La famille Pratt

Lucien Delvarre est ouvrier typographe à l’imprimerie Collin, au 27 rue Nationale à Roubaix. Après sa journée de travail, il s’occupe des nombreuses associations dont il fait partie : MLO (Mouvement de Libération Ouvrière), Culture et Liberté, Citoyens du monde, Comité de quartier.

Lucien est également passionné par la musique. Il joue de plusieurs instruments : le violon, le piano, la basse, la guitare, le cor pour lequel il a obtenu le 1° prix au conservatoire. Il fait partie de la célèbre fanfare Delattre et chante dans diverses chorales. C’est à l’occasion de sa participation dans un groupe vocal qu’il rencontre sa future épouse Betty,

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Au milieu des années 1950, ils habitent au 81 avenue Alfred Motte, dans un appartement HBM ( Habitation Bon Marché ) au 3° étage. Le logement est petit mais coquet. L’immeuble se situe à l’angle de la rue Ingres.

Photo BT

Lucien et Betty ont 3 enfants et commencent bien sûr à les motiver sur leur passion musicale. En 1966, l’aîné, Jean-Luc, 17 ans, est typographe comme son père ; il joue de la guitare et de la basse. Emmanuel, 14 ans, joue de la guitare et de la batterie. Christophe, 11 ans, étudie le piano et la contrebasse au conservatoire de la rue de Soubise, et joue de la guitare également. Très rapidement, les trois garçons, passionnés et motivés par leur père, sont doués pour la musique, et jouent de leur instrument avec plaisir, bien souvent acheté chez Waeterloos, rue de Lannoy.

Document Nord Eclair

Lucien et Betty décident donc de créer un ensemble vocal comprenant les 5 membres de la famille. Ils travaillent fréquemment, lors de répétitions dans leur appartement de l’avenue Alfred Motte, sur des musiques très diverses comme la variété, le folk, le negro-spiritual. Lucien devient l’homme orchestre du groupe. Il fait également les arrangements et compose parfois avec son ami Jean Prez, comme par exemple : Valse Printanière.

Valse Printanière ( Document C. Delvarre )
Documents Nord Éclair et collection privée

Lucien est sollicité pour participer à un premier concours de chant, à Croix. L’organisateur lui demande de trouver un nom de scène pour son groupe. Lucien décide, rapidement, d’appeler son ensemble vocal : «la famille Pratt » car il s’est souvenu d’un film  : La Mélodie du Bonheur avec la famille Von Trapp. Il inverse simplement les lettres du nom Trapp.

Document collection privée

La famille Pratt connaît un franc succès lors de cette première présentation. Les spectacles se succèdent alors très régulièrement, au gré des demandes, car Lucien ne fait aucune publicité pour communiquer. Le  »bouche à oreille » est le meilleur moyen pour faire reconnaître le talent de la famille Pratt. Lucien souhaite, avant tout, que le groupe reste amateur. Jouer un instrument de musique et chanter doit rester un plaisir.

Les déplacements sont toujours épiques ; à cinq dans l’ Ami 6 break, les guitares dans le coffre, et la basse sur le toit du véhicule ! Les concerts se déroulent non seulement à Roubaix, mais également dans toute la région, et même à Blankenberge en Belgique. Leur costume de scène est très simple ; chemise blanche, gilet et cravate fantaisie.

Document C. Delvarre

Au début des années 1970, les adolescents deviennent adultes. L’aîné, Jean Luc, se marie et part habiter en Savoie. La famille Pratt continue à 4. Puis les deux autres garçons se tournent également vers d’autres horizons ; Emmanuel part en Bourgogne, Christophe reste sur la métropole lilloise.

La petite famille continue néanmoins à faire de la musique dans les réunions familiales ou en animant les messes dominicales à l’église Sainte Bernadette de Roubaix. Lucien se consacre également à d’autres passions dont la photographie. Dans les années 1980, il prend des milliers de clichés de sa ville de Roubaix, qu’il aime tant. En 1999, à 79 ans, il présente une projection de ses diapositives, dans le local du comité de son quartier au Nouveau Roubaix, au 58 rue Jean Macé.

Document Voix du Nord 1999

Plus tard, il offrira beaucoup de ces diapositives à la ville. Ces photos sont d’ailleurs toujours visibles, sur le site Internet de la B.N.R. Bibliothèque Numérique de Roubaix. Lucien décède en 2016. On garde de lui, une excellente image : un homme heureux, passionné, bénévole, simple, modeste, généreux.

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Remerciements à Christophe Delvarre

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Les accordéons Waeterloos

En 1898, Victor Waeterloos répare quelques instruments de musique et en particulier des accordéons diatoniques, pour subvenir à ses besoins. Son fils, François Waeterloos, né en 1893 à Lille, aide son père dès l’âge de 12 ans en commençant à réparer également les accordéons.

En 1927, François vient s’installer à Roubaix, au 173 bis rue de Lannoy. C’est une petite échoppe, bien située, qui lui permet de se faire connaître très rapidement. Le succès est immédiat et il se trouve très rapidement à l’étroit dans sa petite boutique.

