La boucherie Blootacker

Gaston Blootacker naît à Ypres en 1903. Il devient apprenti boucher-charcutier et apprend le métier dans différents commerces en Belgique et, en France, chez J. Rubben au 135 rue Daubenton à Roubaix. Il se marie en 1927, avec Yvonne, née Storme qui est couturière dans un atelier du boulevard de Paris. Gaston est ambitieux et bien décidé à ouvrir son propre commerce. L’occasion se présente en 1935, lorsque la boucherie située au 178 de la rue de l’Alma se libère, suite au décès de l’ancien gérant : F. Duquesnoy. Gaston Blootacker signe alors un bail avec Mme Vve Duquesnoy et peut enfin ouvrir son commerce.

rue de l’Alma ( document collection privée )

C’est une petite échoppe dans un quartier populaire. La façade se compose d’une porte d’entrée centrale et deux petites vitrines latérales. A l’intérieur, la boucherie se trouve sur le côté droit. Derrière le billot (plan de travail en bois) et le bloc de marbre, se trouve la chambre froide réfrigérée par des blocs de glace achetés à la « Glacière de Croix ». Quelques années plus tard, la chambre froide sera électrifiée : le technicien « Frigidaire » posera deux moteurs à l’emplacement des blocs de glace.

A gauche c’est le côté charcuterie, les jambons, saucisses et pâtés sont présentés sur des plaques de marbre, on y trouve également la trancheuse à jambon. Plusieurs machines de production sont dans l’atelier de fabrication : les cuves pour cuisson, le hachoir à courroie, le poussoir pour saucisses, et le four électrique. Le fumoir est alimenté par de la sciure de bois provenant de Mr Plouvier ébéniste rue de France. La cuisine se situe à gauche du magasin et les chambres sont à l’étage.

Plan du magasin ( document J. Lepers )

Grâce au savoir faire de Gaston, les affaires démarrent correctement. C’est un quartier d’ouvriers qui logent dans de petites maisons situées dans les courées Thomas-Leclercq, Delporte-Rousseau, Saint-Emile et le fort Frasez situé juste en face.

Dans les années 1930, les gens vivent modestement et Yvonne doit bien souvent accorder des délais de paiement à ses clients. C’est la condition impérative pour que les habitants puissent consommer de la viande et pour que les commerçants puissent faire fonctionner leur commerce. Gaston est d’origine belge, et c’est pour cette raison qu’il indique sur sa vitrine extérieure HIER SPREECKT MEN VLAAMSCH ce qui veut dire : Ici, on parle Flamand.

A la fin des années 1940, Gaston et Yvonne achétent la maison voisine au 176, car le manque de place est évident. Ils ont 5 enfants ; Nicole, Chantal, Joëlle, Jean-Claude et Annie. Gaston achète également un garage dans la rue Archimède pour pouvoir garer sa Renault Celta 4 de couleur bleue et bleu ciel.

Gaston au volant de sa Celta 4 ( document J. Lepers )

Comme toutes les grandes artères de la ville, la rue de l’Alma est célèbre pour sa braderie annuelle, le dernier lundi de Juillet. Cette manifestation est très importante car elle permet, d’une part pour les « bradeux » de passer une journée en plein été et de profiter de prix promotionnels, et d’autre part pour les commerçants de pouvoir faire de bonnes affaires. La famille Blootacker attend toujours ce grand évènement avec impatience. Tous les membres de la famille sont bien sûr présents.

Cette année là, sur la photo ci-dessous, une tombola est proposée à tous les acheteurs, pour gagner, par un tirage au sort le lundi soir à 20h30, une superbe tête de veau. Et à droite Gaston a posé un panneau où il est indiqué : « T’chi qui n’a nin, sin p’tit bout de saucisson à 20 sous ».

Braderie de la rue de l’Alma ( document J. Lepers )

Gaston et Yvonne ne comptent pas leurs heures. La boucherie ouvre à 6h et ferme vers 21h30 car ils attendent les ouvrières du textile qui font leurs achats au retour du travail. Le commerce ouvre 6,5 jours sur 7 et de plus, bien souvent, le dimanche après midi est consacré au nettoyage du magasin. Les sorties et loisirs sont donc rares !

Deux des enfants, Joëlle et Annie aident les parents à la gestion du commerce, le soir après leur travail ou le weekend. Leurs tâches sont assez variées : vendre les produits à la clientèle, préparer la charcuterie à l’atelier, livrer à domicile, ou accompagner les parents à l’abattoir pour les achats. Gaston se fait aider également par des garçons bouchers et des apprentis.

Gaston et Yvonne Blootacker ( document J. Lepers )

Gaston décède en 1970 à l’âge de 67 ans. Son épouse Yvonne continue seule l’activité jusqu’en 1976 où elle sera expulsée par son propriétaire . En effet, la famille Duquesnoy qui possède une grande partie de la rue et des courées voisines a décidé de céder l’ensemble de ses biens à La Redoute qui souhaite construire et agrandir. Le projet de développement de cette entreprise n’aboutit cependant pas, car peu de temps après, le quartier se transforme et devient, au début des années 1980, le quartier Alma-Gare Fontenoy, que nous connaissons encore aujourd’hui.

Les façades actuelles de la rangée de maisons ( photo BT )

Remerciements à Joëlle Lepers-Blootacker

Leers, le marché

Il y a bien un marché à Leers, dont on pourrait penser qu’il est récent. Situé sur le côté de l’église Saint Vaast, sur la place Sadi Carnot, il a lieu le samedi et souffre du peu de place laissé par les automobilistes leersois.

Mais ce marché date de l’année 1960 ! De nombreux habitants de la commune demandaient la création d’un marché hebdomadaire et le Conseil Municipal approuva ce vœu à l’unanimité. Et par un samedi matin du mois de juillet 1960, une trentaine de marchands forains étaient à pied d’œuvre et attendaient la clientèle. Durant toute la matinée ce fut un va et vient incessant de ménagères allant et revenant de la place du marché.

