Les châteaux de la Potennerie

Un croquis de M. Fleurbayx sur la Potennerie

Voici le dessin réalisé en mai 2010 par M Georges Fleurbayx  pour illustrer sa description des  trois châteaux  qu’ il situe  à  La Potennerie  dans le périmètre formé par les rues Jean-Baptiste Notte, Montgolfier, Dupuy de Lôme et Jules  Guesde.

Les 19 premières  années de sa vie –  de 1923 à 1942 –  Mr Fleurbayx a habité au 28 rue de la Potennerie , impasse Courbet,  une petite maison à un étage. Son père était contremaitre de filature à l’ usine Dazin-Motte,  Boulevard de Fourmies et lui-même y sera embauché  comme coursier à  14 ans.

Depuis sa chambre au premier étage , quand  il regardait vers la rue Dupuy de Lome, il  avait vue sur un  vaste  espace boisé comportant également  pelouses et jardins,   clôt  par un mur  épais d’ environ 3 mètres de haut . A travers les arbres,  il pouvait apercevoir au centre de la propriété l’ arrière d’ un château  qu’ il désigne comme  » le château d’ Halluin ». Face à l ‘ actuelle rue de Rocroi – qui relie la rue Dupuy de Lôme à la rue de la Potennerie- existait une entrée permettant d’ accéder au château. Sur la droite de cette entrée  se trouvait l’ habitation du concierge et, encore à droite de ce logement, un jardin potager qui allait  jusqu’ à la rue Jules Guesde.

Selon M Fleurbayx ,  la façade du  » château d’ Halluin » était tournée vers la rue Jean- Baptiste Notte. Il place un deuxième château , le  » château Huet » ,  le long de cette même rue et un troisième , plus petit , plutôt  » manoir » dit-il,  le long de la rue Jules Guesde , le « château Derville ».  Une grande entrée existait précisément rue Jules Guesde et permettait d’ accéder à l’ un ou à l’ autre de ces  châteaux, aucune clôture n’existant entre eux. Sur la gauche du château d’ Halluin se trouvait une petit point d’ eau ou pièce d’ eau et sur le terrain Huet , côté rue Montgolfier, une sorte de pavillon de chasse.

« Je ne suis jamais entré  » , dit Georges Fleurbayx.  »  Sauf pour aller chercher mon ballon,  passé au dessus du mur …Le devant du château, personne ne le voyait. … Une seule fois quand même , on y est allé : c’était pour  ma promesse scout , vers 1935. « 

Madame Fleurbayx se souvient également :  » moi, j’ allais à l’ école Notre Dame de Toute Bonté. L’ église Saint Jean-Baptiste juste à côté était une église  aisée  ( sic) . Les d’ Halluin venaient. Nous , on était assis avec l’ école sur les côtés, eux , comme tous ceux des châteaux, avaient leurs chaises à leurs noms, réservées dans la nef centrale. On respectait ça…Une fois, l’ école a été autorisée à faire la procession chez Huet. On  est entré par la rue Jules Guesde , en venant de l’ église St Jean-Baptiste et on a fait le tour du château en procession . Ca nous a marquées. C’était magnifique pour nous. On a été dans les jardins. C’était dans les années 1935. Je me souviens que ma petite sœur faisait un ange avec des ailes et moi je tenais les cordons de la statue de la Vierge. « 

La fin de la Grande Barre

 

La grande barre photo NE

L’immeuble collectif qui allongeait ses trois cents mètres à cheval sur les territoires d’Hem et de Roubaix a d’abord été dénommé B13, car il faisait partie d’ l’opération des 1200 logements démarrée en 1958, et partagée entre le quartier des Hauts Champs pour les trois quarts et le quartier de la Potennerie pour le quart restant. Les tous premiers locataires avaient quitté soit une courée ou une vieille maison sans confort pour venir découvrir un luxe nouveau : salle de bains, chauffage central, grandes pièces éclairées par de grandes baies vitrées. Une grande pelouse bordait toute la longueur de la construction[1].

