Imprimerie Choquet

Karl Choquet et son épouse Berthe, née Legrand, créent leur commerce d’imprimerie-papeterie, à Saint Amand les Eaux, en 1895. Karl décède malheureusement très rapidement, Berthe continue seule l’activité, et ce pendant plusieurs années. Gaston Choquet, leur fils apprend le métier et vient aider sa mère à la tenue de ce petit commerce. Avec son épouse Germaine, il développe fortement l’activité. Ambitieux il souhaite alors s’installer dans une grande ville, pour développer davantage son affaire. Il pense s’installer à Lille, mais sans succès et se décide de reprendre un commerce situé au 9 rue du Moulin à Roubaix, en 1957. Ce local a toujours été occupé par une librairie papeterie imprimerie ; dans les années 1900 par A. Chevalier, dans les années 1910 par Mme Verbaere, dans les années 1920 par Mme Leroy Deldique, dans les années 1930-40 par Alfred Hibon et dans les années 1950 par J Ferla.

La façade du 9 rue du Moulin ( document collection privée )
document collection privée
document collection privée

Gaston délaisse l’activité de libraire-papetier pour se consacrer à son métier d’imprimeur. C’est en effet l’époque où l’on imprime les cartes de visite, papiers à en tête, images de communions, faire-part de mariage etc. Les affaires de Gaston, en ce début des années 1960 sont exceptionnelles. La qualité de son travail est irréprochable, les clients sont nombreux, non seulement les gens du quartier, les grandes familles roubaisiennes du textile mais également le personnel de l’usine voisine Motte Porisse, où les salariées déposent les commandes le matin avant le travail et reprennent les travaux finis le soir avant de reprendre le car pour rentrer chez elles dans la région minière.

Publicité 1962 ( document Nord Eclair )

Rapidement les locaux du commerce du 9 rue du Moulin s’avèrent trop exigus. Gaston songe sérieusement à s’agrandir pour faire face au développement. L’occasion se présente lorsque le local du 16 ter boulevard de Paris se libère. C’était, dans les années 1950, l’agence immobilière Quéraud Ponteville. Gaston signe le bail, installe son imprimerie à cet endroit en 1966 mais garde le local de la rue Jean Moulin ( qui vient de changer de nom cette année ) pour son commerce de papeterie.

Plan cadastral
Publicité 1966 ( document Nord Eclair )

En 1970, Gaston et Germaine abandonnent le commerce de la rue Jean Moulin pour se consacrer exclusivement à l’imprimerie dans leur local du boulevard de Paris de 83 m2. Dans les années 1980, Christine et Eric, les deux enfants, viennent aider leurs parents à la gestion de l’entreprise.

Publicité 1982 ( document collection privée )
Publicité 1988 ( document collection privée )

Au milieu des années 1990, les premières difficultés apparaissent ; L’arrivée d’Internet dans les entreprises puis dans les foyers, perturbe complètement l’activité. L’imprimerie au début du siècle était indispensable, voire même de première nécessité, ce n’est alors plus le cas. Gaston doit réagir car l’imprimerie est passée en peu de temps du plomb au numérique. Les travaux de cartes de visite, de faire-part de naissance, de mariage diminuent de plus en plus. La situation de l’entreprise devient délicate.

document famille Choquet

En 2003, Emilie Choquet, le fille de Christine et donc la petite fille de Gaston arrive dans l’entreprise en situation très délicate pour tenter de la sauver. Avec beaucoup d’idées et de courage, Emilie Choquet prend les bonnes décisions, elle met fin aux ancestraux travaux d’imprimerie, écoute les demandes des clients et change complètement de méthode, entamant un revirement sans précédent pour rendre l’imprimerie attractive.

document famille Choquet

Le 16 Avril 2009 Emilie reprend l’affaire. Elle gère seule, le commerce.

« Ceux qui me sollicitent, accordent une importance toute particulière au contact humain et à la proximité que nous pouvons avoir, explique-t-elle dans la presse locale. C’est aussi important pour moi, de fournir un travail fait sur-mesure qui correspond pleinement aux attentes de chaque client. »

En 2020, quand l’entreprise doit fermer pour cause de confinement durant la crise sanitaire, Emilie en profite pour créer son site Internet afin de se diversifier et de drainer une nouvelle clientèle. Pour faire face à l’évolution de son commerce, Emilie décide d’effectuer des gros travaux de rénovation ( fenêtres, façade etc ) mais également de louer une partie de son local à une agence immobilière ainsi que deux autres locaux à l’arrière, rue des Loups.

En 2025 l’imprimerie Choquet fête son 130° anniversaire. L’entreprise a dû s’adapter à son époque et aux évolutions liées à Internet, notamment.

Emilie Choquet ( document Voix du Nord )
La façade en 2025 ( document Voix du Nord )

Aujourd’hui, l’imprimerie Choquet offre un service clientèle au top ( accueil, photocopies, tampons encreurs, cartes de visite, flyers, affiches, faire-part de mariage…). Elle continue aussi à imprimer en grande quantité mais ce n’est plus qu’une petite partie de l’activité. Conseils et rapidité, c’est encore le credo de cette maison ancestrale. Un exemple de petit commerce de proximité qui tient le coup, vaille que vaille.

document famille Choquet

Remerciements à Emilie et Christine Choquet ainsi qu’aux archives municipales.