Le marché de Leers ouvert en 1960 Photo NE

On se rendait au marché soit à Roubaix, soit à Wattrelos, et à l’époque plusieurs fois par semaine. La création d’un marché leersois permit bien des économies de transport. Comme elle permit sans doute d’influer sur le marché des prix en y trouvant du choix et de la qualité.

Sans doute y eut-il autrefois un marché à Leers mais il n’existait plus que dans les souvenirs des plus anciens. Celui-ci, que nous connaissons encore, est donc âgé de plus de soixante ans et mérite sans doute qu’on en prenne soin.

Marius Aupoix

Marius Aupoix naît en 1925 à Dompierre les Ormes, dans le département de la Haute Saône. Il arrive à Roubaix au début des années 1950 et souhaite créer sa petite entreprise de plomberie zinguerie couverture. Il reprend le domicile de Jean Delobel industriel, situé au 321 de la rue Jules Guesde à Roubaix, à l’angle de la rue Monge pour s’y installer.

document collection privée

En 1955, il demande un permis de construire pour transformer son habitation dont il perce les murs extérieurs pour poser 3 fenêtres et une grande porte. Il assure les travaux lui même. Ses affaires démarrent fortement grâce à son savoir faire et à son expérience. Il commence alors à faire de la publicité dans la presse locale à partir des années 1960

documents archives municipales

et en 1966, transforme ses fenêtres extérieures en larges baies vitrées et supprime la porte cochère. Son objectif est de développer son affaire d’artisan plombier en créant un magasin pour accueillir sa clientèle.

Il commence à vendre des produits d’électro ménager et en particulier la célèbre marque Brandt.

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

La même année, Marius devient installateur agréé  »Gaz de France » et artisan qualifié ( certification OPQCB ) et devient ainsi entrepreneur spécialisé en chauffage central en gaz, charbon et mazout.

Publicités années 1970 ( documents collection privée )

Ses produits de chauffage sont exposés dans son point de vente. Son magasin lui permet également de développer le commerce de produits de quincaillerie, vaisselle, verrerie, articles cadeaux, petit électro ménager et petits meubles de cuisine. Dans les années 1970, il transforme son magasin en libre service.

Publicité 1975 ( document Nord Eclair )

En 1975 il continue son développement, en ajoutant un complément d’activité : il devient installateur de laveries automatiques, de salons-lavoirs en libre service, avec la marque LAVORAMA. Il installe aussi des buanderies pour collectivités et commercialise alors des lave-linges de 5 à 70 kgs, des essoreuses, des séchoirs, des repasseuses.

document collection privée

Marius arrête son activité à la fin des années 1980. Le magasin reste vide au début des années 1990.

document Nord Eclair 1996

En Juillet 1996, Bachir Moussa originaire de la région Valenciennoise, ouvre son magasin « Mitidja volailles halal » à l’emplacement du 321 rue Jules Guesde. Mais la boutique n’est que la partie visible, car derrière se trouve l’abattoir de volailles ultra moderne aménagé sous le contrôle des services d’hygiène et vétérinaire. Bachir Moussa travaille avec ses associés Mme Chao et Mr Elmohro.

Photo G. Vanspeybroeck 1997

Depuis le milieu des années 2000, « Le Monde de Toudra » magasin d’articles orientaux s’est implanté en lieu et place de la boucherie.

Le Monde de Toudra en 2008 ( document Google Maps )

Remerciements aux archives municipales.

Le café Leffe

Sur la Grand Place, à droite de l’église Saint Martin et à gauche de la Grand’rue, se trouvent 6 immeubles qui ont toujours été occupés par divers commerces.

Plan cadastral

Dans les années 1980-1990, à l’extrême droite, juste à côté du « Palais du Vêtement », on trouve 4 cafés-restaurants situés côte à côte : au N° 28 le restaurant « Au Lapin Blanc », ensuite au N° 29 le restaurant « Maurice », au N° 30 le restaurant « Au Grand Cerf » et au N° 31 le café-brasserie « Grand Saint Martin » rebaptisé ensuite « Le Central ». Puis viennent au N° 32 la mercerie Margaret et au N° 33 le magasin de vêtements FOUF.

document archives municipales
Restaurant « Maurice » ( document collection privée )

Restaurant du « Grand Cerf » ( documents collection privée )

Au début de l’année 2000, Monsieur Nolf dépose en Mairie, une demande de permis de démolir pour 3 des 6 immeubles. Sont concernés les numéros 29 30 et 31.

document archives municipales
document archives municipales
document archives municipales

Ce sont des maisons très anciennes, modestes et très abîmées. La mérule s’est installée dans les murs intérieurs, un pignon menace de s’effondrer, de l’amiante se trouve dans les plafonds. Il n’y a aucune autre solution possible que de tout raser.

documents Nord Eclair

Luc Daniel Nolf demande simultanément un permis pour la construction d’un immeuble à usage de logements, de commerces et de bureaux aux 29 30 et 31 par la SCI Philippe de Girard. L’immeuble projeté vise à s’insérer dans l’harmonie de la Grand Place. Il est édifié entre le 28 et le 32 sur la même configuration, à savoir sur deux étages.

