Tissage Desurmont et fils

Dans les documents figurant sur le site de l’association Historihem, il apparaît que Philippe Desurmont est le successeur des Ets Parent-Bourguet, un tissage mécanique répertorié sur la commune de Lannoy comme le montrent les en-têtes successifs des deux établissements sur leurs factures.

En-têtes de factures successives (Documents Historihem)

Dans le Ravet Anceau de 1893, les établissements Parent Fils et Desurmont apparaissent dans la rubrique tissus d’ameublement. Leur usine du Petit Lannoy existait déjà depuis 1880, et c’est à leur demande qu’une nouvelle halte est envisagée dès 1890 pour desservir les hameaux des Trois-Baudets (650 habitants) et du petit Lannoy (1300 habitants), le seul arrêt du train étant situé trop loin, rue de la gare, sur la route de Forest.

Extrait d’une facture plus récente attestant de la fondation de l’entreprise en 1880 et CPA de la halte du petit Lannoy, vue de Hem vers Lannoy puis de Lannoy vers Hem (Documents collection privée)
Arrêt spécifique pour les Ets Parent : voir la flèche à ce nom à gauche de la CPA (Document Hem Mémoire en Images)

L’entreprise est située au 279 rue Jules Guesde à Hem au bout d’une allée qui prend ensuite le nom d’Impasse Desurmont. Elle occupe une surface considérable au milieu des champs et jouxtera ensuite le quartier de la Lionderie, délimité par la rue des Ecoles, la rue de la Lionderie et la rue Jules Guesde.

Photo aérienne de 1933 (plan large puis concentré sur l’usine) (Document IGN)

A l’époque les conditions de travail dans l’industrie sont très dures, notamment dans les teintureries, et le tissage Desurmont présente une meilleure qualité de travail pour les candidats à l’emploi. En effet, dès le début du dix-neuvième siècle des métiers à tisser automatisés sont apparus, permettant une pénibilité du travail nettement moindre que sur un métier manuel, associée à un rendement bien supérieur.

Conditions de travail appréciables du tissage mécanique (Document Au temps d’Hem)

Pourtant, dans le quotidien « la Petite Presse », en 1904, on apprend que les ouvrières du tissage d’ameublement Parent et Desurmont à Lannoy, qui avaient récemment obtenu satisfaction ont à nouveau quitté leur usine en réclamant une nouvelle augmentation, au cours des grèves du Nord et plus spécifiquement de la région lilloise. La reprise du travail est actée dans le journal « Le Lorrain » peu de temps après.

Pendant la première guerre mondiale l’usine de tissage est arrêtée. En janvier 1920, Philippe Desurmont fait connaître par le « Bulletin des régions libérées », édité par le ministère du même nom, que son tissage de Hem sera remis en marche vers le 22 janvier 1920.

Dans les années 1920, on peut noter que l’en-tête de l’entreprise sur les factures reprend encore comme adresse la ville d’Hem-lez-Lannoy. D’une part la ville de Hem fait en effet partie du canton de Lannoy et d’autre part elle se situe dans la partie de la rue Jules Guesde dite du Petit Lannoy.

En-tête de facture de 1925 (Document collection privée)

En revanche dans les années 1930, c’est bien Hem (et non plus Hem-lez-Lannoy) qui apparaît sur l’attestation de chômage délivrée par l’entreprise à l’un de ses salariés, comme l’atteste le document ci-dessous.

Attestation de chômage et publicité (Documents collection privée)

La publicité de cette époque montre que ce tissage mécanique fabrique : des étoffes pour ameublement, tapis de table, rideaux et portières, des satinettes et coutils rayés, des satins-damassés, des tapis-moquettes et des carpettes et foyers. L’entreprise a gagné en importance et possède des bureaux sur Paris rue Saint-Fiacre, rue Montmartre et rue des Italiens.

Publicité années 1930 (Document collection privée)

Philippe Desurmont fait alors partie de l’Union des fabricants de tissus pour ameublement du Nord de la France, sis 86 rue de Lille à Tourcoing, comme l’indique « la Soierie de Lyon », organe du syndicat des fabricants de soierie de Lyon en 1934 dans sa revue mensuelle des industries de la soie.

Après la seconde guerre mondiale, le nécessaire est fait pour relancer l’entreprise, devenue Desurmont Fils, notamment grâce à la publicité dans le journal Les Echos en 1949. Toujours réputée pour ses tissus d’ameublement, tapis, moquettes, carpettes et couvre-lits, l’usine met également l’accent sur la fabrication de nappes lavables et de tissus guttés pour pantoufles.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)
Publicité de 1949 (Document les Echos)
Photo aérienne en carte postale de la fin des années 1950 avec le lotissement de la Lionderie (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem

7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

document collection privée

Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

document collection privée

Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

documents collection privée

Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

document collection privée

Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

document collection privée

Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

document collection privée

Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales

Célatose Wattrelos 1974

Le 18 décembre 1974, un nouvel incendie vient frapper l’usine Célatose, toujours spécialisée dans la fabrication de couches pour bébés et serviettes périodiques en cellulose. L’incendie a pris naissance dans un atelier de fabrication où se trouvaient des ouvriers chargés de l’entretien. Cette fois toute l’usine a été détruite. Des deux bâtiments qui couvraient 18.000 m² de plancher, des machines et des stocks, il ne reste rien que des murs noircis des décombres fumants. Par moments un foyer renait malgré les efforts des pompiers.