Dès 1968, surgissent les premiers problèmes. On parle de la dégradation des logements, due à la mauvaise qualité de la construction, mais aussi au surpeuplement et au fait que les habitants n’entretiennent pas correctement leurs logements. Le journaliste de l’époque évoque même un problème d’éducation des locataires. Petit à petit, les ménages dynamiques[2] quittent le secteur et l’on craint une nouvelle ghettoïsation. Il y a ceux qui peuvent partir et ceux qui ne peuvent pas et qui disent : nous sommes là parce qu’il n’y avait de place ailleurs, si nous pouvions en partir…

Les Hauts Champs sont considérés comme une cité dortoir : où sont la salle de spectacle, le comité des fêtes, la ducasse, les jardins d’enfants et les terrains de sports ? La crise du textile produit ses effets. On venait à Roubaix parce que l’employeur y assurait le logement, et on venait de partout, car les roubaisiens et tourquennois ne représentent qu’à peine 50% des locataires nouvellement installés. En 1968, on considère que 55% des familles sont en situation précaire. La répartition des types de logements ne correspond plus à la demande : en moyenne la famille type des Hauts Champs est composée de cinq personnes, et le nombre de F4 est insuffisant.

La décennie suivante voit augmenter la dégradation de l’habitat et des conditions de vie. Les détériorations volontaires et l’incivilité se sont ajoutées aux problèmes de vieillissement du patrimoine immobilier. Cette zone urbanisée sur les chapeaux de roue, connaît au début des années quatre-vingt, les désagréments d’un chauffage qui ne fonctionne plus, l’humidité, les vitres et portes cassées, les problèmes de robinetterie détériorée, de persiennes cassées. Dans le quartier s’installe un climat d’insécurité. Deux cent cinquante réclamations par jour sont adressées au GIL pour une population de 27.000 habitants !

Dès lors la grande barre plonge dans le chaos : odeurs nauséabondes, éclairages dégradés, appartements inoccupés, portes défoncées, trous béants. La grande barre est abandonnée par la majorité des locataires et son état de délabrement devient inquiétant, d’autant que la drogue et le squat y ont fait leur apparition.

On parle déjà de démolition depuis 1979. Mais il faut reloger les derniers habitants et rembourser les emprunts : la construction de la grande barre, soit 330 logements, a coûté 11 millions de francs (en 1958) et il reste la moitié à rembourser. Le coût de la démolition n’est pas négligeable, surtout pour le transport des gravats et matériaux. Enfin, cette démolition est annoncée, elle démarrera le lundi 16 septembre 1985 et durera quatre mois. Le grand immeuble de classe est à la casse. La CSCV[3] y voit l’échec d’une politique de construction dont les locataires ont largement payé le prix. Avec cette démolition débute le plan de développement social des quartiers[4]. Au moment où les bulldozers et les grues commencent à transformer la Grande Barre en un amas de gravats dans une poussière dense, on ignore qui suivra…

Photo Nord Éclair

[1] Propos de Madame Nadine Duquenne, arrivée dans le quartier des Hauts Champs en 1962, relatés par Nord Eclair en 1985
[2] L’expression est celle du journaliste
[3] Confédération Syndicale du Cadre de Vie
[4] C’est au cours des années 1980 qu’une approche globale, à la fois sociale et urbanistique, des problèmes spécifiques aux villes modernes est apparue nécessaire. Cette prise de conscience a mené à la création d’un ministère de la ville en 1991.

1967 : le groupe scolaire Jean Macé

GSJeanMacé1967

Le groupe scolaire Jean Macé qui ne comprenait jusqu’ici qu’une école de garçons se voit adjoindre en septembre 1967 une école de filles et une école maternelle. L’école de filles est composée de huit classes, réparties en deux étages, une salle d’enseignement ménager, un bureau de direction, une cour de 800 m², un préau de 200 m² et une salle de propreté. L’école maternelle comprend six classes, une aire de jeux, une salle de repos, une salle de propreté, un bureau de direction, un cabinet médical.

