent de suite la pompe à vapeur en batterie rue des Soies et les autres pompes rue d’Avelghem le long du canal et Quai de Wattrelos. Avec le renfort des pompiers de Tourcoing et de ceux de l’usine Holden de Croix, le sinistre est enfin maîtrisé au petit matin et une seule victime est à déplorer.

Défilé de pompiers boulevard de Paris en 1905 et revue de pompiers devant l’ancienne bourse en 1908 avant sa destruction (Documents BNR)

En 1904, la ville fait l’acquisition de 3 masques « pare-vapore » lesquels permettent de rester plus de 30 minutes dans les fumées et les émanations nocives d’un incendie. En 1906, obligation est faite par arrêté municipal aux véhicules de laisser la place aux voitures de pompiers. L’hôtel des pompiers est à l’époque le témoin de nombreuses fêtes joyeuses et animées notamment à la Saint-Mamert, alors patron des pompiers. Enfin en 1908, une nouvelle pompe à vapeur remplace l’une des 2 anciennes, vendue l’année précédente car obsolète.

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Pompiers de Roubaix

C’est au Moyen-Age, en 1477, que Roubaix, alors gros bourg rural d’une centaine de « feux » (familles), devient la proie des flammes pour la 1ère fois dans le cadre de la rivalité entre le roi de France Louis XI et son rival le puissant duc de Bourgogne. Tournai est occupée et Wattrelos et Roubaix brûlées par les troupes du roi de France.

Roubaix au Moyen-Age ( Document Voix du Nord)

Deux siècles plus tard, un terrible incendie prend dans les maisons de bois aux toits de chaume, lequel ravage toute une partie de la ville. Il éclate dans la rue Pauvrée, gagne et dévore la chapelle du Saint-Sépulcre (à l’emplacement de la Banque de France, Place de la Liberté) et se répand le long de la Grand Rue et jusqu’à la Grand Place avant de s’arrêter à l’Hôpital Sainte Elisabeth dont seules les toitures sont atteintes. L’église Saint Martin et le château sont épargnés.

Roubaix à l’époque en croquis (Document Thierry Prouvost)

Les moyens de secours prévus à l’époque contre les incendies paraissent alors pour le moins dérisoires : sept douzaines de seaux en cuir acquis 2 ans plus tôt et confiés à 14 particuliers, avec injonction de les pendre à l’entrée de leur logis et d’en faire bonne garde, c’est là la totalité du premier matériel de secours mentionné à Roubaix dans un document officiel.

A l’orée du 18ème siècle, les échevins de Roubaix et Tourcoing passent un accord de mutuelle assistance et se munissent à cette fin de seaux, d’échelles et de crochets. Pourtant malgré la volonté des édiles les premières collaborations ne vont pas de soi, les pompiers de Roubaix se perdant dans la campagne entre les deux villes alors qu’ils voulaient porter secours à Tourcoing.

Quelques années plus tard lorsque les troupes de l’empire austro-hongrois font le siège de Lille, les dragons du Prince de Hesse mettent Roubaix à feu et à sang. Le château, la salle échevinale et l’hôpital sont mis à sac et bon nombre de maisons sont abattues, dégradées ou livrées aux flammes.

Ancienne enseigne du cabaret « A la réunion des pompiers » situé sur la Grand Place (Document Nord-Eclair)
Extrait du règlement du premier corps de pompiers de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Si les pompes à incendie commencent alors à être utilisées à Paris ce n’est en revanche pas l’usage à Lannoy, Tourcoing et Roubaix (alors la moins importante des trois villes). A Roubaix, les ruraux habitant à l’extérieur des haies de l’enceinte du bourg se refusent à faire les frais d’un matériel coûteux surtout destiné à protéger les gens de la ville. De ce fait c’est décidé : Roubaix n’aura pas ses pompes. La première pompe à bras de Roubaix n’est donc acquise qu’après la révolution après plusieurs années d’épargne car elle coûte très cher.