L’incendie à l’usine Célatose Photo NE

L’usine wattrelosienne La Célatose est installée dans les locaux de l’ancienne filature Desurmont boulevard des Couteaux. La société La Célatose connaissait l’expansion : en deux ans une quarantaine d’emplois ont été créés à certaines époques de l’année, le personnel était amené à travailler sur trois postes.

Pompier et incendie Phot NE

Samedi matin une trentaine de personnes étaient occupées dans l’usine pour assurer l’entretien, au premier étage un poste de soudure avait été amené, est-il la cause de l’incendie ? Tous s’accordent sur la rapidité foudroyante avec laquelle le feu s’est propagé. À peine le feu s’est déclaré qu’une nappe de gaz s’est formée vers 10 h 10 et une explosion a suivi. Tout s’est alors embrasé.

La Mousserie menacée Photo NE

Il fallut protéger les maisons voisines des rue Matisse et Paul Cézanne du quartier Mousserie-Sapin-Vert, petites maisons CIL. Les pompiers ont empêché une extension du sinistre à la cave à mazout, ainsi qu’à une dizaine de remorques et camions d’une firme de transports bloqués sur une aire privée de stationnement jouxtant l’usine en flammes. Dix huit lances furent mises en œuvre par les pompiers et même un canon à eau, on alla jusqu’à puiser dans le canal pourtant distant de plusieurs centaines de mètres.

Les dégâts Photo NE

Devant l’étendue de la catastrophe, la consternation est générale. Il n’y eut cependant aucun blessé. Les pompiers resteront sur place pendant plus de 48 heures. Sur 270 personnes employées par la Célatose, 230 seront au chômage. Le directeur général de la Célatose affirmait alors : nous redémarrerons sur place.

Le reportage photo est l’œuvre de Guy Sadet

ENSAIT ( suite )

A partir de 1963, une partie des collections des œuvres d’art du musée est exposée dans les locaux de l’Hôtel de ville au musée Weerts jusqu’en 1980. Fort heureusement, le Musée d’Art et d’Industrie André Diligent « La Piscine », lors de son ouverture en 2001, regroupera alors toutes les œuvres d’art superbement restaurées.

La bibliothèque de l’ENSAIT cesse de fonctionner en tant que telle en 1975, date à laquelle elle est affectée par un incendie. Elle sera ensuite intégralement dédiée à l’accompagnement des élèves de l’ENSAIT.

En 1976, pour fêter le centenaire de la décision de créer l’ENSAIT, la direction décide d’organiser une journée portes ouvertes, car c’est toujours une chose surprenante et passionnante de voir fonctionner une école technique de l’intérieur. Cette manifestation est pour le profane, une sorte de salon du matériel de l’industrie textile. Parmi les nouveautés acquises par l’école, il faut mentionner le « space dyeing » qui permet de teindre un fil continu en plusieurs couleurs successives.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

Les 400 étudiants de l’ENSAIT se mettent en grève en 1978. Leur mécontentement est fondé, car ils craignent de voir leur établissement partir au Lycée Maxence Van Der Meersch et même à Villeneuve d’Ascq ou à l’ITR rue du collège.

Document Nord Eclair

La municipalité se bat pour que l’ENSAIT reste place Chevreul, et en 1979, libérée de ce souci, l’école peut alors envisager des transformations nécessaires et une réorganisation des bâtiments. Les travaux vont bon train, et le 20 Juin 1980, c’est l’inauguration par Mr le préfet. L’ENSAIT fait peau neuve !

Au rez de chaussée, 600 m2 ont été rénovés pour recevoir les machines textiles de bonneterie qui se trouvaient rue du Pays. Au premier étage, est aménagé un laboratoire de physique-chimie et un laboratoire de métrologie textile. La vieille chaudière a été retapée. La scolarité des étudiants a été transformée : ils terminent leurs études au bout de 3 ans au lieu de 4. Un cours de confection a été créé. L’ENSAIT semble ainsi avoir misé sur une nouvelle conception de son enseignement : Formation des ingénieurs à la tête bien faite, pour surmonter les obstacles provoqués par la crise du textile.

Document Nord Eclair

En 1987, André Diligent visite une exposition sur la formation textile « Ayez la fibre textile » Dans la cour d’honneur, se retrouvent tous les représentants des structures économiques et sociales roubaisiennes, ayant trait au textile et à la formation professionnelle.

André Diligent en visite ( Document Nord Eclair )

La même année, Michel Delebarre vice président du Conseil Général, annonce la création d’un Lycée Textile et des Arts Appliqués, à proximité immédiate de l’ENSAIT qui pourra accueillir 900 élèves et deviendra l’ESAAT. Les travaux devraient démarrer en 1988.

Document Nord Eclair

En 1989, l’ENSAIT devient la plus grande et la plus cotée des écoles d’ingénieurs textiles. Cette année, 1572 candidats de toute la France, se sont proposés au concours d’entrée pour une promotion de 60 places !