Un restaurant scolaire pouvant accueillir 680 couverts, une salle des sports et un groupe de logements de trois appartements complètent les installations. Le projet reçoit l’aval de l’Etat en juillet 1966, et le département et la ville contribuent également au financement de ce nouveau groupe scolaire. Les plans sont l’œuvre de  l’architecte Dessauvages.

L’inauguration aura lieu le samedi 16 septembre 1967, en présence du maire Victor Provo et de M. Treffel, inspecteur d’académie. Le premier intervenant sera Octave Vandekerkhove, délégué cantonal de l’école Jean Macé, qui souligne le caractère moderne de la nouvelle école, dont les élèves se rendront compte que ce n’est plus l’école caserne de jadis[1].

Puis il rend hommage à l’action de Victor Provo et de la municipalité : la Laïcité et l’Education Nationale avec de tels hommes se porteront bien. L’inspecteur Jacques Treffel le suit sur cet hommage, en qualifiant Victor Provo de très grand bâtisseur, avant de faire l’éloge des inspecteurs Mme Valade et M. Bouret. Il relève le choix judicieux du nom du Jean Macé, qui fut le précurseur de l’éducation permanente.

Victor Provo prend ensuite la parole pour évoquer la transformation du quartier des Trois Ponts en cours, qui devient une véritable petite ville dans la ville, et il évoque les prochaines constructions du quartier : un nouveau groupe scolaire (ce sera le groupe scolaire Léo Lagrange) et de la future passerelle du Carihem, destinée à permettre une liaison directe avec Wattrelos. Le grand plan de la mutation du quartier des Trois Ponts est lancé.


[1] Propos relatés par le journaliste de la Voix du Nord

Le groupe scolaire de la Potennerie

 

Le groupe scolaire de la Potennerie Photos PhW

C’est en 1955 que sera prise la décision de la création du Groupe Scolaire de la Potennerie. Les locaux vétustes des écoles des rues Chanzy et Decrême ne permettent plus l’accueil d’une population enfantine en augmentation, on va donc les désaffecter et l’école de la rue du Coq Français devient une école primaire pour garçons, et la construction d’une école de filles et d’une maternelle est à l’ordre du jour.

Le 2 août 1955, un chantier s’est ouvert à l’angle des rues Jules Guesde et Dupuy de Lôme dans un vaste parc qui fut longtemps celui d’un château. Ce parc privé était dans un état de friche et pendant l’occupation, les allemands l’avaient transformé en terrain d’exercice[1]. On abat le mur, mais pas les arbres. On prévoit dix classes de filles et six classes maternelles, et les plans sont confiés à l’architecte Pierre Neveux, qui prévoit une intégration harmonieuse et respectueuse du cadre agréable, du groupe scolaire dans la cité de la Potennerie.

De janvier à mai 1956, le futur groupe scolaire de la Potennerie prend forme, et il transforme progressivement ce coin de la rue Jules Guesde où se trouvait autrefois un long mur gris et triste.

En septembre 1956, le président du conseil Guy Mollet vient inaugurer le groupe scolaire de la Potennerie[2]. Le groupe comprend une école maternelle de six classes avec salle de jeux et salle de repos réglementaire, une école de filles de dix classes avec salle d’enseignement ménager. Un important bâtiment relie les deux écoles et contient les installations de chauffage central, des installations de douches pour les élèves du groupe et des autres écoles, un grand réfectoire avec cuisine, dont la capacité d’accueil est de 400 enfants. Il y a aussi une salle de gymnastique dont l’entrée est indépendante de celle des deux écoles, ainsi qu’un plateau d’éducation physique. Un pavillon isolé regroupe les logements des deux directrices.

La livraison du groupe scolaire était prévue pour février 1957, mais il y aura une ouverture partielle début octobre 1956, et dès la fin de l’année, les écoles seront opérationnelles.