4 avenue Gustave Delory

Au 4 de l’avenue Gustave Delory à Roubaix, se trouve un terrain de 3100 m2. Il se situe au beau milieu de 3 rues : la rue Bossuet, l’avenue Le Notre et bien sûr, l’avenue Gustave Delory. Il est donc situé juste en face du parc de Barbieux.

Un immeuble y a été construit en 1900. Cette maison de maître comporte au rez de chaussée un hall d’entrée, 4 pièces, et plusieurs couloirs menant aux pièces de service ( bâtiment marteau ). Au 1° étage, se trouvent quatre chambres et au 2° étage cinq chambres mansardées . Un garage séparé se trouve à l’arrière sur la rue Bossuet voisine.

Photo aérienne 1953

La propriété appartient à V. Valentin-Decoster, industriel dans les années 1920, puis à René Valentin Leloup à partir de 1943. En 1973, René Valentin habite dans la résidence d’Armenonville, au 526 boulevard de Paris. Il souhaite démolir l’habitation et le garage de cette propriété de l’avenue Delory, En effet, cette maison principale est inoccupée depuis quelques temps déjà et en très mauvais état. La toiture et les chéneaux ne sont plus étanches, et ce, depuis des années. Des infiltrations d’eau ont endommagé les plafonds, les murs et les planchers. Le garage est également très endommagé. L’ensemble a manifestement souffert d’un manque d’entretien prolongé.

De plus, l’immeuble inoccupé a subi plusieurs cambriolages et dégradations. Les frais de remise en état et de mise aux normes sont trop importants et paraissent donc disproportionnés avec l’usage qui pourrait en être fait. Le permis de démolir est accordé en Février 1974. Dans le courant de cette même année, un permis de construire est déposé par la SCI Delory-Bossuet pour la construction d’un lotissement de maisons individuelles.

Plan cadastral
le lotissement en construction en 1975 ( document IGN )

Les 15 maisons sont identiques avec un étage. Les façades sont en briques, comme l’exige le cahier des charges de l’avenue. Les pièces principales et les 4 chambres sont réparties sur une surface habitable d’environ 95 m2. Les garages de 50 m2 chacun, sont en sous sol et accessibles par une entrée commune sur la rue Bossuet. Le jardin individuel de chaque maison est de taille très réduite, car les parcelles de terrain sont petites.

Façade principale ( document archives municipales )
Façade arrière ( document archives municipales )
Photo BT 2024

Remerciements aux archives municipales

Une partie de la rue Pierre de Roubaix disparaît ( 2 )

– Suite d’un précédent article édité sur notre site –

Au début des années 1980, c’est au tour de la deuxième partie de la rue Pierre de Roubaix, d’être rasée. Il est en effet nécessaire que ce tronçon, situé entre le boulevard de Belfort et la rue des Fossés, soit aligné sur la première partie située entre le boulevard Gambetta et le boulevard de Belfort et dont les travaux ont été réalisés au début des années 1960. Il faut donc démolir toute cette partie de la rue Pierre de Roubaix, sur un seul côté : les numéros pairs.

documents archives municipales 1978

Les bulldozers progressent inexorablement sur cette portion de rue d’une longueur de 100 mètres. La démolition se fait en plusieurs étapes : la première partie se situe entre le 104 et le 116, la deuxième partie concerne l’école maternelle Pierre de Roubaix au 102, la troisième partie est composée d’une demi douzaine de commerces entre le 86 et le 98, et enfin le 84 à l’angle du boulevard de Belfort est démoli en dernier.

documents archives municipales
Ecole maternelle ( document Nord Eclair )
document archives municipales

Sur toute cette longueur de la rue, côté pair, il y avait bien sûr l’école maternelle Pierre de Roubaix, mais également de nombreux commerces très connus. Citons entre autres : au N° 84 à l’angle du boulevard de Belfort, le café au foyer du Vieillard, au N° 94 la lingerie « Etoile d’Argent » de Mlle Krusinski, au N° 98 « A la pluie de roses » le commerce tenu par Mme Pruvost-Coupin, au N° 104-106 l’entreprise d’Alfred Piette spécialiste plombier chauffagiste. Notons au passage qu’Alfred Piette a été président de l’amicale de l’école Pierre de Roubaix pendant de nombreuses années. Et ensuite pour terminer au N° 114 116 à l’angle de la rue des Fossés, se trouve la boucherie charcuterie de G. Dubron.

Les commerces disparus ( document Ravet Anceau et collection privée )

En 1984 la démolition de toute la rangée est terminée. Quelques maisons au bord de la rue des Fossés ( renommée aujourd’hui rue Jacques Prévert ) seront également rasées pour faire place à la nouvelle école maternelle de 6 classes, Jacques Prévert. Le théâtre Pierre de Roubaix se trouve ainsi désenclavé, et une entrée latérale à l’angle de la rue, sera construite quelques temps après.

Démolition achevée ( document archives municipales )
Ecole Jacques Prévert ( document archives municipales )
Théâtre Pierre de Roubaix ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Nord-Climatisation

En Novembre 1991, la presse locale annonce l’arrivée à Hem, en décembre, de l’entreprise Nord-Climatisation dans la zone d’activité du Rivage, située à l’ouest de la ville, en face de la mairie. Cette société louait jusqu’alors des bâtiments à Tourcoing et a décidé de s’installer sur les lots 2 et 3 de la ZAC, sur 3200 mètres carrés dont 600 mètres carrés de bâtiments, avec ouverture prévue en juin 1992.