Quant au premier corps de pompiers volontaire de la ville, sa constitution n’a lieu qu’en 1805,en raison du développement de la commune et de l’accroissement de son artisanat textile. Il se compose de 21 hommes y compris un chef. Les pompiers de l’époque ne perçoivent aucun salaire et, le maire n’ayant aucun budget pour le faire, c’est aux habitants que la ville fait appel pour leur assurer certaines gratifications pour leurs bons services.

Les soldats du feu sont alors dotés d’un splendide uniforme : habit gris mêlé, doublure écarlate, collet, revers et parements en velours noir avec passe-poil rouge, boutons en cuivre jaune, pantalon gris mêlé, guêtres noires et casque en cuivre jaune. 10 ans plus tard la compagnie augmente jusqu’à 80 hommes et son matériel est complété de 2 pompes munies de leurs agrès.

Extrait de règlement corps de pompiers de la ville en 1829 (Document Archives Municipales)

Le corps communal de sapeurs-pompiers est constitué en 1831 et fait alors partie de la garde nationale. Leur uniforme est encore plus magnifique : habit bleu foncé, collet, parements de velours noir, passe-poil rouge, pantalon et gilet bleu, boutons jaunes, demi guêtres noires et bien sûr casque en cuivre. La compagnie se voit adjoindre une musique d’instruments en cuivre dont les musiciens portent le colback (bonnet en forme de cône tronqué). Par ailleurs, à leur demande ils sont bientôt munis d’une arme qu’ils arborent fièrement lors de leurs défilés.

Médaille décernée aux sapeurs pompiers de la ville qui s’activent autour d’une pompe à bras (Document Nord-Eclair)

En 1840, la ville achète une partie de terrains et de bâtiments provenant de l’ancien Hôpital Sainte-Elisabeth et un grand bâtiment à usage de filature et d’habitation rue Neuve. L’Hôtel de Ville et un Hôtel des pompiers sont construits de 1844 à 1846 sur une partie de ces 2 terrains tandis que le reste est affecté à divers services municipaux : bibliothèque, archives, salles de Musique, Musée et Bureau de Police de Sûreté.

Le 24 Mai 1846, la mairie inaugure le premier hôtel des pompiers de Roubaix au cours d’une cérémonie attirant une foule importante sur ce terrain communal contigu à la place de la Mairie auquel on accède en passant entre la mairie et l’ancienne bourse du commerce. Il s’agit d’un bâtiment fort spacieux, composé au rez-de-chaussée d’un vaste local pour le dépôt du matériel et d’une buvette, et à l’étage de salons particuliers pour les réunions du conseil d’administration et la réunion du corps tout entier.

Les corps de pompiers des villes et communes voisines de France comme de Belgique y sont conviés. La fête militaire commence par un tir à la cible horizontale au cours duquel s’affrontent toutes les compagnies et subdivisions de compagnies de sapeurs-pompiers. Parallèlement, toutes les musiques accompagnant les détachements de pompiers participent à un festival au cours duquel chacune joue 2 morceaux de son choix. C’est la musique des pompiers de Roubaix qui ouvre le festival et celle de la garde nationale qui le clôture. Enfin un bal est offert aux détachements étrangers le soir dans le bâtiment tout juste inauguré.

L’ancienne mairie et l’ancienne bourse avant 1907 et une photo de la cour de l’hôtel des pompiers de l’époque (Documents BNR et Nord-Eclair)
Plan de l’Hôtel des pompiers : vue du rez-de-chaussée et coupe longitudinale et extrait du document relatif à l’inauguration (Documents archives municipales)
Dans le petit musée de cet hôtel des pompiers : une pompe de 1815, un drapeau de 1843, des haches et le portrait d’un des plus illustres capitaines de pompiers de la ville : Argillies, mort au feu dans l’incendie du café des Arcades (Document Nord-Eclair)

Un échange de courriers entre le maire de Roubaix et le préfet du Nord démontre que les risques d’incendie dans les manufactures sont à l’époque connus, les ouvriers qui travaillent et fabriquent la nuit compromettant ainsi la sécurité publique et pouvant occasionner des incendies. Pourtant la conclusion est que des mesures prohibitives seraient préjudiciables à l’activité commerciale de la ville dont les produits acquièrent alors une réputation de plus en plus étendue.