Le projet de la façade ( document archives municipales )

L’association de défense et de préservation du patrimoine « Art-Action », présidée par François Descamps s’insurge contre ce projet. Comment peut-on imaginer détruire des maisons flamandes construites à la fin du 17° siècle, les plus vieilles du centre ville ?

document Nord Eclair

Après quelques semaines difficiles de polémique par voie de presse, entre Luc Daniel Nolf et l’association Art-Action, le projet est accepté par la Mairie, au grand désespoir de François Descamps qui déclare : « Mes pauvres arguments de conservation du patrimoine ne valent pas grand chose contre la froide détermination de modernité et de rentabilité. »

Luc Daniel Nolf devant les 3 maisons à démolir ( document Nord Eclair )

Les travaux de démolition commencent alors, au début de l’été 2000. En Juillet 2001, le chantier a pris un peu de retard, suite à des problèmes du sous-sol très humide.

document Nord Eclair
Les travaux en Juillet 2001 ( document Nord Eclair )

Le projet du promoteur, Luc Daniel Nolf, est ambitieux. Un café Leffe occupe l’emplacement des 30 et 31 à savoir le « Grand Cerf » et le café « Le Central », tandis qu’une boutique à l’enseigne L’Onglerie ouvre à la place de chez Maurice au N° 29.

document Nord Eclair

La superficie du café Leffe est très grande : 250 m2 au sol. L’établissement peut contenir 120 personnes, plus une centaine de clients en terrasses. La brasserie occupe tout le rez de chaussée. Les 2 étages sont occupés par des bureaux.

document Nord Eclair

Le café Leffe est inauguré en Février 2002, en présence de Mr le maire, qui a tenu à confirmer le soutien du conseil municipal à ce projet privé qui profitera pleinement au futur hypermarché Géant à quelques pas de là.

Luc Daniel Nolf et René Vandierendonck le jour de l’inauguration ( document Nord Eclair )

René Vandierendonck, un peu embarrassé de devoir faire l’éloge de la Leffe alors que la Terken locale connaît quelques difficultés, souligne néanmoins la magnifique décoration de l’établissement et l’ambiance sympathique. L’emplacement est idéal : entre l’église Saint Martin et la Grand’rue. L’investissement financier est conséquent : 12 emplois sont créés. L’objectif est simple : faire revivre et animer la Grand Place.

Pourtant, quelques années plus tard, en 2006, le café Leffe change d’enseigne et devient « Le Petrus »

Le Petrus en 2008 ( Photo BT et document Nord-Eclair )

En Juillet 2018, le Petrus appartenant à la brasserie flamande De Brabandere qui produit la bière Bavik et Petrus, ferme ses portes. Aucun des 4 gérants successifs n’a réussi à développer le commerce, malgré les nombreuses animations avec DJ, proposées à la clientèle pour éviter que les étudiants partent faire la fête à Lille.

Il Caldo en 2022 ( Photo BT )

Peu de temps après, les gérants de l’Hôtel de France, Bruno et Brigitte Mazzucato reprennent l’établissement en Avril 2019. Ils décident le changement complet du concept. L’enseigne choisie est « Il Caldo » ce qui signifie en italien : Le Chaleureux. C’est une pizzeria-trattoria comme on en trouve très souvent en Italie.

Ce changement nécessite la refonte complète de l’intérieur de l’établissement avec de nouvelles couleurs, le changement du mobilier etc. La restauration est bien sûr italienne : pâtes, pizzas et plats traditionnels. Le restaurant est ouvert le midi. Un système de livraison à domicile est mis en place

Remerciements aux archives municipales

Claude Le Comte ( suite )

En Août 1990, le même immeuble est ravagé par un spectaculaire incendie dont le panache de fumée est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. L’épaisse fumée laisse ensuite place à un important brasier et les engins de secours arrivent rapidement sur les lieux des casernes de Roubaix, Marcq-en-Baroeul et Lille Bouvines avec 35 pompiers qui mettent en batterie 10 grosses lances et 8 petites.

document Nord-Eclair

Le sinistre trouve un élément de choix dans le matériel électrique et électroménager mais aussi les fauteuils, salons et tissus d’ameublement, ainsi que les cartons vides de matériel déposés à l’entrée.

Les murs extérieurs ont tenu le coup et sont toujours debout mais l’intérieur est réduit à néant.Les piliers en pierre bleue sont fissurés, les poteaux de fonte ont fondu et l’ensemble de la galerie et des réserves à l’arrière a été anéantie. En témoignent notamment la photo des auto-tamponneuses, anciennement utilisées par le parc d’attraction de Hem, avant d’être entreposées à Roubaix, une fois cette attraction supprimée.

L’incendie ( documents Nord-Eclair )
( documents Nord-Eclair )

Fort heureusement l’incendie ne fait pas de victime, hormis un pompier légèrement intoxiqué par la fumée. La majorité des 150 salariés étant employés sur des chantiers à l’extérieur peuvent continuer le travail. Quant aux salariés du site, les dispositions sont prises pour les dispatcher sur le Centre Equestre de Hem afin de leur éviter le chômage technique.

Le bilan matériel se monte à plusieurs millions de francs de dégâts et 2000 mètres carrés détruits. Pourtant le feu se limite à l’entreprise même si des flammèches projetées ont touché une habitation désaffectée située de l’autre côté de la rue. Quelques dégâts ont aussi été constatés sur un immeuble contigu et sur celui de la CPAM qui a été privé d’électricité. Les services EDF sont intervenus rapidement pour la rétablir notamment pour permettre aux 200 salariés de la sécurité sociale de reprendre le travail.

L’escalier intérieur de marbre noirci par la fumée ( Document Nord-Eclair )

Après le sinistre Claude Le Comte parvient à continuer son activité dans les bureaux situés au rez-de-chaussée à l’avant du bâtiment et dans le sous-sol après avoir installé une toiture provisoire en tôle sur l’immeuble afin de le protéger des intempéries. Il s’agit tout au plus d’une remise en état partielle, l’arrière n’ayant jamais été refait comme en témoignent les arbres ayant pris possession du terrain sur les photos de 2021.

Photos façade et aérienne ( Documents Photo BT et Google Maps )

Pendant ce temps, dans les années 1990, au n°30-32 rue du Grand Chemin, les Ets Mom vendent des meubles pour enfants, des articles de puériculture (Bébé Confort) et des jouets (Playmobil, Smoby, Fisher Price, Lego, Berchet, Clairbois, Disney…) Ce commerce, étendu par la suite aux n°34-36, fonctionne jusqu’au décès de Claude en Novembre 2004, à l’âge de 71 ans, lequel entraîne la cessation de l’entreprise.