« A l’heure où on licencie à tour de bras dans le textile et la laine à tricoter, l’école regorge de candidats », nous annonce le nouveau directeur, Christian Vasseur. « Et pourtant l’école a besoin d’un sacré coup de dépoussiérage. Il y a un travail fabuleux à entreprendre : redonner une image de marque à l’établissement, changer les mentalités, et surtout montrer que nous sommes capables d’accompagner les mutations techniques ».

Christian Vasseur ( Document Nord Eclair )

L’ENSAIT procède à son lifting. Une convention est signée avec l’Etat en 1990, laquelle permet d’améliorer la coordination avec l’école voisine l’ESAAT et de dresser des projets communs cohérents, et en particulier, la mise en commun des ateliers construits dans les locaux de l’ESAAT dont les nouveaux bâtiments sont en train de sortir de terre. Les ateliers et laboratoires de l’ENSAIT seront également mis en commun Tout ceci afin de constituer un véritable Centre de Ressources Textiles.

Document Nord Eclair

En 1992, le laboratoire de recherche textile : Gemtex est créé. En 2000, la formation d’ingénieurs par apprentissage voit le jour, en plus de la formation initiale traditionnelle,

Document ENSAIT

En 2016, Eric Devaux le directeur de l’Ensait souhaite transformer l’accueil de l’établissement à savoir ; création d’une salle d’attente pour les visiteurs, agrandissement de l’accueil sur l’arrière, rénovation du SAS d’entrée avec motorisation de la porte en bois

documents archives municipales

L’ENSAIT a derrière elle une histoire riche et vivante, et, depuis sa création en 1889, l’Ecole est devenue une figure de proue du patrimoine textile. L’ENSAIT est avant tout une école qui a toujours eu pour souci d’adapter sa formation à la demande du marché. Le textile est plus que jamais vivant, en constante mutation, il apparaît dans des domaines d’activités novateurs.

L’ENSAIT est une école ouverte sur le monde, en évolution constante, elle forme des ingénieurs dynamiques et polyvalents, au fait des techniques les plus innovantes, connaissant les secteurs de pointe, capables de conseiller au mieux les acteurs de l’industrie textile. Cette adaptation aux évolutions de celle-ci se retrouve au travers des différents pôles de l’école.

En 2023, L’ENSAIT c’est le plus grand centre de formation d’ingénieurs textiles d’Europe.²²

Document ENSAIT
Document Google Maps

Remerciements aux archives municipales.

Sion frères

Au début du XX ème siècle, le siège social de l’entreprise Sion frères se situe au 113 avenue Jean Lebas à Roubaix. Une cinquantaine de personnes exclusivement féminines y sont employées .

Le 113 avenue Jean Lebas dans les années 1920 ( document D. Labbé bnr )
lettre 1925 ( document collection privée )

L’usine de production se trouve à Halluin au 16 rue Pasteur. L’entreprise a été crée par M. Sion, à Tourcoing, en 1867 et elle est dirigée par Paul et Jules Sion. Ce tissage fabrique de la doublure, des lainages et de la draperie simple. La vente se fait exclusivement aux grossistes.

Bobineuses à l’usine d’Halluin ( document ARPH )
Pub Sion frères ( document collection privée )

En 1935, la production à Halluin atteint son plus haut niveau avec l’emploi de 1.125 personnes. Les fabrications sont variées : draperies de laine, tissus de robe, de manteau, des doublures. Dans un grand atelier appelé « Le Maroc »,  on tisse uniquement les doublures en rayonne.

En 1947, les établissements Sion frères demandent un permis de construire à Roubaix pour un bâtiment sur trois niveaux au 113 avenue Jean Lebas, sur un terrain de 556 m2 au sol, appartenant aux hospices civils. La totalité des bureaux sur les 3 étages représentent alors plus de 1500 m2 avec une porte d’accès dans la rue arrière, la rue du chemin de fer. Le dossier est confié à l’architecte Marcel Forest à Tourcoing.

documents archives municipales
La façade en 1972 ( document archives municipales )

Peu à peu des changements dans les fabrications et la modernisation réduisent le personnel. Beaucoup de salariés quittent l’entreprise. Ceux qui partent en retraite ne sont plus remplacés. En 1960, on compte plus de 50 médaillés qui ont 30, 40 ans et plus, d’années de présence.

En 1967, l’usine Sion fête son centenaire, mais la crise du textile dans les années 1960 1970 détériore davantage la situation et l’activité s’arrête en 1979.

En Mars 1981 les services administratifs de l’hôpital de Roubaix trop à l’étroit à la Fraternité, s’installent dans les locaux du 113 avenue Jean Lebas qui leur appartiennent du moins, en partie. La direction générale, les services financiers et économiques, les services du personnel sont alors répartis dans ces locaux, ce qui représente 80 à 100 personnes.

document Nord Eclair

A la fin des années 1990, un promoteur immobilier, François Lefebvre, réalise le centre d’affaires Jean Lebas qui regroupe une vingtaine de sociétés et environ une centaine de salariés.

document Nord Eclair

document Nord Eclair

De fait, le centre d’affaires Jean Lebas apparaît comme une véritable locomotive dans le quartier de la gare de Roubaix. Ici et ailleurs, des initiatives privées ont d’ailleurs pris la même voie depuis.

