Gabriel Drouffe a le sens des affaires ; il communique énormément par la publicité de presse, et envoie également des catalogues à toutes les mamans, lors d’une nouvelle naissance.
( Doc coll. priv. )
Sa fille ainée Lucette Drouffe se marie avec Marcel Piat et ouvre un magasin Drouffe à Lille, au 103 Boulevard de la Liberté, vers 1935. Son fils, Jacques Drouffe, et son épouse Madeleine s’installent à Dunkerque, rue de l’Amiral Ronarch, en 1938, mais ce nouveau magasin Drouffe sera détruit, lors des bombardements de Juin 1940.
( Doc coll. priv. )
Jacques Drouffe, passionné de radio, revient à Roubaix et commence à distribuer les marques Murphy, Socdadel et Telenord et apporte un petit complément de chiffre d’affaire à l’entreprise paternelle, et se termine au début des années 50.
( Doc coll. priv. )
Après la seconde guerre mondiale, le baby boom fait exploser les ventes de landaus, de chambres, de voitures d’enfants. Gabriel Drouffe est membre de l’Union des commerçants de la rue de Lannoy. Il est aussi musicien averti et virtuose, comme l’ensemble de sa famille. Par ailleurs, il devient, en 1949, juge au Tribunal de Commerce de Roubaix.
En 1958, Gabriel décède. Son épouse Germaine reprend l’affaire et continue l’activité avec ses deux fils : Jacques et Gabriel surnommé Gaby, aidés de leurs épouses respectives. A la fin des années 50, Jacques et Gabriel modifient leur stratégie commerciale et deviennent concessionnaire Materna : une grande marque spécialisée en laits infantiles en poudre, et en ampoules de jus de fruits naturels, lesquels étaient, jusqu’à présent, vendus en pharmacies.
le 43 rue de Lannoy au début des années 60 ( Documents JP Drouffe )le 43 bis rue de Lannoy au début des années 60 ( Documents JP Drouffe )
Désormais, les deux frères Drouffe vont se limiter à l’activité de négoce avec des fournisseurs connus, comme Bébéconfort, qui apportent une gamme complète d’articles de puériculture. Ils décident de fermer l’usine de production de Toufflers. En 1964, la démolition de la rue de Lannoy est programmée ! Tous les commerçants doivent déménager et quitter cette artère commerçante, pour laisser place au futur centre commercial Roubaix 2000.
Jacques et Gabriel signent, en 1964, un bail de location avec Mme Van-Hooland pour un local commercial, au 28 place de la Liberté . C’est un petit commerce situé entre le magasin de chaussures Préselect et la supérette Lecomte. Ils font appel à l’architecte Constant Verdonck, au 35 avenue Jean Lebas, pour l’aménagement et la transformation du magasin ; les travaux s’élèvent à 30.000 Frs.
( Documents JP Drouffe )
Après l’ouverture éphémère d’un magasin Drouffe à Mons en Baroeul en 1975, Jacques et Gabriel décident de prendre une retraite bien méritée. Le magasin du Bld de la Liberté à Lille ferme. Aucun des enfants ne souhaite continuer l’activité. Le magasin de la place de la Liberté à Roubaix ferme donc ses portes définitivement en 1980. Après un siècle d’existence, la maison Drouffe garde une image forte de notoriété, de réputation, de qualité, de service et de sérieux.
Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Pierre Drouffe pour son témoignage et sa documentation.
Benjamin Louis Drouffe a 25 ans lorsqu’il se marie, en 1880, avec Marie Chevalier. La même année, ils créent ensemble leur petite entreprise, une manufacture de meubles et sièges. L’entreprise L. Drouffe-Chevalier s’installe rue Pierre de Roubaix dans un bâtiment immense auquel on accède également par une porte cochère, au 29 rue de Saint Amand.
( Document BNR )
Très rapidement ils décident d’apporter un complément d’activité à leur entreprise. Au début des années 1900, ils produisent des voitures d’enfants, des charrettes, des attelages, des tricycles… dans leurs usines de Roubaix ( au 136-138 rue Pierre de Roubaix ) et de Toufflers (au 122 rue de Roubaix ).
( Document BNR )
La production est bien sûr artisanale : les landaus sont entièrement montés manuellement et demandent une main d’oeuvre abondante et spécialisée.
( Doc coll. priv. )( Doc BNR )
En Août 1911,un incendie ravage l’entreprise de la rue Pierre de Roubaix, détruisant un lieu de stockage de meubles de grande valeur, un atelier de production de voitures d’enfants, et une partie de l’habitation. Le préjudice s’élève à 75.000 Frs. Les assurances permettent heureusement de rembourser les frais et de reconstruire les locaux.
( Document Journal de Roubaix . Archives Municipales )
Benjamin Louis et Marie sont ambitieux ; ils souhaitent développer davantage les ventes de leur commerce. Après la première guerre mondiale, ils font l’acquisition d’un immeuble au 43 et 43 bis rue de Lannoy ( juste à côté du café de la Planche Trouée ). La rue de Lannoy est l’une des artères les plus commerçantes de la ville, ce qui facilite le démarrage commercial de leur petite entreprise.
En 1920, ils engagent d’importants travaux d’aménagements de ces locaux et les transforment en magasin de vente et d’exposition de voitures d’enfants. En 1923, ils construisent un deuxième bâtiment juste derrière le magasin. Ils créent également un dépôt à Paris, rue de la Huchette.