Publicités années 1990 ( Documents collection privée )
Façade Ets Mom années 1990 et 2008 ( Documents Archives Municipales )

Quant aux Ets Le Comte au n°25, l’entreprise d’électricité est cédée avec les 35 salariés restants, dont certains avec une ancienneté de plus de 30 ans, à une entreprise située dans un autre département. Les repreneurs déménagent le siège rue des Arts à Roubaix où l’activité continue jusqu’en 2021, année de sa cessation.

Façade Ets Lecomte en 2004 après le décès de Claude ( Document Pascal Le Comte )

En 2005, c’est la veuve de Claude, Yvonne Le Comte, née De Vriendt, qui s’inscrit en qualité d’entrepreneur individuel, pour une activité de location de terrains et autres biens immobiliers, au 57 rue de l’Alma qui abrite ensuite plusieurs entreprises différentes (Expert Fenêtres et Meilleur taux. Com). Au 59 plusieurs salons de coiffure se succèdent dont le dernier D&B coiffure à partir de 2021.

Les 57-59 rue de l’Alma en 2021 ( Documents Google Maps )

En 2008, un permis de construire est demandé par la SEM Ville Renouvelée, pour le 25 rue du Grand Chemin, en vue d’une réhabilitation d’immeuble existant plus construction neuve pour un total de 17 logements. Pourtant à ce jour en 2022, aucune suite n’a été donnée au projet et l’immeuble est toujours dans un état déplorable et ne cesse de se détériorer.

Les photos de l’immeuble en l’état en 2009 ( Documents archives municipales )
Projet de 2009 ( Document archives municipales ) photo de la façade en 2022 ( Document photo BT )

En 2005, la société Mom est radiée du registre du commerce et des sociétés. En 2010, un permis de construire est demandé pour le 30-32 par la SEM Ville Renouvelée pour rénovation des 2 bâtiments avec des locaux à usage commercial au rez-de-chaussée et des appartements sur les 2 étages. En 2012, les immeubles sont en travaux ainsi que ceux du 34-36. A ce jour les 4 immeubles présentent une façade rénovée.

Les immeubles 30, 32 34, 36 en 2022 ( Document photo BT )

Pendant plus de 50 ans Claude Le Comte a donc développé ce qui n’était au départ qu’un petit artisanat dans l’électricité tout en diversifiant ses activités et en se constituant un patrimoine immobilier important. A ce jour, 18 ans après son décès, le centre de loisirs Le Comte à Hem continue à fonctionner sous la direction de son fils Pascal et de sa petite-fille Amandine.

Remerciements à Pascal Le Comte, ainsi qu’aux archives municipales.

Spittael

Georges Spittael est passionné par les métaux : il travaille l’acier, la tôle émaillée. Il décide de fabriquer des cuisinières. Après la première guerre mondiale, il s’installe artisan et fabrique des cuisinières à charbon au 206 boulevard Gambetta à Tourcoing. C’est un quartier assez chic et cossu. Les résidents sont des entrepreneurs et cadres de l’industrie textile. Son affaire fonctionne très bien. Il est artisan et travaille seul. Son épouse l’aide à la livraison des cuisinières sur « s’carette à quiens » ( charrette à chiens ) au début des années 1920.

document Ravet Anceau Tourcoing 1928

Georges a un fils, Gérard, né en 1921. Il le forme à la production artisanale des fourneaux. A l’âge adulte, Gérard décide de s’installer également à son compte. Il trouve un local dans le quartier du Blanc-Seau pour créer son atelier, et une maison pour se loger, au 134 bis de la Grand-rue à Roubaix ( à l’angle de la rue Pierre de Roubaix ). Il a pour voisins, au 136 le coiffeur V. Potteuw et au 138 la maison de pianos Screpel-Pollet bien connue.

Gérard se marie avec Gabrielle née Vienne, qui l’aide à l’atelier et qui livre les cuisinières sur la baladeuse qui a remplacé l’ancienne charette.

document Ravet Anceau Roubaix 1947

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent. La famille Lecat-Willot propriétaire de Screpel-Pollet, au 138 de la Grand’rue, souhaite agrandir l’entreprise. La famille Lecat propose alors à Gérard Spittael de lui reprendre son habitation en 1949, afin que le magasin de la Grand’rue puisse s’étaler jusqu’à leur atelier de réparation de pianos, rue Pierre de Roubaix.

L’affaire est conclue. Gérard trouve un nouveau local au 70-72 rue de la Fosse aux Chênes. C’était autrefois l’entreprise Achille Sénécaut, imprimeur, fabricant de chromos et d’images publicitaires.

plan cadastral ( document archives municipales )

Le bâtiment est très grand : 500 m2 de surface au sol ce qui permet de développer de façon importante la production de cuisinières mixtes : gaz et charbon, à feu continu, en tôle émaillée. Gérard et Gabrielle s’installent à l’étage, avec toute la petite famille, puisqu’ils ont 5 enfants ( Gérard fils, Françoise, Michel, Jacky et Christine )

document collection privée

Au début des années 1950, Gérard Spittael ouvre un dépôt à Hénin-Liétard ( aujourd’hui Hénin-Beaumont ) et propose à son demi-frère de gérer ce dépôt et commencer la vente. Il ouvre également un magasin à Tourcoing au 61 rue Saint Jacques.

document 1955 ( archives municipales )

En 1955, Gérard demande un permis de construire pour refaire la façade du 70 de la rue de la Fosse aux Chênes, remplacer la porte en bois par une porte vitrée et changer les fenêtres de l’habitation à l’étage.

Au milieu des années 1960, Georges décide de développer son affaire. En complément de sa fabrication de cuisinières, il propose une gamme de réfrigérateurs de marque Frigidaire, Frigéco et Arthur Martin ainsi que des téléviseurs Clarville, car son fils aîné, Gérard a reçu une formation pour dépanner les téléviseurs.