Remerciements aux archives municipales et à l’ARP d’Halluin

Chez Charly ( suite )

A partir des années 1990, Le restaurant n’ouvre que le midi en semaine. La salle de restaurant est petite, il n’y a que 10 tables, à cette époque la réservation est donc fortement conseillée.

Charly et Arlette choisissent de n’ouvrir que le midi afin de préserver leur vie de famille et garder du temps pour leur 2 enfants. Après avoir habité 10 ans au dessus du restaurant en 1982, ils décident d’habiter en dehors du restaurant et achète un appartement sur Roubaix.

La façade en 2008 ( document Google Maps )

Le métro arrive à Roubaix, à la fin des années 1990 et l’avenue Jean Lebas est fermée à la circulation durant plusieurs années. C’est une véritable catastrophe pour tous les commerçants roubaisiens qui enregistrent des baisses importantes de chiffre d’affaires allant jusqu’à 50 %. Le restaurant Chez Charly n’est pas épargné. Comme beaucoup de commerçants roubaisiens, ils font le dos rond pendant quelques années mais ils peuvent compter sur une clientèle fidèle.

L’Ordre des disciples d’Auguste Escoffier 1995 ( document C. Bacquaert )

En 1995, Charly Bacquaert est intronisé dans l’Ordre International des disciples d’Auguste Escoffier des Hauts de France. Auguste Escoffier a été surnommé le roi des cuisiniers et le cuisinier des rois. Charly devient secrétaire de l’association et ce, pendant plusieurs années.

les boiseries rénovées ( documents C. Bacquaert )

En 1998, Charly et Arlette décident de rénover les magnifiques boiseries de l’intérieur du restaurant. Ils apportent également des touches originales sur la décoration. Dans les années 2000, Charly Bacquaert devient professeur de techniques culinaires en BTS diététique à l’école Kienz de Marcq en Baroeul.

Charly part en Caroline du Nord en Octobre 2010, pour transmettre les techniques culinaires et savoirs aux élèves cuisiniers américains du Carteret Community College de Morehead City, en collaboration avec l’association des disciples d’Auguste Escoffier des Hauts de France. Les Chefs Nordistes participent à des challenges culinaires avec des élèves de l’Université américaine, qui viendront ensuite en France en tant que stagiaires.

En Mars 2011, Charly annonce dans la presse locale sa prochaine retraite, après 39 ans de bons et loyaux services. En additionnant les années d’apprentissage, Charly a 45 ans de métier en activité. Sa devise aujourd’hui : « On a vécu du restaurant, mais on n’a jamais vécu pour lui ». Cette philosophie a conduit Charly et Arlette à faire des choix : pas d’ouverture le soir, ni le week-end pour consacrer du temps à la famille.

« Je suis plus fier de mes 40 ans de mariage et de mes deux enfants que mes 39 ans de cuisine ! Pendant toutes ces années, nous avons partagé avec nos clients, ce sens de l’hospitalité que l’on trouve chez les gens du Nord ».

document Nord Eclair

Les deux enfants de Charly et Arlette ne souhaitent pas reprendre le flambeau pour continuer l’activité et prennent une orientation professionnelle différente. Le fond de commerce est alors cédé, un peu plus tard, en 2013. C’est de nos jours, un restaurant de type traditionnel : Il Bacaro.

Le restaurant Il Bacaro de nos jours ( Photo BT )

Charly a pris sa retraite, certes, mais il garde toujours un pied dans le métier. Il est occasionnellement juge lors de concours gastronomiques et continue à s’investir auprès d’associations regroupant des cuisiniers comme les Disciples d’Auguste Escoffier, l’Académie Nationale de Cuisine, les Chefs du Nord, en participant à de nombreuses démonstrations culinaires.

photos 2019 ( documents C. Bacquaert )

Remerciements à Charly et Arlette Bacquaert ainsi qu’aux archives municipales.

Le 81 avenue Jean Lebas

Au 81 de la rue de la Gare à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, en face de la place des Martyrs de la Résistance, à deux pas de la rue Pasteur. L’immeuble est occupé par la famille Weill-Blin et Neveux dans les années 1910, puis par les successeurs Weill-Blin dans les années 1930. C’est un commerce de draperies et tissus. L’entreprise possède également une deuxième maison à Elbeuf et un bureau à Paris.

document collection privée

L’immeuble est très vaste. La façade de l’avenue Jean Lebas est impressionnante. La superficie est importante, puisque l’entreprise donne également sur l’arrière au N° 20 de la rue de l’Espérance.

vue aérienne 1953 ( document IGN )

Dans les années 1960, le bâtiment est occupé par les établissements Duburcq installés auparavant au 16 rue Nationale dans les années 1950. Ils reprennent l’activité de négoce de tissus et draperies.

Publicité Ets Duburcq

En Novembre 1978, un incendie se déclare dans l’entreprise Duburcq. Les concierges M et Mme Verdefroy qui habitent de l’autre côté, rue de l’Espérance, alertent les secours. En quelques heures, l’immeuble flambe sur toute la hauteur ( sur 4 étages ). Et pourtant les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont rien négligé pour venir à bout du sinistre. Mais le déploiement important des moyens ( quatre grandes lances, la grande échelle, et cinq petites lances ) n’ont pu empêcher le désastre de prendre de graves proportions. Au petit matin, il ne reste quasiment plus rien de l’entreprise.