( Document BNR )
Benjamin Louis et Marie ont 11 enfants. Trois de leurs garçons s’occupent de la production :
– à Toufflers, Albert s’occupe des services techniques et Eugène de l’administratif,
– à Roubaix Gabriel s’occupe de la gestion du magasin de la rue de Lannoy.
L’entreprise Drouffe Chevalier devient Drouffe frères, au début des années 20.
( Doc coll. priv. )
En plus de leur gamme de voitures d’enfants, ils fabriquent et distribuent également des lits, des chaises, des moïses, des jouets.
A la fin des années 1920, les frères Drouffe se séparent de l’usine de la rue Pierre de Roubaix pour ne garder que l’unité de production de Toufflers. Le bâtiment est repris par M. Larnou qui habite rue des Fossés, et qui le transforme en cinéma et dancing. Par la suite ce sera le cinéma « Renaissance ».
( Document Journal de Roubaix . Archives Municipales )
Début Juin 1931, des ouvriers du textile manifestent dans toute la ville. Ces événements durent plus de deux semaines. La tension monte entre ouvriers grévistes et forces de l’ordre et le 15 Juin des émeutes éclatent, surtout dans le quartier des Longues Haies et de la rue de Lannoy.( Maxence Van der Meersch en relate les événements dans son livre : Quand les sirènes se taisent )
( Document L’Egalité . Archives Municipales )
Des barricades sont érigées, des rues dépavées, des vitrines brisées, des magasins saccagés: les gardes-mobiles chargent pour réprimer ces manifestations non déclarées.
Les heurts sont très violents et il y a de nombreux blessés. Gabriel Drouffe n’hésite pas un seul instant à soigner un garde-mobile, le lieutenant Le-Thomas, qui a reçu un pavé en plein front. Les émeutiers n’apprécient pas ce geste et les représailles sont immédiates ; toutes les vitrines sont brisées, le magasin pillé, les deux véhicules Citroën ( voiture personnelle et fourgonnette de livraison ), stationnés rue des Longues Haies, sont saccagés et incendiés.
( Documents JP Drouffe )( Documents JP Drouffe )
Devant tant de haine, Gabriel Drouffe fait paraître, dans la presse locale, une lettre dans laquelle il revendique le devoir de porter secours à tout blessé, qu’il s’agisse d’un garde-mobile ou d’un ouvrier gréviste.
À suivre . . .
Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Pierre Drouffe pour son témoignage et sa documentation.
Une réunion des commerçants se déroule le mardi 4 mars 1969 : cent cinquante persones se sont réunies au Casino cinéma place de la Liberté à l’appel de l’intercommerciale de Roubaix. Son président Robert Bousquet souligne la nécessité de « faire l’unanimité dans le calme et la dignité ». Un mouvement de grève est prévu le mercredi 5 mars suivi d’un meeting qui doit se tenir à la foire commerciale de lille. Au bureau de cette réunion siègent MM. Bousquet, Harmand, vice président, Papillon et Sauvet, délégués de la chambre de commerce, Moermann président des cafetiers, hôteliers et restaurateurs, Plateau, président adjoint de la fédération des groupements commerciaux de Roubaix, Antoine président des épiciers et fruitiers du Nord Pas de Calais.
Le bureau de la réunion Photo NE
Les motifs du mouvement font l’objet d’un cahier de revendications déjà rédigé. Il est rappelé que 80% de l’activité commerciale est exercée sur le plan national par le commerce indépendant qui emploie aussi 70 % du personnel. Le mécontentement est du à la non reconnaissance du rôle et de la place du commerce indépendant dans la vie économique de la nation, ainsi qu’à la campagne de dénigrement qui met en jeu sa dignité. On réclame une fiscalité juste simple et supportable, la liberté des prix et des marges commerciales, la fin des contrôles, l’égalité des droits et des moyens pour tous, le aintien de la propriété commerciale, des loyers équitables, l’indemnisation du préjudice causé en cas d’expropriation, la neutralité de la publicité à l’ORTF, un statut social digne et valable.
De leur côté les cafetiers, hôteliers et restaurateurs de Roubaix se sont réunis dans l’après midi à leur siège au 10 de la rue du Maréchal Foch en présence de M. Moermann président et Harmand vice président, Michel Vandenberghe président des cafetiers, Pierre Louchard président des restaurateurs, Moïse Sadoine trésorier. Les revendications du matin ont été rappelées. La FNAIM (immobilier) s’associe au mouvement.
Les rideaux de fer de la Grand Rue Photo NM
Les consignes ont été données aux commerçants pour la grève du lendemain: enseignes éteintes, portes closes, rideaux baissés, mais pas de désordre en ville. « Prévenez les clients ! » Il s’agit d’une grève d’avertissement, une suite est d’ores et déjà prévue s’il n’y a pas d’effets. Ceci s’adresse aux Pouvoirs Publics. On précise les revendications : réduction du taux et simplification de la TVA, égalité des droits et charges entre tous les commerçants, suppression des contrôles fiscaux, assouplissement du régime de la Caisse d’assurance maladie, reconnaissance du salaire fiscal du commerçant, simplification des formalités administratives. M. Papillon rajoute la liberté des prix et des marges commerciales et la posibilité pour les commerçants indépendants d’être présents dans les nouveaux centres commerciaux. Pierre Poujade, président de l’UDCA, se déclare hostile à la journée de fermeture du mercredi 5 mars sans précision, mais le représentant local de l’UDCA a donné consigne de fermer.