L’occasion se présente deux années plus tard, en 1929, puisqu’il déménage juste en face au 186 rue de Lannoy où se situait auparavant l’atelier d’un tailleur : F. Ponteville.

Papier en tête ( Document P. Waeterloos )

Le local est beaucoup plus vaste. François installe son atelier au fond de la maison. et peut y loger à l’étage avec son épouse Hélène, et leur fils Francis.

François est un homme passionné. Il signe un accord d’exclusivité pour vendre les accordéons Scandalli ( marque prestigieuse italienne ) après avoir bénéficié d’une formation chez le fabricant, car seule l’industrie italienne possède la technologie nécessaire.

Accordéon Scandalli distribué par F. Waeterloos et carte postale publicitaire avec quelques fautes d’orthographe ! ( Documents collection privée )

L’accordéon est un instrument de musique complexe, composé de 5000 pièces différentes. Sa réparation nécessite donc du matériel important, des machines outils de précision.

L’accordéon n’a plus de secrets pour François qui les répare très facilement. Il décide alors de fabriquer lui-même ses propres pianos à bretelles ! Il crée la marque Stella. Il s’agit d’un accordéon chromatique, ce qui permet à l’instrument de proposer une gamme de sons plus étendue et améliore de façon très sensible, la plage musicale. Son épouse Hélène s’occupe de la gestion du magasin.

François et son accordéon Stella ( Document P. Waeterloos )

Leur fils, Francis ( 3° génération ) apporte une aide précieuse à l’atelier pour la fabrication, et au commerce pour la vente. Il devient passionné, tout comme son père et son grand père. Il décide de développer l’activité en proposant à la clientèle des partitions, des cahiers de musique, des méthodes de solfèges.

Francis Waeterloos à l’atelier ( photo de gauche ) et au magasin devant les accordéons Stella ( photo de droite ) Documents P. Waeterloos.
Francis Waeterloos, à gauche son père François, à droite le fidèle employé Jean Pavlus ( Document NE 1955 )

Le conservatoire de musique de la rue de Soubise lui passe des commandes très importantes et régulières de matériel et de partitions. Francis prend conscience de l’importance des contacts avec la clientèle ; il entreprend alors une démarche commerciale auprès des professeurs de musique, des fanfares, des harmonies, des écoles de musique, et des accordéonistes célèbres comme Charles Verstraete ou Jean Prez.

Document collection privée

En plus de la gamme « Stella », fortement appréciée par les musiciens professionnels et virtuoses, Francis crée une nouvelle marque qu’il appelle« Pierfi » en l’honneur de la naissance de son fils, Pierre. C’est un accordéon, plus léger, plus compact, et donc mieux adapté pour les jeunes amateurs.

( Document P. Waeterloos )

Francis profite de ce lancement pour présenter sa gamme complète, à la foire commerciale de Lille, en 1956.

Stand à la foire commerciale de Lille ( Document P. Waeterloos )

Francis part dans les Vosges pour se former au métier de luthier, car il souhaite développer la vente et la réparation de tous les instruments de musique. Pendant cette période, son père François gère le magasin, aidé par sa belle fille Marguerite Tanghe, qui s’occupe également de l’éducation de leurs deux fils, Pierre et François. Une fois son diplôme obtenu, Francis propose alors à sa clientèle des instruments à corde, des instruments à vent, en bref une gamme complète, sauf peut-être, les pianos.

Le magasin au début des années 1960 ( Document P. Waeterloos )
Francis présente ses instruments de musique à la salle Watremez en 1966 ( Document P. Waeterloos )

Dans les années 1960-1970, la guitare électrique se développe de façon importante. De nombreux groupes viennent s’approvisionner chez Waeterloos, en particulier les frères Cogoni : « les Sunlights ».

Les orgues, synthétiseurs, amplis, micros, font partie aussi de la nouvelle gamme de produits demandés par les groupes de rock.

Document collection privée

A la fin des années 1960, Francis a l’opportunité de louer le commerce voisin au 188 rue de Lannoy. Cela lui permet d’étendre sa vitrine et de développer la gamme de produits proposés. La place disponible de l’arrière boutique lui permet de stocker les instruments et de créer un bureau.

le magasin à la fin des années 1970 ( Document P. Waeterloos )

Les deux fils de Francis ne souhaitent pas continuer l’activité : Pierre devient professeur d’éducation physique, et François s’oriente vers la pharmacie. Francis continue donc seul. En 1992, il a 65 ans et souhaite prendre une retraite bien méritée. Ne trouvant pas de repreneur à son affaire, il se voit malheureusement contraint de fermer le magasin de musique Waeterloos, en fin d’année 1992.

( Document P. Waeterloos )

Remerciements à Pierre et François Waeterloos pour leurs témoignages, documents et photos.

Un orchestre des années 60

Les années 60 ont connu un phénomène particulier dont on n’a pas eu l’exemple dans les périodes antérieures, l’apparition d’une quantité impressionnante – on en compte plusieurs dizaines à Roubaix et environs – de petits orchestres de jeunes amateurs, nés de la vague musicale venue des États-Unis et répandue en France par les radios, en particulier Europe I, toute jeune station alors, qu’on écoute sur la nouvelle merveille, le transistor.