Extrait du Ravet-Anceau de 1968 (Document Ravet-Anceau)

C’est Jacques Bayart qui a fondé l’entreprise en 1966, au 161 de la Chaussée Gramme (également appelée Boulevard Industriel), à Tourcoing. A l’époque c’est un pari audacieux car la climatisation en est encore à ses débuts. En effet, suite à l’invention du réfrigérateur au 19ème siècle, c’est un américain, Willis Haviland Carrier, qui est à l’origine, au tout début du 20ème siècle, du premier climatiseur.

Les anciens locaux Tourquennois en 2023 (Document Google Maps)

Il faut dire que Jacques Bayart était un visionnaire, et avant-gardiste puisqu’il avait déjà vingt ans plus tôt, en 1946, dans une région Nord qui, en cette période d’après-guerre, se chauffait encore au charbon, créé sa société de distribution de chauffage au fioul et au gaz, avant d’oser encore et toujours plus…

L’idée, au départ était de diversifier son activité et surtout d’avoir du travail l’été. En effet, son travail de chauffagiste les contraignait, son équipe et lui, au chômage technique à la saison chaude. C’est ainsi qu’il est convaincu de se lancer dans la nouvelle aventure de la climatisation, pari risqué mais qui s’avère attirer finalement rapidement une clientèle de professionnels particulièrement ceux qui commencent à posséder du matériel informatique et ont besoin de refroidir leurs locaux techniques.

A la foire de Lille en 1968, le stand de la société remporte un vif succès, grâce à son slogan : température constante (fraîcheur l’été et chaleur l’hiver) et air purifié. Mr Benoit, promoteur de l’entreprise, y présente toute la gamme des climatiseurs Technobel ainsi que les radiateurs électriques Radial. Etudes et devis précis y sont fournis en vue d’une installation de climatisation totale ou partielle.

Stand de la foire de Lille en 1968 (Document Nord-Eclair)

Emmanuel Bayart succède à son père dans les années 1980, alors que le secteur commercial se montrait à son tour friand de frais. Les magasins de textile et autres points de vente doivent alors eux aussi être climatisés pour supporter l’éclairage qui surchauffe les pièces. Le développement de l’entreprise se poursuit durant la décennie suivante alors que la climatisation se généralise dans les bureaux.

plan de situation de la zone d’activité du Rivage (Document Ville de Hem)

L’entreprise pose également du matériel de chauffage dans des entreprises et des magasins et, dans ce début des années 1990, elle emploie 20 personnes et exporte désormais au Cameroun et au Togo. La mairie de Hem se félicite de l’arrivée de ce nouvel acteur économique qui emploiera 22 personnes lors de son installation rendue possible par une action conjointe des services économiques de la municipalité et du SIAR (Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne).

Pose de la première pierre avec Mme Massart maire de la ville en décembre 1992 (Document Nord-Eclair)

Son PDG espère alors continuer à se développer, le déménagement représentant un nouvel élan pour l’entreprise et le terrain choisi permettant des perspectives d’agrandissement. Nord-Climatisation est la première à s’installer dans la zone en Mai 1992 mais d’autres sont attendues et le SIAR (dont c’est le premier dossier à Hem) souligne que la zone d’activité « Le Rivage » est donc un bel exemple économique d’une friche industrielle.

Le discours de Mme Massart maire de Hem et une vue de l’entreprise Publicité de la nouvelle entreprise (Documents Nord-Eclair)

Emmanuel Bayart explique le déménagement de l’entreprise par le fait que Tourcoing était trop excentré par rapport à Lille mais aussi trop petit depuis le doublement du personnel. Par ailleurs il cherchait un environnement approprié car « pour bien travailler il faut être cool » : à Hem il y a de l’espace, des plantes un peu partout, des baies vitrées, un micro-ondes dans la cuisine…L’ambiance souhaitée c’est « travailler un peu à la japonaise, faire des prix mais avec la qualité ».

Emmanuel Bayart explique sa conception du travail et de l’environnement (Document Nord-Eclair)

La société explique alors dans sa publicité avoir travaillé pour les fourrures Kretzschmar-Jean Pierre Cortier à Lille ; il fallait procurer une température agréable en tenant compte d’impératifs différents selon les étages : un air plus chaud en bas et plus froid en haut, et ce en tenant compte des contraintes du bâtiment dont on ne peut modifier ni la structure ni la décoration. De petits climatiseurs sont donc encastrés dans les plafonds chaque zone étant ainsi autonome et pouvant régler son niveau de température par télécommande à infra-rouge.

Publicité pour l’installation réalisée chez Kretzschmar en 1992 (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Une partie de la rue Pierre de Roubaix disparaît ( 1 )

Au début des années 1960, dans le cadre de rénovation de l’ilôt Edouard Anseele, la rue Pierre de Roubaix, entre le boulevard Gambetta et le boulevard de Belfort, doit être élargie.

Plan du quartier

En 1965, les immeubles sortent de terre, le visage de ce quartier change de jour en jour. Le plan prévoit l’élargissement de la rue Pierre de Roubaix et de doubler ce tronçon à 14 mètres de largeur. Le maître d’oeuvre est la Société d’Aménagement de la région de Roubaix-Tourcoing. La chaussée alors élargie, permettra d’assurer une circulation des voitures plus aisée pour une circulation routière de plus en plus importante.