L’incendie en 1978 ( document Nord Eclair )

En Mars 1984, l’immeuble est resté dans le même état que 6 ans auparavant ! Au grand désespoir des voisins, comme cette dame de 76 ans qui habite à côté au N° 79. « C’est inadmissible, l’immeuble est resté dans l’état, les marchandises et matériaux sont restés sur place. Mon mur mitoyen est rongé par l’humidité, ma cage d’escalier est pourrie, et il se dégage des odeurs insupportables. Mon appartement est devenu invivable ».

document Nord Eclair 1984

Il semble que cette personne ait été entendue, puisqu’en Novembre de cette même année, une demande de permis de démolir est déposée, pour plusieurs bâtiments : le N° 81 de l’avenue Jean Lebas, le N° 20 rue de l’Espérance mais également les N° 3 5 7 et 9 rue Pasteur, maisons murées depuis bien longtemps.

Plan cadastral – La partie encadrée en rouge sera rasée ( document archives municipales )
Le 81 avenue Jean Lebas en 1984 ( document archives municipales )
Le 20 rue de l’Espérance en 1984 ( document archives municipales )

Le N° 3 de la rue Pasteur était occupé par Mr Keirsgieter cafetier, le N° 5 était inoccupé, le N° 7 par Chéri-Roussel, pédicure et l’ANPE Agence Nationale pour l’Emploi, était au N° 9

Les 3 5 7 et 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )
le 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )

Le terrain alors vierge, est destiné à créer la fameuse esplanade en vue de l’ouverture du prochain musée de la Piscine. La création de cette place entre l’ancien musée et le nouveau permettra alors de valoriser les lieux et d’en faire un élément marquant de l’avenue Jean Lebas pour le début des années 2000.

Le terrain vierge de l’avenue Jean Lebas à l’angle de la rue Pasteur ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 3)

A la même époque, une nouvelle banque s’installe à l’entrée de la rue au n°2, dans un bâtiment ayant hébergé plusieurs commerces tels qu’ un ancien magasin de droguerie et l’entreprise Cuisinier Motte et Cie. Il s’agit de la Banque Industrielle et Commerciale du Nord qui y reste jusque dans les années 1960.

Magasin de droguerie et entreprise Cuisinier Motte au début du siècle (Documents collection privée)
Carte postale des années 1930 et 1950 avec la banque (Documents collection privée)

En 1966, la BICN entreprend de gros travaux, aménageant un entresol sur une partie du rez-de-chaussée et effectuant la modification de toute la façade de l’immeuble. Les baies vitrées sont élargies et des chassis en aluminium oxydé sont posés. Par ailleurs, une ossature secondaire en acier est installée sur toute la hauteur de la façade jusqu’au chéneau et le piliers de tôle d’aluminium oxydé ou de pâte de verre de couleur blanche.

Les croquis de la nouvelle façade Grand Place et avenue Jean Lebas (Documents archives municipales)

La Banque Populaire Industrielle et Commerciale de la Banlieue Nord de Paris a été créée dans la capitale en 1922 et deviendra ensuite la Banque Populaire de la Région Nord de Paris. C’est d’ailleurs la Banque Populaire du Nord que l’on retrouve au n° 2 avenue Jean Lebas juste avant le rachat de l’immeuble par Nord-Eclair. A cette époque le magnifique immeuble investi par la banque dans les années 1930 est déjà défiguré depuis plus de 20 ans par les plaques blanches qui en recouvrent l’architecture d’origine.

La banque dans les années 1960 (Document Nord-Eclair)
Rachat de l’immeuble par Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Immeuble occupé par Nord-Eclair dans les années 1980 (Document archives municipales)

Au départ de Nord-Eclair dans les années 2000, l’immeuble est investi par les sociétés Arcadim puis Square Habitat qui l’occupe encore de nos jours sans que des modifications notables y aient été apportées depuis les années 1960. Il s’agit d’un exemple supplémentaire des dégâts causés aux superbes immeubles de l’avenue au nom de la modernité.

Arcadim en 2014 puis Square Habitat en 2023 (Documents Google Maps)

Installation après les années 1950

Dans les années 1970, la banque Worms investit un immeuble longtemps occupé par une entreprise textile spécialisée dans les laines : Henri Ternynck et Fils. L’immeuble situé au coin de la rue l’Hospice est très vaste et d’une architecture assez remarquable.

Les Ets Ternynck en 1917 et Publicité des années 40-50 (Document collection privée)
Publicité de l’année 1975 de la banque Worms et flamme d’oblitération de l’année 1984 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble est occupé 20 ans plus tard par les assurances AGF puis par Meilleur Taux.com avant qu’un cabinet d’avocats : Lexao ne prenne leur place. L’édifice quant à lui n’a pas changé si ce n’est une restauration qui a permis de redonner à l’immeuble un aspect prestigieux que l’usure du temps lui avait fait perdre.