Rue de Lannoy 1969 Photo NE
Le 5 mars a donc lieu une grève sans précédent des commerçants et artisans, et le mouvement a été fortement suivi dans notre région. Il y eut des cortèges à Valenciennes, Dunkerque, Cambrai, Avesnes et à Arras. Ce jour là, Roubaix est devenue une ville aux boutiques closes, le mouvement de grève a été suivi à 98 %. Aucun incident. Sous un soleil radieux mais un froid vif. Le centre du Lido affiche fermé. Charges trop lourdes et fiscalité injuste ! Grilles fermées, stores pudiquement baissés. Seuls cinq grands magasins sur les sept installés dans la ville avaient ouvert avec des cars de police pour assurer la sécurité. Les ménagères avaient pris leurs précautions, on ne pouvait trouver aucun bistrot ouvert, ni un coiffeur, ni une pharmacie, pour laquelle un service d’urgence avait quand même été mis en place. La quasi totalité du commerce roubaisien avait donc suivi la grève hier. On aurait dit Roubaix au mois d’août, signale un journaliste dont l’article prend un peu ça à la rigolade. Meetings et défilés se sont déroulés dans le calme. Victor Provo président du conseil général du nord, maire de Roubaix écrit une lettre de soutien envoyée au président de l’intercommerciale M. Bousquet, dans laquelle il assure le mouvement de sa sympathie et de la solidarité de l’association des maires. Il en profite pour faire le procès de la fiscalité injuste développée par l’État, sur les inquiétudes concernant le transfert aux collectivités des charges et la perspective de la régionalisation.
On est en pleine période de construction de Roubaix 2000 et le Lido a déjà tamisé beaucoup de commerçants de la rue de Lannoy. Les supermarchés sont de plus en plus présents : Auchan, le grand marché, Monoprix, Unifix. Ceux- là ne fermeront pas le 5 mars de même que les Coop. Leur délégation régionale publie un communiqué dans lequel elle déclare ne pas s’associer aux manifestations car les Coop n’ont pas été contactées, bien que connaissant les mêmes charges, impôts et contrôles que les commerçants. Elle termine en rappelant que les Coop sont des associations de consommateurs auxquels elles doivent rendre le service attendu.
Les grévistes sont des petits et moyens commerçants, de ceux qui ont fait l’attractivité d’une ville depuis plus d’un siècle, Roubaix pouvant être considérée comme la ville aux rues commerciales. C’est un monde qui souffre et va progressivement disparaître sous les attaques concurrentielles des grandes surfaces, les coups de boutoir de la fiscalité, la particularité des statuts vis à vis de la maladie, de la retraite…
Alfred Devriese est né en 1897 à Roubaix. Il se marie en 1921 avec Marguerite Duthilleul, née en 1902. Alfred et Marguerite Devriese reprennent le commerce d’articles de ménage de C. Vanparys-Deldique, au 4 rue Pierre Motte, au milieu des années 1920. Ils s’installent un peu plus loin, au 37 de la même rue, dans un local beaucoup plus vaste, et créent « Le Bazar des Halles ». La rue Pierre Motte est une artère commerçante ; les halles de Roubaix sont à deux pas ; le nouvel hôtel des postes est en construction, et ils habitent sur place.
Ils décident de vendre un peu de tout, sans vraiment se spécialiser dans une activité précise ; c’est « le bazar », comme on appelle à l’époque ce genre de magasin. On y trouve donc de tout : Faïences, Verrerie, Articles de ménage, Objets d’art, Objets fantaisie, Jouets, Lustres, Meubles, Voitures d’enfants, Laveuse-batteuse, Postes de radio. Dans les années 30, les affaires sont florissantes. La clientèle apprécie de trouver beaucoup de choses, à un prix défiant toute concurrence, sous un même toit.
( Documents coll. priv. )
Alfred est toujours à l’affût d’événements qui peuvent améliorer ses affaires. Dans les années 1940, l’activité musicale roubaisienne se concentre au cœur de la ville, autour des halles, et la rue Pierre Motte se transforme en « rue du jazz ». Les principaux commerces créent leur formation de jazz et de swing. Dans cette rue, nous trouvons l’orchestre de Jean Poulin au 55, le Celtic au 11 (voir précédent reportage), et la Rotonde à l’angle du Boulevard Gambetta. Alfred Devriese constate le succès de ses confrères, et décide de former un orchestre, en débauchant des musiciens (dont Richard Herne) de ses concurrents. Une fois l’époque des zazous et du swing terminée, chacun reprend ses occupations et Alfred retourne à ses casseroles.
( Document Charles Verstraete )
Les années 50 connaissent un bouleversement du commerce de l’électro ménager, et Alfred a bien l’intention d’en profiter. Il distribue les téléviseurs Télérêve, les réfrigérateurs Frigéavia et les machines à laver Flandria fabriquées à Wattrelos. Il remplace son enseigne « le bazar des halles » par son nom propre : les Ets Devriese.
( Documents coll. priv. )
Pour faire face au développement de son magasin, il en fait transformer la façade et installe un auvent, en 1956, pour un montant total de 3.000.000 Frs. En 1966, il se spécialise en installateur agréé GDF et crée un rayon de chauffage central au gaz.
( Documents coll. priv. )
En 1967, arrive la télévision couleur. Alfred compte bien profiter de cette occasion exceptionnelle, pour vendre ses téléviseurs Téléavia.