Projet ( document archives municipales )
document Nord Eclair 1966

Pour cela, il est nécessaire de raser toutes les maisons qui se trouvent sur toute la rangée de droite, c’est à dire côté pair. Est ce que beaucoup de roubaisiens savent ce qu’il y avait auparavant ? Essayons d’y voir un peu plus clair : juste derrière la caserne des pompiers ( qui ne sera pas rasée tout de suite mais plus tard en 1985 ), se trouve la rue Bernard où se trouvaient les gazomètres, puis sur la rue Pierre de Roubaix, quelques maisons à partir du N° 40 jusque la rue perpendiculaire, la rue Edouard Anseele. Puis les N° 50 au 82 sont occupés par des particuliers et de nombreux commerces. Ci-dessous la liste complète du Ravet Anceau de 1955

A noter : au 70, se trouve le commerce de parfumerie de M Glorieux qui partira ensuite rue de l’Ouest, et au 74 76 l’entreprise de constructions mécaniques Paulus et fils, qui déménagera ensuite à Lys lez Lannoy.

documents Ravet Anceau années 1950

Pendant les travaux, la circulation est déviée par la rue du coq Français et le boulevard de Colmar. Une première voie de desserte amène les véhicules à un immense parking d’une longueur de 85 mètres et pouvant accueillir plus de 80 voitures, et une deuxième voie de desserte large de 4 mètres, permet de circuler entre les bâtiments A1 et C1. Les pavés sont enlevés et remplacés par un bitume. Le centre de notre ville se métamorphose irrésistiblement de jour en jour.

Photo prise depuis la caserne des pompiers ( document archives municipales )
Photo prise depuis le boulevard de Belfort ( document archives municipales )

Dans l’immédiat, il n’y a pas de modification programmée pour l’élargissement du prolongement de la rue Pierre de Roubaix, mais un projet est quand même à l’étude sur la portion entre le boulevard de Belfort et la rue des Fossés. Toutefois, ce sera pour un peu plus tard.

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales

Willem-Plateaux

Aline Plateaux est née à Roubaix, en 1867. Elle crée son magasin de rideaux, au 12 14 contour saint Martin, à Roubaix à la fin du 19ème siècle. L’emplacement est idéal, en plein centre ville, derrière l’église Saint Martin, et à l’angle de la rue du Curé.

Plan cadastral

Pour la tenue de son commerce, Aline est aidée par sa sœur, Berthe, née en 1870. Toutes deux habitent au 71 rue de Valmy à Roubaix. Le magasin, qui porte l’enseigne « Au Louvre », a une surface de vente de 70 m2, ce qui permet aux deux sœurs de proposer une gamme complète de rideaux, stores, et dentelles mais également du linge de maison, linge de table, serviettes de toilette, draps et taies d’oreillers.

Papier en tête 1922 ( document collection privée )
Aline Plateaux devant le magasin en 1925 ( document famille Willem )

Au décès d’Aline, Berthe Plateaux continue l’activité du magasin avec son mari Edmond Willem, né en 1869. Le magasin prend alors l’enseigne Willem-Plateaux.

document collection privée

Tous les ans, se déroule la braderie du centre ville. C’est l’occasion pour tous les commerçants de vendre des fins de série à des prix très intéressants.

document collection privée

Edmond et Berthe ont eu 3 enfants : Maurice né en 1901, Marie-Thérèse en 1904 et André né en 1906. Au décès d’Edmond en 1906, Berthe continue seule l’activité. Ses deux fils, Maurice et André, reprennent l’affaire en 1930.

En 1955, le magasin Willem-Plateaux fête ses 70 ans, l’occasion pour les deux frères Maurice et André de proposer la marque de voile Rhodia à la clientèle.

Publicités Nord Eclair 1955

A la fin des années 1950, le magasin propose à la vente des couvertures, couvre-pieds et toute une gamme de cadeaux : nappes, mouchoirs, napperons. Les deux frères sont toujours passionnés par leur commerce. Ils découvrent en 1964 la nouvelle gamme des rideaux Rhovyl Double Soleil, en Prêt a poser, garantis 7 ans. Ils référencent ce fournisseur et communiquent par de la publicité dans la presse locale.

Publicité Nord Eclair
Publicité Nord Eclair

La notoriété du commerce est remarquable. L’entreprise Masurel de la rue Pellart fait toujours appel à des fournisseurs locaux pour offrir au personnel, des cadeaux de fin d’année. Dans les années 1960, le commerce Willem- Plateaux est souvent choisi pour l’achat de couvertures en grosse quantité pour l’ensemble des salariés, et c’est bien souvent Bernadette, le fille de Maurice qui effectue les livraisons avec la 203 Peugeot du « paternel ».

Maurice Willem ( document famille Willem )

Maurice Willem décède en 1971, André continue seul l’activité. En 1972, il décide de faire rénover sa façade. Il demande à son fils, Claude Willem, qui est architecte au 67 rue Nain, de diriger les travaux. Il fait déposer le marbre vétuste pour lui substituer des plaques en pierre blanche, ainsi que remplacer la porte d’entrée et y poser un rideau métallique.

document archives municipales

André, dans les années 1980, est toujours à son poste. Il n’a pas de calculette car il fait ses comptes manuellement avec son crayon de bois. Pour mesurer les tissus, il utilise sa vielle règle en bois avec des bouts cuivrés de chaque côté. Sa fille, Marie France, confectionne les rideaux, fait parfois les retouches nécessaires avec sa machine à coudre dans l’arrière boutique, et, quand elle est absente, c’est lui qui effectue ce travail. Le magasin est certes un peu vieillot mais accueillant : de vielles lampes torsadées l’éclairent et la caisse est d’une autre époque, peut-être même centenaire.