Publicités fin des années 1960 ( documents Nord Eclair )

Par ailleurs, Gérard investit dans un superbe fourgon Citroën. C’est une ancienne ambulance qu’il aménage en camion publicitaire pour assurer les livraisons.

En 1969, le gaz de Hollande arrive prochainement. Les roubaisiens sont peut-être obligés de remplacer leur cuisinière à gaz, pour des raisons techniques. C’est l’opportunité pour Gérard de communiquer par la presse locale sur le choix immense de marques de gazinières qu’il propose au magasin : Arthur-Martin, Rosières, De Dietrich, Scholtes, Faure, Franco-belge etc

Publicité 1969 gaz de Hollande ( document collection privée )
De Dietrich ( document collection privée )

A la fin des années 1960, Gérard Spittael loue un entrepôt rue de la Fosse aux Chênes, juste en face du magasin, pour y stocker ses produits, et un dépôt pour atelier et dépendance au N° 1 rue du Nouveau Monde. En 1972, Gérard a l’opportunité de reprendre le 112 et 114 rue Saint Antoine, qui appartenaient auparavant aux Ets Alfred Fauvarque ( papiers et cartons ). Cette nouvelle acquisition est particulièrement intéressante car elle communique avec le bâtiment de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Le 112 devient un parking pour la clientèle et au 114, Gérard décide de créer un superbe magasin de meubles de 679 m2. Au total Gérard possède ainsi plus de 1200 m2 de terrain.

plan cadastral ( archives municipales )
plan cadastral

De nombreux fauteuils, fauteuils relax et salons sont proposés à la clientèle, et en particulier de marque Himolla. Plus de 100 salons de tout style, sont ainsi exposés : rustique, moderne, contemporain. Le magasin accorde des larges facilités de paiement. Pour contrer la concurrence des points de vente belges, Gérard ouvre son magasin lors de nombreux dimanches. Les enfants de Gérard Spittael aident à la tenue du commerce : Gérard fils à l’atelier pour la partie technique, Françoise à la comptabilité, Michel et Jacky pour la vente de salons et fauteuils, ainsi que le service de livraisons.

publicités ( documents Nord Eclair )

Lorsque l’énergie électrique prend de l’ampleur sur le marché du chauffage en 1974, Gérard s’adapte à l’évolution, et profite de l’ouverture d’un magasin à Roubaix 2000, pour communiquer. Spittael devient vendeur agréé EDF.

1974 ( document Nord Eclair )

En 1980, Gérard Spittael ouvre un magasin ( de salons et fauteuils ) à Lesquin, route de l’aéroport, impasse Leclerc.

1980 ( document Nord Eclair )

Gérard Spittael et son épouse sont régulièrement présents lors de « salons du confort ménager » pour présenter leurs gammes de fauteuils et salons.

publicités 1990 ( documents Nord Eclair )

A la fin des années 1990, suite à quelques difficultés financières, Gérard décide de jeter l’éponge, de vendre l’ensemble de ses bâtiments et de prendre une retraite bien méritée. Il décède en 1998.

Depuis la production artisanale des cuisinières dans les années 1910, trois générations Spittael se sont succédé à la tête de l’entreprise. Le bâtiment qui abritait la société au 70 72 rue de la Fosse aux Chênes a ensuite perdue sa vocation commerciale

La façade du 70 de la rue de la Fosse aux Chênes en 2008 ( photo BT )

Remerciements à Gérard, Christine et Steve Spittael, ainsi qu’aux archives municipales.

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Claude Le Comte

Au début des années 1930, Médard Le Comte Caveye fonde une entreprise de TSF ( transmission sans fil ) au 63 et 65 rue de Lorraine à Roubaix.

Maison de Médard Le Comte, de nos jours (Document Google Maps)

Après la seconde guerre mondiale, il se spécialise en électricité générale et au début des années 1950, il s’installe rue de l’Alma, son domicile se situe alors au 11 rue Saint-Vincent de Paul. Par la suite il déménage au 33 rue Vauban à Roubaix.

Dans les années 1950, Claude Le Comte, son fils, crée seul sa propre affaire au 57-59 rue de l’Alma avec pour seul moyen de transport un cyclomoteur. Il y exploite une entreprise d’électricité générale ainsi qu’un magasin de disques, radios télévisions et électroménager avec son épouse Yvonne, née De Vriendt, qui tient le commerce .

Publicités années 1960 (Documents collection privée)

Il acquiert par ailleurs un immeuble situé 25 rue du Grand Chemin, auparavant siège de la parfumerie-savonnerie Victor Vaissier. Il dépose en 1964 une demande de permis de construire pour y aménager des appartements et studios aux premier et deuxième étages afin de procéder à des locations.

Photo façade 1963 (Document archives municipales)

Ce bâtiment à la façade impressionnante comporte à l’intérieur un escalier de marbre et des sols en parquet de bois. A l’arrière des piliers en fonte soutiennent une galerie située à mi-hauteur qui fait le tour de l’immeuble, d’une superficie totale de 1600 mètres carrés au sol. Claude installe son entreprise au sous-sol et au rez-de-chaussée où se trouvent les bureaux.

Photo aérienne d’avril 1965 (Document IGN)

C’est là qu’il développe son activité d’électricité générale en y adjoignant la vente de fournitures et d’appareils électriques en gros, dont la gazinière Sélecta. En 1968, un 3ème magasin est ouvert 154 rue de Lille à Halluin où il propose les mêmes services qu’à Roubaix.