( Documents coll. priv. )
Alfred Devriese prend sa retraite et cède son commerce, en 1977, à Christiane Vanaldewelt qui va changer complètement l’activité. Le bazar des halles change d’enseigne et devient « Au Grand Marché ». C’est un commerce de fruits, légumes et fleurs ; viennent ensuite un rayon poissonnerie, boulangerie et crémerie.
En 1998, une nouvelle enseigne « Nouveau Siècle » voit le jour. C’est un commerce de bijoux, maroquinerie, cadeaux, bibelots et articles de décoration géré par Nicolas et Hélène Chu.
( Photo BT )
Aujourd’hui, et depuis 2013, nous trouvons un magasin de vêtements et sacs à main, à prix discount, à l’enseigne « Roubaix modes ».
Dans les années 50, le commerce de gros connaît une forte croissance et les demandes d’agrandissement des entrepôts de la rue de Cohem se succèdent : en 1951, 1953, 1960, 1969. Un choix immense est proposé à la clientèle : fers, câbles, cornières, barres, cylindres, tôles. . . Bossu Cuvelier livre désormais des profilés aciers dans toute la région.
( Document coll. Priv. )
Pour les particuliers, Bossu Cuvelier est la première « grande surface » . On y trouve de tout :
– au rez de chaussée, la quincaillerie, des outils de bricolage, de l’outillage électrique.
– à l’étage, auquel on accède par le célèbre escalier carrelé de couleur verte, de la très belle vaisselle, des casseroles de grande qualité, des meubles de cuisine et surtout des jouets.
De nombreux roubaisiens se souviennent d’ailleurs des superbes vitrines décorées, à l’époque de Noël, avec l’animation des trains électriques, dans les années 1960.
( Document coll. Priv. )
En 1976, Descours et Cabaud, un gros groupe industriel de la région Lyonnaise dans le domaine de l’acier, rachète Bossu Cuvelier. L’entreprise devient B.C.D.C « Bossu Cuvelier Descours Cabaud» ; elle est dirigée par Jacques Bossu et Pierre Henri Baye. L’année suivante, pour faire face à son développement de la division aciers, l’entreprise décide de déménager rue de Cohem. L’expansion continue ; Bossu Cuvelier s’étend désormais, sur plus de 16000 m2.
( Document Bossu Cuvelier )
Sur la photo ci-dessus, l’entrepôt de la rue de Cohem. A l’extrême droite, on distingue la maison blanche du concierge ; les toits blancs sont occupés par la division Quofi (Quincaillerie Outillage Fournitures Industrielles) ; les toits noirs sont réservés aux dépôts des aciers, et dans le fond, on aperçoit la voie ferrée et l’embranchement particulier SNCF.
( Document Bossu Cuvelier)
L’ouverture officielle de l’entrepôt se fait en Janvier 1978. Un magasin d’accueil est créé pour les professionnels ( voir un précédent article sur notre site « Une quincaillerie , rue de Cohem » ).
( Document Nord Eclair )
En 1983, le Directeur général de Bossu Cuvelier : Hubert de Courcy fait démolir le deuxième étage du 74 et 74 bis de la Grande Rue, pour des raisons de sécurité.
( Documents Archives Municipales )
Les ventes aux particuliers chutent de plus en plus. La Direction prend la décision, en 1985, de fermer les portes du magasin de la Grande Rue, de se séparer de l’entrepôt du Bld Gambetta, et de se consacrer surtout aux entreprises. Le siégé social est transféré Boulevard Leclerc. Le magasin de la Grande Rue est rasé en 1994.
La démolition du magasin de la Grande Rue. On remarque le célèbre magasin des vêtements Devianne et la bijouterie Six ( Document D Labbé )Entrepôt du Bld Gambetta ( Document Archives Municpales )
En 1994, l’entrepôt de la rue de Cohem vieillit et devient trop petit. L’entreprise change de stratégie et, pour se rapprocher de ses clients, ouvre des succursales dans les principales villes de la région. Le siège social est transféré à la ZI de Lesquin. L’entrepôt de la rue de Cohem emménage dans les locaux de l’ancienne entreprise Stein, au 7 rue de Sévigné, en contrebas du pont de Beaurepaire, avec un embranchement particulier SNCF, puisque la gare du Pile fait désormais partie de l’entreprise.
( Photo Google Maps )
L’entreprise est rebaptisée Prolians en 2000, et en 2012, Prolians Bossu Cuvelier : le spécialiste nordiste des fournitures industrielles, fête son 150° anniversaire. Il reste le leader incontesté de la visserie, boulonnerie, outillage, vêtements de travail, soudure et matériel électroportatif (visseuses, perceuses, raboteuses…).
( Photo BT )
Aujourd’hui, Prolians Bossu Cuvelier possède 16 magasins dans les Hauts de France ; plus de 300 salariés y travaillent. Les fournisseurs sont réputés, les clients très importants comme Eiffage, Ramery, Arcelor Mittal.
20.000 références sont en stock dans tous les domaines de l’industrie : Produits métallurgiques – Tréfilerie – Outillage et fournitures industrielles – Chauffage Plomberie – Sanitaire – Energies nouvelles – Quincaillerie de bâtiment et d’agencement – Matériel de BTP – Équipements de protection individuelle. Prolians Bossu Cuvelier fait toujours partie du groupe Descours et Cabaud, avec au total 675 points de vente et 13500 salariés.