Les sinistres sont en effet nombreux dans les usines de Roubaix dans les décennies qui suivent. Ainsi en 1833, la filature Desvignes-Duquesnoy, rue Neuve est la proie des flammes mais fort heureusement grâce au déploiement rapide des grandes échelles, les ouvriers sont sains et saufs. En 1845, c’est la filature Duriez Fils rue de la Fosse aux Chênes puis celle de A.Dervaux et Delattre-Libert qui subissent un énorme incendie.

Et, la même année, soit l’année de sa construction, c’est l’incendie de l’usine « monstre » : la première filature Motte-Bossut, située près de l’emplacement de la future Grand Poste . Les roubaisiens la trouvaient gigantesque et impressionnante avec ses lueurs de chaudières rougeoyant dans la nuit.

Chariot pour pompe à bras et petit matériel dans un catalogue de la 2ème moitié du 19ème siècle (Document archives municipales)

Les pompiers ne disposaient alors que d’une simple pompe à bras. Les boyaux ou tuyaux devaient être graissés régulièrement. La presse de l’époque décrit la scène:« dépourvus de moyens efficaces pour arrêter l’incendie (…) Plusieurs de ces malheureux poussaient des cris lamentables, d’autres voulaient se précipiter par les fenêtres. On en vit un se laisser glisser adroitement d’étage en étage et parvenir jusqu’à terre sans accident. Quelques-uns descendirent au moyen des cordes enlevées à leurs métiers.  »

Heureusement qu’à l’époque, le canal n’était pas loin : le pont de l’Union reliait alors la rue de la Tuilerie à la rue de l’Union en enjambant le canal qui suivait le tracé du boulevard Leclerc. A noter la forme caractéristique des casques de cuivre portés par les soldats du feu à l’époque. L’usine est alors sauvée pour un temps.

L’usine monstre (Document collection privée)
L’incendie (Documents collection privée)

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

La résidence des Aulnes

Suite et fin d’un précédent article intitulé : la Fondation César Parent

Puis de 1989 à 1992, une nouvelle grande rénovation de la maison de retraite est accomplie afin de donner naissance à la Résidence des Aulnes. Des lieux de vie plus spacieux sont pensés pour rendre le séjour plus agréable et les différentes parties du bâtiment doivent être rendues plus faciles d’accès et conformes au nouvelles normes en vigueur.

Pose de la 1ère pierre par Mme Massart (Document Historihem)

Ces travaux constituent une grande opération d’humanisation qui s’avère très coûteuse. Le Conseil Général et la Communauté Urbaine sont de gros contributeurs mais 60% des frais engagés doivent être financés par des emprunts garantis par les villes voisines en témoignage de solidarité. Il ne suffit pas seulement en effet de rénover le bâtiment existant mais aussi de lui adjoindre une construction moderne.

Les travaux en voie d’achèvement en 1991 (Documents Nord-Eclair)

Et pendant tout ce temps que dure la construction et la réhabilitation il faut maintenir les résidents dans le confort et la sécurité, tâche à laquelle s’est vaillamment attaquée Mme Barbeau, la directrice, avec son équipe, ainsi que le souligne Mme Massart, maire de Hem, dans son discours d’inauguration en 1992.