Publicité de 1968 (Documents collection privée)

Dans les années 1970, Claude Le Comte a l’idée de créer un Centre Equestre pour répondre à la passion pour l’équitation de ses 2 enfants : France et Pascal. Il décide donc d’acquérir à Hem un terrain de 5 hectares appartenant à des agriculteurs, rue de Croix, juste à côté de ce qui va devenir la voie rapide. C’est sur une partie du terrain acheté qu’est construit le bâtiment principal du futur centre équestre en 1975. C’est Yvonne qui, au début, s’ y occupe de l’accueil et du secrétariat. ( Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : Centre équestre Le Comte )

Autocollant du Centre Lecomte Hem (Document collection privée)

Au début des années 1970, Claude propose à sa clientèle de réaliser elle-même, ses installations électriques avec l’aide de ses conseillers spécialistes. Il commence aussi à proposer à la vente du linge de maison et en particulier de la marque Descamps ; ce domaine est également pris en charge par Yvonne. En 1973, il vend des fauteuils, salons, convertibles et salons d’angle de tous styles.

Publicités des années 1970 (Documents Nord-Eclair et collection privée)
Photo de Claude dans les années 1970 (Document Pascal Le Comte)

En 1974, un magasin est créé à Lille au 40 rue Jules Guesde, qui fait de la publicité pour une vente de meubles. Un autre établissement lillois se situe rue du Court Debout. Enfin Claude Le Comte ouvre une succursale à Paris 11 rue de l’Aqueduc, pour assurer à l’entreprise une envergure nationale et y honorer ses contrats avec l’armée et l’Administration.

Il fait également l’acquisition dans la rue du Grand Chemin à Roubaix des anciens Ets Vroman ( Equipements sportifs ) au n° 30 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé Vroman Sports ). Il y crée un commerce de vente de confection enfants à l’enseigne Mom.

Instantané de mémoire : « A l’époque mon père relevait sur le journal local les avis de naissance et me faisait rechercher dans les annuaires les adresses des nouveaux parents afin que je puisse leur envoyer des publicités pour le magasin ».

En 1977, cet immeuble est l’objet d’un incendie qui prend au rez-de-chaussée, lieu du stockage d’articles d’habillement. Une grosse lance et 2 petites lances suffisent aux pompiers pour éteindre l’incendie, qui fait quand même énormément de dégâts.

Document Nord-Eclair

Entrepreneur ambitieux, qui s’est fait à la force du poignet, Claude a pour objectif un développement poussé de son entreprise.

Instantané de mémoire : « Mon père était un entrepreneur à l’ancienne, très bosseur, qui poursuivait ses objectifs jusqu’à ce qu’ils soient atteints et tout le monde devait suivre. Il était toujours à l’affût des progrès techniques et a ainsi été l’un des premiers à utiliser un ordinateur à cartes perforées dans l’entreprise ».

Les travaux d’électricité que son entreprise réalisait parfaitement à l’hôpital de la Fraternité à Roubaix lui ont ainsi permis de décrocher le contrat mirobolant confiant aux Ets Le Comte la réalisation de travaux d’électricité au moment de la construction du nouvel hôpital Victor Provo au début des années 1980.

Publicité de 1982 (document Nord-Eclair)

En 1983, c’est le n°25 qui subit un incendie. Des ouvriers de la SARL Van Dist de Tourcoing, sur le toit effectuent des travaux de couverture et déclenchent accidentellement le sinistre dans lequel les combles et la toiture, ainsi que 6 appartements meublés du 2ème étage sont détruits. Les planchers des étages inférieurs et le rez-de-chaussée sont noyés d’eau suite à l’intervention des soldats du feu. L’un d’entre eux est blessé par la chute d’une poutrelle enflammée reçue sur le dos et doit être transporté au centre hospitalier de Roubaix.

document Nord-Eclair

à suivre . . .

Remerciements à Pascal Le Comte, ainsi qu’aux archives municipales.

Le 104 rue Charles Fourier

Depuis très longtemps, le 104 rue Charles Fourier ( parcelle 149 sur le plan cadastral ci-dessous ) était un jardin appartenant à la propriété voisine du 256 de l’avenue Gustave Delory ( parcelle 150 ).

Plan cadastral

En 1954, Paul Vandystadt, garagiste, est propriétaire du 256 avenue Gustave Delory. Il souhaite développer son entreprise. En 1960, il décide donc d’agrandir son atelier-garage, en construisant une extension dans son jardin au 104 rue Charles Fourier.

Projet d’agrandissement ( document archives municipales )

En 1968, le garage du 256 avenue Delory est tenu par J. Hamicat puis devient une agence de la B.N.P Banque Nationale de Paris en 1971. La même année, le 104 rue Charles Fourier devient une station service Fina : « le Relais de l’Etoile » en référence à l’étoile formée par toutes les rues qui se rejoignent.

Publicité 1971 ( document Nord-Eclair )

Le Relais de l’Etoile devient un garage Citroën en 1973. Les deux associés R. Godart et P. Coullé invitent leurs clients à une exposition de véhicules les 31 Mars et 1° Avril.

Publicité 1973 ( document Nord-Eclair )

Les deux agents Citroën développent leur commerce. Malheureusement deux ans plus tard, en Février 1975, un court circuit électrique déclenche un incendie dans le garage. Les pompiers arrivent rapidement sur les lieux, mais deux véhicules ont brûlé dont une magnifique DS.

document Nord-Eclair 1975

Très dynamique, R. Godart, aidé par le concessionnaire Cabour Vancauwenberghe, fait le nécessaire en 3 mois de temps, pour réparer les dégâts causés par l’incendie. L’enthousiasme et la volonté de R. Godart et de son équipe ont permis, en un temps record, la réfection et la modernisation du Garage de l’Etoile en Juin 1975.

document Nord-Eclair 1975

En Avril 1977, R. Godart décide de changer la marque des voitures proposées à la clientèle. Le Garage de l’Etoile devient alors agent Toyota.

documents Nord-Eclair 1977

Le 104 rue Charles Fourier, devient ensuite un magasin de chaussures à l’enseigne Difen, en 1979.

document Nord-Eclair 1979

L’expérience Difen est courte, puisqu’au début des années 1980, le 104 rue Charles Fourier devient un centre « Plein Pot » spécialiste du pot d’échappement et d’amortisseurs. L’enseigne « Plein Pot » reste dans les lieux jusqu’en 1992.