Actuellement on trouve :
– à la place du magasin de la Grande Rue, un immeuble avec, au rez de chaussée, une agence Pole Emploi,
– au Boulevard Gambetta, la résidence étudiante Nemea,
– à l’emplacement de la rue de Cohem, le parking de l’immense Sté Camaïeu.
Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Magali Muset, Arlette Thullier, Lucette Bernardi et Armelle D.
Ce cabaret, antérieur au parc Barbieux, a une origine ancienne, et son histoire s’est trouvé mêlée de près à celle de la création du parc. En 1826 le plan cadastral de Croix nous montre une ferme au hameau de Barbieux, située très près de l’axe du canal projeté, dont le tracé en souterrain doit relier les deux parties déjà en eau entre la barque d’Or au pont d’Hem à Croix. Cette ferme est placée à peu près à égale distance entre celle de la Duquennière, sujet d’un autre article de notre blog, et la ferme Lezaire, éloignées de quelques dizaines de mètres à peine.
Document de gauche archives départementales
Mais les travaux de creusement du tunnel n’avancent pas : les sols étant trop meubles, les tentatives successives de forage échouent. En 1855, le concessionnaire, M. Messen étant incapable de terminer le canal, la ville se substitue à lui pour tenter de faire terminer les travaux aux frais de l’État. Le concessionnaire cède à la ville le canal contre une annuité de 25 000f valable jusqu’à la fin de la concession. L’acte est passé devant notaire en 1857. L’année suivante, on abandonne le tracé primitif par Barbieux et la ville offre à l’état la propriété du canal, à charge pour lui de le terminer avec un nouveau tracé passant entre Roubaix et Tourcoing.
En 1864, constatant l’inutilité des terrains situés à Barbieux par suite du détournement du canal et estimant le coût de leur nivellement pour une remise en culture, la ville envisage d’y installer un jardin public. Elle demande le 1er octobre la rétrocession par l’état de l’emprise du canal, et, cette zone ne mesurant que 20 mètres de large par endroits, prévoit de racheter les terrains situés à droite et à gauche pour donner une largeur suffisante au parc. Un décret impérial de 1866 déclare d’utilité publique la création d’une promenade publique et prononce l’expropriation des terrains proches du tracé du canal au premier mars 1867.
Parmi ces terrains figure celui de l’ancienne ferme, située à Croix, et appartenant à la veuve Michel Gons, prénommée Marie. A cette époque, une partie des bâtiments de la ferme ont disparu. On constate en effet que la disposition des lieux a beaucoup évolué avec le temps ; les plans officiels successifs en présentent les différents aspects entre 1826 et le début des années 1900.
Le cabaret semble reprendre la partie supérieure des bâtiments de la ferme, puis, avec le temps, d’autres bâtiments et annexes sont ajoutés au noyau d’origine. Il prend finalement la forme d’un T, autour duquel un espace circulaire est aménagé. En 1902 un plan du parc nous montre le bâtiment en T accompagné d’un petit bâtiment annexe non loin de l’avenue de Jussieu, dont on vient d’effectuer le percement.
Malheureusement, il est difficile de préciser d’où lui vient son nom, ou d’avancer une date précise pour le moment où il lui a été attribué. Ce qu’on sait, c’est que les terrains expropriés en 1867 sont aussitôt mis en location par la municipalité roubaisienne. Par ailleurs un document non daté, mais très probablement des années 1860, nous indique qu’Auguste Russert (orthographe incertaine) loue à la ville de Roubaix deux maisons (parcelles 1013 et 1014, qui forment les deux parties du T), et qu’il y a installé le cabaret des mille colonnes.
Le document précise aussi que, comme les travaux de la promenade ne touchent pas l’estaminet, il n’y a pas lieu de rien changer à ce bail. Sur un plan de cette même époque, on voit accessoirement que la parcelle 198 a toujours un propriétaire du nom de Gons.
En 1874, on passe cette fois par une adjudication pour louer les terrains. Le locataire est alors François Lefebvre, de Roubaix.
En 1881, le cahier des charges de location fait mention du clos dit de l’estaminet des mille colonnes. Il comprend une maison d’habitation et des dépendances. Un bail d’un an est conclu, reconductible d’année en année. L’adjudication est remportée par Jules Cau, habitant rue d’Hem à Roubaix. M. Lefebvre, l’ancien cabaretier, a perdu les enchères.
Nous sommes à l’époque du début des gros travaux d’aménagement du parc, qui démarrent en 1878.
Les terrassements du parc
En 1885, la brasserie du Moulin, Quint frères propose de remettre le cabaret en adjudication et offre plus que le locataire actuel. C’est Emile Legrand qui remporte l’adjudication. Le nouveau bail aura une durée de neuf ans.
Six ans plus tard, le conseil municipal constate l’état de vétusté de l’immeuble communal « les mille colonnes ». Il « tombe en ruines », nous dit-on. Ceci semble bien confirmer que le bâtiment est ancien, antérieur au parc lui-même, et qu’il pourrait donc bien être constitué d’un des corps de l’ancienne ferme.
Les conseillers municipaux se demandent s’il vaut la peine d’être réparé alors qu’il devrait être supprimé « dans un temps prochain » ? Il vaudrait peut être mieux le démolir directement. Mais on craint une demande d’indemnité de la part du locataire si on décide sa suppression. Comme le bail court encore pour trois ans, on choisit d’effectuer les réparations les plus urgentes.