[1] D’après le journaliste de Nord Eclair
[2] Guy Mollet inaugurera également le lycée Van Der Meersch et l’exposition du CIL sur le logement organisée sur le boulevard Gambetta

Le Boulevard de Fourmies en 1930

Le boulevard de Fourmies des années trente CP Méd Rx

Cette carte postale représente le boulevard entre 1930 et 1950, vu en direction de la place du Travail. On y voit la filature Dazin-Motte, surmontée d’une tour. Sur son emplacement se trouve aujourd’hui la résidence Palissy. En se rapprochant, on découvre successivement la rue Puget puis la rue Carpeaux et, au premier plan la rue David d’Angers.

On assiste à une première vague de construction dans les années 1890, lors de l’ouverture du boulevard : d’abord les usines s’implantent, puis les premières maisons particulières et quelques commerces. La majorité des constructions actuelles sont en place à partir de 1925. En particulier, on compte à cette époque 10 estaminets entre la rue Messonnier et l’avenue Linné : ce nombre est lié à la présence de trois grosses entreprises dans cette zone.

Le Ravet Anceau nous permet d’identifier les commerçants avec, de gauche à droite : la mercerie Lassou, l’estaminet de Mme Desreumaux (puis Derache-Planquaert), la boucherie-charcuterie Baelde, l’épicerie Brouwers transformée avant 1939 en droguerie, le marchand de chaussures Degeldère, la mercerie Willaumez, le bureau de tabac Horent (Vanneste par la suite). Après la rue Carpeaux, la boucherie Belpaume, et après la rue Puget, l’estaminet Deleporte repris avant la guerre par le marchand de meubles Leblanc.

Le tramway visible sur l’image, emprunte la ligne D (Mouvaux – Bd de Fourmies par la place de Roubaix). Cette ligne avait son terminus devant les ensembles HBM, à la limite de l’avenue Motte.

Tout n’est donc pas encore bâti ; on voit bien sur la photo qu’il reste des «vides» côté impair, mais en ce qui concerne les bâtiments existants à l’époque, on retrouve aujourd’hui les constructions d’alors :

 

Le détail

Ce montage montre bien que les constructions sont les mêmes bien que les façades de magasins aient changé. Le café du coin s’est agrandi d’une terrasse couverte, la boucherie comporte maintenant un garage surmonté d’un étage, la boucherie au coin de la rue Carpeaux s’est trouvée augmentée d’un bâtiment bas qui n’existait pas à l’époque.

Si cette vue du temps passé vous suggère des commentaires, n’hésitez pas à les placer ici ; toute contribution est la bienvenue, car elle permet d’enrichir la mémoire du quartier.

Un trou et des tours

Le plan publié par NE

En Septembre 1966, la presse annonce pour l’année suivante la construction de quatre tours de 19 étages aux installations exceptionnelles, près du futur centre commercial de la rue de Lannoy. Elles seront l’œuvre de l’architecte roubaisien Guy Lapchin, déjà auteur en 1958 avec ses collègues Gillet, De Maigret et Ros de la Résidence d’Armenonville (115 boulevard du Général de Gaulle à Roubaix) et de la Résidence Marly (au n°129 du même boulevard). Ces deux réalisations culminent à 36 mètres de hauteur[1], entre le parc de Barbieux et l’entrée du boulevard Leclerc.

Les tours projetées feront 55 mètres de haut, et contiendront 112 logements, répartis en appartements de type 2, 3, 4 et 5. Il est prévu une pelouse et une salle de réunions au 19eme étage, et des emplacements seront réservés dans le parking souterrain. Autour de ces bâtiments, il y aura des espaces de jeux, des pelouses. Le premier étage sera réservé à la vie collective des habitants (salle polyvalente, halle d’enfants).