documents collection privée et archives municipales

« Menuiplast » vient s’installer dans les locaux en 1993. C’est un installateur de menuiserie, véranda, volet, porte de garage, en PVC, aluminium et bois. Au début des années 2000, Menuiplast souhaite développer son activité, et le manque de place oblige l’entreprise à trouver des locaux plus spacieux. Elle s’installe ensuite à Lys-lez-Lannoy.

documents collection privée et archives municipales

En 2002, Khing et Sokuontheavy Taing sont commerçants en fruits, primeurs et légumes au 126 boulevard de Fourmies à l’enseigne « Primeurs du Nord » depuis 1992. Leur affaire fonctionne correctement. Ils désirent se développer mais le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente au départ de l’entreprise Menuiplast, le couple achète l’immeuble au 104 rue Charles Fourier, pour s’installer en fruits et légumes. Ils proposent toujours à ce jour une gamme de fruits et légumes frais et de qualité, un rayon épicerie-crémerie, et une rôtisserie de poulets le week-end.

Photo BT 2022

Remerciements à Khing et Sokuontheavy Taing, ainsi qu’aux archives municipales.

Coquant-Pêche

Hippolyte Coquant et son épouse Pauline décident de créer leur commerce. Ils reprennent en 1926, l’estaminet de A. Liviau, situé au 83 de la rue Pierre de Roubaix, à l’angle de la rue Leverrier, sur une parcelle de 86m2.
Hippolyte est passionné de pêche : il est même très doué, car tous les dimanches, il part pour se consacrer à son loisir favori et revient à chaque fois, très fier à la maison avec de nombreux poissons.

Pour compléter leur faible revenu du café, Hippolyte et Pauline décident d’adjoindre un rayon pêche à leur commerce au début des années 1930. L’expérience d’Hippolyte sur le matériel, sur les techniques de pêche, ainsi que son sens commercial assurent un succès immédiat. Hippolyte est d’ailleurs président de la plus florissante société de pêche de l’agglomération : l’Ablette, dont le siège se trouve au 161 rue Lacroix

L’Ablette ( document Nord Eclair )

Il crée ensuite l’association : « La Fine Ligne Roubaisienne » et organise des concours de pêche au canal de Roubaix ( pas encore pollué à l’époque ! )

Hippolyte décède en 1944. Pauline,très dynamique et volontaire, continue seule l’activité du café et du commerce. Antoine Coquant, le fils, vient donner un coup de main en 1946 à 16 ans. Il prend la relève quelques temps après.

Antoine a appris très jeune les techniques de pêche de son père, et continue donc l’activité en la développant fortement. La notoriété du café Coquant-pêche est telle que des clients viennent de toute la région du Nord Pas-de-Calais pour suivre les précieux conseils d’Antoine et acquérir du matériel de pêche performant

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Antoine Coquant fait partie des jeunesses socialistes de Roubaix à la fin des années 1940. C’est là qu’il rencontre Alice, fille de Alphonse Verbeurgt, conseiller municipal SFIO à Roubaix. Ils se marient en 1950, ils habitent à l’étage au dessus du commerce, ils ont deux enfants : Anne et Pierre.

Alice aide son mari à gérer le commerce, et en particulier à servir les consommations aux clients du café. Antoine, comme son père, participe à des concours de pêche sur les nombreux étangs et canaux de la région mais aussi dans toute la France, avec des voyages prestigieux à gagner dans des pays où la pêche est reine  : le Canada, l’Irlande etc

Il continue d’organiser également des concours juniors sur l’étang du parc de Barbieux, dans le cadre de la Fine Ligne Roubaisienne.

Concours de pêche à l’étang du parc de Barbieux ( document collection privée )

Antoine est passionné de pêche mais est également féru de politique. Il devient conseiller municipal sous le mandat du maire Pierre Prouvost à la fin des années 1970.

Antoine Coquant conseiller municipal ( document archives municipales )

Le commerce d’Antoine et d’Alice continue à se développer. Ils sont toujours à l’affût d’évolutions techniques du matériel ( pêche en eau douce ou en mer ). Le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente quand la maison voisine de 80m2, au 81 de la rue Pierre de Roubaix se libère au début des années 1970. Ils en font l’acquisition et la transforment en commerce en 1974. Le 81 sera le commerce d’articles de pêche, la place ainsi libérée au 83 dans le café, leur permet d’adjoindre une gamme d’aquariophilie et de poissons exotiques

Publicité 1972 ( document Nord Eclair )

La concurrence des grandes surfaces est alors inexistante. Un grand choix de produits, une compétence et un excellent conseil sont la clé de la réussite ; cela permet à Antoine et Alice de prospérer dans les années 1980. Le développement du commerce des articles de pêche est tel, qu’Antoine et Alice décident de fermer le café et de se consacrer uniquement à leur commerce : « Coquant-Pêche ».

Antoine dans son magasin en 1982 ( document Nord Eclair )

Pierre Coquant, le fils d’Antoine, décide d’ouvrir également son commerce d’articles de pêche, au milieu des années 1970. Il reprend alors le commerce « Roubaix Pêche » de E Bailly au 70 rue du Collège, à l’angle de la rue Pellart. Désormais, deux magasins Coquant-Pêche sont à disposition de la clientèle.

document Ravet Anceau 1983

Antoine décide de prendre une retraite bien méritée à 64 ans, en 1994. Il ferme donc définitivement le magasin. L’immeuble sera vendu quelques temps après, à la ville de Roubaix qui va le transformer complètement en logements sociaux pour la location, avec une entrée principale rue Leverrier. L’architecture initiale est respectée, la réalisation effectuée est magnifique.