Inauguration en 1992 de la Résidence des Aulnes (Document Historihem)

Au cours de la cérémonie d’inauguration, Mr Echevin, maire de Lannoy a fait un rappel de l’histoire de la résidence et Mr Derosier, président du Conseil Général, a mis en avant la politique du département en faveur des personnes âgées, mettant l’accent sur la prise en charge du prix de journée au titre de l’aide sociale, ainsi que sur la création de places : 100 lits aux Aulnes dont 35 médicalisés, et l’aide au maintien à domicile.

Ainsi les travaux réalisés aux Aulnes permet d’offrir aux pensionnaires des chambres individuelles, décorées de couleurs tendres, un mobilier adapté et un équipement complet au sein de l’établissement. Les chambres du 2ème étages ont ainsi vu les mansardes disparaître afin d’obtenir des chambres plus spacieuses et lumineuses.

Chambres du 2ème étage après suppression des mansardes vues de l’extérieur (Documents Historihem)

2 ans plus tard, en 1994, la résidence fête ses 3 centenaires, et 7 médaillées, dévouées au service des personnes âgées depuis au moins 20 ans. Un Hommage tout particulier est rendu à Mme Leruste qui fête à la fois ses 20 ans en tant que veilleuse de nuit à la résidence ainsi que son départ en retraite. La cérémonie se déroule en présence des maires de Hem et Lannoy, de nombreux adjoints et membres du conseil d’administration.

2 des 3 centenaires et 7 médaillés (Document Historihem)

C’est en 2002 que la résidence est transformée juridiquement en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) par arrêté préfectoral et en janvier 2010 Claudine Graver en devient la directrice.

Au cours de la 2ème décennie du 21 ème siècle, la Résidence des Aulnes connaît un nouvel agrandissement et aménagement. Un chantier de reconstruction de l’établissement dans sa globalité, d’une durée de 30 mois démarre ainsi en 2016. La restructuration programmée permet une extension portant à 105 le nombre de chambres dont 80 places d’hébergement classique et 25 places en Unité de Vie Alzheimer.

L’Ehpad en 2008, 2016, 2017 et 2020 (Documents Google Maps)

A l’issue des travaux, toutes les chambres sont individuelles et disposent d’une salle de bains ; la résidence dispose d’un grand hall d’entrée avec son estaminet ; la restauration en salle ou en chambre est prise en charge par une équipe dynamique ; une salle de bains bien-être est mise à disposition des résidents.

Chambre, hall d’entrée, équipe de restauration, salle de bains bien-être (Documents site internet)

Un siècle et demi après sa création, l’hospice est donc devenu un EHPAD du futur selon la Voix du Nord, l’idée de l’architecte étant de garder le vieux bâtiment pour conserver l’âme de l’ancien mais en faire un lieu adapté. Quant aux extensions arrières du bâtiment, elles sont détruites pour laisser la place à une construction neuve collée à l’ancien édifice de la rue Jules Guesde.

La volonté est de créer un « comme chez soi »où les résidents ont la liberté d’aller et venir tout en trouvant à l’intérieur de la résidence des services de proximité : estaminet, jardin, cabinet de kinésithérapie et salle d’ergothérapie.

Remerciements à l’association Historihem

La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Prouvost assurances

Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

document collection privée

A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.

le 10 place des martyrs ( document archives municipales )
Plan du rez de chaussée ( document J. et V. Lepers )

C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.

Publicité Pierre et Bernard ( document J. Lepers )

Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.

Photo accueil ( document J. Lepers )

Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.

( document J. Lepers )

Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.

( document J. Lepers )

En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.

Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.

Le départ en retraite de Marie Verschaeve ( document J. Lepers )

Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.

Jean Rousseau et son équipe ( document J. Lepers )

Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.

Publicité 1978 ( document collection privée )

En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.

Le projet de démolition des N° 8 Gustave Requillart, N° 10 Bernard Prouvost et N° 12 inoccupé ( document archives municipales )

Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.

document collection privée

Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».

Document Nord Eclair 1988
document Google Maps 2012

Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.

Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.