Cependant pour mener à bien ce projet, tel qu’il est représenté sur le croquis ci-dessus[2], quelques problèmes restent à résoudre. En premier lieu, la disparition de la centrale EDF de la rue du même nom, située à l’emplacement prévu pour la quatrième tour, la plus proche du boulevard Gambetta. La centrale restera en place bien après la fin du chantier des tours, ce qui explique que la quatrième tour n’ait pas été bâtie dans l’alignement des trois autres…

Il faut aussi commencer à creuser le parking souterrain, avant d’implanter le futur centre commercial. Déjà le sol de la rue de Lannoy, plus de 100.000 m3 de terre, est transféré vers les Trois Ponts afin d’aller réduire la dénivellation de ce quartier. Ce sont alors des va et vient incessants de camions de quinze tonnes qui ébranlent la chaussée des boulevards de Belfort et de Beaurepaire à raison d’un passage toutes les trois minutes. Ce n’est qu’en mars 1967, qu’on va couler la dalle du fond du parking.

Inauguré en juin 1966, l’os à moelle va donc connaître deux mois plus tard les poussières et les boues dues au voisinage d’un double chantier. Il en sera de même pour les immeubles HLM situés de l’autre côté, au milieu desquels où le groupe scolaire Camus sera bientôt terminé. Les riverains du bloc Anseele en ont encore pour quelques années de chantier


[1] Source www.paris-skyscrapers.fr
[2] Publie dans Nord Eclair en septembre 1966

L’Association des Locataires du Nouveau Roubaix

Le bureau et l’assistance de l’Association novembre 1960 Photo Nord Éclair

C’est au mois d’octobre 1960 que se réunissent un certain nombre de locataires des groupes Racing[1], Hauts Champs et Pont Rouge sous la présidence de M. Daenens, président secrétaire général de la Mousserie invité par un comité provisoire dans le but d’évoquer les problèmes rencontrés par les résidents des différents groupes.

Sont énoncés dans l’ordre : la question du chauffage et de l’eau chaude, l’augmentation des charges, l’augmentation prochaine des loyers, la prolifération des rongeurs dans les appartements (17 attrapés en moins d’un moins dans le même appartement avenue Motte), les inondations de parkings et de caves, la fragilité des installations sanitaires et des tuyauteries.

La question de la création d’une association de défense des locataires arrive sur le tapis, sur le modèle de celle de la Mousserie. Sont élus président, vice président, secrétaire et trésorier MM Delebois, Leroy, Lescroart et Pietrak. Le siège social est fixé au café de la Fraternité à l’angle de la rue de Lannoy et de la rue Julien Lagache. Appel est lancé aux locataires de la Potennerie et des Trois Baudets.

Quinze jours plus tard, l’association complète son bureau et accueille les habitants du Square des Près et de la Potennerie. Elle se dit apolitique. Des délégués sont nommés par site : pour les Hauts Champs, M. Guichard, pour le Pont Rouge M. Trentesaux, pour la Potennerie M. Julien, pour le Square des Près, M. Duyster, et pour le groupe Racing M. Delebois.

En novembre 1960, l’association a un tel succès qu’il faut la salle du cinéma Carioca à Lys pour la réunion de l’assemblée générale. Il y est dit que toute action doit être menée par l’association, l’action directe d’un particulier étant généralement sans effet…Les bases de l’association des locataires sont lancées.


[1] Groupe d’immeubles rue Louis Braille

Petit inventaire des ducasses

ducassesdiversesDucasse du chemin neuf 1 et 2 du Nouveau Roubaix 3 Photos Nord Éclair

L’atelier mémoire a collecté dans la mémoire de ses membres le souvenir des ducasses qui animaient autrefois les quartiers sud. Où se déroulaient-elles ? A quel moment ? La liste n’est pas close et cet article se présente comme un appel à témoignages. Il faut rappeler qu’autrefois, la ducasse était une fête traditionnelle de village, en Belgique et dans le Nord de la France, qui trouvait son origine dans le mot dédicace désignant la consécration d’une église, d’un oratoire et par extension la fête annuelle commémorant cet événement. Ducasse est la forme picarde pour fête patronale, fête publique, comme kermesse, mot issu du flamand désigne une fête patronale, une fête de village. La dédicace se commémorait annuellement par une fête dont la procession était le centre. Il s’agissait de faire le tour de la paroisse selon un itinéraire immuable, à l’image de ce qui se déroule encore en Italie ou en Espagne. On accompagnait les reliques ou la statue du saint patron qui visitait ainsi ses terres et les protégeait. Après les dévotions, c’était l’heure du repas, puis venait le moment des jeux et des réjouissances populaires : attractions foraines, concert, jeu de balle, tir à l’arc, et bal pour terminer la fête.