Ces groupes sont tous plus ou moins constitués de la même façon, trois guitares électriques, récemment commercialisées, et une batterie – et souvent un chanteur. Ils se forment par une volonté propre, au gré des connaissances et des circonstances, avec un désir commun de reproduire la musique qui envahit les ondes à destination des jeunes, qu’on appelle à l’époque les teenagers.

Nous allons évoquer cette période à travers les souvenirs d’un membre – appelons-le Robert – d’un de ces orchestres.

Guitares Eko et Norma – documents FetishGuitar.com

Le père de Robert avait joué du violon dans sa jeunesse. Il poussa donc tout naturellement son fils vers la musique et c’est ainsi que Robert apprit à jouer du violon, vers 11 ans, à l’école de musique de Mouvaux. A ce moment apparaissent sur les ondes tout une série de chanteurs et d’orchestres instrumentaux émules d’un nouveau rythme et de sonorités nouvelles permises par l’utilisation de ces nouveaux instruments.

C’est un choc pour toute une génération, et, en particulier, pour Robert, qui rêve à 15-16 ans de jouer cette musique. La guitare devient le sujet favoris des conversations à l’école et petit à petit, il abandonne l’archer de son violon pour en gratter les cordes comme il le ferait avec une guitare. Voyant cela, son père se décide à aller lui acheter l’instrument rêvé dans un petit magasin à Tourcoing où Robert avait repéré un petite guitare rouge, pas trop chère, une guitare sèche comme on dit à l’époque pour les instruments dont le son n’est pas amplifié électroniquement. C’est une Egmond, qu’on peut équiper de micros.

La première guitare de Robert – photo Jpm

Il faut maintenant apprendre à en jouer. Le père de Robert connaît dans son entreprise quelqu’un qui joue de la guitare. Il lui propose d’accompagner son fils dans cet apprentissage. C’est ainsi que Robert s’initie aux accords et aux arpèges et jouant des chansons de Brassens.

Cette base acquise, et désireux de jouer des morceaux plus modernes, il se tourne vers la Maison des Jeunes et de la Culture de Tourcoing où il rencontre d’autres jeunes partageant la même passion, encadrés par un adulte qui les guide dans leur approfondissement et les aide à faire progresser leur technique.

Robert commence ainsi à jouer de la guitare rythmique, mais aussi les solos : en effet, en dehors des morceaux purement instrumentaux, chaque chanson à l’époque comporte un « pont » entre deux refrains où le guitariste du groupe joue en solo une variante de la mélodie.

Guitares Meazzi – documents FetishGuitar.com

Plus tard, la MJC oriente Robert vers un orchestre qui démarre à Roubaix, près du boulevard Descat. Il intègre ce groupe avec lequel il répète tous les jeudis, alors jour de congé scolaire. Ne pouvant pas stocker sur place leur matériel, ils répètent sans batterie, impossible à transporter chaque semaine. Ils la remplacent par une seule caisse à qui revient la tache de marquer le rythme. Robert, lui, doit transporter sur sa mobylette l’ampli qu’il a acheté d’occasion…

Le groupe comprend trois musiciens et ne comporte pas de basse. Robert y dispose d’une guitare électrique, prêtée. En effet, l’initiateur du groupe dispose, après la dissolution d’un précédent orchestre, du matériel complet qui est entreposé dans l’arrière-salle du café paternel. Malheureusement, les répétitions ne peuvent pas se dérouler sur place à cause du bruit que génère ce type d’ensemble, et il faut répéter dans un endroit plus isolé, ce qui explique ces allées et venues de matériel.

Mais Robert ne reste pas très longtemps dans le groupe. En effet, il entend parler à la MJC d’un autre orchestre, dont le soliste vient de partir à l’armée, et qui cherche à le remplacer. Il se présente au Nouveau Roubaix, où répète le groupe, et celui-ci l’accueille dans ses rangs. Le voici soliste. Privé de chanteur, parti sous les drapeaux, le groupe se spécialise dans l’instrumental, dont la tête de file est représentée à l’époque par les Shadows, un groupe anglais. Robert rachète à l’ancien soliste, qui vient de s’acheter une Fender (le nec plus ultra à l’époque), sa guitare, une Kent. Elle possède quatre micros et, merveille, un vibrato qui lui permet de reproduire les effets sonores des groupes connus.

La Kent de Robert – photo Jpm

C’est l’époque où le Carioca, cinéma de Lys lez Lannoy, situé près de la Justice, offre à sa jeune clientèle une salle de dancing et prend le risque de proposer à certains jeunes orchestres qui se constituent la possibilité de jouer une ou deux chansons pour se faire connaître du public local. L’orchestre saisit l’occasion aux cheveux, et se produit sur scène pour faire ses preuves.

Documents provenant du Blog de Juluis59

Ils obtiennent ensuite quelques engagements, notamment à la braderie de la rue de l’Hommelet, où ils sont financés par la municipalité, mais aussi dans des salles familiales où ils jouent deux ou trois morceaux entre les prestations d’un orchestre au style plus « traditionnel ». Les cachets se montent à peu de chose, d’autant que les concerts ne sont ni nombreux, ni réguliers : inutile d’espérer acheter du matériel avec ces ressources ! Les activités de l’orchestre se résument donc le plus souvent aux répétitions.