A la fin du bail, en 1894, M. Breuvart-Despret, brasseur à Armentières, obtient la concession pour neuf an du cabaret et de l’enclos. Cette concession expire le 30 septembre 1903. M. L.Geindrie-Legrand est alors l’occupant effectif de la brasserie.
1903 voit donc la fin de la concession de la brasserie Breuvart. Son mandataire est Charles Beghin, de Lys lez Lannoy. La reconduction du bail n’est pas prévue : le cabaret ne fait pas partie du projet d’ensemble du jardin. L’idée avancée est de le reconduire, en attendant, par périodes d’un an. C’est ce qui est proposé à la société Breuvart qui refuse. On fait donc la même proposition à M. L.Geindrie-Legrand, l’occupant du cabaret, qui, lui, accepte. L’enclos, bien qu’appartenant à la ville de Roubaix, est toujours sur le territoire de Croix. A cette même époque, on démarre des travaux d’aménagement dans le bout du parc jusqu’à la rue Holden à Croix.
A la suite des travaux effectués autour de l’établissement, l’eau envahit la cave de l’estaminet en 1905. Le locataire demande alors qu’on procède d’urgence aux travaux nécessaires.
Plan 1902
Ayant entendu dire que le cabaret doit disparaître, M. Alexandre Renars propose de reconstruire à l’emplacement de l’établissement un nouveau café qui reviendrait à la ville au bout d’une certaine période. M. Geindrie fait la même proposition, valable pour 15 ans. Une commission municipale se saisit de l’affaire. Elle propose de refuser cette proposition, l’architecture du nouvel immeuble n’étant pas compatible avec le parc. Le locataire abandonne son projet et déménage.
Le café prend un aspect « lamentable ». Il tombe en ruines et est vandalisé. La décision de démolition est prise en 1907 lors du conseil du 8 février sous la présidence d’Eugène Motte
On achève la construction du parc, qu’on va doter d’un nouveau débit de boisson : Pierre Destombes, ancien adjoint au maire, offre 32000 f à la ville pour la construction d’un café-Laiterie. Celui-ci sera placé non loin de là, il portera le nom de café de la Laiterie, et a fait l’objet d’un autre article dans le blog. La démolition de l’ancien cabaret sera terminée en mai.
Un plan du parc daté de 1911 montre un espace circulaire bordé d’arbres : le clos des mille colonnes.
Alors que les constructions alentour évoluent et se modernisent, le rond-point va rester quasiment inchangé une centaine d’années face au pont jeté sur la pièce d’eau. On le retrouve sur les photos aériennes, entouré d’arbres plus ou moins denses selon les époques.
Photos IGN
Il faut attendre le 21ème siècle pour voir se transformer le site. Aujourd’hui, après les travaux de rénovation du parc, le clos des mille colonnes est devenu un parvis ceint de gradins formant un amphithéâtre.
Photo Jpm 2019
Remercions l’Institut géographique national, les archives départementales, la médiathèque de Roubaix et les archives municipales roubaisiennes, qui nous ont fourni la matière de nos illustrations.
Louis-François Bossu naît, en 1835, à Roubaix et Elma Cuvelier naît, en 1842, à Houplines. Ils se marient et ont 6 enfants Marie, Louise, Paul, Louise-Elisa, Henri et Albert. Louis-François est quincaillier. Il crée son commerce avec son épouse, à Roubaix, au 74 Grande Rue, en 1862, à l’enseigne Bossu Cuvelier. C’est un emplacement idéal car c’est une grande artère commerçante de la ville. Les débuts sont difficiles ; à cette époque, les livraisons se font en véhicules hippomobiles, ou en charrettes à bras. Les employés apportent leurs quotas de charbon pour chauffer les bureaux ! La volonté, la ténacité, le sens du commerce du couple permettent cependant d’envisager un avenir prometteur.
( Document coll. Priv. )
Louis-François développe son commerce de quincaillerie, en se spécialisant en serrurerie, poëlerie, appareils de chauffage en fonte, aciers, fers, cuivres …Il livre également les usines textiles, en petit outillage de tissage et peignage mécanique.
Il stocke ses produits dans un local, au 90 bis de la même rue, et ensuite dans un entrepôt situé derrière son magasin, sur le Boulevard Gambetta, au 81 83, avec un accès beaucoup plus aisé pour les livraisons et les expéditions. Le magasin de la Grande Rue est destiné à recevoir les particuliers, pour la quincaillerie, la serrurerie, le petit outillage etc. A l’étage, on y trouve de la vaisselle, des articles de ménage, de la droguerie. . .
L’entrepôt du Boulevard Gambetta est plutôt réservé à l’activité de grossiste pour les outillages industriels, fers, aciers, tôles …
Les deux bâtiments sont complètement séparés ; il y a juste un accès par une petite porte. Les deux entités sont différentes.
( Document coll. Priv. )
Au début des années 1900, il rachète le 74 bis à un torréfacteur de cafés (Marquette Dusart), et fait transformer la façade des deux magasins réunis. Après la première guerre mondiale, la France a besoin de se reconstruire. Bossu Cuvelier va alors connaître une ascension fulgurante, surtout pour l’activité de gros : division aciers et fers. L’entreprise compte une quarantaine de salariés, dans les années 1920.