Les ducasses contemporaines sont devenues des fêtes publiques communales, locales ou de quartiers. A Roubaix, on se souvient encore de la Foire qui se déroulait pendant quinze jours le lundi après Quasimodo, soit la deuxième quinzaine d’avril, sur l’esplanade des boulevards Leclerc et Gambetta, avant que l’automobile et les transports en commun aient raison de cet espace public. Chaque quartier avait également sa ducasse dont nous avons tenté de retrouver la trace pour les quartiers sud.

Les recherches menées auprès de la mairie des quartiers sud nous apprennent que les forains présentent des demandes d’installation individuelle ou collective à la Ville. Le Service Animation traite ces demandes, établit l’autorisation, fait le lien avec le Service des Finances pour les droits de place et avec les Services Techniques de la Ville pour l’ouverture des compteurs (eau, électricité) et éventuellement d’autres prestations (barrières, …). Actuellement, les installations ont lieu en mai et en octobre/novembre sur les places de la Fraternité et du Travail. Il existe d’autres installations plus ponctuelles dans le cadre de festivités (Fête du 1er Mai Place du Travail, brocante de la Rue Ingres en Septembre). Cette organisation met en évidence que les ducasses sont à présent plus des fêtes foraines liées à des événements publics, festifs, voire commerciaux.

Un membre de l’atelier rapporte que les forains distribuaient des tickets gratuits pour des tours de manège, mais que l’argent de poche de l’époque ne permettait pas de suivre toutes les fêtes foraines qui étaient relativement nombreuses et rapprochées dans le temps. Une liste datée de 1963 nous donne chronologiquement les ducasses suivantes : le 26 mai, ducasse du Nouveau Roubaix, 29 septembre ducasse du Moulin. On en trouve d’autres dans la presse : une ducasse des Hauts Champs du 29 avril au 7 mai en 1967, une ducasse du Chemin Neuf fin mai 1967 entre les bâtiments de la rue Braille. La ducasse du Nouveau Roubaix avait encore lieu en octobre 1972 : on la situe alors sur le terrain rouge de la rue Fragonard, mais des souvenirs plus anciens la repèrent place Charles Spriet ou en face des HBM…En 1971, la Place du Travail accueillait encore une fête foraine du 11 au 21 novembre.

Pour s’y retrouver, il faudra découvrir si la fête foraine s’associe à une manifestation particulière : c’est le cas de la ducasse de novembre de la Place du Travail, qui se déroulait en même temps que l’animation commerciale du boulevard de Fourmies en 1971. La ducasse est-elle liée à la braderie, autre événement régulier de tous les quartiers roubaisiens ? Les recherches ne font que commencer. Roubaisiens, à vos souvenirs !

ducassesdiverses2Ducasse des Hauts Champs 1 et Place du Travail 2 Photos Nord Éclair

1933 la nouvelle école Jean Macé

Inauguration de l’école Jean Macé en 1933 Photo JdeRx

C’est à la suite d’une visite d’inspection que l’école de la rue Delezenne[1] située dans le quartier du Pile est déclarée vétuste et ne répondant plus aux besoins. Dès la fin de l’année 1930, l’administration municipale décide de faire construire une école de garçons boulevard de Mulhouse, et confie les plans à l’architecte roubaisien Pierre Neveux.

Le nouveau bâtiment comporte cinq classes au rez-de-chaussée et cinq classes au premier étage, avec de larges baies vitrées donnant sur une grande cour. Plantée d’arbres et recouverte de tarmacadam, cette cour fait en effet 2500 m², et elle est bordée de deux larges préaux.

De manière générale, il a été prévu de l’espace pour les classes, elles font 70 m², et pour la circulation dans l’école : deux vastes escaliers donnent l’accès à l’étage, et les couloirs sont munis de vestiaires et de lavabos, afin que chaque classe en dispose.