André Willem en 1993 ( document famille Willem )

Au début de l’année 1993, André songe sérieusement à prendre sa retraite, à 87 ans, après 63 années sereines de présence dans le magasin. Il garde de très bons souvenirs de toute sa carrière. Le 31 Mars 1993, c’est la fermeture définitive du magasin. André baisse le « rideau » de fer de son point de vente. Il restait le seul à Roubaix à vendre des rideaux, ses confrères ayant également fermé leurs commerces : Landauer rue du Vieil Abreuvoir, Au Décor rue de Lannoy, la Maison du Rideau boulevard de Fourmies, Votre Maison Grande Rue, Ridex rue de l’Epeule, et bien d’autres. Les fidèles clientes sont désolées et désorientées ; où vont-elles aller maintenant pour s’approvisionner ?

la façade Contour Saint-Martin (document archives municipales)

Le bâtiment reste ensuite inoccupé durant quelques années. Aujourd’hui c’est un salon de coiffure qui y est implanté, à l’enseigne « Shemsy ».

Photo BT

Remerciements à Catherine, Bernadette et Marie-France Willem, ainsi qu’aux archives municipales.

Les deux passions de Pierre Coquant

Pierre Coquant est né en 1953 à Roubaix. Il est le fils d’Alice et Antoine Coquant, célèbre commerçant roubaisien en articles de pêche, installé au 83 rue Pierre de Roubaix ( voir sur notre site un précédent article intitulé Coquant Pêche ). Formé par son père, Pierre devient rapidement passionné par la pêche. Les cannes, bourriches, lignes et hameçons n’ont aucun secret pour lui.

Pierre Coquant et ses parents Antoine et Alice ( document Nord Eclair )

Pierre décide d’ouvrir également son commerce d’articles de pêche. Il reprend alors le commerce « Roubaix Pêche » de E. Bailly, au 70 rue du Collège, à l’angle de la rue Pellart, en 1978. Désormais, deux magasins Coquant-Pêche ( Antoine et Pierre ) sont à disposition de la clientèle.

Publicité Ravet Anceau 1979

Les affaires de Pierre fonctionnent plutôt bien, mais il doit faire face à la baisse des prix du matériel ( une canne coûte 70 F, une bourriche 80 F ). Il est donc difficile de développer le chiffre d’affaire du magasin. Pour s’en sortir, Pierre développe des activités complémentaires et en particulier le domaine aquariophilie. Il embauche ainsi un premier salarié en 1987. Cette nouvelle activité se développe fortement, Pierre apporte des précieux conseils, installe, entretient et dépanne les aquariums. Il propose également à la clientèle la vente de petits animaux domestiques : tortues de Floride, écureuils de Corée etc

Pierre Coquant en discussion avec un client dans son magasin rue du Collège ( document Nord Eclair )

Pierre est également passionné par les sports mécaniques. Au début des années 1980, il participe pour la première fois au Paris Dakar en tant que co- pilote, sur 4×4 Toyota, avec ses amis Yvan Lahaye le pilote et Alain Gaeremynck le mécano.

document Bardahl
document Dakardantan

En Juin 1991, Pierre Coquant transfère son magasin. Il quitte le 70 rue du Collège, pour s’installer à deux pas, au 190 avenue des Nations Unies. Le local est quatre fois plus spacieux, ce qui lui permet de devenir vraiment le grand spécialiste de la pêche ( mer, rivière, étang ). Pierre dit de lui-même: « Je suis né dans la pêche ». Toujours passionné, il est un fervent pratiquant, organise des concours de pêche, est administrateur du syndicat des pêcheurs, participe à des expositions d’aquariophilie, crée une centrale d’achat pour les farines de façon à ce que les pêcheurs puissent bénéficier de tarifs intéressants etc. Pierre se donne à fond pour sa passion, et ne connaît guère de repos !

le nouveau magasin au 190 avenue des Nations Unies ( document Nord Eclair 1991 )

Les deux magasins d’Antoine et Pierre sont complémentaires. Antoine a gagné de nombreux concours, c’est un caïd des compétitions. Il est donc très connu dans la métropole et propose du matériel spécialisé haut de gamme. Pierre est également un champion, il vend du matériel de pêche et surtout de l’aquariophilie. En Décembre 1991, Pierre est élu président du syndicat des pêcheurs de Roubaix Tourcoing, et remplace le président Vanhoutte. Militant convaincu pour le canal de Roubaix, Pierre s’engage à tout mettre en œuvre pour créer les animations et surtout mobiliser les consciences pour cette association chère à son cœur.

document Nord Eclair 1991

Toujours passionné par le Dakar, Pierre, en Janvier 1992, part au Cap en Afrique du Sud, en tant qu’accompagnateur pour l’intendance. Au total Pierre a participé 15 fois à cette course mythique, 3 fois en tant que concurrent à bord de son Toyota, et 12 fois au sein de l’organisation. Il a été successivement chauffeur du médecin, contrôleur d’arrivée et contrôleur de passage.

logo officiel Paris Dakar

En 1999, Pierre souhaite rapprocher son magasin du centre ville. Il déménage donc son commerce et s’installe au 165 bis Grande rue ( Anciens Ets Philial ).

document Nord Eclair 1999

Il lève le pied malgré tout, car il commence à avoir de sérieux problèmes de santé. Il arrête la présidence en 1998, du syndicat des pêcheurs, et ne participe plus au Dakar, afin de pouvoir se soigner. Les soucis de santé ne s’améliorent pas et Pierre décède en 2005 à Lannoy, à l’âge de 52 ans.

document archives municipales

Remerciements aux archives municipales.