Publicité des assurances AGF en 1995 (Document Nord-Eclair)
Photographie de l’immeuble en 2016 et 2023 (Documents Google Maps)

Le n°61 de l’avenue abrite quant à lui la Barclays Bank au début des années 1980 après avoir hébergé pendant plus de trente un fabricant de tissus : A. Parent-Clavière. En 1982 la banque rénove la façade sans toutefois lui apporter de modification trop importante ni dénaturer l’immeuble d’origine. Elle rénove également la partie arrière du bâtiment donnant sur la rue de l’Espérance.

Papier à en-tête des années 1930 du fabricant Parent-Clavière (Document collection privée)
La banque au début des années 1980 la façade et l’arrière du bâtiment (Documents archives municipales)
Croquis des rénovations du bâtiment à l’avant et à l’arrière (Documents archives municipales)

La Barclays Bank dans les années 1990 (Document archives municipales)

Puis après 1993, les assurances Masurel s’y installent jusqu’à la fin des années 2000. Depuis l’immeuble a été rénové et a retrouvé sa splendeur d’antan, devenant un cabinet d’avocats.

Assurances Masurel en 2008 et cabinet d’avocats en 2023 (Documents Google Maps)

Enfin, en 1988, au n°70 de la rue, au coin de la rue Nationale, s’installe le Crédit Agricole. Ce numéro a longtemps abrité un négoce de laines : Wenz et Cie, mais en 1968 le majestueux immeuble datant du début du siècle a été démoli pour laisser la place à la Résidence de l’Hermitage, laquelle a hébergé au rez-de-chaussée une station essence Elf, puis une agence de voyages : Wagons-Lits Cook.

L’ancien immeuble abritant les lainages Wenz et Cie (Documents collection privée)
Croquis du nouvel immeuble (Documents archives municipales)
L’immeuble dans les années 1980 avant l’emménagement de la banque (Document archives municipales)
Publicité des Wagons-Lits Cook (Document collection privée)

Implanté depuis 1965 rue du Vieil Abreuvoir, l’établissement bancaire inaugure donc ses nouveaux locaux dans la Résidence de l’Hermitage en juillet 1988 « afin d’améliorer la qualité de l’accueil et les services rendus à une clientèle sans cesse croissante ». Une réception accueillant de nombreuses personnalités roubaisiennes est donnée à cette occasion.

Inauguration de la nouvelle agence roubaisienne (Document Nord-Eclair)

Après le départ de l’établissement bancaire, le bâtiment abrite un service d’aide à domicile Home puis Optimhome toujours en place à ce jour. En 2022, l’immeuble vieillissant s’offrira un ravalement de façade.

La résidence de l’Hermitage dans les années 2000 (Documents archives municipales)
La résidence de l’Hermitage en 2017 et 2022 (Documents Google Maps)

Dans les années 1990, les majestueuses façades des bâtiments de l’avenue Jean Lebas, abîmées par le temps, la pollution et le manque d’entretien commencent à être ravalées. On choisit alors la couleur pour les mettre en valeur et redonner de l’harmonie à une avenue où se mêlent bâtiments anciens et modernes. Les architectes remettent ainsi en valeur les façades de l’avenue et leurs détails architecturaux. Le slogan «Roubaix, les couleurs du futur» est à cette époque en lien direct avec ce renouvellement urbain.

Mais ces immeubles n’abritent plus les mêmes activités car les entreprises textiles ont disparu en grand nombre et les banques elles aussi ont déserté ces grands édifices au profit le plus souvent de bâtiments plus modestes quand elles n’ont pas tout simplement fermé leurs portes.

A ce jour, des établissements bancaires historiques de la rue seuls demeurent au n°1 HSBC (anciennement Crédit Commercial de France), au n°19 LCL (anciennement crédit Lyonnais) et au n°33 CIC (anciennement Banque Scalbert ). L’ancienne avenue des banques est redevenue une rue aux activités beaucoup plus éclectiques.

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 2)

Enfin au n°80 de l’avenue se situe la Banque Nationale de Crédit dont le siège social est également à Paris mais qui compte 450 succursales et agences en France. Elle est installée dans un joli petit immeuble cossu.

Publicité de la Banque Nationale de Crédit en 1914, en-tête d’enveloppe des années 1920 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Façade de l’établissement en 1910 (Document collection privée)

Dans les années 1930, la banque y est remplacée par la société d’assurances : André Piat et fils. Puis, l’immeuble, qui n’a pas été sensiblement modifié abrite, dans les années 1980, un Espace Ressources Jeunes et enfin, dans les années 2000, un magasin de mode avant d’héberger un salon de coiffure.

En-tête de courrier d’André Piat et fils en 1938 et publicité de 1954 (Documents collection privée et Nord-Eclair)
Publicité de 1989 et photographie de la façade de l’Espace Ressources Jeunes dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Façade du magasin de mode en 2008 et du salon de coiffure en 2014 (Documents Google Maps)

Pour être tout à fait complet il reste à citer l’immeuble voisin qui au début du 20ème siècle abrite la Banque Albert Perier, fondée en 1903, laquelle y a installé son siège social tandis qu’elle a d’autres maisons à Cambrai, Saint-Omer et Dunkerque, ainsi que de l’autre côté de la frontière belge.

En 1914, elle a laissé la place à la Banque du Nord et de l’Est, d’après le Ravet-Anceau, et en 1928, on ne trouve plus trace d’établissement bancaire à cette adresse et c’est un drapier qui y est installé. Aujourd’hui, le bâtiment, comme son voisin, abrite un salon de coiffure.