L’école Jean Macé et la salle des fêtes en 1933 Photo JdeRx

Le chauffage central a été installé dans tout l’établissement, ainsi que l’éclairage électrique. Une salle de cantine est installée à l’angle de la rue d’Anzin : elle est composée par deux salles de cuisine, une pièce de distribution des plats et un vaste réfectoire. Une salle des fêtes a été annexée à l’école, qui comporte une salle de réunions longue de 20 mètres sur 13 de large, avec une estrade de 8 mètres sur 6, le tout ayant une capacité d’accueil de près d’un millier de personnes. Pour terminer la visite, deux logements sont placés aux extrémités du corps principal du bâtiment du boulevard de Mulhouse, destinés au directeur d’école et à un adjoint chargé de famille.

Vues de l’école Jean Macé Bd de Mulhouse Photo JdeRx

Cette nouvelle école, à laquelle on a donné le nom de Jean Macé, fonctionne depuis la rentrée de septembre 1933, mais son inauguration se déroule le 24 décembre, présidée par le maire de Roubaix Jean Lebas accompagné des députés Léandre Dupré et Launay. Auprès des membres de l’inspection académique, se trouve le président des amicales laïques Gaston Duburcq et Richard Lejeune, président de l’amicale laïque de l’école[2], ainsi que l’architecte Pierre Neveux.

La symphonie Delzenne et la section féminine de la Fédération des amicales laïques animent un moment artistique, puis viennent les allocutions : Richard Lejeune, puis Gaston Duburcq, le député Launay, et enfin Jean Lebas. Le public peut ensuite visiter les locaux qui font l’admiration de tous, avec une mention particulière pour le mobilier scolaire réalisé par une société parisienne.

Les photos sont extraites du Journal de Roubaix de 1933.

[1] L’école de garçons de la rue Delezenne fut construite en 1873 et vraisemblablement démolie en 1935 (délibération en décembre 1934)
[2] L’amicale de l’école Delezenne a été autorisée par le Préfet du Nord le 23 janvier 1896.

Qui se souvient du Raverdi ?

Plan de 1919 pour situer le Raverdi doc AmRx

On trouve encore le lieu dit le Raverdi mentionné sur le plan de la ville établi en 1919. Certes il n’a pas l’importance des grands noms de fiefs qui l’entourent, comme la Potennerie (la Pontenerie faut-il dire d’ailleurs selon le chanoine Leuridan[1]) ou Beaumont. Mais il semble qu’il soit aussi ancien qu’eux, si l’on en croit le même auteur, qui cite le Raverdi comme un arrière fief sur lequel se trouvait « le cabaret et hôtellerie de le Raverdie ».

Ce nom évocateur du printemps, quand tout raverdit (mot picard pour reverdit), rappelle également qu’il y eut un Roubaix campagne, avant que le territoire soit entièrement couvert d’habitations et d’usines. Le sens du mot campagne est aussi celui des propriétés que les riches industriels roubaisiens se faisaient construire avant que la ville ne vienne engloutir près et champs.

Le Raverdi, la Potennerie et les Près ont ainsi vu les industriels occuper les terres féodales. On devine sur les plans les agencements des jardins de ces propriétés qui étaient de vrais châteaux. On parlera même du château du Raverdi, du château de la Potennerie, ou encore de la petite Potennerie, et de la grande Potennerie.

Les recherches de l’atelier mémoire démarrent donc et elles iront au delà de notre nom de ralliement (le Raverdi) puisqu’elles évoqueront les quartiers voisins et contemporains (Potennerie, Moulin). Les sujets abondent également : les châteaux, mais également les immeubles collectifs qui leur ont succédé, ainsi que les groupes scolaires, et qui bénéficient encore de la frondaison des grands  arbres séculaires.


[1] Théodore Leuridan Roubaix Ancien et moderne Librairie Pique 21 23 Boulevard de Paris Imprimerie du Journal de Roubaix