Nouveau venu dans l’orchestre, Il faut à Robert apprendre tous les morceaux joués par le groupe. Au début, il joue la basse, laissant à un autre le soin d’assurer le solo des titres qu’il ne connaît pas encore bien. A l’époque, on ne trouve pas ou très peu de partitions (qu’on achète rue de Lannoy) pour les groupes instrumentaux. Il faut se débrouiller et acheter les 45 tours des morceaux qu’on veut jouer puis les passer et repasser mesure par mesure sur un électrophone pour les jouer à l’oreille et les apprendre par cœur. Chacun travaille ainsi sa partie chez soi, et on met le tout en commun lors des répétitions. Le répertoire de l’orchestre se monte à une quinzaine de morceaux.

Un Teppaz de l’époque – Photo site hubert.frappier.free.fr

Mais, au bout des 18 mois fatidiques, le guitariste solo en titre revient, ses obligations militaires accomplies, et Robert quitte le groupe. Il a alors 18-19 ans. Les sorties avec les copains au Colisée, puis la rencontre de sa future épouse mettent un terme à ses envies de se produire sur scène. Là s’arrête donc son expérience de musicien et son témoignage. Merci à lui.

Les Shadows – Photo Rolling Stones Stories – Overblog

Un singe à Saint Martin

En Octobre 1964, un couple de touristes visite Roubaix. Après avoir contemplé le majestueux hôtel de ville, ils traversent la Grande Place, pour admirer l’église Saint Martin. Soudain, leur regard est attiré par un animal sur le toit ! Un singe se promène tout en haut du vénérable édifice. Il suffit que quelqu’un lève les yeux vers le ciel, pour qu’aussitôt, nombre de badauds en fassent autant. Le petit groupe de curieux se met à grossir ; une centaine de personnes se trouve maintenant sur la place et le contour de l’église.

A droite, le sacristain, M. Fichelle

Le sacristain, M. Fichelle, mécontent que l’on vienne squatter le toit de son église, décide de faire sonner les cloches du carillon, pour tenter de chasser le petit animal ; en vain car le primate continue sa promenade, nullement intimidé.

Mais que fait donc ce singe sur les toits de l’église ? s’interroge le journaliste de Nord Eclair. Après enquête, il s’agit d’une petite guenon appelée « Nénette », qui s’est sauvée du commerce Truffaut de la Grande rue, et qui a bien l’intention de profiter de sa liberté quelques temps.

Nénette devient, au bout de 3 jours, le chouchou des roubaisiens. On jette, sur le toit peu élevé, des bananes, des pommes, des cacahuètes, et même des frites pour la nourrir. Nénette se plaît ainsi dans sa nouvelle retraite. Les enfants sont ravis de la voir escalader le clocher, en imaginant King Kong en haut de l’Empire State Building !

Comment faire pour récupérer le primate ? On installe une cage piégée : peine perdue car Nénette l’évite avec une aisance déconcertante et invraisemblable. Ne dit-on pas  »malin comme un singe » ! On dépose des fruits farcis de somnifère : en vain, car cela est également inefficace ; son instinct lui fait rejeter les produits contaminés. Un roubaisien, M. Steux, propose d’amener son singe mâle, qui pourrait séduire Nénette, et la faire sortir de sa réserve. Peine perdue, Nénette grogne et s’enfuit rapidement.

M. Steux amène son singe mâle dans son sac, pour essayer de séduire Nénette

Cela fait maintenant une semaine que Nénette apprécie sa liberté, et continue son escapade. Elle devient une véritable vedette, et pourtant il est impossible de l’approcher, et très difficile de la photographier ou de la filmer. Les caméras de télévision se déplacent, devant l’église, dans le dessein de filmer le petit animal, sans résultat probant. Notre guenon doit être hostile aux médias !

Le 11° jour, Nénette n’apparaît pas. La LPA s’inquiète. Elle est peut-être malade. Tous les roubaisiens se mobilisent. Il faut absolument capturer en douceur la guenon, saine et sauve et en parfaite santé.

Le 13° jour, Nénette apparaît de nouveau. On installe une nouvelle cage piégée, et cette fois-ci, Nénette cède à la tentation des oranges fraîches, et clac ! elle se fait prendre dans la cage. Le piège s’est refermé. C’en est fini, de la liberté. La petite guenon est examinée par un vétérinaire qui la trouve en pleine forme ; elle est ensuite rendue à son propriétaire mais celui-ci n’a pas la possibilité d’en assurer la garde, ce qui l’avait amené, d’ailleurs, à vendre l’animal par l’entremise d’un commerçant roubaisien. Quelques jours après, la LPA décide donc de vendre Nénette aux enchères.