( Document BNR )( Document coll. Priv. )
En 1921, Albert Bossu s’associe avec Camille Dubrulle. Ils font l’acquisition d’un terrain d’environ 8000 m2, rue de Cohem, pour y construire un entrepôt de stockage pour son activité de gros, et fait venir directement l’acier en grosse quantité, en particulier de Lorraine, à des prx négociés au plus bas. C’est un emplacement stratégique, puisque cette parcelle bénéficie d’un embranchement particulier pour les voies ferrées, la gare du Pile étant toute proche. Ce nouvel entrepôt rue de Cohem remplace le dépôt du 90 bis Grande Rue qui n’a plus d’utilité et va être loué, en 1935, aux Ets Delbecque ( machines outils et outillage ).
L’activité de vente aux particuliers se développant également, le manque de place motive l’entreprise à reprendre les deux maisons voisines, du 76 puis du 78 de la Grande Rue. Le 76 est occupé par un cafetier : Degreve-Verbeurgt, le 78 par B. Nodot de la coopérative des vendeurs de journaux. En 1934, Bossu Cuvelier demande à l’architecte Fernand Lefebvre de Roubaix de transformer les deux maisons en commerce de détail. La façade mesure désormais plus de 30 mètres. L’agrandissement disponible permet d’ajouter des nouvelles familles de produits, comme des articles et mobiliers de jardin.
( Document coll. Priv. )
Tous les dirigeants de Bossu Cuvelier ont eu le sens du commerce, de la publicité et de la communication.
Création d’un panneau publicitaire en 1951 ( Document D. Labbé )
En 1954, Jean Bossu, Directeur de l’entreprise, souhaite transformer les façades des 76 et 78 Grande Rue, car les 2 immeubles sont vétustes et délabrés . Il fait appel à l’architecte Marcel Forrest, de Tourcoing, pour son projet d’amélioration de la façade complète du 74 au 78 pour un investissement de 12.900.000 Frs.
( Document Archives Municipales )La façade, avant et après ( Documents Archives Municipales )
Bossu Cuvelier devient une société importante, mais garde son esprit familial. Les salariés sont fidèles à leur entreprise. En 1955, Léon Hennebicq devient le doyen des quincailliers de France, car il compte 69 années de présence chez Bossu Cuvelier !Lors d’une cérémonie en la présence de Jean Bossu et de M le maire, Victor Provo, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, d’ Antoine Toulemonde, président de la chambre de commerce. Pour fêter cet événement exceptionnel et rarissime, Jean Bossu décide de fermer le magasin une journée complète.
( Document Nord Eclair )
À suivre . . .
Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Magali Muset, Arlette Thullier, Lucette Bernardi et Armelle D.
Le coin de la rue neuve (rue du Maréchal Foch) et du boulevard Gambetta a été occupé dès avant 1884 par le café des Arcades, l’un des grands cafés roubaisiens. Une photo prise depuis la rue des loups le montre à l’extrémité d’une rangée de belles maisons qui lui sont antérieures et qui terminaient la rue avant sa construction. Ces maisons abritent notamment la famille Prouvost-Bénat et la veuve Motte-Bossut en 1885.
Photo collection particulière
Côté boulevard Gambetta le café voisine avec un garage automobile, ouvert après la première guerre où officie M. Dourlens en 1922, remplacé par M. Lemaire peu d’années après.
Photo collection particulière
On aperçoit sur les deux photos précédentes une haute antenne et une construction sur le toit du café : il s’agit d’un studio d’émission radio installé là au début des années 20 au bénéfice du radio-club du Nord de la France.
En 1885 le café porte le nom d’estaminet Farvaque. En 1900 c’est J. Lecreux qui le tient. En 1922 J. Molin. le remplace, qui accueille et abrite le radio-club. Puis, en 1926 c’est J. Molin, qui lui donne le nom de café des arcades. Les belles maisons et le garage disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault qui vient y installer ses ateliers. Notre café est maintenant enserré entre les constructions de la société automobile.
Photo Nord Eclair
Les propriétaires du commerce continuent à se succéder : monsieur Lemoine reprend le fonds en 1935, puis le café passe finalement dans le mains de Mme Anne-Marie Aubanton en 1942. Cette dame présidera à sa destinée jusqu’à sa démolition. Nord Matin annonce la mort du débit de boissons en 1951 dans un article où il décrit sa vie tranquille, fréquenté par des habitués, joueurs de cartes – fidèles depuis plusieurs décennies – et amateurs de billard. Il est le siège de plusieurs sociétés roubaisiennes. Le bâtiment, racheté par Renault, sera démoli en 1952.
Photo Nord Matin
Sur son emplacement, la régie va s’agrandir et édifier une extension, complétant sa succursale. Le nouveau bâtiment reprendra le style de ceux existants pour constituer un ensemble homogène.
Anne-Marie Aubanton, elle, reprend un autre café qui existe depuis avant la 1ere guerre au 5 rue du Moulin à l’enseigne de la Citerne. Elle l’exploite quelques années, puis cet autre café va disparaître dans la première moitié des années 60 avec tout le côté gauche du bas de la rue Jean Moulin. Ironie du sort, le terrain ainsi libéré est maintenant occupé par la succursale Renault !
Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.
Adolphe De Beyne est né, en 1884, à Waregem en Belgique. Il est menuisier, il crée son atelier et s’installe au 167 rue Pellart, en 1906. Il fabrique des cercueils, des malles et des valises.
Publicités 1917 et 1918 ( Documents coll. priv. )
A la fin de la première guerre mondiale, les besoins sont énormes, et les artisans menuisiers s’orientent vers la fabrication de meubles. Adolphe devient ébéniste, il se spécialise dans la production de meubles haut de gamme, de différents style : Louis XV, Empire etc. Il utilise exclusivement des bois nobles : le chêne bien sûr, mais également le merisier, l’acajou. La qualité irréprochable du mobilier qu’il fabrique, lui apporte une clientèle fidèle, et une forte notoriété.