Ecole Sainte Thérése (suite)

En 1988, Mme Massart met à l’honneur les enseignants des écoles libres lors d’une cérémonie en fin d’année, et félicite Mme Plouvier pour son départ en retraite en 1988 après 13 années passées à enseigner à Sainte Thérése. Elle récidive en 1989, avec un hommage appuyé au dévouement des enseignants et des félicitations à Mlle Delannay qui quitte Sainte Thérése pour une retraite bien méritée.

Mise à l’honneur des enseignants de l’école libre en 1988 (Documents Nord-Eclair)

En 2000, cette cérémonie traditionnelle perdure et Mr Vercamer organise une réception à la salle des fêtes avec Mr Grabowski, adjoint à l’enseignement. Tous deux mettent en avant les nombreux projets éducatifs menés à bien et « l’honorable mission » remplie par les enseignants. Trois enseignantes partant en retraite sont particulièrement mises à l’honneur et reçoivent la médaille de la ville parmi lesquelles Mme Demeulenaere, enseignante à Sainte Thérése.

Mise à l’honneur des enseignantes en 2000 à la salle des fêtes (Documents Nord-Eclair)

En 2004, François Bonte, directeur de l’école établit un projet d’école sur le thème « associer nos différences ». Il tient à rappeler qu’à l’origine, l’enseignement privé s’est installé là où il n’y avait pas assez d’écoles publiques et afin d’apporter l’enseignement à tous. Cette dimension d’accueil et d’ouverture a persisté pour toutes religions confondues. Le thème du spectacle de la kermesse de l’année est donc basé sur les rythmes des 5 continents.

Le spectacle de la kermesse de 2004 (Document Nord-Eclair )

A la fin de cette même année scolaire, la traditionnelle cérémonie consacrée aux enseignants par la municipalité est égayée par une prestation d’élèves de CM2 des écoles Saint-Exupéry et Sainte Thérése, qui, en l’honneur des instituteurs, présentent des extraits du spectacle Regards d’enfance. François Bonte, qui quitte Hem, est félicité ainsi que Laurent Alavoine qui l’a accompagné en classe de découverte.

Les instits… au tableau d’honneur (Document Nord-Eclair)

La presse locale met en avant les jeunes talents de l’école qui font chauffer les planches en 2014. L’école Sainte Thérése compte alors 10 classes avec un total de 273 élèves. Les maternelles jouent sur les couleurs et les primaires réalisent des chorégraphies endiablées pour cette kermesse offrant également animations, tombola et restauration.

Les jeunes talents font chauffer les planches en 2014 et photo aérienne de 2012 (Documents Voix du Nord et IGN)

Enfin en 2021, un important projet d’agrandissement voit le jour. L’objectif est double : accueillir les enfants inscrits sur liste d’attente et ceux de l’école Saint Charles Sainte Marie qui ferme ses portes. Laurent Alavoine, à la tête des deux écoles doit superviser le regroupement des deux établissements rue Jean Jaurès pour la rentrée 2022.

Laurent Alavoine chef d’établissement (Document Voix du Nord)

Pour ce faire un terrain mitoyen de 4600 mètres carrés a été acquis par l’Association Immobilière Roubaisienne, qui gère le foncier d’une partie des établissements relevant de l’enseignement catholique du diocèse de Lille. La maison de maître qui y était bâtie (une ancienne Maison d’Enfants) a été démolie et c’est là que vont être construits : une extension du réfectoire et des espaces administratifs, et un nouveau bâtiment accueillant 3 classes élémentaires supplémentaires.

L’ancienne Maison de l »Enfance et de la famille Les Loupiots mitoyenne (Document site agence immobilière)
Maison de maître rasée et préfabriqué installé dans le cour en Aout 2021 (Documents Voix du Nord)

Sur une autre parcelle, située au fond de la cour des maternelles, une autre extension va être réalisée, pour doter l’école d’une voire deux nouvelles classes de maternelle et d’une salle de garderie. L’école devrait ainsi pouvoir accueillir un effectif de 400 élèves dans 10 classes élémentaires et 4 classes maternelles. Dès la rentrée de 2021 une classe sera transférée de Saint Charles Sainte Marie (un préfabriqué est installé dans la cour dans l’attente de la fin des travaux) et les trois autres classes le seront à la rentrée 2022.

Projet de nouvelle école en façade sur la rue Jean Jaurès (Document Voix du Nord)

A la rentrée 2022, le chantier a pris du retard et tout n’est pas terminé mais le transfert des élèves peut avoir lieu comme prévu. Les anciens élèves de Saint Charles Sainte Marie seront accueillis dans le nouveau bâtiment flambant neuf qui a trouvé sa place au centre de la cour de récréation et accueille 3 classes de primaire ornées d’un tableau numérique.

Le bâtiment neuf accueillant 3 classes de primaires (Document Voix du Nord)

La classe de maternelle déjà installée depuis un an dans un préfabriqué va devoir y demeurer plus longtemps que prévu. Quant à l’extension de deux salles de classes prévues au fond de la cour, seule la dalle est actuellement existante.

Le bâtiment d’accueil, qui réunit les bureaux administratifs et le réfectoire, doit être étendu pour que ce dernier puisse accueillir confortablement maternelles et primaires. Les anciens locaux serviront à la création d’une salle de professeurs, l’équipe pédagogiques ayant été renforcée. A terme plus de 1000 mètres carrés auront été créés pour la rentrée 2023.