A la salle des ventes de la rue du Collège, une foule immense se presse, pour voir notre Nénette qui est adjugée pour la somme incroyable de 1800 F. La guenon partira au zoo de Bagatelle, de M et Mme Parent, à Merlimont. Nénette va revenir à Roubaix, pour quelques jours mi-Décembre, car elle est prêtée au magasin Bossu Cuvelier de la Grande rue, pour les fêtes de Noël. Confortablement installée au rayon jouets, elle accueille tous les enfants sages. Elle repartira ensuite au zoo de Bagatelle, privée de liberté, certes, mais elle pourra profiter d’une fin de vie plus sereine.

Sacrée Nénette !

Remerciements aux Archives Municipales et à Daniel Labbé. Tous les documents proviennent des quotidiens de la presse locale d’Octobre et Novembre 1964.

La naissance du Bol d’air

Depuis la disparition du café de la Laiterie pour cause de gène de circulation ferroviaire en 1951, il n’y a plus de café digne de ce nom dans le Parc de Barbieux. Souvent réclamé notamment de 1957 à 1960 par M. Marcel Horent, membre du conseil municipal, le projet d’un centre de délassement est finalement retenu.

Vase et transvasements Photos NE & NM

Il fallait en définir l’emplacement. Un article de presse de février 1961 indique qu’on est en train de préparer un espace le long de l’étang qui se situe au-delà de l’avenue du peuple belge et qui s’étend vers le fer à cheval. Un port fera partie de ce centre de délassement, où pourront s’amarrer barquettes et pédalos. En attendant, on débarrasse la grande pièce d’eau de la vase et le syndicat des pécheurs transfère à grand peine les poissons qui s’y trouvent, carpes, gardons, cyprins… vers l’autre pièce d’eau du parc, avant d’être dirigés vers le canal.

Le bâtiment en cours de construction Photo NE

Des palplanches sont plantées le long des rives et le fond est vite atteint, se trouvant au maximum à un mètre de profondeur. Quand la pièce d’eau fut partiellement curée, la pelouse fut éventrée pour les charpentiers et les maçons. Un gracieux bâtiment fait de moellons et de briques s’est progressivement élevé. Léger et élégant, ce premier bâtiment abrite un bar et une buvette où l’on servira des repas froids, des pâtisseries.

Un deuxième bâtiment est en construction, qui tourne le dos aux rails du Mongy destinés aux bureaux de l’entreprise, avec un vaste préau sous lequel le promeneur pourra s’abriter en cas de pluie. Devant ce bâtiment on prévoit une plaine de jeux avec manèges et pistes de patinage pour l’amusement des enfants. L’embarcadère est encore à faire en cette fin avril, qui terminera la première tranche de travaux. Si l’affaire s’avère rentable, il est question d’un restaurant, de salles de réunion et de banquet, à partir de l’année prochaine. En attendant les travaux ont pris un peu de retard, et ne seront terminés que fin juin.

Inauguration Photo NE

Le vendredi 30 juin, c’est l’inauguration du centre de délassement du Parc Barbieux. En présence des réalisateurs de la société Loisirs et Sports Rodolphe de Croy-Roeulx et Richard Duflot, M. Kléber Sory adjoint au maire coupe le ruban tricolore pour accéder à la future salle de restaurant, antichambre de la terrasse bien fraîche et du petit port où attendent barques et pédalos.

Le promoteur belge Rodolphe de Croy-Roeulx, barbieusard de fraîche date selon son expression, annonce déjà la suite du programme, avec l’implantation d’une rôtisserie, de bowlings, et pourquoi pas du futur musée du vieux Roubaix qui cherche en vain un lieu. Kléber Sory évoque quelques souvenirs de l’exposition du Progrès Social de 1939. Il eût été déplacé sans doute de citer la Laiterie qui survécut aux deux guerres et même aux deux expositions s’étant déroulées dans le cadre du parc.

Officiels en bateau Photo VDN

Quelques personnalités s’en vont canoter au gré de l’eau. Ainsi MM. Texier, directeur de l’Ensait, Catrice et Jullien, adjoint et conseiller municipal. La plupart des entrepreneurs ayant participé au chantier sont roubaisiens : la société Jules Plankaert s’est chargé de la charpente, la SARL Buisine et Sagard des peintures, la miroiterie Tousson, le béton armé Delfosse Guiot. Jusqu’aux parasols qui ont été forunis par la maison Mac Mahon du boulevard de Paris ! Pour l’éclairage du Parc, la municipalité a fait appel aux établissements Vernier et Cie installé boulevard Gambetta à Roubaix.

Annonce de l’ouverture au public

Il a fait beau, très beau cet été là et les roubaisiens se sont rendu en foule dans ce nouvel équipement qui s’est déjà avéré trop petit ! La presse locale titre : Rush sans précédent au Parc Barbieux ! On a fait la queue pour les barques, et les promeneurs s’ils ont pu goûter à l’ombre des frondaisons, n’ont pas tous profité d’une boisson fraîche tant il y avait de monde.

Terrasse et embarcadère CP Méd Rx

Seul bémol peut-être pour les riverains de l’avenue Le Nôtre, le stationnement bilatéral et longitudinal des voitures est autorisé de l’avenue du peuple belge jusqu’au débouché de la rue Verte. Des panneaux sont également posés : interdiction de doubler, vitesse limitée à 30 km/h, et quelques stops pour garantir la sécurité des carrefours.