Publicité de la banque Albert Perier (Document collection privée)
Photographie de la façade en 2022 (Document Google Maps)

Installation dans les années 1920-1930

Ce n’est que dans les années 1920 qu’une banque s’installe au n°1 de l’avenue de la Gare, à savoir le Crédit Commercial de France en lieu et place du Café Hôtel Moderne qui depuis le début du siècle faisait le coin de la nouvelle avenue et de la rue Saint-Georges (actuelle rue du Général Sarrail).

Publicité et carte postale du Café Hôtel Moderne (Documents collection privée)
Publicité de 1928 pour le CCF (Document Ravet-Anceau)
L’immeuble du CCF dans les années 20 (Document collection privée)

Dans les années 1960, l’entrée de l’agence est modifiée pour se faire dorénavant avenue Jean Lebas et des modifications des baies en façade sont faites en même temps ainsi que quelques changements à l’intérieur du bâtiment tels qu’un nouvel escalier et l’aménagement d’un logement de concierge au 1er étage.

Ces travaux seront suivis d’autres aménagements intérieurs nécessités par l’obligation d’agrandir les locaux. Sera ainsi aménagé le premier étage pour y installer divers services et créé un niveau interlédiaire sous forme d’une mezzanine donnant sur le hall du public. A cette occasion la façade du rez-de-chaussée sera modernisée et celle des étages ravalée et l’entrée sera à nouveau prévue à l’angle de l’immeuble.

Le croquis de la façade en 1972 (Document archives municipales)

Dans les années 1970 et 1980, l’agence bancaire organise des expositions culturelles comme celle du peintre Abel Leblanc en 1974 mais aussi une exposition de la vente à distance en 1987 en collaboration avec les entreprises roubaisiennes de ce « nouvel art de vivre ». L’immeuble du CCF, imposant, n’a pas changé depuis ses débuts roubaisiens et sa façade est particulièrement bien entretenue.

Les expositions de 1974 et 1987 au CCF (Documents Nord-Eclair)
Photographie du CCF dans les années 1980 puis 1990 (Document archives municipales)

Depuis le rachat par My Money Group de la marque CCF en 2000, et la disparition de celle-ci 5 ans plus tard, seule l’enseigne sur le bâtiment a changé pour devenir HSBC. L’immeuble, qui n’a connu que 2 types d’activités depuis sa construction, est resté presque inchangé depuis celle-ci.

Logos successifs du CCF et d’HSBC, façade extérieure et accueil de l’agence (Documents site web)

A quelques mètres plus loin mais de l’autre côté de l’avenue, dans les années 1920 on trouve la Lloyds & National Provincial Foreign Bank Limited, au n° 20. Il s’agit d’un immeuble prestigieux, le plus élevé de la rue, qui couvre les n°20 et 22 de l’avenue, le fameux Grand-Hôtel se situant au n°22. La banque anglaise y est encore répertoriée au milieu des années 1970.

Carte postale représentant la façade de l’immeuble dans les années 1920 et carte de la Lloyds envoyée en 1931 (Documents collection privée)

Puis à la fin des années 1980, les anciens locaux de la banque, restés un temps à louer, hébergent un magasin Z de vente de prêt à porter pour enfants. Mais dès 1991, l’Hôtel Altea, auparavant PLM ETAP et à l’origine Grand Hôtel, profite de son départ en raison d’un bail non renouvelé pour récupérer la totalité de sa devanture. Les nouveaux associés comptent redonner tout son caractère au bâtiment et en restaurer le prestige.

Locaux à louer en 1986 puis occupés par le magasin Z qui quitte les lieux en 1991 (Documents archives municipales et Nord-Eclair)
La future façade de l’Hôtel Altea remodelée en croquis et les nouveaux associés de la société hôtelière lilloise, l’acquéreur (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui l’immeuble abrite toujours un hôtel Mercure rénové depuis plus de 10 ans. L’ancien Grand-Hôtel a gardé ses hauts plafonds moulés, ses verrières nordistes et son parquet récupéré de la Samaritaine. Le restaurant nommé le Vieil Abreuvoir a un cachet inégalable et sert du fait maison à partir de produits régionaux.

La façade du Grand-Hôtel en 2022 et l’intérieur (Documents Google Maps et site web)

Beaucoup plus loin vers la gare au n°86, dans un immeuble relativement modeste pour la rue, qui abritait auparavant un drapier, on trouve la Banque Robert dans les années 1920. Il s’agit de la succursale d’une banque parisienne qui s’occupe exclusivement d’opérations de bourse, de paiement de coupons, d’émission et de placement de titres et enfin de location de coffres-forts.

Mais en 1926, le directeur de la banque parisienne, André Robert, est mis en état d’arrestation pour abus de confiance et ordre est reçu, dans la succursale roubaisienne, de cesser tous paiements et toutes opérations financières et de liquider le travail administratif. L’établissement devrait être mis sous scellés d’après la presse locale.