La dalle du futur bâtiment des maternelles et les classes initiales de l’école (Documents Voix du Nord)

En janvier 2023, les travaux avancent et le mur d’enceinte qui bordait le terrain est abattu et les fondations d’un futur bâtiment apparaissent (qui doit à terme accueillir le nouveau réfectoire et la nouvelle partie dédiée à l’administration) et le bâtiment destiné aux maternelles avance bien. Au printemps les deux classes de maternelle sont livrées et la salle de sieste déménage dans des locaux plus adaptés.

Les travaux avancent en janvier 2023 (Documents site internet)
Nouvelles classes et nouvel espace dédié à la sieste (Documents site internet)

La toute petite école de quartier, construite voici près d’un siècle, a bien grandi au fil des décennies et sa transformation apparaît à l’oeil nu tant lorsque l’on regarde sa façade sur la rue Jean Jaurès que lorsque l’on observe les photos panoramiques notamment celle de 2024 sur Google Maps et les photos de la cour de récréation avant travaux accolée à la maison de maître et après démolition de celle-ci.

Photos avant/après en façade, de la cour de récréation et photos aériennes (Document Google Maps, photos IT et site internet)

Remerciements à l’association Historihem

Salon Raymond Coiffure ( suite )

En 1973, Raymond trouve un accord avec Jean-Claude Suppa, propriétaire du Drug Pub au 14 avenue Jean Lebas et cousin de Philippe Suppa, un de ses coiffeurs salariés. Ils communiquent alors, ensemble par une publicité commune dans la presse locale. Il en est de même avec Betty, la fille de M et Mme Suppa, coiffeuse qui tient le salon de coiffure intégré au Drug Pub, à la même adresse : 14 avenue Jean Lebas. Ils créent ensemble « La Boite aux Tifs ».

Salon Betty 14 avenue Jean Lebas ( publicité Nord Eclair )

Désormais les deux salons communiquent entre eux, par une petite porte intérieure dans le drugstore et comportent deux entrées: l’une au 25 rue du Vieil Abreuvoir à l’enseigne Raymond pour la coiffure Hommes et l’autre au 14 avenue Jean Lebas à l’enseigne Betty pour la coiffure Dames.

Publicité commune ( publicité Nord Eclair )
Publicité commune « La boîte aux tifs » ( publicité Nord Eclair )

Le 29 Février 1980, Raymond fête le 20° anniversaire de son salon. C’est l’occasion de faire paraître dans la presse locale, une rétrospective des différentes personnalités du show-business qui sont passées au salon pour se faire coiffer : Dalida, Sylvie Vartan, les Charlots, Julien Clerc et bien d’autres . . .

Publicité Nord Eclair 1980

Raymond Spriet prend une retraite bien méritée en 1985. Philippe Suppa lui succède à la tête de la petite entreprise et garde bien sûr l’enseigne bien connue des roubaisiens. C’est l’occasion de fêter les 25 ans d’expérience du salon masculin-féminin : « Raymond Coiffures » au service de la clientèle.

Philippe Suppa ( publicité Nord Eclair 1985 )

Philippe Suppa décide de rénover le salon dames en 1988. Le salon est clair, agréable et spacieux. Quatre postes de travail sont à disposition des clientes. Deux jeunes et talentueuses coiffeuses sont recrutées.

Il peut ainsi proposer à sa clientèle, de nouveaux services tels qu’une esthéticienne diplômée et une cabine UVA avec douche. De nombreuses promotions sont proposées à la clientèle pour cet événement, tels que la coupe-brushing cheveux courts à 100 Frs.

Publicité Nord Eclair 1988

En 1990, cela fait trente ans déjà que le salon est ouvert ! En cette occasion, Philippe Suppa et toute son équipe invitent toute sa clientèle au cocktail organisé le lundi 11 Juin à 17h.

Le 30° anniversaire « Salon Raymond Coiffure Philippe Suppa » Publicité Nord Eclair 1990

Philippe prend sa retraite en 1993, mais il ne pourra guère en profiter car il décède en 1997. Son fils Christophe Suppa, entré dans l’entreprise en 1977 comme apprenti, lui succède.

En 1999, les affaires de Christophe deviennent difficiles. Le chiffre d’affaires ne cesse de baisser depuis une dizaine d’années et n’est en aucune façon imputable à un phénomène de mode ou à un problème de concurrence locale. La clientèle fidèle éprouve de plus en plus de réticence à se déplacer dans la rue du Vieil Abreuvoir, et ce, pour trois raisons : 1) le terminal des bus se déplace à Eurotéléport, 2 ) les travaux interminables dans le centre ville 3 ) la suppression du stationnement sur la Grand Place. No parking, no business ! Christophe est bien décidé à quitter Roubaix et s’installer ailleurs. Il ferme définitivement son salon de coiffure Raymond en fin d’année 1999, après 40 années de présence dans le centre ville roubaisien.

Document Nord Eclair 1999

Remerciements aux archives municipales

Affaire Leplat (suite)

L’affaire Leplat (livret de Jules Tardieu)

Inculpée de tentative de meurtre Adrienne Leplat est examinée par la suite par des médecins experts parisiens , lesquels concluent à sa folie et demandent son internement à vie qui a lieu à l’asile d’aliénés de Bailleul tandis que le magistrat instructeur signe donc une ordonnance de non-lieu. L’établissement psychiatrique s’étend sur plusieurs hectares, constitué de plusieurs pavillons noyés dans un parc et abrite plus de 900 femmes internées. Adrienne y reçoit les visites de son avocat, sa sœur et son fils Roger. Elle est très calme mais fait des projets d’évasion.