Publicités 1920 1925 ( Documents coll. priv. )
Il se marie avec Laure Cours. Leur fils, Pierre, naît en 1922. Adolphe De Beyne est bon commerçant. Il est présent lors des salons et des foires. Il obtient des médailles et diplômes d’honneur lors d’expositions internationales à Lille, Bruxelles et Paris. Pour faire face au développement de son entreprise au début des années 20, il décide d’acquérir un nouveau local, au 44 rue de la Vigne, pour agrandir son atelier de production.
Le bâtiment de la rue des Sept Ponts 1938 ( Document coll. priv. )
Mais il se retrouve à nouveau très à l’étroit. En 1929, il déménage son atelier dans une usine ultra moderne, au 56 rue des Sept Ponts, et crée un salon d’exposition, au 86 Grande rue, avec un nouveau slogan publicitaire : « Les meubles d’art De Beyne »
( Documents coll. priv. )Pierre Debeyne en 1955 ( Document Nord Eclair )
Après la deuxième guerre mondiale, son fils Pierre prend la relève et gère l’entreprise.
( Document A. Courtel et coll. priv. )
En 1954, Pierre décide de transformer complètement le bâtiment de la Grand Rue, en créant un hall d’exposition, grâce à 3 magnifiques vitrines en façade. Les travaux sont confiés aux Ets Rabot Dutilleul.
( Documents Archives Municipales, Google Maps, et A. Courtel )
En 1956, il demande à son architecte, Maurice Caucheteux à Croix, un projet pour agrandir son entreprise, en construisant un entrepôt de stockage et atelier de réparation de 260 m2, au bout de son terrain.
Publicités 1967 ( Documents A. Courtel et Nord Eclair )
A la fin des années 60, il diversifie son activité en important des meubles, surtout de Grande Bretagne. Les premières difficultés apparaissent dans les années 70. Les habitudes des consommateurs changent ; l’acquisition d’une salle à manger ne se fait plus pour une vie entière ; la mode est au changement de mobilier tous les 10 ou 15 ans. Des grandes surfaces, spécialisées en meubles modernes voient le jour, après la mode du « Formica », elles distribuent des meubles composés de panneaux de particules à des prix défiant toute concurrence, puis des meubles en kit.
Pierre préfère se recentrer davantage sur le négoce de meubles et réduire sa production. Le bâtiment de la rue des sept ponts devient alors un lieu de stockage. L’entreprise ferme en 1985.
( Document Auction.fr )
On trouve parfois, dans des salles de ventes, des meubles fabriqués par les Ets De Beyne, comme cette armoire en palissandre des années 1940.
Aujourd’hui, le 86 Grande rue est occupé par Alain Courtel, photographe professionnel spécialisé dans des reportages publicitaires, et le bâtiment de la rue des Sept Ponts abrite la Croix Rouge.
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Remerciements aux Archives Municipales, et à Alain Courtel
En 1962 sont entrepris des travaux de construction sur un terrain libre entouré de murs du boulevard Gambetta, situé au coin de la rue Catrice, aux numéros105 à 113. A cet endroit, les roubaisiens n’avaient jamais connu que de la végétation. Le terrain de la future construction a visiblement été séparé de la partie grand rue par un mur.
Photos IGN
Ce parc dépendait d’une belle maison de maître sise au 102 de la grand rue, construite pour la famille du distillateur Charles Droulers-Prouvost, dont l’entreprise se trouvait située le long du Canal, au quai de Wattrelos.
La distillerie
Cet industriel demande en 1898 à la mairie l’autorisation de construire sur le coin de sa propriété boulevard Gambetta une maison de concierge, ainsi qu’une porte cochère ouvrant sur sa propriété. En 1922, le concierge sera H.Calonne. Cette maison sera respectée par les travaux de construction menés. Elle existe encore aujourd’hui.
La construction qu’on érige sur le terrain est, pour sacrifier à l’époque, une station-service. Elle défendra la marque Total sur le boulevard,jusque là apanage de la concurrence. Le bâtiment comporte un bureau au centre, encadré de deux aires consacrées aux interventions. Un abri en forme de trèfle abrite les pompes et, la place ne manquant pas sur le terrain, on a pu y aménager un parking confortable pour les véhicules en attente et une pelouse autour de l’ancienne maison du concierge.
Photo IGN 1969
En 1968, le gérant est G. Wambeke. L’année suivante, la société lance une campagne de promotion : la station, pavoisée, dont les gérants sont maintenant M. et Mme Augier, offre des cadeaux aux automobilistes clients ; ce sont sans doute les engins de plage qu’on voit disséminés sur la pelouse attenante, alors qu’une ami 6 Citroën est ravitaillée en essence.
Photo Nord Matin
En 1975, une photo nous montre que l’auvent en forme de trèfle a été démonté. Pour quelle raison ? Une autre de 1981 nous présente un autre abri,cette fois de forme rectangulaire.
Photos IGN
La station disparaît sans doute dans la première moitié des années 90, victime, comme beaucoup de la désaffection des automobilistes. La station est aujourd’hui remplacée par un commerce de restauration rapide et le bâtiment repeint. L’abri, lui, a disparu.
Photos Nord Eclair et Google
Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales. Merci à eux