La Banque Robert en 1926 (Document Journal de Roubaix)

Dans les années 1930, l’immeuble héberge un marchand de tissus puis d’autres commerces. Dans les années 1950, 1960 et 1970 il abrite, avec le bâtiment voisin du 84, à nouveau un marchand de tissus René Aron, puis un soldeur et une entreprise de travail temporaire. Enfin dans les années 2000, le Pôle 86 puis une société de traitement des eaux s’y installent.

Ets René Aron 84-86 avenue Jean Lebas (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Garage de la Grand Place

Michel Maerens, né en 1928, assureur à Hazebrouck et son épouse Jeanine, décident de créer leur petite entreprise. Un ami qui vient d’ouvrir un garage sur Lille avec location de places de parking, leur propose de faire la même chose. L’idée leur paraît intéressante. Le père de Michel, Alidor Maerens, l’aide à monter un dossier financier. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’emplacement idéal. L’occasion se présente au début de l’année 1954, lorsque le bâtiment d’une entreprise située au 25 de la Grand Place à Roubaix, est à vendre. C’était auparavant le siège de l’entreprise Desfontaines, un grossiste en épicerie implanté depuis le début des années 1900.

L’immeuble de 4 niveaux ( de 125 m2 chacun ) se situe donc en plein centre ville. Au rez de chaussée, se trouve le magasin, à l’arrière une immense cour n’est pas utilisée à part un local réservé à la torréfaction de cafés en grains. Les 2° 3° et 4° étages sont réservés à l’habitation. La surface totale du terrain est de 1282 m2.

La façade Desfontaines au début des années 1950 ( document J. Maerens )
Plan cadastral

L’acte de vente est signé rapidement. Michel Maerens et son père déposent un permis pour la démolition du local dans la cour et pour la construction, sur la totalité de celle-ci, d’un garage couvert pour automobiles avec un étage et une rampe d’accès ainsi qu’un permis pour la transformation des deux baies vitrées en façade.

Les entreprises choisies sont : Degallaix, 23 rue du Cateau, pour le gros-oeuvre, et Browaeys, 14 rue Boucicaut, pour la charpente métallique. Les travaux vont bon train, durant toute l’année 1954.

Travaux dans une partie de la cour ( document J. Maerens )
Les ouvriers de l’entreprise Degallaix au travail ( document J. Maerens )

Michel Maerens et son épouse ont également prévu d’implanter au rez de chaussée un pont pour l’entretien de graissage-vidange des automobiles, ainsi qu’une piste de lavage et bien sûr, trois pompes en façade, dont une double, pour la vente de carburants : essence, super et gas-oil, avec une citerne enterrée de 25.000 litres. La marque choisie est ANTAR.

le pont et la piste de lavage ( document J. Maerens )
la façade extérieure ( document J. Maerens )

Le 1° Février 1955, c’est enfin l’ouverture du garage, par un froid glacial qui détruit une partie du carrelage fraîchement posé ! Le succès est au rendez vous très rapidement. A cette époque la Grand Place comporte de très nombreuses places de parking ( gratuites ) mais les 150 places proposées à la clientèle en location longue durée font le bonheur des nombreux commerçants du centre ville qui souhaitent garer leur automobile dans un garage qui leur garantit la sécurité.

Publicité ouverture Février 1955 ( document J. Maerens )

Michel et Jeanine Maerens communiquent par la publicité, pour inciter les particuliers à déposer leur véhicule pour l’entretien ( lavage, graissage et vidange ) pendant leurs achats chez les commerçants du centre ville.

Publicité ( document Nord Eclair )
Michel à gauche, Jeanine à droite et une amie au centre ( document J. Maerens )

Le succès est tel que le couple Maerens décide, dès 1960, d’agrandir en construisant un deuxième niveau pour augmenter le nombre de places de parking disponibles. Plus de 200 emplacements sont maintenant proposés à la clientèle. Les fidèles entreprises roubaisiennes Degallaix et Browaeys sont appelées pour exécuter les travaux pour la surélévation par un plancher supplémentaire.

le 3° niveau sous la charpente 1960 ( documents J. Maerens )

Michel Maerens continue à investir dans son entreprise. Il change les pompes à essence, pour la troisième fois, pour des appareils plus modernes et décide également des travaux pour la réfection de la toiture en 1976.

les nouvelles pompes à essence ( document J. Maerens )

( documents archives municipales )

Michel décède malheureusement en 1978, à l’âge de 50 ans. Jeanine continue seule l’activité, aidé occasionnellement par son fils Philippe. Huit années plus tard, en 1986, Jeanine arrête la distribution de carburants, supprime les pompes à essence et cesse toute activité d’entretien des véhicules. Elle ne se consacre alors plus qu’à la location des places de parking , et loue le rez de chaussée à l’assureur Dussaussoy

La façade à la fin des années 1980 ( document archives municipales )

En 1998, Jeanine, à 66 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Son fils Philippe ne souhaite pas continuer l’activité car il s’est dirigé vers une autre orientation professionnelle. L’immeuble est alors cédé à un groupe de 4 associés qui vont continuer l’activité de location de places de parking et transformer les 4 niveaux en bureaux et commerces en location,

La façade en 1999 ( document archives municipales )

vue aérienne et façade actuelles ( document Google Maps et photo BT )

Remerciements à Jeanine Maerens ainsi qu’aux archives municipales