Portrait d’Adrienne et titres de journaux sur son état d’esprit et son évasion (Documents Le Matin et Bonsoir)

En janvier 1932, après avoir reçu une visite de son mari, puis d’une amie hémoise, elle s’évade de l’établissement par une fenêtre à l’aide de draps de lits noués entre eux et franchit le mur de clôture, mais elle se fait reprendre très vite, errante et blessée au pied. Rapidement, un groupement de défense se crée en sa faveur et une affiche signée « les amis réunis » invite la population hémoise à manifester pour sa mise en liberté.

Malgré une interdiction de la manifestation par la préfecture, des groupes munis de pancartes portant la mention : « Rendez une mère à ses enfants ; libérez Mme Leplat », constituent un cortège de près de 1.000 personnes qui voit bientôt les gendarmes intervenir pour les obliger à se disperser. La charge est rude et des manifestants sont blessés par les gendarmes ainsi que le maire de la ville Mr Delmet qui essayait de ramener au calme ses administrés.

Les manifestations en faveur d’Adrienne (Documents l’Humanité, la Dépêche et Paris Soir)
La manifestation de Hem (Document Journal de Roubaix)

Peu après, pour l’anniversaire du décès de sa fille, Adrienne commande des fleurs, depuis l’asile de Bailleul, à remettre à une voisine chargée de les déposer au cimetière sur la tombe de Gisèle, ce qu’elle effectue comme convenu. Pourtant lorsque la voisine retourne au cimetière plus tard c’est pour y retrouver la plante ensevelie sous un tas d’immondices et la photographie de la défunte placée dans un bloc de marbre ainsi que l’inscription gravée « Sa maman qui n’oubliera pas sa petite Gisèle chérie », souillées d’excréments elles aussi.

Titres de journaux sur l’acte odieux commis au cimetière de Hem (Documents l’Oeuvre et le Progrès de la Somme)

Une autre manifestation a lieu à Roubaix, rassemblant plus de 1000 personnes sur la Grand Place avant de se rendre en cortège jusqu’à la Place du Travail. Une autre encore est organisée à Lys-lez-Lannoy et plusieurs autres sont programmées. Elles ont pour but d’obtenir la libération de Mme Leplat, la révision de la loi de 1838 sur les aliénés et l’ouverture d’une enquête ministérielle, le tout en accord avec la ligue des droits de l’homme ; une pétition est adressée aux pouvoirs publics.

Philippe Coudert quant à lui dépose plainte auprès du procureur de Lille contre les docteurs Parmentier et Leplat pour établissement de faux certificat et internement arbitraire de sa fille. Le directeur de l’asile de Bailleul quant à lui fait état du calme de sa patiente et déclare qu’il ne peut rien faire puisqu’elle a été placée d’office dans son établissement sur décision de justice.

Le plaidoyer d’Adrienne Leplat, son portrait et le titre témoignage du directeur de l’asile de Bailleul (Documents l’Oeuvre et l’Excelsior)

Début 1933, une représentante de la Ligue des droits de l’homme rend visite à Mme Leplat qui y est internée depuis 2 ans. Calme et occupée à écrire sur son lit, l’intéressée remercie sa visiteuse, touchée que la Ligue s’occupe d’elle. Elle parle de son aînée, âgée de 15 ans, qui vit dans sa famille dans la Creuse. L’avenir de son petit garçon, qu’elle n’a vu que 4 fois en 2 ans et demi, l’attire à Hem et elle évoque avec douleur sa petite fille décédée là-bas. Sa santé est bonne et elle montre une résistance impressionnante à la détérioration de sa santé mentale.

Quelques mois plus tard, la même personne retourne voir Adrienne et constate que celle-ci n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’a plus d’appétit et a toujours froid. Elle est couchée car ses forces s’épuisent, au point qu’elle n’a plus le courage de s’occuper comme elle le faisait auparavant, et se révèle totalement découragée. Seuls ses enfants continuent à la préoccuper. La Ligue saisit le ministère de la Justice afin qu’une enquête soit ouverte concernant son cas depuis 1929.

Ensuite la situation n’évolue plus au niveau judiciaire et, à la fin de l’année 1933, il semble que la malheureuse Adrienne en raison de son isolement soit en voie de perdre la raison. Refusant de quitter sa chambre, elle refuse également de revêtir l’uniforme des aliénées. Elle a un sommeil hanté par les cauchemars et se trouve victime d’hallucinations. Son regard est devenu vide, son langage incohérent et ses propos inintelligents et elle n’exprime que dégoût pour sa personne d’après son avocat qui est désormais le seul à lui rendre visite.

Titres de journaux sur l’évolution de l’état d’Adrienne en 1933 (Documents l’Oeuvre)

Adrienne Leplat est morte en 1941 à Bailleul. Son cas a passionné non seulement la ville de Hem et le Nord de la France mais aussi l’ensemble du territoire national comme en témoignent les différents journaux dont les titres ont été repris en illustration. Il a même traversé les mers pour faire les gros titres de la presse américaine. Son cas reste emblématique de la question des internements arbitraires et de leurs dramatiques conséquences.

Article d’un journal américain (Document Chicago Tribune)