à suivre

Sources

Presse NM, NE, VDN

La galerie Dujardin

Les frères Liagre, serruriers sont installés en 1886 en bas de la rue du Moulin, mais ils cherchent un emplacement plus favorable et bientôt remplacés rue du Moulin par un ferblantier, ils transportent leur commerce vers le bas du boulevard de Paris. En 1892 ils demandent l’autorisation d’effectuer quelques travaux modifiant la façade de l’immeuble situé dans les premiers numéros pairs pour y installer un magasin. La propriété est vaste, constituée de plusieurs corps de bâtiments. Elle va permettre plus tard la cohabitation de plusieurs activités à la même adresse. La propriété, comme celles situées entre la rue de Lille, la rue des Loups et le boulevard de Paris appartient aux hospices de Roubaix.

Le numéro 14 en 1962 – Photo IGN

La façade comprend un rez de chaussée où s’ouvre une large porte et, à sa droite, une grande vitrine. L’ étage est surmonté d’ un fronton central. Tout au long de son existence, cette façade semble avoir été blanche.

Le bas du boulevard vers 1930

Les frères Liagre sont donc installés boulevard de Paris avec un magasin dont le numéro est le 2, puis le en 8 en 1894-1900, et enfin le 14, à la suite de renumérotations successives. Toujours serruriers, ils étendent leurs champs d’activité à la poëlerie, la tuyauterie et la fumisterie. Ils se spécialisent notamment dans la fabrication de cuisinières. Derrière le magasin se situent les ateliers de fabrication.

Ils partent ensuite s’installer au 8 de la rue Neuve (voir à cet égard le sujet consacré aux frères Liagre) et, en 1910, on trouve à leur place Eugène Louis Dujardin qui fait commerce d’ameublement, et à la même adresse, la veuve Marie Dujardin, sa mère née Rudent (son père, Eugène Théodore, négociant, est décédé en 1899). Sa mère est une ancienne institutrice, qui tient alors un magasin d’antiquités..

Parallèlement à ses activités dans la vente de meubles, Eugène Louis Dujardin ouvre en 1905 avec Jean Courier la première galerie d’art de Roubaix, hébergée dans ses locaux du boulevard de Paris où il fonde la société des artistes roubaisiens. Des liens familiaux ne tarderont pas à se nouer entre les deux familles, puisque Eugène Louis épousera en 1913 Jeanne-Marie Courier, tandis que sa sœur, Rose Marie, va épouser Maurice Courier, le frère de Jeanne Marie. Tous deux ont pour père le co-fondateur de la galerie. Le recensement de 1906 fait donc état de trois habitants au numéro 14 : Eugène, sa mère et sa sœur, avec le concours de laquelle il exploitera la galerie.

La galerie Dujardin contribuera à faire connaître des artistes roubaisiens, tels ceux du « groupe des 10 » en montant de nombreuses expositions. Sa renommée débordera largement du strict cadre roubaisien. Sans doute pris par le développement de la galerie, les Dujardin cessent dans les années 20 leur commerce d’ameublement. Seule la mère continue d’exploiter son magasin d’antiquités .

La galerie en 1928

Les années 30 verront se modifier l’environnement immédiat de la galerie : en effet, tout ce qui restait du bloc d’immeubles près du carrefour avec la rue de Lille va être démoli pour être remplacé par l’immeuble que nous connaissons aujourd’hui, à commencer par les commerces formant anciennement les premiers numéros de la rue du Moulin, dont l’estaminet de la Barque d’Or. Très vite suivront les autres constructions avec, en 1930, la demande de démolition des numéros 2 à 12 sur le boulevard, appartenant à la Foncière des Flandres. Parmi ces numéros se trouvent les boutiques du photographe Shettle et du pâtissier Vanhaelst. Il faut bien reloger ces locataires en attendant la construction du nouveau bâtiment. Ils vont donc être provisoirement casés au 14 près du magasin d’antiquités de Marie Dujardin.

Documents collection particulière

Le nouvel immeuble est alors bâti ; il arrive à la limite du numéro 14 qui paraît bien petit sur la photo à côté de lui. Les boutiques de Vanhaelst et Shettle s’installent dans leurs nouveaux locaux, et libèrent le 14.

Les hospices de la ville de Roubaix demandent en 1939 l’autorisation d’effectuer des travaux visant à démolir le fronton menaçant de ruine. Il va être rasé jusqu’au niveau de la corniche du premier étage. En 1952 Rose-Marie Courier-Dujardin décède. Les destinées de la galerie sont alors prises en charge par sa belle-fille, Josée Courier-Meyer, mariée avec son fils Jacques. Elle se tourne vers des artistes contemporains.

Josée Courier-Meyer assure la promotion d’artistes qu’elle réunit dans «le « groupe de Roubaix », puis le « groupe des jeunes ». En 1960, les locaux abritent toujours la Galerie Dujardin, mais Josée maintient également le commerce d’ameublement. Les locaux étant suffisamment vastes, apparaît également au 14 l’enseigne Flandre sports, qui commercialise, signe des temps, des articles de sport et de loisirs de plein-air.