Façade en 2008 et en 2022 après travaux ( documents Google maps )

L’association : la « fine ligne roubaisienne – Team Coquant-Pêche » qu’a créée Antoine Coquant, existait encore, il y a peu de temps à Roubaix ; le siège se trouvait au 52 avenue des Nations Unies.

( document collection privée )

En Juin 1991, Pierre Coquant transfère son magasin du 70 rue du Collège, à deux pas, au 190 avenue des Nations Unies, dans un local quatre fois plus spacieux, ce qui lui permet de devenir vraiment le grand spécialiste de la pêche ( mer, rivière, étang )

Le nouveau magasin de Pierre Coquant ( document Nord Eclair )

Remerciements à Alice Coquant-Verbreugt et à Anne Termeulen-Coquant, ainsi qu’aux archives municipales

Les bijouteries « Vieille »

Dans les années 1950, Marc Vieille est ouvrier horloger dans une petite entreprise à Morteau dans le Doubs. C’est l’époque où les commerçants en horlogerie se déplacent chez leurs fabricants pour y effectuer leurs achats en montres, pendules et réveils. G. Dallenne, horloger installé à Roubaix au 30 rue du Moulin, est reçu par Marc Vieille. Au cours de l’entretien, le commerçant lui annonce son intention prochaine de céder son affaire. Marc est ambitieux et souhaite créer un jour son commerce. Il étudie alors, la possibilité d’enfin s’installer à son compte.

L’affaire est conclue, et en 1960, Marc et son épouse Yvette quittent leur Doubs natal et arrivent à Roubaix avec leurs 3 enfants pour gérer leur commerce à l’enseigne : « AU 4° TOP ».

Publicité 1966 ( document Nord Eclair )

Marc a un très grand savoir-faire en horlogerie, Yvette a un sens inné du commerce. Ils ne comptent pas leurs heures de travail et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1967, ils achètent la maison voisine, au 28 de la rue, ( rebaptisée rue Jean Moulin ) à Roger Gaspar négociant en vins.

Ils font appel à Marcel Cauwel décorateur situé au 50 rue de Lille pour la transformation de la façade et l’aménagement complet de l’intérieur. Cet agrandissement leur permet de développer des gammes de bijouterie et d’orfèvrerie.

Publicité 1971 ( document collection privée )

En 1977, Auchan V2 s’ouvre à Villeneuve d’Ascq. Un nouvel hypermarché, certes, mais cette fois-ci, avec une énorme galerie marchande sur deux niveaux. Marc saisit l’opportunité et implante son magasin à l’enseigne « Vieille » dans une cellule, que le centre commercial lui propose. Il décide d’intégrer le groupement de détaillants bijoutiers indépendants :  »Alliance 2000 ».

Le magasin Vieille dans la galerie marchande Auchan V2 ( document P. Vieille )
Publicité commune aux deux magasins en 1978 ( document collection privée )

Le succès est immédiat ; Marc Vieille continue son envie d’entreprendre, et agrandit son magasin à V2 en reprenant la cellule voisine de son commerce, puis en créant un autre point de vente, toujours à V2 à l’enseigne « Place Vendôme » à un emplacement un peu plus éloigné. Marc Vieille devient président de l’association des commerçants de V2 en 1979.

agrandissement du magasin ( document P. Vieille )
le magasin « Place Vendôme » à V2 ( document P. Vieille )

Marc est toujours ambitieux, curieux et insatiable. Il continue donc son développement en ouvrant un magasin dans le centre commercial Auchan à Leers, dans les années 1980.

le magasin de Leers ( document P. Vieille )

Au début des années 1990, son énorme envie d’entreprendre l’amène à ouvrir un magasin toujours à l’enseigne « Vieille » dans le magnifique centre commercial à « Euralille » et en 1998 enfin, un magasin dans la galerie d’Auchan Roncq.

le magasin d’Euralille ( document P. Vieille )

Marc est récompensé d’un Mercure d’Or , en 1996 par le ministère du Commerce et de l’Artisanat

Mercure d’Or ( document P. Vieille )

Marc prend sa retraite à 67 ans, ferme le magasin de détail de la rue Jean Moulin, mais continue de gérer la comptabilité et les boutiques des galeries marchandes des centres commerciaux.

Marc et Yvette dans leur magasin de Roubaix en 1996 ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair

Marc a toujours entretenu d’excellentes relations avec ses confrères. En 2001, lorsque Eric Belmonte, le Président de la chaîne de magasins « Histoire d’Or » lui propose de reprendre ses 4 magasins, Marc accepte, car c’est encore une occasion à saisir. Les 4 magasins prennent donc l’enseigne Histoire d’Or. Les salariés des boutiques Vieille gardent leur emploi. La société de Marc Vieille est dissoute.

Son fils, Patrice qui l’aidait depuis de nombreuses années, décide de créer son atelier dans les locaux de la rue Jean Moulin. Il assure le S.A.V pour la réparation des articles de bijouterie, pour les particuliers et les confrères détaillants.

L’atelier du 28 30 rue Jean Moulin en 2008 ( documents archives municipales )

En 2011, Patrice Vieille décide de vendre l’immeuble du 28 30 rue Jean Moulin pour installer son atelier dans un espace plus spacieux et mieux adapté. Il s’installe en 2011 au 13 Boulevard Leclerc, où il est toujours de nos jours. Patrice assure la création, la transformation et la réparation de bijoux. Les affaires sont florissantes, et de nos jours, une douzaine de personnes travaillent dans l’entreprise.

( documents P. Vieille )

Maxime Vieille, le fils de Patrice, travaille dans l’atelier depuis une vingtaine d’années. Il prendra la succession, lorsque Patrice prendra une retraite bien méritée, d’ici peu.

Depuis 1960, trois générations ont donc développé l’entreprise Vieille : plus de 60 années d’expérience et de professionnalisme au service de la clientèle.

Maxime et Patrice Vieille dans leur atelier ( Photo BT )

Remerciements à Patrice et Maxime Vieille ainsi qu’aux archives municipales.