La cohabitation se poursuit jusqu’à l’orée des années 70, puis des changements interviennent : la galerie déménage et, après un bref passage rue du Vieil Abreuvoir, s’installe à Lille pour finalement disparaître à la suite d’un incendie. Le magasin de sports est repris par l’enseigne Cabanon et, en 1972, Nord Éclair annonce la démolition de l’ancien bâtiment. A sa place, Cabanon envisage d’installer un terrain d’exposition avant de reconstruire un immeuble neuf.

Photo Nord Eclair

Mais cette société va s’implanter ailleurs et, en 1976, la société SCC résidence les Edelweiss à Hem demande un permis de construire pour édifier sur le terrain 18 appartements et des commerces au rez de chaussée. Le projet n’aura pourtant pas de suite et le site servira longtemps de parking.

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Finalement, c’est une station de nettoyage de voitures qui s’implante sur le terrain, alors qu’en 2011, le musée La Piscine organise une exposition consacrée à la galerie Dujardin.

Photos collection particulière

Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Un grand prix automobile à Roubaix

Comment ? Des voitures de courses à Roubaix ? Et au parc de Barbieux en plus ! Il en aura vu de toutes les couleurs ce pauvre parc, depuis 1911 et 1939 ! C’est en effet en 1950 que l’automobile club du nord de la France dont le siège est à Roubaix, décide de fêter le cinquantenaire de sa création, en organisant un grand prix. La compétition automobile de l’après seconde guerre mondiale reprend doucement et commence à se structurer. On court depuis longtemps sur des circuits, pour des raisons de sécurité, et notamment des circuits urbains dont le premier fut celui du Mans. Le Grand Prix automobile de Roubaix entre dans cette catégorie, alors que la même année, la création du championnat du monde de formule 1 est décidée, le premier grand prix aura lieu à Silverstone, en Angleterre.

Plan du circuit par NE

Mais revenons à Roubaix. Dès la mi avril, on habille les rues alentour du parc de Barbieux en circuit de compétition automobile. Ballots de paille, barrières de protections, passerelles au dessus de l’avenue Lenôtre, montage de tribunes forment le décor de la future compétition. L’organisation d’un grand prix n’est pas une mince affaire : déjà, la ville de Roubaix investit vingt millions de francs pour remettre en état les 900 mètres de la ligne droite du circuit (l’avenue Jean Jaurès). Car le circuit entoure le parc de Barbieux : la ligne de départ se situe à l’entrée de l’avenue Lenôtre au bout de laquelle, les concurrents empruntent un premier virage vers le fer à cheval où un second virage les amène dans l’avenue Jean Jaurès, puis avenue Jussieu et avenue Le nôtre.

Affiche du grand prix Coll Part

L’Automobile Club du Nord de la France se charge de l’organisation : Marcel Leclercq Président, Marcel Dehédin, Paul Desruelles, chevilles ouvrières, avec toute une phalange de techniciens ! Le circuit est entouré d’une haute palissade de bois, tribunes et gradins peuvent accueillir quinze mille personnes ! Il y a deux grandes tribunes pour le public, une tribune officielle et une tribune de presse, un stand de ravitaillement et quartier des coureurs. On a prévu la sonorisation d’un bout à l’autre de l’immense enceinte. Un peu partout, les spectateurs pourront disposer de buffets et de buvettes, et même un restaurant, des chalets de nécessité. Pour la sécurité, des tonnes de bottes de paille ! Deux passerelles enjambent l’avenue Lenôtre, et huit kilomètres de barrières, pour empêcher les spectateurs d’approcher.

Le programme propose deux courses de motos organisées par le Moto-Club du Nord (6.000 membres) : une première course pour les 350 cm3 longue de 125 kms. quinze partants ; une seconde course pour les 500 cm3 longue de 140 kms. seize partants. On court sur Norton, Vélocette, AJS, Motorcense, Guzzi, Triumph. Une attraction, les boîtes à savon, petites voitures fabriquées par leurs conducteurs, dont le prix ne peut excéder 8.000 francs. Ce sont des voitures de Derby, pilotées par des moins de 15 ans. Une finale de championnat a lieu en juin à La Madeleine, et le titre national va se jouer à Paris. A Roubaix, ce sera juste une exhibition, les petits engins non motorisés seront tirés par des voitures.

La foule et les voitures Photo NE

Puis ce sera le Grand Prix Automobile sur le Circuit du Parc de Barbieux : quatorze partants vont parcourir 300 kilomètres, soit une centaine de tours. Les pilotes engagés sont Raymond Sommer et Giovanni Bracco, sur Ferrari, Robert Manzon, Maurice Trintignant, Aldo Gordini, André Simon, tous sur Simca Gordini, Alfredo Pian sur Maserati, Marcel Balsa sur BMW, René Bonnet sur Deutsch Bonnet, Georges Abecassis John Octave Claes et John Heath sur HWM (Hersham and Walton motors) et un amateur Fourry sur Servat spéciale.

Les voitures sont logées par écuries dans divers garages de la ville : Les Simca Gordini au garage Champier rue de Tourcoing, les Ferrari au garage Peugeot rue du Maréchal Foch, les argentins chez Renault, les anglais chez Citroën, et le coureur Balsa chez BMW au Modern Garage rue de l’alouette. Ces bolides sont arrivés par camions. Le pesage, le contrôle et la vérification des machines a lieu le samedi de 14 h à 17 salle Watremez rue de l’Hospice. On sait ce que gagneront les vainqueurs : pour le 1er : 300.000 francs, le 2e 150.000 francs, le 3e 100.000 francs, le 4e 80.000 francs, le 5e 50.000 francs. Pour le record du tour: 30.000 francs. Pour les mécaniciens, le 1er : 15.000 francs, le 2e 10.000 francs, le 3e 5.000 francs. La coupe Edmond Lefebvre sera attribuée au vainqueur de l’épreuve. La coupe Hector Franchomme au record du tour.

Pour accéder aux places, pour les pelouses, il y a deux entrées : avenue Gustave Delory et passage Loridan, la place est à 400 francs. Pour les gradins Edmond Lefebvre, l’entrée se situe rue Bossuet, la place est à 700 francs. Pour les gradins Franchomme, l’entrée est avenue Lacépède, la place est à 900 francs. On accède à la tribune Nadaud et à la tribune officielle par le boulevard de Paris.

Le vainqueur Sommer sur Ferrari Photo NE

Le départ est donné : Balsa accroche un autre concurrent, puis un peu plus tard, Heath est en panne au Fer à Cheval, Fourry l’amateur, aussi, les deux abandonnent. Sommer mène devant Manzon et Trintignant, puis Bracco, et Simon. L’argentin Pian abandonne sur problème mécanique.

Au 20e tour, Bracco et Simon abandonnent à leur tour. Plusieurs arrêts au stand pour Trintignant, alors troisième. Sommer est loin devant Manzon, et on lutte pour la troisième place : Abécassis, Trintignant, Balsa et Bonnet. Trintignant abandonne, puis Balsa, la troisième place se joue entre Abécassis et Bonnet. Trois tours avant la fin Abécassis qui était devant Bonnet, abandonne. Raymond Sommer est le grand vainqueur de l’épreuve devant Robert Manzon et René Bonnet.

Il y aura encore un grand prix automobile à Roubaix en 1952, le 14 septembre, qui sera remporté par Maurice Trintignant sur Gordini. Le dernier grand prix automobile de Roubaix aura lieu le 20 juin 1953 et sera remporté par René Bonnet sur Deutsch et Bonnet. Question de budget…

Formula E, la course de Formule 1 électrique, s’installe à Paris ce samedi 23 avril 2016 pour une course mémorable, autour de l’Esplanade des Invalides ! Une première exceptionnelle pour Paris, à ne pas manquer. Et pourquoi pas à Roubaix, où le circuit du Parc de Barbieux existe toujours ?

 

 

Le mystère du vase de Sèvres

Parmi les monuments qui agrémentent çà et là le beau jardin, alias le Parc de Barbieux, se trouvait autrefois un imposant vase de Sèvres en grès céramique. L’auteur de cette œuvre était le sculpteur Gauvenet, entré à la Manufacture nationale de Sèvres en mai 1908, pour y être sculpteur de 1912 à 1925, puis artiste-sculpteur de 1925 à 1943. Il est l’auteur de nombreuses sculptures et formes, et notamment des vases.

Le pavillon des deux villes à l'exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière
Le pavillon des deux villes à l’exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière

Ce vase de couleur blanc crème provenait de l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, à laquelle participèrent conjointement les villes de Roubaix et Tourcoing. Ses dimensions étaient considérables : 7 mètres 30 de hauteur, trois mètres de diamètre, à sa partie le plus ventrue. C’est une délibération du conseil municipal du 18 juin 1926 qui nous donne l’origine de la présence de cette urne monumentale. Il s’agit d’un don de l’État à la ville de Roubaix.

Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx
Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx

Nos édiles ne souhaitèrent pas le placer à l’intérieur du parc, dont il aurait immanquablement obstrué la vue. Ils préférèrent lui donner comme emplacement un rond-point situé en bordure de l’avenue Jean Jaurès, situé à égale distance de la Laiterie et de l’extrémité du parc côté Croix. C’était un des points les plus hauts du parc, qui conviendrait parfaitement à sa mise en valeur, sans gêner pour autant la perspective d’ensemble du parc. Il en coûta 12.200 francs pour installer ce monumental vase.

Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin
Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin

Il disparaîtra en février 1962, à cause de son mauvais état. Les concessionnaires du Bol d’Air utilisèrent son emplacement pour des pistes de pétanque plus prosaïques, la pelouse comprise entre le Bol d’Air et le vase étant reconvertie en un golf miniature. C’est un véritable centre de délassement, pour reprendre les termes de l’époque, que Victor Provo, maire de Roubaix,  inaugura début juillet de la même année. Le golf miniature et les cinq pistes de pétanque faisaient partie d’un ensemble de travaux comprenant également les nouvelles terrasses du Bol d’Air.

Le golf miniature Coll. Particulière
Le golf miniature Coll. Particulière

Quand les loisirs prenaient le pas sur les commémorations symboliques…